Quand Bulgari célèbre sa joaillerie
La montre inspire toujours: portraits des nouveaux artistes et entrepreneurs de l’industrie. .......................................................p.8
Les sources créatives de la marque de luxe la plus emblématique du nouveau siècle. .....................................................p.26
Mosaïques, nacre et pierres précieuses dans l’esprit de l’Antiquité romaine et de la Dolce Vita. .....................................................p.28
DR
Le jardin originel de Gucci DR
Visages du futur de l’horlogerie
EUROPA STAR PREMIERE LE JOURNAL DE L’ÉCOSYSTÈME HORLOGER SUISSE
NO 4/19 (Vol.21) SEPTEMBRE 2019 | 12.00 CHF/€ | EUROPASTAR.CH
ISSN 2297-4008
ÉDITORIAL
Valeur en hausse, volumes en baisse: quelles conséquences? par
Serge Maillard
Mois après mois, les chiffres d’exportation de la Fédération de l’industrie horlogère suisse le confirment: les volumes de production baissent. Et le phénomène s’accélère: en juillet, si la valeur des exportations a progressé de 4,3% en comparaison annuelle, 390'000 montres de moins ont été expédiées à l’étranger. Valeur en hausse, volumes en baisse: le signe d’une horlogerie qui se replie toujours plus sur le haut de gamme. En 2015, l’industrie suisse exportait plus de 28 millions de montres par an. L’an passé, le niveau des expéditions avait reculé à moins de 24 millions. En trois ans, l’industrie a perdu 4,4 millions de pièces!
Dans les années 1970 et 1980, face à la menace de la montre électronique étrangère, l’industrie suisse avait trouvé la parade «par le bas» (avec le lancement de la Swatch) et «par le haut» (avec la remise au goût du jour de la montre mécanique, de la fonctionnalité à l’«art» mécanique). Face à la baisse de la demande (notamment chinoise) constatée dès 2015 et à l’arrivée des montres connectées, une stratégie de «sortie par le haut» s’est assez naturellement mise en place via une montée en gamme, en se concentrant sur la montre mécanique. Le prix moyen des modèles exportés est de fait en hausse (859 dollars) pour un même niveau d’expéditions de montres mécaniques l’an dernier (7,5 millions de pièces) qu’en 2013. C’est le segment de l’entrée de gamme, celui de la montre à quartz, qui mord la poussière: de 20 millions de pièces en 2015, il est passé à 16 millions de pièces en 2018. Face à l’omniprésente montre connectée et à la rude concurrence dans l’entrée de gamme, l’industrie suisse se spécialise de plus en plus dans le
haut de gamme. Le créneau vintage renforce encore l’attrait global pour la belle mécanique horlogère suisse. Les records de ventes chez Phillips, Sotheby’s ou Christie’s ou les listes d’attente pour les modèles les plus iconiques illustrent cette tendance. Le désir pour l’horlogerie suisse reste plus fort que jamais. La grande question est cependant celle de la viabilité de cette «stratégie de la niche» à long terme: l’industrie suisse dans son ensemble n’a-t-elle pas besoin d’une solide base industrielle, qui passe notamment par le maintien de certains volumes? Ne serait-ce que pour bénéficier d’économies d’échelle dans les commandes! C’est la bonne santé de l’industrie et son tissu dense de sous-traitants qui risque d’être affectés par cette «spécialisation» croissante. Dans les années 1970 et 1980, face à la menace de la montre électronique étrangère, l’industrie suisse avait trouvé la parade «par le bas» (avec le lancement de la Swatch) et «par le haut» (avec la remise au goût du jour de la montre mécanique, de la fonctionnalité à l’«art» mécanique). Aujourd’hui, la stratégie passe uniquement par le haut. Est-ce viable? Certains observateurs rétorqueront que LVMH ou Kering, des groupes au succès insolent, prouvent que l’on peut très bien réussir en se spécialisant dans le luxe à destination des nouvelles élites mondialisées. D’autres remarqueront que cela fait longtemps que l’industrie suisse a perdu la bataille des volumes face aux Japonais, puis aux Chinois, et qu’il ne s’agit au fond que de la poursuite de ce phénomène de longue date. Laissons le (bon) mot de la fin à la figure du Commandeur qui plane toujours et encore sur l’industrie horlogère suisse, Nicolas Hayek, que le consultant Olivier R. Müller citait dans un article à propos de la perte de volumes de l’industrie. En 1993, donc, Nicolas Hayek déclarait: «A chaque fois que nous abandonnons un segment de prix, les Japonais montent d’un étage. Et nous enchaînons la prochaine retraite de terrain. (…) Je décidai à ce moment que nous allions occuper le marché dans sa globalité et c’est pour cette raison que nous avons décidé de lancer la Swatch.»
La nouvelle Longines Heritage Classic
Longines, la simple évidence TÊTE D’AFFICHE
L’intérêt renouvelé et grandissant envers les modèles de la grande époque de l’horlogerie dite aujourd’hui vintage, signe un retour à l’horlogerie dans ce qu’elle a d’intrinsèque et qui est dans son essence: dire avec précision l’heure, la minute et la seconde qu’il est! Mais redonner vie à de tels modèles n’est pas aussi simple que l’on pense. A ce jeu, Longines joue gagnant. Son atout: la continuité, la stabilité et un immense trésor patrimonial maintenu sans cesse vivant. (Lire en page 4)
Votre accès direct à 60 ans d’archives horlogères: www.europastar.com/club
LE TE MPS , UN OB JET HE RMÈS .
Arceau, L’heure de la lune Le temps est dans la lune.
LMH_HQ • Visual: Arceau LHDLL • Magazine: Europastar 3 (CH) • Language: French Issue: 02/09/2019 • Doc size: 251 x 353 mm • Calitho #: 08-19-137992 • AOS #: HER_02019 • AD 29/08/2019
EN BREF
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Les mots-clés de l’horlogerie en 2019 A propos de la Chine, du marché secondaire, de la montre connectée, de la durée de vie des horlogers et de la reprise en main de la distribution: notre regard sur l’actualité de l’horlogerie. par
Serge Maillard
1. CHINE Malgré un ralentissement de la croissance des ventes en début d’année, le consommateur chinois reste l’alpha et l’omega du marché horloger contemporain. Et l’achat domestique chinois prend une importance croissante pour la vente de montres neuves, alors que le marché secondaire est de plus en plus présent dans les pratiques d'achat en Occident. Dès lors, tout ce qui se passe en Chine, comme les manifestations à Hong Kong, a un impact disproportionné sur la marche de l’industrie. Europa Star était à Hong Kong en septembre pour décrypter l’impact des manifestations sur l’industrie horlogère. Notre édition internationale comporte un grand dossier sur le marché chinois. Par ailleurs, nous vous invitons à relire un reportage de 2016, dont certains enseignements toujours très pertinents, sur l’évolution du marché à Hong Kong par Jean-Luc Adam, disponible sur notre site internet.
2. NEUF OU VINTAGE Le marché secondaire est dans une dynamique forte, porté par les ventes en ligne et - paradoxalement sans doute - à la fois par la pénurie de certains modèles très recherchés et par les stocks d’invendus accumulés ces dernières années (lire notre série en ligne sur des plateformes leaders de la seconde main comme WatchBox, Chrono24, Chronext ou Watchfinder). Avec l’explosion du e-commerce, c’est de plus en plus le prix envisagé de revente qui détermine la cote réelle du neuf. Le marché secondaire «rejoint» donc en quelque sorte le marché du neuf. D’où l'effort fourni par les marques pour reprendre le contrôle de cette jungle numérique qu’est le pre-owned (cet euphémisme pour la montre de deuxième main). Et les détaillants entrent aussi dans la danse, récemment par exemple London Jewelers aux Etats-Unis et Bucherer ou Les Ambassadeurs en Suisse.
Articles complets et références à retrouver sur notre site en français www.europastar.ch
3. VALEUR OU VOLUMES Après avoir bouleversé le secteur de la montre fashion, l’omniprésente Apple Watch (et plus généralement la montre connectée) semble conforter la direction prise par l’industrie horlogère suisse vers le haut de gamme: la branche se replie de fait toujours plus sur la «valeur» au détriment du «volume». Comme le souligne la FHH, en six mois, l’industrie horlogère suisse a vu ses volumes diminuer de 14,1 %, soit une baisse de plus de 1,6 million de garde‐temps. Au risque de perdre des plumes dans la base industrielle de production sur laquelle repose (aussi) le haut de gamme. Certaines «machines de guerre» industrielles comme Longines résistent cependant bien dans le créneau du milieu de gamme (lire les pages suivantes de ce numéro).
4. STARTUPS Chaque jour de nouvelles marques apparaissent, portées par un ticket d’entrée moins cher dans l’industrie grâce au numérique. En revanche, rares sont les nouvelles marques qui tiennent sur la durée, comme le montre encore récemment l’exemple de la fin de l’aventure Klokers. Nous observons plutôt une phase de consolidation du marché autour des marques les plus désirées et établies, et de repli pour les autres. Même si quelques exceptions confirment la règle, plutôt dans le haut de gamme, comme la percée d’Akrivia, que nous suivons de près depuis ses débuts. A retrouver dans ce numéro, un dossier de fond réalisé par Pierre Maillard sur quelques-uns de ces nouveaux acteurs.
5. DISTRIBUTION Dans un contexte général de faible croissance, la bataille porte de plus en plus sur l’amélioration des marges. Un grand nombre de marques grandissent donc essentiellement en reprenant en main leur réseau de distribution. Les groupes de distribution et détaillants leaders, comme Watches of Switzerland (lire notre article sur leur expansion aux Etats-Unis dans notre édition de mars), se rapprochent toujours plus des marques leaders, notamment via l’ouverture de boutiques franchisées - corollaire à la «concentration» en cours de l’industrie, qui voit les marques les plus puissantes réduire le nombre total de leurs points de vente.
Longines
La simple évidence Regard sur la nouvelle Longines Heritage Classic
De gauche à droite: la montre vendue en 1934, 1936 référence 3818, 1935 référence 3454, 1939 référence 3916.
Cadrans sectorisés par
Pierre Maillard
En août 2017, les responsables du Musée Longines font l’acquisition d’une petite montre signée Longines. Elle est en acier, mesure un diamètre de 32,5 mm et est dotée d’un cadran dit «sectorisé» comportant une petite seconde de grande dimension placée à 6h. Elle leur met la puce à l’oreille et il en informent rapidement les responsables du département Produits de la marque. Ils viennent la voir. La pièce en question, qui porte le N° de série 5'239'852, date de 1929 et, selon les registres, a été facturée le 18 août 1934 à la maison Ostersetzer, alors agent Longines pour l’Italie. A l’intérieur bat le «mythique» calibre 12.68Z. C’est le coup de foudre.
Ce genre de montre et ce type de cadran sectorisé sont devenus très recherchés par de nombreux collectionneurs. Longines, dont le pléthorique département des Archives et du Musée reçoit en moyenne une cinquantaine de demandes de renseignements par jour (lire à ce sujet sur europastar.ch notre article Longines, patrimoine et héritage, de décembre 2018) a enregistré un nombre grandissant de demandes pour ce genre de pièces. En faisant des recherches dans ses propres Archives, ses responsables ont exhumé de nombreuses autres références avec des cadrans sectorisés, blancs ou noirs, sur montre-bracelet ou montre de poche, datant de 1935, 1936, voire 1939, témoignant de la grande vogue de ce type de montres.
Des cadrans dépourvus de toute fioriture, ayant pour seul ornement l'affichage de leur fonction de mesure du temps.
Une montre de poche à cadran sectorisé de 1935
Des montres par ailleurs presque toutes équipées du même calibre 12.68Z. Emblématique de la logique rationnelle de construction des mouvements qui se met en place chez Longines dès la fin des années 20, le 12.68Z est produit à large échelle. C’est un calibre d’une grande précision et d’une excellente fiabilité.
Ses qualités chronométriques permettent un affichage horaire très précis et rigoureux qui est mis pleinement en valeur par ces cadrans de précision que sont les cadrans sectorisés. Dépourvus de toute fioriture, ayant pour seul ornement l’affichage de leur fonction de mesure du temps, ces cadrans au graphisme épuré et ultra-précis entièrement voués à la démonstration du fonctionnement chronométrique de la montre, remportent un succès considérable durant l’entre-deux guerres. >
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LONGINES HERITAGE CLASSIC NUMÉROS DE RÉFÉRENCE: L2.828.4.73.0, L2.828.4.73.2 CALIBRE: Mouvement mécanique à remontage automatique Calibre L893 (ETA A31.501), 11 ½ lignes, 27 rubis, 25’200 alternances par heure, réserve de marche: 64 heures FONCTIONS: Heures, minutes, petite seconde à 6 heures BOÎTIER: Rond, ø 38.50 mm, acier inoxydable CADRAN: Argenté 2 zones, Chiffres arabes et index peints AIGUILLES: Aiguilles en acier bleui ETANCHÉITÉ: Jusqu’à 3 bar (30 mètres) GLACE: Saphir avec traitement anti-reflets multicouches BRACELET: Cuir noir et cuir effet jeans bleu avec boucle, cuir bleu et cuir effet jeans anthracite avec boucle PRIX: 2'000.- CHF (HT)
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L’écrin d’un nouveau mouvement exclusif Avec son beau cadran sectorisé, structuré, esthétique et équilibré, les responsables se disent que la pièce de 1934 pourrait idéalement servir d’écrin à un nouveau mouvement que Longines développe au même moment en collaboration avec ETA. Son nom de code chez ETA est A31.501. Il sera exclusivement réservé à Longines. C’est un petit mouvement automatique très performant de 11½ lignes, qui fait 26,20 mm de diamètre et 4,60 mm d’épaisseur au centre, qui dispose d’une réserve de marche importante de 64 heures minimum et est équipé d’un spiral silicium. Il est dépourvu de date mais sa particularité, suite à une demande expresse de Longines, est d’offrir un grand entre-axe de façon à pouvoir loger l’axe d’une petite seconde le plus éloigné possible de l’axe de l’heure et de la minute. Une configuration qui permettra aux responsables de Longines de donner à leurs modèles un visage qui se rapproche le plus possible de certaines pièces vintage. La montre de 1934 semble tout destinée à servir ainsi de réceptacle pour ce mouvement.
datant de 1927. Cette activité patrimoniale a été grandement favorisée à la fois par le fait que Longines est dans le même bâtiment depuis plus d’un siècle et demi (et l’on sait que les déménagements s’accompagnent souvent de pertes d’archives), que la maison a connu une remarquable stabilité de ses directions et qu’enfin Walter von Känel, qui est entré chez Longines en 1969, dirige la maison depuis 1988 et est connu pour être particulièrement féru d’histoire et de muséographie. Dès le départ, la philosophie de Longines a été soit de répliquer soit de rééditer certaines montres du patrimoine avec les technologies actuelles mais tout en restant au plus proche possible de la pièce originale. Depuis environ 5 ans, poussée par la demande et l’engouement pour les pièces historiques, cette branche de la marque a été plus étroitement organisée, produisant régulièrement à la fois des éditions anniversaire à tirage limité et des éditions destinées à entrer dans la collection. Si, de l’aveu même de Longines, ce segment ne représente qu’une fraction minoritaire de son chiffre d’affaires, il a fait et continue de faire énormément pour le prestige historique et patrimonial de la marque et l’a propulsée dans les cercles des collectionneurs, au sein des réseaux sociaux et auprès des amateurs les plus éclairés. Et comme on le sait, ces derniers sont parfois plus puristes que les marques elles-mêmes.
se dévoile légèrement plus que dans celui de la pièce historique. Oh, très légèrement, mais c’est de ce genre de détail que dépend la réussite, on non, d’une transposition.
