Époque Times édition du 1er mai 2017

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ÉDITION MONTRÉALAISE • 13E ANNÉE NO 4 • 1ER MAI AU 4 JUIN 2017 • WWW.EPOQUETIMES.COM

Abandonner les pesticides Enrobant les semences de maïs et parfois de soya, les insecticides néonicotinoïdes ont graduellement envahi les champs du Québec. Leur utilisation répandue présente des risques pour l’environnement, mais des stratégies sont actuellement mises en place pour inverser la tendance. PAGE 7

Environnement DANIEL TOBIAS/ASSOCIATION CANADIENNE DES MÉDECINS POUR L’ENVIRONNEMENT

L’Argentine tente de revenir de loin

Libre-échange et droits de la personne

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Après des années de politiques socialistes et nationalistes, l’économie de l’Argentine était en ruine, et ce, malgré tout son potentiel de ressources autant humaines que naturelles. Les réformes sévères pour redresser la barre sont difficiles à accepter pour un pan de la population habitué aux subventions de l’État providence, mais l’alternative (le statu quo ante) n’est simplement pas viable.

Selon un récent sondage, une majorité de Canadiens souhaiteraient que les droits de la personne ne soient pas ignorés dans le cadre d’un accord de libre-échange avec la Chine. Ce n’est pourtant pas la voie qui semble être empruntée actuellement par le gouvernement.

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Autre projet de loi pour combattre les prélèvements d’organes forcés Un projet de loi émanant d’un député conservateur tente à nouveau de légiférer contre une violation des droits de la personne en Chine qui a des ramifications affectant le Canada.

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Le député conservateur Garnett Genuis le 10 avril 2017 à Ottawa NT

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Les nombreuses leçons de vie par le sport

Chypre, un balcon sur la mer

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Les bienfaits de l’activité physique pour le corps sont bien connus, mais on parle moins de son effet positif sur la santé mentale, la réussite scolaire et l’estime de soi. De plus, les sports favorisent le développement de l’engagement et de la détermination. PIXABAY

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CHARLES MAHAUX

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ACTUALITÉ

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La plupart des Canadiens veulent que le commerce avec la Chine soit lié aux droits de la personne Un sondage démontre que les Canadiens sont «inconfortables» de permettre aux sociétés d’État chinoises d’acquérir plus d’entreprises canadiennes Joan Delaney Époque Times En ce qui concerne le commerce avec la Chine, un nouveau sondage d’opinion indique que deux Canadiens sur trois estiment que les droits de la personne devraient être liés aux négociations de libreéchange avec Pékin. Seulement 21 % affirment que ces droits ne devraient pas être un enjeu. Le sondage de Nanos Research révèle aussi que neuf Canadiens sur dix sont «inconfortables» (59 %) ou «quelque peu inconfortables» (29 %) de permettre aux sociétés d’État chinoises d’acquérir des entreprises canadiennes de haute technologie et de mettre fin aux restrictions les empêchant d’investir dans les sables bitumineux. Le sondage auprès de 1000 Canadiens, réalisé pour le Globe and Mail, démontre aussi que LINTAO ZHANG/GETTY IMAGES 71 % des répondants s’opposent, dans tout futur accord commer- Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et le premier ministre chinois, Li Keqiang, lors d’une conférence de cial, à ce que les sociétés d’État presse au palais de l’Assemblée du Peuple à Pékin le 31 août 2016 chinoises puissent acquérir des «C’est un défi constant de trou- liberté religieuse, Andrew Ben- ciaires, la torture et les détentions entreprises canadiennes sans qu’il y ait évaluation en matière ver des réponses face à une éco- nett, qui est également intervenu à grande échelle de prisonniers d’opinion demeurent omniprénomie en expansion, au désir de lors du forum. de sécurité nationale. «Le gouvernement canadien sentes en Chine, selon les assoLe premier ministre, Justin commercer. Le Canada doit touTrudeau, et l’ambassadeur cana- tefois être extrêmement prudent doit tenir compte de cela lorsqu’il ciations de défense des droits de dien en Chine, John McCallum, de ne pas être naïf dans sa rela- aborde les droits de la personne», la personne. Le traitement des Chinois par œuvrent pour un plus grand rap- tion [avec Pékin]. Et il doit y avoir dit-il, ajoutant que les entreprises prochement avec le pays le plus des conditions alors que nous fai- canadiennes qui investissent et le régime de Pékin est quelque peuplé du monde. Un accord de sons avancer les droits. Garantir font des affaires en Chine doivent chose qui préoccupe les Canalibre-échange avec la Chine est la liberté religieuse en est une», aussi en tenir compte dans le cadre diens, selon le député conservaune priorité pour M. Trudeau, et affirme la députée libérale Judy de leur responsabilité sociale en teur Harold Albrecht. «Je pense que beaucoup de mes Sgro. tant qu’entreprises. les négociations sont en cours. électeurs – probablement Cependant, les respon90 % ou plus – nous exhorsables chinois se sont catéteraient en tant que pays à goriquement opposés à affirmer avec plus de vigueur l’inclusion des droits de la que les Chinois doivent jouir personne en Chine dans des libertés fondamentales toutes discussions com– Andrew Bennett, ex-ambassadeur pour la liberté religieuse que nous tenons pour acquis merciales. au Canada», affirme-t-il. M. McCallum a indiqué dans le passé que les droits M. Albrecht estime que le «Elles doivent d’abord et avant Canada ne devrait pas avoir peur «Certaines personnes affirment de la personne feraient partie de tout accord de libre-échange que nous avons fait des progrès tout être au courant des violations d’être direct avec la Chine concerentre les deux pays. Cependant, avec la Chine pour qu’elle soit des droits de la personne qui se nant les injustices dans ce pays. «Quand nous entrons dans des il a récemment affirmé au Globe un peu plus respectueuse, mais poursuivent en Chine – cela doit and Mail que, lorsque les discus- je pense qu’il y a encore un long compter lorsqu’elles abordent relations commerciales ou polisions abordent les questions envi- chemin à faire pour insister que la responsabilité sociale en tant tiques, il est important que nous n’ayons pas peur d’identifier l’abronnementales et du droit du tra- la Chine respecte les droits de la qu’entreprises.» Ces pays qui veulent une rela- sence de liberté de nos frères et vail, «il n’est pas clair pour moi personne et les droits religieux.» Le commerce et les droits de la tion plus étroite avec la Chine – en sœurs chinois et d’attirer l’attenque les droits de la personne, en soi, font partie d’un accord de personne devraient être de prio- politique, commerce ou en défense tion de la communauté internarité égale, estime Mme Sgro. – doivent faire attention et ne pas tionale sur ces injustices», menlibre-échange». «J’ai espoir que c’est la direction fermer les yeux sur les violations tionne-t-il. Lors du forum annuel des parle«C’est notre devoir en tant que mentaires sur la liberté religieuse que vont prendre notre premier des droits de la personne, ajouteCanadiens.» le 6 avril à Ottawa, plusieurs inter- ministre et notre gouvernement.» t-il. La Chine demeure l’un des «Nous devons maintenir la presvenants, dont une députée libérale, ont fait une mise en garde pays avec les restrictions les plus sion sur le gouvernement chinois.» www.theepochtimes.com/ La répression politique et reli- n3/2242099-tory-mp-garnett-genuisconcernant les négociations com- sévères sur la liberté de religion, selon l’ex-ambassadeur pour la gieuse, les exécutions extrajudi- re-introduces-organ-trafficking-bill/ merciales avec la Chine.

« Nous devons maintenir la pression sur le gouvernement chinois. »

Un député conservateur dépose à nouveau un projet de loi pour combattre le trafic d’organes

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Le projet de loi C-350 ramène le C-561 d’Irwin Cotler visant à faire des prélèvements d’organes forcés un acte criminel

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Limin Zhou Époque Times

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OTTAWA – Le député conservateur Garnett Genuis a récemment déposé son premier projet de loi émanant d’un député, il vise à combattre un fléau qui afflige les prisonniers d’opinion en Chine, tout en ayant des ramifications au Canada. Le projet de loi C-350 fait renaître le projet de loi C-561 de l’ex-député libéral Irwin Cotler, qui visait à lutter contre les prélèvements d’organes forcés. «Ce projet de loi vise à combattre le fléau des prélèvements d’organes forcés. Les organes sont prélevés contre la volonté des personnes alors qu’elles sont encore en vie, souvent monstrueusement et sans analgésique, souvent parce que l’unique soi-disant crime de l’individu est de suivre une certaine religion ou discipline spirituelle», a déclaré M. Genuis à la Chambre de communes le 10 avril dernier. Le projet vise à modifier le Code criminel et la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. «Il s’agirait d’un acte criminel pour quelqu’un d’acquérir un organe en sachant qu’il a été prélevé sans consentement. De plus, ceux qui sont impliqués dans les prélèvements d’organes forcés ne seraient pas admis au Canada»,

explique M. Genuis. «Alors que le gouvernement cherche à se rapprocher de la Chine, cette loi est plus nécessaire que jamais», a-t-il ajouté. «Il est très important pour le Canada de mettre en priorité les droits de la personne et c’est une manière importante qui nous permet d’accomplir cela.» Les prélèvements d’organes forcés sur les pratiquants de Falun Gong qui sont prisonniers d’opinion en Chine sont une préoc-

parce que cela lancera un message qu’ils seront tenus responsables. Ça va combattre la culture d’impunité qui a dominé jusqu’à maintenant en ce qui a trait aux prélèvements d’organes et à la criminalité sous-jacente». «En ce qui concerne le Canada, a-t-il ajouté, cela va assurer que nous ne soyons pas complices et que des Canadiens ne s’impliquent pas dans cette pratique. Les Canadiens seront avertis qu’ils seront tenus responsables

il n’y a pas de raison pour qu’un parti veuille s’opposer à ça. C’est une question fondamentale de droits de l’homme. Tous les partis devraient soutenir ça», expliquet-il. M. Genuis a déjà l’appui du libéral Borys Wrzesnewskyj pour seconder le projet de loi. M. Wrzesnewskyj a, dans le passé, déposé un projet de loi semblable à deux reprises contre les prélèvements d’organes forcés en Chine. «Nous allons coopérer et travailler dur afin de nous assurer d’avoir finalement un Parlement pour adopter cette législation», affirme M. Wrzesnewskyj. Le projet de loi est inspiré – Le député conservateur Garnett Genuis par les recherches effectuées depuis plus de dix ans par deux avocats canadiens, David Matas et David Kilcupation majeure, a indiqué M. s’ils s’impliquent.» Genuis en entrevue avec New «Ça envoie un message double, gour, concernant les prélèvements Tang Dynasty Television (NTD). à ceux impliqués dans cette cri- d’organes sur les pratiquants de «Il est tout simplement horrible minalité au Canada et ceux au Falun Gong en Chine, qui sont que des gens soient ciblés pour Canada qui sont complices. Des tués au cours de l’opération. ça, n’ayant commis aucun crime, deux côtés, ils seront tenus resDavid Matas, David Kilgour exerçant simplement leur droit de ponsables.» ainsi que le journaliste d’enquête suivre une religion ou une disciM. Genuis affirme que ses collè- Ethan Gutmann ont publié un pline spirituelle selon la section 18 gues conservateurs «appuient tout rapport en juin 2016 qui estide la Déclaration universelle des à fait» la question, mais l’appui mait, en se basant sur les données droits de l’homme. C’est certaine- de tous les partis sera nécessaire. des hôpitaux et des déclarations ment une préoccupation.» «Pour aller jusqu’au bout, il de médecins, que les hôpitaux Irwin Cotler, un ex-ministre de faut construire ces ponts entre chinois ont réalisé entre 60 000 la Justice qui a préparé le projet de les différents partis. Nous avons à 100 000 transplantations d’orloi original en 2015, avait déclaré fait un bon bout de chemin en ganes par année depuis 2000, la dans un entretien précédent ce sens. Nous avons des appuis source pour la plupart des organes avec NTD que la loi «dissuadera solides dans les autres partis. sont les prisonniers d’opinion, les Chinois qui sont impliqués Pour aller jusqu’au bout, il fau- principalement les pratiquants à poursuivre cette criminalité, dra bâtir là-dessus. Cependant, de Falun Gong.

« Alors que le gouvernement cherche à se rapprocher de la Chine, cette loi est plus nécessaire que jamais. »

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Argentine : le long et sinueux chemin de la réforme Le président Mauricio Macri demeure dévoué à réformer le pays, mais la lune de miel est terminée Valentin Schmid Époque Times

Mauricio Macri s’adresse aux médias après avoir voté à Buenos Aires le 22 novembre 2015. Durant ses 16 premiers mois en poste, il a adopté de nombreuses réformes difficiles. EITAN ABRAMOVICHAFP/GETTY IMAGES

BUENOS AIRES, Argentine – L’Argentine a vu pire : une inflation de 20 000 %, la dévaluation de sa devise, les putschs et les défaillances d’un emprunteur souverain. La situation actuelle semble plutôt rose si on la compare à d’autres moments de l’histoire du pays. Mais, pourtant, et peut-être en conséquence des réformes accélérées, le président Mauricio Macri fait face à beaucoup de résistance dans sa quête visant à réaliser le plein potentiel de l’Argentine. «La croissance de l’Argentine sera des plus élevées durant les 20 prochaines années», a déclaré M. Macri lors de la conférence d’ouverture du Forum économique mondial (FEM) de l’Amérique latine le 6 avril dernier, à Buenos Aires. M. Macri, qui a été élu en promettant des réformes en décembre 2015, s’était engagé à rendre le pays compétitif, à ouvrir ses portes aux investisseurs internationaux et à relancer le commerce. Il a respecté plusieurs de ses promesses électorales. Toutefois, la situation laissée par sa prédécesseure, Cristina Kirchner, est compliquée et les Argentins n’ont pas beaucoup de patience pour les réformes politiques si elles ne livrent pas la marchandise rapidement. «Il y a encore beaucoup d’inflation. Les salaires ne sont pas assez élevés et ils viennent tout juste de congédier quelqu’un ici alors nous devons travailler davantage sans gagner davantage», remarque Ybarra qui travaille dans une buanderie de Buenos Aires. M. Macri n’a pas encore été en mesure de régler ce mélange d’inflation élevée, de chômage élevé et de croissance lente. «Il n’y a pas de solution magique à ces choses. Nous tentons de réformer cette économie du modèle vénézuélien au modèle normal. Ça va prendre du temps. Ce sera douloureux», affirme Gustavo Sánchez Loria, économiste chez la société de gestion d’actifs The Private Advisors à Buenos Aires. La communauté des affaires comprend que l’économie laissée par Mme Kirchner, quoique n’étant pas en crise, était moribonde et seulement soutenue par la dette et l’impression d’argent. C’est une perspective que ne partage pas entièrement la classe ouvrière. L’héritage de Mme Kirchner Après son arrivée au pouvoir fin 2007, Mme Kirchner s’est efforcée d’aliéner la communauté internationale. Sa lutte contre le milliardaire américain Paul Singer en est un exemple. Il a remporté une action en justice contre l’Argentine pour son refus de rembourser une dette encourue lors de la défaillance d’emprunt en 2001. En conséquence, le pays a été écarté des marchés obligataires internationaux pendant des années. Elle a accusé le fonds spéculatif de Paul Singer d’être un «fonds de vautour». Elle a introduit un contrôle des changes, confisqué des milliards dans les fonds de retraite privés et a joué un rôle de premier plan dans la nationalisation de YPF, une société énergétique argentine qui était détenue majoritairement par l’entreprise espagnole Repsol avant d’être expropriée par l’État. Elle a également imposé des impôts élevés sur l’exportation de produits agricoles, ce qui a affecté négativement le pays qui est un exportateur traditionnel de viande et de produits dans ces marchés. «L’économie était très fermée en Argentine. Il y avait des contrôles des capitaux, il était impossible d’acheter des dollars [américains] et il fallait une permission pour exporter. Ils ne voulaient pas dévaluer le taux de change, alors ils ont empêché les marchés de fonctionner», affirme M. Spotorno. Ces politiques ont causé une augmentation de l’inflation (plus de 30 % au moment où elle a quitté la présidence, quoique ce chiffre soit probablement conservateur), une faible croissance du PIB et des déficits budgétaires élevés, atteignant 5 % à la fin de son

