Hasta la vista, baby 3 ans. Trois ans, ou presque, auront été nécessaires pour achever ce troisième cycle de SANQUA, baptisé
Horizons Un nom qui, à l’heure du bilan, semble avoir été prédestiné : trois ans pour dix-huit « mensuels », c’est long ! Long comme l’horizon. Et cette parabole relèverait presque de l’ironie, tant nous étions loin d’imaginer un tel parcours malaisé…
Trois ans auparavant, ces « horizons » nous évoquaient
Tout juste leur avions-nous consenti un regard perplexe,
tout simplement le voyage en des terres inconnues,
au mieux attendri, avec l’assurance de ceux qui pensent
encore vierges de nos coups de griffes impies à des
avoir raison…
univers conformistes. Ils étaient des ailleurs, multimédias avec le cinéma et la musique, ou même ethnographiques
Las.
avec les chroniques d’immersion culturelle. Trois ans. Le défi était réel et déjà bien suffisant : allions-nous réussir à dompter ces mers qui en avaient vu d’autres ?
Trois ans pour revenir d’un voyage qui nous aura
Tenir la cadence du bouclage ? Terrasser les requins de la
marqués, parfois au moral.
publicité ? Aucun problème ! N’étions-nous pas gonflés à l’air révolté des redresseurs de torts idéologiques ?
« Nous partîmes cinq cents mais par une lente déroute
Déchaînés par l’inextinguible marotte de l’éthique,
nous nous vîmes cinq en arrivant au port »,
nous étions déterminés à ébranler les paradigmes bienpensants et à abattre leurs poncifs corporatistes sous le
pourrait-on dire, sans offenser l’illustre Pierre Corneille…
feu de nos apories.
Ils avaient belle mine ces héros, qui tenaient plus des naufragés de la Méduse que de Don Rodrigue !
Cette confiance surannée, au moins dans ces termes, nous venait des cycles précédents : deux, soit 37 opus
Il faut dire que rien ne nous aura été épargné : les pièges,
homini, rondement menés et desquels nous avions
les retards, les départs, les maux, les maladies, les
rapporté, d’« Alpha » en « Oméga », une foultitude d’«
abattements, les abandons, les déceptions…Une leçon
Expériences » à conter au coin de la cheminée.
de vie ?
Et donc, tout en larguant les amarres pour baigner nos
C’est ce que nous pensons, à présent que nous touchons
esquifs de papier dans l’océan de mots, nous emplissions
terre, prêts à fixer l’ancre de ce troisième cycle dans la
nos cœurs et défiions les oiseaux de mauvais augure. Les
postérité du retour.
aurions-nous écoutés, de toute façon, ces vaticinateurs cabriolant d’excitation, chantant comme Prévert une
Car oui, nous sommes revenus.
liste de plaies que nous, pauvres matelots idéalistes, allassions endurer ?
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Malgré tout.