MEMOIRE HMONP_LORIANE KUGLER_ ARCHITECTURE ECOSYSTEMIQUE

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PROPRE

NOM

SON

MÉMOIRE HMONP

2021-2022

D'ŒUVRE EN

K U G L E R

MAÎTRISE

LA

ENSAPVL

ARCHITECTURE ECOSYSTÉMIQUE À

DIRECTEUR D’ÉDUDES : GERALD GRIBE

L O R I A N E

Comment l’architecte peut-il être porteur de changements dans une résiliation ecosystémique ?

TUTEUR : MARC LACOMBE HABILITATION

Je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont contribué à mon parcours personnel et professionnel.

Je pense à Monsieur Marc Lacombe, mon formateur, qui, en m’intégrant dans son agence, a su me faire confiance et m’a transmis certaines clefs de la profession pour la suite de mon parcours.

Je tiens également à remercier sincèrement Monsieur Gerald Gribe qui s'est toujours montré à l’écoute et qui m’a donné des conseils avisés pour pousser ma réflexion sur ce mémoire, ainsi que sur la position du métier d’architecte par rapport à mon engagement ...

Enfin, j’adresse mes plus sincères remerciements à tous mes proches, famille et amis, qui m’ont soutenue et encouragée au cours de cette expérience riche qu’est l’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre.

R E M E R C I E M E N T

A V A N T P R O P O S

Issue d’un parcours à l’école d’architecture de Paris-Belleville, je poursuis ma formation HMONP à l’école nationale d’architecture de Paris-La Villette.

Cette formation est, pour moi, la connexion indispensable entre l’acquisition des oriques qui nous ont été transmis lors de nos études, avec la réalité

Pourquoi être architecte ? Cela a commencé par construire des maisons et », cela s’est poursuivi en faisant énormément de maquettes dans mon cursus scolaire, cela s’est concrétisé » au lycée, et en faisant des stages en agence, et cela s'est continué en faisant des études d'architecture.

échir à une architecture en cohésion avec son environnement sans la nuire a toujours été présente. Une doctrine qui a particulièrement été renforcée durant mon master, puisque ces deux années se sont forgées autour des risques inondables et de la

A mes yeux, ce mémoire n’est pas simplement la conclusion de la formation, mais bien une base solide d’outils et de réflexions pour que mes convictions continuent à évoluer après les

J’ai travaillé dans une petite structure dans le vingtième arrondissement de Paris. Cette structure m’a laissé dans une grande autonomie, ce qui m’a permis de comprendre un large panel du travail d’un architecte.

⎡« Terraforms » par l’artiste Jamie North⎦
MEMOIRE HMONP PROPOS PAGE. 3
AVANT

J’ai travaillé essentiellement dans la commande privée, plus particulièrement dans le domaine de l’habitat. Le lien direct entre l’architecte et l’habitant engendre un dialogue qui fut formateur. Je me suis aperçue dans le cadre de cette MSP, que la priorité des usagers n’est pas toujours celle qui a forgé ma volonté architecturale sur une architecture plus respectueuse de son environnement.

Je me suis rendue compte de l’importance qu’on accorde à habiter, que la maison est loin d’être neutre. Elle oriente nos vies mais aussi nos esprits, accueille nos habitudes d’une certaine manière.

Certains parlent d’aménagement, d’autre de lumière, d’autres d’espace vert, ou encore de chaleur. En d’autres termes, un espace où il est agréable d’y vivre en fonction des commodités physiques ou psychiques. Autrement, dit, le point de départ de ce mémoire et qui a constitué toute base de réflexion se trouve être notre confort.

Un travail sur le confort qui passe par la compréhension historique de la notion, le respect des normes environnementales issues des instances publiques, mais aussi de la perception du confort pour la population.

Suite à ma première soutenance, les jurés m’ont incité à définir plus précisément le domaine de la maison individuelle et de la construction écologique.

En effet, mon mémoire aborda dans une première partie, l’aspect historique du confort pour en comprendre la

notion de sobriété énergétique dictée depuis le premier choc pétrolier en 1972.

Ma deuxième partie identifia le rôle et la posture que doit prendre l’architecte entre un projet et un maître d’ouvrage vis à vis de l’environnement et du développement durable.

Cela s’est décliné en trois axes ; l’architecte comme créateur et novateur, l’architecte comme un allié, l’architecte comme un conseiller. Pour cela, la communication, la sensibilisation, la recherche et le dialogue sont des outils nécessaires au processus.

Les deux premières parties furent retravaillées sous quelques angles et une troisième partie fut créée pour définir le processus de conception et de construction écologique dans le domaine de la maison individuelle. Cela permettra d’appliquer certains points développés dans les deux précédentes parties mais aussi rendre plus concret les propos que je porte à ce mémoire.

Ce mémoire constitue une base de réflexion théorique face au projet professionnel que j’aimerai porter. L’architecture privée est un domaine dans lequel j’aimerai me lancer, et les écrits qui suivent m’ont permis de réfléchir quant au travail à effectuer. Un travail entre commande, projet, maître d’ouvrage et développement durable.

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Qu’on y soit sensible ou désintéressé, on ne peut démentir la valeur de l’architecture dans notre société. L’architecture permet de mettre en forme des idées, des intentions ou des valeurs. Elle est partout. Elle représente ce que nous sommes, Homme.

Nous avons construit, bâti, démoli, réhabilité, et notre domaine est soumis aux mêmes évolutions que celles de notre population et du climat.

On ne peut ignorer les conséquences dramatiques environnementales et le réchauffement climatique. Si l’évolution est source d’innovation, elle pourrait aussi causer notre perte et le secteur du bâtiment ne doit pas faire l’impasse de sa responsabilité.

Face aux crises que nous vivons, il est plus qu’urgent de construire une résilience pour vivre avec les aléas climatiques tout en essayant de les réduire. Une résilience qui se propose de créer un système différent, capable de s’adapter au futur.

Si le transport, l’industrie, l’agriculture et bien d’autres nous ont permis de continuer à accroître notre évolution et d’améliorer notre niveau de confort, quelle en sera le prix à payer ?

Si le confort se résume d’une part, par un ensemble de commodités, d’agréments qui produisent un bien-être matériel ; d’autre part, une tranquillité psychologique, et morale, à quel niveau de confort sommes-nous aujourd’hui ? Quels sont les éléments clefs qui définissent une vie agréable ? Et comment va-t-elle évoluer si nous devions revenir à nos besoins les plus élémentaires? En tant qu’architecte, notre devoir serait de conceptualiser un projet, l’édifier et le rendre vivable. N’aurions-nous pas un rôle à jouer quant à la nécessité de l’architecture face aux éventuels changements climatiques ?

Si les bâtisseurs primitifs ont d’abord assigné à leur habitat un rôle de protection contre les forces extérieures et pour améliorer leur confort, l’approche envisagée dans ce mémoire se lie aussi en grande

partie sur l’architecture écosystémique. « Une conception, une démarche , et in fine une action, qui enrichit notre écosystème ou a un impact neutre sur celui-ci. » ¹

Ce mémoire tentera de répondre à la question suivante : Comment l’architecte peut-il être porteur de changements dans une démarche ecosystémique ?

Le sujet de ce mémoire est globalement orienté sur la maison individuelle puisqu’elle fut l’objet d’une majeure partie de ma mise en situation professionnelle. Il est question d’aborder de front son avenir à un moment, ou plus que jamais, la maison individuelle se trouve être au centre d'un ensemble de préoccupations relatives à l'extension des agglomérations urbaines, à l'aménagement des territoires et au développement durable.

L’enquête du CRÉDOC ² auprès de la population révèle que la maison individuelle représente le logement idéal pour 82 % des Français et qu’être propriétaire de sa maison constitue la combinaison parfaite pour 77 % d’entre eux. Seulement 12 % préfèrent la propriété d’un appartement et 11 %, la location de la résidence principale.

L’engouement pour la maison individuelle ne viendraitelle pas de l’idée d’un processus d’appropriation caractéristique de l’habitat pavillonnaire ?

Dans les années 60, les chercheurs de l’ISU ont mis en évidence l’idée que les habitants disposent de coin à soi et rien qu’à soi. «La possibilité d’aménagement, de la transformation de l’espace est l’un des éléments les plus importants de la symbolique de l’espace dans le pavillon ».

I N T R O D U C T
MEMOIRE HMONP INTRODUCTION PAGE. 5
I O N

L’accession à la propriété répond aux attentes de nombreuses familles qui souhaitent acquérir un statut résidentiel stable, sécurisé, synonyme de constitution d’un patrimoine à transmettre aux enfants.

On nous fabrique aussi une idée de paysages campagnards qui procurent une idée de ‘se ressourcer’. Avoir un jardin motive souvent l'achat d'un pavillon à travers une mise en récit d'une nature retrouvée et apaisante provenant d’images symboliques anciennes du XVIIIe siècle.

Dans ces zones pavillonnaires périurbaines, il faut souvent entendre par nature ; un espacement dégagé, dépourvu de voisins directs, sans vue encombrante d'une autre maison, et de calme. ( Poulot 2013)

Une maison individuelle est aussi indissociable de la manière de penser, de vivre, d'habiter, de construire, d'aménager, de bouger, de consommer et d’évoluer dans la ville.

Cependant, le processus de « pavillonnarisation » ne nuitil pas négativement à l’environnement ? Il amène en effet à consommer plus d’espace car, rappelons qu'en France entre 20 000 et 30 000 hectares de terres agricoles sont sacrifiées ³ chaque année, la moitié pour la construction des maisons et l'autre pour les infrastructures qu’ils engendrent.

En s'intéressant notamment à ceux qui les construisent, on s'aperçoit que le marché de l'habitat individuel est avant tout celui des maisons sur catalogue réalisées par des constructeurs français qui accaparent plus de deux tiers du marché.

Dupliquer à l'identique sur le territoire et regrouper en lotissement, ces maisons sont généralement bâties de plain-pied et imitent un style pseudo-traditionnel. Elles sont fabriquées à partir de matériaux industriels qui proviennent généralement de très loin comme la

Russie ou l’Urkraine pour l’acier ou l’Inde et le Maroc pour le sable.

Elles sont dotées d'équipements high-tech alimentés par des énergies fossiles, pour arriver à satisfaire les labels ou normes. Leur inscription paysagère ou bioclimatique est inexistante et leur densité est souvent très basse.

Si la question de l'habitat individuel est largement laissée entre les mains des constructeurs, comment l'architecte pourrait-il s’insérer sur le marché de la réhabilitation/construction des logements individuels dans une approche d’une architecture durable?

Ce mémoire tente d'aller au-delà de ses normes et des labels qui définissent aujourd’hui une maison économe en énergie. Des normes qui présentent néanmoins des limites. La « maison écologique » ouvrirait un spectre de réflexion plus large.

Il n’existe pas de définition, ni de label de « Maison écologique » , mais nous verrons qu’elle pourrait englober évidemment les normes constructives pour pouvoir développer des maisons moins énergivores. Elle prend en compte aussi des réalités physiques et psychiques autour de nos habitudes, nos gestes, nos envies, nos besoins pour réfléchir à un projet qui prend en compte le climat, l'habitat et son occupant.

¹ Formation HMONP . Le bien commun au regard de la production technocapitaliste Emmanuel PEZRES

² Etre propriétaire de sa maison,Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie, septembre 2004

³ Artificialisation des sols. ecologie.gouv.fr janvier 2022

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⎡« Terraforms » par l’artiste Jamie North⎦

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S O M M A I R E

AVANT PROPOS P03-04

INTRODUCTION P05-06

LE DURABLE VIENT DE NAITRE P10-16

Problématique soulevée : Comment (re)nouer, accentuer ce lien entre l’écologie et notre activité?

A- La notion de confort ; le point de départ de la réglementation thermique

B- Définir la valeur du confort en 2022 ; point de levier de l’architecture bioclimatique

LE DURABLE À COUP DE MARTEAU P17-26

Problématique soulevée :Quels sont les leviers, sur lesquels s’appuyer pour faire appliquer l’architecture durable dans le domaine privé?

1. L’architecte, conseillé dans le processus de la création de nouveaux standards.

2. Les règles environnementales ; la contrainte comme solution.

3. La recherche quand les aléas font apparaître des innovations.

« MAISON ECOLOGIQUE » P27-36

Problématique soulevée :Comment allier l’habitat pavillonnaire et l’approche d’une architecture durable ?

1. La maison individuelle est un modèle d’habiter bien français

2. La maison individuelle, un non sens écologique ?

3. « Maison écologique »

CONCLUSION P37-38

APRES LA HMONP ? P39-40

ANNEXE P41-42

BIBLIOGRAPHIE P47-48

1

LE DURABLE VIENT DE NAITRE …

Comment (re)nouer, le lien entre l’écologie et notre activité ?

1

A- LA NOTION DE CONFORT ; LE POINT DE DEPART DE LA REGLEMENTATION THERMIQUE

a - L’évolution du confort

Le confort n’est pas une donnée naturelle, mais plutôt une construction culturelle qui va sans cesse évoluer, selon les réflexions et le temps, et qui peut sans cesse être remise en question.

