PH ILIPPE COLLIG NON & BE RN AR D BU RE AU
Le
Potager
perpétuel Utiliser les légumes vivaces pour un potager sans efforts (ou presque)
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Créer un potager perpétuel Où l’installer ? Nous vous invitons à casser un peu les codes : ne l’installez plus au fond du jardin à l’abri des regards. Le potager, ça se vit au jour le jour et ça s’observe : c’est même aujourd’hui très joli à regarder car nous pouvons marier nos légumes à des fleurs ornementales et comestibles. Choisissez donc un endroit proche de votre habitation où vous passerez tous les jours pour voir l’évolution de vos légumes et intervenir rapidement si besoin. Pensez aussi à la facilité de mise en œuvre et de transports éventuels de produits (terreaux, paillage) : un jardin trop loin des allées génère trop de manipulations inutiles. Installez-le aussi près d’un point d’eau. Dérouler des mètres de tuyau d’arrosage n’est pas synonyme de plaisir… Il faut que le lieu soit inondé de soleil au moins 6 heures par jour ou davantage. Plus vos protégés seront à l’ombre, plus ils seront affaiblis et sensibles aux parasites et maladies. Bien choisir l’emplacement du potager, c’est déjà faire de la prévention : pour avoir des légumes en bonne santé, il faut commencer par mettre toutes les chances de son côté. Pour les régions au nord de la Loire, installez votre potager au sud/sud-ouest pour une chaleur optimale et un meilleur réchauffement de votre sol au printemps. Du soleil donc, mais aussi peu de vent ! Dans le cas contraire, plantez une haie végétale qui atténuera ses effets dévastateurs (froids, dessèchements, accidents physiques) surtout au printemps. Le sol doit être sain et profond. Un petit truc : si vous observez des orties dans un coin, allez-y, c’est ici que prendra racine votre premier potager. Observez aussi ce que fait « l’ancien » ou le voisin car souvent ils sont de bon conseil pour se lancer dans l’aventure. OÙ POSITIONNER VOTRE POTAGER ? O
Trop de vent NON
Près des arbres ?
OUI
OUI
Haie
Cuvette Point bas NON
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Maison
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L’entretien du potager sera facilité s’il est placé près de la maison. Dans tous les cas, il faut qu’il soit bien exposé au soleil. Ne positionnez pas votre potager près de grands arbres qui sont très gourmands en eau et en engrais. Évitez de l'installer dans une cuvette ou un point bas car ces derniers auront du mal à se réchauffer et seront souvent trop humides au printemps ou en automne. Bénéficier d’une légère pente en direction du sud sera un avantage pour une croissance idéale des légumes.
Évaluez votre sol Avant votre premier coup de bêche, il faut définir quel type de sol vous avez sous vos pieds. Prenez une poignée de terre, serrez-la dans la main et ouvrez-la : - si le sol s’émiette très facilement il sera sans doute sableux, et il faudra apporter de la matière organique (compost) qui lui permettra de mieux retenir l'eau et les éléments minéraux - s’il s’émiette normalement, vous aurez une chance que vos légumes s’y plaisent - s’il forme une boule compacte, il aura une tendance argileuse et aura besoin d'être allégé pour augmenter sa capacité à drainer l'eau. Là encore, un apport de compost améliorera ce point. Sur une petite surface, vous pourrez aussi apporter du sable. Nous verrons également qu'en sols argileux, il vaudra mieux installer son potager en planches surélevées pour favoriser l'écoulement de l'eau et le réchauffement du sol au printemps. 11
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L'excès d'eau est en effet un des principaux ennemis de vos futures plantations, surtout des légumes racines. Pour savoir si votre sol est suffisamment drainant, vous pouvez effectuer un test simple : creusez un trou sur 25 cm de profondeur et remplissez-le d’eau 2 fois sur 2 jours. Le troisième jour, renouvelez l’opération et chronométrez : si 6 heures plus tard, il y a encore de l’eau au fond du trou, il faudra améliorer le drainage de votre sol ou changer d’emplacement. Si vous avez des doutes, vous pouvez aussi faire faire une analyse de sol pour avoir la fiche d’identité complète de votre terrain (perméabilité, structure, texture, matière organique) et ainsi bien définir l’emplacement de votre futur potager. De nombreuses jardineries vous proposent ce service par l’intermédiaire de laboratoires spécialisés dans le domaine agricole. Il vous en coûtera entre 50 et 100 euros selon les analyses demandées.
À la création, un apport de compost est souvent bénéfique : il permet d’améliorer les sols lourds tout comme les sols trop sableux.
APPORTEZ DU COMPOST Dans tous les cas, que votre sol soit trop sableux ou trop argileux, un apport de matière organique bien décomposée (compost) améliorera ses qualités. Vous pouvez utiliser votre propre compost, fabriqué avec vos résidus de tailles, de tontes et vos déchets alimentaires, ou plus simplement acheter du compost en jardineries. Apportez ensuite cette matière organique bien décomposée à votre sol ; on vous conseille une couche comprise entre 5 et 8 cm pour bien démarrer, ce qui correspond à 5 m3 pour 100 m2. Incorporez-le sur une profondeur de 15 cm pour un bon démarrage de la vie microbienne.
