LES PLANTES MELLIFÈRES
MOIS PAR MOIS
Connaître les 100 plantes les plus intéressantes pour les abeilles de janvier à décembre JACQUES PIQUÉE
ISBN : 978-2-84138-705-2 2014 Les éditions Eugen Ulmer 8, rue Blanche 75 009 Paris Tél. : 01 48 05 03 03 – Fax : 01 48 05 02 04 www.editions-ulmer.fr Responsable éditorial : Raphaèle Gandara Conception graphique : Guillaume Duprat Réalisation : Julia Verneau
Impression : Printer Trento Dépôt légal : mars 2014 Printed in Italy N° d’édition : 705-01
JACQUES PIQUÉE
LES PLANTES MELLIFÈRES MOIS PAR MOIS
Connaître les 100 plantes les plus intéressantes pour les abeilles de janvier à décembre
Préface
L
es êtres humains vivent selon des rythmes multiples, rythmes du travail, rythmes familiaux, rythmes sociaux, rythmes biologiques… tous ces rythmes sont couplés d’une manière latente avec la météo, les saisons, le cycle de la rotation terrestre autour du soleil. Le propre de l’humain étant de transcender la nature, nous avons souvent enfoui au plus profond de notre mémoire collective ces couplages. Pour les insectes, la réalité est tout autre, leur cycle de vie est commandé par leurs composantes biologiques en lien très étroit avec l’environnement météorologique, climatique, floral. Pour les dizaines de milliers d’insectes pollinisateurs à durée de vie courte, les cycles des floraisons déterminent absolument leur dynamique populationnelle. L’apiculteur connaît les grandes floraisons qui référencent les différents miels, colza, acacia, lavande, bruyère, tournesol, tilleul, châtaignier, sapin… Mais les abeilles consomment bien d’autres fleurs. Moins nombreuses et moins identifiées par l’apiculteur mais toutes aussi importantes pour l’alimentation quotidienne des colonies ; ce ventre social requiert un volume journalier de nectar impressionnant. Il faut entretenir en bonne santé les abeilles, pour qu’elles assurent la chaleur nécessaire au couvain par tétanisation des muscles de leur thorax, pour produire les gelées utiles à la ponte de la reine et à l’alimentation des larves. Le travail quotidien des butineuses façonne le rythme de reproduction de la colonie. Toutes les fleurs sont nécessaires pour la continuité alimentaire qu’elles permettent et par la variété des protéines que requiert la bonne santé des abeilles. Les identifier permet de mieux respecter la nature, conduit à être attentif à leur préservation, pousse à les multiplier si cela est possible afin d’offrir aux insectes qui en ont besoin un festin royal tout au long de la belle saison. Les fleurs sont la ressource mellifère dont les apiculteurs attendent l’abondance pour emplir les hausses à miel, mais elles sont aussi des indicateurs de ce qui va arriver dans les colonies, le bouton d‘or, par exemple, est un excellent annonciateur de la période des essaims. L’arrivée massive des pissenlits annonce un possible nourrissement liquide. Le calendrier des floraisons révèle une extraordinaire continuité, il s’accommode mal de nos quatre saisons trop grossières pour des fleurs dont le temps de l’épanouissement est de quelques jours, rarement supérieur à deux semaines. Alors, pour affiner les observations et classement, les périodes de floraisons seront caractérisées par un découpage plus fin proche de la
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Les premières rentrées de pollen s’observent souvent dès janvier au moment de la floraison du noisetier.