Le mot confort est un mot d’origine latine datant du 11ème siècle. Avant cela, ce mot avait une connotation morale associée au réconfort, ce qui redonne du courage, de l'espoir.

Ce mot va être adapté par les Anglais autour du 13ème siècle et va progressivement qualifier les conditions matérielles liées au bien être conçu pour un cercle très restreint de la population, la classe bourgeoise.

XIXe siècle : Le confort, c’est l’espace pour la bourgeoisie.

Le confort fut dans un premier temps, lié à l’espace. Dès le XVIII ème siècle, le cocon familial commence à prendre ses distances à l’égard de la société. La maison bourgeoise devient peu à peu une zone de vie privée et l’organisation de la maison répond de plus en plus à ce souci. La notion de confort est née en même temps que l’intimité, la discrétion et l’isolement. L’architecte Jacques-François Blondel appelle pour la première fois chambre, la seule pièce qui comprend un lit et non l’ensemble des espaces habités par les maîtres. On assiste à une hiérarchisation des appartements et à une classification des pièces selon les usages et non par une forme idéale.⎡Fig.1 ⎦

pharmaceutiques mettent en évidence les liens entre santé et hygiène.

La surpopulation et le manque d’hygiène des populations font accroître les maladies, et rend plus faible la nouvelle classe populaire de l’époque, les ouvriers. Ces ouvriers étant le mécanisme d’une économie florissante, leur santé fut une priorité. Pour régler ces problèmes une loi sur l'insalubrité fut créée le 13 avril 1850 qui définit une procédure d'assainissement et prescrit un formation de commissions municipales spécialisées.

Le confort passe de la bourgeoisie à une notion populaire et de nombreux architectes, penseurs, philanthropes, politiques prennent en main cette question à l’image de Jean-Baptiste André Godin qui propose d’offrir un palais social aux ouvriers dans un ensemble appelé familistère de Guise dans le but de donner un logement décent avec un lieu de travail respectueux et doté d’équipements. ⎡Fig.2 ⎦

XXe siècle : Le confort pris dans l’hygiène et le minimum pour tous.

XIXe siècle : Le confort, c’est l’hygiène pour la classe populaire.

Le choléra et la variole étaient des maladies épidémiques qui constituaient une cause très importante de mortalité au début du XIXe siècle. Les premières expériences

En 1925, le député Laurent Bonnevay présenta à la Chambre des députés, la crise du logement liée à la grande guerre dans le but d’y trouver un renouvellement. « Avant la guerre, le problème du logement se présentait sous un aspect tout à fait particulier. Il n’était pas question alors de la pénurie de logement, mais plutôt de sa qualité. Les débats qui ont eu lieu à cette époque avaient surtout pour objet d’organiser la lutte contre le taudis, de substituer la maison individuelle à l’habitation collective et de permettre au plus grand nombre de citoyens possible l’accès à la petite propriété […]. Au contraire, aujourd’hui, le problème qui se pose devant nous est celui de l’insuffisance du nombre de logements »

L’aggravation de cette crise après 1945 a eu pour conséquence de redéfinir la question du confort : de quoi avons nous réellement besoin pour vivre?

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Des architectes vont réfléchir sur le logement et sa qualité tel que Gropuis qui s’interrogea sur l’habitation minimale comme le minimum élémentaire d’air, d’espace, de lumière, de chaleur dont l’homme a besoin.Le Corbusier conclut que les besoins des hommes peuvent être identiques et le confort minimal fut quantifié par des mesures corporelles dans le modulor. Le Modulor apparaît comme une manière simple et utilisable par tous de régler des problèmes d’espace en faisant une architecture de qualité ⎡Fig.3

Début XXe siècle : Le confort c’est l’hygiène, minimum pour tous et le progrès.

La France voit arriver une véritable filière énergétique dans le sillage de la révolution industrielle qui a déjà débuté en Angleterre.La machine à vapeur, principale source d’énergie en France, donna naissance aux débuts de la consommation électrique.¹ Dès les années 1920, l’électrification à grande échelle voit le jour avec la naissance de l’éclairage public et des premiers appareils ménagers. La consommation d’énergie en France se démocratise au fur et à mesure. A partir de 1945, une réelle stratégie de modernisation de la France et surtout des foyers français se met en place sur deux axes. La normalisation des équipements dans les foyers et

modernisation des techniques de mise en oeuvre : préfabrication des éléments de construction, l’industrialisation du chantier pour réduire son temps.

Milieu XXe siècle : Le confort c’est l’hygiène, minimum pour tous, le progrès, et la consommation.

En 1960, on met en place de nombreux salons qui vont faire découvrir un ensemble de nouvelles commodités (lave vaisselle, fer à repasser etc.) pour alléger les taches du quotidien.

Tous les ans aux salons des arts ménagers, on expose des maisons modèles pour des familles moyennes comme la maison tout en plastique de l’architecte Ionel Schein, en 1956. Les nouveaux standards, les nouveaux cols blancs et les habitudes des femmes aux foyers sont instaurés (par l’utilisation de nouveaux appareils électroménager par ex.). On assiste à un réel apprentissage et intérêt des français quant à l’agencement du chez-soi.Les arts ménagers marquent la tendance du projet technique à favoriser le plein développement de l’individu et du logement. ²

¹Disponible sur : https://www.futura-sciences.com/sciences/ questions-reponses/histoire-homme-electricite-longuehistoire-13861/

²Histoire du confort. FOURASTIE Jean. Que sait-je ? 1973. 141p.

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⎡Fig.1 24 rue de Courcelles, à Paris 1852 Sébastien-Charles Giraud⎦ ⎡Fig.2 Familistère de Guise, Jean-Baptiste André Godin 1859 ⎦

b- Crise économique , entre confort et énergie. La guerre de Kippour de 1973 entraine le premier choc pétrolier, avec un baril qui passa de 3 dollars à 12 dollars. Première prise de conscience de la France sur sa dépendance des pays du Golfe.

Pour contrer et pallier à ce problème économique, on commence à réfléchir à chasser le gaspillage, on apprend à mieux construire, à utiliser moins de pétrole et on use des nouvelles énergies comme l'apparition des premières centrales nucléaires. En 1974, la première réglementation thermique est mise en place pour faire baisser la consommation de chauffage de 300 kWh/ m2.an à 225 kWh/m2.an (soit une maison de 150m2 en DPE E pour un coût de 450€ par mois d’électricité et de chauffage, à une maison de 150m2 type DPE D pour un coût de 330€ ). Pour atteindre ce but, il fut imposé aux propriétaires de logements neufs d’installer pour la première fois une isolation thermique ainsi que des appareils permettant de réguler la température des chauffages.

Le second choc pétrolier de 1979 instaura de nouvelles mesures tel qu’une nouvelle réduction de 20 % de la consommation d’énergie. (calculé en se basant sur ses « apports gratuits », venant notamment du soleil).

Dans les années 90, sans se prononcer de manière catégorique, le premier rapport du GIEC établissait que « les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l'atmosphère des gaz à effet de serre ». Le Sommet de la Terre à Rio en 1992 ou le Protocole de Kyoto de 1997 visa à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays signataires.

C’est dans ce contexte que la France conçoit la RT 2000. Celle-ci vise, de nouveau, à faire baisser de 20% de la consommation d’énergie dans les habitations et 40% dans le tertiaire par rapport à 1982, (pour la ramener à 130 kWh/m2.an).

La notion de confort d’été se développe et des normes dans la construction des bâtiments neufs sont imposées aux architectes: la consommation d’énergies qui ne doit pas dépasser un plafond de référence autant pour chauffer que refroidir.

La RT 2012 encourage ,pour la première fois, l’utilisation des énergies renouvelables. Elle place de nouvelles

contraintes dans les isolations thermiques avec la lutte des ponts thermiques dans les logements. L'objectif fut de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990 et 2030 et de les diviser par quatre en 2050 par rapport à 1990.

En l’espace de 40 ans la notion de confort thermique a largement été prise en main par les instances publiques. A partir des années 2000, les conditions de réussite du confort d'hiver comme d'été sont associées en majeure partie à l’isolation performante de toutes les parois (y compris les fenêtres), la ventilation contrôlée pour une maîtrise de l’humidité, des occultations extérieures et à une inertie thermique du bâtiment en minimisant le chauffage ou la climatisation.

2022 : Un confort thermique vers une notion environnementale

Le futur est clair, zéro gaspillage énergétique. On opère une réelle accélération des règles et elle sera axée sur la construction de bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment, bâtiment à énergie positive.

La réalisation du bâtiment à énergie positive reprend les principes de la maison passive, en y incluant en plus des éléments de productions énergétiques tels qu’une ventilation avec la récupération de chaleur sur l'air vicié, une captation ef fi cace de l'énergie solaire, la récupération des eaux pluviales etc. On encourage aussi fortement la réhabilitation de bâtiments existants plutôt que la reconstruction, car elle représente 2 fois moins d’émissions de gaz à effet de serre qu’une reconstruction.

La réglementation environnementale met en évidence plusieurs manières d'agir :

° Dans la conception, en pensant à la mutualisation des espaces, en prenant en compte le cycle de vie des matériaux, en donnant place à l'utilisation des matériaux bas carbone.

° Au niveau du chantier en utilisant au maximum des engins électriques et limiter les flux, minimiser les déchets et les revaloriser.

° Dans l'exploitation au niveau des besoins de l’utilisation d'énergie à bas carbone ou bien la production d'énergie renouvelable et de récupération.

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B- DEFINIR LA VALEUR DU CONFORT EN 2022 ; POINT DE LEVIER DE L’ARCHITECTURE BIOCLIMATIQUE

a - Le confort, une notion abstraite à définir.

Le confort est relatif et dynamique : il est différent pour chacun et variable dans le temps, selon son âge, ou de sa classe sociale.

Nous pourrions dire qu’il faut distinguer deux notions. Premièrement, un confort lié au bâtiment et remplissant ses fonctions fondamentales d’abri pour l’occupant contre des éléments extérieurs.

Deuxièmement, un confort relevant d’une perception sensorielle liée à des critères d’ambiance et d’environnement de l’habitat (luminosité, humidité, température, qualité de l’air, acoustique…).

Même si celui ci est à caractère variable, nous ne sommes pas sans ignorer la hausse de notre niveau de confort. Notre train de vie est trois fois plus élevé qu’un des plus grands bourgeois du siècle dernier. Notre consommation énergétique a été multiplié par 10 depuis 1920. ¹

Parce que la révolution industrielle et les innovations nous ont permis d'alléger notre quotidien, ces éléments les plus rudimentaires se sont éloignés de la source et nous ont rendu complètement tributaires de ces éléments. Des commodités qui semblent d’emblée accessibles, car à défaut de s’y intéresser vraiment, on se rend difficilement compte de toutes les infrastructures nécessaires pour disposer de cette nouvelle « normalité de confort».

Les normes publiques mettent en exergue la première notion du confort précédemment cité. En effet, l’état s’engage dans la manière la plus appropriée à donner un toit en respectant des règles thermiques et environnementales. Mais qu'en est-il de la deuxième ?

La société fonde l’architecture et sa définition du système du confort. On transpose bien l’habitation par le terme français « chez soi » faisant référence à soi, comme le point d'intimité de l’homme.

C’est en combinant le concret et la perception que la notion de confort contemporain peut émerger et constituer un socle de ré fl exion. Mais comment dé fi nir plus précisément la perception du confort ?

Comment est perçu le logement aujourd’hui et quelles seraient les moyens pour l’améliorer ?

La maison individuelle et l’idéal du confort

Pourquoi la maison individuelle est-elle synonyme de confort idéal pour les français ?

Existe-il une sensibilisation de la population autour du développement durable ?

Pour répondre à ces questionnements, nous allons, dans un premier temps, nous appuyer sur une enquête autour de l’image d’habitat dans l’imaginaire des Français réalisée par le CRÉDOC intitulée « Etre propriétaire de sa maison »

Le CRÉDOC a mené son enquête dans 22 communes sélectionnées selon leur taille d’agglomération (de la commune rurale à la ville de 500 000 habitants et plus).

Les réponses de ce sondage seront mis en concordance avec les expériences vécues pendant la mise en situation professionnelle.

Le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie est un organisme d'études et de recherche au service des acteurs de la vie économique et sociale. Fondé en 1953, le CRÉDOC mène de nombreux travaux d'études et de recherches interdisciplinaires (économiques, sociologiques, statistiques, démographiques voire linguistiques)

¹Econologie. Économie, écologie, technologies et société. Disponible sur :<https://www.econologie.com/

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La perception la plus répandue de la maison individuelle est celle d’un espace à géométrie variable. Celle-ci devient un lieu de vie flexible qui s’adapte à la structure de la famille et à ses besoins. 93 % des enquêtés sont d’accord avec l’affirmation : « la maison individuelle est idéale pour les familles avec des enfants », ils en soulignent la convivialité.

Faire construire sa maison individuelle prend également une dimension patrimoniale, car cela permet de se constituer une sécurité financière.

