Confidences d’un cardinal

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Bilan et perspectives

qui reste l’ami du prêtre qui va mourir fait un geste magnifique : il donne pour sa dernière nuit son lit au jeune prêtre malade. Et le lendemain lorsqu’il revient et voit qu’il est mort, il dit que tout est grâce ! Cette conclusion-là, il fallait quand même la trouver. Pour moi, Georges Bernanos est un tout grand écrivain. Mais bon, j’ai eu une très mauvaise éducation littéraire ! Au collège, le niveau de la littérature néerlandaise que l’on nous apprenait était abominable. Sauf pour Gezelle. Mais pour le reste, ce n’était pas vraiment de la littérature. Dans le manuel Zuid en Noord qui avait été réalisé par des jésuites, nous ne trouvions que des textes très ennuyeux que nous n’aimions pas lire. Nous n’avons pas pu lire et découvrir la littérature moderne. On n’allait pas plus loin que Felix Timmermans. Et c’était encore le meilleur ! Il y avait aussi Ernest Claes, mais c’était de la littérature de terroir. Dieu merci, on a eu plus de chance en français avec les « Modèles français » mais également parce que notre professeur de rhétorique, Mgr Moerman était francophone et donnait son cours en français. C’est lui qui m’a fait découvrir la littérature française. J’ai quelque peu approfondi ces connaissances quand j’étais en théologie. Je pense à Bernanos, à Graham Greene, à Julien Green ou encore à François Mauriac, entendez : la littérature française du début du XXe siècle. Au fond, j’ai donc été éduqué surtout avec la littérature française. Avec le désavantage que je ne connais pas grand-chose de la littérature anglaise et de la littérature américaine. J’ajouterai en outre que pendant mes années épiscopales, je n’ai pas eu de temps libre pour pouvoir lire un roman de bout en bout. Sauf peut-être pendant les vacances, et encore… – Quel genre de roman lisez-vous alors ? Pas nécessairement les bestsellers ou les romans qui sont vantés à grand renfort de publicité ? – Non ! Je relirais encore les carnets et journaux de Julien Green. Je pense aussi à ceux du peintre Michel Ciry. J’aime les lire et les relire. Et les reprendre. Mais il y en a un qui émerge par dessus tous les autres et c’est Shakespeare. Avec une grosse difficulté : son anglais est difficile. Il a un vocabulaire très étendu et il faut de temps en temps recourir au dictionnaire.

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