Sara ALAMI-Etude et conservation de cinq serviteurs funéraires Egyptiens en faience siliceuse...

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AVANT-PROPOS Après trois ans d’Histoire de l’Art au lycée en enseignement de détermination puis trois ans à l’Institut d’Histoire de l’Art et d’Archéologie Michelet, c’est lorsque j’ai choisi de m’orienter vers la Conservation-Restauration que ma passion pour l’Archéologie a enfin été complète. En effet il me manquait une composante essentielle : le contact direct avec l’objet. Passionnée par les arts plastiques que je pratique en amont de ma formation à travers le modelage, la sculpture et le dessin, je suis naturellement attirée par la matérialité de l’oeuvre. Grâce à la diversité de ses formes, de ses matériaux, et par le fait qu’elle accompagne l’Homme depuis ses débuts et ce sur tous les continents et à travers toutes les cultures, la céramique s’est imposée à moi. Particulièrement attirée par l’art de la préhistoire et celui des civilisations extra-européennes, l’opportunité de travailler, dans le cadre de mon mémoire de fin d’études, sur des pièces issues de l’Archéologie Égyptienne revêt une importance capitale à mes yeux car elle me permet d’allier travail et passion. L’intégration de l’Archéologie dans la réflexion du conservateur-restaurateur a motivé la réalisation de ce mémoire et a également conditionné le choix des différents stages afin de donner à ces deux dernières années d’études une orientation professionnelle tournée vers l’Archéologie. Ces motivations expliquent le choix de ces pièces comme sujet de mémoire ainsi que le sujet technicoscientifique qui se veut être un pont entre les deux professions.

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RÉSUMÉ INTRODUCTIF GÉNÉRAL Ce mémoire relate l’étude et la conservation-restauration de cinq serviteurs funéraires en faïence auto-émaillée de la Basse-Époque et du début de l’Époque Ptolémaïque issus du fond Égyptien du musée Départemental de l’Oise. Les cinq ouchebtis ont été sélectionnés parmi un groupe de douze serviteurs en raison de leur état de dégradation. Dans le premier chapitre sont abordés l’aspect historique et les techniques spécifiques de fabrication de ces objets. L’élaboration de cette recherche est basée sur l’idée principale suivante : seule l’étude approfondie du contexte historique permet une bonne analyse et expertise des objets. En effet, les ouchebtis ne peuvent se concevoir que par rapport au contexte et aux pratiques funéraires associées. « Quels sont les mythes fondateurs des pratiques funéraires? Quelles sont les pratiques qui ont débouché sur la création du concept de serviteur funéraire? » Voici les premiers questionnements auxquels nous tentons de répondre dans cette partie. Ainsi, l’étude des pratiques funéraires générales puis spécifiques aux ouchebtis tout au long de l’histoire de l’Égypte ancienne permet d’expertiser les cinq serviteurs confiés pour restauration. Le déchiffrage des hiéroglyphes présents sur trois des serviteurs est également une donnée complémentaire particulièrement importante pour la compréhension des objets. Trois propriétaires ont pu être identifiés, dont deux sont bien connus par les spécialistes (ouchebti de la Dame de Semset et du Héraut royal Psammétique-Men) et un troisième propriétaire a été mis à jour, cette fois-ci inconnu et absent de toute publication. La titulature révélée de l’ouchebti de Nefer-Setet revêt donc un caractère exceptionnel. La matérialité particulière des serviteurs et la présence d’altérations peu communes nous a conduite à expérimenter la technique de fabrication d’auto-émaillage par efflorescence avec la collaboration d’un céramiste. La reconstitution de la technique, de l’élaboration du moule à la cuisson a permis d’établir l’étude technologique des objets avec plus de précision et met en lumière les altérations dues à la fabrication. Le second chapitre présente le traitement de conservation-restauration ainsi que toutes les réflexions et études préalables à sa réalisation. L’axe conducteur de notre travail de conservationrestauration réside dans l’idée qu’un examen approfondi de la matérialité des oeuvres, initié par la phase de reconstitution de la technique de fabrication, permet d’établir un diagnostic fiable, socle d’une restauration respectant les ordonnances déontologiques de la profession. C’est donc après les constats d’états et le diagnostic général que les interventions sont envisagées, avec pour chacune une phase de réflexion, de justification, de tests puis enfin de mise en oeuvre. Les ouchebtis sont des oeuvres présentant une certaine dualité en ce qui concerne leur statut. Ils se situent en effet à la frontière assez floue qui réside entre l’objet d’art et l’objet archéologique. Leur restauration doit donc prendre en compte cette double dimension.

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Les cinq ouchebtis traités dans ce mémoire seront intégrés dans les collections égyptiennes du musée Antoine Vivenel de Compiègne et exposés au public. En accord avec notre vision de la conservationrestauration et celle du responsable des objets, nous avons souhaité effectuer une restauration alliant esthétisme et recommandations déontologiques de la restauration « archéologique » espérant répondre ainsi à la dualité précédemment énoncée des ouchebtis. Le troisième chapitre présente l’étude et le développement d’un système de marquage des céramiques archéologiques poreuses pour étude, conservation et manipulation par l’archéologue. Développé au sein du Centre d’Etudes Alexandrines (CEAlex), il s’agit de répondre à une préoccupation bien connue des restaurateurs oeuvrant pour des services archéologiques : les problématiques de marquages. Tenter de répondre à cette préoccupation, c’est prendre en compte les besoins des deux professions concernées et travailler sur les différentes problématiques engendrées par des besoins différents. Cette recherche, tout d’abord menée en laboratoire puis sur une partie du matériel de fouille issu d’un des chantiers archéologique du CEAlex a permis l’élaboration d’un système de marquage remplissant un cahier des charges établi en collaboration avec les archéologues. La bibliographie, dont les ouvrages sont classés par thématiques, a été réalisée selon les normes en vigueur pour les publications à caractère scientifique et de recherche (INP, IFPO, IFAO...) ce qui exclu l’utilisation du système « Ibidem ». Chaque renvoi bibliographique en note de bas de page comporte le nom, l’année et la page de l’ouvrage cité (ex : TEFNIN 1979, p. 236). Les caractéristiques complètes de l’ouvrage sont explicités dans la bibliographie générale sous cette forme : TEFNIN 1979 TEFNIN (R.), « Image et histoire. Réflexions sur l’usage documentaire de l’image égyptienne », 1979. CdE 54, p. 218-244. Un glossaire général est également disponible à la fin de ce mémoire. Il comporte une liste de mots choisis par pertinence par rapport aux différents sujets de notre mémoire. Les mots dont les définition y sont explicitées sont marqués d’un astérisque (*) dans le corps du texte. Les annexes comportent les documents qui accompagnent les différents chapitres, mais dont la taille et le caractère moins spécifiques ne permettent pas l’inclusion dans le mémoire en raison du nombre de pages accordé pour le corps du texte. Elles comprennent également les différentes fiches techniques des produits employés durant la restauration et la recherche technico-scientifique ainsi que les tableaux détaillés des résultats des expériences.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE Le lot dont provient les cinq objets traités est issu d’un don privé au musée de Départemental de l’Oise. Ce lot est aujourd’hui proposé au transfert par Mr Vincent Blanchard, directeur-adjoint du Musée Départemental de l’Oise à Beauvais et c’est dans cette optique que la demande de restauration est engagée. Ce projet culturel s’inscrit dans le cadre de l’harmonisation des collections françaises. En effet le musée Antoine Vivenel de Compiègne possède des collections d’art grec, étrusque et égyptien. En proposant cet échange, le musée Départemental de l’Oise contribue à l’enrichissement des collections du musée Antoine Vivenel et redonne à ces pièces leur sens. Ainsi, leur valeur pourra s’exprimer au sein des collections du musée destinataire. Il existe au sein du musée Antoine Vivenel de Compiègne un projet de restructuration global de l’enceinte du musée et des salles d’exposition. La présentation des collections sera alors repensée ce qui permettra d’intégrer le fond égyptien de Beauvais de manière harmonieuse au sein des collections compiègnoises. La recherche historique a été menée suivant le principe du « général au particulier ». Le contexte et les pratiques religieuses, la cosmogonie, puis l’intégration du serviteur funéraire dans ces rites sont abordés. Une étude spécifique du concept du serviteur funéraire est ensuite engagée avec la présentation des différentes typologies et des évolutions stylistiques durant la longue période historique de la civilisation Égyptienne. Les ouchebtis qui nous ont été confiés sont alors étudiés sous le prisme des précédents chapitres et replacés ainsi dans un contexte de production précis. Après la phase de datation et d’expertise, les techniques de fabrication sont abordées. En effet, l’autoémaillage des pâtes siliceuses est assez peu étudiée et en ce sens, nous avons également conduit, en amont de l’étude technologique, une phase de reconstitution. Ces reconstitutions nous ont permis d’étayer l’étude technologique des objets et d’expliquer certains défauts de fabrication permettant également de mieux appréhender la matière particulière de ce type de céramique. L’étude technologie constitue le lien logique avec le chapitre suivant qui relate l’intervention de conservation-restauration. L’état de conservation des cinq ouchebtis choisis ne permettait pas leur présentation immédiate au public. C’est en ce sens que le traitement de conservation-restauration est engagé. Ce chapitre présente tout d’abord une étude préalable qui comprend les constats d’état nominatifs, les tests complémentaires et le diagnostic des objets. Il s’en suit logiquement une proposition de traitement globale en accord avec les objectifs de conservation-restauration décidés avec le responsable des oeuvres. 4