La vie en maison individuelle présente aux yeux des enquêtés certains avantages que la vie en appartement n’aurait pas. Par exemple ; le bruit entre voisins occasionnant des conflits de voisinage.

De plus, qui dit calme, dit une maison individuelle sans litige, contrairement à la vie en appartement qui engendre du conflit pour 70% du panel interrogé.

Les Français chercherait aussi un cadre de vie proche de la nature. Plus que la maison en elle-même, c’est son implantation qui participe à l’image d’un logement idéal. À la question « Pour vous, quels sont les éléments les plus importants dans un logement », les personnes interrogées ont répondu le jardin, pour 58 % des répondants. Chacun souhaite posséder sa parcelle de terrain.

La préoccupation du développement durable s’est progressivement diffusée dans les réflexions sur le devenir de l’urbanisme. 78 % du panel interrogé accepterait de payer plus cher une construction respectant les principes du développement durable (matériaux écologiques, récupération des eaux de pluies, capteurs solaires...).

innovants et écologiques est également un critère de qualité.

Pour continuer à appuyer nos propos, le sondage mené par le commissariat général au développement durable lié au ministère de la transition écologique et sanitaire est adéquat.

L’intitulé de ces recherches se nomme « Modes de vie et pratiques environnementales des Français » réalisé en 2018.

Elles s’intéressent aux opinions des Français sur le sujet, à leur façon de se déplacer, à leurs habitudes de consommation ou à leurs usages énergétiques. Ces enquêtes permettent de dresser un état des lieux des modes de vie, de quantifier des évolutions, de caractériser des formes d’engagement personnel, etc.

Soucieux de l’état de l’environnement et préoccupés face aux changements climatiques qui s’annoncent, une majorité des Français se déclarent disposer à agir pour l’environnement.

Le potentiel d’action des individus paraît en effet considérable : environ 72 % des émissions de carbone sont attribuables à la consommation finale des ménages ; dans l’énergie, l’alimentaire, les déchets, les transports etc.

Pourtant, les enquêtes montrent qu’ils ne mettent pas toujours en adéquation leurs convictions et leurs actions. Observé de longue date, ce décalage entre la volonté d’agir et la mise en œuvre effective de pratiques environnementales perdure dans le temps.

Le panel est particulièrement sensibilisé à la qualité des matériaux utilisés. 60 % considèrent que c’est le premier critère de qualité associé à la qualité du chauffage et de l’isolation thermique. 27 % considèrent que la prise en compte des nouvelles énergies et des matériaux

A titre d’exemple, ils sont seulement environ un quart à ne pas recourir à la voiture ou aux deux-roues motorisés pour se rendre sur le lieu de travail ou pour faire des courses et à peine 19 % consomment de la viande moins de 2 ou 3 fois par semaine.

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L’évolution des pratiques éco-responsables depuis une quinzaine d’années présente un bilan contrasté.

On retrouve un coté positif dans le tri des déchets ou l’adoption de certains gestes d’économie d’énergie (extinction des appareils en veille…), qui sont désormais entrés dans les mœurs.

Le souci d’éviter le gaspillage alimentaire, l’attention portée à la proximité des lieux de production, à la saisonnalité des produits deviennent peu à peu des facteurs contribuant aux choix de consommation alimentaire (cf. M. Gauche).

Or, du côté négatif du bilan, nous avons la constatation d’une progression des achats d’équipements énergivores. Aussi, la volonté d’acheter une maison à haute performance énergétique dans des zones périurbaines s’accompagne d’effets pervers, tels le choix d’une température du logement excessive ou le recours contraint à la voiture individuelle (cf. M. Mangold). ¹

La question des mobilités vient également complexifier la recherche d’un meilleur équilibre. L’émergence de modes de transports alternatifs (covoiturage, autopartage...), bien que prometteuse, ne fournit pas toujours la solution souhaitée par les usagers.

Pourquoi existe-il une différence entre la volonté d’appliquer un mode de vie plus écologique au regard des réelles actions menées ?

L’écologie ne serait-il pas liée à un phénomène de mode, ou bien une idée illusoire de mieux s’en sortir ? Comment expliquer ce fossé ?

Dans son livre « L’invention du confort », Olivier Le Goff retrace l’évolution de la définition du mot « confort » qui marque l’émergence de la modernité et du progrès.

Des progrès qui apportent un certain luxe et libèrent des corvées des tâches ménagères ou du travail. Il s’est ajouté au fil du temps, de nombreux outils digitaux, smartphones, ordinateurs, robots, etc. De plus, les moyens de transport tels que l’avion, avec l’occasion de voyager partout s’inscrivent également dans cette logique de confort.

L’évolution du terme « confort » suggère sa banalisation vu que l’on ambitionne toujours d’avoir plus : le confort minimal d’une époque devient un acquis pour la suivante.

Ces mots montrent pourquoi, ce fossé existe entre volonté et action, car s’il faut être écologique, cela sous-entend pour certains, une diminution d’une partie de notre confort ; perçu comme un sacrifice dans le quotidien, financier, au niveau des coûts de construction ou de réhabilitation etc.

Le but d’élaborer une planification écologique induirait une perte de confort individuel mais également une certaine privation de libertés. La liberté de se déplacer comme bon nous semble, de partir dans des destinations lointaines, manger des produits exotiques, chauffer son logement à 24 degrés et autre.

C’est alors que le confort, devient beaucoup plus abstrait. Il est à la jonction entre une responsabilité pour les générations futures et l’assouvissement de besoins/ d’envies immédiats.

Comment adopter les comportements alternatifs, plus écologiques, pourquoi sont-ils si peu acceptés et mis en place ?

Comment l’architecte peut-il être moteur d’une accélération dans le processus de l’architecture ecosystémique ?

¹Commissariat général au développement durable. Modes de vie et pratiques environnementales des Français AVRIL 2018 100p..

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LE DURABLE A COUP DE MARTEAU*

Quels sont les leviers, sur lesquels s’appuyer pour faire appliquer l’architecture durable dans le domaine privé?

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Le durable à coup de marteau Franck Boutté Cycle de conférences "Champs Critiques" Septembre 2019
*Conférence

A- L’ARCHITECTE, CONSEILLER DANS LE PROCESSUS DE LA CRÉATION DE NOUVEAUX STANDARDS

User d’une notoriété

Un architecte a pour mission de dessiner, concevoir et superviser la construction d’un bâtiment quelle que soit sa nature, dans le domaine public comme privé.

Au-delà de la conception, les Français perçoivent l'apport de l'architecte comme essentiel sur au moins trois points : le respect des normes et règlements qui s'appliquent à la construction, la solidité du bâtiment, en fi n, l’aménagement intérieur.¹

Du côté de la profession, le curseur se place plutôt du côté de la prise en compte des désirs et des modes de vie des usagers, de l’aspect fonctionnel des bâtiments, et enfin, de la qualité esthétique.¹

Dans une enquête réalisée par Ipsos pour « Le Moniteur » et « AMC », 95 % des Français estiment que les architectes ont une profession d’avenir, mais considèrent leur service comme un luxe onéreux.

Ce cliché renvoie à une image prestigieuse qui ne correspond plus à la réalité. « Est-ce un luxe de repenser nos manières d’habiter dans le logement ? D’y faire pénétrer la lumière naturelle ? De décrypter les réglementations pour mieux en jouer, de créer des villes où l’on se sent bien ? Si oui, alors le luxe devrait être la norme » ²

Alors, si un architecte offre un service privilégié, qu’apportet-il de plus sur un projet ?

Un architecte permet ,entre autre, de réaliser un projet sur mesure, mettant des mots et des images en projet. Il a aussi la réflexion de créer un projet harmonieux alliant modernité, proportion et esthétisme.

Un architecte peut rendre un habitat dit « sur mesure », tout en combinant d’avantage, le processus écologique et l’amélioration des logements.

Comment rendre l’écologie source d’envie alors qu’elle est perçue comme une réduction du niveau de confort?

Pour reprendre les mots de Frédéric Martinet lors de notre formation HMONP en janvier 2022, il faudrait « Jouer

avec le syndrome du «copain jaloux» ». Si un projet entre parfaitement dans les valeurs environnementales, tout en suivant les critères de beauté et de confort de notre époque, alors ce projet suscitera l’envie. ‘La maison d’architecte’ bien plus qu'une valeur matérielle sera porteuse d’un modèle à vouloir suivre.

Des modèles en cohésion avec l’environnement, des modèles bioclimatiques qui casseraient cette image d'une réduction du niveau confort et de train de vie s’il faut être écologique.

La maison modèle, copain jaloux.

Le concept du « copain jaloux » et celui d’un sur mesure écoresponsable pourrait entrer en concordance avec un projet effectué à Sucy en Brie en 2022.

Il s’agit d’un projet de fin de construction d’une grande maison de 200m2, sur deux étages, qui en était au stade fin de gros oeuvre.

C’est avec une grande fierté que le client parle de son bien comme une « maison d’architecte » puisqu’elle est gage d’espace, de modernité. Une maison qui aux yeux du client devrait représenter le symbole de sa réussite. Pour l’ensemble de sa maison, il trouva son inspiration sur des réseaux sociaux très difficilement réalisable. Des inspirations très clinquantes aux antipodes de la notion de ce mémoire . C’est donc un cas d’étude intéressant, car nous sommes face à un MOA très peu sensible à l’environnement.

Comment arriver à faire entrer ce sujet dans les discussions et dans le projet de rénovation ?

¹Une étude réalisée par l'IFOP enquête a été menée auprès d’un échantillon de 807 personnes Sondage : quelle perception les Français ont-ils du métier d'architecte ?.

²Véronique Flurer. Architecte, qui est tu vraiment? Le moniteur. Octobre 2011

³ Frédéric Martinet. architecture et commande privee pour les non professionnels ? ENSAPVL. Janvier 2022

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Au niveau des revêtements muraux, les peintures utilisées sont composées d’ingrédients d’origine végétale ou minérale. De plus, de nombreux éléments de décorations murales naturels sont utilisés telle que la feuille de pierre, du bois, ou du liège.

Pour les revêtements de sols, nous avons privilégié au maximum des matériaux tel que le travertin ou du parquet massif.

L’architecte devrait avoir des fournisseur locaux et des acteurs qui privilégieraient une filière plus responsable. Un travail de sourcing est primordial pour se constituer son propre carnet d’adresses en vue de sortir de la sphère industrielle.

Le domaine de l’ameublement est un des points les plus tangibles dans le compromis écologique. Il existe de nombreuses solutions pour aménager et décorer tout en étant respectueux de l’environnement. Le meuble durable dans ses matériaux, le mobilier réutilisé, ou encore le mobilier recyclé.

Or, ces solutions sont stoppées par des années de standardisation et pour reprendre les mots de Guy Lambert, docteur en histoire de l’architecture, nous assistons aujourd’hui à une standardisation de l’idéal architectural. Avec la mondialisation et la standardisation de nos modes de vie, nous assistons à une uniformisation des imaginaires souvent bornée par la sphère digitale

Fig.7

Les différentes ambiances voulues par l’idéal des réseaux sociaux doivent être étudié pour stratifier les niveaux d’exigences du MOA sur ses choix d’aménagements intérieurs. Une photo peut tout dire, à nous de savoir ce dont le MOA recherche à travers l’image.

L’architecte peut trouver un équilibre entre les envies et l’avancée écologique et d’en faire partager les avantages.

Si la seconde main ou l’upcycling (faire du neuf avec du vieux, avec un gain de qualité et une plus-value pour le seraient une des solutions, elles sont l’image tout de même de nombreux a priori. Une nouvelle fois, un travail de recherche serait de mise pour trouver des intervenants qui utilisent intelligemment cette filière.

Sur le mobilier neuf, on donne du sens aux achats en repérant les labels qui certifient l'engagement responsable comme le label NF Environnement qui repose sur quinze critères écologiques.On pense aussi au label Nature. On surveille également le "Made in France" et l'engagement responsable de la Camif, de Landmade ou encore d'ABC Meubles.

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. ¹ ⎡
¹Guy Lambert. Standardisation & idéal commun ENSAPB 2018 ⎡Fig. 7 Photos d’inspirations partagées par le client ▪︎ Loriane Kugler ⎦

Plusieurs solutions permettent de garantir un certain confort thermique, été comme hiver. Même si dans notre cas de figure, elles n’ont pas abouti pour cause budgétaire, elles méritent néanmoins d’être citées.

Du côté de la chaleur, nous avions proposé un système de chauffage type poêle à bois ou à granulé. Le granulé rejette très peu de gaz à effet de serre à condition que le bois qui alimente la chaudière soit issu d’une forêt proche, exploitée dans le respect de l’environnement.

Du côté de la cuisine, nous avons placé les appareils énergivores qui produisent du froid (réfrigérateur, congélateur…) assez loin d’une source de chaleur. Pour pousser plus loin que ce cas de figure, nous pourrions installer des poubelles de tri sélectif (cartons, métal et verre) et nous avons proposé l’installation d’un lombricomposteur dans le cellier.