Dépasser la nostalgie
Telle qu’elle se présente, la nouvelle Longines Heritage Classic est une pleine réussite. Elle se distingue de bon nombre de récentes propositions vintage plus ou moins abouties parce qu’elle apparaît comme une sorte d’évidence horlogère. Qu’est-ce qu’une montre? nous demandet-elle. C’est ça, semble-t-elle répondre elle-même, avec sa simpli-
Mais pour durer, ou perdurer, encore faut-il savoir s’adapter. On attend d’une montre d’aujourd’hui qu’elle soit étanche (et elle l’est à 30 m), précise et fiable (son mouvement exclusif et performant en est l’assurance). Mais si la forme reste identique, sa perception change. De 1934 à 2019, sa taille est ainsi passée de 32,5 mm à 38,5 mm. La taille «maximale» d’une telle montre aux yeux des puristes mais une taille qui, à première vue et plus spécifiquement dans certains marchés, semble paradoxalement séduire bien au-delà des hommes. Son attrait tient aussi aux deux zones de son cadran argenté, à ses aiguilles
cité aussi subtile qu’indiscutable. Une montre, c’est l’heure, la minute et la seconde, précisément, scientifiquement indiquées. C’est une petite et fidèle machine temporelle enfermée dans un boîtier tout aussi simple, discret et élégant à la fois. On pourrait la croire froide. Bien au contraire. De cette simplicité, de cette justesse et de cette rigueur pleinement assumée se dégage pourtant un charme particulier. On a un peu l’impression de se dire: c'est la montre! La montre dans sa fonction essentielle et dans une forme intemporelle destinée à indiquer le temps aussi précisément que possible. Et c’est ici une forme parfaitement adéquate: une montre de 1934, et elle ne s’en cache pas, mais une montre qui n’a plus d’âge. Comme tant de gens l'expriment: «Je regrette l’époque d’une montre pour la vie.» En voici une, a-t-on envie de dire.
en acier bleui, à ses chiffres arabes et index peints, à sa glace saphir légèrement box, l’ensemble, élégant, étant d’une belle finesse et d’une clarté d’affichage indéniable. La «Sector Dial», comme le veut son petit nom, est présentée dans un écrin qui comporte un jeu de deux bracelets différents, interchangeables grâce à un petit outil livré avec l’ensemble. Un bracelet bleu en cuir de nubuk ou veau noir mat avec deux points de suture blancs et un bracelet NATO en cuir «effet jeans» bleu ou anthracite. Tous avec boucle ardillon. La Longines Heritage Classic est lancée mondialement dès ce mois d’octobre. Outre son propre attrait et l’excellence de la réponse qu’elle offre à un marché emporté par la vague vintage, son prix de 2'000.- CHF tout rond, en fait d’ores et déjà une candidate à un large succès.
Une forme d’évidence horlogère
A la recherche de l’équilibre parfait
Le mouvement L 893.5
Puiser dans l’immense patrimoine Les collections de Longines sont réparties en cinq grands segments: Elégance (quartz et mécanique), Classsic, Tradition (99.6% mécanique, y compris la collection Record certifiée COSC), Sport (y compris la Conquest V.H.P.) et Héritage. Longines n’a pas attendu la grande vogue des montres vintage pour aller puiser dans son propre héritage. Forte de son très impressionnant patrimoine, accumulé et pieusement documenté et archivé depuis plus de 150 ans, Longines a fait sa première incursion dans le domaine avec la réédition en 1987 de la fameuse et historique Lindbergh
Repenser un modèle historique, le redessiner tout en préservant son esprit créateur, n’est pas tâche aisée. Et passer d’un diamètre de 32,5 mm à un diamètre de 38,5 mm tout en conservant l’équilibre esthétique de la pièce implique bien plus qu’un simple calcul homothétique. De plus, il faut parvenir à un bon compromis qui satisfasse à la fois les puristes absolus qui ne juraient que par la pièce originale et les amateurs pour qui le diamètre de la pièce de 1932 est décidément devenu trop petit pour être portable aujourd’hui. Tout est question de rapport entre la taille et l’épaisseur, d’équilibre graphique du cadran. C’est un travail extrêmement minutieux car, dans l’espace très réduit d’une montre, chaque millimètre, voire chaque fraction de millimètre compte. Et la moindre erreur peut déséquilibrer l’ensemble. Un seul exemple, très simple apparemment et très concret: le chiffre 6 du cadran. La position de la grande petite seconde placée en bas du cadran occulte le 6. Or, autant pour des raisons techniques d’entre-axes que des considérations esthétiques d’équilibre général, les designers de Longines ont dû longuement travailler sur ce micro-détail jusqu’à parvenir à la solution idéale. En l’occurrence, par rapport au dessin original, le 6 de la pièce contemporaine
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NOUVEAUX VENUS
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L’ÉCLOSION DES NOUVELLES PROMESSES Un dossier préparé par Pierre Maillard
L’horlogerie traditionnelle, sans trop le dire, se pose mille questions sur son futur. Elle qui, depuis cinq siècles, est essentiellement l’art de décompter le temps sous sa forme la plus raffinée, pratique, transportable puis portable, se retrouve démunie face à des questions devenues existentielles. Elle a permis la révolution industrielle et la première mondialisation mais est désormais devenue objectivement inutile et remplaçable. Une part d’elle même risque, craint-on, de passer au rebut. On pourrait donc s’attendre à voir s’appauvrir le nombre d’initiatives nouvelles dans ce domaine. En réalité, la révolution numérique a changé la donne et c’est tout le contraire qui se passe. Fin août 2019, on comptait 443 projets de nouvelles marques sur le seul Kickstarter. A comparer avec le nombre d’entreprises horlogères établies en Suisse: 694 employant 60'000 collabora-
L’exemple Czapek
Entretien avec Xavier de Roquemaurel, CEO Lancer une nouvelle et ambitieuse marque mécanique classique et de haut de gamme, est-ce raisonnable, est-ce simplement faisable dans le contexte actuel? Les questions sont nombreuses, à la mesure du défi: quel produit, quelle stratégie pour quels objectifs, quel financement, quelle distribution. Mais aussi: comment se distinguer, comment évoluer, comment passer les obstacles, surmonter les paliers et les tailles critiques? Czapek, une marque lancée il y a à peine 3 ans, semble relever pas à pas les défis et répondre avec succès à ces interrogations. Une raison impérative pour, dans le cadre de ce dossier spécial, aller interroger le vibrant et enthousiaste Xavier de Roquemaurel, maître d’œuvre de la renaissance de Czapek.
Propos recueillis par Pierre Maillard
Question toute bête: comment et pourquoi oser lancer une «nouvelle» marque de haut de gamme alors que le marché est déjà bien encombré et croule sous les propositions les plus diverses? Xavier de Roquemaurel: Je vais être cash. Lancer ou relancer une marque, c’est d’abord être sur le
carreau. Personnellement, je sortais de chez Ebel et j’étais au chômage. Dans ces conditions, il faut absolument parvenir à se remettre le pied à l’étrier. Et on ne peut pas le faire tout seul. Il faut être transparent, bien s’entourer et donner sa chance à chacun. Il faut aussi être prêt à en baver, commencer par étudier, réfléchir, évaluer. Et dans ce processus, l’histoire elle-même de Franciszek Czapek est devenue notre inspiration cen-
teurs (Source: Convention patronale de l’industrie horlogère suisse, septembre 2018). Et la majorité des ces nouveaux projets tablent sur l’horlogerie mécanique. Anomalie dans ce monde digital. Ou antipoison? Mieux encore, on assiste aussi à une floraison de projets dans la haute horlogerie. Emanants d’horlogers souvent passés par les grands noms, ayant construit des réseaux de savoir-faire, et qui se lancent dans l’aventure d’une marque. Ou à la conquête d’un nom. Il faut donc bien croire que contrairement aux menaçants instruments connectés et à leur froide et imparable précision clinique, l’horlogerie mécanique possède toujours quelque chose d’intime, de vibrant, d’imprécis peut-être mais de plus chaud, qui fait que sa valeur, quel qu’en soit le prix, transcende son seul usage pragmatique. Résultat: de la Vallée de Joux à Kuala Lumpur, ou du Jura à San Fancisco, dans les Baléares ou à Saint-Germain, à Hong Kong, de partout l’horlogerie fait mille pousses. Et la plupart sont le fait de jeunes gens. Mais aussi n’oublions pas, comme le démontrent nos Archives, que depuis toujours les cimetières horlogers sont constellés de promesses disparues.* *Restons STOIC, comme le dit Peter Speake-Marin, maître-horloger ayant adopté pour sa nouvelle marque la maxime de Sénèque le philosophe stoïque: le temps est la seule chose qui nous appartient.
trale. Nous étions trois au départ, Harry Guhl, notre président, l’horloger Sébastien Follonier et moimême. Entre 2012 et 2015, date de la présentation de notre première montre, nous avons planché sur l’histoire de Czapek, son héritage, ses valeurs… On avait l’impression que c’était le quatrième homme, toujours assis à nos côtés. Et on s’est rendu compte, qu’on avait avec lui un véritable trésor entre les mains, qui allait nous permettre de faire quelque chose de très beau. C’est une chose que d’avoir un beau rêve de marque mais passer à sa réalisation exige, au-delà du seul produit, une stratégie, un financement à la hauteur… Dès le début, nous avons pris trois décisions «stratégiques», bien que largement intuitives (je ne suis pas un fan des tableaux Excel et des présentations Powerpoint). Premièrement, ne pas dépendre d’un actionnaire fort, d’un milliardaire, afin de conserver notre indépendance et pouvoir grandir à notre propre rythme. Deuxièmement, ne pas mettre nos égos au centre mais le produit lui-même, tout pour le produit. Et troisièmement, commencer par le bas pour ensuite monter en gamme progressivement. Ces trois principes nous ont toujours guidés.
Xavier de Roquemaurel
NOUVEAUX VENUS Suivant votre premier principe d’indépendance, vous lancez une opération de crowdfunding en 2015, ce qui est assez rare dans le domaine du haut de gamme, voire de la Haute Horlogerie?
temps, mystérieusement disparu en 1869 à l’âge de 58 ans. Nous ne voulions pas d’un lourd passé, d’un surmoi pesant sur la marque. Nous voulions être à la fois classiques et très modernes.
On a d’emblée écarté l’idée d’un actionnaire de référence et on s’est dit que nous devions créer le cercle le plus large possible d’amoureux de la marque. Notre objectif était de trouver 1'000 actionnaires. Aujourd’hui, nous en sommes à 200 mais ce n’est pas le nombre qui compte, c’est la qualité des échanges qui naissent de ce cercle amplificateur. Chacun de nos actionnaires est devenu un ambassadeur de la marque, chacun nous ouvre son circuit, agrandit notre carnet d’adresses. Du coup, de fil en aiguille, Czapek connaît une croissance organique, en rhizome, en réseaux. On attend de nos actionnaires qu’ils se transforment en conseillers, qu’ils insufflent des idées, évaluent et soupèsent les nôtres. Une des vertus supplémentaires de ce fonctionnement est l’obligation de transparence qu’elle nous impose, transparence d’où découle tout naturellement une culture de la collaboration.
Troisième principe: commencer par le bas…
Deuxième principe: faire taire les égos… C’est Franciszek Czapek qui nous a inspiré, sa modestie alors que c’était un grand horloger mais qui ne se mettait pas en avant. C’est le produit qu’il mettait en avant. Et puis c’était un homme jeune, de son
Commencer «par le bas» – la notion est toute relative – soit en l’occurrence une très belle montre 7 jours à 10'000.- CHF, était aussi obligatoire car nous passions par cette étape de crowdfunding. On ne pouvait de toutes façons pas taper trop haut.
«Le marché des marques indépendantes haut de gamme pèse aujourd'hui 1% et ne dépassera jamais les 3%. Mais làdedans il y a de l'espace.» Mais, surtout, nous savions qu’il était plus important de parvenir à vendre une montre que de monter tout de suite la marque. C’est par la vente que la marque allait pouvoir monter et se montrer. En 2016, à la fin de notre premier Baselworld, nous avions vendu 1 montre. Une! Eh bien à la fin de la même année, nous en avions vendu 88. Entretemps, il y a aussi eu le Prix du Public au GPHG 2016. Quoi de mieux pour nous qu’une reconnaissance venant du public.
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Nous avons tout mis dans le produit pour que les acheteurs en aient vraiment pour leur argent. D’emblée, les deux premiers modèles étaient équipés de très beaux mouvements propriétaires, développés et fabriqués pour nous par Jean-François Mojon, de Chronode (lire son portrait plus loin). Pour parvenir à tout mettre dans le produit, nous sommes aussi restés maigres, avec de très bas frais fixes, et nous avons demandé des efforts particuliers à nos partenaires. Et enfin, j’aimerais ajouter un quatrième principe: faire du beau. La recherche compulsive de la beauté du produit dans tous ses détails. Donner une forme à l’élégance moderne. Cette stratégie, pour employer un mot que vous ne goûtez guère, ou disons cette attitude a-t-elle porté ses fruits? Nous n’avons pas atteint les chiffres que nous avions projetés mais nous avons fait un bénéfice supérieur à celui que nous avions prévu. Très clairement, nous y avons travaillé depuis 2012, la première année d’exercice étant 2014 qui, avec 2015 ont été le temps de l’établissement (et rétablissement) du nom et de la marque Czapek. Le temps des préparatifs. 2016 a été la première année commerciale et 2018 la première profitable. Notre culture est celle de la tortue qui avance jour après jour à petits pas, sans opérer de virage stratégique à 90°. Rien ne l’oblige à courir, mais on la croyait là, sous cette salade, et tout à coup on la découvre là-bas, tout au fond du jardin (rires).
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Et comment définiriez-vous aujourd’hui votre profil dans le paysage horloger? Le choix pour une marque indépendante se porte entre la niche, le prix ou la différenciation. Il faut savoir clairement où l’on se situe, à l’intérieur d’un marché de marques indépendantes haut de gamme qui va en s’élargissant, certes, mais qui pèse aujourd’hui dans le 1% et ne dépassera jamais les 3%. Mais là-dedans il y a de l’espace. La connaissance horlogère s’est diffusée mondialement et a grandi de façon incroyable. Les gens ont soif de véritable qualité, de beauté, d’authenticité au-delà des slogans. Je dirais que nous proposons de la haute horlogerie à un prix différent, entre 10'000.- et 30'000.CHF. Notre prix moyen s’établit d’ailleurs à 18'000.- CHF. C’est donc vraiment le choix de la différenciation que nous avons fait. Par nature nous ne pouvons pas être une seule niche ultra-pointue, nous devons croître en volume, par la différenciation. Mais quand on parle ici de volume, attention, on parle de passer de 100 montres à 1000 montres par an. Encore faut-il traverser différents paliers successifs, s’affronter à des problèmes de masse critique…
Faubourg de Cracovie King Chronographe intégré 5 Hz
Oui, mais si on s’arrête on meurt. C’est un travail très intense. On passe par des phases d’apprentissage, surtout celui de ne plus avoir le feu aux fesses (rires). Il faut éviter le cash-burn comme la peste, se méfier des goulets d’étranglement. Dans le produit, notre recherche est celle d’un idéal horloger, à mi-chemin entre l’artisanat et l’industriel. Dans la montée en volume, un passage assez décisif est celui des 350 pièces. A ce stade, des décisions sont à prendre car on peut envisa-
ger d’intégrer des métiers supplémentaires. Je pense à la gravure laser, à certains polissages, à d’autres encore. Cette intégration offre notamment des gains de temps. Au stade suivant, on peut commencer à produire en interne des éléments sur lesquels de vraies économies peuvent être faites. On gagne alors en efficacité. Autant de choix critiques que prendra «la tortue» en temps voulu. Pensez-vous aussi au «graal» de tout horloger indépendant, son propre mouvement? Comme nous sommes assez puristes, il va de soi que nous l’envisageons. Mieux, je dirais que nous y travaillons déjà. Ce sera un mouvement de base, de 36 à 41 mm, pour homme et femme, dont la construction se fait en interne. Et c’est l’horloger Emmanuel Bouchet qui en réalise le prototype. Sur la base de ce mouvement, que nous présenterons à Baselworld 2020, nous aimerions développer une série de complications qui nous permettront aussi de présenter une nouvelle montre, disons «sport-chic», un nouveau segment de Czapek. Alors, en quelques mots simples, comment définiriez-vous Czapek? (Il réfléchit et se concentre): C’est l’esprit d’un grand horloger du XIXème siècle, sa culture du beau et sa passion partagées qui ont permis de faire quelque chose d’unique aujourd’hui.
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Le jeune surdoué de l’horlogerie Entretien avec Rexhep Rexhepi, fondateur d’Akrivia
ment ce que je vais faire dans les 7 ans à venir. J’ai même les dates de sortie. Mais ce qui est aussi certain, c’est que je ne veux pas grandir. Je tiens absolument à conserver toute sa rigueur à la productin manuelle de nos montres.» Quant à la distribution, outre les ventes en direct, elle s’appuie sur trois détaillants dans le monde: Hour Glass pour l’Asie, Ahmed Seddiqi & Sons pour le Moyen-Orient et A Collected Man, un site très exclusif basé à Londres qui travaille beaucoup avec les USA.
Il a 32 ans, est déjà lesté d’un Grand Prix de l’Horlogerie de Genève, vend l’intégralité de sa petite production aux collectionneurs et amateurs les plus pointus, il a des mains d’or et la tête bien faite et il n’est pas près de s’arrêter. Ce sont les enfants qui, quand ils disent leur âge, y mettent des fractions. Rexhep Rexhepi a-t-il encore une âme d’enfant quand il répond «7 ans et demi» à la question de l’âge de sa marque Akrivia, fondée début 2012, alors qu’il avait 24 ans et demi (la question est posée en août 2019)? De l’enfance il a aussi conservé intacte la force du désir. Le désir de devenir horloger, survenu dès l’âge de 7 ou 8 ans quand il tenait absolument à ouvrir la Tissot de son père «pour voir ce qu’il y avait de si mystérieux dedans».