mandat. À la fin, les gens en avaient marre de ses politiques socialistes et nationalistes et ont voté pour les réformes promises par M. Macri, même s’il n’est pas clair quel aurait été le résultat des élections si elle avait eu le droit de briguer un troisième mandat. Les réformes de Mauricio Macri Beaucoup de choses ont changé depuis que M. Macri a pris les commandes il y a 16 mois. Il a aboli les contrôles de change et les impôts sur l’import-export dans la majorité des cas, il a cherché et conclu un accord avec les fonds spéculatifs et a réussi à vendre 16,5 milliards de dollars US en dette que le pays utilise maintenant pour de nouveaux investissements plutôt que pour les projets d’aide sociale gouvernementale. «C’est un changement culturel [des années après] avoir été menés sur le mauvais chemin et par des valeurs qui ne représentent pas l’essence du peuple argentin. […] L’Argentine a été isolée pendant 30 ans. Tout cela n’a fait qu’amener plus de pauvreté», a affirmé M. Macri dans son discours au FEM. Même si Mauricio Macri ne se débarrassera probablement jamais de sa réputation de riche gamin qui a principalement travaillé pour le Socma Group appartenant à son père industriel, il a géré avec succès l’équipe de soccer Boca Juniors de Buenos Aires de 1995 à 2007, période durant laquelle l’équipe a remporté sept titres nationaux et 11 trophées internationaux. Ce n’est pas sans conséquence, alors que le soccer argentin est aussi, sinon plus, corrompu et politisé que le pays lui-même. Avant de devenir président, il a été maire de Buenos Aires de 2007 à 2015. La tenue d’un événement international comme le FEM est le dernier geste d’une série visant à réintégrer l’Argentine sur la scène internationale. La présidence du G20 en 2018 en sera la récompense. «[Macri] a remis l’Argentine sur la carte géoéconomique et géopolitique», a mentionné Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du FEM, lors de la conférence à Buenos Aires. «Ils sont sur le bon chemin, mais ce sera difficile», estime Sanchez-Loria. Ce sera difficile parce que les entreprises et les gens se sont habitués à l’intervention et à la protection de la compétition et ils ne veulent pas perdre ces avantages. Par exemple, beaucoup d’entreprises protégées contre les importations subissent maintenant des pressions et certaines font faillite. En conséquence, le pays a connu une petite récession en 2016 et le chômage est demeuré élevé, entre 8 et 9 %. La croissance a seulement commencé à remonter à la fin de 2016, s’élevant à 0,5 % annualisée durant le quatrième trimestre. Une autre question est le retrait des subventions pour les services comme le gaz et l’électricité. Les gens n’avaient qu’à payer un dixième du prix des marchés internationaux durant les 14 années de l’ère Kirchner. Le gel des prix devait être une mesure temporaire après la défaillance en 2001 pour encourager la consommation, mais le président Nestor Kirchner (l’époux et prédécesseur de Cristina) l’a maintenu et Cristina Kirchner également. «Ils ont décidé d’en faire un geste politique, pour acheter des votes. Ensuite, les coûts d’ajustement étaient tellement élevés qu’ils ont décidé de ne pas l’enlever. C’est un problème pour le nouveau gouvernement», remarque M. Spotorno. En raison des prix artificiellement bas et de la nationalisation de YPF, le secteur privé a cessé d’investir dans les services, bien que l’Argentine soit un pays riche en ressources naturelles, dont la troisième plus grande réserve de gaz naturel au monde.

L’ex-présidente de l’Argentine, Cristina Kirchner, le 9 décembre 2016 à Sao Paulo. Elle a quitté la barre du pays en laissant un taux d’inflation et un déficit très élevés.

MIGUEL SCHINCARIOL/AFP/GETTY IMAGES

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Difficultés à court terme Maintenant que le gouvernement Macri retire les subventions, les prix explosent et les consommateurs le ressentent. En raison des années de sous-investissement, il n’y a pas de nouvelles sources d’approvisionnement en énergie. «Pendant plus d’une décennie, l’investissement dans ces secteurs était minime. L’électricité a commencé à manquer. Et nous devons importer le gaz naturel de la Bolivie. Nous avions auparavant un surplus dans le commerce du gaz naturel; maintenant, nous avons un déficit parce que personne n’a investi», explique Fausto Spotorno, un économiste conseiller chez Orlando J. Ferreres & Asociados à Buenos Aires. Toutefois, M. Macri, le premier président non socialiste ou non militaire depuis 1916, a des partisans même parmi la classe ouvrière; beaucoup d’entre eux se sont mobilisés pour participer à une manifestation en faveur de ses réformes le 1er avril dernier. «Les gens ont perdu leur éthique de travail. Ils se sont habitués à l’aide sociale et à l’État providence», affirme Graciela, qui travaille comme nourrice ainsi que dans l’industrie du tourisme, au sujet des années Kirchner. Graciela dit que la réduction des subventions gouvernementales ne l’affecte pas. «Si je vois le prix du gaz monter, j’essaie de réduire ma consommation. Si je vois l’électricité monter, je vais m’adapter. Je connais une dame qui laissait la lumière allumée toute la nuit parce que c’était subventionné. Maintenant, elle doit payer elle-même.» Tandis que la communauté des affaires estime que le président est sur la bonne voie, elle croit que le gouvernement aurait dû mieux communiquer les conséquences de ses politiques. «Ils ne communiquent pas bien avec la population. Ils auraient dû lui dire que des sacrifices seront nécessaires pour devenir un pays normal après une période dix ans où tout était réglé avec l’impression d’argent et l’aide sociale gouvernementale», affirme Sánchez Loria. «Les gens voient les entreprises faire faillite, mais ça fait partie du processus, ça fait partie des difficultés que le pays doit traverser pour devenir plus normal.» Après avoir d’abord promis la croissance économique en 2016, Mauricio Macri a adopté une approche plus réaliste au FEM : «Il n’y a pas de magie; aucun pays n’a été en mesure d’accomplir cela en 15 mois. Chaque pays a pris des décennies [pour compléter des réformes].» Graciela, au moins, est d’accord : «Ça ne va pas être mieux du jour au lendemain. Ça va prendre des années. Peut-être que ce gouvernement n’y arrivera pas.» Les opposants à M. Macri, bien entendu, aimeraient beaucoup qu’il ne réussisse pas, et les syndicats ont organisé une grève nationale alors que le président prononçait son discours devant le FEM. «Tous les gouvernements non socialistes sont mis au défi par les syndicats. Ils font des grèves et ça génère de l’insécurité», indique Sánchez Loria. «Toutes les grèves contre M. Macri sont achetées», estime Graciela. Elle dit avoir vu des gens se faire emmener aux manifestations dans des autobus venant de partout, ainsi que des publicités annonçant que les gens recevraient un «sandwich et une boisson gazeuse» s’ils allaient manifester. Le danger de l’inflation Un des problèmes les plus pressants à régler pour le gouvernement est l’inflation galopante. Cette dernière est plus basse que durant l’ère Kirchner, mais elle est encore trop élevée pour la conduite normale des affaires. Selon le rapport 2017 du FEM sur la compétitivité mondiale, l’inflation est de loin le plus grand obstacle à la conduite des affaires en Argentine. Les chiffres officiels affichent environ 20 % annuellement, mais les propriétaires d’entreprises locales affirment que c’est plutôt 40 %. «Nous voulons être fiables. La confiance est le moteur de la croissance dans toute société», a déclaré le président Macri au FEM, ajoutant qu’il sait que l’inflation élevée sape la confiance. «L’inflation est au cœur de notre programme. Nous avons fait baisser le taux d’inflation et nous devons œuvrer pour nous rendre sous la barre d’une inflation de 10 % qui va protéger les salaires des travailleurs.» L’homme à qui on a confié cette tâche est Federico Sturzenegger, le gouverneur de la banque centrale qui a fait ses études au MIT. «L’inflation est encore très élevée. […] Nous

avons déjà resserré les choses le mois dernier. C’est un processus», a-t-il déclaré au FEM. «L’inflation est une taxe, une taxe payée par les pauvres. Avec une inflation plus basse, il y a une nette amélioration dans l’égalité des revenus.» La banque centrale argentine a augmenté son taux d’intérêt à 38 % et l’a fait redescendre à 26,25 % par la suite lorsque les statisticiens ont constaté une baisse de l’inflation. La banque centrale s’attend à atteindre 21,2 % en décembre 2017. «[La banque] s’imagine des choses. Le vrai taux est plutôt comme 40 %», affirme Irene, gestionnaire d’un restaurant dans le quartier de Recoleta à Buenos Aires. Payer les prix de New York pour des choses de base comme le nettoyage à sec et la nourriture, et des prix encore plus élevés pour les produits importés, il en résulte que beaucoup de choses sont hors d’atteinte pour le citoyen moyen qui gagne moins de 2000 dollars par mois. Taxes Même si le gouvernement Macri n’a pas fait des taxes une priorité, les petites et grandes entreprises se plaignent des taux d’imposition élevés laissés par l’administration Kirchner. «Vous pensez que c’est cher? Je vais vous dire pourquoi», commente Francisco, gestionnaire d’un petit magasin qui vend des suppléments nutritionnels importés. Un contenant de deux livres de protéine de petit-lait Elite, qui coûte 26,92 $ sur Amazon aux États-Unis, coûte le prix exorbitant de 1200 pesos, soit 79,26 dollars US. «Ce prix comprend la taxe de vente de 21 %, la taxe de 3 % sur la vente brute et une taxe de 35 % de coût après impôt. Pour un produit qui coûte 1200 pesos, j’en prends 100. Le gouvernement en prend 450», explique-t-il. Étant donné que le nouveau gouvernement ne finance pas le déficit budgétaire de 5 % avec les presses de la banque centrale, il ne peut pas baisser les taxes trop rapidement sans entrer dans une spirale de dettes vicieuses comme celle qui a mené à la défaillance de 2001. «Le fardeau d’imposition est encore élevé. Quel est le plan, garder les dépenses publiques stables et la croissance économique va augmenter les revenus? Le problème est qu’avec un fardeau d’imposition aussi lourd, il est difficile de croître aussi vite que le gouvernement le souhaite. C’est pourquoi, quant à moi, la situation fiscale en général est le risque principal», affirme M. Spotorno. Les impôts sont considérés comme le deuxième obstacle le plus important à la conduite des affaires en Argentine, selon le rapport de compétitivité du FEM. Le pays est classé 130e sur 138 pour son environnement macroéconomique et la qualité de ses institutions. Insuffler une nouvelle vie dans le pays Beaucoup ont oublié que les Argentins avaient autrefois un revenu per capita semblable à l’Europe de l’Ouest et 70 % d’entre eux, celui des États-Unis. Mais ça, c’était il y a 100 ans. Pour transformer l’Argentine en économie de haute croissance, le gouvernement Macri doit poursuivre sur la voie des réformes, peu importe les élections de mimandat cette année. «Nous devons jumeler l’immense talent humain du pays avec nos immenses ressources», affirme le président Macri. Pour ce faire, son gouvernement planifie investir massivement dans l’éducation et dans l’infrastructure, de même que dans la connectivité virtuelle. Les baisses d’impôts et la déréglementation du marché du travail seront nécessaires également, selon Francisco Martinez, pdg de l’agence de placement Adecco Argentina. Il vient de déménager de l’Espagne à l’Argentine et il dit que le pays et les gens lui inspirent confiance. «Les dirigeants doivent se concentrer sur l’innovation, l’investissement et le succès personnel plutôt que sur l’État providence. Si nous pouvons introduire les bonnes mesures, alors l’Argentine pourra être parmi les 20 meilleures économies. Le potentiel est immense. Les gens sont très éduqués, très cultivés et ont beaucoup de talent», remarque-t-il. Graciela, la nourrice, était autrefois une sans-abri, mais elle possède maintenant une propriété dans une autre province. Elle est d’accord avec l’homme d’affaires espagnol. «Aucune planification centrale ne peut changer la mentalité de pauvreté.»

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Toutes les connaissances Une des originalités du projet est de n’exclure par avance aucun champ de connaissance. À la diff érence des grandes encyclopédies papier, où la place est limitée, Wikipédia peut se permettre de traiter tous les sujets : y compris les moins légitimes culturellement; y compris les sujets scientifiques, contribuant ainsi à faire évoluer la notion de «culture générale», encore hélas essentiellement lit-

milliers de personnes qui ne se connaissent pas. Les règles évoluent au fur et à mesure des besoins, sur vote de la communauté, afi n d’être le plus efficace possible. Wikipédia est ainsi devenu le symbole de nouvelles manières de faire; partant, elle oblige différents corps de métier à faire évoluer leurs pratiques, voire à se réinventer. Les encyclopédies papier – déjà bien mal en point dans les années 1990 – ont rendu les armes. Musées et bibliothèques, voyant leurs confrères américains ouvrir leurs fonds, partager leur numérisation, encourager la prise de photos, sont amenés à se repositionner vis-à-vis de leur public. L’antique droit d’auteur est luimême en tension quand des activités jugées légitimes par une très grande partie de la population se trouvent être illégales… car non prévues par les lois de l’avant-Internet, avec des ajustements souvent compliqués qui font grincer les dents des groupes d’intérêts qui ont à y perdre (voir à ce sujet les récents débats autour de la «liberté de panorama»1 en France). Succès populaire et critiques acerbes Le succès populaire n’était donc pas évident. À sa création, Wikipédia était un des multiples sites créés dans un monde de l’Internet encore nouveau et en pleine croissance : Google n’avait que trois ans, Facebook

Le tourisme mondial est en hausse Le Canada arrive au 9e rang sur 136 pays selon l’indice mondial de la compétitivité des voyages et du tourisme Valentin Schmid Époque Times Le commerce, ce n’est pas seulement envoyer des conteneurs d’un pays à un autre. Il y a du commerce dans les services également et le tourisme est un secteur important de cette industrie. Selon un rapport publié chaque deux ans par le Forum économique mondial (FEM), le tourisme à l’échelle mondiale ne cesse de croître. «Dans un monde où nous entendons davantage parler de murs et de frontières, nous constatons l’opposé en ce qui concerne le tourisme», a déclaré Peter Vanham, porte-parole du FEM, lors de la présentation du Travel and Tourism Competitiveness Report 2017 le 6 avril dernier à Buenos Aires. Les arrivées de touristes internationaux ont atteint 1,2 milliard en 2016, soit 46 millions de plus qu’en 2015. Lorsque les citoyens d’un pays vont à l’étranger, logent dans des hôtels et vont au restaurant, cela compte

comme une importation de services. La capacité d’un pays à répondre aux goûts des visiteurs détermine quelle part du gâteau il obtient. Pour évaluer cela, le rapport du FEM utilise différents facteurs, comme l’infrastructure, la facilité de voyager, les sites culturels et naturels, la connectivité numérique et le prix. En raison de leur richesse culturelle et naturelle, pour 2016,

Selon le rapport, le Canada arrive premier en ce qui a trait à l’infrastructure pour le transport aérien, mais il est 97e sur 136 pays évalués en matière de compétitivité des prix. Les pays comme le Canada et les États-Unis obtiennent des points élevés en matière de connectivité, ce qui devient de plus en plus important pour le tourisme. Les touristes, qui utilisent de plus en plus leurs téléphones mobiles pour planifier et faire des réservations, s’attendent à une expérience f luide entre réserver et voyager. Ils demandent donc des réseaux sansfi l stables, rapides et omniprésents. De plus, l’internet est un outil promotionnel puissant. «Si vous considérez combien de gens affichent des photos de leurs vacances sur les réseaux sociaux, alors vous constaterez l’effet publicitaire. Le potentiel de mise en valeur de certaines destinations est incroyable», indique à Époque Times Roberto Crotti, un des auteurs du rapport.