L’optimisation des rangements dans les placards et dans la partie cellier permettrait de valoriser le vrac et de stocker les produits dans des contenants en verre, entre autre.

Du côté de la salle de bain, l’installation d’appareil à débit réduit permettrait d’économiser une dizaine de litres, à chaque minute.

Certains systèmes permettent de recycler les eaux usées de la salle de bains, pour une réutilisation, entre autres pour les WC, l’arrosage et le lave-linge.

Pour conclure, il existe une liste illimitée de solutions pour rendre une maison plus saine et qui limiterait les déperditions.

L’aménagement n’est pas à négliger dans son impact environnement car le « chez-soi » est l’un des premiers sujet qui parle directement aux habitants. Elle met en évidence des usages.

Un architecte, dans son rôle de conseiller peut permettre par ses idées d’aménagements d’en dégager des gestes

plus responsables et des changements d’habitudes. Si un espace est bien pensé, de la fourchette à la récupération d’eau de pluie, il est plus simple de s’y accommoder.

Par d’innombrables petits changements écoresponsables, une maison qui donne envie pourrait, en soi, être multiplié dans son processus pour que ce nouveau concept devienne une nouvelle forme de standardisation.

Qu’entendons nous par nouvelle forme de standardisation ?

La liste présentée précédemment apporte « des nouvelles solutions », des innovations pour la maison individuelle.

Mais ces moyens de mise en oeuvre ne devrait-il pas s’inscrire complément dans tous les processus d’élaboration d’une maison ou de rénovation ?

Il parait inconcevable d’édifier une maison sans fondation ou de poser du simple vitrage pour les menuiseries, ce sont des lignes directives totalement inscrites dans la construction d’une maison.

On entend par standard :

standard nom masculin

1 .Type, norme de fabrication.Des standards. Conforme à un type, ou à une norme de fabrication.

Il faut voir le côté positif de la standardisation qui a comme avantages principaux le gain de temps et d'argent, et elle est surtout défendue pour l'unité et la clarté des conceptions architecturales.

Les constructeurs comme Maison Phénix ont très bien compris ce processus. Le gain de temps et d’argent ont permis de proposer un « type » de pavillon pour être dupliqué à l’infini partout sur le territoire français.

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La France est un bien gardé par le lobby des constructeurs, dessinée par des géomètres, loties par des promoteurs.

Pour le même prix, les maires, les aménageurs, et les particuliers ne pourraient-ils pas s’offrir les services d’une agence d’architecture ? Une agence qui pourrait magnifier la topographie, l’histoire des lieux, la course du soleil, les points de vue sur l’horizon et les envies des habitants.

Or de nos jours, la maison laisse l'architecte en plan.

Nous verrons dans les pages qui vont suivre que ce n’était pas toujours le cas. L’architecte fut un acteur important quant à la réflexion des maisons individuelles et ce, dès le début du XX siècle. La loi votée le 3 janvier 1977 a marqué un tournant dans la profession. Elle fixa le cadre juridique de son activité et lui donna le monopole sur la production architecturale. Or à cette époque, les habitants revendiquent de se loger pour le moins cher possible afin garantir « leur liberté citoyenne ». C’est pourquoi le décret instaura une dérogation du recours obligatoire à l’architecte pour une surface de 170m2 ou plus. ( abaissée à 150m2)

Une dérogation qui a eu une grande répercussion sur le territoire français. Les constructeurs de maisons individuelles développèrent des arguments à destination du public et des parlementaires et jugèrent le travail de l’architecte comme un privilégié de la construction et ayant un monopole sur le marché.

Un architecte n’est pas qu’un simple bâtisseur et dessinateur. Nous avons étudié durant notre cursus : l’histoire, la sociologie, la conception, la théorie etc. Ce sont des outils pertinents pour dépasser la sphère industrielle. C’est à l’architecte de reprendre en main la question de la maison individuelle pour redéfinir ce que peut être une « maison écologique ».

On peut lire sur certains articles non scientifiques « La maison de construction standard demande de

nombreuses ressources » (ctendance.fr) ou bien « La maison écologique utilise les énergies renouvelables et présente un impact environnemental, sur toute sa durée de vie, bien moins élevé que les standards de la maison normale » (prime-eco-energie.auchan.fr ).

Ces deux exemples montre bien qu’il y a une dissociation entre l’image d’une maison « normal » et « standard » et une « maison écologique ». A nous d’y combiner les deux.

Difficile de mettre un terme précis à « maison écologique ».

A l’architecte d’en trouver la directive, le processus de fabrication le plus précis pour qu’il soit inscrit comme une « forme de construction normalisée » pour la population.

La prise en compte de l’environnement doit être intégrée le plus tôt possible dans la conception d’un plan, programme ou d’un projet (que ce soit dans le choix du projet, de sa localisation, voire dans la réflexion sur son opportunité). C’est, là, la force de l’architecte.

Cependant, le choix des ménages pour opter vers une maison de constructeur s’avère être le prix. Passer par un architecte est souvent perçu comme un luxe onéreux.

C’est pourquoi, un travail de démocratisation du métier doit être mis en oeuvre. Car une maison « d’architecte » ne se résume pas à une surface supérieur à 150m². Chaque maison peut être une maison « d’architecte ». Une maison qui suscite l’envie, c’est une maison qui a le pouvoir de se démultiplier.

Pour cela, rien n’est plus important que de se faire connaître en dehors de la sphère du travail. Comme dirait Frédéric Martinet, lors de sa conférence en janvier 2022 « architecture et commande privée pour les non professionnels ? » tout évènement peut être porteur de projet dans la commande privée : une sortie d’école, une sortie au parc, un restaurant…

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B-LES RÈGLES ENVIRONNEMENTALES ; UTILISER LA CONTRAINTE COMME SOLUTIONS.

Le bâtiment est le 3ème secteur le plus polluant et représente environ 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises.¹ Au total, les Nations Unies estiment que le secteur a émis dix milliards de tonnes de CO2. Ce dernier est le principal gaz à effet de serre, dont la présence dans l'atmosphère contribue au réchauffement climatique. En moyenne, la construction d’un m² de bâtiment neuf représente l’émission de 1500 kg équivalents sur une durée de 50 ans.

60% sont liés à la construction notamment lors de la maçonnerie, les fondations et les infrastructures, destruction et les émissions dues au chantier. Les quarante autre sont liés à l’exploitation du bâtiment, à la consommation énergétique et le rejet d’eau entre autres.

Lors de la mise en situation professionnelle, nous pouvons citer un jeune couple qui souhaitait construire une nouvelle maison entraînant la destruction de l’ancienne suite à un incendie. La maison devait faire 120m² de plancher sur un terrain de 750m²

Les débuts furent bien évidemment remplis de volonté, de dialogues sur l’aspect général de la maison, le traitement de façade, l’ergonomie des différents espaces intérieures.

Néanmoins, concernant le dépôt de permis, on nous a demandé si la maison allait être soumise aux nouvelles contraintes demandées par la mairie.

Qu’entendaient-ils par contrainte ?

Ces clients faisaient référence à la réglementation environnementale entrée en vigueur en janvier 2022 pour les construction neuves. Le cas de ce client n’est pas isolé ; être réfractaire sur le respect de la RE ou RT peut être justifié si on ignore son existence ou bien si on l’a considère plus comme un problème qu’un avantage.

Quelles stratégies doit mettre en oeuvre l’architecte pour son application ?

◦ Le dialogue

Adopter un conseil avisé sur les avantages de la réglementation environnementale pour « dépenser plus afin de consommer moins » peut être une source de motivation nécessaire pour les MOA.

En effet, si la construction d’un bâtiment certifié RE 2020 représente un surcoût d’environ 10 % en comparaison avec un bâtiment équivalent conforme à la RT 2012, on y trouve d’importantes économies réalisées sur les factures énergétiques et l’entretien des équipements. Si bien, que l’utilisation de chauffage serait quasi minime grâce à l’isolation.

Par ailleurs, un bâtiment RE 2020, est un bâtiment qui offre un confort de vie à ses occupants. Qualité de l’air, isolation phonique, maintien de la température agréable été comme hiver, sont autant d’éléments qui participent à la promotion de ces bâtiments. Un ensemble de dispositions pour poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et la baisse des consommations des bâtiments neufs.

Mais dans les faits, on y gagne combien ?

Une question qui est apparue plusieurs fois lors de réunions, et qui révèle peut être la faille du discours. Dresser un tableau exhaustif des dispositifs prévu pour le RE2020 est pertinent avec en en complément un réel tableau qui illustrerait « dépenser tant, et gagner autant sur cette durée de temps ».

¹Construction et performance environnementale du bâtiment. ecologie.gouv.fr Septembre 2020

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◦ Stratégie de « l’allié »

Parfois, même en développant un échange sur l’intérêt des normes constructives, cela peut rester lettre morte.

Alors, la deuxième stratégie à adopter serait la menace et les sanctions que peuvent provoquer le non-respect des règles. De plus, il est important de mettre en évidence toutes les pénalités que peut encourir le MOA en cas de contrôle. Même si notre intérêt est de porter le projet, des clauses sur la non-responsabilité des travaux ainsi le DAACT sont à la charge du bénéficiaire du permis.

Dans cette dynamique qu’un MOA ne veuille pas respecter le processus, il faut envisager ce qu’il y a de pire pour accepter les règles. Notre position en tant qu’architecte n’est pas facile, mais il faut développer le principe de l’allié face aux communes, créer un climat de confiance entre l’architecte et les clients. Si nous sommes toujours en opposition, cela peut provoquer un conflit, il faut parfois passer par cette stratégie.

L’architecture privée est un domaine d’intervention qui nécessite des stratégies et des leviers différents de l’architecture publique pour faire accepter correctement des règles.

◦ La communication visuelle

Il est compréhensible que toutes ces mesures ne sont que d’ordre de la contrainte, car il existe peu de renseignements sur les économies réalisées. Pour un client, ce qui prime, sont les coûts engendrés avant et après construction. C’est pour cela finalement, qu’ils ne sont pas toujours à l’écoute des arguments, car selon eux ce ne sont que des règles et des contraintes des instances publiques.

Alors ; un mur de minimum 25cm est contraignant car il y a une perte de place. Une descente de garage de 18% pour l’écoulement des eaux de pluie change sa distance avec l’entrée. Des arbres à feuillages caducs et des surfaces végétales nécessitent plus d’entretien. Un chauffage solaire, et une pompe à chaleur sont chères.

Communiquer, c’est peut-être là, la meilleure manière de développer le caractère écologique des maisons.

Des images, des petits graphiques ou schémas simples, sur l’économie d’énergie, sur les coûts des factures, sur la luminosité, ou encore sur la végétation pourraient enclencher sans doute une nouvelle dynamique positive sur la construction et sur la rénovation venant du client lui-même.

Une communication qui nécessite un temps de formation et de recherche impliquant à la fois les sciences de l’observation, celles de la transformation, et de la conception pour traiter la complexité du réel. La recherche et l’innovation sont appelées à jouer un rôle essentiel dans la culture architecturale et les stratégies de développement des agences.

Si une idée n’est pas mise en forme, elle est très difficilement comprise par tous, et ne peut prendre une forme concrète de l’architecture.

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Pour cela, nous pouvons nous appuyer sur la méthodologie de communication de l’agence Franck Boutté consultant. Son agence développe depuis plus 15 ans des concepts et des solutions concrètes visant à améliorer l’habitabilité des territoires et des bâtiments, en intervenant à toutes les étapes des projets et à toutes les échelles. La manière de communiquer est très intéressante, car elle parle à tous par le biais de petits schémas simplistes qui révèlent de grandes idées et notions d’architectures.

◦ La sensibilisation

Nous entrons alors dans notre dernier cas d’études vécu pendant la MSP, en parlant de l’extension d’une maison à Antibes, non loin du bord de mer.

Force est de constater que même si la ville n’interdirait pas une nouvelle extension, l’adresse du bien se situa en zone inondable par submersions marines.

Les inondations par submersions marines sont des inondations temporaires de la zone côtière par la mer lors de conditions météorologiques et océaniques défavorables (basses pressions atmosphériques et fort ux agissant, pour les mers à marée, lors d’une pleine mer) ; elles peuvent durer de quelques heures à

Pour répondre à ce risque, nous avons proposé au MOA des scénarios en vue de faire avec cet aléa : l’évitement,

On peut aussi se baser sur le programme de recherche HOPE qui plébiscite un ensemble de 65 actions (entreprendre des travaux d’isolation du toit, limiter l’utilisation de sa voiture, acheter des appareils électroménagers plus efficients en termes énergétiques, etc.). Elle sont toutes présentées sous forme de carte individuelle résumant l’intitulé de l’action, sa catégorie, son potentiel de réduction d’émissions; son coût etc.

Dans un travail topographique, une légère surélévation du terrain ( environ +40 cm ) pourrait faire preuve d’une première phase de déviation de l’eau si jamais elle arrive sur le terrain. De plus, cette eau déviée serait redirigée vers des rigoles en périphérie de parcelle pour évacuer le trop plein.