Rexhep Rexhepi
Et de cette même enfance, il a également conservé un goût semble-til immodéré pour la liberté et l’indépendance. Sa naissance au Kosovo, où il a vécu jusqu’à l’âge de 12 ans auprès de sa grand-mère avant que sa famille ait dû s’exiler face à la guerre pour rejoindre le père déjà immigré en Suisse, est peut-être pour quelque chose dans la farouche volonté de liberté et d’autonomie qu’il ne cesse de revendiquer. «En débarquant pour la première fois à l’aéroport de Genève, j’ai été ébloui par tous ces couloirs emplis d’affiches pour des montres splendides et ça n’a fait que décupler encore mon envie de devenir horloger.» Apprentissage chez Patek Philippe, suivi de deux ans à l’emboîtage et au montage, puis trois ans chez BNB Concept, aux tourbillons et, déjà, après une seule année, responsable de 15 horlogers, MHC puis enfin auprès de François-Paul Journe, où il va s’occuper du Chronomètre Souverain ou encore de la Résonnance. Un beau parcours, à la fois initiatique et pratique. On est en 2012. Il décide alors de lancer Akrivia (du grec ancien ακριβεια, qui signifie exactitude, soin, minutie).
La loi de l’établi «La liberté? C’est ne pouvoir s’en vouloir qu’à soi-même. Et pour ne pas avoir à s’en vouloir, il faut faire les choses peu à peu. Avec exactitude, soin, minutie. Il faut savoir où on veut aller. Se hâter mais lentement. Viser le long terme. Avancer sans jamais dévier de son choix premier. Le mien, c’était, et ça reste, tout simplement de faire ma montre. Pas pour faire de l’argent, pas pour monter un business, pas pour juste créer une nouvelle marque. Non, pour faire ma montre. C’est que tout simplement, je suis heureux à l’établi. C’est le processus qui compte. C’est le faire.» Pour autant, les débuts n’ont pas été si simples, la liberté ça se conquiert. Rexhep, qui a lancé son entreprise avec ses économies patiemment réunies, va attendre deux ans avant de réussir à vendre sa première montre en 2014. «J’avoue qu’à ce moment, après deux ans d’attente, je m’étais mis à douter. Mais cette première vente a été un soulagement énorme. Je me suis tout de suite dit: alors, on peut y croire! Et puis à partir de 2015, il y a eu un déclic. Quelque chose s’est déclenché et, en 2017, ça a explosé.» L’année suivante, en 2018, Rexhep emporte le Grand Prix d’Horlogerie de Genève catégorie Montre Homme avec non plus sa première montre, mais avec son Chronomètre Contemporain, ou CCRR-01. C’est déjà son septième modèle (après un chronographe monopoussoir tourbillon, un tourbillon heure et minutes, une heure sautante avec carillon, un régulateur tourbillon, un tourbillon baguette miroir, une heure, minute, seconde avec réserve de 100 heures) mais le premier qu’il signe non pas Akrivia, mais de son propre nom, Rexhep Rexhepi. «Je m’étais dit en 2012 que commencer en mettant mon propre nom sur ma marque allait passer pour prétentieux. J’imaginais que ça pouvait être mal perçu, d’autant plus qu’il ne sonne pas vraiment comme venant du terroir horloger. Mais tout ça, c’était dans ma tête. Aujourd’hui, pour ma septième montre, je me sens plus à l’aise avec ça. Et comme c’est vraiment ma montre, à tous points de vue, autant y mettre mon nom. Mais ce n’est pas pour autant le lancement d’une deuxième marque, non, non. C’est une affirmation, tout simplement.»
Exemplaire Chronomètre Contemporain
Le Chronomètre Contemporain
Pleine maturité L’affirmation aussi de la pleine maturité de son horlogerie. Aves ses 5 horlogers complets et un ingénieur, désormais tout est construit et prototypé à l’interne. L’usinage des composants se fait à l’extérieur puis, après contrôle, chaque horloger d’Akrivia est responsable de sa montre, de A à Z, y compris toutes les décorations – et elles sont nombreuses et sophistiquées. Un travail qui se fait intégralement à la main, à l’aide d’une batterie de machines manuelles qui permettent de tout accomplir – «au micron». L’ambition est absolument de poursuivre dans cette voie, ce que démontre la toute récente «intégration», si l’on peut dire, de la fabrication de ses boîtiers. Rexhep Rexhepi est parvenu à débaucher une véritable star de la boîte de montre, Jean-Pierre Hagmann, 78 ans, dont le légendaire poinçon est fébrilement recherché par les collectionneurs les plus pointus et fait bondir les enchères. «Ça sera mon dernier feu d’artifices» déclare Hagmann pour qui Rexhep Rexhepi vient d’installer un atelier complet à deux pas du sien, au coeur de la Vieille-Ville de Genève. Nul doute que ce magicien, connu notamment pour ses boîtiers de répétition minutes réalisés pour Patek Philippe, réputés pour sonner comme nuls autres, et qui a vendu son atelier à Vacheron Constantin, va susciter toutes les attentes pour son travail à venir avec Akrivia.
«Je crois fortement à la transmission, explique Rexhepi. On ne sait jamais tout et, petit à petit, on apprend, on continue sans cesse à apprendre. C’est la leçon de l’établi. L’objectif est de réaliser tous nos futurs boîtiers avec Jean-Pierre. Et par ailleurs, depuis 2015 et l’AK-04, un régulateur tourbillon, tous nos mouvements sont les nôtres. Et on ne va pas s’arrêter là…» Il n’en dira pas plus.
Totale indépendance financière Intégralement auto-financé, «sans même une ligne de crédit bancaire», et ce depuis les débuts, Rexhep réinvestit tout dans ses ateliers et sa marque. Tout, ce sont 150 montres vendues jusqu’à présent, à partir de 55'000.- CHF hors taxe pour la CCRR 01, jusqu’à 260'000.- CHF et plus pour l’AK-02. Toutes ses collections sont limitées soit à 12 exemplaires de l’AK-01 à l’AK-05, soit deux fois 25 exemplaires pour l’AK06 et la CCRR 01. Sur le prix, insiste-t-il, «aucun discount, jamais. Les prix sont calculés au plus juste et accorder des rabais serait déprécier la montre. Je suis intraitable là-dessus, même si parfois la tentation est forte.» Mais toutes les montres aujourd’hui en production sont prévendues et le délai d’attente est d’un an et demi. «Je ne travaille pas sur une seule montre qui ne soit pas déjà vendue. Et aujourd’hui, je sais déjà parfaite-
Mais n’oublions pas l’essentiel: son horlogerie. C’est quand même avant tout grâce à elle et par elle que le succès est venu. «En fait, c’est surtout la décoration qui m’a donné envie de faire une horlogerie très personnelle mais qui puise son inspiration dans la grande tradition.» Sa dernière réalisation, le Chronomètre Contemporain signé de son nom, est exemplaire de son approche particulière de l’horlogerie. Ce modèle de 38 mm s’inspire des lignes claires et élégantes des montres d’officier des années 40, de leur lisibilité et de leur précision qui les rendent parfaitement pérennes. Mais il les revisite en les passant au filtre de ses propres codes contemporains, développés au fil de ses différentes réalisations. La symétrie, que ce soit celle du cadran ou celle du mouvement, y joue un rôle essentiel, qui leur confère une touche de classicisme. Cette symétrie et cette recherche d’équilibre se retrouve parfaitement dans le mouvement original de la RR-01, construit spécifiquement pour ce modèle. C’est un heure, minute et grande petite seconde, munie d’un stop-seconde et d’un retour à zéro instantané par la couronne qui permet une mise à l’heure de grande précision. Dotée d’une réserve de marche exceptionnelle de 100 heures, avec un seul barillet, sa construction parfaitement symétrique et équilibrée, ou encore son système de remontage avec cliquet s’inspirent des montres de poche. Sa finition manuelle intégrale est en tout point exemplaire, mélangeant harmonieusement anglages, poli bloqué, Côtes de Genève. Son statut de Chronomètre est attesté par un bulletin délivré par l’Observatoire de Besançon, qui nécessite 16 jours de tests. A l’âge de sept ans et demi, c’est tout simplement remarquable.
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La nouvelle Haute Horlogerie Ils s’appellent Genus, Petermann Bédat, Cyrus, Sylvain Pinaud, Krayon, Alchemists, Trilobe, David Candaux, Tournemire, Ming… Derrière ces noms qui sont encore peu connus du grand public se cachent des maîtres-horlogers confirmés ou de jeunes fous d’horlogerie. Les ambitions sont diverses, les chemins empruntés également, mais chacun à sa manière tente d’apporter une nouvelle pierre à l’édifice et d’inscrire son nom sur la carte de la Haute Horlogerie. Tour d’horizon.
GENUS
CYRUS
La pièce est surprenante, c’est le moins qu’on puisse dire et, à la première vision, on se gratte la tête en se demandant comment diable elle peut bien accomplir son devoir élémentaire, nous donner l’heure. Elle est née, sans doute lors d’une nuit sans sommeil, dans la tête de Sébastien Billières, un maître-horloger, qualifié de «talent original» qui a une façon particulière de concevoir les mouvements en 3D «dans son esprit»,nous explique Catherine Henry, la jeune entrepreneure co-fondatrice de Genus. Fasciné par la symbolique contenue dans le 8. Le 8 c'est l'éternité mais aussi l’analemme, cette forme que dessine au cours d’une année le soleil vu d’un même point à la même heure. Impatient de faire se déplacer librement dans la montre un composant mécanique – alors que l’horlogerie repose traditionnellement sur des composants fixes entraînés par des engrenages en mouvement – il a rêvé puis réalisé sa Genus (du latin genre, famille, mais aussi origine, point de départ). Au résultat, un affichage «libre» qui déroute d’abord puis épate et finit par se lire en étant captivé. Presque miraculeux, mécaniquement parlant, que de voir cette petite «chenille» des minutes composée de 12 éléments distincts, cheminer de minute en minute, se chevaucher pour tracer une boucle parfaite et former une rosace supérieure en arrivant à 15 minutes et une autre inférieure à 45 minutes. Qui plus est, les index des heures, indiquées à 9h, se déplacent sur la périphérie et s’orientent au fur et à mesure dans le sens de la lecture en pivotant à 4 reprises d’un quart de tour. Totalement inédit!
Derrière Cyrus, on trouve JeanFrançois Mojon (copropriétaire de la marque avec «une famille suisse fortunée»), grand motoriste et horloger innovant, récompensé d’un grand prix du meilleur horloger indépendant au GPHG de 2010, et dont la liste des réalisations avec sa manufacture Chronode installée au Locle (mêmes copropriétaires) rassemble une partie du gotha de la haute horlogerie contemporaine. Qu’on en juge: MB&F, Czapek, HYT, Harry Winston Opus X, MCT, Urban Jürgensen, Trilobe ou encore tout récemment Hermès ont tous collaboré ou collaborent encore avec Chronode. Sans compter d’autres grandes marques qui demandent la confidentialité des développements confiés à la manufacture. Vingt personnes y travaillent, construisent et développent en 2D et 3D, livrent des mouvements complets qu’ils décorent, voire s’occupent de l’intégralité d’un produit qu’ils livrent terminé.
L’infinie chenille du temps
10 ans de réflexion 10 ans de rélexion, 3 ans de développement. Tout a été gardé secret jusqu’à sa présentation au GPHG 2019 qui se tient en novembre. Une obligation de discrétion et une habitude aussi, car Sébastien Billières, avec sa société de sous-traitance horlogères GMTI fondée en 2007, est notamment spécialisé dans l’assemblage des calibres Poinçon de Genève. Un domaine sensible dans lequel la stricte confidentialité est requise.
«Faire une marque contemporaine»
«Pour connaître l’heure exacte, retenez simplement l’heure indiquée (à 9H) et rajoutez la minute précise (à 3H) aux dizaines de minutes indiquée par le Genus voyageant à l’infini», explique le manuel de la montre.
Passé auprès de Monsieur Roger Dubuis (himself) à ses débuts, il a continué à très bonne école auprès de Félix Baumgartner, notamment dans le cadre du projet Opus V (avec, déjà, des éléments mobiles), avant d’aller louer une place d’établi auprès de Svend Andersen (qui, parmi les meilleurs, n’est-il pas passé par les ateliers de ce fondateur de l’AHCI?). Sébastien Billières transmet à son tour, car il est aussi professeur en formation horlogère à l’IFAGE depuis 2006.
Un culot exceptionnel Repenser l’affichage de la mesure du temps a tenté les horlogers de tout temps. Sans jamais parvenir à éclipser durablement les indéboulonnables trois aiguilles centrales. C’est donc à chaque fois une gageure. Elle est relevée ici avec un culot exceptionnel et présentée dans un mouvement (il n’y a ni cadran ni ai-
guilles) réalisé et terminé «dans le respect absolu des règles horlogères». On ne saurait s’attendre à moins quand on est spécialisé dans le Poinçon de Genève. Tous les composants ont été dessinés et taillés à la main. Les aciers sont polis-bloqués, les flancs étirés main, le mouvement manufacturé en or (éthique) 18ct. Un très haut degré de finition. Quant au spectacle horaire, il reste vraiment captivant. Le premier «genus» blanc, nom donné à l’indicateur des 10 minutes en tête de « chenille », suivi par son cortège de 11 « genera » bleu pâle, dessine en se chevauchant sa double boucle de temps dans l’espace. La minute précise se lit à 3h et en parallèle, l’heure à 9h. Les index horaires pivotent sans qu’on s’en rende compte. Tout orbite. Tout se transforme, à l’image du temps. Il y aura 8 Genus en or gris. Au prix de 280'000.- CHF. Avis aux collectionneurs très fortunés que tente une double première mondiale en forme de 8.
Le Vertical Tourbillon Squelette de Cyrus
«Du concept au SAV, nous maîtrisons l’ensemble de la chaîne, explique J.-F. Mojon, mais nous ne faisons pas de copeaux, comme on dit en horlogerie. La fabrication des composants est confiée à un cercle choisi de sous-traitants de la région, qui n’en manque pas. Mais nous nous occupons de leur finition, décoration et montage.»
Pourquoi Cyrus? Créée en 2005, Chronode, qui connaît ces 3 à 4 dernières années un impressionnant développement, est aussi une force de proposition innovante pour les marques, tant dans le domaine des mouvements, des fonctions que de l’habillage. Des propositions élaborées avec un petit groupe de designers, toujours centrées «autour de l’univers de la marque à laquelle nous nous adressons.» Alors pourquoi lancer Cyrus ex nihilo? La réponse: «Avec Cyrus, nous voulons construire une marque totalement contemporaine, affranchie de toute histoire préalable ou de tout héritage horloger. D’où ce nom de Cyrus, un grand conquérant à l’origine de l’Empire perse. A son image,
NOUVEAUX VENUS
nous voulons explorer de nouvelles frontières horlogères, offrir des créations exclusives et uniques en leur genre. Chacun de nos modèles doit apporter une nouvelle interprétation de la mesure du temps.» Le modèle inaugural, la Klepcys Moon apparue en 2015, exprime bien cette ambition, avec ses 2 brevets, ses 3 fonctions inédites et ses deux couronnes fonctionnelles devenues signe identitaire de Cyrus. Un boîtier imposant de 48 mm ressemblant aux murs d’une forteresse encastrée entre 4 cornes spectaculaires, une aiguille des heures rétrograde qui change de couleur selon le jour ou la nuit, des disques centraux des minutes et des secondes, une indication de la date par doubles éléments mobiles et rétrogrades et enfin une lune sphérique d’un réalisme confondant dont les phases sont indiquées par une laque noire qui vient en voiler progressivement la surface.
Tourbillon vertical Après avoir accueilli la Solo Tempo (un trois aiguilles), un Chronographe plein ou squeletté, une Alarme (qui sonne comme une répétition minutes), ce même très identitaire boîtier Klepcys – ici de 44 mm – accueille cette année le Vertical Tourbillon Squelette. Placé pour la première fois au centre de la montre sur un axe vertical incliné à 90° et apparaissant entre les deux arches d’un pont décoratif inspiré de Leonardo da Vinci, le tourbillon, sur lequel se lisent les secondes gravées sur des plaquettes, est flanqué de l’indication rétrograde des heures, d’un côté, et des minutes de l’autre. A 12 h, s’affiche une réserve de marche sphérique de 4 jours. Deux couronnes fonctionnelles – une traditionnelle pour le réglage et l’autre, à 9h, permettant d’avancer les heures par saut, viennent compléter la parfaite symétrie de cet ensemble tridimensionnel assez monumental. La position centrale du tourbillon vertical dégage tout l’espace du mouvement à la vue du spectateur. Avec des prix raisonnables pour une horlogerie de ce niveau d’innovation exclusive et de réalisation (Solo Tempo à partir de 8'500.- / Chronographe Valjoux de 13'000.- / Alarme de 39'000.CHF / Tourbillon Vertical à partir de ……) et en à peine quelques courtes années, Cyrus a déjà une forte implantation en Asie (Japon, HK, Macao, Chine), en Italie (10 points de vente), en France, à Londres et désormais aux USA.
