Compte rendu 1ere réunion réseau Gauche populaire

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COMPTE-RENDU

Une première rencontre réussie pour le réseau Gauche Populaire sur le thème la politique de la gauche au pouvoir et les couches populaires : état des lieux et perspectives. Mardi 13 novembre 2012 Salle Colbert Assemblée nationale

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lus de 200 personnes ont participé à cette première rencontre nationale des réseaux de la gauche populaire à l’Assemblée nationale. Parmi eux, une vingtaine de parlementaires, des militants socialistes, verts ou MRC, des personnes impliquées dans les divers réseaux sociaux et intellectuels se réclamant de la gauche populaire.

La problématique de la gauche populaire

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hilippe Doucet, député-maire d’Argenteuil (95) et Laurent Baumel, député-maire de Ballan-Miré (37) ont précisément introduit la rencontre en resituant la problématique fédératrice de ce réseau : la volonté de répondre aux attentes des couches populaires, de ce vaste corps central de la société française, de cette France du travail, souvent périurbaine, qui ne vit pas dans l’exclusion mais qui est exposée aujourd’hui à la stagnation salariale, à la précarisation des statuts, à la perte de sens et d’avenir pour ses enfants et qui a le sentiment que l’Etat social ne fonctionne plus à son profit. Le constat essentiel a été rappelé : depuis trente ans, on assiste, au fil des élections, à un divorce croissant entre la gauche et ces couches populaires, qui constituaient pourtant son électorat historique et le fondement de son ac-

tion. François Kalfon, conseiller régional d’Ile-de-France et délégué national aux études d’opinion au Parti socialiste, a resitué l’enjeu stratégique actuel : s’il a su les rassembler au second tour, François Hollande a recueilli moins de suffrages ouvriers (28%) que la candidate du Front national (29%) au 1er tour de l’élection présidentielle de 2012. Gaël Brustier, docteur en sciences politiques, a rappelé à cet égard à quel point c’est l’extrême-droite qui, aujourd’hui, capte la protestation de ces couches sociales à l’égard du système. C’est cette intuition commune, cette lecture sociologique de l’enjeu politique, qui est le point de départ des réflexions des réseaux de la gauche populaire, qui s’opposent, de ce point de vue, à la thèse formulée par la fondation Terra Nova au printemps 2011 et qui, prenant acte de ce divorce entre la gauche et les couches populaires, préconisait la construction d’une base sociologique autour des « minorités » visibles et des habitants des centres urbains. Pour des raisons identitaires et stratégiques, la gauche populaire récuse cet abandon des ouvriers, des employés, des salariés et assume le terme « populaire » qui fait partie de l’héritage de la gauche. François de Rugy, député de Loire-Atlantique et coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, présent à titre personnel, a regretté à cet

égard qu’on ne puisse plus utiliser le mot « populaire » sans être taxé de « populisme » alors que le mot « peuple » fait partie intégrante du patrimoine de la gauche. La gauche populaire, c’est donc la volonté commune de trouver une solution de gauche pour que les classes populaires, le salariat, réintègrent le grand récit de la gauche et pèsent à nouveau dans le rapport de force politique duquel elles sont aujourd’hui exclues.

Etat des lieux après six mois d’action gouvernementale : la gauche face au doute des classes populaires

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i la victoire de François Hollande en mai dernier a amorcé un début de reconquête des couches populaires par la gauche, les premiers mois de l’exercice du pouvoir montrent que cette reconquête reste très fragile. François Kalfon a indiqué que 77% des salariés du secteur privé n’ont pas encore aujourd’hui une vision positive de l’action du gouvernement. Dans ces conditions, deux questions majeures se posent. Celle, soulevée par de nombreux intervenants, dont notamment Carlos


Da Silva, député de l’Essonne ou Christophe Chamoux, militant socialiste à Paris, de l’agenda politique de la gauche au pouvoir : le dosage entre les réformes de société et les réformes économiques et sociales est-il le bon ? Celle du contenu même de la politique économique et sociale du gouvernement : même s’ils sont justifiés, les objectifs de réduction des déficits et le plan compétitivité n’ont-ils pas pour l’heure écrasé les autres questions, et notamment le combat pour la justice sociale et l’amélioration du pouvoir d’achat des couches populaires ? Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle et « tombeur » de Nadine Morano, a exprimé à ce sujet son souhait de pouvoir dire aux habitants de sa circonscription, pour la plupart issus des couches populaires, que, depuis six mois, le gouvernement porte leurs attentes et est attentif à leurs souffrances.

Réforme fiscale, réduction des fractures territoriales, insécurités : les pistes de travail…

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e débat a ensuite porté sur les réponses que devrait apporter la gauche dans les mois et années qui viennent.

Pour Gaël Brustier, la gauche doit se donner pour mission de « désamorcer les paniques morales » des couches populaires qui s’expriment dans tous les domaines (économique, social, culturel, etc.). Denis Maillard, qui a rappelé le travail collectif entrepris autour du politologue Laurent Bouvet, a souligné pour sa part la nécessité pour la gauche de répondre à l’ensemble des insécurités ressenties et vécues par les couches populaires : l’insécurité physique (délinquance), l’insécurité économique (pouvoir d’achat en berne), l’insécurité sociale (peur du licenciement) mais aussi, peut-être, une certaine forme « d’insécurité culturelle ». Dominique Raimbourg, député de Loire-Altantique, secrétaire de la commission des lois – a évoqué à ce sujet les problèmes liés à la perte de certains repères traditionnels dans une société mondialisée en constante évolution. Beaucoup d’intervenants, dont Michel Lesage, député des Côtes d’Armor, ont insisté sur l’enjeu du pouvoir d’achat des couches populaires. Des gains durables de pouvoir d’achat peuvent être recherchés à travers une réforme fiscale redistributive, alors que pour l’heure, les mesures fiscales annoncées par le gouvernement n’ont pas donné le sentiment aux couches populaires qu’elles avaient gagné quelque. Serge Guérin, conseiller régional EE-LV et sociologue de

la séniorisation de la société, estime que l’écologie peut répondre aux attentes des couches populaires en ce que les sujets qu’elle défend permettent de créer des gains durables de pouvoir d’achat : économies d’énergie, développement des transports en commun, nouveaux modes de consommation… D’autres thèmes essentiels ont été évoqués : l’emploi, la lutte contre la désindustrialisation, la question européenne, le juste échange, la promotion sociale à travers l’école,… •••

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n conclusion, Philippe Doucet et Laurent Baumel ont annoncé que, pour contribuer à la réussite du quinquennat de François Hollande, les réseaux de la gauche populaire continueraient de se réunir, sur une base libre et trans-partisane, pour mener un travail approfondi autour notamment de trois engagements du président de la République : l’engagement 14 qui porte sur la grande réforme fiscale progressive, afin de réguler les injustices sociales par la fiscalité et les engagements 28 et 54 qui portent sur la réduction des inégalités et des fractures territoriales. n


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