Extrait Face aux arbres - Éditions Ulmer

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FAC E AU X A R B R E S Apprendre à les observer pour les comprendre

Christophe Drénou

Photos Georges Feterman et Christophe Drénou


S OMMAIRE

Préface

4

Admirer, contempler… mais aussi connaître Avant-propos

6

La musique des arbres

LES ARBRES MODÈLES

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S’allonger ou se répéter

14

Changer d’apparence

22

Étendre ses racines

32

Agir en conséquence

42

LES ARBRES RÉSILIENTS

45

Réagir aux agressions

48

Restaurer son architecture

58

Connaître ses limites

72

Des arbres qui représentent la norme

Des arbres qui surmontent les agressions

Agir en conséquence 84

LES ARBRES SÉNESCENTS

87

Défier le temps qui passe

90

Garder toute sa mémoire

96

Des arbres arrivés au terme de leur développement

Fractionner sa mort

100

Agir en conséquence

106

en couverture et page suivante :

Ulmus americana

2


LES ARBRES EN RÉSEAU

111

Souder des alliances

114

Se connecter à Internet

122

Jouer la solidarité

124

Agir en conséquence

132

LES ARBRES COLONIES

135

Marcotter et drageonner

138

S’enraciner dans le tronc

142

Diviser pour mieux régner

148

Souffrir pour devenir immortel

152

Agir en conséquence

162

Mémento pour l’observation des arbres

166

Épilogue

176

Des arbres qui se connectent entre eux

Des arbres qui passent à l’état de colonies d’arbres

Arbres et hommes, face à face Index général

178

Index des arbres

179

Auteur & photographes

180

Bibliographie 182

Sommaire

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PRÉFACE

ADMIRER, CONTEMPLER… MAIS AUSSI CONNAÎTRE

J

’ai rencontré un vieux chêne. Son tronc creux et trapu mesure 7 m de circonférence. Quel est son âge ? ” Ou bien : “ J’ai un arbre devant ma maison. Depuis quelques années, il se développe de façon irrégulière

et cela me chagrine. Pourquoi ce nouveau comportement ? ” Ou encore :

“ Une partie de sa ramure dégénère et meurt. Que faire ? ” Confronté à ces questions et à tant d’autres du même genre, une seule attitude s’impose : il faut voir. C’est repousser à plus tard la réponse. C’est conditionner un avis à une observation éclairée et complète de l’arbre (parties aériennes et parties racinaires), à une observation de l’environnement immédiat ou plus lointain, à la connaissance, enfin, de l’histoire, récente ou plus ancienne, du lieu et de l’arbre lui-même. Pour bien comprendre, il faut connaître et pour connaître, il faut observer. Or, pour que le regard soit efficace, il faut apprendre à observer. Apprendre à observer l’arbre, c’est l’ambition de ce livre que nous propose Christophe Drénou et par la photographie, Georges Feterman. Le texte et les illustrations permettent à chacun d’affiner le regard qu’il pose sur cet être étrange, vivant et immobile, complexe et unifié, qui ne se nourrit que d’énergie, de gaz carbonique et d’eau fraîche, dont la longévité côtoie l’éternité et qui a pour nom « arbre ». Les illustrations, le texte et les photos forment une symbiose parfaite comme la rhizosphère vivante qui feutre les racines de l’arbre. Enfin, à chaque chapitre, sa conclusion sous forme de l’énumération des conséquences pratiques. Le curieux de l’arbre dont l’intérêt s’enrichit d’un volet affectif y trouvera donc son compte. La structure, la morphologie et l’architecture même de l’arbre sont la résultante de l’action des forces intimes génétiquement programmées et du fonctionnement sensible et modulable des différentes parties. Structures et fonctions : des relations subtiles et savantes au sein d’un système à régulations multiples. Tous ces mécanismes sont soumis à une logique… qui est celle de l’arbre. Or l’arbre a une logique qui n’est pas celle de l’homme ! Robert Bourdu (1924-2014) Professeur de physiologie végétale (Orsay - Paris). Inventeur de la notion d’Arbre Remarquable en France. Cofondateur de l’association A.R.B.R.E.S. 4


PrĂŠface

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LES ARBRES MODÈLES


DES ARBRES QUI REPRÉSENTENT LA NORME Si on vous demandait de dessiner un arbre sans modèle, vous représenteriez très probablement une simple forme verte portée par un tronc droit et vertical. Certains d’entre vous préciseraient la nature de cette forme qu’on appelle houppier : contour sphérique pour les feuillus (tilleuls, érables, chênes…), conique pour les résineux (sapins, épicéas, cèdres…). Mieux encore, vous iriez peut-être jusqu’à schématiser les grosses branches maîtresses prolongeant le tronc et se divisant en branches de plus en plus petites jusqu’aux rameaux feuillés ultimes. Rares sont ceux qui s’aventureraient à figurer les racines, puisqu’on ne les voit pas. Finalement, vous dessineriez tous un arbre stéréotypé considéré comme normal, parfait, sans défauts : pas de tronc tordu ou crevassé ; houppier haut perché, équilibré, compact et jamais morcelé ; absence de branche morte… À votre décharge, notez que cette représentation est très largement répandue dans les manuels de biologie et de botanique, parfois même avec de graves erreurs, notamment pour la partie racinaire. En réalité, ces arbres modèles ne sont pas si nombreux dans la nature. Leur existence suppose un développement harmonieux en l’absence de tout traumatisme, ce qui, en dehors des conditions tropicales, reste plutôt exceptionnel. Il est difficile de placer les arbres sous cloches à l’abri de tout stress. Tout au long de leur histoire, de nombreux accidents peuvent à tout moment survenir : sécheresse, gel, tempêtes, poids de la neige, maladies,

pages précédentes :