DAVID CANDAUX
L’appel de la Vallée Quand, comme David Candaux, on est né et on a grandi dans la Vallée de Joux, foyer historique de l’horlogerie compliquée, qu’on est fils et petit-fils de maîtres-horlogers, qu’on habite et travaille au Solliat, le même petit village que le célèbre Philippe Dufour, son voisin direct, il est difficile d’échapper à son destin. Après avoir longuement travaillé auprès de Jaeger-LeCoultre, autre voisin, et œuvré à la restauration de pièces anciennes, David Candaux n’a pas pu résister à l’appel de la Vallée et à la tentation de lancer sa propre marque, sous son propre nom.
PETERMANN BEDAT Commencer par une seconde morte
La seconde morte, le quartz la bat naturellement, si l’on peut dire, avec son saut net de l’aiguille par seconde. En horlogerie mécanique, au contraire, l’aiguille de la seconde semble glisser. La faire avancer par saut d’une seconde paraît simple au profane. Et pourtant, c’est une véritable – et assez rare – complication. Pour la précision d’affichage qu’elle offre, on voyait la seconde morte dans les pendules régulateurs des ateliers, mais c’était le mouvement du pendule qui l’entraînait. Dans la montre de poignet, c’est une tout autre affaire. Gaël Petermann et Florian Bédat s’y sont attelés pour la première montre de leur marque en devenir, qui s’appelle tout simplement Petermann Bédat. Ces deux jeunes horlogers se sont rencontrés sur les bancs de l’Ecole d’Horlogerie de Genève puis, après quelques détours, se sont tous deux retrouvés chez A. Lange & Söhne, «un sacrée apprentissage, une pra-
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Présentée en 2017 au stand de l’AHCI, sa première réalisation, entamée en 2001 (!), la «1740 The First 8», a frappé les esprits par sa maîtrise, son originalité et l’incroyable niveau de ses finitions. Cette année, David Candaux en présente une nouvelle interprétation, plus futuriste, pourrait-on dire, sous le nom de DC 6 Solstice Titanium Half Hunter “1740”.
Double influence Le nom même de la pièce reflète parfaitement ses influences: «1740» fait allusion à la date à laquelle est attestée pour la première fois la présence d’un maître-horloger dans la Vallée de Joux. Le terme «Half-Hunter» rappelle ces «captain’s watches» de tique d’une grande rigueur et d’une très haute exigence», nous expliquent-ils, encore enthousiastes. Après 4 ans, Gaël revient en Suisse et à son tour, prend établi comme indépendant chez Svend Andersen – à nouveau lui. Florian le rejoint deux ans plus tard et tous deux vont s’installer à Renens, près de Lausanne, dans des locaux mis à leur disposition par le «maître» Philippe Renaud qui y travaille à son projet d’échappement révolutionnaire, le DR-01. Ils y fondent leur société et vivent principalement de restauration pour Christie’s. Mais ils ont une envie tenace : créer leur propre montre. L’occasion se présente quand Dominique Renaud leur demande de décorer deux kits de son incroyable régulateur à lame et de monter un mouvement non fonctionnel pour son projet DR-01. Au lieu d’être payés, ils font un échange d’heures de travail avec Frédéric Magnard, l’ingénieur de Dominique Renaud, et ensemble conçoivent un nouveau calibre seconde morte intégralement «maison» à l’exception de l’échappement (roue et ancre) qui provient d’un Valjoux 72, choisi pour son gros balancier et sa belle alternance à 18'000. >
haute précision dont les cadrans visibles sous de petites ouvertures et les mouvements étaient vigoureusement protégés par une face métallique recouvrant la montre. On retrouve cette disposition particulière dans les montres de David Candaux: à gauche, sous un dôme de saphir, on voit le tourbillon volant de 60 secondes, incliné à 3 degrés, combiné avec un balancier incliné de 30 degrés à l’intérieur de la cage en titane grade-5. D’où son nom de Tourbillon volant «bi-plan». A droite s’affichent les heures et les minutes, indiquées par deux aiguilles courbées sur un micro cadran sphérique qui épouse la forme convexe du petit dôme de saphir qui le protège. Tout en haut, on peut lire la réserve de marche sous une troisième glace saphir en forme d’arche.
L’influence de la Vallée de Joux irradie dans le guillochage très particulier de cette face frontale. Il s’agit d’un virtuose guilloché main, appelé Pointe du Risoux, et qui évoque le ciel vu à travers la cime des sapins de cette fameuse forêt qui se trouve en lisière de l’atelier de David. Le calibre qui équipe la montre a été intégralement conçu par David. Sans rentrer ici dans tous ses détails (il y faudrait plusieurs pages), notons que ce calibre est incliné de 3 degrés par rapport à l’horizontale afin de pouvoir loger correctement la couronne secrète rétractable de la montre et son système de remontage. Et tout est à l’avenant: l’échappement entièrement développé et réalisé en interne s’inspire des anciens compteurs à pointage de la Vallée de Joux qui, contrairement aux échappements modernes, étaient non-équidistants, ce qui augmente significativement le rendement. Le balancier est en cuivre béryllium avec 4 vis d’inertie en or 18 carats, les roues sont moulurées, biseautées et cerclées sur les deux faces, les pignons polis à la meule de bois et entaillés derrière leur pivot pour assurer le maintien en place de l’huile de lubrification, une technique ancestrale. Après des premières pièces d’allure très classique, la nouvelle DC 6 Solstice Titanium Half Hunter, avec ses couleurs vives – orange, bleu ou rouge – confère une modernité étonnante à cette haute horlogerie – et excellente chronométrie – pourtant issue du passé, de la plus noble tradition et d’un des plus anciens terroirs horlogers.
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TRILOBE
Une vision très classique Leur mouvement, de leur propre aveu, s’inspire de Lange et des Patek Philippe «vintage» et est réalisé en maillechort traditionnel. S’ils ont choisi le système de la seconde morte, malgré la difficulté qu’elle pose en termes énergétiques «car elle réclame pas mal d’amplitude et de force», c’est que ce calibre ainsi conçu leur permettra de réaliser par la suite leur seconde pièce, un chronographe monopoussoir. «Nous avons une vision très classique de l’horlogerie. Notre référence absolue est le Chronographe 130 de Patek Philippe, pour sa sobriété et la beauté de son mouvement. Notre horlogerie s’inspire aussi fortement de notre travail dans la restauration, notamment en terme de simplicité: tout mouvement devrait être facilement réparable.» Après avoir conçu et dessiné leur mouvement, ils collaborent avec des prestataires extérieurs pour la réalisation des composants et s’attellent à une décoration extrêmement poussée qui leur demande deux mois de travail plein pour chaque pièce. «Nous poussons la qualité de la décoration et de la finition à son maximum. Par exemple, nous décorons même l’intérieur du barillet que personne ne verra jamais sauf un horloger du futur qui l’ouvrira peut-être une fois!» Jeunes, enthousiastes, ils ne cachent pas leur ambition: «Nous admirons un Kari Voutilainen et aimerions parvenir un jour à tout faire nousmêmes, comme lui, avec une petite équipe. Et pour les cadrans, nous adorerions collaborer avec une Anita Porchet.» En attendant que leurs rêves se réalisent, ils tiennent avant tout à «rester à tout prix libres et indépendants. Même s’il nous faudra galérer…».
«Aimer la différence», «renverser le concept», «avoir le temps»… Autant de préceptes – ou de conseils - qui s’appliquent à l’horlogerie vue par Trilobe. La montre Trilobe le démontre: différente, elle l’est d’évidence quant à sa façon d’indiquer le temps. Elle renverse effectivement le concept car ce ne sont plus les aiguilles qui bougent au-dessus du temps fixé, mais le temps qui tourne perpétuellement sur lui-même. Enfin, elle prend le temps avec délicatesse car la précision ultime n’est pas son graal. Exacte (on peut compter sur la science chronométrique de JeanFrançois Mojon, qui en a conçu le mouvement), elle prend néanmoins son temps, comme le dessinent les trois anneaux qui, en tournant sur eux-mêmes défilent à leur rythme respectif devant les trois «trilobes» qui indiquent le passage de l’heure, de la minute et de la seconde. Ces trois anneaux tournent dans
le sens inverse des aiguilles d’une montre, premier contre-pied, et les trilobes ne sont volontairement pas alignés, soulignant le caractère poétique de la pièce et de sa lecture. Une lecture qui, très rapidement, devient parfaitement intuitive, visuelle, sensorielle. Une très belle proposition, lancée par Gautier Massonneau. A la fois classique, d’un goût très fin, riche en subtiles évocations poétiques, architecturales et horlogères et, par ailleurs, pleinement de son temps. «Entre rupture et continuité», résume Gautier Massonneau. Le jeune homme a un parcours singulier, diplômé de l’université de Paris Dauphine en ponts et chaussées puis spécialiste à l’international du financement d’infrastructures, il tombe en fascination pour l’horlogerie, en change radicalement de métier pour faire sa montre, telle qu’il la rêverait, et aussi laisser voie libre à sa fibre artistique. Ce faisant, Trilobe a ouvert une voie nouvelle en horlogerie fine. Innover avec subtilité, proposer un autre type de lecture intuitive du temps est un défi relevé ici de façon très convaincante.
pour mise à l’heure) entre 2h et 3h. Le cadran horaire, réalisé en émail Grand Feu ou en pierre personnalisée (par exemple obsidienne noire, lapis lazuli, jade aux vertus diverses, une forme de «lithothérapie» disent les Alchemists), se place à midi, affichant les heures (aiguille rouge) et les minutes (aiguille blanche), alors que les secondes sont décentrées à 6h. Leur anneau, gradué sur 60 secondes traînantes, coiffe les deux barillets de la Cu29. Un calibre 100% manufacture. Mais l’ambition des Alchemists est plus vaste encore et se présente
comme un projet global, allant bien au-delà de la seule horlogerie, fut-elle de très haut de gamme. Elle n’est rien de moins que d’«agréger tout un écosystème autour de nos premières collections de montres, avec des projets de développement durable, de réinsertion professionnelle et d’actions philanthropiques». Sans oublier les «qualités thérapeutiques» du Cuprum 479. Un projet étonnant, peut-être utopique, mais qui provient du véritable terroir horloger jurassien et qui est mené par des hommes qui savent de quoi ils parlent.
Changement de référence
ALCHEMISTS L’alchimie du Cuprum 479
Ils sont trois Alchemists qui ont présenté au dernier Baselworld leur très ambitieux projet et leur étonnante montre. Il y a Hervé Schlüchter, horloger de complications jusqu’à devenir directeur général de la manufacture Dimier (Bovet) avant de créer son propre label créatif. Il y a Fabrice Thüler, un «meneur d’homme», créateur de Swiss Finest, un important décolleteur, qui, en plus, a les capacités de «développer, fiabiliser et réaliser intégralement un calibre d’horlogerie». Et il y a, plus inattendu, Denis Vipret, un «magnétiseur guérisseur» dont la renommée s’étend bien au-delà de la ferme familiale d’où il officie. Les détenteurs du «secret» sont quelques uns dans la région de Fribourg – Jura. Et c’est lui qui a élaboré la «recette secrète» du Cuprum 479. Fabrice Thüler va la développer et Hervé Schlüchter la mettre en forme. Le Cuprum 479 est un alliage breveté d’or, d’argent et de cuivre dominant à plus de 80%. Durable, il n’a pas besoin de traitement de surface et est usinable en suivant d’infimes tolérances. Il est ensuite poli main, et se révèle «plus stable» que l’or 18 carats. Mais en outre, il offrirait «des qualités bénéfiques pour l’organisme, dont une puissante action antibactérienne grâce à sa haute teneur en cuivre. Un métal considéré comme un catalysateur majeur de la formation des globules rouges, sans compter sa contribution aux défenses immunitaires et au métabo-
lisme des protéines et des lipides.». La pièce horlogère inaugurale des trois Alechmists se nomme tout naturellement, la Cu29. Pour sa première sortie, les Alchemists ont multiplié les défis et, à ce titre, la CU29 est une montre démonstrative, à la fois d’une technologie, d’un savoir-faire et d’une ambition. Elle est dotée d’un balancier à vis de charge et inertie variable situé à 8h, d’une réserve de marche de 72h à crémaillère périphérique indiquée par un curseur à 12h, d’un indicateur de fonction engagée (W winding pour remontage ou S set
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KRAYON Cette montre est un défi. Elle est née d’un rêve: revenir à la source du temps, à ce soleil dont le lever et le coucher en bat la mesure, et créer un mouvement mécanique qui puisse «tout simplement» permettre de lire l’heure réelle du lever et du coucher du soleil en tous points du globe! Un calculateur mécanique universel de l’heure exacte du lever et du coucher du soleil n’avait encore jamais été réalisé en horlogerie mécanique. Qui plus est, logé dans les quelques petits centimètres cubes du boîtier d’une montre de poignet. Un «rêve» en effet, que Rémi Maillat, jeune mathématicien et horloger, a concrétisé avec l’équipe de Krayon, son bureau de créations horlogères sis à La Chaux-de-Fonds. Pour parvenir à ce résultat, la montre Everywhere combine les cinq paramètres qui influent sur le calcul du lever et du coucher du soleil: les coordonnées de la longitude et la latitude qui permettent de déterminer géographiquement un endroit sur Terre, le fuseau horaire UTC, la date et le mois.
Grâce à une seule simple couronne, combinée avec un poussoir situé sur le côté du boîtier qui permet de choisir le réglage souhaité, l’utilisateur peut ajuster chacun de ces paramètres à volonté et découvrir ainsi l’heure exacte de l’apparition et de la disparition du soleil, à l’endroit de son choix et le jour qu’il souhaite! «L’heure se lit sur le pourtour du cadran, grâce à une flèche bleue sur une échelle 24 heures qui indique également depuis combien de temps le soleil s’est levé, explique Rémi Maillat. La grande aiguille centrale pointe quant à elle les minutes. Un compteur sur la moitié supérieure du cadran permet de connaître la longitude comprise entre +/- 180°, grâce à la plus longue aiguille. Celle plus petite indique le fuseau horaire UTC et évolue par demi-crans, afin de s’adapter à tous les fuseaux en usage dans le monde (donc aussi aux demi-heures de quelques rares fuseaux). Si nécessaire, l’indication DST (Daylight Saving Time ou Summer Time) permet de corriger l’heure pour l’adapter à l’heure d’été. Au centre du cadran principal, sur la gauche, une première petite aiguille indique la latitude, de + à – 60°, alors que l’autre aiguille pointe le paramétrage sélectionné – date, latitude, longitude ou UTC.
bloc de titane grade 5, ne dévoilant au dos que le balancier et son pont, il sait rester sobre, «à la façon des chronomètres de marine». La pièce présentée à Bâle est le prototype et Sylvain Pinaud entend encore procéder à «d’infimes ajustements et petites modifications
dont notamment raccourcir la couronne un peu longue et accentuer le contraste du compteur minute. Mais chaque pièce produite sera personnalisable, notamment par des couleurs de cadran et de rhodiage.» Longue vie au Chronographe Monopoussoir Artisanal!
Le soleil en tous points
SYLVAIN PINAUD
Sylvain et son «Chronographe Monopoussoir Artisanal» Sylvain Pinaud est une des belles rencontres que l’on pouvait faire à Baselworld cette année, au rayon «Incubateurs». Lui-même le déclare en toute franchise et simplicité: «Cette pièce je l’aime, elle me plaît… Alors pourquoi ne pas la proposer aux amateurs de belle horlogerie!» Une pièce aimée qui lui a valu par ailleurs d’être lauréat du concours des «Meilleurs ouvriers de France», une institution dans la République. Fruit d’un concours, cette pièce s’appelle, toujours en toute franchise, «Le Chronographe Monopoussoir Artisanal». Vu son talent et l’enthousiasme énergique qu’il dégage, ça m’étonnerait que Sylvain Pinaud en reste là. Et pour poursuivre sa route d’indépendance, il s’est installé depuis fin 2017 à Sainte-Croix, véritable pépinière d’horlogers, dont Denis Flageollet de De Bethune ou encore Vianney Halter, ainsi que de spécialistes des automates et d’artisans de haut vol. Il propose aujourd’hui de réaliser son Chronographe Monopoussoir à la commande, précisant que «du fait de la réalisation artisanale et du grand degré de finition, une quantité très limitée et numérotée de montres sera produite».
Tout reconstruire Le concours obligeait de se baser sur un mouvement ETA 6497. De ce mouvement, Sylvain n’a en fait conservé que le rouage et l’échappement. Il a reconstruit et fabriqué directement tout le reste, balancier, système de remontage, pont, platine, de façon à pouvoir y intégrer le chronographe monopoussoir à embrayage horizontal et roue à colonnes. A ses yeux une évidence, parce que tout simplement «beau, simple et efficace.» Il a tout redessiné, ressorts, sautoirs, leviers, et empierré les fonctions délicates et les forces contraires. La grande majorité des pièces a été réalisée à la main et aux machines traditionnelles. Trempages, revenus, décoration, polissages, tout s’est fait selon la tradition artisanale. Tous les aciers sont polis-bloqués et anglés à la main, roues anglées et cerclées, platine grainée, pont supérieur trait-tiré.