Relater le traitement de conservation-restauration de cinq objets en un nombre de pages restreint a requis une organisation particulière. Nous avons, de ce fait, choisi de présenter cette partie de la manière qui suit. Les différentes interventions, concernant tous les objets, (nettoyage de surface, dérestauration, remontage, consolidation, comblement et mise en teinte) sont expliquées et soumises à réflexion. Il s’en suit une phase de tests et l’élaboration d’un protocole général, prenant en compte les spécificités de chaque objet. La mise en oeuvre est alors relatée avec les clichés les plus pertinents. Pour plus de clarté, les fiches de restaurations nominatives ont été incluses à la fin de ce chapitre. En troisième partie de ce mémoire se situe la recherche technico-scientifique que nous avons développée au Centre d’Études Alexandrines. Cette étude concerne le développement d’un système de marquage des céramiques archéologiques poreuses pour étude, conservation, et manipulation par l’archéologue. Le sujet n’est pas en lien direct avec nos objets bien que ceux-ci présentent des problèmes liés au marquage (perte de données notamment). Son développement suit la réflexion que nous avons établie grâce à l’immersion au sein d’un service archéologique important. Les problématiques, les besoins des deux professions et la mise en place d’une réponse possible ont été les principales lignes directrices de notre étude. Plusieurs phases d’expérimentation sont mises en oeuvre afin d’éprouver les différents systèmes de marquages proposés. La dernière partie de cette étude présente la mise en situation du système retenu sur un des chantiers de fouille du CEAlex. Ce mémoire est le compte-rendu d’une étude approfondie des cinq ouchebtis, que ce soit de leur histoire, de leur technique de fabrication, et de leur traitement de conservation-restauration. Il est également le compte rendu-d’une réflexion globale sur la place de la Conservation-Restauration dans l’Archéologie et vice-versa.

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CHAPITRE I : ÉTUDE HISTORIQUE ET TECHNIQUE

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INTRODUCTION ........................................................................................................................................ De par sa notoriété auprès du public et par les passions qu’elle déchaîne, l’étude de la civilisation Égyptienne est parfois mise à mal par des lieux communs et des idées préconçues. Afin d’éviter ces écueils, nous avons souhaité réaliser une étude historique basée sur des sources sûres. Les ouvrages de la bibliothèque du Centre d’Études Alexandrines ont constitué une base documentaire particulièrement riche. C’est en se basant sur des ouvrages généraux d’Égyptologie puis en sélectionnant des ouvrages plus précis sur les pratiques funéraires puis sur les ouchebtis que nous avons pu établir cette étude. La traduction des inscriptions hiéroglyphiques par Mr Jean ROUGEMONT, Secrétaire Général de la Société Française des Fouilles de Tanis, égyptologue, expert et collectionneur en statuettes funéraires nous a permis de nommer trois antiques propriétaires. Ces titulatures établies ont également servi à inscrire les objets dans un contexte encore plus précis. Outre l’histoire « antique » de ces objets, l’histoire de leur arrivée dans les collections françaises sera également abordée, ainsi que leur devenir muséographique actuel. Nous avons voulu étayer l’étude des techniques de fabrication par une phase de reconstitution afin de mieux comprendre la technique de l’auto-émaillage et d’en apprécier les possibles spécificités. Elle débouche sur l’étude technologique détaillée de chaque objet.

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I. ETUDE CONTEXTUELLE ET HISTORIQUE A. CONTEXTE RELIGIEUX ET COSMOGONIE 1. LA MORT EN ÉGYPTE, CONTEXTE RELIGIEUX ET PRATIQUES FUNÉRAIRES La systématique ritualisation de l’acte funéraire égyptien fascine le public par cette incessante quête de la vie après la mort. En témoigne les nombreux évènements concernant ces pratiques dont la toute récente exposition temporaire « Le crépuscule des pharaons1 » au Musée Jacquemart-André à Paris. Les puissants rituels développés autour du défunt marquent l’esprit d’images et d’objets qui sont de véritables vecteurs entre monde des vivants et monde des morts, entre visible et invisible et enfin entre hommes et dieux. Mais avant de se pencher plus précisément sur certains de ces objets, il convient d’éclairer le lecteur sur ce fabuleux et constant rapport qu’entretient l'Égyptien antique avec la Mort. a. Égypte antique : un rapport ambigu avec la mort « La mort est l’origine et le berceau de la culture 2 ». Selon la culture envisagée, la mort sera perçue en général de deux manières. La première envisage le trépas comme un horizon outrepassant la durée de vie individuelle dans un au-delà où le mort entre pour y survivre sous différentes conditions tandis que la seconde nie l’existence d’un au-delà qui, dans le meilleur des cas est représenté comme un royaume d’ombres et de ténèbres, sans consolation ni repères. La Douât* Égyptienne n’est pas un royaume des morts au sens strict du terme, mais un espace de vie éternelle ou l’on est libéré, sauvé, soustrait à la mort à la différence du « pays sans retour », à l’Hadès* grec auquel nul ne peut échapper3. Pourquoi la mort est-elle la préoccupation principale de la religion égyptienne? En effet, elle est beaucoup plus centrée sur la mort qu’ailleurs. Négation où acceptation du trépas? L’antimonde édifié est une réponse à ce questionnement. Nous pouvons penser qu’il s’agit d’une négation de la mortalité puisque les Égyptiens en font un lieu de vie. Il est dit dans ce sens dans l’enseignement de Hardjedef, la plus ancienne sagesse égyptienne conservée « Or la maison de la mort est faite pour la vie » 4. La culture égyptienne édifie alors, pour prendre le contre-pied de ce refus de la finitude de la vie,