Si jamais l’eau arrivait à monter d’avantage, des batardeaux serait positionnés aux fenêtres et aux portes pour éviter que l’eau ne rentre dans la maison.

Enfin différentes stratégies de prévention pourraient être mises en place comme opter pour une pièce « safe » et hors d’eau pour le stockage des biens importants ou utiliser des revêtements facilement nettoyables ou bien adapter l’électricité à l’humidité.

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⎡Fig. 9 Exemple de carte « actions » ▪︎ HOPE ⎦ ⎡Fig. 8 Regénération urbaine et architecturale bas carbone de l’îlot ICAM ▪︎ Franck Boutté consultants ⎦

Malgré l’explication stratégique des solutions pour anticiper les risques d’inondations, l’agence a eu très peu de retour positif sur ces dispositifs. En effet, la maison est située en zone bleue sur le PLU, les clients ne considèrent pas les aléas comme un danger.

Mais qu’est ce qu’une zone finalement ? La rue d’à coté dans le PLU est en zone rouge donc non constructible. Se baser, finalement, sur un document administratif n’est pas toujours fiable compte tenu de la fragilité des données. En effet, une donnée naturelle n’est pas fixe, ni figée dans le temps.

De ce fait, on pourrait se poser la question, comment engendrer des comportements positifs sur les aléas climatiques dans le secteur privé ?

La sensibilisation prime.

Le rôle, dans ce cas de figure, de la sensibilisation s’installe dans la compréhension d’un projet sur des données qui peuvent dépasser le client. Plusieurs petits travaux devraient être réfléchis tel que :

Un travail d’accès sur la mémoire des crues et des conséquences des inondations dans la commune.

Un travail de mise en situation concrète et adopter la stratégie « et si ça vous arrivait »pour permettre au client de se projeter et de comprendre plus facilement ce qui l’entoure.

Des documents graphiques simples pour chaque scénario envisagé transmettraient une information, une idée. Dans ce cas de figure, des petits plans masse à différents intervalles temporels sur l’impact des l’inondations par submersions marines seraient une première idée de mise en graphisme du discours.

Au vue des différents points abordés, une agence doit se baser sur un travail de recherche et de communication en vue de porter ces changements.

° Trouver des acteurs locaux et des fournisseurs qui respectent les normes environnementales européennes.

° Développer une stratégie de conception d’une « maison écologique » pour que la maison standard et le domaine de l’écologie ne fasse plus qu’un.

° Un travail de recherche continu sur les avantages sur le confort de vie, sur la perception du confort, des nouvelles technologies, mais aussi des constructions qui se trouvent dans le passé.

° Rester attentif aux changements des habitudes et d’usages au fur et à mesure de notre évolution.

° Un travail de recherche sur la meilleure manière de composer avec notre environnement et face aux aléas climatiques tel que les inondations, la sécheresse, les feux de forêts etc.

Dans une petite agence comme celle où j’ai évolué lors de ma MSP, le travail de la recherche doit être non pas un rôle à donner à quelqu’un, mais plutôt un temps à accorder entre les projets. A l’image de la conférence d’Iris Chevet lors de notre formation HMNOP, opter une stratégie de tripartition dans son temps d’agence permet de développer des constructions mentales pour répondre à une volonté architecturale tout en faisant vivre la structure.

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MAISON ECOLOGIQUE »

Comment allier l’habitat pavillonnaire et l’approche architecturale durable ?

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LA MAISON INDIVIDUELLE EST UN MODÈLE D’HABITER BIEN FRANÇAIS

Au 1er janvier 2017, la France, hors Mayotte, compte 35,7 millions de logements, 68,4% de part de logement en France métropolitaine se trouvent être une maison. ¹

En France, 88 % des communes sont rurales. Les maisons individuelles constituent la presque totalité des logements dans ces communes dont les unités urbaines sont de moins de 20 000 habitants.

Dans les départements ruraux, la proportion de maisons individuelles parmi les résidences principales peut atteindre des valeurs très élevées à plus de 75%.

Le statut d’occupation du logement est étroitement lié au type de résidence principale. Depuis le recensement de 1968 par l’INSEE, la part des propriétaires n’a cessé d’augmenter au détriment de celle des locataires, pour représenter en 2015 près de 58 % des résidences principales. Les constructions pavillonnaires se répartissent sur l'ensemble du territoire national, avec une prépondérance dans les banlieues des grandes villes et l'espace périurbain des villes moyennes.

Les Français sont très fortement attachés à cette forme de logement ce qui explique que le nombre de maisons individuelles ait peu à peu augmenté au fil des ans.

On peut noter que ce pourcentage est plus important chez les ouvriers et les catégories socio-professionnelles à faibles revenus que chez les cadres et les personnes avec un haut niveau de vie. La présence du jardin représente la possibilité d’avoir un potager ainsi qu’une recherche d'un environnement campagnard entre autre.

Les motifs d'attachement des Français aux pavillons relèvent de la symbolique (vie campagnarde, air plus pur) et de la pratique (présence d'une cour et d'un jardin, liberté accrue dans la vie privée). La vie dans un pavillon permet de marquer l'espace de son empreinte et d'avoir une vie sociale tout en préservant son intimité et en l'organisant à travers la distribution des pièces. ²

Ce modèle est issu d’une longue histoire prenant sa source à partir de 1600, mais c'est à la fin du XIXème siècle qu’il a commencé à connaître son plus grand essor. Cette croissance est due à divers facteurs comme la forte croissance de la population urbaine, mais aussi à la volonté politique qui a fait naître la maison comme idéal français.

La maison, un héritage français.

Depuis plus d'un siècle, les Français ont développé un intérêt marqué pour l'habitat individuel, et ce, malgré l'influence de la vie citadine. La forme privilégiée par beaucoup est celle du pavillon. Il représente à la fois une forme de maison et un mode de vie. Le pavillon au sens strict se définit par une construction individuelle, un recul par rapport à la voirie, un jardin à l'avant du bâtiment, la présence d'un terrain à l'arrière et l'absence de contraintes de mitoyenneté.

L’apologie de la maison individuelle s’instaure réellement suite aux encouragements de relogement des ouvriers des usines en dehors des villes au XIXème siècle. A l’image du Patronat de Mulhouse crée en 1853, pionnier, qui va proposer le modèle du logement ouvrier patronal. ³

Avec un logement économique tout en ayant l’idée d’avoir une maison, ce modèle offre une maison d’environ 12x12m avec un chauffage commun aux autres et deux orientations. Chaque ouvrier a en sa possession un jardin qui offre plusieurs vertus : l’ouvrier peut cultiver ( surtout le dimanche, il ne sera pas au cabaret ) et les enfants peuvent jouer. Le travail du jardin va permettre à la famille ouvrière de (re)trouver une vie harmonieuse.

¹ Insee Références. 7.1 Logement . TEF, édition 2018

² Alain DE MEYERE Un confort de plus en plus important, Direction Départementale de l'Equipement de l’Oise , 2006.

³ DUMONT Marie-Jeanne. Conférence Des phalanstères aux grands ensembles Histoire du logement social. ENSAPB.2019

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Dès lors, une très grande propagande s’installe notamment dans les expositions universelles comme celles de Paris en 1867 et en 1889.

Le fait de posséder un pavillon était contraire à celle de la densité urbaine, qui était perçue négativement comme un facteur de dissémination des maladies. Les pouvoirs publics contestèrent l'emplacement des populations dans les logements exigus et collectifs. La maison individuelle était gage d’hygiène, de bonne santé et d’une vie agréable.

Après la première guerre mondiale, la doctrine régionaliste se consolide essentiellement lors de la reconstruction des régions dévastées. Ces reconstructions devaient marquer la renaissance de l’architecture régionale qui s’adapterait aux nécessités du climat, à la configuration géographique et au caractère des paysages comme l’avait annoncé Paul Jacquier, sous secrétaire d’état au ministère de l’intérieur.

Cette politique montre un idéal régionaliste qui monta en puissance entre les deux guerres.

La revue ‘maison pour tous’ fondée en 1925 prôna un fond commun pour unir tous les français qui ne sont pas pervertis par les sophismes urbains. Avec « la véritable maison française », un mouvement est lancé contre le modernisme. On instaure même des labels de la « Francité » qui sont décernés à des maisonnettes, pavillons ou autre puisant leur esthétisme dans les régions.

En plus d’une mise en avant de l’architecture de région, l’entre-deux-guerre favorisa une démarche pédagogique centrée sur la sphère privée en accord avec les normes autour d’un « confort moderne » lié à la santé et à l’hygiène. La maison est liée à l’apprentissage de la santé et des rudiments de la vie familiale avec une pointe d’esthétisme. La maison en sera en tout temps l’étendard idéal des nouvelles valeurs françaises.

A l’heure de la reconstruction du patrimoine détruit lors des bombardements de 1940, le gouvernement de Vichy prolonge et intensifie les réflexions des années 1920-30 en matière de croissance urbaine et de planification des équilibres entre la ville et les campagnes.

En 1941, la Charte de l’architecte pour la reconstruction encouragea les professionnels agrées à intervenir dans les régions. L’idée fut de reconstruire dans des styles régionaux en usant des matériaux locaux, en affichant des idées nouvelles selon Daniel Boutet, président du Comité national de la reconstruction de l’époque.

Le programme de la maison individuelle fut un catalyseur particulièrement fécond de discours, d’imaginaire et de modèles diffusés dans l’ensemble des classes sociales. Le contexte de la maison individuelle comme modèle français a largement été relayé par les hommes politiques, experts et architectes qui orientèrent leurs discours sur une volonté de pallier à la crise du logement, et sur une résolution face à l’insalubrité favorisant l’élévation des standards domestiques.

Les pouvoirs publics ont non seulement garanti des prêts aux ménages emprunteurs, mais également permis d’accroître des crédits à des taux très avantageux. L'action de l'État a également porté sur des dispositifs d'aide au logement dès le milieu des années 1960, ce qui s’est traduit aussi par la multiplication des lotissements de maisons individuelles au détriment de logements collectifs.

Dans ce contexte de construction massive, les architectes qui avait encore entre leurs mains toute la responsabilité des projets furent face à l’apparition d’une concurrence sévère ; les constructeurs de maisons. Une concurrence qui remet en cause le rôle de l’architecte. On pourrait avancer le fait que, la marginalisation de la profession résulte des représentations actuelles de l’architecte tendant plus vers l’homme de l’art plutôt que le prestataire de services, et d’économie.

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Ces produits finis imaginés par les industriels tel que Maison Phénix, Kaufman ect. proposèrent des catalogues de maisons comme produits de grande consommation entassés dans des lotissements.

Un lotissement, dans le sens le plus strict du terme, se définit par un « ensemble de lots provenant de la division d'un terrain en vue d'y recevoir des constructions qui sont vendues ensemble ou plus généralement séparément après que le lotisseur ait réalisé des voies d'accès, des espaces collectifs, des travaux de viabilité et des raccordements aux réseaux de fourniture en eau, en électricité, aux réseaux d'égouts et aux réseaux de télécommunication. » ( dictionnairejuridique)

Or, après la première guerre mondiale, le phénomène des lotissements, jusque-là réservé à une clientèle limitée et aisée, change de nature et d’ampleur. De très nombreux lotissements commencent à se développer dans un contexte de crise du logement, absorbant une grande partie du territoire pour devenir une offre d’habitat dominante en périphérie des autres grandes agglomérations de l’Hexagone.

« On voit apparaître le développement de lotissements défectueux et le phénomène des mal-lotis »(Fourcaut, 2000). A destination des classes populaires, ces nouveaux lotissements résultent du découpage parcellaire de terrains bon marché par des lotisseurs peu scrupuleux.

Le fait est établi que la diffusion de l'automobile au cours des années 1950-70 a rendu aussi possible pour de nombreux ménages l'accession à la propriété d'un pavillon en périphérie des villes. C’est alors que le quotidien des ménages résidant au sein de zone pavillonnaire est devenu indissociable d'une mobilité journalière sur l'usage de l’automobile, car trop souvent éloigné des centres économiques du travail ou bien des centre-ville.

Le succès du lotissement périurbain est porté par l’essor de la mobilité, la démocratisation des prêts bancaires, le

changement d’image de la banlieue, l’offre de terrains à bâtir et surtout le vide juridique qui entoura sa pratique. L’État favorisa le développement de la maison individuelle à travers différents leviers.

A partir des années 1990, l'habitat pavillonnaire a fait l'objet de critiques par les aménageurs, les professionnels de l'urbain et du paysage, même si les constructions nouvelles se poursuivirent. Ce modèle architectural incarne pour certains, les excès de la périurbanisation, l'étalement urbain, les mobilités longues, source de gaz à effet de serre, et de la destruction du foncier agricole.

Depuis le grenelle de l'environnement 2007 et pour la première fois le lotissement de maisons individuelles est suspecté, voire accusé de médiocrité, son aménagement doit désormais être (re)placé sous la « responsabilité » d’un architecte.

