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Revêtements de sol, faire le bon choix

LE CHOIX DU CLASSIQUE

Parmi l’offre pléthorique de revêtements de sols, les spécialistes privilégient aujourd’hui les grands classiques, les matériaux naturels et les fournisseurs de proximité. Bien qu’un nouveau produit sorte chaque mois sur le marché, l’authenticité du terrazzo et la chaleur du parquet restent incomparables. Aujourd’hui la tendance est au bois de chêne, les bois exotiques reculant pour des raisons écologiques. Côté carrelage, les carreaux prennent de la largeur et les lames de la longueur. Et les imitations se perfectionnent, comme le grès cérame qui imite désormais le bois à s’y méprendre. Quant aux sols sans joints ils continuent leur progression, d’autant que certains jouent maintenant la carte verte en recourant à des matériaux naturels. Cependant, quel que soit le revêtement choisi, ne négligeons pas ce qui se trouve en dessous. Une chape mal réalisée risque en effet de mettre à mal le beau revêtement qui l’habille.

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Magaly Mavilia

Le sol sans joints réalisé par l’entreprise Allemande Nora.com dans la Bobliothèque Nationale de Prague

LA CHAPE, UN FONDAMENTAL À NE PAS NÉGLIGER

N’étant pas visible, la chape ne suscite pas un vif intérêt auprès des architectes. Ni auprès des maîtres d’ouvrage, car elle n’a que peu d’impact financier sur l’ensemble d’un projet. «Pourtant, sa malfaçon peut avoir des conséquences catastrophiques, et l’erreur coûte très cher dans ce domaine», souligne Stéphane Bertacchi, administrateur et directeur de G. Cacciamano, S. Bertacchi successeur SA. En effet, s’il faut refaire la peinture d’un mur, déplacer un meuble n’est pas compliqué et les travaux peuvent être réalisés tout en continuant à utiliser le bâtiment. Mais lorsque c’est la chape qui rencontre des problèmes, les occupants doivent quitter les lieux, le revêtement doit être démonté, et tout cela entraîne non seulement un grand nombre de tracas mais aussi un impact financier important. Et cela arrive plus souvent qu’on ne le pense, constatent les professionnels. La cause? Le manque de préanalyse au niveau des sollicitations du sol et du type de chape à privilégier selon l’utilisation du bâtiment. Une étape essentielle pour assurer la pérennité de l’ouvrage.

PRIVILÉGIER LES CHAPES FLUIDES

Le manque de main d’œuvre et le mécontentement des ouvriers dans la construction n’est pas nouveau. «Poser une chape en mortier classique est pénible alors qu’il existe aujourd’hui de nouvelles technologies, comme la chape fluide, qui peuvent faire évoluer notre métier et le rendre plus attirant pour la relève mais aussi plus favorable pour la santé des collaborateurs, précise Stéphane Bertacchi. Malheureusement on ne conçoit que trop rarement des ouvrages permettant de travailler avec ce type de chapes.» C’est le critère financier qui domine, pourtant cette chape comporte nombre d’avantages: une pose beaucoup plus rapide, moins de logistique et de main d’œuvre pour sa mise en place. Par ailleurs, le gain énergétique n’est pas négligeable; la chape fluide assure un rendement beaucoup plus performant du chauffage au sol qu’une chape en mortier traditionnel.

Balzan & Immer ©

LE TERRAZZO, LA BEAUTÉ DE L’ALÉATOIRE

Si son utilisation remonte à l’Antiquité, le terrazzo a connu un regain d’intérêt dans les années 1920. Aujourd’hui, il revient sur le devant de la scène architecturale, notamment dans les musées et les bâtiments publics. Ses atouts: un supplément d’âme et une solidité qui frise l’éternité. Celui du Palais des Doges, réalisé au 14e siècle, est toujours aussi sublime.