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« Le crépuscule des pharaons, chefs-d’oeuvre des dernières dynasties égyptiennes » du 23 mars au 23 juillet 2012, musée Jacquemart-André, Paris. 2 ASSMAN, 2003. p.177 3 Il est intéressant de remarquer que cette conception de l’Hadès grec ne prévaut que pour l’Époque Archaïque où il n’existe ni pesée des âmes ni jugement. En effet, les enfers grecs seront au fur et à mesure modifiés en introduisant un jugement postmortem fondé sur les qualités et les défauts de tout un chacun. Après le jugement présidé par Minos, Eeaque et Rhadamanthe, l’âme du défunt est dirigée vers l’une des trois contrées des enfers à savoir les Champs Elysées pour les héros et les gens vertueux, le lugubre Pré de l’Asphodèle sorte de purgatoire où séjournent la plupart des fantômes ou enfin vers le Tartare, prison de châtiment éternel des Titans, des assassins et des mauvaises âmes. C’est d’ailleurs grâce à cette évolution qui met en parallèle les deux conceptions que le syncrétisme à pu s’effectuer entre la religion grecque et égyptienne. 4 ASSMAN, 2003. p.120

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une religion basée sur une conscience aiguë du trépas. Elle construit un système de contre-représentation d’un monde de vie éternelle en miroir de la vie sur terre. Les Égyptiens ont haï la mort, car elle est la fin du « bon temps5 » passé sur terre et c’est contre elle qu’ils ont construit leurs tombeaux et qu’ils ont conceptualisé une vie agréable et positive en réponse à cet universel effroi du néant mortel. Ils transforment la mort grâce à leurs protocole funéraire en un espace transitoire entre l’existence sur terre et celle de l’au-delà. À propos de cette contre-représentation, il est écrit dans le chapitre CX du Livre pour sortir le jour : « Ici commencent les formules des champs des Offrandes, les formules pour sortir le jour, entrer et sortir dans le monde des morts, rejoindre les champs des Roseaux, se retrouver dans le champs des Offrandes, le grand lieu riche en vents, et là être puissant, bienheureux, y labourer, y récolter, y manger, y boire, y faire l’amour, y faire tout ce qu’on fait sur terre. » - Papyrus de Taperousir (cat. 165) 6 La représentation égyptienne positive de cet au-delà aboutit donc à une omniprésence de la conscience de la mort tout au long de la vie. Les Égyptiens se préparaient à mourir dès leur plus jeune âge. Cette confiance dans la vie après la mort tient son origine dans le mythe de la résurrection Osiriaque que nous allons aborder à présent 7. b. La résurrection d’Osiris, mythe fondateur Au cours de la vingt-huitième année de son règne, Osiris revient victorieux d’une longue campagne de conquêtes. Seth profite des fêtes organisées à l’occasion de ces victoires pour inviter son frère à un banquet. Au cours de la soirée, il réussi à le piéger et l’enferme dans un coffre qu’il jette dans le Nil. Le désespoir d’Isis à la nouvelle de l'assassinat de son époux par leur frère commun est immense. Elle part en quête du coffre dans lequel « l’Être bon » a été enfermé. Sa recherche couronnée de succès, elle revient en terre d’Égypte où elle tient le coffre caché dans les marais de Bouto afin de le soustraire aux entreprises de Seth. Mais ce dernier trouve inopinément la cachette du corps au cours d’une partie de chasse et, pour anéantir son frère à tout jamais, décide de découper le cadavre en quatorze morceaux qu’il va disséminer à travers le pays. Isis entreprends alors de réunir tous les précieux débris du cadavre d’Osiris et les retrouve tous, à l'exception du phallus qu’un poisson du Nil, maudit à jamais pour ce crime, a entièrement dévoré. La déesse reconstitue alors de manière très adroite le corps d’Osiris en ajustant minutieusement les différents fragments. Son neveu Anubis entreprend la momification du cadavre. Isis redonne le souffle de 5

BOVOT, 2003 p.15 BOVOT, 2003. p.18 7 La religion égyptienne a évolué sur une période historique longue de trois millénaires. Les mythes de résurrection et le « cycle osiriaque » sont une évolution tardive des conceptions religieuses de l’Égypte ancienne. En pratique, il n’y a pas une mais des religions égyptiennes, variables dans le temps et l’espace. 6

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vie à son mari à l’aide de formules magiques et elle est assistée durant la cérémonie par sa soeur Nephthys, par Thot le vizir d’Osiris et par Horus son fils 8, conçu lors d’une union avec le cadavre de son défunt mari.

Fig. 1 : Osiris, Isis et Nephthys, extrait du papyrus d'Hunefer, scribe du début de la XIXème Dynastie (env. 1280 av. J.-C.).

Pour la première fois, les rites de l'embaumement qui rendent la vie éternelle sont pratiqués : « Je t’ai trouvé sur ton côté, ô le tout à fait inerte! Ma sœur, dit à Isis et Nephtys, c’est notre frère ceci. Viens que nous soulevions sa tête! Viens, que nous rassemblions ses os! Viens, que nous remettions en ordre les parties de son corps! Viens que nous fassions une digue contre lui! Que ceci ne reste pas inerte sous notre garde! Ecoule toi, lymphe provenant de ce bien heureux! Remplis les canaux, forme le nom des rivières! Osiris, vis, Osiris! Que se lève le tout à fait inerte qui est sur son côté! Je suis Isis! » - Barguet, Textes des Sarcophages9 Ressuscité et désormais à l'abri de la mort, Osiris quitte la terre pour se retirer dans les " Champs élyséens " afin de régner sur l’Autre Monde et laisse le trône terrestre à son fils Horus. Ce dieu au corps d'homme et à tête de faucon deviendra alors le modèle parfait de tous les rois à venir. c. Introduction à la momification À l’origine, seul le Pharaon, le « Horus », peut accéder à la vie éternelle. On pense alors que son corps momifié continue à vivre dans la tombe, tandis que ses principes spirituels rejoignent le Soleil ou les « étoiles impérissables » selon le texte des pyramides. Mais peu à peu, l'idée que tout homme peut atteindre cette seconde vie se développe. Dès l'Ancien Empire10, les notables peuvent prétendre à la vie 8

Dans certaines versions, c'est après s’être transformée en oiselle qu’Isis donne le « souffle de vie » à Osiris et qu’elle peut être fécondée pour engendrer Horus qui devient donc de ce fait, un fils posthume comme c'est le cas sur le décor du « Mammisi de Philae » d’Assouan. Horus ne peut donc pas assister sa mère dans ce cas puisqu’il n'est pas encore conçu. 9 BARGUET, 1986. p. 119, chap. 24. 10 Une chronologie des différents règnes est disponible en annexes p. 225.

