Javier de Isusi, Ometepe

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Il fut une époque où les histoires vivaient librement sur la face de la terre. Où que l’on se tourne, il y avait une histoire vivante à regarder. Car les choses se produisaient sans que l’on se soucie particulièrement des concepts rigides de « possible » et d’« impossible ». La science se délectait de transformer en or les métaux les moins nobles et de créer la vie à partir d’une boule de glaise. La géographie ne craignait pas d’intégrer dans ses cartes des terres aussi enchanteresses qu’improbables. Et la cryptozoologie était tout simplement la biologie qu’étudiaient les aventuriers. C’était un bien joli monde. Mais un jour tout cela changea. Nous ne savons pas exactement pourquoi ni quand. Fut-ce à cause d’une pomme, d’une guerre mondiale, de l’arrivée de la télévision, des universités… ? Toujours est-il que la plupart des choses intéressantes furent bannies, éradiquées et reléguées dans la sphère de la fiction. Autrement dit : « Ici n’existe que le possible. Le reste n’y étant plus, nous le racontons. Le reste est dans les contes, dans les films et les livres. Mais pas ici. » Encerclée par la réalité, la fantaisie est depuis un certain temps confinée à l’intérieur de son enceinte… Excepté à certains endroits déterminés… et encore, pas pour tout le monde. Ometepe est la grande île située au milieu du lac Cocibolca (également dénommé Grand Lac Nicaragua). Elle s’étend sur 276 kilomètres carrés et ce sont en réalité deux seins de femme émergeant des profondeurs. L’un est le volcan Maderas, l’autre, le Concepción. Ce n’est pas là un détail mineur. Pas plus que la rumeur selon laquelle le lac est infesté de requins. Des requins dans un lac. Oui. C’est impossible. Et pourtant, c’est parfaitement réel. Nous allons justement nous pencher de plus près sur ces notions d’impossible et de réel.


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