La crise sanitaire liée à la pandémie du Covid 19 a fait émerger une nouvelle fois la question de la maison individuelle. La période de confinement propice au télétravail et au fait de rester chez soi a engendré un requestionnement des français sur leur logement et leur rythme de vie, en favorisant grandement les transactions immobilières dans les maisons individuelles.

Les estimations ¹ réalisées par les acheteurs soulignent un rebond des intentions à la fois de se relocaliser dans le rural et d’acheter une maison, avec respectivement +5 points et +7,4 points pendant le premier confinement, par rapport à la période pré-Covid.

En conclusion, au fil des décennies, l’engouement pour la maison individuelle ne désemplit pas et définit un caractère cher aux yeux de la population française

¹ exode urbain ?petits flux, grands effets, les mobilités résidentielles, à l’ère (post-)covid Popsu territoire. fevrier 2022 disponible sur popsu.archi.fr

MEMOIRE HMONP « MAISON ECOLOGIQUE » PAGE. 31

LA MAISON INDIVIDUELLE , UN NON SENS ECOLOGIQUE ?

La maison individuelle est alors un archétype architectural qui fait parti du territoire français à prendre en compte. Or, le thème de ce mémoire suscite tout de même une interrogation : peut-on vraiment parler d’écologie et de solutions d’avenir si on parle de maison individuelle, d’habitat pavillonnaire ?

Elle est responsable d’un des étalements urbains les plus spectaculaires en France. Leur morphologie très peu compacte va à l’encontre de toute logique de mutualisation, d’économie des ressources et de densification.

La maison individuelle est très souvent exclue des débats sur le futur de nos constructions. Pourtant, c'est chaque année 130 000 nouvelles sur notre territoire. Car elle suscite toujours un rêve bien français, un symbole national de réussite et d'émancipation issu de notre histoire.

La maison individuelle n'est pas entre les mains des architectes. En effet, encore aujourd’hui 2/3 tiers des parts de marché de construction se font par des constructeurs industriels. Ce sont des maisons qui sont dupliquées à l'identique sur tout le territoire regroupées en lotissement à la sortie des villages et des villes. Elles sont, en plus de ça, fabriquées avec des matériaux industriels provenant de loin et avec des éléments hightech alimentés par des énergies fossiles. De plus la prise en compte du bioclimatisme est quasi inexistante. ¹

« Le modèle d’urbanisation pavillonnaire dépourvu d’espace public et qui dépend de la voiture, constitue aujourd’hui un non sens écologique, économique et social. » E.

Wagon 2020.

De plus, au fil du temps, le nombre de pièces par logements a augmenté tandis que le nombre moyen de personnes par ménage a diminué. Le surpeuplement dans les logements, s’il n’a pas disparu, s’est considérablement amoindri depuis les années 1950. La part des logements de cinq pièces ou plus a

sensiblement augmenté contrairement à celle des logements d’une ou deux pièces qui a diminué. ²

Au regard de ses données, la réalité pavillonnaire qui incarne un idéal résidentiel, et qui, s'impose dans le paysage hexagonal doit être prise comme un sujet de questionnement, sans pour autant essayer de la révoquer.

Il s'agirait de réinventer une nouvelle culture constructive qui nécessite des transformations radicales pour l'adapter au mieux aux enjeux environnementaux économiques et sociaux de notre époque.

L’accréditation des labels des constructeurs selon les efforts qu’ils font pour offrir des maisons avec les meilleures performances énergétiques ne semblerait pas suffisant pour répondre à l’avenir qui se profile.

C’est pourquoi, ce mémoire tente de définir le terme maison « écologique » dans le spectre plus large du développement durable.

Si la maison individuelle se présente comme une aberration écologique, son destin n’est pas figé.

¹ Mathis Rager, Emmanuel Stern, Raphael Walther, ,Le tour de France des maisons écologiques Editions Alternatives , 20020, 240 p.
2019 PAGE. 32
² Virginie Dejoux, Morgane Valageas et Maryse Gaimard. Panorama de l’évolution des conditions de logement en France depuis la fin des années 1960, Espace populations sociétés .

La grande perte de savoir-faire traditionnel et l'industrialisation de masse ont conduit le mode de construction à réinventer sa culture sur le signe de la performance technique et de la rentabilité économique. Il semble que ce modèle ait atteint ses limites depuis déjà longtemps.

La réduction des dépenses énergétiques dans le bâtiment est fixée comme un des principaux objectifs de lutte contre le réchauffement climatique. Des mesures sont prises, telles que les réglementations thermiques (RT), établies en 1974 à la suite du premier choc pétrolier, qui voient leurs échéances se rapprocher : la norme bâtiment basse consommation – BBC –,et un nouvel objectif de bâtiment à énergie positive – norme Bépos –est fixé à 2020.

Julie Pollard, spécialiste d'analyse des politiques urbaines cite : « Le développement durable devient un problème central pour le secteur du bâtiment, et dans le même temps, un axe de communication pour les entreprises » Saisissant cette opportunité de « communication verte », car « le développement durable est un sujet de publicité porteur » (Pascual Espuny, 2008), les groupes industriels contribuent à la diffusion d’un modèle de logement « durable » en standardisant des innovations techniques qui visent la sobriété énergétique des bâtiments » (Beslay et al., 2015).

En bref, depuis ce moment, « écologie » entre dans les discours et les publicités porteuses de masse.

En parallèle des normes et réglementations thermiques, un processus de certification et de labellisation voit le jour, qui constitue plus largement pour l’action publique un moyen de régulation des conduites individuelles et collectives.

Aujourd’hui, avec la RT 2020 on retrouve le label HQE, le label E+C-, mais on peut se tourner vers d’autres labels, tels que Effinergie+ ou Bépos Effinergie 2013, afin d’attester une performance énergétique supérieure.

Un réseau d’acteurs s’est donc structuré autour de la promotion du logement « durable », axé principalement

sur une ef fi cience énergétique et dont les réglementations thermiques et les certi fi cations évolutives se font les garants.

Or, dans la volonté d'appliquer des labels pour le développement durable, ces processus peuvent présenter des limites.

Rudy Riccotti, entre autre, dénonce dans son livre ‘HQE Les renards du temple’ les dérives des normes et des labels qui sont souvent aux mains des grands constructeurs.

« Ce qui est grave, c’est que ces normes sont le résultat de lobbyings industriels et les bureaucrates, l’ombre portée de ce dispositif nécrophage. Prenez l’exemple de la réglementation thermique : elle ne fait que promouvoir davantage de machinerie et de suréquipement » Ricciotti explique le succès de ces politiques absurdes par le lobbying industriel.

Des processus aussi remis en question par l’Ordre des Architectes qui quitta l'association HQE en 2005, suivi par l'institut pour la conception environnementale du bâti en 2009.

Force est de constater qu'une maison dit durable issue du processus de labellisation mérite aussi d'être remise en question. La démarche HQE, dans sa conception actuelle, s’avère ainsi être tout à la fois réductrice, minimaliste, technicienne et castratrice, selon l’Ordre.

La réglementation thermique et les normes environnementales sont importantes pour permettre d'avancer, l'architecte doit les prendre en main comme un outil pour les devancer.

C’est pourquoi le terme « maison écologique » pourrait d’une part, envelopper l’ingénierie comme la minimisation des déperditions calorifiques, l’efficacité énergétique minimale du bâti grâce à l’introduction du coefficient Bbio, d’autre part, prendre en compte un lot de données sociétales, comportementales et sociales.

MEMOIRE HMONP « MAISON ECOLOGIQUE » PAGE. 33

« MAISON ÉCOLOGIQUE »

La « maison écologique » une notion à cadrer.

Il n'existe pas de définition précise sur la maison écologique puisqu’elle n’est pas spécifiée par les instances publiques ou des entreprises agréées ou brevetées.

Un des points névralgiques repose sur l’apparition du mot ‘écologie’ partout.

Il est employé autant dans les magazines de mode féminin que dans les médias ou dans les rapports de scientifiques. On l’applique à toutes les occasions, tel un argument de vente clé ou comme une dérive de culpabilisation.

En essayant de clarifier sa définition, on peut aussi bien trouver :

« Une maison est dite « écologique » lorsqu’elle tend à se mettre en conformité avec les normes environnementales et les standards de référence en la matière. »( consortium. Juin 2022 )

ou bien « La maison écologique est un type d’habitat qui se donne pour objectif de produire l’énergie renouvelable, sans pour autant que la consommation d’énergie diminue » (edfenr. Janvier 2022 )

Produire de l’énergie renouvelable ? Moins consommer ? Se mettre en conformité avec des normes ? Il peut être facile de tirer à son avantage la signification même de « maison écologique ».

Pour viser au plus juste notre travail d’architecte, sortons de l’idée de la maison comme un idéal, ou comme un concept et revenons aux définitions de base.

๏ Qu’est ce qu’une maison ?

maison nom féminin

1. Bâtiment construit pour servir d'habitation aux personnes.

↳ Qu’est ce qu’un habitat ?

๏ Qu’est ce que l’écologie ?

écologie nom féminin

1. Étude des milieux où vivent les êtres vivants, ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu (écologue).

2. Doctrine visant à un meilleur équilibre entre l'homme et son environnement naturel ainsi qu'à la protection de ce dernier.

La définition antérieure de l’écologie est l’étude des milieux où vivent les êtres vivants, ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu. Mais depuis quelque temps, une seconde est apparue qui vise un avenir pour trouver un meilleur équilibre entre l'homme et son environnement naturel ainsi qu'à la protection de ce dernier.

La définition courante et populaire de l’écologie fait situer l’homme au centre, protecteur d’un monde qu’il est en train de détruire.

En combinant les deux définitions issus du Larousse nous pourrions dire :

«

Maison écologique » nom féminin

Partie de l'environnement définie par un ensemble de facteurs physiques, et dans laquelle vit un ou plusieurs individus, une population visant à un meilleur équilibre avec son environnement naturel.

On parle bien de connexion, entre l’homme et son environnement naturel si bien que nous pourrions y énumérer quelques points tels que :

‣ L’optimisation de la forme et de l’enveloppe en fonction de l’ensoleillement, des vents, du contexte climatique du territoire.

‣ Porter une attention particulière à l’enveloppe de la maison.

habitat nom masculin

1. Partie de l'environnement définie par un ensemble de facteurs physiques, et dans laquelle vit un individu, une population, une espèce ou un groupe d'espèces.

2. Ensemble de faits géographiques relatifs à la résidence de l'homme (forme, emplacement, groupement des maisons, etc.) : L'habitat rural, urbain.

‣ Organiser des zones d’habitat selon l’ambiance thermique des espaces.

‣ Composer avec le site au niveau des ressources disponibles.

‣ Déplier plusieurs registres entrecroisés : la perception de notre confort, la santé, le « geste écologique », nos habitudes et l’autonomie énergétique.

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HABITATS ÉCOLOGIQUES : LA MAISON INDIVIDUELLE INSCRITE DANS UNE APPROCHE TERRITORIALE

Pour contester le modèle de la ville indissociable de la figure du pavillon, la recherche de la densité apparaît comme une des solutions.

En effet, l’habitat de type lotissement de maisons individuelles s’organise principalement selon un mode de dessertes internes en impasse toutes raccordées à des routes principales. Mais pourquoi pas proposer des maisons mitoyennes qui semblent garder de leur intimité tout en structurant une nouvelle forme de lotissement.

Pour cela, on pourrait diversifier les types de voiries et de cheminements faisant varier leurs aménagements selon leurs statuts : route principale connectée au réseau routier existant, voirie secondaires interne au quartier, voies tertiaires plus douces qui structurent les habitations. Cette hiérarchisation pourrait favoriser la compréhension et l’appropriation de l’espace par les habitants tout en gardant la perception du caractère intime ou public.

De plus, comment pourrions nous concilier maison individuelle et travail territorial pour favoriser davantage l’écologie dans l’habitat?

Peut-être en adoptant la stratégie TEGPOS, territoire à Energie Globale Positive à l’échelle des maisons individuelles et du lotissement.

Le BEPOS prône la performance sur un bâtiment. Ce système représente une nouvelle fois des valeurs d’une société occidentale et individualiste à l’image de l’idéal français. Chaque bâtiment se retrouve indépendant et en autonomie vis-à-vis de l’avenir incertain d’une planification urbaine.

Appréhender la ville de façon systémique implique de ne plus penser le projet au travers de son seul périmètre mais de l’envisager à travers les liens qu’il génère.

La ville ne saurait être réduite à une simple superposition de maisons seules, mais bien à un tissage de liens entre des objets, les interfaces, l’espace public, les perspectives et les vues offertes, le regard porté sur l’objet davantage que l’objet lui-même, etc.

Un lotissement qui nourrit son territoire devient une nouvelle ressource. Un partage des ressources qui pourrait devenir la base d’un nouveau contrat social.

N’est-ce pas là aussi la notion de « maison écologique » puisque rappelons nous, elle entend l’étude des milieux où vivent les êtres vivants, ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu.

Dans ce principe de tissage de lien, il pourrait y avoir un partage de ressources, avec des voisins, si ceux-ci rentrent aussi dans la même démarche.