Préparer le sol Pour le travail du sol, il y deux écoles : retourner complètement le sol par un labourage au motoculteur ou un bêchage, ou ne gratter que la surface en apportant de temps en temps de la matière organique. Il est vrai qu’en retournant complètement les couches de sol sur 20 cm de profondeur, on perturbe les micro-organismes qui vivent en surface, mais il est aussi vrai qu'en ne grattant que les premiers centimètres, on risque d'avoir un sol trop compact en profondeur. Pour notre part, nous préconisons, à l’installation du potager perpétuel, un labour avec un motoculteur loué pour l’occasion. Vous pouvez aussi utiliser une bêche, 12
Si vous créez un potager, la location ou le partage à plusieurs d’un motoculteur est une bonne option. pleine ou à dents, pour un côté plus écolo et physique. On conseille de bêcher à deux profondeurs de lame surtout si vous y plantez des légumes racines. Ils seront plus à l’aise. Les avantages seront nombreux : - meilleure installation racinaire - mélange plus harmonieux des amendements et corrections du sol - appréciation de la qualité du sol et notamment de la présence excessive de cailloux (attention : un potager sur un lit de cailloux n’est pas conseillé). À QUELLE ÉPOQUE ? On peut créer un potager à n’importe quel moment de l’année, mais il est conseillé, si cela est possible, de préparer le sol au moins une saison à l’avance. Par exemple, définissez votre emplacement à l’automne pour une mise en place de vos légumes au printemps suivant. Si vous vous décidez à la minute, vous risquez d’avoir une invasion de mauvaises herbes quelques jours après vos premiers semis ou plantation ! LES MAUVAISES HERBES : ENNEMI N° 1 ! Les mauvaises herbes seront votre bête noire dans ce futur potager perpétuel. Nous insistons vraiment sur ce point car il va conditionner la pérennité de cette oasis gustative. Vous serez confronté au chiendent qui revient d’une année sur l’autre ou au « piedde-poule » très difficile à éradiquer mécaniquement. On peut déjà commencer par bien les arracher à la main, en extirpant un maximum de racines, mais souvent on laisse des tiges souterraines qui n’auront de cesse de vous décourager. 13
Le paillage : indispensable pour s’épargner du travail !
Pour limiter au maximum leur apparition, pour ceux qui s'y prennent à l'avance, il y a la technique du carton, c’est-à-dire étendre des cartons dépliés sur la surface que l’on souhaite mettre en culture et attendre 1 mois que l’obscurité fasse son œuvre d’éradication. Puis enlever cette couverture, attendre que les herbes réapparaissent et les supprimer en les sarclant (à la binette). On utilise beaucoup cette technique en culture bio. On peut aussi utiliser une bâche noire en plastique ou un vieux morceau de moquette : c'est efficace, mais pas très déco ! Il y a aussi et surtout les méthodes de paillage, que nous détaillerons plus loin : c’est l’une des solutions les plus efficaces pour limiter l’apparition des adventices et offrir à la terre et à ses habitants un lieu optimum de vie.
Les meilleurs légumes pour débuter Nous vous invitons à commencer petit, ne vous lancez pas dans des planches inexorables. En pleine terre, 25 à 50 m2 suffisent dans un premier temps. Et sur un balcon, des pots en terre cuite avec un mélange de bonne terre de jardin et de terreau feront très bien l’affaire pour débuter. Rien ne vous empêche cependant de voir plus grand et de mélanger légumes classiques et légumes perpétuels. On peut sans problème subvenir aux besoins en légumes d’une famille de 4 à 5 personnes avec un potager de 100 m2. LES LÉGUMES PERPÉTUELS LES PLUS VENDUS
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Poireau perpétuel Chou Daubenton Oignon rocambole Ail des ours Cive St Jacques Chénopode Safran Oseille épinard Chervis Mertensia Melon poire Céleri perpétuel Topinambour Ail rocambole Raiponce
15,00 % 14,00 % 13,00 % 12,00 % 7,60 % 6,50 % 4,40 % 3,80 % 3,60 % 3,60 % 3,50 % 3,50 % 3,50 % 3,00 % 3,00 %
L’oignon rocambole : un « must » au potager perpétuel !
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Petit potager traditionnel « en planches », délimité au fond par une rangée de topinambours.
Quel type de potager choisir ? Traditionnel en planches, ou plus actuel en carrés, en lasagne si le terrain est ingrat, ou même en pot sur un balcon, plusieurs techniques sont possibles. Un potager peut aussi devenir un jardin ornemental. N’hésitez pas, comme je l’ai fait chez moi, à intégrer des fleurs. Pour délimiter votre futur potager, tendez des cordes ou un cordeau pour bien définir vos planches ou aidez-vous d’un tuyau d’arrosage pour en créer des courbes. LE POTAGER PERPÉTUEL EN « PLANCHES » C’est la méthode traditionnelle qui a fait ses preuves depuis des générations et qui consistent à semer ou planter les légumes en rang ou en parallèle. Les planches sont constituées de petites buttes séparées les unes des autres par des sentiers étroits. Elles mesurent entre 80 cm et 1 mètre de largeur.