«Chaque terrazzo est unique et c’est ce qui fait sa beauté», s’enthousiasme Damien Barra, chef de projet pour les revêtements de sols chez Balzan & Immer. Il est en effet impossible de reproduire à l’identique l’assemblage de fragments de pierres naturelles ou de marbre coloré qui le compose. Mélangés à du ciment ou des résines synthétiques qui peuvent être teintées dans la masse, ces agrégats offrent une infinité de possibilités. Une fois séché, le polissage donne au terrazzo sa touche finale: lisse, mate ou brillante. On peut aussi le recouvrir d’une couche de protection avec un vernis polyuréthane.

Très performant au niveau mécanique, le terrazzo est beaucoup plus résistant qu’une chape poncée et présente l’avantage d’être réalisé non pas pendant le chantier mais après les travaux. «On le trouve désormais sous forme de plaques qui se posent comme du carrelage, ce qui est plus simple au niveau logistique mais moins esthétique du fait du grand nombre de joints», précise Damien Barra. L’attrait visuel d’un terrazzo est en effet son aspect uniforme qui, au-delà de l’esthétique, a l’avantage de ne laisser s’infiltrer aucune saleté comme cela peut être le cas pour un parquet ou du carrelage. Côté entretien, il suffit d’utiliser de l’eau et un savon de type alcalin.

Les poses en zig zag sont à nouveau dans l’air du temps.

Bauwerk ©

LE PARQUET, LE BOIS GARDE UNE PLACE DE CHOIX

La culture du parquet vient de France. En Suisse, il a longtemps évoqué les chalets de montagne avant de s’inviter dans tous les intérieurs et quasiment toutes les pièces de la maison. Si opter pour un parquet reste une affaire de cœur, ce qui évolue c’est à la fois la forme, le choix des essences et leur traitement.

«Les déforestations massives de bois exotique ont eu un fort impact sur le choix des essences et, en Suisse, les gens reviennent au chêne traditionnel », constate Raphaël Ménétrey de Solconcept à Savigny. Quant aux nuances de bois, elle diffèrent selon les cultures. Ainsi, plus on descend vers le Sud, plus les essences sont foncées, tandis que les pays nordiques privilégient des bois clairs faute de lumière extérieure.

« Nous sommes le plus souvent attirés par les bois de notre enfance, ajoute le spécialiste, mais il n’en reste pas moins que les modes nous impactent. Aujourd’hui, la norme est aux murs blancs et au mobilier clair et les couleurs naturelles du bois apportent un peu de chaleur dans ces environnements plutôt neutres.» Très bon isolant et compatible avec le chauffage au sol, le parquet convient aussi parfaitement en rénovation, sur un sol existant.

HUILÉ OU VITRIFIÉ ?

«À mon sens, la grande différence entre un parquet huilé et un parquet vitrifié est avant tout émotionnelle. Si la vitrification demande moins d’entretien, l’usure est plus rapide dans les zones de passage et exposées au soleil. En moyenne, elle doit être renouvelée tous les dix à vingt ans. Autre différence importante, un parquet vitrifié est recouvert d’une couche synthétique, tandis que l’huile pénètre dans les pores du bois et lui donne une patine

Bauwerk ©

plus naturelle au fil du temps. Et c’est un plaisir incomparable que de marcher sur une matière qui donne une sensation de chaleur sous les pieds», relève Raphaël Ménétrey. D’aspect mat, ce procédé ne nécessite pas de ponçage. Pour l’entretien, en plus d’un nettoyage régulier, on prendra soin de nourrir son parquet une fois par année avec une huile spécifique.

Un autre aspect à considérer lors de l’achat, c’est l’épaisseur des couches et la présence de sous-couches qui stabilisent le bois et absorbent ses crissements. Une bonne épaisseur de bois est garante de longévité et permet de poncer plusieurs fois le parquet si nécessaire. La pose influe elle aussi sur le rendu final du parquet. «Le point de Hongrie et la pose Fougère reviennent à la mode. Apanage des grandes demeures du 16e siècle, cet assemblage en zig-zag confère une élégance particulière à une pièce, mais son motif est assez imposant», souligne le spécialiste, qui conseille alors une décoration sobre pour ne pas alourdir l’espace.

