Pauline MARION-ANDRES - Mémoire de fin d'études Céramique et verre - Promo 2018 - École de Condé

Page 75

• Concernant l’étape de la pose du décor, nous avons noté la présence de maigreurs sous le tertre et sur le bouchon. Leur origine s’explique de la façon suivante : en émaillant l’objet dans un bain d’émail, l’artisan tenait la pièce. Il a alors laissé l’empreinte de ses doigts dans l’émail. Nous remarquons également des points et taches bleus sous l’émail*. Il doit s’agir de taches d’oxyde de cobalt. Avec son pinceau, le peintre a provoqué des projections ou des bavures de couleur. Or, l’émail est pulvérulent et interdit tout repentir. De même, les marques blanches observables dans le décor sont en fait des retraits de la couleur qui laissent visible l’émail sous-jacent. Alexandre Brongniart explique que « le retirage de la couleur paraît être, pour les couleurs de moufles, analogue à celui que présente le bleu au grand feu*. Ce défaut vient de ce que le peintre a employé des essences devenues trop grasses par l’action de l’air »163. • Les derniers défauts sont liés à la cuisson de l’œuvre. Les points noirs peuvent être dus à des pointes de fer, soient d’infimes particules de fer contenues dans la pâte et qui grossissent à la cuisson, ou bien à des impuretés emprisonnées sous l’émail*, dans le four, telles des poussières de carbone. Compte tenu de ces informations, nous pouvons conclure que ces défauts ne représentent pas un danger pour l’intégrité de l’œuvre. Ils ne sont pas considérés comme des altérations et par conséquent ils ne relèvent pas du domaine de la restauration. Parallèlement, ils peuvent être perçus comme des marqueurs historiques : il est parfois possible de déterminer un lieu de production en examinant les défauts de fabrication d’une céramique.

II- DIAGNOSTIC DES ALTÉRATIONS II.1. Altérations humaines ou d’usage • De par sa fonction, l’objet est amené à être souvent manipulé. De plus, l’inventaire du musée Auguste Grasset nous indique qu’il a été acheté en Belgique, avant de voyager et d’intégrer les réserves de l’institution. Il est sans doute passé entre de nombreuses mains. C’est probablement lors de l’une de ces manipulations que l’objet a subies des rayures. Celles-ci sont localisées vers l’extérieur des membres du personnage (les deux jambes et le bras gauche) soient les parties les plus sujettes à être exposées aux frottements : l’orientation horizontale des rayures nous indique que l’objet a été pivoté sur lui-même et qu’il a rencontré un matériau plus dur que l’émail. De même, les parties saillantes de l’objet sont particulièrement exposées à l’usure et aux chocs et sont donc plus fragiles. C’est pourquoi elles comportent des éclats d’émail*.

Alexandre Brongniart, Traité des arts céramiques ou Des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, Paris, A. Mathias, 1977, T.2, p. 686. 163

Pauline MARION-ANDRÈS – Conservation-Restauration de Céramique et Verre – École de Condé – Promotion 2018

73


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.