Confidences d’un cardinal

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Jean-Paul II et Baudouin Ier

– Quelle était sa principale qualité ? – Au début de son pontificat, il a voulu réformer la Curie, mais il s’est vite rendu à l’évidence que c’était peine perdue. C’est alors qu’il a décidé de prendre son bâton de pèlerin et de parcourir la planète. Et il a peut-être eu raison de le faire, car il a obtenu bien plus par ses voyages qu’en voulant réformer la Curie. Ce fut tout le contraire de Paul VI. Celui-ci resta à Rome, s’occupa de la Curie et suivit de près tous les dossiers. Jean-Paul II a laissé faire beaucoup de choses. Il a beaucoup délégué. Il fallait le voir en action… – Est-ce que cet effort soutenu d’un quart de siècle de visites vers tous les pays et continents possibles et imaginables a eu un effet ? – Il a mis l’Église sur la carte du monde. Cela c’est incontournable. Il n’a cependant pas toujours été accueilli à bras ouverts car si on appréciait le chanteur, on n’aimait pas toujours sa chanson. Mais bon, il a eu une influence certaine car c’était un bon chanteur. Sinon, l’Église se serait retrouvée isolée comme une île au milieu de la mer. C’est le contraire qui s’est produit. On ne peut nier que l’Église a pour l’heure une influence assez considérable sur tout ce qui se passe dans le monde. On ne peut pas l’ignorer. C’est incontestablement le mérite de Jean-Paul II. Sinon nous ne serions peutêtre plus que quantité négligeable aujourd’hui. – C’est cela que vous retiendrez de son pontificat ? – Vu de l’extérieur, oui. Ses relations publiques, au sens le plus positif du mot, ont été une bonne chose. Mais il y eut l’autre dimension, intérieure et intime que peu de gens connaissent. Ce fut sa vie de grand mystique. C’était un homme qui priait de manière remarquable et qui était en même temps un penseur. Certains ont vu en lui un homme de spectacle mais au fond c’était quelqu’un qui avait énormément souffert. J’en suis convaincu. Il fallait le voir prier le matin très tôt, seul dans sa chapelle personnelle avant de concélébrer à ses côtés. Il était vraiment ailleurs et n’appartenait plus à ce monde. Peu de gens le savent au fond. C’était une personnalité très complexe. – L’on devrait rapidement le béatifier. Le mérite-t-il ? – Ce fut quand même une figure particulière. Sur le plan de sa vie intérieure et pour tout ce qu’il a accompli, il le mérite sans conteste. 113


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