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De la terre au pot, tout est à portée de main

Ces dernières années, les activités manuelles, et particulièrement la pratique de la céramique, connaissent un réel engouement sur les réseaux sociaux. On y rencontre une abondance de créations singulières et nous sommes invités à glisser un œil curieux dans des ateliers à travers le monde.

Cette activité que l’on réservait aux enfants ou au folklore (depuis que l’industrie a pris la main sur la production destinée à l’usage quotidien) revient avec panache alors que beaucoup de nos contemporains sont à la recherche de sens et de respirations au fil des semaines qui se ressemblent. Le processus de création et de modelage, intrinsèquement reposant, est un temps que l’on s’offre. L’humeur de l’époque est de s’en mettre plein les mains et de s’entourer d’objets à notre image et la pratique de la poterie répond à ces promesses. Mais l’accès à un cours ou à un service de location de four est parfois difficile, car très prisés en ville et souvent rares en campagne.

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Dans ce contexte, l’onéreux ticket d’entrée dans la pratique autonome, de plus de 2 000 € pour l’achat d’un four électrique neuf, peut décourager.

Mais l’heure n’est pas à la déconfiture ! La poterie ne devrait pas être un loisir cher ni un métier sans flamme. L’argile a l’avantage de recouvrir une très grande partie de la surface de la planète, tout comme l’eau et le bois. Apprenons à nous saisir de ces ressources et ajoutons le dernier ingrédient nécessaire : vous et vos 10 doigts.

Céramique : argile cuite à des températures supérieures à 650 °C.

Poterie : fabrication d’objets utilitaires en céramique.

J’étais citadine il y a peu. Je façonnais des terres calibrées et emballées, je cuisais mes ouvrages dans un four électrique programmable, par commodité et par obligation. Les petits espaces en zone urbaine contraignent à l’utilisation de produits préparés. L’installation d’un four à gaz ou à bois y est strictement réglementée, voire interdite. Les possibilités sont pourtant déjà considérables dans ce cadre délimité.

Les moyens modernes ont l’avantage de nous offrir un panel de résultats aux couleurs chatoyantes et aux effets variés. Ils nous aident à obtenir une production standardisée. Ils nous permettent d’atteindre de très hautes températures, allant jusqu’à 1 300 °C, sans avoir à déplacer des montagnes. Les fournées ne sont pas non plus tributaires de la météo, à part peut-être quand la canicule frappe l’atelier et qu’on ne veut pas se transformer en rôti à cause de la chaleur résiduelle du four.

J’étais potière, mais je n’ai jamais vu la carrière dont est extraite l’argile que je modelais tous les jours. Cette argile me parvenait d’Espagne ou d’Allemagne, parce qu’il nous reste peu de gisements exploités en France. Cette terre glaise avait déjà fait un grand voyage avant d’atterrir sur ma sellette, muette. Pour seule indication de sa composition et de son parcours, une étiquette aux informations techniques succinctes.

Dès que j’étais en vadrouille en dehors de l’enceinte de la ville, et dès que j’en avais l’opportunité, je rassemblais le nécessaire pour me frotter à la céramique sauvage. Sur mon chemin à la recherche d’argile, je me prenais à imaginer la forme de ma poterie. Je songeais aussi à celle de mon feu, primitif et élémentaire. Je tressaillais à l’idée qu’un peu de glaise modelée serait transformée en poterie, sous la joyeuse danse des flammes.

Au revoir four de briques et résistances électriques, je reprenais tout depuis le début en cuisant dans un trou. Mes premiers résultats m’ont donné soif d’en voir plus. Le souvenir des échanges amicaux autour du feu m’ont donné envie de revivre l’expérience. Après différents types de cuisson au bois et toujours avec des moyens rudimentaires, ce livre est une belle occasion de partager avec vous mon enthousiasme pour une poterie primitive vivante et innovante.

En faisant avec ce que l’on a, nous prenons l’élan pour inventer nos objets. Grâce aux fruits de nos essais, nous enrichissons notre catalogue de textures, de formes et de décors que l’on ne voit pas ailleurs.

Je suis ici comme vous, élève de la matière et du feu.

J’ai beaucoup appris sur ma pratique en devenant professeure.

Amener les élèves vers la réalisation de leurs projets est très gratifiant.