Selon le rapport, le Canada arrive premier en ce qui a trait à l’infrastructure pour le transport aérien, mais il est 97e sur 136 pays évalués en matière de compétitivité des prix. les pays européens dominent le top 10 avec six positions, dont le top 3 avec l’Espagne, la France et l’Allemagne. Le Canada occupe le neuvième rang, soit un rang plus haut que dans le rapport 2015. Les ÉtatsUnis ont chuté de deux places pour se retrouver en sixième, mais ils ont engrangé le plus d’argent venant du tourisme, soit près de 488 milliards de dollars en 2016. De son côté, le Canada a récolté près de 28,5 milliards.

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Des touristes visitent le parc Güell à Barcelone en Espagne le 11 juillet 2014. Selon le Travel and Tourism Competitiveness Report 2017 du Forum économique mondial, l’Espagne est en tête de file.

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Wikipédia a 16 ans. Ou plutôt, la première Wikipédia – celle en anglais – a été créée il y a 16 ans, bientôt suivie par plus de 280 autres, formant une constellation de sites reliés les uns aux autres écrits dans des langues diverses. La Wikipédia francophone a, elle, été fondée le 23 mars 2001. Forte d’une très active communauté française mais aussi suisse, belge, canadienne ou africaine, elle a rédigé 1 720 000 articles à un rythme stable depuis plusieurs années, soit plus de 10 000 nouveaux articles par mois. Le site, à la fois célèbre par lui-même et extrêmement bien référencé par Google, est ainsi devenu le recours systématique de la plupart des Français à la recherche d’une information – de la plus triviale à la plus rare et spécialisée.

téraire en France. C’est la défi nition même d’une encyclopédie (rappelons que celles traditionnelles comptent environ 30 000 articles, écrits par des spécialistes mais souvent sans citer de sources, avec, dernièrement, des mises à jour effectuées par des salariés de l’éditeur) que la présence de Wikipédia a fait évoluer. Les grands principes de fonctionnement de l’encyclopédie collaborative, eux, n’ont pas évolué. Les textes sont rédigés par toute personne qui le désire, sans qu’aucune restriction ne soit amenée aux bonnes volontés. Avec deux grandes conséquences : la première est que, comme dans toute encyclopédie, les contributeurs n’apportent pas de connaissances originales mais seulement une synthèse, un état de l’art, en citant des sources choisies avec soin. La seconde est que ces wikipédiens ne sont pas donc jugés sur qui ils sont mais sur ce qu’ils font. Toute action est par conséquent scrutée par tous les autres – tout étant transparent sur le site, avec la possibilité de tracer toute intervention et de revenir à la version précédente d’un simple clic. Wikipédia est aussi une fascinante expérience humaine d’une communauté qui ne se donne pas de limite, qui s’est auto-organisée pour faire travailler ensemble – avec forcément les tiraillements et les couacs que cela implique – des

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Après 16 ans d’épopée intellectuelle, quel futur pour l’encyclopédie libre?

n’existait pas. Seuls 17 % des Français avaient accès à Internet. Ce n’est que quelques années plus tard – entre 2005 et 2007 – que Wikipédia a commencé à prendre de l’importance dans nos vies et à être le recours premier de toute recherche de culture générale. Il n’a pas été facile pour Wikipédia de trouver sa place. Son mode de fonctionnement étonnait, voire n’était pas toujours bien compris. C’est à cette période que les critiques se font les plus dures. En 2007, un journaliste comme Pierre Assouline consacre à l’encyclopédie une série de billets de blog très critiques, avant de faire paraître un mémoire d’étudiants en journalisme, qu’il préface d’une plume acerbe. Ce type de critique est devenu plus compliqué à tenir quelques années plus tard : la société a largement évolué dans la seconde moitié des années 2000 vers une meilleure compréhension de Wikipédia. D’un côté, le projet a continué à approfondir les articles mis à disposition et à proposer de meilleures ressources; de l’autre, le fonctionnement a été petit à petit mieux compris de ses détracteurs et, surtout, les avis ont bien été obligés de rejoindre l’expérience quotidienne du plus grand nombre : Wikipédia était utile et proposait les connaissances nécessaires à tous. À partir de 2010, les plus grandes institutions culturelles françaises ont commencé à collaborer avec Wikimédia France, la structure nationale chargée de promouvoir Wikipédia et ses projets frères. La Bibliothèque nationale de France, puis des musées, petits et grands (du château de Versailles et du centre Pompidou aux musées de la Haute-Saône), des archives (de celles de Toulouse aux Archives nationales), le ministère de la Culture pour plusieurs projets (notamment autour de la francophonie et des langues de France), l’Éducation nationale (qui a agréé Wikimédia France comme association éducative complémentaire de l’enseignement public), etc. Nous avons donc pu sortir lors de ces dernières années de la sempiternelle question «Wikipédia est-il fiable?» pour approfondir des problématiques plus intéressantes. D’abord questionner la notion d’erreur, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Puis faire passer l’importance de la formation des esprits critiques, de l’apprentissage de la lecture critique d’un article, de la vérification des sources – de la faculté à juger un écrit (que ce soit Wikipédia ou pas) et à moduler sa confiance selon les résultats… Et l’usage que l’on va faire de l’information obtenue. L’éducation voit ainsi Wikipédia comme une porte d’entrée pratique pour former à l’usage des médias. Quel avenir? Au cours de ces 16 années, Wikipédia n’était pas seul. Se sont développés, selon des méthodes de travail semblables, Wikimedia Commons et ses 30 millions d’images librement réutilisables; Wikisource, bibliothèque numérique riche de millions de documents, et un wiktionnaire. Sans oublier Wikidata, qui est sans doute le projet le plus prometteur. Dans un monde de l’Internet qui a besoin d’informations directement utilisables par les programmes, algorithmes et moteurs de recherche, Wikidata propose des informations structurées, comme le meilleur des catalogues de bibliothèques… mais à une tout autre échelle. Ce

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site se trouve donc, sans forcément qu’on s’en rende compte, au centre de la gestion d’information globale de la toile, et donne une autre dimension à Wikipédia. Mais les qualités des projets Wikimédia sont également leurs défauts… ou en tout cas leurs faiblesses dans un monde numérique qui évolue rapidement et où des multinationales hyperpuissantes mènent le jeu. C’est presque un miracle qu’un projet bénévole et amateur comme Wikipédia tienne tout ce temps la dragée haute à des entreprises employant des dizaines de milliers d’ingénieurs pour un chiff re d’affaires dépassant le milliard de dollars. Mieux : que Wikipédia, fidèle à son éthique, continue à mettre librement à disposition ses données à disposition de tous, y compris ceux qui pourraient être ses concurrents directs. Wikidata devient ainsi central dans la gestion de l’information bibliographique pour les bibliothèques… mais aussi pour les entreprises, et au premier rang d’entre elles, Google. Avec le risque notamment que les moteurs de recherche utilisent directement ces données sans renvoyer vers Wikipédia, faisant diminuer l’audience du site participatif et, in fi ne, la bonne volonté de ses utilisateurs. Ceci pose la question de l’avenir de Wikipédia : fêtera-t-on un jour ses trente ans? Peut-être… mais rien n’est moins sûr, dans un monde de l’Internet qui évolue à très grande vitesse. À dire vrai, son futur dépendra directement de la volonté des contributeurs et de celle de la société tout entière de disposer d’un outil tel que celui-ci. Personne ne sait s’il existera encore des personnes désireuses de donner de l’argent pour payer les serveurs et les projets, de donner de leur temps pour s’assurer des relectures et de la chasse au vandalisme. Alors, projet qui restera comme une belle utopie des premières années de l’Internet ou création durable qui sera encore consultée en 2030? L’avenir le dira. En tout état de cause, son existence et son succès incontestable au cours de ces quinze dernières années auront montré la voie à d’autres (Open Street Map2, etc.) et pose la question du statut de ce type de projet. Intellectuels et économistes ont proposé la notion de «biens communs», objets qui bénéficient à tous sans appartenir à personne. La reconnaissance légale et la protection de ces biens communs et en particulier ceux «de la connaissance» a malheureusement été repoussée par le gouvernement actuel malgré plusieurs amendements au projet de loi Lemaire sur le numérique qui faisaient une telle proposition. Mais quel que soit le futur, Wikipédia aura été l’une des épopées intellectuelles majeures de ce début de XXIe siècle – et l’occasion unique pour les chercheurs de diff user leurs recherches directement, en lien avec la société dans toute sa diversité. TH

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1.www.lemonde.fr/pixels/ article/2016/01/19/qu-est-ce-quela-liberte-de-panorama-disposition-controversee-de-la-loi-numerique_4850027_4408996.html 2. http://openstreetmap.fr/ Rémi Mathis, Chargé de cours en histoire et techniques de l’estampe, École Nationale des Chartes La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation. https://theconversation.com/apres16-ans-depopee-intellectuellequel-futur-pour-lencyclopedielibre-53759

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INTERNATIONAL

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Le siège de Changchun : souvenirs d’une famine sous le siège communiste Dans la ville encerclée, la faim avait fait plus de victimes que les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki Jim Liao Époque Times Selon le journal officiel Xinwenhua Bao, le 4 juin 2006, lors de la construction d’un pipeline, un grand nombre de squelettes ont été découverts dans le district de Luyuan de la ville de Changchun. On y lisait que «chaque coup de pelle se butait à des ossements jaunâtres. Après quatre jours d’excavation, des milliers d’os ont été découverts.» Les squelettes mettaient à jour une page sombre de l’histoire chinoise. À la suite de la Seconde Guerre mondiale et de la défaite de l’Empire du Japon, la paix a été brève en Chine. En 1946, après que l’envahisseur étranger eut été chassé du pays, une guerre civile a éclaté. En 1948, le Parti communiste chinois (PCC), en pleine croissance, a renversé les troupes du gouvernement nationaliste envoyées pour sécuriser le nord-est du pays. Une série de défaites des nationalistes a abouti au siège de Changchun, du 23 mai au 19 octobre 1948 – une période pendant laquelle les forces communistes ont coupé tous les approvisionnements de nourriture dans la ville. En même temps, ils ont empêché les civils de quitter la ville assiégée, entraînant la mort de 150 000 à 300 000 personnes, selon les récentes estimations. Le siège de la faim La ville moderne de Changchun, bâtie par des architectes japonais et par la maind’œuvre chinoise, a été encerclée à la suite des défaites des troupes nationalistes au sud-ouest de cette ville. Le 13 mars 1948, ce fut le début de la fin pour les troupes nationalistes lorsque le centre ferroviaire de Siping est tombé aux mains des communistes, coupant les nationalistes de leurs alliés. Les victoires ultérieures des communistes dans la région de la Grande Muraille n’ont fait que sceller le destin de la ville. À la fin du mois de mai, le PCC a coupé les transportations aériennes vers Changchun, confinant la ville à un isolement militaire et économique complet. En juin, les officiers communistes Lin Biao, Luo Ronghuan et Tan Zhenglian ont élaboré leur «stratégie de siège de Changchun», qui consistait à couper tous les liens de transport et de commerce avec le monde extérieur et à arrêter, en particulier, l’approvisionnement en nourriture, en bois de chauffage et autres biens de première nécessité. Cette stratégie a été approuvée par le leader communiste Mao Zedong. Comme les réserves alimentaires dans la ville ne pouvaient durer que jusqu’à la fin du mois de juillet, le dirigeant nationaliste chinois Chiang Kai-shek a ordonné au général Zheng Dongguo, commandant adjoint des forces nationalistes du nord-est, d’évacuer les civils de la ville dès le 1er août. Or, les communistes ont eu vent de ce plan et ont interdit aux civils de quitter la ville à titre de réfugiés – leur présence étant requise pour mettre en œuvre la stratégie de siège. Dans son livre Memoirs of Defeat in War, Duan Kewen, fonctionnaire de la province du Jilin, cite des conversations dont il a été témoin : «Une sentinelle a dit à un réfugié : “N’allez pas plus loin. Si vous le faites, nous devrons vous tuer.” Le réfugié a répliqué :