Rester sobre Architecturalement, la pièce est belle, équilibrée, harmonieuse et aérienne. La lumière y pénètre avec plaisir et joue avec les profondeurs. On y observe aisément les séquences du chronographe, embrayage, débrayage, remise à zéro. Tout a été pensé, construit autour de la fonction chronographe, à sa lecture et au spectacle de son fonctionnement. Placé sous un large saphir, emboîté dans une boîte «de conception simple», dit-il, usinée dans un
Enfin, sur la moitié inférieure du cadran, un compteur affiche le jour et le mois.» Les 595 composants du calibre USS, tous conçus et réalisés spécifiquement, tiennent dans un boîtier d’une épaisseur de 6,5 mm. Au coeur du mécanisme se loge une équation du temps qui n’est pas affichée mais qui est nécessaire aux différents calculs, d’autant plus complexes que leurs résultats sont opposés, comme le lever et le coucher du soleil. Pour y parvenir, le mécanisme, protégé par trois brevets principaux, comporte 4 différentiels, 84 mobiles et 145 composants de rouage. Doté d’une réserve de marche de 72 heures, battant à une fréquence de 3Hz, c’est un automatique équipé d’un micro-rotor. Sur le cadran, un cercle de terre claire permet de visualiser la longueur du jour. Un cercle plus foncé symbolise la nuit et leurs deux points de rencontre indiquent le lever et le coucher du soleil dont la course est indiquée par une aiguille bleue. Au fil des saisons et des points du globe, la longueur du jour s’allonge ou se rétrécit. Ce qui devient visiblement perceptible. Une magnifique performance mathématique, horlogère et philosophique, pourrait-on dire, qui nous rappelle que c’est le Soleil qui écrit nos horaires.
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DE TOURNEMIRE Pierre au centre
MING
Le souffle créatif de Kuala Lumpur Sous le nom de Ming on trouve un «collectif horloger» de six «enthousiastes» de diverses origines réunis autour du photographe, business «strategist» et fondu de montres Ming Thein, de Kuala Lumpur. «Nous ne prétendons pas avoir une histoire et nous n’en portons pas le poids, nous imaginons simplement des montres que nous aimerions avoir dans notre collection, des montres qui nous procurent une excitation et un sens de la découverte. Nous sommes par ailleurs les premiers à admettre que nous ne les fabriquons pas nous-mêmes. Mais nous avons mis sur pied une étroite collaboration avec des partenaires comme la Manufacture SchwarzEtienne ou encore Jean Rousseau, à Paris pour les bracelets». Les montres Ming sont toutes assemblées, réglées et testées en Suisse, «mais nous effectuons le contrôle final de qualité individuellement en Malaisie», explique Ming Thein. Après avoir été nominés au GPHG en 2018 avec la Ming 19.01, une montre «simple, portable tous les jours» mais dont le design très original et très fort a marqué les es-
prits, Ming présente cette année une version plus sophistiquée, la Ming 19.02 Heures du Monde. On y retrouve les principaux éléments de design de la 19.01, dont une glace box saphir identitaire, avec une transparence dégradée noire, un boîtier de 39 mm en titane grade 5 mais là où la 19.01 était entièrement dans des tonalités monochrome très contemporaines, la 19.02 est d’apparence plus «classique» si l’on peut dire, grâce à un mouvement plaqué or rose 5N visible sur le pourtour du cadran. Les heures du monde – dont celle de Kuala Lumpur - s’affichent sur une section opaque, et sont indiquées par un disque 24 h tournant. L’ensemble est animé par un calibre automatique à micro-rotor en tungstène de Schwarz-Etienne, qui assure une réserve de marche de 70h. Les ponts sont squelettés et anglés main, le barillet squeletté permet au porteur de déterminer le niveau de remontage en regardant son ressort, et le tout est monté sur bracelets Jean Rousseau en alcantara et cuir de veau. L’ensemble est à nouveau très réussi et le design unique, très séduisant par son modernisme assumé tout en restant pondéré et harmonieux. Une montre qui fera date. Son prix: 11'900.- CHF. En vente directement sur le site de Ming.
Les ateliers de haute joaillerie de la famille Marteau sont renommés auprès des connaisseurs et ce bien au-delà de la Place Vendôme «à l’ombre» de laquelle trois générations de joailliers se sont discrètement succédées. «Parures, tiares, boîtes à mystère, pendulettes…» créées par les Marteau depuis plus de 60 ans ont essaimé dans le monde entier. Jean-Jérôme, 31 ans, grandi au sein de ces ateliers familiaux, s’est appliqué à transposer ce savoir-faire acquis en haute joaillerie à la haute horlogerie. Il est parvenu à mettre au point un procédé technique particulier de sertissure sur glace qui permet à la pierre ou au diamant d’apparaître pleinement, dans toute sa brillance, au centre d’un saphir bombé qui recouvre le cadran d’une montre. De cette innovation est née la première montre de De Tournemire, surnommée «Une pierre, un tourbillon».
Rayonnant depuis le centre de la montre, la pierre (diamant, saphir, émeraude ou rubis, de 2 à 7 carats) surplombe le tourbillon, dont la cage est sertie de diamants, et est flanquée d’un côté d’un affichage rétrograde sautant des heures et, de l’autre côté, d’un affichage traînant des minutes. Ouverte, la pièce dévoile son mécanisme à l’excellente qualité de réalisation et de finition (anglage main, ponts du tourbillon et du barillet polis miroir). Le boîtier de 44,8 mm en or gris, or rouge 5N 18 k ou en titane, est étanche à 3 atm et monté sur bracelet alligator noir. Ou galuchat cousu main. Montre-bijou ou bijou-montre, la pièce de De Tournemire se prête aussi avec grâce aux métiers d’art, dans une version automatique avec affichage à guichet, ou à disque ou encore à deux aiguilles surgissant de sous le diamant central. Une très large latitude d’expression, qui permet d’imaginer nombre de variantes avec toutes, pour point commun, ce diamant ou cette pierre centrale.
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Yvan Monnet Naissance d’une nouvelle forme La plupart des nouvelles marques sont lancées par des horlogers, ou par de jeunes entrepreneurs associés à un designer, un horloger et un assembleur. Le cas d’Yvan Monnet, qui donne son nom à sa marque, Yves Monnet Genève, pour être précis, est tout à fait différent et, à notre connaissance, assez unique en son genre. Une raison suffisante pour qu’Europa Star décide de le rencontrer. Et ce d’autant plus qu’Yvan Monnet s’attaque à un véritable défi: créer une nouvelle forme de montre. Ce qui, disons depuis Gérald Genta, n’est pas une mince affaire.
Tomber dans la marmite
Yvan Monnet
On s’attendait à rencontrer un «designer» patenté mais l’homme, qui est d’une rare modestie, nous corrige aussitôt en se présentant comme «dessinateur industriel». Et ce n’est qu’après avoir effectué un sacré parcours, passant de la chimie au bio-médical, des biens de consommation industriels au design de boîtiers de machines, qu’il finira par atterrir en horlogerie via Prodor SA, une fonderie d’or qui appartenait alors à Piaget. Patek Philippe le sollicite ensuite pour son bureau technique habillage, dirigé à cette époque par un certain… Laurent Ferrier. Coïncidence supplémentaire: le bureau technique mouvements, la porte à côté, est dirigé par Didier Faoro, qu’Yvan connaissait très bien et qui, aujourd’hui, y est devenu directeur de la Haute Horlogerie. Yvan Monnet va rester 10 ans chez Patek Philippe, devenant responsable du support SAV de la haute horlogerie, lançant également des projets d’archivage et de stockage des pièces anciennes. Et tous ceux qui ont visité ce service chez Patek Philippe savent qu’il s’agit d’un véritable trésor, dûment répertorié et unique en son genre (Lire Patek Philippe The Manufacture Within a Manufacture, Europa Star 1/2016).
«J’y ai fait la connaissance du génial horloger Paul Buclin, eu la chance d’avoir devant moi, ouverte, la célèbre Packard, entre autres merveilles, et j’ai été ensorcelé, proprement dit, par la qualité magique des répétitions minutes de la maison. Bref, je suis tombé dans la marmite, comme on dit.» Sollicité par Vacheron Constantin pour venir renforcer l’atelier habillage, il accepte ce nouveau challenge, s’occupe de construction de boîtiers, devient chef de projet et passe aux Métiers d’Art, alors en pleine floraison chez Vacheron Constantin. «J’y suis resté 8 ans et me suis frotté de près à l’aspect le plus artistique de l’horlogerie, notamment avec les montres réalisées en collaboration avec les maîtres japonais du Maki-ye. J’y ai rencontré nombre d’artisans de haut vol, à l’image, par exemple, d’une Anita Porchet, vraie star de l’émaillage.» Malheureusement, cette aventure avec Vacheron Constantin, «va mal se terminer» et Yvan Monnet se retrouvera pour la première fois au chômage.
Apporter «quelque chose de neuf…» «J’étais passionné par l’horlogerie et il était hors de question pour moi de la quitter. J’avais fait la connaissance de tous les meilleurs artisans et je voulais faire fructifier mes compétences en habillage. J’ai alors préparé un book pour pouvoir présenter des pièces fortes sur lesquelles j’avais travaillé. Mais je voulais aussi arriver avec des pièces différentes. J’ai exploré le passé: toutes les formes avaient été faites, rondes, ovales, carrées, rectangulaires, hexagonales… Toutes sauf une: le pentagone. Personne n’avait jamais fait une forme à 5
pans. Il faut dire que le pentagone est particulièrement difficile à dessiner. Alors je m’y suis mis. J’ai analysé toutes les proportions, je l’ai peaufiné à l’extrême ce pentagone, j’ai cherché la subtilité, la finesse, l’harmonie, écartant tout effet clinquant car s’il y a une chose que je déteste, c’est bien le bling bling…».
Grande élégance A cet instant, Yvan Monnet nous découvre son premier modèle, une montre femme qui porte le nom de Mina. C’est la première fois que nous la voyons in corpore et, il faut l’avouer, d’emblée nous sommes séduits. La pièce est d’une très grande élégance et sa forme, théoriquement si inédite, lui confère une aura indéniable et immédiate. Le sens des proportions dont elle témoigne et le soin extrême des détails nous la rendent aussitôt familière. «J’ai cherché à optimiser ses moindres détails, même ceux qui ne sont pas
perçus immédiatement mais simplement ressentis dans la globalité de la montre», nous explique un Yvan Monnet visiblement amoureux de sa création, et à juste titre. Tous les éléments de la montre découlent comme naturellement du pentagone: les appliques des index sont un pentagone étiré en forme de pointe de flèche, les aiguilles ajourées ont d’identiques proportions, une fine rainure entre la lunette et la boîte souligne et affine l’ensemble, le fond est encastré dans la carrure pour qu’il ne la dépasse pas, le cadran opalin, blanc immaculé, bleu ou cacao (réalisé par les Cadraniers de Genève) est subtilement changeant, réagissant merveilleusement à la lumière. «Je vois des détails que personne ne voit, s’enhardit Yvan Monnet qui précise aussitôt que ce boîtier pentagonal qui s’inscrit dans un cercle de 35 mm (on ne parle plus ici de diamètre) est d’une belle complexité de fabrication et ne peut être réalisé qu’avec l’aide d’une CNC 5 axes.
Et fini aux cinq doigts de la main.» A l’intérieur de la Mina battent deux mouvements Sellita, soit un mouvement mécanique à remontage manuel, doté de très belles finitions, soit une version automatique, «à porter au quotidien».
La Five, pentagone masculin Après la Mina, lancée il y a moins de deux ans, Yvan Monnet, dont l’ambition est bel et bien de créer une marque complète, a récemment dévoilé un modèle masculin, la Five, comme les cinq doigts de la main ou les 5 pans du pentagone. Mais pour y parvenir, nulle homothétie. Il a intégralement retravaillé son dessin. «La lunette de forme est construite sur cinq courbes tendues qui se croisent avec, cette fois, des angles nets marqués, repris dans le boîtier, qui lui donnent une plus grande vigueur, tout comme la finition poli satiné qui renforce sa géométrie». Des co-
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des et une inspiration qui viennent en droite ligne de Gérald Genta, avoue Yvan Monnet, qui confesse sa grande admiration envers le célèbre designer genevois, un créateur de nouvelles formes, lui aussi. Sportive et très élégante, étanche à 200 m (avec fond saphir !), équipée d’un nouveau mouvement automatique Sellita, s’inscrivant dans un cercle de 43 mm de diamètre, montée sur bracelet caoutchouc, dotée de fortes aiguilles bâton traitées Superluminova qui ressemblent à de petits buildings new-yorkais et qui survolent des chiffres appliques directement moulés dans du Superluminova, la Five démontre les réelles potentialités de cette nouvelle forme pentagonale.
La réalisation exige une grande rigueur d’exécution sur toute la chaîne, du choix des matériaux jusqu’à la terminaison. Je ne suis qu’un chef d’orchestre qui met en œuvre ses créations. J’ai la connaissance des instruments et des émotions qu’ils véhiculent, mais je n’en joue pas. Je laisse les spécialistes exprimer le meilleur d’eux-mêmes. Ils sont à la source de l’inspiration et je m’efforce de les mettre en valeur. Ainsi, toute la production se fait à Genève, à 80%, grâce à un dense réseau de fournisseurs de très haute qualité. Tous des amis que je connais intimement, rencontrés au fil de mes 20 ans de haute horlogerie. Je vends un produit, pas une histoire! C’est à lui d’être à la première place.»
Une forme qui ne demande qu’à être explorée
Indépendance
«Le pentagone est une forme qui ne pardonne rien. La moindre imprécision se voit, insiste Yvan Monnet.
mais dont le prix reste très abordable. La Mina en acier est dans les 3'000.CHF et la Five en acier à 4'700.- CHF. Son objectif dans les 3 à 5 ans est de parvenir à produire et écouler environ 1'500 montres par an. Pour y parvenir, Yvan Monnet compte bien étoffer encore pas à pas son offre. La Mina, par exemple, semble naturellement appeler le sertissage et les matières précieuses. Et Yvan Monnet se délecte d’avance de pouvoir offrir des personnalisations, notamment quant aux cadrans, jouer de la nacre, des pierres de couleur, passer à des motorisations plus précieuses pour de futures séries limitées. Introduire une nouvelle forme n’est pas chose aisée, loin de là, mais le pentagone, amoureusement peaufiné par Yvan Monnet, n’a sûrement pas fini de nous étonner. Il en a toutes les potentialités.
Entièrement auto-financé, Yvan Monnet assure que seule une démarche artisanale et indépendante comme la sienne permet d’offrir des produits dont l’aspect et les finitions sont dignes de la haute horlogerie
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Nouvelles indépendances
FOB PARIS RADICALISME AVEC RACINES Les trois jeunes ingénieurs de formation Sari, Laurent et Aurélien, qui plus est amis d’enfance, sont tombés en horlogerie lorsqu’un de leurs amis hérita d’une montre de poche de son grand-père. Fascinés à la fois par la technicité et l’esthétique de cet objet, ils fondent FOB Paris en 2012 déjà. Ils vont faire de la réinterprétation de cette montre de poche le produit signature de leur «studio français d’horlogerie». Ils tiennent par ailleurs à cette épithète «français» car, soulignent-ils, «tout est fabriqué en France et assemblé à Besançon dans un atelier familial qui recouvre quatre générations d’horlogers». Avec mouvement automatique ou solaire, en acier inoxydable traité PVD, équipées de verres saphir, leurs montres présentent une esthétique assez radicale, minimaliste mais avec émotion, très graphique, allant à l’essentiel de façon toute contemporaine. FOB Paris est déjà présent dans de nombreux pays, de la France au Japon en passant par la Russie, Londres, le Moyen-Orient…
Les propositions de nouveaux indépendants de qualité ont souvent pour mérite d’ouvrir de nouvelles voies formelles et techniques. Des initiatives qui proviennent de designers, de stylistes, de spécialistes en micro-mécanique, de collectionneurs ou de simples fondus d’horlogerie dont voici un florilège, choix subjectif d’Europa Star parmi la foule de nouvelles propositions.
SINGER RECONSTRUIRE LE CHRONOGRAPHE Singer est née de la rencontre entre Rob Dickinson, fondateur de Singer Vehicle Design, et de Marco Borracino, designer horloger, rejoints par JeanMarc Wiederrecht, d’Agenhor. Ce maître-horloger a fourni l’Agengraphe, un mouvement chronographe révolutionnaire qui offre une lisibilité des indications et une fonctionnalité hors norme. Finis les petits compteurs: désormais la fonction chronographe est affichée par 3 aiguilles centrales, tandis que l’indication des heure et minutes est repoussée en périphérie du cadran et indiquées par deux disques tournants, pointés par un index positionné à 6h. Les 477 composants de ce très beau mouvement se découvrent intégralement au dos en saphir de la montre, car la disposition centrale du chronographe a permis de placer le rotor côté cadran. Cet affichage central s’inscrit parfaitement dans le boîtier tonneau en titane grade5. Elancé, galbé, aux surfaces polies et satinées, il est équipé d’une couronne à 4h et de deux poussoirs ergonomiques des deux côtés du boîtier. Dans sa dernière édition, la Singer Track1 London Edition affiche un cadran d’un bleu intense et aiguilles orange et est montée sur bracelet en cuir veau foncé perforé de rivets en titane brossés.