Un tissage des liens qui peuvent s’apparenter aux réflexions de Benjamin Audry dans l’ouvrage «Repenser l’habitat. » L’architecte développe le quartier pavillonnaire comme une logique « domesticologique » dans laquelle l'évolution des espaces provient des habitants euxmêmes au fur et à mesure du temps et de leur besoin. Une manière de réfléchir à une nouvelle définition du lotissement sur des constructions déjà existantes. Colocation senior et intergénérationelle, e-commerces, espace de télé-travail, potager partagé avec primeur sont autant d’usages faisant naître une économie sans se délocaliser et réduisant l’usage de la voiture. Cela favoriserait l'émergence de nouvelles habitudes, capables de s'insérer dans des contextes multiples. Cela représenterait une véritable opportunité pour métamorphoser des quartiers pavillonnaires. Mais cette mise en place de cette forme de production urbaine demanderait de la part des collectivités de nouvelles approches du territoire, notamment dans le domaine de la mobilité, et du stationnement.

⎡Fig.12 Tegpos : le partage du bien commun▪︎ Agence Franck Boutté Consultants ⎦ « MAISON ECOLOGIQUE » PAGE. 35
MEMOIRE HMONP

Et dans ce domaine, le travail de l’architecte peut entrer en jeu. Le caractère actuellement purement résidentiel et individuel du pavillonnaire pourrait disparaître au profit d’une plus grande diversité d'usage de pro fi l d’architecture.

Même si le but le plus logique est de limiter toute nouvelle construction même « écologique » car elle favorise une dépense énergétique, nous pourrions citer , cette fois-ci, l’éco-lotissement de Bagueux dans l’Yzeure.

Situé à la frange urbanisée de la commune, l’écolotissement tisse une continuité piétonne et cycliste jusqu’au pôle de loisirs Ozières - Val des Vesvres.

Le projet comprend la construction de 402 logements, dont 100 logements sociaux, pour favoriser la mixité, 1.500 m2 de commerces de proximité au pied des futurs logements intermédiaires avec un espace public central.

Il permet de mettre en exergue la notion de densité et de tissage territorial.

L’écolotissement propose de cultiver les spécificités et la diversité d’un mode de vie «rurbain» doté des qualités de la vie en ville autant que de celles de la campagne .Un écoquartier avec priorité aux modes de déplacements doux.

Cela permet favoriser le «vivre ensemble» en combinant l’univers de la maison individuelle à celui d’espaces publics partagés.

Le long de tranches face aux maisons bordées de potagers, les logements se combinent, deux à deux ou en bande avec une densité vers le Sud.

Leurs jardins cultivent l’imaginaire domestique, à travers l’intimité qu’ils offrent entre des haies bocagères riches de bio-diversité. Les aménagements paysagers accompagnent la topographie naturelle, et le ruissellement des eaux pluviales.

PAGE. 36
⎡Fig.13 L'éco-quartier Sainte-Catherine d’Yzeure ▪︎ guillaumeramillien ⎦

C O N C L U S I O N

Ce mémoire d’HMONP a eu pour objectif de faire l’étude de la notion de confort tel un axe de réflexion pour répondre à la problématique : Comment l’architecte peut-il être porteur de changements dans une démarche écosystémique ?

Nous avons défini la notion de confort, d’une part historiquement, d’autre part, par les normes, et enfin à caractère psychologique et physique.

Nous nous sommes rendus compte que la définition du mot « confort » marque l’émergence du progrès et suggère sans cesse sa banalisation. Le confort d’une époque devient un acquis pour la suivante.

Un confort idéal étroitement liée à l’archétype de la maison individuelle. Elle est la représentation de l’intimité, de la nature et d’une stabilité financière. Or pour des raisons de densité et de construction, aujourd’hui, la maison apparaît plutôt comme un non sens écologique.

Cependant, cet idéal français ne peut être déstructuré du jour au lendemain. C’est une question qui doit être située au coeur de tout débat, au même titre que l’utilisation de l’automobile.

C’est un sujet sur lequel l’architecte devrait reprendre sa responsabilité. Une responsabilité qui ne se trouve pas simplement dans la construction. Pour reprendre les mots d’Emmanuel PEZRES lors de sa conférence pendant notre formation, nous ne pouvons être

totalement écologiques dans la construction puisque il existe toujours un flux de matière et d’énergie dans tout projet.

Parce qu’il existe un nombre immense de maisons déjà existantes, l’architecte doit entreprendre un travail autant à l’échelle d’un habitat que sur l’échelle territoriale. La rénovation fait aussi partie intégrante du processus de la « maison écologique ».

Il existe beaucoup de démarches capables de considérer cette question, grâce aux labels entre autre. Or, ce mémoire a mis en exergue d’autres domaines d’interventions, qui à mon sens, doivent rentrer dans le mécanisme de conception d’une « maison écologique »

On vit avec l’architecture, on échange avec son environnement. C’est pourquoi, construire une enveloppe performante ou neutre en carbone ne représente qu’une partie du thème travaillé.

L’architecte, tel un sociologue, doit prendre en compte le train de vie des habitants. Comprendre les usages, les changements de modes de vies, de consommations, de déplacement sont d’autant de caractères qui émanent de l’habitat.

En analysant l’ensemble de ces données et en proposant des alternatives qui ne semblent pas être contraignantes pour la population, alors ‘écologie’ et ‘mode de vie’ ne se résumerait pas une réduction du confort.

MEMOIRE HMONP CONCLUSION PAGE. 37

Comment l’architecte peut-il être porteur de changements dans une démarche écosystémique ?

Tout d’abord en démocratisant notre métier dans le domaine de l’habitat et de l’architecture privée. L’idée est de casser l’image d’un service luxueux pour que le travail de l’architecte puisse être compris et accessible pour tous. A l’image des mots de François Barré ( directeur de l'Architecture et du Patrimoine au ministère de la Culture) qui cita dans Le Monde : « l’indispensable dessein c’est celui de l’architecture ordinaire » . Il engage la discussion pour redonner une valeur à l’intervention des architectes dans la production de maisons individuelles.

Ensuite, developper une dynamique de nouvelle forme de processus de standardisation de la maison. Si bien que la « maison écologique » ne soit plus perçue comme un logement archaïque.

Enfin, adopter un travail de recherche continue sur les avantages sur le confort de vie, sur la perception du confort, des nouvelles technologies, mais aussi des constructions qui se trouvent être dans le passé.

De plus, un travail avec les MOA est à mettre en oeuvre durant le projet en amont et en aval.

‣ En amont, un travail de formation qui se concentre sur la constitution d’un portrait précis de ce que veut dire habiter

aujourd’hui. Quelles sont les réelles attentes des habitants, des usagers? Un travail important pour toucher au mieux des clients issus de la commande privée. Un travail aussi de recherche et de formation sur les innovations et les meilleurs moyens de promouvoir les bâtiments passifs et respectueux de leur environnement en construction ou en aménagement.

‣ Entretenir une relation de confiance avec le MOA pour developper l’idée qu’être écologique n’est pas forcement une réduction de son train de vie.

‣ Enfin, en aval, un travail de sourcing et de coopération entre différents corps de métiers en cohésion avec les valeurs de l’architecture éco-responsable pour concevoir une base solide durant le chantier.

L’architecture écologique, à bien des égards, n’est qu’à ses débuts à travers le temps. Or, vivre en cohésion avec notre environnement devrait être une donnée innée de tous.

Le futur est clair, le respect de l’environnement ne peut plus être considéré comme une option.

CHANTIER

SE FORGER UN CARNET D’ADRESSE QUI PARTAGE LES INTENTIONS ET LES IDEAUX DE L’AGENCE

ELABORATION D’UN CARNET D’ADRESSE D’ENTREPRISE EXPÉRIMENTATIONSAVOIRFAIRE

CREATION

EAU ECOSYSTEMIQUEARCHITECTURE

DEVELOPPER UN POLE EXPERIMENTAL AVEC MAQUETTE POUR METTRE EN EXERGUE LES RECHERCHES

SE CONSTITUER UN PANEL DE REFERENCES SYMBOLE DE L’IDENTITÉ DE L’AGENCE

COMPRENDRE LES RÉALITÉS DU SECTEUR BU BATIMENT POUR MIEUX LES APPRIVOISER ( COUTS CHANTIER, GESTION DES DECHETS, COUTS, MATÉRIAUX ETC. )

FAIRE ACCEPTER PLUS FACILEMENT LES NORMES ENVIRONNEMENTALES DANS UN PROJET ARCHITECTURAL EN ADOPTANT DES DEMONSTRATIONS GRAPHIQUES S( ILLUSTRATION, TABLEAU ETC )

RELATION DE CONFIANCE AVEC MOA

REPRESENTATION D’UN PROJET

REPONDREÀLACOMMANDE

RECHERCHEET COMMUNICATION

IDENTITÉDEL’AGENCE

Thème abordé pendant mon master

Interrogation durant HMONP

RENDRE UNE MAISON ECOLOGIQUE COMME UNE NOUVELLE FORME DE STANDARDISATION DE L’HABITAT GRACE À DES CONCEPTS QUI RENTRENT DANS DES IDEAUX ARCHITECTURAUX

SELECTION À CONCOURIR

BOUCHE-À-OREILLE

SITE INTERNET ET RESEAUX SOCIAUX

CONTINUER À APPROFONDIR DES CONNAISSANCES AUTOUR DE L’USAGE, DE L’HABITATION ET DU CONFORT

DEVELOPPER UNE STRATÉGIE DE COMMUNICATION SUR L’IDENTITÉ DE L’AGENCE À TRAVERS LES RESEAUX SOCIAUX ET SITE WEB

FAIRE AVEC LE TERRITOIRE : CONSTRUIRE UNE RESILIENCE AUTOUR DES ALEAS D’INONDATIONS

CONTINUER LE TRAVAIL AUTOUR DE LA MAISON ÉCOLOGIQUE

MEMOIRE HMONP ET APRÈS ? PAGE. 39
DE L’AGENCE PROJET ET CONCEPT

Ce schéma pourrait résumer la conclusion de ce mémoire, ainsi qu’une ouverture sur l’avenir.

En effet, on retrouve quelques points expliqués dans ce mémoire pour développer une architecture plus résiliante avec son environnement.

Or, ce schéma comprend aussi une ligne directive dans le cas où une agence serait créée.

Les questions que je me posais pendant cette formation ne seront pas mises de côté, mais seront toujours en quête d’approfondissement.

Développer une agence serait pour moi un travail en tripartie.D’une part, répondre à des projets dans la commande privée pour commencer l’activité. D’autre part accorder une importance sur le terrain et le chantier. L’expérience acquise sur le terrain est primordiale.

Enfin, une part sur la recherche et la formation serait mise en place pour développer les valeurs que j’aimerais porter dans la structure ; des valeurs liées à mon expérience durant ma MSP autour de l’architecture écosystémique et continuer des recherches , aussi, autour de l’eau.

En effet, pour rappel, je travaille depuis mon master sur les aléas des inondations, mais aussi de la gestion des eaux. J’ai notamment écrit mon mémoire sur les logements fl ottants à Amsterdam et leurs manière de vivre avec l’eau.

Lors de mes studios, j’ai réfléchi à un système de traitement des eaux par phytoépuration à l’échelle de la ville, à la construction d’un quartier en zone inondable. Enfin, mon PFE se

tourna autour de la gestion des eaux usées en station d’épuration.

Si l’agence se crée, alors mon travail à court terme serait de répondre à des projets grâce au bouche à oreille et par les réseaux sociaux. Comme stipulé précédemment, j’habite actuellement dans l’Oise et j’ai eu la chance d’effectuer la rénovation partielle d'un salon de coiffure. C’est une manière d’appréhender pour la première fois, seule, les étapes d’un processus de conception et de suivi de chantier.

En parallèle, un travail est en cours concernant la stratégie de communication autour de ce qu’on pourrait nommer « l’architecture ordinaire » [ cf.François Barré. Le monde ]. L’idée est d’être en mesure de proposer une réponse simple et claire face à la concurrence : Que font les architectes en plus ?

Je tends à élaborer un site web et des réseaux sociaux solides pour annoncer des niveaux de réponses architecturales adaptés à mon contexte de travail. La plupart du temps, la première rencontre est virtuelle et c’est pour cela qu'il faut rendre accessible la commande avec un architecte.

De plus, je me suis présentée au maire de ma ville, qui envisage de faire paraître un article sur le salon de coiffure ainsi que l’agence qui va probablement se créer. Se présenter aux élus locaux fait aussi parti du travail de l’architecte dans un contexte où la proximité est importante.

E T A P R È S ?
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A N N E X E

Ma posture en tant qu’architecte sur la question de la maison individuelle porte son sens car, habitant depuis l’été 2022 dans l’Oise, plus précisément à Saint Maximin, la ruralité y est majoritaire. Un contexte territorial qui m’est familier, car j’ai passé mon enfance et mon adolescence dans un lotissement de maisons individuelles.