“Nous sommes tous de simples citoyens, comment pouvez-vous nous faire mourir de faim?” La sentinelle a répondu : “C’est l’ordre du président Mao. Nous n’osons pas lui désobéir.”» Selon Duan, ceux qui avaient tenté de fuir, malgré tout, ont été abattus. À la même époque, on parlait d’un commandant communiste qui a préféré se suicider plutôt que d’être complice des crimes infligés à ses compatriotes innocents. Le 9 septembre, Lin Biao, Luo Ronghuan, Liu Yalou et Tan Zhenglian ont rapporté à Mao : «Le siège a permis d’obtenir des résultats importants, entraînant une pénurie de nourriture grave dans la ville… pour se remplir l’estomac, des résidents mangent les feuilles des arbres et de l’herbe. Beaucoup sont déjà morts de faim.» Ils ont relaté que des réfugiés se mettaient à genoux devant les sentinelles communistes, les priant de les laisser partir, alors que d’autres mouraient devant les sentinelles qui les regardaient sans rien faire. Certains civils leur ont même laissé leurs bébés avant de repartir. D’autres se sont pendus devant les postes de garde. Le 20 octobre, les troupes nationalistes qui restaient à Changchun sous le commandement du général Zheng, se sont rendues. Le PCC s’est vanté d’avoir repris Changchun sans tirer un coup de feu – bien qu’au prix de centaines de milliers de morts de civils. Le journal nationaliste Central Daily News a écrit qu’en quatre mois, soit de la fin juin au début octobre, il y avait eu au moins 150 000 cadavres près du front à Changchun. Shang Chuandao, ancien maire de Changchun, a écrit dans ses mémoires que, pendant le siège, au moins 120 000 personnes étaient mortes de faim ou de maladies. L’enfer sur terre Le général Zheng se rappelle des scènes ayant marqué le mois de juillet jusqu’à la capitulation : Les gens qui sont sortis vivants de Changchun se rappellent «avoir mangé l’herbe et les feuilles des arbres, avoir bu l’eau de pluie qui s’était accumulée dans différents récipients. Et quand cette eau a été toute bue, c’est l’eau recueillie de crânes humains remplis de larves, que nous avons bue». «Chaque jour, le [PCC] annonçait qu’il libérerait ceux qui avaient une arme à feu. Et ceux ayant rendu leurs armes ont effectivement été libérés. Chaque jour, des gens étaient relâchés, surtout des gens riches, qui avaient acheté des armes dans la ville.» Plus tard, la faim a été si sévère qu’elle a engendré le cannibalisme qui est devenu un phénomène courant. Duan Kewen, fonctionnaire de la ville, a relaté qu’il avait entendu que les habitants de Changchun avaient pris d’assaut un magasin où l’on vendait de la viande cuite. Duan a envoyé ses gens enquêter et a découvert que la viande vendue était en fait de la viande humaine. Plus tard, des trafiquants se sont mis à kidnapper des enfants et à les battre à mort. Après leur avoir coupé la tête, les enfants étaient dépecés, hachés et cuits. Duan relate également qu’en raison de la pénurie, sa femme et son fils ont passé quelques jours dans la zone entre la ville et la ligne de front du PCC. Ne pouvant s’échapper, ils sont revenus finalement en ville. Pendant des jours après leur retour,

DOMAINE PUBLIC

Des troupes communistes au cours de la guerre civile en Chine. Ici, des chars de guerre de l’Armée populaire de libération participent à la Campagne Liaoshen qui a conduit au siège de la ville de Changchun en 1948.

ils ont eu tous les deux des problèmes mentaux, ils pleuraient sans cesse. Son fils lui parlait tout le temps des cadavres qu’il avait vus partout avec des ventres gonflés après des jours passés sous le soleil. Témoin de la situation de faim chronique, du cannibalisme et des cadavres couvrant les rues sans avoir droit à un enterrement, le général Zheng a conclu : «Changchun a déjà été une belle ville, mais maintenant elle est dévastée avec des cadavres partout – elle est devenue un enfer sur terre.» Se souvenir du siège Homare Endo, fille de colons japonais, est née à Changchun en 1941. À l’âge de 7 ans, elle a vécu le siège au cours duquel ses frères aîné et cadet sont morts de faim. Plus tard, elle a été aussi témoin de la folie de différentes campagnes politiques à la suite de la prise de pouvoir du PCC. En 1953, Homare Endo et sa famille sont retournées au Japon. En 1984, elle a publié un livre intitulé Qiaz : [«no-man’s land» autour de Changchun] No Escape from the Great Earth. En août 2016, dans une entrevue accordée à Voice of America, Mme Endo se souvient : «La faim nous a contraints à manger des grains de distillation, puis nous avons commencé à manger des légumes sauvages, des feuilles d’orme et des écorces d’arbres. Partout, des corps morts jonchaient les rues et on voyait des chiens les dévorer.» Un passage du livre décrit comment Homare Endo a conduit les 90 Japonais qui restaient encore à Changchun vers la zone «qiazi», qui était bouclée par deux rangées de fils barbelés. Comme des cadavres en décomposition et desséchés jonchaient la zone, ils ont tenté de trouver un espace propre pour dormir. Toutefois, à leur réveil, ils ont constaté qu’ils avaient dormi sur des corps morts, qu’ils étaient entourés de cadavres et de réfugiés. L’ouvrage de Mme Endo ne peut être publié en Chine. Presque tous les éditeurs ont refusé de publier son livre pour la même raison : le sujet est trop «sensible». En 2014, ce livre a cependant été traduit en mandarin et publié à Taiwan. En août 2016, le livre a été publié en anglais sous le titre

de Japanese Girl at the Siege of Changchun. Dans l’entrevue à Voice of America, Mme Endo a déclaré : «Je suis redevable à la Chine pour m’avoir élevée. Et comme je porte toujours cette souffrance indicible, je veux faire connaître la vérité, pour qu’on se souvienne de “qiazi” et aider les âmes de ceux qui y sont morts. Les Chinois ont le droit de connaître la vérité de cette page d’histoire et d’en tirer une leçon.» En 1989, Zhang Zhenglong, colonel chinois à la retraite, a publié le livre White Snow, Red Blood consacré au siège de Changchun. Le livre décrit en détail l’enrôlement forcé et les morts massives à la suite de la famine. Une fois publié, ce livre a créé un émoi et a été vendu à 100 000 exemplaires. Or, peu de temps après, le livre a été interdit en Chine parce qu’il «honorait» le dirigeant nationaliste Chiang Kaishek et contenait une «inexactitude» sur le général Lin Biao, officiellement considéré comme un traître du Parti. Par conséquent, Ma Chengyi, l’éditeur du livre, a été emprisonné pendant 23 jours et le colonel Zhang pendant un mois. En 2002, le livre a été publié à Hong Kong. Le livre Mao : The Unknown Story de Jung Chang et Jon Halliday cite les paroles de Su Yu, général communiste de haut rang, qui explique que la famine des civils n’était en fait qu’une tactique pour forcer les nationalistes à se rendre à Changchun et que «le modèle de Changchun» a été reproduit dans «plusieurs autres villes». Plus tard, après que le PCC a pris le pouvoir, les politiques économiques et sociales qui servaient les intérêts du PCC ont conduit à la Grande famine en Chine – la famine la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. Dans son livre Changchun Hunger Siege, l’auteur et cinéaste chinois Du Bin parle de Wang Junru, un vétéran de 76 ans qui était parmi les 100 000 soldats communistes qui assiégeaient Changchun à l’époque. Wang regrettait d’avoir suivi les ordres du PCC en tuant des centaines de milliers de réfugiés. Quant à la raison pour laquelle le PCC avait affamé ces gens jusqu’à la mort, Wang a confié au New York Times : «Nous avions reçu l’ordre que [les réfugiés] étaient nos ennemis. Ils devaient donc mourir.»

Extrait des Neuf commentaires |

Éditorial

Depuis la publication des Neuf commentaires sur le Parti communiste en novembre 2004 par le Dajiyuan (édition chinoise d’Époque Times), plus de 271 445 000 personnes ont démissionné du Parti communiste chinois (PCC) et de ses organisations. Nous republions donc ces commentaires ayant déjà une portée historique. Leur intégralité est disponible sur le site [www.epoquetimes.com].

Quatrième commentaire LE PARTI COMMUNISTE EST UNE FORCE QUI S’OPPOSE À L’UNIVERS I. COMBATTRE LES GENS ET ÉLIMINER LA NATURE HUMAINE 1. L’inversion du juste et du faux élimine l’humanité (suite) Depuis les temps anciens, les gens croient que les récompenses proviennent de l’effort et du travail. En travaillant durement, on peut trouver la prospérité. Les gens méprisent la paresse et croient qu’il est immoral de récolter des bénéfices sans travailler. Le communisme s’est répandu à travers la Chine comme un fléau et, sous les encouragements du PCC, les rebuts du genre humain et les désœuvrés se sont partagés les terres, ont volé les propriétés privées, tyrannisé les hommes et les femmes. Cela s'est fait ouvertement et au nom de la loi. Chacun sait qu'il est bon de respecter les aînés et de s’occuper des plus jeunes, que manquer de respect envers les aînés et les professeurs est mal. L’ancienne éducation confucianiste comportait deux parties : xiao xue (la petite étude) et da xue (la grande étude). On recevait l’éducation xiao xue avant l’âge de quinze ans. Elle était

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centrée sur les bonnes manières, la propreté, les relations sociales et l'étiquette (c'est-à-dire, l'hygiène, le comportement en société, l'expression orale, etc.) L’éducation da xue mettait l’accent sur la vertu et le chemin pour atteindre le Tao1. Lors des campagnes du PCC contre Lin Biao2 et Confucius, le Parti a dénoncé le respect porté aux professeurs et a éliminé de l’esprit des plus jeunes générations tous les enseignements moraux. Un proverbe ancien dit : «Maître d’un jour, père de toute la vie». Le 5 août 1966, Bian Zhongyun, une enseignante d’un lycée de filles affilié à l’Université normal de Pékin, a été contrainte par ses étudiantes à défiler dans la rue au son de tambours faits de poubelles. Elle portait un bonnet de cancre, des habits souillés d’encre noire et avait une ardoise noire couverte d'insultes pendue à son cou. On l'a forcée à s’agenouiller, battue à coup de bâton clouté et brûlée avec de l’eau bouillante. Elle est morte sous la torture. La directrice du lycée affilié à l’Université de Pékin s'est vue forcée par des étudiantes à frapper un lavabo cassé en criant «je suis un

mauvais élément!». On a coupé ses cheveux de manière hirsute pour l’humilier. Alors qu'on la forçait à ramper par terre, elle a été frappée sur la tête jusqu’à ce qu'elle saigne. Chacun pense qu’il est bon d'être propre et mal d'être sale. Mais le PCC encourage à «se vautrer dans la boue et à se couvrir les mains de cals», il soutient qu’il est bien que les gens aient «leurs mains noires et que la bouse colle à leurs pieds»3. De telles personnes étaient considérées comme les plus rouges des révolutionnaires, ils pouvaient aller à l’université, devenir membres du Parti, obtenir des promotions et finalement devenir leaders du PCC. L’humanité a progressé grâce à l’accumulation de connaissances, mais acquérir des connaissances était mal considéré sous le PCC. Les intellectuels étaient classés dans «la neuvième catégorie puante» – la pire sur une échelle de un à neuf. On ordonnait aux intellectuels de se mettre à l’école des illettrés, ils devaient être rééduqués par des paysans pauvres avant de pouvoir recommencer une nouvelle vie. Dans le but de poursuivre la rééducation des intellectuels, des professeurs de l’université de Tsinghua (Qinghua) ont été exilés sur l’île de Carp à Nanchang dans la province de Jiangxi. La bilharziose4 était une maladie courante dans cette région, à tel point qu'un

camp de travail de la région a été déplacé. Les professeurs ont été infectés après avoir été en contact avec l’eau de la rivière et ont développé des cirrhoses du foie, perdant ainsi toute capacité à travailler et à vivre. Le Parti communiste cambodgien (les Khmers rouges), encouragé par l’ancien premier ministre Zhou Enlai, a persécuté les intellectuels avec une cruauté inimaginable. Toute personne ayant une pensée indépendante devait être réformée et détruite autant spirituellement que physiquement. De 1975 à 1978, un quart de la population cambodgienne a été tué, certains simplement à cause de marques laissées par une paire de lunettes sur leur visage. Après la victoire du communisme au Cambodge en 1975, Pol Pot a commencé à installer le socialisme de manière prématurée – «un paradis dans la société humaine» – qui promouvait une société sans classe, sans différence entre la campagne et la ville, sans monnaie et sans échanges commerciaux. Finalement, la structure familiale a éclaté et a été remplacée par des équipes de travail d'hommes et des équipes de travail de femmes. Tous étaient obligés de travailler, de manger ensemble et de porter le même uniforme révolutionnaire noir ou l’habit militaire. Les maris et les femmes ne pouvaient se ren-

contrer qu’une fois par semaine à condition d'en avoir l'autorisation. 1. D'après Zhu Xi ou Chu Hsi (11301200), aussi connu sous le nom de Zhuzi ou Chu-tzu, érudit néo-confucéen de la dynastie Song, l'éducation élémentaire traite du bon comportement à avoir et les études supérieures développent les principes qui sous-tendent ces comportements. Source: Conversations de Maître Zhu (Zhu Zi Yu Lei), Volume 7 (1er Enseignement). 2. Lin Biao (1907-1971), un des hauts dirigeants du PCC. Il a servi sous Mao Zedong en tant que membre du Politburo chinois, en tant que vice-président (1958) et ministre de la Défense (1959). Lin est considéré comme l’architecte de la Révolution culturelle en Chine. Il a été désigné comme successeur de Mao en 1966, mais il est tombé en disgrâce en 1970. Pressentant sa chute, Lin se serait impliqué dans un coup d’État et a essayé de fuir vers l’URSS une fois le complot démasqué. Lors de sa tentative pour échapper aux poursuites judiciaires, son avion s’est écrasé en Mongolie, provoquant sa mort. 3. Mao Zedong, Mao Tse-Toung, sur la littérature et l’art, Éditions en langue étrangère, Pékin, 1967, p. 8. 4. Maladie qui est provoquée par des vers parasites. On peut en être infecté au contact de l’eau courante contaminée. Les symptômes typiques sont, entre autres, la fièvre, des frissons, des quintes de toux et des douleurs musculaires. Dans les cas plus sérieux, la maladie peut affecter le foie, les intestins, les poumons et la vessie, même, en de rares occasions, provoquer des crises d’épilepsie, la paralysie ou l'inflammation de la moelle épinière.

