L histoire de france pour ceux qui n aiment pas ca

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Mais en ouvrant les portes de la Bastille, c’est vingt-cinq millions de Français qu’on libère !

Premiers grincements Malheureusement, si la lourde porte de la geôle monarchique s’ouvre, c’est en grinçant. Regardez mieux. Il y a des détails qui saignent, dans cette fête. Voyez, là-bas, le gouverneur de la Bastille : le pauvre Launay se fait malmener par la foule. Elle y va à coups de poing et de pied ! Sous le nombre, Launay crie, tombe et meurt. Sa tête est découpée au couteau de cuisine. Ensuite, elle est plantée en haut d’une pique et portée en triomphe, parmi des hurlements de joie. Louis XVI va-t-il punir ce crime ? Ce jour-là, il est à la chasse. Il rentre bredouille. Posément, il ouvre son calepin et note : « 14 juillet : rien. » Toute la Révolution est là. De belles idées noyées dans le sang et, à la tête de l’état, « rien ».

Des lendemains qui déchantent À partir de là, l’histoire dérape. Ou plutôt, elle bégaye. La sauvagerie monte d’un cran chaque jour. Les massacres se multiplient, les idéaux se noient dans la tripe. Et le roi ? Rien. Avec une inertie de bœuf mené à l’abattoir, hostile et muet, Louis XVI se laisse emprisonner, séparer de sa famille, juger et guillotiner. Sa femme le suit sur l’échafaud, puis sa sœur, puis tous ses proches. Son petit garçon est arraché à sa mère, battu et emmuré vif. Regardez ce bambin de dix ans roulé en boule au fond d’un cachot. Il est assis au milieu d’une flaque de ses propres déjections. Depuis six mois, personne ne lui adresse la parole. Il

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