quinzaine, à cheval sur 2 mois. Compte tenu des variations différentes selon les latitudes et les altitudes, il convient de décaler ou d’avancer ce calendrier. Ce tableau minutieux que nous offre Jacques Piquée est un apport salutaire pour la culture des apiculteurs et des amoureux de la nature. Cet agenda est aussi un guide pour choisir les plantations que l’on voudrait au service de l’apiculture et des abeilles de toutes sortes. Bien connu des apiculteurs par ses articles publiés dans la revue « L’Abeille de France », Jacques Piquée est déjà l’auteur de deux ouvrages sur les plantes mellifères. Cette présentation sous la forme calendaire est un classement judicieux des plantes mellifères pour relier plusieurs mondes celui des fleurs, celui des insectes et celui des activités humaines, dont une qui nous intéresse plus particulièrement, l’apiculture. Cet ouvrage est une découverte passionnante, un apprentissage de la complexité et de la beauté de la nature qui nous porte, nous fait vivre. Jean Riondet 5
Avant-propos
E
nviron 20 % des plantes à fleurs de nos régions utilisent le vent comme agent vecteur de leur pollen. Cette poussière mâle produite par les étamines est à la base de leur fécondation. Les conifères, de nombreux arbres forestiers, les graminées… sont dans ce cas et constituent des exemples de plantes à pollinisation anémophile. Les 80 % restants utilisent les insectes. Si le vent est parfaitement insensible au charme des fleurs, il en va tout autrement des insectes qui doivent trouver une bonne raison pour les visiter et s’y nourrir. Pour attirer l’indispensable messager ailé, la plupart des plantes à pollinisation entomophile (pollinisation par les insectes), outre le pollen, secrètent un liquide sucré appelé nectar à partir duquel les abeilles élaborent leurs réserves de miel. Toutes ces plantes sont qualifiées de mellifères. On peut évidemment y ajouter celles qui produisent du miellat, autre liquide sucré produit par les plantes par l’intermédiaire d’insectes parasites suceurs de sève. Pour les apiculteurs, les plantes mellifères sont celles qui leur permettent, via l’abeille, de faire le plus de récoltes possibles. Il ne faut cependant pas oublier que l’abeille est un insecte généraliste et qu’elle a besoin d’une très grande diversité de plantes pour satisfaire ses besoins alimentaires. Même des plantes qui peuvent apparaître modestes, voire insignifiantes au sens apicole, sont importantes pour leur santé. Ce livre s’est justement fixé comme but de présenter tout au long d’une année, les différentes espèces visitées par les abeilles. Sauf à vouloir rédiger une encyclopédie, il est quasiment impossible de présenter toutes les plantes à intérêt apicole (toutes les plantes à fleur et à nectar sont potentiellement mellifères). Donc la liste est loin d’être exhaustive et seules les espèces les plus emblématiques de chaque période sont présentées. Chacune de ces séquences chevauche le plus souvent 2 mois. En effet, d’une année à l’autre, les conditions climatiques sous nos latitudes étant très fluctuantes, plusieurs semaines de décalage peuvent concerner l’époque de floraison d’une espèce donnée. Quoi qu’il en soit, les dates sont indiquées de façon approximative car, outre la météorologie, de nombreux autres paramètres influencent le développement des végétaux, parmi lesquels : l’altitude, l’exposition, les qualités du sol… bref tout ce qui constitue les facteurs physiques ou facteurs abiotiques d’un milieu. Il convient également d’y ajouter la génétique des différents écotypes ou, si l’on préfère, des différentes variantes naturelles d’une même espèce.
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Abeille mellifère sur l’aubépine monogyne.
Abeille mellifère sur le tussilage pas-d’âne.
En dehors des régions méditerranéennes où le climat permet une floraison plus régulière, l’année apicole commence en janvier-février avec la floraison du noisetier commun (Corylus avellana) et se termine en septembre-octobre avec la floraison du lierre des bois (Hedera helix). Entre ces deux bornes, bien d’autres plantes entrent dans le bal des saisons. C’est bien sûr le cas de celles qui déclenchent les grandes miellées et qui conditionnent la transhumance de nombreuses ruches pour la pollinisation des vergers ou pour la production des miels de cru monofloraux (colza, acacia, bourdaine, châtaignier, lavande et lavandin, tilleul, sapin, tournesol…). De manière à intéresser un public le plus large possible (apiculteurs débutants, jardiniers amateurs, amoureux de la nature…), le texte est réduit au minimum et l’illustration photographique est très largement privilégiée. Dans la mesure du possible, les plantes sont présentées en compagnie de leur principal pollinisateur généraliste qu’est l’abeille mellifère. Il ne faut cependant pas oublier que les plantes ont besoin de nombreux autres insectes pollinisateurs parfois très spécialisés comme le sont certaines abeilles solitaires. 7
Abeille mellifère sur le châtaignier.
Introduction « Le bonheur pour une abeille est d’exister, pour l’homme, de le savoir et de s’en émerveiller. »
Jacques-Yves Cousteau.
Pour les abeilles, le bonheur c’est aussi de pouvoir disposer d’une grande diversité de fleurs pour y récolter du pollen et du nectar. Pour l’apiculteur qui, dans tous les sens du terme, exploite les abeilles, le bonheur, c’est aussi de voir les hausses de ses ruches se remplir et de pouvoir effectuer le plus possible de belles récoltes tout au long de l’année apicole. Comme on feuillette une éphéméride, ce livre vous invite justement à découvrir mois par mois les nombreuses plantes utiles à l’équilibre alimentaire des abeilles, à entrer dans le monde des plantes mellifères point de départ de l’élaboration du miel.
