EUROPA STAR PREMIERE

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CONSEILS & SERVICES

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• A l’ère d’internet, copier des montres et les écouler sur le marché noir n’a jamais été aussi facile. • Conseils pour s’en prémunir et exemples d’actions entreprises par des marques et des groupes horlogers. PAR

CAROLINE SCHWAB, DIRECTRICE

DU CABINET SCHWAB4SOLUTIONS

Le succès des montres mécaniques suisses, qui ne se dément pas année après année, attise toutes les convoitises. Les entreprises du secteur sont fréquemment confrontées au fléau des contrefaçons. Les chiffres de la contrefaçon sont impressionnants: 40 millions de répliques et copies sont vendues dans le monde (pour un bénéfice net d'au moins un milliard de dollars), contre 30 millions de vraies montres suisses. Malgré les amendes et poursuites pénales, il faut quasiment une organisation militaire pour désamorcer les réseaux de trafics et écrouer les criminels qui ont bâti de puissants empires parallèles à l’industrie réelle de l’horlogerie et de la joaillerie suisse et mondiale. La plus grande partie des faux est produite dans le sud-est de la Chine continentale, dans les villes de Guangzhou et Shenzen. En Europe, c'est surtout l'Italie qui sert de point d'entrée. Outre l'origine suisse et la marque, les modèles, designs et mécanismes sont abondamment violés. Les montres les plus copiées sont celles qui coûtent entre 5’000 et 10’000 euros. Internet en particulier constitue un facteur menaçant. Il s’agit no-

tamment de se protéger des pirates clonant les images des marques de renommée sur leurs propres sites internet de vente.

Les puces high-tech de Hublot La qualité et le nombre des copies sont en progression constante, écornant la stratégie d'exclusivité des grandes maisons. Alors que les réseaux de la contrefaçon se complexifient, les fabricants adoptent de nouvelles stratégies de ripostes: systèmes d'authentification de pointe (mais vulnérables), traque acharnée sur internet, développement de la médiation avec les copieurs et dissuasion des consommateurs… Plus encore que leur chiffre d'affaires, ils doivent préserver l'image de marque qui fonde leur modèle économique. Exemple parmi d’autres dans cette résistance de cette résistance, Hublot installe déjà depuis 2009 des puces électroniques infalsifiables, garantes de l'authenticité de ses montres. Ce système a été mis au point par l'entreprise genevoise Wisekey, spécialisée dans les systèmes de sécurité numérique. Selon Carlos Moreira, co-fondateur et directeur général

chargé de la protection numérique au sein de la société, six autres marques vont s'assurer leurs services. Ce système n'empêche toutefois pas totalement la contrefaçon. C’est pourquoi de nombreux groupes horlogers restent réticents à adopter ces puces. Ils préfèrent prendre des mesures sur le terrain. Le géant Swatch Group, avec ses 18 marques de montres, collabore par exemple avec les autorités et fait saisir les copies. Il n’est pas le seul groupe à travailler avec Interpol et les douanes, qui opèrent grâce aux conventions établies par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) et ses Etats membres. L’OMPI travaille aussi de concert avec la Fédération Horlogère Suisse et l’Institut Suisse de la propriété intellectuelle, situé à Berne, ainsi qu’avec toutes les associations et fédérations de protection des patrimoines des marques à travers le monde.

Les outils légaux pour réagir Le combat acharné mené par les autorités et les marques, appuyé par les médias, contre les trafiquants s’accompagne d’une législation renforcée visant à décourager les consommateurs de copies et répliques, responsables de favoriser la contrebande et le marché noir. Pour s’en prémunir à long terme, il est donc nécessaire de s’appuyer sur les lois de la propriété intellectuelle qui protègent les marques et l’industrie. Elles seules donnent le pouvoir de revendiquer des

droits exclusifs et légitimes auprès des tribunaux. Déposer ses propriétés intellectuelles sous forme de marques, dessins et modèles industriels, brevets et droits d’auteurs permet notamment de détenir la preuve tangible qui permet de démontrer, auprès des autorités et des juges, que l’on est le créateur ou le titulaire effectif et sé-

40 millions de répliques et copies sont vendues dans le monde (pour un bénéfice net d'au moins un milliard de dollars), contre 30 millions de vraies montres suisses. rieux de telle marque, de tel brevet ou d’un certain design (dessin et modèle industriel) à succès faisant l’objet de contrefaçon. Cela permet d’en débattre au tribunal afin de retrouver les trafiquants, détruire leurs marchandises, indemniser les marques et ainsi contribuer à démanteler le marché noir. Cette preuve qui est délivrée par le système de dépôt de propriété intellectuelle fait foi légalement. A défaut de dépôt, la loi du droit d’auteur fait foi et chaque atelier doit démontrer qu’il en est le titulaire ou créateur légitime. Un travail plus aisé si toutes les esquisses, documents et autres enveloppes d’envois des croquis ont été conservés!

Vraies et fausses Corum EUROPA STAR, FÉVRIER 2003

Certains phénomènes connexes se sont conjugués pour freiner le développement programmé de la marque Corum. «Le ralentissement de la Bubble, surtout en Europe, détaille son CEO M. Wunderman, est largement dû à la contrefaçon, dont la qualité est devenue de plus en plus étonnante. A Milan, par exemple, la police est venue présenter à notre agent sept

DR

Faire face à la contrefaçon horlogère

IL Y A 12 ANS…

Severin Wunderman †

Bubble en demandant si c'étaient des contrefaçons ou des pièces authentiques. Nos représentants n'ont pas réussi à se déterminer. Ce n'est qu'en ouvrant les pièces qu'ils ont pu constater d'après le mouvement qu'il s'agissait de contrefaçons. Ce phénomène d'amélioration qualitative se double d'un vrai problème quantitatif. En Chine ont été ainsi découverts en un seul endroit pas moins de 245'000 cadrans de fausses Bubble! Vous imaginez ce que ça peut signifier, en comparaison avec nos 35'000 montres par an… Un verre saphir de Bubble à lui seul me coûte 280 francs, soit plusieurs fois le prix d'une fausse montre. Ce phénomène de la contrefaçon ne nous atteint pas seulement indirectement, mais aussi directement car nous dépensons des fortunes, plus d'un million de francs par an, pour le combattre.» PUBLICITÉ

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