LAVENTURE PLONGÉE AU FORT PARFUM 60’ La nouvelle marque Laventure est apparue en juillet 2017 sur Kickstater avec une première collection de 150 montres, dénommée Laventure Marine. En 48 heures, 120 contributeurs ont permis de lever 201'400.- CHF. Un vrai succès, dû sans doute à la qualité d’une proposition de réinterprétation contemporaine des montres marines des années 60, pile en phase avec les goûts «milleniaux». Clément Gaud, l’initiateur de Laventure, est un designer installé à Neuchâtel qui, après 5 ans passés dans une agence de design horloger, a décidé de se lancer à l’eau. Après ce premier succès, il récidive cette année avec Laventure Sous-Marine, une nouvelle série limitée parfaitement dessinée et réalisée intégralement à La Chaux-de-Fonds. Boîtier acier inoxydable ou bronze de 41 mm, couronne vissée garantissant une étanchéité à 200 m, verre saphir ultra-bombé très vintage, cadran en «sandwich» épuré et ultra lisible, mouvement automatique ETA 2824-2, fond vissé et gravé en acier inoxydable, bracelet en cuir de veau et second bracelet caoutchouc, le tout présenté dans un écrin inspiré des anciennes éditions de Jules Verne et vendu à 2'350.- CHF.
RESERVOIR MANOMÈTRE AU POIGNET Marque française mais Swiss Made réalisée à La Chaux-de-Fonds, lancée en 2015 par François Moreau, ex-banquier durant 25 ans et collectionneur de compteurs dès son jeune âge, Reservoir a pour caractéristique principale de proposer un mode de lecture de l’heure inspirée directement des compteurs anciens. Minute rétrograde à 240° qui reprend les compte-tours, manomètres ou profondimètres, heure sautante en guichet qui rappelle les compteurs kilométriques et réserve de marche qui reproduit les jauges à essence. Un affichage assuré par un module propriétaire breveté monté sur une base ETA 2824-2. Après des collections dédiées à l’automobile et à l’aéronautique, Reservoir présente cette année la collection de plongée Hydrosphère. La double graduation de sa lunette rotative unidirectionnelle en céramique permet une lecture immédiate du temps de palier, elle dispose aussi d’une valve hélium et d’un indicateur de fonctionnement sous forme d’un disque tournant au rythme de la seconde placé à la base de son unique aiguille. 4'250.-€.
NORQAIN AU PROGRAMME: AVENTURE, LIBERTÉ ET INDÉPENDANCE Sur les récents fonds baptismaux de Norqain, fondée par Ben Küffer à Nidau (Bienne), non loin de Tavannes où la famille œuvre en horlogerie depuis quatre générations, se penchait un parrain de poids, son père Marc Küffer, CEO de 1988 à 2012 de Roventa Henex, un très important fabricant de montres en private label Swiss made. Ce savoir-faire accumulé, un carnet d’adresses fourni et une importante capacité de production permet à Norqain de proposer d’emblée trois collections de montres contemporaines, pour homme et pour femme, toutes assemblées maison à Tavannes et exclusivement mécaniques, qui vont de 1'500.- à 4'500.- CHF. Leur nom indique explicitement le programme: Adventure Sport, Freedom 60 et, au sommet, Independence, certifié COSC en édition limitée, présenté cette année à Baselworld. La marque, encore jeune, affirme déjà ses ambitions de distribution en annonçant, outre le net, un réseau de 50 détaillants fin 2019. Ci-dessus, l’Adventure Sport Chrono Auto DLC (avec le cadran «Norqain pattern» caractéristique de la marque).
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MAURON MUSY UNE MONTRE COMME UNE ARMURE INDUSTRIELLE «Robuste, sportive, racée, raffinée, intrigante, sophistiquée»: c’est avec tous ces qualificatifs que Mauron Musy, fondée en 2013 par Eric Mauron et Christophe Musy (tous deux experts en mécanique de précision), présente sa nouvelle Armure MU03. Son design qualifié «d’industriel» s’exprime dans un imposant boîtier de 44 mm taillé dans du titane et équipé du système breveté d’étanchéité avec joint étanche nO-Ring®, qui lui assure une étanchéité à 300 m, faisant de la MU03 la seule montre mécaniquement étanche, sans joints. Les 36 éléments techniques qui constituent ce boîtier impactent son design de façon caractéristique. Livrée avec deux bracelets, caoutchouc et cuir qui peuvent être changés sans outil, la MU03 est équipée d’un mouvement automatique de manufacture le MM01. Cet heure, minute, seconde et réserve de marche (55 heures) a été développé en collaboration avec le motoriste Lajoux-Perret et fini de façon très élaborée afin de lui confèrer un aspect très contemporain et industriel. Labellisée «Swiss Crafted», elle a été conçue, manufacturée et réalisée intégralement en Suisse. Une forme de «manifeste industriel» promu par les deux créateurs de la marque.
DAVID RUTTEN ANTIDOTE AU NÉO-VINTAGE HEGID VRAIMENT ÉVOLUTIVE MENINTIME LE PAON DISCRET LYTT LABS FONTAINES DE SINGAPOUR Fondé en 2014 à Singapour par Edwin Seah, entrepreneur industriel dans le domaine du hardware et grand collectionneur de montres, et un partenaire, Lytt Labs entend proposer une horlogerie très urbaine, à prix accessibles, destinée aux citadins sensibles à la tradition horlogère mais désireux d’être pleinement de leur temps. Nulle nostalgie vintage ici, au contraire, une volonté d’affirmer sa contemporanéité. Après un premier modèle Inception Version 1, dans lequel heure, minute et seconde sont indiquées par des disques pointant sur les chiffres, le nouveau modèle Inception Prodigy en diffère sensiblement. Au centre un disque indique la seconde surmontant deux très larges aiguilles centrales qui indiquent heure et minute. Inspirée selon ses créateurs des fontaines publiques qui, dans la plupart des villes sont autant d’havres de paix et de tranquillité, la montre conserve le même boîtier de forme tonneau de 45 mm de largeur, en acier et verre saphir. A l’intérieur bat un mouvement automatique Seiko NH 35. En vente à partir de 459.- €
«Ma première montre - Le Paon - n’est ni complètement ronde ni complètement ovale - c’est une forme nouvelle. Le bracelet est composé de 55 maillons coupés et assemblés individuellement. Vous n’avez encore jamais vu cette couronne, ni ce cadran, ni ces aiguilles; ils sont uniques!» déclare Vincent Rouillard, fondateur et CEO de Menintime. Ce designer, dont l’intérêt pour l’horlogerie est né dans l’atelier de réparations de son grand-père, à Nantes (FR), voulait créer un «bijou pour homme, à la fois sobre et contemporain.» Pour y parvenir, il s’est adressé à un réseau de sous-traitants de La Chaux-de-Fonds et réalisé une montre 100% Swiss made. Boîtier ovale fusionnant avec son bracelet remarquablement composé de 55 maillons coupés et assemblés individuellement, Le Paon, mais qui ne fait pas la roue et reste sobre et délicat, est une montre dont la forme ne ressemble à aucune autre. Avec sa signature verticale sur des cadrans très dépouillés ou pourvus de chiffres disposés géométriquement, la Menintime, équipée d’un mouvement automatique ETA 2895-2, se présente comme «une nouvelle marque dans l’horlogerie suisse», ne ressemble effectivement à rien de connu. Une proposition élégante, tout en retenue, contemporaine et fort bien dessinée.
Comment faire évoluer un objet sensé être «éternel» dès sa naissance? La startup horlogère française Hegid a développé un concept de têtes de montre qui s’associent à une série de carrures et de bracelets différents. Un changement d’identité qui ne doit pas prendre plus de 10 secondes – système exclusif - afin de dédramatiser réellement la notion de «montre évolutive». Avec son projet, la marque propose de refonder les bases mêmes de la sociologie du poignet. S’emparant de la tendance très forte de la modularité, de plus en plus pratiquée en horlogerie, Hegid l’applique à la mécanique et pousse l’exercice à son paroxysme. Cette horlogerie évolutive démarre à 2’400 euros pour une capsule baptisée Neo ou Retro, équipée d’un mouvement Swiss made. Les carrures, de format rond ou carré, coûtent entre 250 et 400 euros. Enfin, les bracelets, en cuir de veau, d’alligator, d’autruche ou de buffle, sont proposés entre 80 et 200 euros, voire un nouveau choix de bracelets à SuperLuminova (réalisés avec Atelier du Bracelet Parisien) ainsi qu’en Squama, une matière écologique issue de cuirs marins (en association avec Cuir Marin de France). Chaque montre est livrée dans un écrin conçu précisément pour accueillir différents modules, qu’il s’agisse de carrures ou de bracelets. Hegid annonce déjà de nouvelles modularités sur ses capsules: réserve de marche, date ou encore second fuseau horaire. (S.M.)
Né en 1974 à Bruxelles, David Rutten est tout naturellement inspiré par l’Art déco, dont sa ville natale est une des capitales, et, comme nombre de gens de sa génération, par la science-fiction animée japonaise, genre Cobra, Ulysse 31 ou Albator. Sorti de l’école de design de la Cambre, avec un travail lauréat portant sur une collection de montres inclinées à 15°, il cherche à faire «œuvre totale», c’est à dire, selon ses mots, «parfaire toutes les facettes d’un projet horloger, que ce soit le storytelling et la philosophie, le style, la forme, l’ergonomie, l’univers graphique, également la typographie et le packaging.» Fruit de ce rêve «total», la DR01 Streamline se veut manifeste de son approche horlogère: «une marque entièrement basée sur des boîtiers composés d’un matériau quasi-inexploité dans ce cadre: la météorite métallique». En l'occurence, c'est la Muo Nio Nalusta, météorite tombée il y a environ 1 million d’années en Scandinavie, découverte en 1906, et qui remonte à 4.6 milliard d’années, soit le plus ancien matériau connu sur terre, datant des balbutiements de notre système solaire. L’affichage à guichet, d’un généreux 37 mm, permet de laisser le maximum de champ d’expression au boîtier cannelé style rétro-futuriste, taillé dans la météorite. S’affichent l’heure par disque sautant et la minute et la seconde par disque traînant, le tout animé par un «calibre mécanique rond (qui n’est pas un ETA 2892!)» (sic), occupant tout l’espace du boîtier et disposant de 5 jours de réserve de marche. 88 exemplaires uniques en souscription à 8’500.-€.
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Vie et mort de l'horlogerie en direct Kickstarter et les autres sites de crowdfunding, ont donné un coup de fouet inattendu à la possibilité de se lancer en horlogerie. Avec souvent pour tout bagage de départ quelques logiciels 3D simples et un bon sens de la communication. Les idées? Elles ne manquent pas. Pour preuve, des centaines de marques, ou de tentatives de marques, éclosent chaque année. Pour connaître l’état précis des souscriptions à cette bourse ouverte 24h sur 24h, mieux vaut consulter directement les sites dévolus à cette forme d’ubérisation de l’horlogerie. La situation y change au jour le jour. Et en y fouillant bien, on constate aussi que les projets qui ne sont pas vraiment parvenus à réunir la somme recherchée ou ceux ayant renoncé d’eux-mêmes restent pourtant en mémoire. Un paradis pour quelques uns, un assez long purgatoire pour une bonne part voire une chute fatale dans le cimetière des idées mort-nées. L’horlogerie s’y fait et s’y défait en direct. Mais elle s’y réinvente aussi sans cesse et poursuit ainsi son aventure. Huit exemples parmi les centaines de projets en cours.
DEPANCEL « FABRIQUÉ EN FRANCE » CULEM TOUT POUR LE GMT Lancée en mai 2019 par Matthew Cule, «passionné de voyages (dont il tient le blog) et de belles montres», Culem consacre logiquement ses premières collections – Portal, Lights et Frame - exclusivement à des montres GMT. Cadran frappé d’une carte du monde en 3 dimensions, dos gravé des 24 destinations en zones GMT et BST, le tout emporté par le rituel automatique ETA 2893-2, et emboîté sous verre saphir dans un élégant et sobre boîtier d’acier d’un mesuré 40 mm. The Portal GMT Blue Edition 1'238.-€ hors taxe.
Clément Meynir, originaire du Jura français, sorti des Arts & Métiers, a lancé Depancel en 2018. Contraction de Delage, Panhard et Facel Vega, fameuses voitures françaises aujourd’hui disparues, ce nom dit tout de ses inspirations: l’automobile et la vision industrielle, le savoir-faire du Made in France. Il le démontre parfaitement avec la Renaissance, une collection «anti-conformiste» dont le boîtier reprend la forme de la superbe calandre de la Delage DB-120 de 1936. La fabrication, l’assemblage, le réglage, la décoration se font en France. Quant au mouvement, c’est un excellent automatique Miyota calibre 9120. 499.-€ en précommande, 649.-€ prix public.
RICHARDT & MEJER BEAUTÉ NORDIQUE Née d’une l’amitié et d’une passion commune, Richardt & Mejer a été fondée à Copenhague en 2015. Ses deux créateurs le disent eux-mêmes: «Nous faisons des montres sans aucune prétention mais sans compromis sur la géométrie, la bienfacture et le design.» Une attitude et une esthétique tout scandinave. A cet égard, The Lineup, première collection, est exemplaire. A l’image de l’Automatisk / Moss, (calibre Swiss Made STP111) et de son cadran à double couche d’un vert de sous-bois, à la fois mat et soleillé. Le dessin de la boîte est parfaitement équilibré dans sa simplicité nordique. Une réussite, en vente sur le site en soumission à 656$. Futur prix retail 875$.
LARUZE TOTEM POUR COMMENCER Laruze est née le mardi 1er septembre 2015 après une campagne de crowdfunding internationale modeste (37'216.-€) mais «réussie à 400%» par Audrey et Cindy, deux créatives travaillant en agence de communication mode à Paris. Elles ont lancé en juin 2019 leur première collection signature, l’élégante Totem. Une automatique, trois aiguilles, date et un chronographe automatique tous deux motorisés Seiko. Mais ce qui retient avant tout l’œil est l’intéressant boîtier d’acier facetté de 40 mm doté d’un verre bombé saphir. Un système de bracelet interchangeable complète la montre. Prix retail: 495.-€.
NOUVEAUX VENUS
EUROPA STAR PREMIÈRE | 23 Au cours de ses plus de 90 ans d’existence, Europa Star a vu bien des marques naître puis disparaître.
SEQUENT LA TESLA AUTOMATIQUE DE LA SMARTWATCH Véritable star helvétique de Kickstarter, avec une levée de fonds de plus de 1,2 million de dollars de précommandes en 2017, auréolée cette année d’un redotdesign award, déjà livrée dans 135 pays, Sequent se vante d’être la seule et unique montre connectée dont la batterie est alimentée par un mouvement automatique. L’énergie cinétique de votre poignet se transforme en énergie électrique. Imaginée et mise au point par la start-up zürichoise Sequent en pointe des technologies intelligentes dans le secteur de la santé grand public, la Sequent-SuperCharger2 ouvre une piste hybride qui résout écologiquement, avec brio et goût, car la montre connectée est simple et belle, le lancinant problème de l’autonomie des batteries. Un secteur nouveau et fortement innovant qui pourrait devenir aussi une bouée de sauvetage pour une horlogerie mécanique de masse en difficulté. Prix: A partir de 179$.
TEMPORE LUX VINTAGE DE MAJORQUE Installé à Majorque, David Ramirez a tenu pendant dix ans une boutique de vente de montres online, avant de craquer et de lancer sa propre marque qui, grâce à une campagne Kickstarter réussie, démarre ce mois de novembre 2019. Toujours online car il faut «supprimer tous les coûteux intermédiaires qui font que bien souvent la qualité du produit n’est pas à la hauteur de son prix. J’en parle en connaissance de cause.» Sa première collection, The Vintage One, est une montre de plongée robuste (300 m), avec boîtier coussin en acier, verre saphir et lunette tournante céramique. Deux versions: une trois aiguilles date et un chronographe. Toutes deux équipées de mouvements automatiques Seiko ou, avec supplément, Sellita. A partir de 349.-€.
XERIC AVEC L’APPUI DE LA NASA En août 2019, Xeric, San Francisco, annonçait que sa pièce NASA Trappist-1 avait recueilli l’appui de 17'974 contributeurs, ce qui en fait le projet horloger le plus soutenu sur Kickstarter avec 5,4 millions de US$ réunis. Un beau succès pour cette jeune marque, dont c’est la dixième campagne à succès sur Kickstarter et qui entend bousculer les règles en proposant des montres inattendues. A l’image de cette étonnante Trapist-1, au cadran grillagé inspiré du hublot en 7 panneaux, la Cupola, récemment installé sur la Station Spatiale Internationale. Des dizaines de modèles en éditions limitées, automatiques Miyota (450$ retail price) ou quartz (250$ retail price). Avec approbation de la NASA.