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éternelle. Au Moyen Empire, le privilège de la survie après la mort se démocratise et tout homme peut y aspirer s'il respecte certaines conditions. Hérodote nous laisse un célèbre témoignage détaillant très précisément les techniques d’embaumement : « Tout d'abord à l'aide d'un crochet de fer, ils retirent le cerveau par les narines ; ils en extraient une partie par ce moyen, et le reste en injectant certaines drogues dans le crâne. Puis avec une lame tranchante en pierre d'Éthiopie, ils font une incision le long du flanc, retirent les viscères, nettoient l'abdomen et le purifient avec du vin de palme et, de nouveau, avec des aromates broyés. Ensuite, ils remplissent le ventre de myrrhe pure broyée, de cannelle et de toutes les substances aromatiques qu'ils connaissent, sauf l'encens, et le recousent. Après quoi, ils salent le corps en le couvrant de natron pendant septante jours ; ce temps ne doit pas être dépassé. Les septante jours écoulés, ils lavent le corps et l'enveloppent tout entier de bandes découpées dans un tissu de lin très fin et enduites de la gomme dont les Égyptiens se servent d'ordinaire au lieu de colle. Les parents reprennent ensuite le corps et font faire un sarcophage de bois, taillé à l'image de la forme humaine, dans lequel ils le déposent ; et quand ils ont fermé ce coffre, ils le conservent précieusement dans une chambre funéraire où ils l'installent debout, dressé contre un mur. » - Histoire, Livre II, 86 11 Une fois le rituel de l’embaumement scrupuleusement effectué, se tenait alors la cérémonie de « l’ouverture de la bouche », qui devait permettre au défunt de recouvrer ses fonctions vitales afin de pouvoir s’en servir dans l’autre monde ; respirer, voir, entendre et manger. Cela permettait également au Ka12 et au Ba de réintégrer le corps par ces orifices ainsi ouverts permettant au défunt de se justifier devant le tribunal divin lors de la psychostasie ou pesée des âmes 13. La vie même du dieu soleil, Rê, est partagée par le défunt, il est désormais appelé à recevoir la nourriture céleste et la momie est prête à être placée au cœur d’un dispositif funéraire complexe que nous allons évoquer dans les chapitres suivants. d. Précision sur les principes métaphysiques Égyptiens Les Égyptiens pensaient l’individu en sept éléments constitutifs: le corps (Djet), le nom (Ren) 14 , l’ombre (Shwit), le cœur (Ib) , l’Akh, le Ba et le Ka. Les termes de Akh, Ba et Ka désignent les composantes de la partie spirituelle des hommes. Représenté comme un oiseau à tête humaine, le Ba est l'énergie de communication, de transformation et de déplacement de chaque personne. Les divinités avaient souvent plusieurs Bâou (pluriel de Ba). À cet égard, le roi pouvait être considéré comme le Ba d'un dieu. Le Bâa

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HERODOTE, Trad. Legrand P. E. 1983 Voir le chapitre suivant « Précisions sur les principes métaphysiques Égyptiens ». 13 « Jugement » prononcé dans la salle de la double vérité par Osiris, un tribunal de 42 divinités, Thot dressant le procès verbal et Anubis vérifiant la pesée. Le jugement est rendu au regard de la Maât, déesse de l’ordre, de l’équité, de la justice et de la paix, symbolisée par son nom-attribut, la plume, qui leste le plateau de la balance opposé à celui qui porte le cœur du défunt. Le pêcheur sera condamné à être dévoré par le monstre Âmmit la dévoreuse des âmes impures, les justes seront acquittés. 14 Voir « Les différentes formules du texte des chaouabtis » p. 21. 12

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d’un homme est capable de se déplacer et de circuler sur terre, d’avoir accès aux offrandes et à la statue du défunt. À l'opposé du Bâ, élément dynamique, le Ka représente un élément statique. Le Ka représente le double immatériel de l'être et incarne ses forces vitales. Le mot tire son étymologie d’une racine qui signifie « nourriture » et dont le hiéroglyphe s'écrit à l'aide de deux bras levés. Le Ka était présent aussi bien chez les hommes que chez les dieux - à la différence que ceux-ci en possédaient plusieurs, comme par exemple Rê qui était doté de quatorze Ka, représentant les différentes facettes de sa personnalité. L’Akh est la transcendance ultime, l’union du Ba et du Ka qui, lors des rites du réveil de l'âme, deviennent l’être lumineux. Il s'agit d'un principe spirituel immortel, la clarté qui vit au ciel après la mort. Il est parfois représenté sous les traits d'un ibis. Le corps Djet (ou sab ou khet), matériel, est le réceptacle des composantes de la personnalité telles que le Ba, le Ka, l'Akh, l'ombre ou le nom. C'est pourquoi sa préservation est primordiale et c'était une punition des plus redoutées que d'avoir son corps démembré ou privé de son intégrité. Djet devient Khat, un cadavre qui deviendra une momie, si l’on opère sur lui tous les rites de l’embaumement, qui le préservera de l'action du temps. e. Précis sur le dispositif funéraire Le Livre des morts15 ou Livre pour sortir le jour est un recueil constitué de diverses formules indépendantes les unes des autres et de longueurs variables. Placé auprès du défunt à partir du Nouvel Empire ce recueil est peu à peu enrichi et complété par de nouvelles formules issues des Textes des Sarcophages qui s'inspiraient eux-mêmes des Textes des Pyramides16. Ces formules, souvent des hymnes adressés aux dieux Osiris et Rê permettaient au défunt d’accomplir ses vœux et d’éliminer les obstacles potentiels qu’il pouvait rencontrer lors de son voyage vers l’autre monde. Certaines formules devaient également lui permettre de sortir le jour sur terre, de profiter des offrandes, des bienfaits du soleil, de revoir sa maison pour retourner le soir dans sa tombe. Les formules étaient sculptées sur les murs des tombes, sur les statues et sur certains serviteurs funéraires. Pour mieux comprendre d’un point de vue idéologique l’agencement d’une tombe égyptienne, nous pouvons nous servir de la paroi peinte Est du caveau TT 96 dit « aux vignes » de Sennefer, maire de Thèbes sous Amenhotep II ( XVIIIème Dynastie ) qui illustre un plan de montage17 . Sous la momie allongée se tient le Ba du défunt, représenté par un oiseau à tête humaine. Comme pour Osiris, c’est à Anubis qu’échoit la tâche de préparer le défunt, pleuré par Isis et Nephtys. Les viscères embaumés sont conservées séparément dans des vases canopes à l'effigie des quatre fils d’Horus18. La tombe est protégée par quatre briques magiques munies d’amulettes judicieusement disposées aux quatre 15

BARGUET, 1988 Source : Glossaire en ligne du Musée du Louvre http://www.louvre.fr/llv/glossaire 17 BOVOT, 2003. p. 15 18 Les quatre fils d’Horus sont Amsit, Hapy, Douamoutef et Qebehsenouf. 16

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points cardinaux. En effet, le chapitre CLI du Livre pour sortir le jour stipule que la momie devra être protégée des forces du mal par la construction d’un rempart symbolique fait de briques magiques disposées suivant les quatre points cardinaux de son caveau. Les amulettes protectrices seront le célèbre pilier Djed* sur la brique ouest, une figurine du dieu Anubis à l’est, une figurine momiforme au nord et une lampe à huile en os au sud.

Fig. 2 : Paroi peinte Est du caveau TT 96 dit « aux vignes » de Sennefer, XVIIIème Dynastie.

f. Nourrir et servir le défunt Ce corps embaumé, ce réceptacle du Ka est donc installé au cœur du dispositif particulier

abordé

précédemment. C’est ainsi que tout un système d’approvisionnement est pensé et mis en place afin de subvenir à tous les besoins du défunt auxquels les Égyptiens ont répondu en plaçant dans les tombes de quoi se sustenter de manière variée. Cette pratique est attestée depuis la période prédynastique et nombreuses furent les jarres et amphores emplies de grains et de denrées comestibles trouvées dans les tombes. Des contrats étaient parfois passés afin d’assurer un service d’offrande funéraire.