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Au-delà de la science

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Ressemblances entre les calendriers maya et chinois : contacts précolombiens? Tara MacIsaac Époque Times Dans Au-delà de la science, Époque Times explore les recherches et les récits examinant les phénomènes et les théories qui posent un défi aux connaissances actuelles. Nous nous penchons sur les idées stimulant l’imagination et ouvrant de nouvelles possibilités. Partagez vos idées avec nous sur ces sujets, parfois controversés. Les anciens systèmes calendaires maya et chinois partagent de nombreuses similarités. Il est peu probable qu’ils se soient développés indépendamment, selon David H. Kelley, maintenant décédé, dont l’article sur le sujet a été publié après sa mort. M. Kelley était un archéologue qui avait étudié à Harvard et un épigraphiste de l’Université de Calgary au Canada. Il est devenu célèbre dans les années 1960 pour son importante contribution dans le domaine du déchiffrage de l’écriture maya. Son article, intitulé Asian Components in the Invention of the Mayan Calendar [Composantes asiatiques dans l’invention du calendrier maya], a été écrit il y a 30 ans, mais n’a été publié que récemment et pour la première fois dans le journal Pre-Columbiana. En 1980, un important journal scientifique avait convoité l’article, explique le Dr Stephen Jett, éditeur de Pre-Columbiana, mais «les éditeurs l’ont rejeté comme étant trop documenté pour le format limité du journal; nous comprenons donc que pour un effort si révolutionnaire, Dave n’ait pas voulu raccourcir la documentation et ne l’ait jamais publié ailleurs». Avant de mourir, M. Kelley a donné la permission au Dr Jett de le publier après sa mort. L’hypothèse présentée par Kelley est controversée. Il affirme que les calendriers indiquent un contact entre l’Eurasie et la Mésoamérique il y a plus de 1000 ans, ce qui est en contradiction avec la compréhension archéologique établie selon laquelle un tel contact n’est arrivé que depuis quelques centaines d’années. M. Kelley a soutenu en général la théorie controversée d’un contact transatlantique précolombien. Il s’agit d’une théorie ayant de nombreux autres partisans académiques, et sur laquelle se spécialise Pre-Columbiana. Les similarités entre les systèmes calendaires ne sont qu’une petite partie d’un ensemble de preuves témoignant d’un contact précolombien. M. Kelley n’est pas le seul à avoir remarqué les similarités entre les systèmes calendaires. Mais étant donné son autorité comme expert de l ’ histoire maya, son analyse est un pilier sur lequel baser des recherches plus approfondies. Un aut re chercheur, qui a par coïncidence le même nom mais pas le même deuxième prénom [son nom entier, David B. Kelley, sera utilisé pour éviter la confusion dans cet article; «Kelley» sera uniquement utilisé pour se référer à David H. Kelley], a utilisé un programme informatique pour analyser plus en profondeur les similarités entre les deux systèmes calendaires. David B. Kelley est un linguiste de l’Extrême-Orient de l’université pour femmes de Showa à Tokyo. Son article, intitulé Comparing Chinese and Mesoamerican Calendar Dates, a également été publié dans une édition récente de Pre-Columbiana. Les similarités Dans les deux systèmes calendaires, les jours sont associés à différents éléments et animaux (l’eau, le feu, la terre et ainsi de suite). Bien que les associations entre les deux systèmes ne correspondent pas parfaitement, elles concordent fréquemment. Certaines des différences peuvent être expliquées par des changements advenus au fil du temps; la même racine de système calendaire pourrait avoir été modifiée de différentes façons par chaque culture. Nous allons explorer seulement quelques-unes des similitudes mentionnées par Kelley et David B. Kelley comme exemples. Les animaux Les mêmes jours dans les calendriers maya et chinois sont associés au cerf,

au chien et au singe. D’autres jours se recoupent également étroitement, bien que la correspondance ne soit pas exacte. Par exemple, un jour est associé au jaguar dans le calendrier maya, mais au tigre dans le chinois. Un autre jour est associé au crocodile dans le calendrier maya, mais au dragon dans le calendrier chinois. Les associations peuvent être essentiellement les mêmes, bien que des manifestations peuvent différer en fonction de la faune locale ou des connaissances traditionnelles. Les animaux domestiqués de l’Ancien Monde comme le cheval, le mouton, la vache et le cochon sont également absents du calendrier maya. Un autre exemple des similarités entre les calendriers mésoaméricain et chinois est le symbolisme combiné du lapin et de la lune. «Le 8 e jour aztèque, le Lapin, était gouverné par Mayauel, déesse de la lune et de la boisson de cactus, le pulque», écrit Kelley. Les représentations du lapin et de la lune sont vues pour la première fois en Mésoamérique vers le VIe siècle. «Des images du lapin et de la lune broyant les herbes pour la préparation de l’élixir d’immortalité sont des classiques chinois, d’abord apparus pendant la dynastie Han au premier siècle avant J.-C. ou un peu avant.» «Les noms des animaux dans le système calendaire maya […] sont clairement dérivés de la forme prototypique d’une liste eurasienne étendue», conclut Kelley. Le système chinois correspond également à cette liste eurasienne. À travers l’Ancien Monde, les systèmes calendaires étaient entremêlés. Kelley a d’abord pris comme exemple les systèmes grec, indien et autres pour montrer comment les calendriers de différentes cultures ont des racines similaires, mais prennent des formes légèrement différentes. Cela l’a aidé à comprendre les similarités entre les calendriers chinois et maya et de supposer qu’ils ont tous les deux finalement la même source, qu’ils ne se sont pas développés indépendamment. Cela a aussi montré que là où les éléments du calendrier maya divergent du calendrier

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ment admis qu’il ait commencé le 11 août 3114 av. J.-C. En se basant sur cette présomption, David B. Kelley a trouvé neuf correspondances entre les deux systèmes, durant chaque période donnée de 60 jours, toutes liées à des noms de jours et à des associations avec des animaux. Il a ensuite essayé de nouveau en modifiant légèrement la date de départ. Lorsqu’il l’a déplacée de quatre jours, au 7 août 3114, les correspondances se sont accrues de 9 à 30 pour chaque période

Le symbol isme et les associations ne sont pas une science exacte Kelley a eu l’éprouvante tâche de mettre de l’ordre dans l’amoncellement des associations ayant été altérées au fil du temps. Il a donné quelques exemples de la façon dont les associations qui ne semblent pas, à première vue, correspondre entre elles pourraient avoir une certaine relation. Par exemple, une liste maya pipil du Guatemala place la Tortue à la 19e position; une liste malaise classe également la Tortue en 19 e position. D’autres listes mayas et aztèques classent la Tempête Orageuse en 19e position. Une liste hindoue place la Chienne à la 19e – David H. Kelley, archéologue position. «Les correspondances de la Temdonnée de 60 jours, et ces correspon- pête Orageuse, de la Chienne et de la dances incluaient les éléments. Tortue seraient normalement consiL’exactitude de sa comparaison a cer- dérées comme différentes», écrit Keltaines limites, mis à part le changement ley. «Cependant, la déesse du 19e jour de date de départ. Denis Elliott a pré- aztèque est Chantico, une déesse du venu que son programme deviendrait feu, transformée en chien par les autres de moins en moins précis en continuant dieux.» «Le concept de la Tempête Orageuse de remonter le temps pour analyser des données. se retrouve en Asie dans les zones d’inDavid B. Kelley écrit pourtant : «Mal- f luence bouddhiste et on la retrouve gré l’absence de correspondance solide, également au Mexique. Un manuscrit la possibilité d’une certaine forme de tibétain montre en fait une Chienne de relation systématique entre certains l’Orage assise sur une tortue, rassemnoms de jours mésoaméricains, ainsi blant ainsi correctement les concepts que pour les tiges célestes chinoises [élé- associés à la 19 e position des listes ments] et les branches terrestres [asso- d’animaux. Le Codex Maya de Madrid ciations animales] est pour le moins dépeint également un chien assis sur intéressante.» une tortue – une étrangeté biologique.» «S’il peut en effet être démonEn plus des associations d’animaux tré qu’il y a un degré raison- et d’éléments, Kelley et David B. Kelnable de pertinence pour ley ont tous deux remarqué des simil’idée que le système larités linguistiques entre les noms de calendaire mésoaméri- jours, entre autres preuves. cain puisse être relié, David B. Kelley écrit : «Un des aspects même d’une façon les plus intrigants d’une comparaison mineure, au système des systèmes numériques mésoaméricalendaire chinois, cains et chinois repose sur la linguisalors une occa- tique. Il peut être démontré que les sion de mesurer mots ref létant des ordres vicésimaux les calculs calen- de magnitude dans certains dialectes daires mésoaméri- mayas et les mots reflétant des ordres cains en se basant décimaux de magnitude dans certains sur un système dialectes chinois sont presque interconnu (c.-à-d., le changeables.» chinois) devient «À mon avis, les correspondances disponible», a-t-il dont j’ai parlé indiquent bien qu’il y déclaré. a eu contacts culturels d’une certaine Cela ne va pas forme entre le peuple d’Eurasie et des sans mentionner habitants de l’ancien Guatemala ou du les implications d’un Mexique, à proximité», conclut Kelley. ancien contact entre Il présume qu’un tel contact aurait pu le Nouveau et l’Ancien se dérouler vers le premier ou le second Monde. siècle avant J.-C. Il concède que ses conclusions sont «discutables, mais ce sont les La roue du zodiaque meilleures soluchinois, comprenant tions que j’ai pu des symboles des cinq trouver.»

« Les anciens systèmes calendaires maya et chinois partagent de nombreuses similarités. Il est peu probable qu’ils se soient développés indépendamment. »

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éléments.

chinois, ils peuvent toujours s’aligner avec d’autres systèmes eurasiens, soutenant la théorie d’un contact précolombien. Les éléments David B. Kelley a utilisé le programme informatique InterCal, développé par l’astronome de Caltech Denis Elliott, pour trouver des correspondances entre les associations des jours mayas et les éléments chinois du feu, de l’eau, de la terre, du métal et du bois. Au début, il n’a pas trouvé de correspondances pour ces éléments, bien qu’il ait trouvé des corrélations dans les associations animales comme l’avait fait Kelley. Mais lorsqu’il a légèrement modifié les paramètres de sa comparaison, il a trouvé bien plus de chevauchements. Une mise en contexte est nécessaire ici. La date de commencement du calendrier maya a fait l’objet de débats. Personne ne sait avec certitude quand il a commencé, bien qu’il soit communé-

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Environnement

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Les papillons sont des pollinisateurs sauvages qui rendent des services écologiques essentiels et permettent la fructification de nombreuses espèces cultivées.

Se départir des pesticides dont nous n’avions pas voulu…

DANIEL TOBIAS/ASSOCIATION CANADIENNE DES MÉDECINS POUR L’ENVIRONNEMENT

Les colonies d’abeilles sauvages et domestiques connaissent un brusque déclin depuis la fin des années 1990. Bien que les causes soient multifactorielles (perte d’habitats, parasites, changement climatique, etc.), l’exposition à des pesticides systémiques tels que les néonicotinoïdes ne favorise assurément pas leur survie. ISABELLE MARTINEAU

Frédérique Binette Époque Times Jugés moins nocifs pour la santé humaine que d’autres pesticides tel le DDT, les néonicotinoïdes sont une classe d’insecticides qui ont graduellement envahi les champs du monde entier à partir du milieu des années 1990. Au Québec, ils ont fait leur entrée il y a près de 10 ans, entre autres, par l’enrobage de semences, majoritairement de maïs et de soya, deux cultures importantes dans le sud de la province. Toutefois, ces semences de maïs traitées seraient entrées au pays incognito : «Elles viennent principalement des ÉtatsUnis où ils les enrobent systématiquement. Les agriculteurs n’étaient pas au courant. [S’ils l’avaient su], en général, ils n’auraient pas demandé d’avoir une semence traitée», explique Mme Labrie, entomologiste et chercheure au Centre de recherche sur les grains (CÉROM). Par ailleurs, étant considérées au sens de la loi comme des semences et non comme des pesticides, les semences traitées aux néonicotinoïdes n’ont pas été inscrites au registre des pesticides du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) et les néonicotinoïdes n’ont été inclus qu’en 2011 dans les analyses des cours d’eau au Québec. «Les autorités n’avaient pas idée qu’on avait autant de pesticides qui entraient au pays», relate Mme Labrie. Effets sur la faune et la santé humaine Or, persistants dans le sol et facilement lessivés, les néonicotinoïdes rejoignent vite les cours d’eau d’ici et d’ailleurs. «Que ce soit ici au Québec, en Ontario, dans les Prairies canadiennes ou bien aux Pays-Bas et en Asie, les tests ont montré les mêmes résultats, c’est près de 100 % des cours d’eau qui sont contaminés», soutient Mme Labrie. Étant des pesticides dits «systémiques», les néonicotinoïdes appliqués sur la semence migrent dans toutes les parties de la plante et ont des effets neurotoxiques sur les insectes qui s’en nourrissent, qu’ils soient bénéfiques ou non. Par ailleurs, cette catégorie de pesticides étant très toxique, le critère de qualité de l’eau pour la protection des espèces aquatiques très bas et, de ce fait, facilement dépassé. En additionnant les concentrations de deux types de néonicotinoïdes ayant des propriétés similaires, ce sont 99,1 % des échantillons d’eau prélevés de quatre rivières à dominance agricole qui ont dépassé le critère en 2014, selon un rapport du MDDELCC. Étant particulièrement sensibles, les abeilles et les pollinisateurs indigènes ne sont pas épargnés par ce produit neurotoxique : «Les pollinisateurs sont réputés pour être des bons bio-indicateurs parce qu’ils n’ont pas tout à fait [le métabolisme] pour se détoxifier des pesticides [auxquels ils sont exposés]», explique Mme Labrie. La hausse du taux de mortalité des colonies d’abeilles mellifères observée depuis plus d’une décennie dans les pays industrialisés ne serait pas étrangère à l’introduction des néonicotinoïdes dans les champs de grandes cultures, selon un rapport de la Fédération des apiculteurs du Québec. Au Québec, leurs risques d’intoxication sont particulièrement importants lors de la mise en terre des semences enrobées, car des particules d’insecticides sont libérées dans l’air et constituent une voie supplémentaire d’exposition pour ces butineurs, peut-on lire dans un rapport d’Olivier Samson-Robert et ses collaborateurs, publié en 2014. Au Québec, l’ennemi se fait plutôt rare Toutefois, il semble qu’au Québec, l’usage de cet insecticide en enrobage de semence ne soit, pour la plupart des sites, pas indispensable : «Le ver fil-de-fer, l’insecte pour lequel on utilise les semences traitées n’est, la plupart du temps, pas présent dans les champs de grandes cultures», explique Mme Martineau, agronome pour le club-conseil Gestrie-Sol, en Montéré-

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« [Si les agriculteurs l’avaient su], en général, ils n’auraient pas demandé d’avoir une semence traitée. »

Préparation de nichoirs à pollinisateurs lors du Jour de la terre 2016

– Geneviève Labrie, entomologiste et chercheure au CÉROM ISABELLE MARTINEAU

accompagnées ont plus que doublé, passant de 14 % à 36 %, selon cette dernière. Et le projet s’est mérité en avril dernier le prix Agristar dans la catégorie «Bon coup de l’agroenvironnement» de l’Union des producteurs agricoles de la Montérégie.