La superficie du département de l'Oise est de 5 860 km2 et sa population pour une densité de 141 habitants/km² 90,4% sont des résidences principales, dont environ 70% des maisons. 76,4% d’entre elles furent construites avant 1990 ( Insee. 2018 )

Pour illustrer la notion de « maison écologique », nous allons aborder un cas d’étude d’une maison situé à Saint Maximin soumise à d’importants travaux de rénovation.

Le choix de la rénovation n’est pas anodin car elle représente aujourd’hui d’une part, une majeure partie du travail de l’architecte, d’autre part cela permet de mettre en exergue le fait qu'une « maison écologique » n’est pas toujours issue d’une construction neuve.

Monsieur et Madame S achètent une maison située rue du pont de Saint-Leu à Saint Maximin. Une maison individuelle construite avant 1948 avec une surface habitable de 98 m2. Son DPE est négatif puisqu’il est situé au rang G. Les déperditions de chaleur se situent notamment au niveau de la toiture (22%) , de la ventilation (19%) et au niveau des murs (32%).

La maison est construite en briques anciennes pleines d’épaisseur comprises entre 12 et 23 cm non isolée.

C’est un logement traversant, comprenant au rez-dechaussée entrée, salon, salle à manger, cuisine. Un premier étage comprenant palier, débarras, trois chambres, salle de bain ainsi qu'un grenier au dessus. La parcelle fait 645m2 avec WC en extérieur, jardin et remise.

La maison est située en zone inondable par remontée de nappe et débordement des eaux.

Au vue de ces données, quelle est la démarche dans le processus de rendre cette « maison écologique » ?

Avant toute chose, il est nécessaire de comprendre notre rôle dans ce projet. Monsieur et Madame S souhaitent

faire des travaux pour rendre leur maison conforme et confortable à leurs yeux. Monsieur S travaille dans la région et Madame S est souvent en télétravail. Monsieur et Madame S passent beaucoup de leur temps dans la cuisine, le salon. Ils n’ont pas d’enfants, mais c’est en projet.

Dans une première phase d’étude soumis à un contrat, l’architecte va tout d’abord faire une analyse de l’environnement de la maison pour en dégager ses possibilités. Il va aussi comprendre les envies des clients et surtout leurs habitudes de vie et enfin entamer une discussion sur le budget envisagé ; soit environ 150 000 euros.

À Saint-Maximin, les étés sont courts, confortables et partiellement nuageux. Les hivers sont longs, très froids, venteux et nuageux dans l'ensemble. Au cours de l'année, la température varie généralement de 1 °C à 25 °C. La vitesse de vents est en moyenne autour des 15 kilomètres par heure. La commune connait environ 800 millimètres de pluie en en moyenne sur l’année en règle générale. Les années passées, le nombre moyen d'heures d'ensoleillement par an de Saint-Maximin était autour de 1624 heures. ( contre 1900 pour la France entière ). ¹

La façade nord-ouest est soumise à plus de contraintes météorologiques. Elle doit faire face à l’ensemble des vents dominants et ne dispose que d’une petite plage ensoleillement par jour de part son orientation et sa mitoyenneté. Le terrain dispose de plusieurs arbres caduques, ce qui a l’avantage de faire de l’ombre en été et d’apporter de l’ensoleillement en hiver.

¹ Climat et moyennes météorologiques weatherspark , disponible sur : https://fr.weatherspark.com/

Cas d’étude.
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Quelles sont les premières pistes de réflexions à adopter ?

Eviter les déperditions

Isolation des murs par l’extérieur avec des panneaux de bois Pavatex produits en France. Ce matériau renouvelable obtenu à partir du défibrage de chutes de bois garantit un bonne efficacité des isolants biosourcés en termes d’isolation thermique pour toute saison et acoustique. La résistance thermique d’un isolant en fibre de bois varie généralement entre 5 et 6 m².K/W et une épaisseur de 150mm au vue du climat semble appropriée ( sous validation d’expert en la matière )

La paille peut aussi être un excellent isolant extérieur, qui a le mérite d’être produit dans le région à l’image de la Ferme du Relais à 25km du projet. Elle nécessite une épaisseur d’environ 35 cm pour une résistance suffisante.

Il y aurait aussi une rénovation sur quelques tuiles de la toiture, avec une isolation en dessous et au sol pour pallier au froid ou à la chaleur.

Pour pallier aux points thermiques autour des menuiseries, on peut traiter les tableaux et les dessous de linteaux avec de la fibre de bois mince de 2 ou 3 cm. Cela limiterait les déperditions qui représentent tout de même 13%.

⎡Fig.10 Photos de présentation ▪︎ Loriane Kugler⎦ Vents dominants Construction Ensoleillement Façade Nord est
CAS D’ETUDE PAGE. 43
⎡Fig.9 Situation cadastrale du 10 rue du pont de Saint Leu Saint Maximin ▪︎ Loriane Kugler⎦
MEMOIRE HMONP

Chauffer et refroidir :

Maintenant que la maison a ralenti ses déperditions, la question de maintenir la chaleur et le froid entre en compte.

La maison possède deux cheminées ; dans la salle à manger et dans la chambre. Après ramonage, nous pouvons proposer la pose d’un poêle à bois avec accumulation de chaleur grâce à la pierre stéatite doté d’un four ( pour cuire ou réchauffer des plats sans passer par de l’électroménager énergivore). Un système de VMC double flux peut optimiser la diffusion de la chaleur émanant du poêle dans la maison.

Pour refroidir en été, la maison dispose déjà de volets à fermer la journée. Du côté ouest de la maison, avec l’aide des arbres, une pergola peut être installée au RDC pour limiter le réchauffement du salon/salle à manger.

Des films protecteurs à poser sur les fenêtres peuvent aussi être une alternative pour réduire l’introduction de la chaleur.

Dans la mesure où la maison est isolée par l’extérieur, la conductivité de la chaleur est moins importante, ce qui limite son réchauffement.

De plus, la nuit, Monsieur et Madame S pourraient ouvrir les fenêtres du haut du côté ouest ( vent dominant ) et les fenêtres basses du côté opposé qui pourra recréer un courant d’air rafraîchissant.

Si jamais ces systèmes ne suffissent pas, nous pourrions proposer au couple en complément, un système alternatif de pompe à chaleur réversible qui peut être une aide dans la gestion du froid et de la chaleur.

L’ensemble de ces travaux engendrerait une fourchette approximative de 69 000 €. Néanmoins, Monsieur et Madame S sont sujets à l’aide MaPrimeRenov' qui est une aide au financement des travaux de rénovation énergétique à hauteur de 20 000€. De ce fait, le coût des travaux pourrait descendre à 49 000 € dans l’absolu. Monsieur et Madame S disposent encore de 101 000€ pour continuer leurs travaux.

La maison a un montant et une consommation annuelle d’énergie comprise entre 2 590 € et 3 560 € par an.

L’ensemble de ces dispositifs pourrait faire descendre la facture sur un coût annuel aux alentours des 850€ ( données à faire valider par un expert énergétique )

Rénovation intérieure :

Nous entrons dans la partie la plus délicate dans le travail de conseil de l’architecte, puisque celle-ci dépend directement des envies et besoins de Monsieur et Madame S.

Le couple accorde une importance à la cuisine et la nourriture. En effet, madame S souhaite avoir une cuisine fonctionnelle et la question de l’alimentation leur est chère. Madame S passe du temps chez elle et souhaite avoir de la lumière et une vue sur le jardin. Monsieur et Madame S sont favorables à ce que leur quotidien soit moins dépendant de l’industrie agroalimentaire.

Dans un premier temps, nous pourrions proposer aux jeunes acheteurs, la construction d’une serre en verre et bois permettant de créer un espace tampon pour limiter le refroidissement de la nuit en hiver, et capter les calories. Cette serre permettra de cultiver, entre autres, des fruits et des légumes, une façon de consommer plus responsable et local.

Cette serre sera dans la continuité d’un potager en compléments d’arbres fruitiers et un poulailler déjà présent sur le terrain. Le cellier et la cuisine seront réfléchis de telle manière à créer un lien avec la serre et la cuisine. Ce cellier disposera d’un grand espace de stockage, d’un compost et d’un filtre à eau de pluie.

La cuisine aura des tiroirs et placards sur mesure pour encourager le vrac. Une cuisine entièrement réfléchie en collaboration avec un menuiser de la région déjà connu par l’architecte.

Dans la mesure où la cuisine et les salles de bains doivent être refaites, on peut proposer un sytème complet de récupération des eaux de pluies pour alimenter les eaux domestiques dans le foyer.

Madame S travaille beaucoup en télétravail, de ce fait, la zone de travail sera disposée dans la chambre Est pour combiner chaleur et lumière naturelle indirecte pour ne pas dégrader dossier, support informatique etc.

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Saint Maximin déborde de carrière de pierre. L’entreprise Racomat extrait et travaille ce matériau durable, recyclable. Sa production et sa mise en oeuvre demandent une faible dépense énergétique. La pierre de Saint Maximin pourrait être utilisée à titre d’exemple au sol et aux murs de la cuisine, de la salle à manger et du salon.

Monsieur et madame S souhaitent avoir du parquet au premier étage, notamment dans le bureau et les chambres. Pour cela, nous pourrions proposer un Parquet chêne massif fabriqué par la parqueterie Beau Soleil en France qui suit une démarche écoresponsable.

En prenant donc, en compte la serre, la nouvelle cuisine, la salle de bain, les revêtements intérieurs de la maison ( pierre, peinture et bois ) , l’alternative de récupération des eaux de pluies, le renouvellement de l’électricité avec une résistance à l’eau au niveau du RDC, nous aurions un coût avoisinant les 77 000€ de travaux.

Gestion des eaux :

Le terrain est soumis aux risques inondables avec débordements et remontée de nappes. De plus, une nouvelle gestion des eaux de pluies est à réfléchir.

Pour pallier le problème de remontée de nappes, un puisard dans la partie la plus basse du terrain peut être une des solutions. Le puisard sert à pallier aux inondations ou aux infiltrations.

Le puisard permet d’évacuer l’eau récupérée en facilitant sa pénétration dans le sol et évite surtout sa stagnation. L’eau est ensuite récupérée par une citerne sous pleine terre qui collecte l’eau de pluie en parallèle.

En cas de débordement de l’Oise, des batardeaux pourront être glissés aux fenêtres et à la porte d’entrée du coté Ouest. Si cela ne s’avère pas suffisant, il faudra ouvrir le sas d’entrée en veillant à fermer la porte de la salle à manger pour laisser couler l’eau. Car une eau qui ne s’écoule pas, c’est une eau qui stagne et qui s’infiltre.

Dans cette optique, les coûts avoisinants tourneront autour de 4500€.

Aménagement :

Monsieur et Madame S ont encore en leur possession environ 20 000€ pour terminer d’aménager le salon, la salle à manger, le bureau et les deux chambres.

Nous pourrions proposer des meubles faits sur mesure avec du bois provenant de France en collaboration avec le menuisier qui a construit la cuisine.

De plus, de nombreuses enseignes d’aménagement proposent du mobilier plus respectueux de l’environnement comme Camif, Tiptoe, voire même des plateformes de seconde main type Leboncoin ou Isidore.

Pour pouvoir au mieux communiquer les intentions, un schéma du bâtiment existant avec les travaux envisagés semble pertinent. Cela permet au maître d’ouvrage de se projeter plus facilement sur les travaux et à l’aspect global du projet.

De plus, après avoir fait des comparatifs de devis auprès de plusieurs entreprises et artisans, nous avons examiné chaque étape de son processus de conception pour optimiser le rapport temps/rémunération.

La force des constructeurs de maison individuelle se retrouve dans l’aspect commercial qui inclut un suivi de l’offre foncière, et le montage du financement.

De ce fait, nous pourrions aussi rechercher une efficacité et une rentabilité en somme. Afin de rester maître de l’économie du projet en cours, un tableau Excel recenserait tous les coûts liés au projet. En modifiant les valeurs dans les paramètres, le fi chier calcule instantanément le coût global des travaux.

Le tableau permet de visualiser pour les clients, tous les leviers économiques de sa future habitation. Le maître d'ouvrage comprend très vite la complexité du projet et devient acteur et même partenaire de la conception.

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Etagère et dispositif à vrac

Stockage nourriture

Isolation par l’extérieur Fibre de bois ou paille

Lombricomposteur

Poêle de masse accumulante avec four

Séparation des pièces pour conserver la chaleur ou la fraicheur

Récupérateur d’eau de pluie Puisard pour limiter l’inondation par remontée de nappes

Isolation autour des liteaux

Stratégie de laisser passer l’eau pour éviter la stagnation en cas d’inondation par débordement

Serre disposée à l’ouest avec panneau de bois sur le toit pour protéger du soleil

Arbre caduque

Potager

Store pour protéger de l’ensoleillement

Bartardeau en cas d’inondation par débordement léger

Films protecteurs

⎡Fig.11 Croquis de la maison avec les différentes solutions abordées

▪︎ Loriane Kugler⎦ 10 RUE DU PONT DE SAINT LEU : DEMONSTRATION DES SOLUTIONS PAGE. 46
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