Ce noyer se dresse près de la chapelle Notre-Dame-de-Lure sur les flancs de la montagne de Lure (Alpes-de-Haute-Provence).


interventions de l’homme… Songez aux arbres de nos villes dont la taille est systématique, souvent très sévère et hélas quelquefois injustifiée. Les sujets indemnes de toute perturbation extérieure sont rares. Leurs formes, programmées génétiquement, doivent être considérées comme des normes vers lesquelles tous les arbres essaient de tendre au cours de leur vie. Leur analyse est un préalable indispensable au décryptage des architectures arborées. Nous allons donc nous intéresser aux arbres qui se sont construits sans accident de parcours (ou sans séquelle apparente) et que nous nommerons « Les arbres modèles ». Nous décrirons leurs stratégies générales de développement ; nous verrons comment ils grandissent, se métamorphosent et explorent les espaces aériens et souterrains. Et si jusqu’à présent vous dessiniez des arbres sans racine, naturellement, vous songerez à les ajouter.

“Aviez-vous jamais contemplé quelque arbre pour lui-même, pour son incrustation dans le ciel, pour son âge, pour la qualité de son bois ? Aviez-vous jamais imaginé la lenteur démesurée de sa vie ? ou éprouvé tout ce qu’il faut de volonté sourde, réfléchie, obstinée, pour ce cercler d’écorce, et, sans nerfs et sans cerveau, diriger pendant trois cents ans le jaillissement de sa sève ?” victor segalen

Les arbres modèles

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S’ALLONGER OU SE RÉPÉTER

Le gigantisme Tous les sapins de Noël, du plus petit au plus grand, sont globalement coniques. Qu’il s’agisse du sapin classique (qui en réalité est un épicéa commun) ou du sapin de Nordmann, ces arbres grandissent sans changer de forme. Ils se développent selon une stratégie appelée « gigantisme » au cours de laquelle l’architecture initiale du jeune arbre est conservée. Le tronc est le chef d’orchestre de cette organisation. Axe principal en position centrale, il détermine la hauteur totale de l’arbre et assure sa cohésion mécanique et fonctionnelle. Son bourgeon terminal contrôle la date, le lieu et la direction de croissance des branches qui lui sont subordonnées. Chaque printemps en effet, le tronc déclenche à son sommet l’apparition de nouvelles branches issues des bourgeons entourant le bourgeon terminal, mais empêche le développement des bourgeons sous-jacents. Les pousses annuelles du tronc sont ainsi délimitées par des étages de branches qu’il suffit de compter pour calculer l’âge de l’arbre (en rajoutant l’année non ramifiée du sommet). Évidemment, les branches sont d’autant plus longues qu’elles sont âgées, donc en position basse, d’où la forme conique de l’arbre. Notons que tout le long du tronc demeurent un très grand nombre de bourgeons que le tronc a inhibés. Ils constituent un vaste réservoir de

De nombreux résineux grandissent sans changer de forme. Cette stratégie de développement est appelée le gigantisme.

à droite : L’architecture de cet araucaria est le résultat d’un développement par gigantisme. Les branches se renouvellent au fur et à mesure qu’elles tombent, ce qui conduit à la formation d’un deuxième houppier emboîté sous les branches les plus hautes (Jardin botanique de la villa Thuret, Antibes).

14

Les arbres modèles


Les arbres modèles

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LORSQUE VOIR NE SUFFIT PLUS ET QUE LE BESOIN DE SAVOIR ET D’AGIR SE FAIT SENTIR

NOU VE ÉDIT LLE REV ION UE E AUG MEN T TÉE

Face aux arbres, le premier réflexe est le plus souvent de déterminer leurs noms : est-ce un chêne, un cèdre, un ginkgo ? Il existe pour cela de nombreux guides. Mais après ces premières présentations, l’observateur souhaite généralement en savoir plus : cet arbre a-t-il fini sa croissance ? Est-il en bonne santé ? Quelle est son histoire ? Il devient alors nécessaire de ne plus simplement voir les arbres, mais de les regarder. S’appuyant sur les découvertes les plus récentes, Christophe Drénou nous montre dans ce livre ce qu’il faut observer pour comprendre les arbres, c’est-à-dire retracer leur histoire, connaître leur état actuel et prévoir leur évolution probable. Il nous indique également les conséquences pratiques à en tirer pour éviter les erreurs et les garder en bonne santé.

ISBN  : 978-2-37922-029-6

,!7IC3H9-ccacjg! PRIX TTC FRANCE  : 22


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