La réglementation Les néonicotinoïdes ont fait l’objet d’un moratoire qui s’est terminé l’an dernier en Union européenne. Du côté du Canada, Le compagnonage entre le champs de maïs et des plantes l’Agence de réglementation de sauvages, telle que la verge d’or, favorise la biodiversité. lutte antiparasitaire (ARLA) a proposé de retirer, sur la base de l’impact sur la faune aquagie. C’est à ce même constat que six années tique, un des trois néonicotinoïdes, soit de recherche au cours desquelles près de l’imidaclopride. 800 sites ont été dépistés ont abouti : «On Du côté d’Équiterre, la prudence est de a pu démontrer qu’on a à peu près 3,7 % mise : «Nous préférons attendre les décides terres agricoles dépistées au Québec en sions finales avant de crier victoire puisque grandes cultures qui ont assez d’insectes la décision, sans être renversée, pourrait pour justifier l’utilisation de ces traite- être diluée. Et d’autre part, il est quesments de semences», soutient Mme Labrie. tion d’élimination de l’insecticide sur Alors, pourquoi utiliser ces semences? une période de 3 à 5 ans, alors que pour «Il a été beaucoup véhiculé que, comme nous, ce délai est trop long. Les impacts une assurance tous risques, l’enrobage de sont suffisamment importants et démonnéonicotinoïdes protège le potentiel de ren- trés pour justifier une action réglementaire dement», explique Mme Labrie. Toutefois, rapide», soutient Mme Nadine Bachand, «dans les 68 essais qu’on a faits de façon chargée de projet sur les pesticides et proscientifique, globalement, nous ne l’avons duits toxiques. pas constaté. Quand il y a beaucoup d’inCar bien que leur usage ne soit pas dans sectes, le traitement insecticide est effi- tous les cas justifié, leur retrait complet cace, mais nous n’avons pas observé de suscite la polémique : «Ce retrait de l’imigains de rendement par l’utilisation [pro- daclopride au niveau canadien n’est pas phylactique] de traitements insecticides», encore entériné, mais a été proposé et soupoursuit la chercheure. lève beaucoup d’objections, même au Québec. Parce que, par exemple, l’imidacloUne utilisation plus judicieuse pride est très utilisée dans la culture du Alors que l’utilisation systématique des canola. Or, pour certaines régions, sans néonicotinoïdes a conduit à une contami- enrobage de semences, le canola est comnation globale de l’environnement, la stra- plètement ravagé par les altises. En Europe, tégie de lutte intégrée contre les insectes c’est ce qui est arrivé avec le moratoire, il y en grandes cultures semble parallèlement a des endroits où ils ont perdu carrément gagner du terrain : «Il s’agit d’utiliser tous tous les champs de colza. De là la diffiles moyens dont on dispose pour lutter culté du processus d’évaluation, de tenir contre un organisme nuisible. Dans ce cas, compte de la réalité de tous les producon essaie de développer des méthodes plus teurs», explique Mme Labrie. préventives, physiques, biologiques, etc. En Ontario, dans le but de protéger les Les pesticides devraient arriver en toute pollinisateurs, une réglementation sur la fin dans la boîte à outils des producteurs», explique Mme Labrie. C’est aussi l’avis d’Isabelle Martineau, agronome du club-conseil Gestrie-Sol en Montérégie qui offre un service d’accompagnement en agroenvironnement. Tentant de conjuguer la rentabilité économique avec la protection de l’environnement, la jeune femme travaille en collaboration avec les municipalités, les agriculteurs et les organismes environnementaux pour trouver les compromis qui servent le mieux l’intérêt collectif. C’est ainsi que la réduction de l’usage des néonicotinoïdes fut intégrée à un projet de protection de la biodiversité : «Les projets sur la biodiversité peuvent englober large : la lutte contre l’érosion, la qualité de l’eau, la lutte aux espèces exotiques envahissantes, la protection des pollinisateurs. Et pour les pollinisateurs, on va à la fois améliorer leurs habitats et réduire les pesticides», explique Mme Martineau. Pour y arriver, «il faut rassurer les agriculteurs, faire du dépistage, évaluer la qualité de leur levée, leur démontrer qu’ils n’ont pas d’insectes au sol, que [les semences non traitées] fonctionnent, que ça ne fait pas de dommage à leur maïs même s’ils se privent d’un insecticide qui est vendu un peu comme une sécurité», soutient l’agronome. «Et tout cela porte fruit. On a produit des cartes où étaient montrées les superficies de champs sans pesticide et il y a eu un effet d’entraînement intéressant. Des agriculteurs se sont dit : “si mon voisin l’a fait, moi aussi je vais le faire”», explique Mme Martineau. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2015-2016 les superficies sans pesticides d’entreprises

vente et l’utilisation de semences traitées aux néonicotinoïdes est entrée en vigueur en juillet 2015 et s’avère très restrictive : la province a visé une réduction de 80 % des superficies de maïs et soya traitées pour 2017. Quant au Québec, la loi qui devait être proposée en 2017 se fait toujours attendre, mais il est prévu que, sans en bannir complètement l’usage, les néonicotinoïdes devront faire l’objet d’une prescription d’un agronome pour pouvoir être utilisés. Ils devront aussi être inclus au registre des pesticides du MDDELCC. La voie du milieu Pourrait-on se départir complètement des pesticides? «Si on regarde les agriculteurs bio qui déjà n’utilisent aucun pesticide ni semences traitées, on peut voir que des alternatives existent et que d’autres modes de cultures sont possibles», souligne Mme Bachand. En effet, il ne fait plus de doute que l’agriculture biologique est plus respectueuse de l’environnement que l’agriculture conventionnelle, de par son plus haut taux de matière organique au sol, les plus faibles risques d’érosion et de contamination de l’eau par les pesticides, l’amélioration de la biodiversité, les moindres émissions de gaz à effet de serre, etc., peut-on lire sur le site du Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB) de Victoriaville. Quant à l’agriculture conventionnelle, tout effort pour réduire son impact sur l’environnement peut aussi être salué : «Dès qu’on s’est rendu compte qu’il y avait une utilisation qui était systématique, on s’est mis à aller chercher des connaissances, on a publié le Guide d’identification des ravageurs de sol, plusieurs conférences furent données, il y a eu une mobilisation, je dirais. C’est beaucoup d’argent investi et plusieurs années de recherche pour arriver à la stratégie de lutte intégrée. Même si le gouvernement arrive avec une législation, nous avons des outils en place ou qui vont être bientôt prêts pour aider les producteurs à faire face à ce qui s’en vient», conclut la chercheure.

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Vivre

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Le sport : plus qu’un jeu, c’est une école de vie Les nombreuses leçons de vie par le sport Conan Milner Époque Times Réfléchissez sur le stéréotype de l’athlète idiot : il met tant d’effort pour sculpter son corps qu’il n’a plus de temps pour développer son esprit. Pourtant, des recherches nous révèlent que la manière dont nous traitons notre corps affecte directement notre esprit. Selon un rapport de 2013 du Institute of Medicine, il est prouvé que les enfants qui ont une activité physique régulière ont une meilleure santé mentale et physique. «L’activité physique est associée à une diminution de tissus adipeux, à une force musculaire plus grande, à des os plus forts, à des améliorations du métabolisme et de la santé du système cardiovasculaire, mais aussi à l’amélioration de la santé mentale en réduisant et prévenant des états d’anxiété, de dépression et en améliorant l’estime de soi», indique le rapport. Une autre étude de l’Université du Kansas a montré que les étudiants du secondaire qui pratiquaient des activités sportives étaient meilleurs dans tous les sujets académiques et étaient plus susceptibles de terminer leurs études que leurs pairs non sportifs. Selon les chercheurs, ce n’est pas que les athlètes sont plus intelligents, c’est parce qu’ils sont plus motivés – c’est le résultat des leçons de vie apprises sur le terrain. Leçon 1 : Apprendre la détermination et l’engagement Faire du sport vous aide à découvrir ce que signifie faire de son mieux – autant pour vous-même que pour votre équipe, selon l’athlète olympique américaine Alexandra Allred devenue auteure. «Vous prenez un engagement envers vous-même parce que vous voulez savoir jusqu’où vous pouvez aller et vous maintenez vos performances pour que votre équipe puisse passer au niveau suivant», précise-t-elle. Alexandra est devenue la première championne féminine américaine de bobsleigh et a été nommée l’athlète de l’année par le Comité olympique américain en 1994, elle était alors enceinte de quatre mois. Elle a ensuite obtenu un quatrième grade de ceinture noire et a été citée dans le magazine Sports Illustrated pour sa performance en football professionnel féminin. Elle est une grande adepte de la forme physique. Elle enseigne, entre autres, le kickboxing, les arts martiaux, l’autodéfense et la méthode Pilates au gymnase local et dans un collège près de Dallas, au Texas. Toutefois, lorsqu’il s’agit de compétition, la bonne forme physique n’est qu’un avantage accessoire. La leçon la plus importante qu’enseigne la compétition c’est l’engagement, assuret-elle. «Si vous avez un coéquipier qui donne tout ce qu’il a, mais n’arrive toujours pas à ses objectifs, c’est bien, même s’il finit dernier», ajoute-t-elle. «L’équipe vous en veut seulement quand ils savent que vous auriez pu faire plus, mais que vous avez renoncé.» «S’entraîner physiquement avec constance et détermination peut engendrer l’estime de soi, la confiance et le sens de l’indépendance, même si votre corps est loin d’être parfait», souligne Alexandra. «Je m’entraîne avec une femme qui a la moitié d’un poumon. J’ai un autre client qui a le cancer. Je leur répète : “C’est exactement ce dont vous avez besoin quand vous êtes triste et mélancolique”», pré-

GRACIEUSETÉ D’ALEXANDRA ALLRED

L’athlète olympique américaine et auteure Alexandra Allred (à gauche), puis Alexandra plongeant d’un quai.

cise-t-elle. «Au gymnase, il y a plein de gens qui ont de très bonnes intentions, beaucoup d’énergie et beaucoup d’espoir.» Leçon 2 : Surmonter les difficultés Robert Herbst était autrefois un adolescent maigrichon avec une scoliose si sévère que ses médecins lui avaient conseillé de ne jamais soulever quoi que ce soit de lourd. Il n’a pas écouté. Il a persisté et est devenu 18 fois champion du monde et 32 fois champion national d’haltérophilie. Aujourd’hui, M. Herbst, 59 ans, est avo-

«Cela enseigne que vous n’avez pas à donner votre maximum, puisque vous allez obtenir quelque chose de toute façon», déplore Alexandra. Leçon 3 : Démontrer un bon esprit sportif La compétition peut nous motiver à faire de notre mieux, mais les choses peuvent mal tourner quand gagner devient plus important que de bien jouer. L’été dernier, M. Herbst a supervisé le dépistage des substances interdites aux Jeux olympiques de Rio. «Quand les athlètes ne respectent plus les règles, le sport perd sa valeur fondamentale et son essence», indique-t-il. «Le désir de gagner peut devenir si fort qu’il peut embrouiller notre jugement», précise Vassilis Dalakas, professeur de marketing sportif à l’Université de l’État de Californie à San Marcos. Dans l’une de ses études, il a constaté que les partisans insistent sur le fait qu’un produit est meilleur quand il est associé à leur équipe pré-

La défaite nous fait voir ce que nous devons changer ou améliorer pour faire mieux la prochaine fois. cat à New York, mais il s’entraîne toujours avec rigueur et se surpasse. «Je ne suis pas aussi bon qu’avant, mais j’aime toujours tester mes capacités», dit-il. «J’ai toujours la passion.» Pour M. Herbst, le sport offre des leçons importantes qui s’étendent bien au-delà du gymnase. «Cette même rigueur, énergie et préparation que vous apprenez se transposent dans le reste de votre vie», souligne-til. Par exemple, dans le sport et dans la vie, aff ronter un compétiteur vous pousse à vous améliorer. Votre adversaire peut avoir l’avantage – de meilleurs joueurs, de meilleurs entraîneurs et entraînements –, mais il est toujours possible de surmonter les obstacles quand vous donnez tout ce que vous avez. Comparez cette leçon avec l’enfant qui obtient un prix de participation. L’intention derrière les prix de participation est bonne, mais ils créent des attentes qui ne sont pas réalistes dans la vraie vie.

Leçon 4 : Faire face à la défaite Ça fait mal de perdre, particulièrement quand vous avez travaillé dur. Mais le spécialiste de football américain de la NFL et entraîneur pour une ligue jeunesse, Rhett Grametbauer, déclare que le sport nous fournit un terrain d’essai pour faire face à l’échec et avancer. «Ça vous force à vivre ces leçons de vie sans vraiment subir de conséquences considérables à part la défaite au jeu», précise-t-il. Personne ne veut perdre, mais nous pouvons bénéficier de l’expérience. La défaite nous fait voir ce que nous devons changer ou améliorer pour faire mieux la prochaine fois. Cela peut aussi révéler sur qui nous pouvons compter en cas d’épreuve. En 2013, M. Grametbauer a visité chaque stade de la NFL aux États-Unis et a parlé aux partisans pour savoir ce que signifiait leur équipe pour eux. Il a découvert que certains des partisans les plus fidèles étaient dans les villes où l’équipe locale avait peu de succès. «C’est la solidarité associée à ces périodes difficiles de la défaite qui crée des liens entre les gens», a dit M. Grametbauer.

Selon les chercheurs, ce n’est pas que les athlètes sont plus intelligents, c’est parce qu’ils sont plus motivés. férée et moins bon quand il est associé à l’équipe adverse, même quand la marque et la qualité des produits sont identiques. Dans des cas extrêmes, la haine pour l’équipe adverse peut aboutir à l’agression et à la violence. Heureusement, la plupart des partisans ne sont pas si fous, mais M. Dalakas craint que des partisans ordinaires puissent aussi aller trop loin. Dans une de ses études, il a constaté que les partisans ont été sensiblement moins enclins à donner de l’argent à une personne dans

BENJAMIN CHASTEEN/ÉPOQUE TIMES

Robert Herbst, avocat et homme d’affaires de 56 ans, 18 fois champion du monde et 32 fois champion national, au gymnase de son domicile à Larchmont, N.Y., le 24 février 2017.

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le besoin quand cette personne portait un t-shirt avec le logo d’une équipe rivale. «On pourrait soutenir que ce n’est pas vraiment nuisible et que ça fait partie du sport», ajoute M. Dalakas. «Mais où se situe la limite entre la partisanerie et la barbarie?»

Leçon 5 : Gagner dans la vie Il est stimulant de gagner, mais la gloire d’un sport est passagère. L’ex-joueur de ligne défensive de la NFL Joe Ehrmann devenu pasteur invite les entraîneurs dans les écoles secondaires à repenser leurs objectifs, à mettre l’accent sur une valeur plus durable et enseigner aux enfants comment gagner dans la vie. Dans sa présentation TEDx de 2013 intitulée Be a Man [Sois un homme], M. Ehrmann mentionne le machisme toxique qui empoisonne l’esprit des garçons dans la culture moderne. Ils grandissent en croyant que la masculinité est égale à la capacité sportive, au nombre de conquêtes sexuelles et au succès économique. «Ces trois mensonges sont incorporés dans presque chaque publicité reliée au sport et adressée aux hommes», souligne-t-il. La solution de M. Ehrmann est de changer cette définition étroite de la virilité et de se concentrer à nouveau sur le caractère : la valeur d’un homme n’est pas mesurée par des récompenses, des applaudissements ou des biens, mais par la qualité de ses relations et par sa motivation, dit-il. Pour M. Ehrmann, faire du sport est la façon idéale pour apprendre ces principes dans l’action. «Chaque équipe a une motivation commune, un ensemble de buts et d’objectifs de performance. Il y a une sorte d’éthique de travail où chacun est redevable aux autres. Toutefois, chaque équipe est toujours bâtie autour de la confiance, du respect, de l’intégrité et de la dignité de chaque membre de l’équipe», explique-t-il. Si le sport peut nous aider à nous préparer pour les défis de la vie, d’après M. Ehrmann, il est urgent de laisser tomber la mentalité de la victoire à tout prix et de mettre la barre plus haute.