Fig. 3 et 4 : Jares contenant du grain et pain dans un panier, fouilles de Hierakonpolis, 3500 av. J.-C.

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Le Ka doit également être nourri de manière magique et symbolique à travers le culte voué au défunt et grâce

aux

formules

magiques

récitées

par

les

prêtres*.

Il est également « sustenté » par les formules d’offrandes gravées dans les tombes et par les scènes de vie quotidiennes représentées (chasse, pêche, banquets, boucherie, etc.), qui nourrissent et stimulent le Ka du défunt. Nous pouvons voir sur un bas relief polychrome découvert dans sa propre tombe à Deir elBahari, la défunte Kemsit (vers 2055-2004 av. J.C.), une des femmes de Montouhotep, savourer l’odeur d’une huile parfumée contenue dans un calice et recevoir en même temps une offrande. Sur la droite sont inscrits les mots « Pour ton Ka, cadeaux et offrandes »19. Car l’image et le mot détiennent eux aussi une investiture magique capable de donner « corps » au sens qu’ils transmettent. Ainsi des listes d’offrandes sont écrites et disposées dans les tombes comme cette liste d’objets et d’onguents sacrés découverte dans la tombe de Rahotep ( IVème Dynastie, vers 2600 av. J.-C. ) à Meidoum (Fig. 6). Il ne faut pas oublier de mentionner la récurrente présence d’une Fig. 5 : Relief calcaire peint de la chapelle funéraire de Kemsit, une des femmes de Montouhotep 2050-2004 av. J.-C.

statue, souvent en bois, placée dans la tombe afin de recevoir le Ka du défunt. Conçue comme un double du défunt, c’était dans ce réceptacle que son Ka pouvait effectuer l’important processus de sustentation magique et de « sortie au jour 20 ». Le signe

hiéroglyphique des bras levés signifiait la fonction réceptrice de la statue comme nous pouvons le constater sur la photographie de la statue représentant le Ka du roi Aouibrê Hor (XIIIème Dynastie vers 1750 av. J.-C.) issue de sa tombe de Dachour21.

Fig. 6 et 7 : Liste d’offrandes, tombe de Rahotep, calcaire gravé et Ka du roi Aouibrê Hor, statue en bois, Dachour. 19

TAYLOR, 2001. p. 20 BOVOT, 2003. p. 15 21 TAYLOR, 2001. p. 20 20

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Les figurines sculptées disposées dans les tombes sont le témoin d’un pas important du développement cultuel. En effet, durant la Première Dynastie, le roi était accompagné dans le trépas par ses suivants dont les tombes étaient disposées autour de la sienne. Les serviteurs auront surement été sacrifiés afin de suivre leur maître dans l’au-delà pour que celui-ci ne soit pas privé de leurs services. Cette pratique a été abandonnée au début de l’Ancien Empire, durant lequel s’est normalisé l’utilisation de substituts magiques. Ainsi, on voit apparaître entre la IVème et la VIème Dynastie une représentation en ronde-bosse des scènes sculptées au mur. Scènes de chasse, d’agriculture, de pêche ou de cuisine sont représentées par de petites figures polychromes sculptées en roche calcaire22.

Fig. 8 et 9 : Statuette en calcaire peint d’un serviteur, VI ème Dynastie et statuette de servante en bois écrasant du grain, Thèbes, XII ème Dynastie.

Après l’Ancien Empire, les statuettes en calcaire tendent à être remplacées par des statuettes en bois polychrome. Dans les tombes inviolées ces scènes illustrant la vie quotidienne sont placées sur le haut du sarcophage ou juste à ses côtés, comme nous pouvons le constater sur la reconstitution aquarelle

dessinée par Claire

Thorne23 , de la tombe de Sebekhetepi (XIème Dynastie vers 2000 av. J.-C.), tombe n° 723 à Beni Hasan.

Fig. 10 : Aquarelle de Claire Thorne, reconstitution de la tombe de Sebekhtepi, XIème Dynastie.

22 23

Également appelées roches carbonatées. TAYLOR, 2001. p. 20

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Une simple tombe pouvait contenir beaucoup de ces petites figurines, telle la tombe du gouverneur Djehutynakht à Bersha où furent retrouvées quarante-cinq statuettes de serviteurs et trente-quatre bateaux. Les groupes représentent souvent les activités de préparation et de fabrication de denrées alimentaires afin de pouvoir nourrir le défunt tout au long de son séjour. Fabrication de bière, raffinement de grain et préparation du pain, abattage d’animaux sont les scènes les plus communes comme sur ce groupe de la

Fig. 11 : Groupe de travailleurs, figurines en bois peint, tombe n° 723 de Sebekhtepi, XI ème Dynastie, Beni Hasan.

Première Période Intermédiaire retrouvé dans la tombe de Sebekhetepi. Ses statuettes, de facture et de qualité différentes sont un témoignage précieux qui documente admirablement la vie quotidienne de l’Ancienne Égypte. Fabriquées en série, souvent plus grandes que leurs homologues attachées à la représentation de la vie quotidienne, les statuettes de servantes portant des offrandes nous intéressent ici particulièrement, parce que certains voient en elles une genèse du chaouabti. En majeur partie de sexe féminin, elles sont la plupart du temps de meilleure facture et plus grandes que les autres. Elles portent un panier sur la tête, maintenu en place par la main gauche et portent un oiseau dans la main droite. Ces modèles furent produits en grande quantité durant la Première période Intermédiaire et le Moyen Empire, mais semblent tomber dans l’oubli après la XIIème Dynastie, leur rôle étant en partie phagocyté par celui des chaouabtis. L’hypothèse que la disparition de ces statuettes soit liée à l’apparition des chaouabtis a été souvent formulée pour expliquer la genèse de l’utilisation du chaouabti, notamment par Schneider24. Fig. 12 : Servante, bois peint polychrome.

24

SCHNEIDER, 1977, I, chap. 1.

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B. CHAOUABTIS ET OUCHEBTIS, DES SERVITEURS POUR L’AUTRE MONDE 1. RÔLE, TERMINOLOGIE, TYPOLOGIE ET ÉVOLUTION STYLISTIQUE C’est grâce à cette introduction au rituel funéraire égyptien que nous pouvons replacer plus précisément le sujet de notre étude dans son contexte d’utilisation. Nous allons dans cette partie évoquer le serviteur funéraire dans sa globalité afin d’en saisir les différents aspects. Nous pourrons alors conclure sur les analyses typologiques, stylistiques et historiques des objets qui nous ont été confiés que nous pourrons alors replacer dans un contexte précis. a. Qu’est-ce qu’un chaouabti 25 ? Confectionnés en argile, en faïence, en bois ou en pierre et déposés en masse dans les tombes à partir de la fin du Moyen Empire, les chaouabtis sont des statuettes de petite taille, la plupart du temps momiformes ou en costume du vivant et tenant des outils agraires. Un chapitre particulier du Livre pour sortir le jour est inscrit de manière récurrente sur ces statuettes, qui présentent différents styles et iconographies selon leur période de production. Leur rôle reste cependant quasiment immuable durant toutes les périodes où ces statuettes ont été placées dans les tombes. C’est cette fonction, qui est l’essence même du chaouabti que nous allons maintenant aborder. b. Rôle du chaouabti • ................ Servir dans l’au-delà conception et définition du travail demandé Le chaouabti est un serviteur du défunt, mais son spectre d’action est différent des statuettes accomplissant une activité agricole ou d’offrande comme vues précédemment. D’après J-Luc Bovot, le concept du chaouabti « imbrique les notions de propriété et de service : la statuette représente en même temps le maître et son serviteur26. » Cette dualité est très importante et illustre les préoccupations d’une société fondée sur un système agricole prédominant, organisé autour de l’irrigation. Cette société considère l’au-delà comme une vaste contrée de champs fertiles comme nous avons pu le lire dans la citation du Papyrus de Taperousir27. C'est au chapitre CX du Livre des morts qu'apparaît le défunt dans les champs d'Ialou. La moisson y est foisonnante, le défunt peut apprécier les champs à perte de vue, et y « voir Rê, Osiris et Thot chaque jour28 » ou recevoir des offrandes. Les champs d’Ialou sont représentés par une peinture sur la paroi Est de la tombe de Senedjem à Deir elMédineh dont voici un dessin d’après Bruyère. Flore luxuriante, palmiers-doum, palmiers dattiers, genévriers, sycomores y sont présents à foison. 25