JW WATCH LA JW-EX, POUR «EXAGÉRATION» JW Watch a été fondée à Hong Kong par Jason Chan, designer horloger et William Shun, fondateur de Memorigin, marque spécialisée dans les tourbillons, et actionnaire d’une importante fabrique qui «produit des mouvements mécaniques pour des marques suisses depuis 30 ans.» Cette alliance entre un créatif et un important fabricant permet à JW Watch d’offrir des montres très innovantes, dotées d’un mouvement automatique squeletté original et exclusif, très bien terminé et de façon originale, disposant d’une réserve de marche de 80 heures. Le fort boîtier d’acier poli est doté de 3 fenêtres saphir sous lesquelles s’affichent par disques la minute (à 12h), l’heure à droite et la seconde à gauche, aux côtés du balancier visible. A partir de 780.-€ (prix retail).
«La Suisse va-t-elle arrêter de produire des montres mécaniques? Après avoir coulé lentement pendant cinq ans, nous avons à présent touché le fond. Tout semble s’être ligué pour détruire les fondations de ce qui était autrefois une industrie florissante et apparemment indestructible.» (Europa Star, numéro 119, 1980)
Time is the ultimate master.
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CULTURE
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Le jardin originel de Gucci Le directeur artistique de la marque Alessandro Michele peut compter sur un vaste bestiaire, puits d’inspiration pour ses créations contemporaines. Au cœur de son approche, le concept de «détournement». Nous avons pu visiter le Gucci Garden de Florence, où la maison italienne, qui y est née en 1921, a ouvert un musée... qui ne veut surtout pas ressembler à un musée. Le meilleur endroit pour saisir l’esprit de la marque. par
Serge Maillard
Un «jardin», plutôt qu’un musée. C’est ce que l’on trouve en pénétrant dans l’historique Palazzo della Mercanzia de 1337, qui jouxte la galerie des Offices sur la Piazza della Signoria. Le Gucci Garden y a ouvert ses portes en janvier 2018, fruit de la volonté exprimée par Alessandro Michele, le directeur artistique de Gucci, de transformer la notion même de musée – jusqu’à son nom.
Chaque salle expose et explique une catégorie de la marque avec des allers-retours permanents entre créations anciennes et contemporaines. La nature y abonde, partout: serpents, lapins, abeilles, tigres, animaux extraordinaires et fleurs des délices. Un «bestiaire» originel dans lequel Alessandro Michele, vient puiser ses coups d’éclat qui emballent la planète. L’idée, ici n’est pas d’avancer chronologiquement mais par catégories d’objets, créant ainsi des dialogues avec les créations passées, des débuts de la marque en 1921 jusqu’à Tom Ford et Frida Giannini, les prédécesseurs d’Alessandro Michele. C’est un lieu vivant, qui accueille des expositions temporaires et est animé par des installations conçues par de nouveaux visages de l’art contemporain. La boutique Gucci Garden, elle, propose un choix de créations exclusives qui ne sont disponibles nulle part ailleurs dans le monde. En ce moment, on y trouve par exemple une offre créée en exclusivité par l’artiste Livia Carpenzano. Et juste à côté, le Gucci Garden abrite le restaurant Gucci Osteria da Massimo Bottura, dont la carte est celle du chef Massimo Bottura, couronné de trois étoiles Michelin. Visite exclusive de cet espace dont la curatrice est la critique d’art Maria Luisa Frisa.
Le concept du détournement Alessandro Michele base ses créations contemporaines sur le concept de «détournement»: prendre un objet et le sortir de son contexte, afin de lui insuffler une nouvelle vie. Chez Gucci, il applique cette vision en prenant appui sur la vaste somme de symboles et d’histoire de la maison florentine. Au mur de la première salle, une grande œuvre de l’artiste japonaise Yuko Higuchi, truffée d’animaux fantastiques, illustre le concept de détournement: sigles GG, rubans bicolores, tigres, abeilles, insectes, fleurs et serpents rouges s’entremêlent joyeusement dans cette scène de jardin du Gucci Garden. Le premier niveau du Gucci Garden est consacré à cette approche du détournement, via une exposition où des éléments décontextualisés de la maison sont disposés en cercle «comme des objets séparés de leur propre histoire». La société précise: «L’alphabet Gucci est démonté et reconstitué, tandis que le logo est irisé et présenté dans ses multiples formats jusqu’au point de perdre ses caractéristiques originelles.» Le détournement est ainsi «configuré comme une pratique esthétique qui redonne vie à des fragments dispersés au sein d’un nouvel ensemble éloquent.» L’exposition montre surtout la façon dont l’identité de Gucci se lie à d’autres récits grâce à une autre idée forte - et très contemporaine - d’Alessandro Michele: l’inclusion. Gucci prône ainsi «la flexibilité et l’affranchissement des contraintes conventionnelles, ce qui lui permet d’intégrer des références à d’autres histoires culturelles, non pas en tant que simple hommage, mais comme une citation à travers laquelle la maison crée de nouvelles significations».
Bagology Toujours au premier niveau du Gucci Garden, une salle est consacrée au sac, un espace baptisé «Bagology». Ce mot a été emprunté au sous-titre de l’article «Inside Story of a Handbag» d’Anita Daniel
Des éléments décontextualisés de la maison sont disposés en cercle «comme des objets séparés de leur propre histoire». publié dans le New York Times en janvier 1945. On y retrouve le fameux Bamboo Bag de 1942, et la manière dont différents créateurs de la marque, dont Tom Ford et Alessandro Michele, se sont appropriés un sac mythique comme le «Jackie». Des années 1950 à nos jours, les sacs sélectionnés dans les archives et les collections contemporaines montrent ainsi que si Gucci a été maintes fois interprété à travers le regard de ses différents directeurs de la création, l’essence du style de la maison est restée intacte.
Comme ses prédécesseurs, Alessandro Michele possède d’ailleurs une connaissance intime des archives de la maison, indispensables à son concept du «détournement». Le sac Mickey Mouse en est un autre exemple.
Tout part du voyage Les expositions du premier niveau du Gucci Garden se concluent avec «Cosmorama», une sorte de «chambre forte» qui s’intéresse au thème du voyage. Après tout, c’est bien ce thème qui a forgé la réputation de Gucci: rappelons que Guccio Gucci a d’abord travaillé comme maître d’hôtel au palace Savoy de Londres, avant de revenir fonder sa boutique à Florence en 1921. Un inventaire éclectique de sacs, de bagages, de boîtes à chapeaux, de vanity-cases et de malles raconte l’histoire d’une jet-set élégante, noyau de la clientèle de Gucci.
Politiquement engagé Au Gucci Garden, il n’y a pas que l’histoire de la marque elle-même, mais aussi des œuvres d’art contemporain, comme les peintures murales de l’artiste italienne MP5, dont les dessins incisifs en noir et blanc expriment sa vision critique et politiquement engagée de la réalité. Ou celles de l’artiste anglaise Alex Merry, qui dessine des univers oniriques et métaphysiques caractérisés par un usage surprenant de la couleur. «Gucci se bat pour l’égalité des genres et la reconnaissance de toutes les identités. Il y a différentes formes d’amour et de beauté. Nous vivons dans une société complexe mais il est possible d’y trouver l’harmonie», nous explique-t-on durant la visite. Ces œuvres sont exposées dans les espaces de transition du Gucci Garden, c’est-à-dire les cages d’escaliers, mais aussi les paliers d’escaliers et d’ascenseurs. Les peintures
CULTURE murales réalisées par MP5 pour les paliers des premier et deuxième étages de la Gucci Garden Galleria forment un «récit continu sur l’individualité ainsi que sur la profondeur de l’échange physique et émotionnel».
Dans le monde de l’occultisme Au deuxième niveau du Gucci Garden, on retrouve l’inspiration privilégiée d’Alessandro Michele, la nature, associée au monde de l’occultisme, de l’alchimie et des mystères. Un espace, «Ouroboros», fait écho au symbole ancestral du serpent qui se mord la queue récemment réactivé dans les récits de Gucci. En commençant par les éléments de la faune et de la flore qui «serpentent» à travers l’héritage de la marque l’exposition s’aventure dans les aspects mystérieux et alchimiques de la nature ainsi que dans les symboles des civilisations anciennes et des domaines ésotériques. Cette exposition présente différentes pièces, telles qu’une robe dorée ressemblant à une armure, un jean à plumes et une longue robe noire ornée d’un serpent ondulant autour du corps, ainsi que d’autres qui illustrent l’ancrage du monde végétal dans l’héritage de Gucci jusqu’à l’interprétation moderne de l’emblématique motif Flora. Un autre espace, «Cosmic Colours», explore une palette de couleurs (Neptune Green, Sun Glow, Space Blue, Cosmic Red) qui revient comme un fil conducteur dans toutes les collections Gucci, avec certains artefacts issus des archives de la maison pour montrer leur connexion avec la recherche chromatique d’Alessandro Michele.
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Toujours au deuxième niveau, le Jardin d’Hiver continue à déployer les archives en présentant des objets et documents entourés de la version blanche du papier peint Gucci Tian. Les présentoirs évoquant une collection de volières donnent l’impression d’un jardin d’hiver excentrique. Enfin, pour l’exposition «Il Maschile – Androgynous Mind, Eclectic Body» (Le Mâle – Esprit androgyne, corps éclectique) inaugurée en janvier, la curatrice Maria Luisa Frisa a cherché à illustrer la manière dont Gucci a interprété et défini la mode masculine au fil des années. L’exposition présente la mode pour homme comme un vaste champ des possibles en associant vêtements, objets, accessoires, images, livres, magazines, documents et vidéos pour cartographier un paysage qui allie excentricité et immédiateté, élégance et érotisme.
Dans la boutique exclusive L’exclusivité est le mot-clé de la boutique du Gucci Garden de Florence. Presque tous les produits en vente sont spécialement créés pour la boutique et disponibles nulle part ailleurs dans le monde. L’espace collabore régulièrement avec des artistes, comme Livia Carpenzano, réputée pour son travail graphique reproduit ici sur des vêtements et autres objets. Autre article disponible dans cette boutique: le fameux sac Bamboo de Gucci, un modèle de la fin des années 1940. A cause de la pénurie de matériaux après-guerre, ses artisans avaient décidé de fabriquer des poignées en bambou. De nouvelles versions du sac Bamboo ont été conçues pour le Gucci Garden avec des motifs exclusifs.
Le sac Sylvie, un modèle issu des archives de la maison reconnaissable à sa boucle de fermeture avec chaîne, a aussi été revisité pour le Gucci Garden dans une version en velours ornée d’un motif géométrique de couleur vive.
A cause de la pénurie de matériaux aprèsguerre, les artisans de Gucci avaient décidé de fabriquer un sac aux poignées en bambou. De nombreux modèles de chaussures spécialement créés pour le Gucci Garden se distinguent quant à eux par leur intérieur orné du dessin Garden Floral. La boutique vend de nombreux autres accessoires, dont des lunettes papillon, des carrés de soie décorés ou encore des châles à motifs. Autre point fort, une large sélection de publications est disponible, dont un grand nombre de revues de niche principalement spécialisées en art contemporain, mode, design et architecture. Magazines de luxe, fanzines, monographies, coffrets de livres, brochures et revues universitaires côtoient de prestigieuses éditions limitées.
Des «Gucci Places» dans le monde entier Pour centrale que soit sa place dans la galaxie de la maison italienne, le Gucci Garden n’est «que» l’un des lieux dans le monde désignés comme «Gucci Places», qui tous
constituent des sources d’inspiration importantes pour la marque. En voici la liste, en évolution constante: l’atelier de Dapper Dan à New York (Etat de New York, Etats-Unis), le Hollywood Forever Cemetery (Los Angeles, EtatsUnis), le Gucci Garden (Florence, Italie), le jardin de Boboli (Florence, Italie), l’Antica Libreria Cascianelli (Rome, Italie), le Daelim Museum (Séoul, Corée du Sud), le château de Chatsworth (Derbyshire, Angleterre), la Biblioteca Angelica (Rome, Italie), le domaine Castello Sonnino (Montespertoli, Italie), la Maison Assouline (Londres, Angleterre), le Los Angeles County Museum of Art (LACMA, Los Angeles, Californie, Etats- Unis), le restaurant Bibo (Hong Kong) et le disquaire Waltz (Nakameguro, Tokyo, Japon).
Enracinement florentin à Boboli Parmi ces Gucci Places, le jardin de Boboli à Florence reste incontournable, en tant que «matrice» créative pour la marque depuis près d’un siècle. Situé derrière le palais Pitti et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce «musée à ciel ouvert» présente une vaste collection d’architecture et d’œuvres d’art, ainsi qu’un plan de l’époque des Médicis qui a inspiré de nombreuses cours d’Europe. Conçu au milieu du XVIe siècle par Niccolò Pericoli, connu sous le nom de Tribolo, le plan actuel de Boboli – grandiose, géométrique et symétrique – se distingue comme l’un des plus importants modèles de jardin à l’italienne. L’un des motifs les plus fameux de Gucci, «Flora», s’inspire directement
de cet âge d’or florentin et du tableau Le Printemps de Sandro Botticelli. La marque participe au projet culturel pluriannuel «Primavera di Boboli» (Le printemps de Boboli), dont la mission consiste à restaurer et embellir le jardin. Gucci s’est engagé à contribuer à ce projet avec un montant de deux millions d’euros sur une période de trois ans.
Grip, la nouvelle collection horlogère de Gucci C’est au sein de cet univers créatif que Gucci a dévoilé sa nouvelle ligne de montres unisexe baptisée «Grip», dessinée par Alessandro Michele, au design décalé et épuré. Le mot «Grip» fait référence à la manière dont la montre épouse le poignet, mais aussi à l’univers du skateboard: elle adhère au poignet comme des baskets au ruban grip d’une planche de skate. Chacun de ces modèles à quartz arbore une boîte carrée arrondie ainsi que trois guichets qui laissent apparaître trois disques rotatifs blancs indiquant respectivement les heures, les minutes et la date. L’un des modèles présente une boîte et un bracelet en PVD or jaune gravés du logo GG, la signature emblématique de Gucci. Une autre version est réalisée exclusivement en acier. Deux variantes sont équipées de bracelets en cuir: le bracelet vert est associé à une boîte en acier tandis que le bracelet bordeaux est proposé avec une boîte en PVD or jaune. De nouvelles versions de la G-Timeless automatique, équipées de la fameuse abeille Gucci, ont également été dessinées par Alessandro Michele. Les montres G-Timeless automatiques ont un boîtier en acier, un cadran noir en onyx avec abeilles et un bracelet en acier, ou bien un boîtier en acier avec boucle en or jaune 18 carats, cadran bleu en lapis-lazuli décoré d’abeilles et bracelet en lézard bleu interchangeable.
Campagne «politique» publicitaire Alessandro Michele a aussi conçu la nouvelle campagne publicitaire des garde-temps de la marque en s’inspirant de la plus «humaine» des interactions: la poignée de main, un geste chaleureux et «inclusif» qui devient le véritable personnage de la campagne. Le photographe Ari Marcopoulos illustre et revisite l’image du pouvoir en présentant un homme politique charismatique et sûr de lui à travers une série de meetings qui met en avant la diversité des personnalités qu’un candidat est amené à rencontrer en campagne électorale. Les modèles présentés incluent la nouvelle Grip et la G-Timeless automatique.
JOAILLERIE
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Bulgari Cinemagia Chaque année, Bulgari choisit un thème pour mettre en valeur sa créativité et son savoir-faire à travers des bijoux et montres extraordinaires. Cette année, le thème de la «magie du cinéma» est à l’honneur. Parmi les créations introduites, on trouve notamment la montre la plus chère de l’histoire de la maison romaine. Ash Longet Serge Maillard
par et
L'été à Capri: une destination incontournable pour les stars du cinéma. C'est aussi le lieu choisi par Bulgari pour la présentation annuelle de la marque, placée sous le thème «Cinemagia» ou «magie du cinéma».