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Santé

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La valériane pour l’insomnie, l’anxiété, la douleur, le sevrage des drogues et le TDAH PIXABAY.COM

Conan Milner Époque Times Pour plusieurs personnes, il est difficile de trouver le sommeil lorsqu’elles ont l’esprit préoccupé. Une fois les lumières éteintes, les craintes au sujet de l’avenir, les regrets du passé et tout ce qui peut se passer entre les deux les gardent éveillées. Les experts disent qu’adopter de bonnes habitudes de sommeil est le premier pas pour une transition facile vers le pays des rêves, mais si vous pratiquez déjà ces règles [ne pas prendre de caféine ou d’alcool trop près de l’heure du coucher, ne pas faire de sieste pendant la journée et vous relaxer avant le coucher] et que vous ne pouvez toujours pas vous endormir, la valériane peut vous aider. La valériane est une des plantes médicinales les mieux connues pour parer l’insomnie. Elle était utilisée pour aider les anciens Grecs à s’endormir et elle demeure un sédatif populaire partout en Europe et en Amérique du Nord. La plante a des feuilles duveteuses et des petites fleurs blanches et rose pâle qui durent tout l’été et qui sont regroupées au bout d’une longue tige. La partie médicinale à privilégier est la racine, qui est récoltée au début de l’automne. Le nom de la valériane vient du latin Valere, qui signifie «en bonne santé», mais la plante a aussi des liens proches avec un empereur romain du même nom, soit Publius Licinius Valerianus qui a régné de l’an 253 à 260. On raconte qu’il aimait tant cette racine sédative qu’il l’a largement promue partout dans l’empire. Des études montrent que la valériane aide les gens à s’endormir plus rapidement et à améliorer la qualité de leur sommeil. La Commission E, l’agence réglementaire allemande qui évalue les plantes médicinales, approuve son usage pour le traitement de l’agitation et des troubles du sommeil caractérisés par des problèmes nerveux. Bien que les recherches les plus approfondies sur la valériane prouvent le bien-fondé de son effet sédatif, cette plante a plusieurs autres usages qui méritent d’être considérés. L’anxiété La valériane est une plante qui aide à détendre le système nerveux central. Pour les herboristes de l’Europe ancienne et médiévale, la valériane était un remède contre les palpitations du cœur et l’épilepsie. Durant la Première Guerre mondiale, la plante a été utilisée pour traiter le traumatisme causé par les bombardements (obusite, shell shock en anglais) – connu aujourd’hui sous le nom de syndrome du stress post-traumatique. Aujourd’hui, les herboristes font appel à la nature calmante de la valériane pour apaiser les gens souffrant

d’anxiété et d’attaques de panique. Les chercheurs croient que la nature sédative de la valériane agit en augmentant les niveaux d’acide gamma-aminobutyrique, un neurotransmetteur dans le cerveau qui aide à calmer l’agitation mentale. La même action se produit avec des médicaments de la classe des benzodiazépines comme le Xanax et le Valium, mais à une échelle beaucoup plus élevée. Un des grands problèmes avec les benzodiazépines est qu’elles peuvent mener à la dépendance. Des études préliminaires révèlent que la valériane pourrait aider à atténuer les symptômes de sevrage des benzodiazépines. La douleur La valériane était un médicament officiel de la pharmacopée des États-Unis jusqu’en 1936 mais, avec la venue de la médecine moderne, elle a été éliminée progressivement au profit des sédatifs synthétiques. La valériane détend non seulement l’esprit, mais aussi le corps. La plante est un antispasmodique qui est particulièrement utile pour les maux de tête nerveux et les douleurs d’estomac. La valériane n’est pas de la famille du pavot à opium, mais elle a des propriétés sédatives similaires. Elle ne crée pas la dépendance, elle a même été utilisée pour aider à surmonter la dépendance aux opiacés. La valériane n’est pas seulement un analgésique oral, mais peut aussi être utilisée par voie topique. Un bain de valériane peut détendre des muscles endoloris et aider à relaxer avant d’aller au lit.

on a donné un extrait de racine de valériane et de mélisse ont présenté des améliorations au niveau de la concentration et des comportements négatifs tels que l’hyperactivité et l’impulsivité. Des effets opposés Les chats aiment particulièrement la valériane, la préférant parfois à l’herbe à chat. En physiologie féline, la plante n’est pas un sédatif mais plutôt un stimulant, elle peut rendre des chats plus enjoués ou même agressifs. Certaines personnes expérimentent aussi un effet opposé avec la valériane. En effet, tandis que la plupart des gens sont apaisés par une dose de quelques centaines de milligrammes de valériane, d’autres ressentent de l’agitation, un peu comme avec la caféine. Elle peut aussi causer de la douleur à l’estomac, de la nausée et des maux de tête – les mêmes symptômes que d’autres tentent de traiter en l’utilisant. La température corporelle peut avoir un rapport avec ce phénomène opposé. Dans son livre Planetary Herbology, le Dr Michael Tierra, herboriste, explique que la valériane est une plante de réchauffement qui peut exacerber ces symptômes pour les gens qui sont déjà trop «chauds». «Ceci est un exemple clair de la nécessité de prescrire des plantes selon l’énergie de la personne plutôt que de façon purement symptomatique», a écrit le Dr Tierra. «La valériane est meilleure pour les individus ayant une condition nerveuse et froide.»

Durant la Première Guerre mondiale, la plante a été utilisée pour traiter le traumatisme causé par les bombardements.

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Illustration de la valériane, tiré de Flora Batava, Volume 1 (1800)

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Les enfants La valériane est une plante tolérée à long terme et d’utilisation sûre. Cependant, selon l’agence National Institutes of Health, on devrait l’éviter pour les enfants de moins de 3 ans parce que les risques possibles n’ont pas été évalués pour cet âge. Il a été démontré que la valériane peut être utilisée pour traiter des enfants ayant un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Cela peut sembler contradictoire, puisque la valériane est une plante calmante et qu’un traitement conventionnel ferait appel aux stimulants comme le Ritalin pour traiter le TDAH. Cependant, dans une étude allemande, on a donné à 120 enfants atteints de TDAH l’extrait de valériane pour une durée de deux semaines, 75 % d’entre eux ont présenté une amélioration significative de l’apprentissage, du comportement, de la fonction mentale et de la clarté d’esprit. Une autre étude de 2014 a montré que les enfants à qui

Les conditions d’utilisation Il y a beaucoup d’espèces de valérianes, mais Valeriana officinalis bénéficie de la recherche la plus avancée. Vous pouvez la trouver sous diverses formes : en comprimés, en poudre, en tisane et en teinture. Les suppléments standardisés vantent une dose de 0,8 % d’acide valérique. Bien que cela indique un extrait fort, les chercheurs savent que tout n’a pas été dit (ou découvert) au sujet de ses constituants. Avec des doses standard [200 à 900 milligrammes pris une à deux heures avant d’aller se coucher], les effets calmants de la valériane ne durent heureusement pas jusqu’au lendemain. Cependant, des doses plus fortes peuvent laisser de la somnolence au matin. Pour éviter cet effet, visez la dose minimale nécessaire pour vous endormir. Consultez un herboriste qualifié avant de prendre de la valériane, en particulier quand la plante est utilisée pour le sevrage. La valériane peut amplifier l’effet sédatif des narcotiques et autres sédatifs lorsqu’elle leur est combinée.

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Chine ancienne

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L’architecture chinoise, miroir de l’univers Juexiao Zhang Époque Times La culture de la Chine ancienne est un trésor millénaire légué par les sages d’un lointain passé. Elle fut basée sur ce que l’humanité a de meilleur, Époque Times souhaite en faire découvrir la richesse en présentant ses traditions, ses valeurs, ses mythes et ses légendes. Le peuple chinois a développé au cours des millénaires un style de construction tout à fait autonome. Les principes des structures et le style de construction se basent sur la philosophie taoïste et bouddhique en conformité avec les liens existants entre le ciel, la terre et l’homme. Ils sont restés constants au cours des siècles et se sont étendus dans une large partie de l’Asie orientale, particulièrement au Japon et en Corée, où les philosophies taoïste et bouddhiste ont fortement influencé l’homme.

univers. L’homme, étant un petit univers, il devait correspondre au grand univers pour vivre mieux. Ces pensées philosophiques traditionnelles ont exercé une forte influence dans tous les secteurs de vie des Chinois, y compris l’architecture. Indépendamment de l’emplacement et de l’utilisation du bâtiment, les architectes suivaient la pensée philosophique traditionnelle, soit l’harmonie entre le ciel et l’être humain, pour élaborer la structure de base des bâtiments, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, pour en fixer l’axe et pour choisir les éléments de construction. On

et d’autres conditions climatiques, d’influer sur la température de la maison. À titre de protection contre les désastres climatiques, quatre créatures mythiques étaient placées aux angles des toits comme esprits protecteurs vers les quatre directions de ciel : pour le nord, l’animal fictif Wen; au sud, le canari rouge vermillon; à l’ouest, le tigre blanc et vers l’est, le dragon vert. Les tuiles Les premières tuiles remontent à plus de 3000 ans. Plus tard, différents matériaux ont été combinés comme l’herbe d’ylang-ylang, la pierre et l’argile. Enfin, les Chinois ont réussi grâce à l’invention de la technique de glaçure à créer des tuiles de diverses couleurs. Elles étaient clouées sur la charpente. Souvent, des inscriptions ainsi que des motifs d’animaux et de plantes étaient gravés pour protéger la maison des catastrophes naturelles. Le feu était particulièrement craint, puisque la plupart des maisons étaient construites en bois. Certaines caractéristiques étaient réservées pour les constructions impériales. Par exemple, les tuiles jaunes si célèbres que l’on peut voir encore aujourd’hui sur les bâtiments de la Cité interdite en font partie. Le Temple du Ciel utilisait des tuiles bleues faisant référence aux cieux.

Souvent, des inscriptions ainsi que des motifs d’animaux et de plantes étaient gravés pour protéger la maison des catastrophes naturelles.

Harmonie entre le ciel et l’homme Dans le plus vieux texte chinois, le I Jing (le Livre des Mutations), on peut déjà voir que la population primitive alignait tous ses actes en conformité avec le ciel, la terre, la nature et la saison. À savoir que plus tard, dans la philosophie taoïste, le ciel, la terre et l’homme ont été décrits comme étant les trois éléments centraux du monde dont toutes choses naissent. Dans le confucianisme, la pensée de l’harmonie entre le ciel et l’homme était aussi en vigueur. On partait du principe que la nature est un grand univers et l’homme est un petit

qualifie l’architecture chinoise de miniature de l’univers parce que chaque bâtiment, du plus simple jusqu’au plus complexe est basé sur ces principes. Les quatre directions de ciel Les quatre directions de ciel étaient le point de départ de chaque construction architectonique. Les architectes utilisaient des cartes spécialement relevées par les astrologues. Contrairement aux cartes connues aujourd’hui, elles étaient notées de la façon suivante : le sud en haut, le nord en bas, l’ouest à droite et l’est à gauche. Du sud vient le climat agréable soit la chaleur en hiver et les brises fraîches d’été. L’architecte isolait les constructions au nord, à l’ouest et à l’est, et les ouvrait au sud. Cela empêchait les autres courants météorologiques, comme les vents du nord

Le bois, matériau le plus important Le bois était le matériau le plus important dans l’architecture chinoise, puisqu’il était facile à obtenir. Le bois était populaire surtout comme matériau naturel puisqu’il donnait une odeur agréable dans les intérieurs. Le grain et le lustre des couleurs issus

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Détail d’un toit en tuile avec les embouts décorés

de la terre donnaient des tons doux et ont également contribué à créer une atmosphère naturelle dans les logements. Pour les architectes, le bois représentait un matériau vivant qui respirait et pouvait prendre ou repousser l’humidité. Méthode de construction Très tôt, les architectes chinois ont compris les avantages de construire d’abord la charpente de la maison et l’ont utilisée. Elle assure la stabilité de l’édifice. Cette méthode de construction permet d’avoir des secteurs largement ouverts. En utilisant cette méthode de construction, ils ont pu créer une transition entre l’intérieur et le monde extérieur, ce qui suit le principe d’unité entre l’homme et le ciel.

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Toit de la Cité Interdite, Pékin

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Temple du Ciel, Pékin

Sagesse des anciens

Le jeune moine chargé de sonner la cloche

Cindy Chan Époque Times

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Un matin tôt, un moine âgé entendit un son de cloche intermittent très mélodieux. Il ne put s’empêcher de l’écouter attentivement. Aussitôt que le son de la cloche s’est tu, sans plus attendre il appela quelqu’un et demanda : «Qui a sonné la cloche?» Le moine interpelé lui dit : «Un jeune moine arrivé récemment.» Le moine plus âgé alla demander au nouveau venu : «Ce matin, quand vous avez sonné la cloche, de quelle humeur étiez-vous?» Le nouveau moine ne comprenait pas pourquoi le vieux moine lui demandait ça et il répondit : «Sans humeur particulière. Je sonnais seulement la cloche.» Le vieux moine dit : «Vraiment? Quand vous avez sonné la cloche, vous deviez penser à quelque chose de particulier, car le son que j’ai entendu aujourd’hui était extrêmement noble. Seule une personne au cœur dévoué peut produire ce son.»

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Le moine novice réfléchit un instant et dit : «En fait, je ne pensais à rien d’autre. Avant que je devienne moine, le maître de ma famille me rappelait souvent que lorsque je sonne la cloche je devais imaginer la cloche comme le bouddha. Je dois sincèrement respecter la cloche comme le bouddha et je dois avoir le cœur de me sacrifier et de vénérer le bouddha pour sonner la cloche.» Le vieux moine était très satisfait et lui rappela encore : «À partir de maintenant, quand tu feras d’autres choses, assure-toi de ne pas oublier de maintenir l’état d’esprit d’aujourd’hui.» En fait, cela ne s’applique pas seulement à faire sonner une cloche. Quoi qu’on fasse, y mettre son cœur et toute son attention est extrêmement important. Un proverbe dit : «On peut dire si quelqu’un a de bonnes ou mauvaises ambitions simplement en observant comment il allume le feu et balaie le sol.» C’est seulement quand on peut bien faire les petites choses qu’on peut bien faire les choses importantes.

