lire en vendée 24 decembre 2011 mars 2012

Page 34

Nos Sélections, poésie Un dernier battement d’elle Pascale Albert Donner à voir, 8 €

Son elle brûlée aux roses des mots Le trop a roussi son désir de lui

Pensées lunaires Adrien Barbarit Nicolas Richard Les Chantuseries, 10 €

Avec une présentation classique et sobre, juste prolongée de quelques

La nuit des jours Gilbert Prouteau Écho Optique, 70 p., 15 €.

On ne présente plus Prouteau, si ce n’est qu’il a toujours été un phénomène, aujourd’hui de longévité. À 94 ans, de sa tanière à Mallièvre, ce personnage qui a connu tous les dieux de son temps, Dali, Malraux, Picasso, Simenon (lire le dossier)… continue d’écrire, revenant à ses amours préférées : la poésie. Ne s’est-il d’ailleurs pas défini comme un « éleveur de vers luisants » ? Et la verve

Croquis-Démolition Patricia Cottron-Daubigné La Différence, 72 p., 10 €

Qu’un livre de poésie inaugure une collection “Politique” chez un éditeur réputé, ça paraît plutôt insolite de nos jours ! Qu’un poète dise la “casse” économique, sociale et humaine résultant de la délocalisation d’une usine (SKF, Fontenay-le-Comte), ça paraît incongru aux versificateurs frileux des émois de l’ego ! Que la poésie renoue avec la vertu d’indignation (à l’instar d’un Victor Hugo, jadis), ça secoue la résignation ambiante et réanime le lecteur d’une bouffée de dignité retrouvée ! Croquis-démolition rappelle et actualise des valeurs uni34

Papier orange martelé par les encres noires de Maryline Trumeau, et ciselé par la plume aiguë de Pascale Albert qui veut saisir un « dernier battement d’elle ». Battement de son désir, celui qui précède ou celui qui prolonge, celui de l’attente ou celui de la frustration. Battement d’une aile qui s’envole ou qui se brise. Intime cheminement sur les pas de la femme. ». A. P.

dessins à l’encre de chine de Raphaëlle Duclaux, «Pensées lunaires « est un opus de duettistes. Leurs instruments se répondent sur les mêmes arpèges d’assonances qui célèbrent de leur essor le langage du quotidien. L’un butine ses rythmes courts d’abeilles enivrées, l’autre prolonge sa vague enrouleuse qui pénètre et submerge. Une partition qui invite à devenir avec eux virtuose.

alexandrine chère au Vendéen natif de Nesmy semble s’épurer encore plus avec les années passant. « La nuit des jours » qu’il nous offre est sa quintessence. Comme un philtre au naufrage de la vieillesse. Ce poète, qui a publié 50 livres et réalisé une quinzaine de films, n’aura finalement écrit que dix recueils de poésies. Mais quel régal avec ce dernier composé de 40 poèmes, qu’il dédicace tout particulièrement à sa fille Isabelle. Le « malin vieillard du bocage » (référence à Voltaire) nous en fait encore baver avec les mots, mots d’ordre et de passe, d’espoir et d’amour, des mots qui ressurgissent quand la flamme vacille. À noter l’excellente préface de Jean Billaud sur le « clair-obscur dans la poésie de Prouteau ». P. G. versellement partageables : les hommes ne sont pas réductibles à des variables d’ajustement de la rentabilité d’une entreprise. L’usine est un lieu de travail et de vie, l’usine c’est du bruit ; or, le mot « bruit » ne fait pas de bruit ! Comment dire la souffrance des ouvriers dont on saccage brutalement le lieu et le sens de la vie, les liens sociaux, voire les relations affectives. Patricia Cottron-Daubigné met du bruit dans les mots, de la colère aussi, et développe un superbe et émouvant poème tragique. Qui n’est pas sans faire écho aux « Tragiques », élaborées jadis en d’autres circonstances tout autant inhumaines, d’un certain Agrippa d’Aubigné qui fut gouverneur huguenot de Maillezais, à quelques kilomètres seulement de Souil où vit l’auteure, sa quasi... homonyme. L. D. Lire en Vendée - décembre 2011- mars 2012


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.