Plusieurs appellations existent pour ces objets ; chaouabtis, chabtis, ouchebtis. Ces différents termes sont explicités p. 23 BOVOT, 2003. p. 12 27 Voir précédemment : « Égypte antique : un rapport ambigu avec la mort » p. 9 28 BARGUET, 1986, formule 467 des Textes des sarcophages. 26

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Le rôle du chaouabti est donc de suppléer le défunt élu dans le travail agricole exigé dans les contrées osiriaques afin de lui permettre d’y vivre et de se nourrir.

Fig. 13 : Paroi Est de la tombe de Senedjem à Deir el-Médineh, XIX ème Dynastie.

Des trouvailles intactes nous ont appris que le nombre de chaouabtis que l’on ambitionnait communément de posséder était de quatre cent un29 : trois cent soixante-cinq petites figurines pour chaque jour de l’année et trente-six « contremaîtres » par décades pour les diriger durant le travail30 . Le défunt a ainsi la possibilité de se faire remplacer chaque jour de l’année. L’attention portée à la hiérarchisation des troupes de statuettes commandées par les « chefs des dizaines » est le reflet d’une société agricole particulièrement hiérarchisée et de fait, nous offre la possibilité d’étudier le modèle social égyptien. Le « Grand des dix » est un titre porté dans la vie réelle par de nombreux Égyptiens et il semble que ce terme soit attaché à l’unité de base de la vie civile et militaire. En effet, à cet égard Katalin Anna 29

Ce chiffre n'est valable que pour la Basse Époque c’est à dire à partir de la XXIème Dynastie. Avant, le nombre requis était beaucoup plus variable. Il convient par ailleurs de noter que sous les dynasties “éthiopiennes” (XXVe et dynasties de Kouch), le nombre de serviteurs – au moins royaux - va croître de manière importante, jusqu’à dépasser les mille exemplaires. Le chiffre “ idéal ” devait être de 401 à la Basse Époque, mais ce n’était peut-être pas une condition absolue. De plus, dans certaines tombes les serviteurs étaient brisés en deux pour “doubler leur nombre” et atteindre le chiffre idéal. 30 ASSMAN, 2003. p. 177

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Kothay, s’appuie sur l’étude du concept du chaouabti pour étayer son propos au sujet de l’organisation du travail dans l’Égypte ancienne : « Bien qu’il n’existe aucune occurrence d’un document légal, nous sommes autorisés à croire que le dépôt des chaouabtis dans certaines tombes reflète une pratique judiciaire réelle31 ». Il est intéressant de se pencher sur la conception qu’avaient les Égyptiens de ce travail post-mortem. Plusieurs hypothèses sont avancées. Jan Assman écrit à ce propos que les chaouabtis ne sont pas seulement un moyen d’échapper au travail obligatoire, mais qu’ils permettent au mort de prendre part à ce service. Selon lui, s’il ne s’agissait que d’échapper à la réquisition, les Égyptiens auraient créé pour l’occasion des invocations magiques simples. Or il n’existe pas de texte laissant penser que cette obligation de travail ait été perçue de manière négative. Nous citerons celui-ci, retrouvé dans la tombe thébaine de Thotemheb (TT 194) : « Les ouchebtis travaillent là en mon nom, quand je suis affecté au travail d’un (homme) digne d’éloges. Penpen m’assigne des offrandes, pour que je reçoive des pains-senou32 comme nourriture. Il n’arrive pas que je doive charrier du sable d’ouest en Est33. » Le travail est ici considéré comme positif, puisqu’il est désigné comme celui de quelqu’un qui est « digne d’éloges ». D’une façon générale il convient donc de considérer que les chaouabtis ont pour tâche de contribuer à ce service gratifiant et plaisant aux dieux, tout en dispensant le défunt de ces longs et pénibles travaux. Le chaouabti, doté des instruments agricoles nécessaires (houe*, herminette, pic, sac à grain et parfois vases et moules à briques) est donc une réponse très concrète à ce besoin et accompagne le défunt dans l’autre contrée. Mais quel était précisément le travail demandé aux serviteurs funéraires ? La liste des corvées est inscrite dans le chapitre IV du Livre des morts ; « pour cultiver les champs, irriguer les berges, transporter le sable d’Est en ouest et inversement ». Les outils agraires dont sont pourvues les statuettes sont également de bons indicateurs et les différentes étapes de l’agriculture sont ainsi illustrées : Les houes pour creuser et retourner la terre afin de l’ensemencer avec les graines contenues dans le sac à grain, les instruments pour fabriquer des briques, les paniers pour charrier la terre d’un endroit à un autre, les vases pour transporter l’eau. Les outils, soigneusement représentés, reproduisent des modèles réels d’instruments34.

31

KOTHAY, 2010. ou « pains purs ». 33 NR.8.2.9. TT 194, 63-64, texte 3, pl. 32, tombe thébaine de Thotemheb. 34 A la Basse Époque, le sac à graines est toujours suspendu, sur une épaule, par une seule cordelette et sa forme standardisée présente une structure tripartite. 32

19


Fig. 14 : Sacs et instruments

6-10. Sac sur l’épaule

(d’après J.-L. Bovot dans

11. Sacs portés à la main

«Chaouabtis, travailleurs

12-13. Houes

pharaoniques pour

14. Pic et houe

l’éternité»)

15. Fouets monolanière et à deux lanières

1-5. Sac à graines au centre du dos

Le rôle auquel les Égyptiens destinaient les chaouabtis est confirmé par certains documents écrits, notamment deux tablettes et un papyrus 35 : la tablette McCullum, conservée au British Museum et la tablette Rogers conservée au Louvre. Les deux tablettes sont écrites recto verso et présentent la copie d’un même texte en hiératique au sujet des ouchebtis d’une prêtresse de la XXIème Dynastie, Nesykhonsou, femme du grand prêtre Pinedjem II. Relatives au contrat de travail de ses chaouabtis, les trois déclarations divines du dieu Amon-Rê assurent la défunte que ses ouchebtis pourront effectuer leur travail dans l’autre monde à chaque fois qu’elle sera appelée. Le dieu Amon-Nestaoui confirme quant à lui que le paiement des statuettes à l'artisan a bien été effectué et que ce paiement correspond au travail que les chaouabtis fourniront pour leur maîtresse. J. L. Bovot écrit au sujet de ces tablettes que « dans une certaine mesure, on achète la figurine comme on achète un serviteur humain ».