LA RELATION PLANTE/INSECTE À l’image de la courtisane qui se parfume, se pare de bijoux, enfile des tenues aguicheuses pour séduire ses amants, la fleur doit mettre tout en œuvre pour attirer les insectes pollinisateurs. Là aussi les parfums et les « toilettes » vivement colorées sont de mise. Mais les fleurs ont aussi un autre problème spécifique à résoudre. Comme elles sont très souvent bisexuées (hermaphrodites), elles doivent éviter de s’autoféconder car ceci déboucherait sur la consanguinité. On sait que cette situation est source d’appauvrissement génétique et qu’elle constitue un frein à la sélection naturelle et donc à la biodiversité. De nombreux exemples montrent comment au cours de la coévolution fleurs/insectes, les fleurs ont subi de remarquables modifications morphologiques et/ou physiologiques pour résoudre ces problèmes. La sauge des prés avec ses étamines à bascule et la passiflore avec sa « fontaine » à nectar sont deux exemples parmi des centaines d’autres qui illustrent cette adaptation. 9
Sauge des prés (Salvia pratensis ).
La sauge des prés (Salvia pratensis) et ses étamines à bascule La sauge des prés est un représentant de la famille des lamiacées, famille très mellifère, aux belles fleurs bleues irrégulières. Le pétale du bas sert de terrain d’atterrissage aux insectes. Lorsqu’une abeille plonge la tête dans la fleur pour en pomper le nectar, elle appuie sur une sorte de pédale située à la base de chacune des deux étamines. Celles-ci basculent et leurs anthères déposent du pollen sur le dos du visiteur ailé. À ce stade, le stigmate de la même fleur n’est pas réceptif. Il le sera quelques jours plus tard et récupérera sur le dos d’une autre abeille le pollen issu d’une autre fleur. La pollinisation est ainsi réalisée sans mariage consanguin.
La passiflore bleue ou fleur de la passion (Passiflora caerulea) et sa « fontaine » à nectar Originaire d’Amérique du Sud, cette liane vigoureuse doit son nom aux curieux organes de sa fleur pour le moins originale. Les jésuites espagnols y voyaient tous les instruments de la passion du Christ. La double coronule tricolore (bleu, blanc et pourpre) située au-dessus des sépales et des pétales évoque la couronne d’épines. Les trois styles avec leur stigmate réniforme suggèrent 10
les clous. Sur chacune des cinq étamines, la volumineuse anthère plate tournée vers le bas inspire le marteau utilisé pour enfoncer ces clous. À la base de la coronule, existe une sorte de rigole, véritable fontaine à nectar toujours bien pourvue. À l’ouverture de la fleur, les trois styles non réceptifs sont dirigés vers le haut et les anthères libèrent leur pollen qui se dépose sur les insectes séduits par le subtil parfum de « monoï » et venus en nombre s’abreuver de nectar. Quelque temps plus tard, les anthères sont vides et les stigmates se courbent au niveau du passage des insectes sur lesquels ils récupèrent le pollen d’une autre fleur. Là aussi, la pollinisation est réalisée sans consanguinité. Une autre adaptation singulière qui facilite grandement le travail des butineurs est celle du marronnier blanc (Aesculus hippocastanum) et ses « feux tricolores ». La fleur de cette essence exotique, originaire d’Asie mineure, présente une tache qui change de couleur au cours de son vieillissement et de ses capacités nectarifères. La fleur jeune riche en nectar a une tache vert jaunâtre, couleur très bien perçue par les insectes. La fleur âgée, devenue incapable de fournir nectar et pollen, arbore une tache rouge, couleur que ne voient pas les insectes. Entre les deux stades, la tache passe à l’orange ! De cette manière, les insectes ne perdent pas leur temps à visiter des fleurs entièrement taries.
Passiflore bleue (Passiflora caerulea).
Marronnier blanc (Aesculus hippocastanum). 11
Une très grande diversité de plantes est nécessaire pour couvrir les besoins de l’abeille, notamment en protéines. À l’heure où les colonies d’abeilles sont fragilisées par de multiples agressions, une alimentation diversifiée est gage de santé.
Ce livre permettra aux apiculteurs d’identifier et de connaître, mois par mois, les plantes mellifères les plus intéressantes pour les abeilles. Classées par ordre de floraison, une centaine de plantes, sauvages ou horticoles, sont ainsi présentées. Pour chacune d’elles, au moins 2 photos permettent une identification précise.
ISBN : 978-2-84138-705-2
,!7IC8E1-dihafc! PRIX TTC FRANCE : 19,90 €