Europa Star était présent à l'événement. Nous en avons profité pour nous entretenir avec Fabrizio Buonamassa Stigliani, le directeur artistique pour l’horlogerie de la marque italienne. «Le thème Cinemagia est basé sur la Dolce Vita, explique-t-il. Les années 1950, c’est l’époque où Rome est devenue ce que l’on a surnommé «Hollywood
sur le Tibre», dans un foisonnement de couleurs. C'est aussi à cette époque que Bulgari s’est révélée comme une marque très originale et prisée des célébrités, en devenant le joaillier de stars de cinéma comme Sofia Loren ou Elizabeth Taylor.» Au-delà des liens entre la joaillerie et le septième art, la présentation incarne aussi – comme toujours avec Bulgari – un hommage à la ville de Rome, dont chaque recoin révèle de nouveaux secrets de civilisation. De même, la marque italienne vise à réaliser des créations à plusieurs facettes, par l'utilisation de différentes couleurs et de matériaux comme la nacre et la mosaïque. Le point fort des créations présentées lors de l'événement Cinemagia était sans doute la Serpenti Misteriosi Romani, la montre la plus chère ja-
«Quand vous visitez Capri et que vous voyez tous ces citrons jaunes, ces couleurs vertes et le bleu de l'eau, il y a tant d’inspirations autour de vous!» mais réalisée par Bulgari, d'un prix de presque deux millions d'euros. Les montres secrètes Serpenti représentent le summum de l'expression stylistique de Bulgari. Cette création unique en son genre intègre un grand nombre de pierres précieuses - la tête du serpent est couronnée d'un saphir sri-lankais de 10 carats; un total de plus de 60
carats de diamants et 35 carats de saphir forment le corps du serpent et ses écailles. La pièce fait également écho aux racines romaines de Bulgari, emblématique des gladiateurs anciens et des bijoux anciens. La manchette est entourée d'un serpent enroulé et ornée d'écailles de diamant taillées en baguette: le poignet devient ainsi «partie intégrante» du serpent lui-même. «Chaque fois que nous imaginons une nouvelle collection de montres de haute joaillerie, notre objectif est d'introduire un élément inattendu, souligne Fabrizio Buonamassa Stigliani. Nous aimons jouer avec les Serpenti, parce que nous avons tellement de possibilités de styles différents sur ce thème. Quand je crée, mon inspiration vient avant tout des émotions. Je suis italien,
JOAILLERIE né à Naples, c'est mon origine et mon inspiration: quand vous visitez Capri et que vous voyez tous ces citrons jaunes, ces couleurs vertes et le bleu de l'eau, il y a tant d’inspirations autour de vous!» D'autres montres de haute joaillerie remarquables ont été lancées lors de Cinemagia. Parmi elles figurent l’intrigant modèle Serpenti Misteriosi Intrecciati, directement inspiré des archives de Bulgari. Ce garde-temps présente un tout nouveau design qui combine Serpenti et perles pour créer un effet saisissant. Bulgari utilise des perles dans ses créations joaillières depuis plusieurs décennies.
«Pourquoi ne pas faire quelque chose de contemporain avec ce qui est immortel?» La montre à secret est cachée dans l'une des deux têtes de serpent. Serpenti Misteriosi Intrecciati existe en deux versions: la première intègre plus de 80 carats de rubis, tandis que la seconde contient plus de 35 carats de perles émeraude brillante et plus de 40 carats de saphir. Chacune est également sertie de plus de 10 carats de diamants taille brillant. Une troisième nouveauté horlogère présentée à Cinemagia est une réinterprétation des montres Monete, l'un des motifs les plus reconnaissables de Bulgari, clin d'œil à ses racines grecques et romaines classiques. Le concept est venu de Nicola Bulgari lui-même en 1966, quand il a posé cette question: «Pourquoi ne pas faire quelque chose de contemporain avec ce qui est immortel?» Deux nouveaux modèles de la série Monete ont été présentés. La première version de l’Octo Roma
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Monete est équipée d’un mouvement squelette extra-plat, d’un boîtier en or rose et est ornée d'une très rare pièce de monnaie romaine du 4ème siècle. La montre s'ouvre d'une simple pression pour révéler le calibre BVL 268 SK, un mouvement mécanique de manufacture à remontage manuel avec tourbillon volant. La pièce de monnaie représente un relief de l'empereur Constans, l'un des trois fils de Constantin le Grand, qui gouverna Rome et les provinces occidentales de l'Empire. La deuxième version de l’Octo Roma Monete, en platine, comporte une pièce différente, représentant aussi l'Empereur Constans. Au verso est célébrée sa victoire sur les Francs, qui fut l'un des moments forts de son règne. Un autre garde-temps Monete se présente sous la forme d'une montre pendentif avec une pièce de monnaie du 2ème siècle représentant la tête d'Apollon de Grynion au recto et le dieu Apollon au verso. La montre est rattachée à une chaîne en or massif de 90 centimètres. La chaîne, la lunette et le cadran sont sertis d'éléments en corail rubis de Sardaigne taillé à la main et de diamants taille brillant. «Toutes les montres de haute joaillerie sont conçues par mon équipe, explique Fabrizio Buonamassa Stigliani. Parfois l'inspiration vient d'une collection de bijoux existante, parfois nous lançons une initiative par nous-mêmes. Derrière le designer, il y a toujours une équipe incroyable! Nous sommes maintenant cinq personnes à l’atelier, tous sont issus du design industriel, horloger ou joaillier.» La Villa Certosa, un lieu historique de près de 700 ans surplombant la mer à Capri, a aussi été le théâtre de l'introduction d’autres créations joaillières extraordinaires de Bulgari, dont nous figurons quelques exemples dans cet article.
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INDUCTA Gwatt www.inducta.ch JAGUAR (Festina Group) Bienne www.jaguarwatches.ch JOVIAL Bienne www.jovial.ch L.LEROY Bienne www.montres-leroy.com LEON HATOT (Swatch Group) Corcelles www.leonhatot.com LONGINES (Swatch Group) St-Imier www.longines.com MARANELLO Bienne www.rotapmaranello.com MILLERET Bienne www.milleret.ch MILUS Bienne www.milus.com MOVADO (Movado Group) Bienne www.movado.com OMEGA (Swatch Group) Bienne www.omegawatches.com PERRELET (Festina Group) Bienne www.perrelet.com PIERCE Bienne www.pierce1883.com PIERRE JUNOD Bienne www.pierrejunod.com RADO (Swatch Group) Lengnau www.rado.com RODANIA Koeniz www.rodania.com ROVENTA-HENEX Bienne www.roventa-henex.com RSW La Neuveville www.rsw-swiss.com SCUDERIA FERRARI OROLOGI (Movado Group) Bienne www.store.ferrari.com SECULUS Bienne www.seculus.ch STROM Bienne www.stromwatch.ch STUHRLING ORIGINAL Bienne www.stuhrling.com SWATCH (Swatch Group) Bienne www.swatch.com SWISS TIME Bienne www.swisstimeintl.com TALLER Bienne www.tallerwatch.ch THOMAS PRESCHER T Ispach www.prescher.ch TRASER H3 Niederwangen www.traser.com UNION GLASHUTTE (Swatch Group) Bienne www. union-glashuette.com URBAN JÜRGENSEN Bienne www.ujs-chronometry.ch VASTO Tramelan www.vasto.ch
AKRIVIA Genève www.akrivia.com ALAIN PHILIPPE Genève www.alainphilippe.com ALFRED DUNHILL (Richemont) Genève www.dunhill.com ALPINA Plan-les-Ouates www.alpina-watches.com ALTANUS Genève www.altanus.com ANDERSEN GENEVE Genève www.andersen-geneve.ch ANTOINE PREZIUSO Arare www.antoine-preziuso.com AQUANAUTIC Genève www.aquanautic.com ARTYA Vésenaz www.artya.com ATELIERS DE MONACO Plan-Les-Ouates www.ateliers-demonaco.com BACKES & STRAUSS Genthod www.backesandstrauss.com BADOLLET Genève www.badollet.com
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MAGELLAN Genève www.magellanwatch.com MAREMONTI Genève www.maremontiwatch.ru MATHEY-TISSOT Genève www.mathey-tissot.net MB&F Genève www.mbandf.com MECCANICHE VELOCI Genève www.meccanicheveloci.ch MONTBLANC (Richemont) Versoix www.montblanc.com MONTRES AF&F SA Genève www.afavrefils.com MOYA Genève www.moyawatch.com MYKRONOZ Genthod www.mykronoz.com OGIVAL Genève www.ogival-watch.com PATEK PHILIPPE Plan-les-Ouates www.patek.com PIAGET (Richemont) Plan-les-Ouates www.piaget.com PIERRE KUNZ Genthod www.pierrekunzgeneve.com PILO & CO Carouge www.pilo-watches.com QUINTING Genève www.quinting-watches.com RALPH LAUREN Plan-les-Ouates www.ralphlauren.com RATEL Genève www.cyrilratel.com RAYMOND WEIL Genève www.raymond-weil.com RJ - ROMAIN JEROME Genève www.romainjerome.ch ROGER DUBUIS (Richemont) Meyrin www.rogerdubuis.com ROLEX Genève www.rolex.com SARCAR Vésenaz www.sarcar.com SNYPER Genève www.snyperwatches.com TF EST 1968 Carouge www.tfco.ch TUDOR Genève www.tudorwatch.com UNIVERSAL GENEVE Meyrin www.universal.ch URWERK Genève www.urwerk.com VACHERON CONSTANTIN (Richemont) Plan-les-Ouates www.vacheron-constantin.com VAN CLEEF & ARPELS (Richemont) Meyrin www.vancleefarpels.com VAN DER BAUWEDE Genève www.vdb.ch VENUS Genève www.montresvenus.com YESLAM Genève www.yeslam.ch
ARNOLD & SON La Chaux-de-Fonds www.arnoldandson.com AZIMUTH Neuchâtel www.azimuthwatch.com BALL WATCH La Chaux-de-Fonds www.ballwatch.com BIJOUMONTRE La Chaux-de-Fonds www.bijoumontre.com BLAULING Chézard-Saint-Martin www.blauling.com BOMBERG Neuchâtel www.bomberg.ch BOUCHERON (Kering) Cortaillod www.boucheron.com BULER La Chaux-de-Fonds www.buler.ch BULGARI (LVMH) Neuchâtel www.bulgari.com CATENA Corcelles www.montres-catena.com CERTINA (Swatch Group) Le Locle www.certina.com CHAMPS ÉLYSÉES Neuchâtel www.champselyseestimepieces.com CHATELAIN La Chaux-de-Fonds www.chatelain.ch CHRISTOPHE CLARET Le Locle www.christopheclaret.com CHRISTOPHE SCHAFFO La Brévine CHRONOGRAPHE SUISSE CIE La Chaux-de-Fonds www.chronographesuisse.ch CORONA WATCH Neuchâtel CORUM (Haidian) La Chaux-de-Fonds www.corum.ch DIOR HORLOGERIE (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.dior.com DREYFUSS & CO La Chaux-de-Fonds www.dreyfussandco.com DUBEY & SCHALDENBRAND La Chaux-de-Fonds www.dubeywatch.com EBSA EMMANUEL BOUCHET SA Les Bayards www.emmanuelbouchet.com ELLICOTT 1738 La Chaux-de-Fonds www.ellicott.ch ENICAR La Chaux-de-Fonds www.enicar.com ETOILE Le Locle www.montres-etoile.ch FENDI Marin-Epagnier www.fendi.com FERDINAND BERTHOUD Fleurier www.ferdinandberthoud.ch FESTINA Bienne www.festina.com FLIK FLAK (Swatch Group) Cormondrèche JURA www.flikflak.com FREDERIC JOUVENOT La Chaux-de-Fonds AEROWATCH Saignelégier www.aerowatch.com www.fjouvenot.com ANDRE MOUCHE Fahy www.andremouche.swiss GAMIL WATCH La Chaux-de-Fonds AVIATOR Porrentruy www.aviatorwatch.ch GERGE Neuchâtel www.gergeswiss.com CATOREX Les Breuleux www.catorex.ch GIRARD-PERREGAUX (Kering) La Chaux-de-Fonds CLAUDE BERNARD Les Genevez www.girard-perregaux.com www.claudebernard.ch GRAHAM La Chaux-de-Fonds EDOX Les Genevez www.edox.ch www.graham-london.com ERNEST BOREL Le Noirmont www.ernestborel.ch GREUBEL FORSEY La Chaux-de-Fonds L'DUCHEN Saignelegier www.lduchen.com www.greubelforsey.com L'EPEE Delémont www.lepee-clock.ch GUCCI (Kering) Cortaillod www.gucciwatches.com LOUIS CHEVROLET Porrentruy HAUTLENCE (Melb Holding) La Chaux-de-Fonds www.louischevrolet.ch www.hautlence.com LOUIS ERARD Le Noirmont www.louiserard.ch HESJY Fleurier www.hesjy.ch LUNDIS BLEUS La Chaux-de-Fonds HOROSWISS La Chaux-de-Fonds www.lundis-bleus.com www.horoswiss.com MATTHEW NORMAN Delémont HYT Neuchâtel www.hytwatches.com www.matthew-norman.ch JAERMANN & STUBI Le Locle MAURICE LACROIX Saignelégier www.jaermann-stuebi.com www.mauricelacroix.com JAMES C. PELLATON Le Locle PAUL PICOT Le Noirmont www.paulpicot.ch www.jamespellaton.com JAQUET DROZ (Swatch Group) La Chaux-de-Fonds www.jaquet-droz.com JEAN D'EVE La Chaux-de-Fonds www.jeandeve.ch JEAN DUNAND Le Locle www.jeandunand.com JEANRICHARD (Kering) La Chaux-de-Fonds www.jeanrichard.com JULIEN COUDRAY 1518 Le Locle www.juliencoudray1518.ch JUVENIA La Chaux-de-Fonds www.juvenia.com KERBEDANZ Neuchâtel www.kerbedanz.com LOUIS MOINET Saint-Blaise www.louismoinet.com MAITRES DU TEMPS La Chaux-de-Fonds www.maitresdutemps.com MARATHON La Chaux-de-Fonds www.marathonwatch.com MARVIN Vaumarcus www.marvinwatches.com MCGONIGLE STEPHEN Neuchâtel www.mcgonigle.ie MCT Neuchâtel www.mctwatches.com METAL.CH Neuchâtel www.metalch.com RICHARD MILLE (Horométrie) Les Breuleux MIDO (Swatch Group) Le Locle www.mido.ch www.richardmille.com MOUAWAD Les Breuleux www.mouawad.com RUDIS SYLVA Les Bois www.rudissylva.com MUREX Le Locle www.murexwatch.com SWIZA Delémont www.swiza.ch OPTIMA Le Locle www.optimawatch.com VALGINE Les Breuleux www.jic.ch/valgine PANERAI (Richemont) Neuchâtel www.panerai.com VICENTERRA Boncourt www.vicenterra.ch PARMIGIANI FLEURIER Fleurier WENGER Delémont www.wenger.ch www.parmigiani.ch PIERRE THOMAS La Chaux-de-Fonds LUCERNE www.pierrethomas.ch RAIDOX Le Locle www.raidox.ch CARL F. BUCHERER Lucerne www.carl-f-bucherer.com RENLEY Neuchâtel www.renley.com CHRONOSWISS Lucerne www.chronoswiss.com RIBA MUREX Le Locle www.murexwatch.com OCHS UND JUNIOR Lucerne www.ochsundjunior.ch ROTARY La Chaux-de-Fonds SEQUENT Lucerne www.sequentwatch.com www.rotarywatches.com SCHWARZ-ETIENNE La Chaux-de-Fonds NEUCHÂTEL www.schwarz-etienne.ch SULTANA www.sultana.ch ACCORD WATCH La Chaux-de-Fonds RL_Eurotec-Bulletin_98x47_v1.pdf 1 La Chaux-de-Fonds 13.02.17 18:30 TAG HEUER (LVMH) La Chaux-de-Fonds www.accordwatch.com www.tagheuer.com ALEXIS GARIN Les Verrières www.alexisgarin.ch
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OBWALD ALBERT RIELE Sarnen www.albertriele.ch ANTOINE MARTIN Alpnach www.antoinemartin.ch SCHAFFHOUSE A. LANGE & SOEHNE (Richemont) Schaffhouse www.lange-soehne.com H. MOSER & CIE (Melb Holding) Neuhausen am Rheinfall www.h-moser.com IWC (Richemont) Schaffhouse www.iwc.ch SCHWYTZ COINWATCH Pfäffikon www.coinwatch.ch LUMINOX Freienbach www.luminox.com MIRA Pfäffikon www.mirawatch.ch PHILIP ZEPTER Wollerau www.zepter.com SOLEURE ARLEA Wolfwil AUREMA Grenchen www.aurema.ch BREITLING Grenchen www.breitling.com CAT Solothurn www.catwatches.com COACH Grenchen www.coach.com COVER WATCHES Solothurn www.coverwatches.com CYCLOS Dornach www.cyclos-watch.ch ETERNA (Haidian) Grenchen www.eterna.ch FAVRE LEUBA Solothurn www.favre-leuba.com FORTIS Grenchen www.fortis-watches.com GENIE Lohn-Ammannsegg www.genieswiss.ch HARWOOD WATCH CO. Grenchen www.harwood-watches.com JOWISSA UHREN Bettlach www.jowissa-watches.com KIENZLE Egerkingen www.kienzleuhren.de MANJAZ Nidau www.manjaz.ch NORD ZEITMASCHINE Büsserach www.nord-zeitmaschine.ch PORSCHE DESIGN Grenchen www.porsche-design.com ROAMER Soleure www.roamer.ch SWISS MILITARY-HANOWA Solothurn www.swissmilitary.ch TITONI Grenchen www.titoni.ch ST. GALL LUNESA Sevelen www.lunesa.com TESSIN ADRIATICA Camorino www.adriaticawatches.ch ALFEX Manno www.alfex.com
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