35

BOVOT, 2003. p. 13 et 14

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Fig. 15 et 16 : Tablettes Roger, XXI ème Dynastie. Musée du Louvre.

• ................ Les différentes formules du texte des chaouabtis Non content de disposer d’une « facture », les chaouabtis disposent en règle générale d’un texte gravé les identifiant 36. Il faut savoir qu’un chaouabti sans le nom de son propriétaire est incapable d’effectuer le moindre travail. Il n’est pas « activé », son efficacité est assujettie au nom du défunt qui doit être prononcé. Le nom est très important pour l’égyptien ancien. Il considérait son nom comme une preuve de son individualité. Effacer le nom de quelqu'un était presque aussi redouté que le démembrement, car cela correspondait à l’oubli dans ce monde et à sa disparition dans l’autre37. Le nom était inscrit dès la première phrase du texte des chaouabtis. Les formules de ces textes furent diverses. La version la plus ancienne utilisée est celle que l’on trouve dans le Texte des sarcophages, dont on observe l’apparition sur les cercueils du Moyen Empire. Il s’agit de la formule 472, chapitre VI du Livre des morts qui est titrée « Formule pour obliger un chabti à faire le travail pour son maître dans le monde des morts ». La formule suivante attestée est celle que l’on appelle la formule d’Amenophis III que nous abordons plus loin dans l’histoire des chaouabtis et qui est une combinaison d’éléments classiques du chapitre VI du Livre des morts et des invocations spéciales adressées aux rois d’Abydos 38. Durant la période amarnienne, la formule à Aton voit le jour. Elle est la suivante : « Offrande que donne le roi à Aton en vie qui éclaire toute terre de sa beauté. Puisse-t-il accorder la douce brise du vent du nord. Puissé-je être comblé par les provisions que je reçois. Que soient répandus

36

Même si de nombreux serviteurs sont néanmoins anépigraphes. Peut-être que dans certains cas, seule une écriture sur le coffret suffisait-elle? 37 BOVOT, 2003, p. 11 38 Voir La formule d’Amenophis III dans les annexes p. 228

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pour moi l’eau, les gâteaux, la bière, le vin et l’encens en ma présence afin que je donne toutes ces choses au ka du supérieur de tous les tisserands du temple d’Aton, Keny39. » La formule de Khâemouaset est l’une des inventions d’un des fils de Ramsès II, le prêtre de Ptah à Memphis. Cette formule reprend l’idée de contemplation du soleil et celle de suivre Osiris dans Rosétaou, l’entrée du domaine des morts localisé dans la région de Gizah, siège du tribunal divin. Grâce à cette formule, le défunt s’élève au rang des divinités, bénéficiant ainsi des bienfaits éternels et du meilleur de l’autre-monde. Quelle que soit la formule choisie, elle est disposée autour des jambes, soit en colonne, soit en ligne, ou alors sur le pilier dorsal. Nous pouvons rencontrer parfois la combinaison d’inscriptions en colonne et en ligne, ce que l’on nomme une inscription en «T». • ................ Intégration et disposition des serviteurs funéraires dans la tombe La disposition des chaouabtis dans les tombes n’est pas clairement régie par des règles impératives. Diverses découvertes ont montré de nombreuses variations quant à cette disposition. Dans la tombe de Ramsès IV des chambres dédiées aux serviteurs ont été découvertes40. Les pharaons nubiens faisaient, quant à eux, déposer leurs ouchebtis dans toutes les pièces de la tombe, débordant sur les couloirs. On y trouve les serviteurs disposés debout, contre les parois. Les particuliers disposent également leurs chaouabtis de manière très aléatoire, dans les sarcophages ou à côté de la momie. Mais elles sont généralement enfermées, soit dans des cercueils miniatures41 soit dans des vases en terre cuite ou dans des coffrets spéciaux42 . Certaines statuettes ont également été retrouvées disposées « hors tombes », c'est à dire disposées en exvoto devant des Tombes divines ou parfois même des temples 43. Les premiers coffrets à chaouabtis présentent la forme typique des chapelles de Basse-Égypte appelées per-nou ou per-neser44. Il s’agit d’édifices à plan carré, étroit et élevé dont les parois continuent de s’élever jusqu'à la hauteur du toit qui est bombé, comme nous pouvons le constater sur le coffret à chaouabtis de Khâbekhent provenant du caveau inviolé de la tombe de son père Sennedjem à Deir elMédineh, découvert en 1886. Le couple de défunts, luxueusement paré, y est peint, assis sous un kiosque en roseaux surmonté par deux yeux oudjats.

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Traduction de SCHNEIDER. Ces chambres sont nommées per-hedj. 41 Cela est notamment le cas pour les statuettes funéraires en cire grossièrement taillées du début du Moyen Empire. 42 BOVOT, 2003. p. 39 43 Un dépôt conséquent de statuettes funéraires « hors tombes » a notamment été retrouvé à Abydos. 44 BOVOT, 2003. p. 40 40

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Les coffres à chaouabtis, comme leurs occupants, vont connaître des évolutions stylistiques variées notamment l’allongement du plan qui deviendra rectangulaire et la multiplication des toits (qui sont en réalité autant de petits couvercles par lesquels les serviteurs étaient introduits dans les coffrets). Ces nouvelles boîtes sont appelées « coffrets en pylône de temple » et ce type supplanta le précédent. Ainsi, on compte trois ouvertures (mais leurs nombre oscille entre trois et cinq généralement) pour ces deux coffrets en pylône de temple du supérieur des scribes du trésor du domaine d’Amon, Tjaouen-houy, dont deux exemplaires se trouvent au Louvre.

Fig. 17 : Coffret à chaouabtis de Khâbekhent, tombe de son père Sennedjem. Musée du Louvre.

c. Introduction à une terminologie complexe 45 Les ouvrages sur l'Égypte ancienne utilisent différents termes pour désigner les serviteurs funéraires. Il convient en effet d’éclairer le lecteur sur ce point précis avant de continuer notre étude. Les différentes étapes qu’a connue la désignation des serviteurs funéraires sont liées à leur histoire. La terminologie de ces statuettes est tributaire de trois éléments : leur matière de confection, leur forme, leur rôle. • ................ Chabti, chaouabti Les premiers serviteurs ne portent pas d’inscriptions 46. Dans la version primitive de « la formule des chaouabtis », la formule 472 du Texte des sarcophages, le terme employé est chabtiou, terme au pluriel que l’on suppose résulter du mot chabed signifiant « bout de bois » ou « bâtons » et qui sera ensuite utilisé au singulier chabti. Ici c’est la forme et la matière qui semble donner une appellation aux objets47. La désignation plurielle chaouabtiou apparaît sur les figurines « bouts de bois » de la XVIIème Dynastie et passera ensuite à l’usage au singulier donnant chaouabti. Comme l’écrit J.-L. Bovot, ce terme s’explique traditionnellement par la traduction de « statuette en bois ». En effet, le « bois de perséa » s’écrit en égyptien chaouab.