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Famille

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10 façons d’instiller les bonnes manières à vos enfants Barbara Danza Époque Times La gentillesse, la considération et le respect sont des qualités que la plupart des parents espèrent inculquer à leurs enfants. Certains, de nos jours, peuvent trouver le concept de l’étiquette un peu vieillot, mais enseigner aux enfants les bases des bonnes manières est une façon de faire respecter ces idéaux importants. «Les bonnes manières sont une conscience des autres et de leurs sentiments. Si vous avez cette conscience, vous avez de bonnes manières, peu importe quelle fourchette vous utilisez.» – Emily Post Bien que je pourrais écrire un livre entier sur les bonnes manières (tout comme la célèbre Emily Post), voici 10 leçons de base que les parents peuvent enseigner à leurs enfants, leur offrant ainsi les connaissances nécessaires pour devenir des adultes bien élevés. S’il vous plaît. Merci. Excusez-moi. En commençant par la base, ce n’est pas trop difficile d’inculquer l’habitude, même à un enfant en bas âge, de dire «s’il vous plaît» à chaque demande, «merci» après chaque faveur reçue et «excusez-moi» avant

toute interruption. La clé pour développer ces habitudes chez les enfants est simplement de leur remémorer gentiment et constamment d’inclure ces «mots magiques» jusqu’à ce qu’ils s’en souviennent. Le respect lors de conversations Lorsque les enfants sont devenus assez vieux pour participer aux conversations, on peut leur enseigner la façon de montrer du respect à ceux à qui ils s’adressent. Ils doivent leur offrir toute leur attention et maintenir un bon contact visuel. On peut enseigner aux enfants la bonne manière de s’adresser à un adulte, c’est-à-dire en précédant son nom par le titre qui convient (soit Madame, Monsieur). Les parents peuvent aider leurs enfants en les présentant : «Estce que tu te souviens de madame Simard?» Ces bonnes habitudes peuvent être enseignées et expliquées à l’aide de jeux de rôle à la maison. Ne pas interrompre La patience est une vertu qui peut être difficile à apprendre pour un enfant. Une façon de pratiquer régulièrement la patience est d’enseigner à l’enfant à ne pas interrompre les autres, à moins qu’il y ait urgence, bien entendu. Même les enfants très jeunes peuvent comprendre que si

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des gens sont engagés dans une conversation, ce n’est pas gentil de les interrompre parce qu’ils aimeraient dire quelque chose. S’il est nécessaire de le faire, on peut leur apprendre à dire : «excusez-moi». Écouter pour comprendre En nous basant sur les idéaux de patience et de bienveillance, nous pouvons enseigner aux enfants, lorsqu’ils deviennent plus matures, une habileté essentielle qui incarne les bonnes manières : écouter avec attention. En témoignant du respect à toute personne avec qui ils conversent, les enfants peuvent faire davantage que de ne pas interrompre, mais réellement écouter avec le désir de bien comprendre ce qui est exprimé. Être courtois Bien entendu, simplement être agréable est essentiel aux bonnes manières. Merci à Bambi de Disney et son adorable ami lapin, Panpan, qui ont propagé un concept facile à comprendre pour les enfants : «Si tu n’es pas capable de dire un mot gentil, tu ne dis rien du tout.» Décor numérique L’utilisation d’appareils numériques offre un nouveau contexte pour apprendre les bonnes manières. Toutefois, si les parents inculquent à leurs enfants l’idée de considérer les autres, ils distingueront facilement ce qui se fait de ce qui ne se fait pas. Regarder son téléphone au milieu d’une conversation? Non. Partager des photos avec des amis qui sont autour de lui? Oui. Sortir le iPad au restaurant? Non. Googler la réponse à une question que tout le monde présent aimerait connaître? Oui. Être un facilitateur Que l’on soit un invité chez quelqu’un, un participant dans une discussion, un étudiant dans une classe ou un client dans un magasin, on peut toujours prendre en compte les autres et viser à être quelqu’un qui rend les choses agréables. Si nous pouvons instiller cette idée chez nos enfants, ils vont sûrement être bien élevés. Par exemple, en tant qu’invités chez quelqu’un, ils vont débarrasser leur place après avoir mangé et proposer d’aider. En tant qu’étudiants en classe, ils vont suivre les règles auprès de leurs professeurs et de

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leurs camarades de classe. Tolérer et apprécier les autres Les enfants ne sont jamais trop jeunes pour être reconnaissants et tolérants envers les autres – c’est ce qui témoigne véritablement de leur bonté. «Le véritable test des bonnes manières est d’être en mesure de composer avec les mauvaises manières agréablement.» – Kahlil Gibran Encouragez leurs bonnes manières Le renforcement positif est un outil essentiel pour enseigner aux enfants quoi que ce soit. À mesure que vos enfants développent de bonnes habitudes et continuent de démontrer de bonnes manières, renforcez leur succès en les encourageant. Remarquez quand vos enfants se comportent bien et démontrent de la bienveillance et faitesleur savoir que vous êtes fier d’eux. Soyez vous-même un exemple La façon la plus efficace d’enseigner à vos enfants les bonnes manières est probablement d’adopter vous-mêmes les bonnes manières. Les enfants, comme vous le savez probablement, imitent le comportement de leurs parents. Si c’est un domaine que vous pourriez améliorer, faites l’effort d’y apporter un changement; vous en bénéficierez ainsi que vos enfants.

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DISTRIBUTION ET PRÉSENTOIRS Centre-ville • Second Cup, 2200, McGill College (coin Président-Kennedy) • YMCA Centre-ville, 1440, rue Stanley • Supermarché P.A., 1420, rue du Fort • Centre de commerce mondial, 747, rue du Square-Victoria Centre-ville est • La Tour Radio-Canada • DeSerres, 334, rue Sainte-Catherine Est • Cégep du Vieux Montreal, 255, rue Ontario Est Centre-ville nord • Les Galeries du Parc, 3275, avenue du Parc (3 présentoirs) Outremont • Caisse Desjardins, 1145, avenue Bernard • Bibliothèque Robert-Bourassa, 41, avenue Saint-Just • Bibliothèque Mile End, 5434, avenue du Parc • Banque Laurentienne, 1447, avenue Van Horne

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Voyage

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Chypre, un balcon sur la mer Christiane Goor Époque Times Histoire et légendes se mélangent avec bonheur à Chypre, une île inondée de soleil et de lumière, au carrefour de l’Orient et de l’Occident, à découvrir sur les traces d’Aphrodite, la déesse de l’amour, qui fit de Pafos son sanctuaire. Ancienne capitale de l’île, la ville est en 2017 capitale européenne de la culture, à découvrir à ciel ouvert, un concept qui profite de la douceur du climat. Imaginez une côte crayeuse et aride, entaillée par une route sinueuse qui surplombe plusieurs criques dont l’une d’elles, plus profonde, est hérissée de quelques rochers battus par les vagues de la mer méditerranéenne. Elle prend ici des couleurs d’un vert turquoise qui vire au bleu laiteux lorsque, dans un va-et-vient bouillonnant, la houle bordée d’écume s’écrase sur la plage en faisant rouler des galets multicolores. C’est ici, sur le site de Pétra tou Romioù, à 25 kilomètres de Pafos, que la belle Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté, aurait surgi des eaux, ce qui fit de la cité son principal sanctuaire sur l’île de Chypre. Petit pays, mais 10 000 ans de civilisation Au carrefour de l’Orient et de l’Occident, Chypre a toujours occupé une position stratégique qui a attisé les convoitises de nombreuses civilisations qui ont toutes marqué l’île de leur empreinte architecturale mais aussi culturelle : grecque, romaine, byzantine, arabe, ottomane ou encore britannique. Temples grecs dédiés aux dieux et demidieux de l’Olympe, villas romaines décorées de somptueuses mosaïques en pierres colorées, basiliques chrétiennes, mais aussi

églises et monastères byzantins, châteaux francs, forteresses vénitiennes, mosquées ottomanes sans oublier l’empreinte britannique à qui Chypre doit, entre autres, de très beaux golfs. Cependant, la découverte fortuite en 1936 de vestiges néolithiques du VIIe millénaire avant notre ère a mis au jour à Choirokoitia un site unique composé de petites maisons rondes, construites en brique crue et en pierre et surmontées de toits plats composés d’une structure en bois recouverte de roseaux et de terre. Comme le village s’étageait jusqu’au sommet de la colline et était protégé par des murs successifs, on devine une organisation sociale déjà structurée. Les premières fouilles ont également permis de découvrir des tombes sous le sol des maisons ainsi que des objets, comme des meules, des outils en silex et en os et des écuelles creusées dans une roche tendre. À l’époque il n’y avait ni poterie ni fer. Villages d’un autre temps Chypre offre un plaisant voyage qui laisse rêveurs ceux qui n’hésiteront pas à parcourir en journée les paysages verdoyants de l’arrière-pays, loin de la chaleur du littoral pour y revenir à l’heure du couchant quand la brise du soir allonge les flâneries paresseuses sur le port des vieilles cités. Les stations balnéaires se succèdent tout au long de la côte septentrionale de l’île même si les criques y sont souvent étroites et envahies par des galets ronds et lisses, polis par les vagues. Ailleurs, les plages de sable gris rappellent l’origine volcanique de l’île, mais à l’est, de superbes grèves de sable blanc embrassent des eaux bleues cristallines. Les chaleurs caniculaires de l’été invitent à grimper dans l’arrière-pays, sur la route du vin et plus haut encore sur les pentes tapis-

CHARLES MAHAUX

De nombreux hôtels comme ici l’hôtel St-Georges proposent de très belles piscines à deux pas de la mer qui se contemple plus qu’elle n’engage le touriste à y plonger.

sées de forêts de cèdres et de pins de la chaîne montagneuse du Troodos, l’épine dorsale de l’île. Ses contreforts aménagés en terrasses étagées alignent à l’infini des ceps de vignes bas, ouverts comme une fleur, qui montent à l’assaut des collines arrondies. Blottis au creux d’une vallée ou dans un pli de montagne s’éparpillent des villages de pierre ocre, resserrés autour de leur église chapeautée d’un clocher ajouré. S’y égarer durant les heures de l’après-midi, c’est l’assurance de déambuler dans des ruelles désertes où seuls les bruits de nos pas font écho au silence. En fin de journée, les hommes se retrouvent dans les kafeneions à bavarder ou à jouer aux cartes tout en savourant un café chypriote qui a tout du café turc. L’occasion de faire de belles randonnées au gré des chemins qui relient entre eux des hameaux ensommeillés, de modestes églises byzantines aux fresques exceptionnelles classées au patrimoine mondial de l’Unesco ou encore des monastères comme celui d’Omodos où déambulent des moines en longue robe noire bavardant avec des femmes tout de noir vêtues également. Les hommes veillent à préserver une tradition viticole qui remonte à l’Antiquité, mais qui a connu ses premières lettres de noblesse lorsqu’en 1223, lors d’une dégustation, le roi de France Philippe Auguste a désigné le vin de Chypre «le meilleur de tous». Ce village aux venelles pavées recèle plusieurs caves, une ancienne presse à raisins et quelques

galeries et boutiques installées dans des maisons traditionnelles. Pafos, capitale européenne de la culture 2017 Ancienne capitale à l’époque hellénistique et romaine, la ville de Pafos est intimement liée à la belle Aphrodite qui y aurait élu domicile lorsqu’elle émergea de l’écume de la mer. Durant près de 15 siècles, des milliers de pèlerins y venaient de tout l’empire pour rendre hommage à la déesse. Aujourd’hui, l’imagination doit prendre le pas pour restituer les «bois sacrés et les autels parfumés» que mentionne Homère dans l’Odyssée. Désignée Capitale européenne de la culture 2017, Pafos a décidé de relever le défi de ce coup de projecteur médiatique. Déjà prisée comme station balnéaire au bord d’une mer cristalline, elle a multiplié les nouveaux villages de résidences secondaires aux maisonnettes colorées qui se louent durant l’été. De quoi faire dire aux Chypriotes que si Pafos compte quelque 70 000 habitants, elle peut en loger près d’un demi-million. Pafos 2017 compte faire parler d’elle en faisant rayonner ses trésors qui s’animeront tout au fil de l’année «en liant les continents, en créant des ponts entre les cultures» au travers du concept d’atelier ciel ouvert qui se justifie aisément dans une île qui, avec ses 330 jours de soleil par an, est le pays le plus ensoleillé et le plus chaud du continent européen.

CHARLES MAHAUX

Depuis la grotte troglodytique creusée et aménagée en chapelle par l’ermite Aguios Néophytos, vue extraordinaire sur le monastère et la montagne verte qui l’accueille.

CHARLES MAHAUX

CHARLES MAHAUX

Réputé pour ses mosaïques, le site archéologique de Pafos s’étend sur 106 hectares et abrite de nombreux vestiges à découvrir d’une villa romaine à l’autre.

À Lefkara, un musée de la broderie a été installé dans une demeure traditionnelle qui organise son habitat autour d’une cour fermée où s’épanouissent des orangers.

INFOS 2 sites : www.visitcyprus.com et www.pafos2017.eu Le programme de l’année s’articule autour de 3 thèmes : inévitablement «Mythes et religion», «Voyageurs du monde» qui témoignera que Pafos a toujours été un pont entre les civilisations, du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest, et «Scènes du futur» qui mise sur la continuité, celle qui survivra même lorsque les lumières de Pafos 2017 se seront éteintes. Se loger : À Pafos, avec un accès direct à une agréable promenade le long du front de mer le St-George Hotel www.stgeorge-hotel.com. Dans l’arrière-pays, les hébergements d’agrotourisme se sont adaptés à la découverte de ce Chypre authentique. À Arsos, une superbe maison derrière ses murs a été réhabilitée en appartements restaurés avec goût www.arsorama.com.cy. Se nourrir : II faut absolument se laisser tenter par la formule des mezzé, cette coutume séculaire commune aux pays voisins que sont la Grèce, la Turquie, le Liban et la Syrie, soit l’art de réunir autour d’une table garnie d’au moins une quinzaine de plats variés des convives trop heureux de célébrer le plaisir d’être ensemble. De quoi découvrir que la réputation des plaisirs aphrodisiaques de Pafos est toujours d’actualité! On a apprécié à Pafos, le 7 St.Georges Tavern [www.facebook.com/7StGeorges], le Ta Mpania [www.facebook.com/mpaniacafe] ou encore le Fettas Tavern [www.facebook.com/FettasTavern]; à Larnaca essayez le savoureux Stou Tousha [www.facebook.com/StouRousha] et à Limassol, sur la jolie place qui borde le château médiéval, le To Hani [www.facebook.com/tohani.castle]. À Zigi, en bord de mer, le Captain’Table est la table de référence [www.captaintable.com]. Un conseil : demeurez sur votre appétit jusqu’à la fin pour pouvoir faire honneur à tous les plats! Circuler : Rien de tel que la location d’un véhicule pour découvrir les villages ou sortir des sentiers battus. Attention, on conduit à gauche, souvenir de la présence britannique et il faut s’habituer au changement de vitesse à gérer de la main gauche.

Détaillants Herbes de Chine Hua Hong (Quartier chinois) 514 876-8788; 1111, rue St-Urbain, M03, Mtl Hui Tack Wing Ginseng&Thé (Quartier chinois) 514 398-9933; 1107, rue Clark, Mtl Épicerie Kien Vinh (Quartier chinois) 514 393-1030; 1062-1066, rue St-Laurent, Mtl Marché Hawaï (Saint-Laurent) 514 557-6768; 1993, boul. Marcel-Laurin Marché C&T (Saint-Laurent) 514 336-3555; 12200, boul. Laurentien Marché Sheng Tai 514 660-7123; 4850, boul. des Sources, D.D.O.

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Marché Hawaï 514 329-0998; 9204, boul. Pie IX, Mtl Marché Kim Hour 514 725-7113; 7734, boul. St-Michel, Mtl Les Aliments Bon Jour 514 368-0808; 2150, rue Léger, LaSalle Tabagie Gao et Zeng (dans Super C) 514 364-2749; 7401, boul. Newman #5, LaSalle Marché C&T (Rive-Sud) 450 671-2888; 8200, Taschereau #1300, Brossard Marché Thai Foo (Rive-Sud) 450 671-3338; 1875, rue Panama #5, Brossard

2017-04-30 10:01 PM


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