Une plante reste accessible si elle est située à moins de 60 cm de vous, soit une longueur de bras ! Pensez-y lorsque vous définissez la largeur de vos rangs. En terrain argileux, on pourra faire monter les buttes jusqu’à 20 cm de haut pour permettre un meilleur drainage et un meilleur réchauffement au printemps. En revanche, sur terrain sableux, on limitera la hauteur à 10 cm car elles sécheront plus vite en été. 16
Cette technique a pour inconvénient, lorsque vous circulez entre les rangs de vos planches, de compacter la terre, ce qui nuit au bon développement des microorganismes, des racines et de la pénétration de l’eau. Mais cela présente l'avantage, si vos planches sont définitives, que les allées sont ainsi matérialisées. Pour limiter les tassements et garder les pieds au sec, vous pouvez recouvrir ces allées avec des planches de bois (de palettes par exemple) ou encore les remplir de paillettes de bois neutre.
Protégez les allées avec des planches, des dalles, un paillis épais, voire de l’engrais vert (trèfle) afin d’éviter le tassement de la terre.
LE POTAGER PERPÉTUEL EN CARRÉS Les potagers en carrés sont un bon compromis pour commencer. Esthétiques, ludiques, ne demandant pas de grandes surfaces, ils s’adaptent à tous les terrains. Le principe est simple : les légumes sont cultivés, non pas en rangs, mais dans des carrés de 1,20 m x 1,20 m et sont du coup accessibles de tous les côtés, ce qui facilite l'entretien et la récolte. Le potager perpétuel en carré permet de bénéficier à portée de main de légumes et condiments vivaces destinés à la cuisine de tous les jours.
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EXEMPLES DE CARRÉS DE LÉGUMES PERPÉTUELS 3 Cives St Jacques
3 Poireaux perpétuels
3 Oignons rocambole
3 Ails des ours
2 Cerfeuils perpétuels
2 Céleris à couper
1 Chénopode Bon-Henri
1 Maceron
1 Estragon des moines
3 Ciboules de Chine
1 Estragon des moines
1 Hélicrysum
2 Roquette sauvage et salades à couper
3 Oseille des montagnes pourpre
3 Ciboules de Chine
2 Roquettes sauvages
1 Sauge ananas
2 Pimpre nelles
CARRÉ N° 1 : UN MÉLANGE POUR DÉBUTER
CARRÉ N° 2 : CONDIMENTS
3 Poireaux perpétuels
1 Chou Daubenton
3 Panais
3 Crosnes du Japon
3 Poireaux perpétuels
2 Souchets comestibles
2 Oseilles vierges
1 Estragon des moines
3 Cives St Jacques
3 Panais
2 Ocas du Pérou
2 Capucines tubéreuses
2 Ocas du Pérou
1 Poire de terre
3 Oignons patate
2 Glycines tubéreuses
1 Poire de terre
1 chervis
CARRÉ N° 3 : POUR LES SOUPES
CARRÉ N° 4 : LÉGUMES RACINES
1 Chénopode Bon-Henri
1 Chou Daubenton
3 Cives St-Jacques
3 Fraisiers des bois rouges
3 Fraisiers des bois jaunes
3 Fraisiers blancs ananas
2 Oseilles épinard
2 Oignons rocambole
2 Mertensias
1 Physalis du Pérou
1 Melon poire
1 Tomate cerise
2 Tétragones
2 Oseilles vierges
2 Cresson de Para
1 Tomate du voyageur
3 Souchets comestible
1 Groseillier à maquereaux
CARRÉ N° 5 : LÉGUMES FEUILLES
CARRÉ N° 6 : LÉGUMES FRUITS
Les potagers en carrés sont à la fois esthétiques et faciles à entretenir. 19
« Notre objectif avec ce livre est de minimiser au maximum les travaux au jardin. Plantez pour ne plus replanter, c’est notre credo. Les légumes vivaces en sont l’élément clé, mais le paillage également. »
Connaissez-vous le poireau perpétuel, le chou Daubenton, ou l’oignon rocambole ? Ce sont quelques-uns des légumes vivaces que les auteurs nous font découvrir dans ce livre. Leur particularité ? Ils procurent des récoltes continues pendant de nombreuses années, sans qu’on ait besoin de les replanter ! Réaliser un potager « perpétuel » avec ces légumes permet de s’épargner beaucoup de travail, tout en faisant de substantielles économies ! Philippe Collignon est paysagiste de formation. Journaliste, réalisateur et chroniqueur sur France télévision depuis 27 ans, il se passionne pour le jardin depuis sa plus tendre enfance. C’est son grand-père et son père qui l’ont initié à la magie de la vie à travers le potager. C’est son quatrième ouvrage.
Bernard Bureau est pépiniériste. II a fondé dans les années 80, avec son père et ses frères, le GAEC Hortiflor, au sud d’Angers. Amoureux des plantes, il a étoffé au fil des ans une gamme oubliée : celle des légumes anciens et perpétuels. Hortiflor en est aujourd’hui le producteur le plus important.
ISBN : 978-2-84138-834-9
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