Uniquefloor Switzerland © Cette création d’Uniquefloor Switzerland intègre des éléments naturels dans la masse.

Le sol sans joints assure hygiène et facilité d’entretien.

SOLS SANS JOINTS, UNE SOLUTION HAUTE PERFORMANCE

Il existe quantité de techniques pour réaliser des sols d’un seul tenant. Élaboré dans un souci premier d’hygiène et de praticité, le sol sans joints est coulé, poncé, égalisé et scellé in situ. Initialement réalisé en résines synthétiques pour répondre à quantité d’exigences, en particulier phoniques, le sol sans joints se met lui aussi au vert. Spécialiste des systèmes sans joints en granulés de caoutchouc, Uniquefloor Switzerland innove avec un revêtement fabriqué à partir de composants organiques comme le bois, des noyaux et coquilles de noix intégrés dans la masse coulée. Une alternative aux revêtements sans joints plus conventionnels et qui sort des sentiers battus. Poncé, enduit et étanchéifié sur place, le Giomoflex® naturo offre de multiples possibilités de motifs.

Uniquefloor Switzerland ©

BÉTON CIRÉ SANS FISSURES

Les fissures dans le béton traditionnel sont le plus souvent causées par le retrait lors du séchage du ciment. L’une des possibilités pour minimiser les effets du retrait est la mise en place de joints de contrôle. Mais ce procédé délicat demande une technique sans faille et, dans la majorité des cas, les dommages se produisent à ce niveau. C’est ce qui a conduit la recherche vers l’élaboration de sols en béton sans joints; ils nécessitent eux aussi une mise en œuvre complexe pour éviter les fissures: choix de la pâte de ciment elle-même, adjuvants et granulats de qualité sont essentiels. Il existe aujourd’hui des ciments qui améliorent la stabilité dimensionnelle du béton lui-même en le maintenant en compression pendant toute sa durée de vie. Ils permettent des mises en place beaucoup plus importantes avec peu ou pas de joints de contrôle. À privilégier pour éviter les mauvaises surprises.

DU CARRELAGE POUR TOUS LES USAGES

Forte d’une cinquantaine de collaborateurs, l’entreprise Jacques Masson SA à Nyon travaille à la fois sur des projets destinés à des particuliers et sur de grands ensembles. À son actif, figurent la Maison olympique et le château du Comité international olympique à Lausanne, Planète Charmilles ou encore Adret PontRouge à Genève, où le carrelage d’une centaine d’appartements a été posé en trois mois. Autre réalisation importante, la rénovation du centre commercial Balexert à Genève en consortium avec l’entreprise Seical. Un vrai défi que de travailler sur un lieu occupé en terminant le chantier avec quinze jours d’avance et sans aucune plainte de nuisances de la part des locataires.

Autre domaine où le carrelage est roi: la piscine. Il permet toutes les fantaisies, de la mosaïque aux arcs-en-ciel, et il imite à merveille la pierre naturelle ou le béton ciré. «Ces imitations permettent d’éviter certaines problématiques inhérentes aux revêtements naturels et difficilement maîtrisables avec les techniques de traitement de l’eau», relève Xavier Veyrat, directeur de Jacques Masson SA. Spécialisée dans ce domaine, l’entreprise réalise aussi bien des bassins olympiques que des bains froids, saunas, hammams et piscines privées. «Actuellement, nous travaillons sur un très beau projet dans une propriété privée où le carrelage s’est imposé pour les trois piscines et les deux bains froids du banya (sauna russe plus chaud qu’un sauna traditionnel) ainsi que pour le bassin extérieur de plaisance se jetant dans un bassin de nage de 24 m de long.»