45

Sources pour les explications terminologiques : • BOVOT, 2003 p.12 et 13 • AUBERT, 2005 46 On ne peut dire si elles ont été effacées ou si elles n’ont jamais existé. 47 Bibliographie récente sur le sujet : WHELAN, 2007

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La seconde hypothèse explique que le mot chaouabti pourrait également dériver du mot chabed. Enfin, le mot chabti, très souvent trouvé sur les statuettes de la Troisième Période Intermédiaire, est très proche du verbe égyptien chabi qui signifie « remplacer » et qui est en étroite corrélation avec le rôle des statuettes qui seront ensuite appelées plus justement « substituts ». • ................ Ouchebti ou Oushebti C’est le grand prêtre Pinedjem II qui fut à l’origine du jeu de mot ouchebti, soit « répondant », terme qui remplacera ensuite la dénomination de chaouabti. Sa deuxième épouse en perpétua l’utilisation. Cette nouvelle appellation serait formée à partir de l’infinitif du verbe oucheb qui signifie « répondre ». C'est ici le rôle de la statuette qui influe sur son appellation. Enfin, il est également possible que le terme ouchebti découle du terme chaouabti ayant les mêmes consonnes et dans le même ordre que le mot hébreu choueb signifiant « répondre ». Cette terminologie riche et variée invite à rester prudent quant à l’utilisation de tel ou tel terme. Ainsi il sera préférable dans la limite du possible de préférer le mot que le scribe aura utilisé pour chaque statuette. Ces appellations sont également de bons repères chronologiques : • chaouabti est utilisé au Nouvel Empire surtout sous la XIXème Dynastie • ouchebti à partir de la Troisième Période Intermédiaire • chabti plus particulièrement pendant cette Troisième Période Intermédiaire d. Précis sur l’habillement et la coiffure des serviteurs funéraires • ................ La coiffure et la barbe Les rois et les reines sont distingués soit par le port des différentes couronnes (Haute ou Basse Égypte ou Égypte réunifiée) soit par l’uraeus* fixé sur la coiffe au dessus du front. Seules les statuettes funéraires des rois peuvent porter une couronne48 . Ils peuvent arborer le némès*, la coiffure bourse ou encore la perruque tripartite. Les autres serviteurs arborent généralement 49 deux types de perruque : la perruque tripartite et la perruque à revers. La première est la perruque divine par excellence, est également appelée perruque archaïque et suit les serviteurs funéraires tout au long de leur production50 . Cette coiffure est composée de trois mèches parfois retenues par un bandeau d’étoffe. La perruque tripartite striée est courante à la Basse Epoque.

48

Voir chaouabtis d’Aménophis et de Thouthankhamon dans les annexes p. 228 et 230. sauf exception comme la perruque hatorique. 50 Voir les nombreux chaouabti qui arborent cette perruque dans la partie suivante. 49

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La perruque à revers est une perruque civile apparue sous le règne d’Aménophis III. Elle se caractérise par des mèches tombantes sur les épaules. Le serviteur peut être imberbe, porter la barbiche ou la barbe tressée. Les deux types de perruques sont portées indifféremment par des serviteurs momiformes ou non.

Fig. 18 : Coiffures (d’après J.-L. Bovot dans « Chaouabtis, travailleurs pharaoniques pour l’éternité ») 1-2. Perruque tripartite unie 3. Perruque tripartite striée 4. perruque tripartite striée et barbe funéraire 5. Perruque échancrée 6. Perruque tripartite adapté à la tête animale 7. Coiffure royale némès 8. Bandeau frontal tenant la perruque 9. Perruque ronde avec mèche latérale 10. Perruque à revers

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• ................ Les vêtements, les attributs et les bijoux Si le serviteur n’est pas momiforme, il arbore en général le costume des vivants. Cet habit est composé de pièces d'étoffes soigneusement ajustées et confectionnées dans du lin méticuleusement plissé. D’après J.-L. Bovot, ce costume est toujours composé d’une chemisette à manches évasées, plissées ou non et d’un long pagne à devanteau trapézoïdal empesé. Les pieds sont soit chaussés de sandales à une lanière soit nus. Mais on remarque parfois entre les pieds nus et le socle la présence d’une mince épaisseur qui pourrait évoquer la représentation de semelles. Le costume des vivants disparait à la Basse Époque après avoir connu une période où le vêtement fut Fig. 19 et 20 : Vêtements et attributs d’un serviteur momiforme et d’un serviteur en costume des vivants. (d’après J.-L. Bovot dans « Chaouabtis, travailleurs pharaoniques pour l’éternité »).

moins soigné durant la Troisième Période Intermédiaire. Les attributs sont divers et variés. Certains présentent des emblèmes osiriens ou régaliens. Un élément est assez fréquent, il s’agit du collier large ousekh considéré comme une parure réelle utilisée par les Égyptiens aisés de leur vivant. On rencontre également parfois des statuettes arborant bracelets et oreilles percées. L’habillement, la coiffure, les attributs sont traités différemment durant les deux millénaires de production de statuettes funéraires. C’est ce que nous nous proposons à présent d’étudier.

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e. De l’évolution stylistique des serviteurs funéraires L’étude stylistique de ces statuettes n'est pas aisée tant la période de production est étendue dans le temps et tant les différences typologiques sont nombreuses. C’est sur deux millénaires que le concept de serviteur funéraire a perduré, témoin d’une « pérennité exceptionnelle des croyances funéraires de l’Égypte ancienne51 ». Ainsi, nous proposons, afin de pouvoir porter sur nos objets un regard éclairé, une chronologie de l’évolution stylistique du serviteur funéraire égyptien rédigée à l’aide de plusieurs 52 ouvrages de référence en la matière et d’investigation auprès de spécialistes. Cette chronologie met en exergue comment l’Histoire de l’Égypte ancienne a façonné la typologie, la fabrication et l’utilisation des statuettes funéraires ce qui permettra par la suite de mieux analyser les objets qui nous ont été confiés. Cette chronologie, a été placée en annexes afin de ne pas surcharger le corps du mémoire. Seules les parties concernant les ouchebtis fabriqués durant la Basse-Epoque53 et la Dynastie Ptolémaïque seront présentées ici. • ................ Les statuettes funéraires durant la Basse Époque, uniformisation de la renaissance saïte (664-30 av. J.-C.) Renaissance culturelle pendant la période saïte (vers 664-525 av. J.-C.), l’art d’État, qui avait repris sous les Kouchites, se développe grâce à la restauration de l’ordre et à la prospérité économique. On voit réapparaître sur les sarcophages des notables des séquences des anciens textes des pyramides, et le déplacement du centre du pouvoir fait du classicisme memphite de l’Ancien Empire le modèle artistique pour affirmer la grandeur retrouvée. C'est le temps du retour à l’influence idéaliste de l’art de l’Ancien Empire avec une légère influence gréco-levantine. Cette troisième renaissance opère un changement stylistique important des statuettes funéraires. Elles changent définitivement d’apparence et d’expression et adoptent alors leur forme finale : Les chefs dizeniers sont confondus avec les travailleurs corvéables. Tous sont désormais en faïence et désignés sous le nom d’ouchebtis, leur inscription est presque54 toujours gravée. Appuyés sur un pilier dorsal, ils sont debout, momiformes sur un socle anguleux. Tous portent dans la main droite une houe dirigée vers l’épaule gauche et un hoyau* de l’autre côté (bâton assorti d’une petite pique latérale).

51

BOVOT, 2003. p.31 Cette chronologie est basée sur trois ouvrages principaux qui présentent chacun une histoire des serviteurs funéraires à travers celle de l’Égypte Ancienne : ceux des époux Aubert, de J.-L. Bovot et de John H. Taylor. 53 La Basse-Époque commence juste après l’occupation éthiopienne. 54 On trouve cependant un certain nombre d'occurrences d’inscriptions à l’encre. On ne peut savoir si les anépigraphes n’ont pas simplement perdu leur inscription. 52

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Fig. 21 et 22 : Ouchebti de hekaemsaf, XVI ème Dynastie, collection privée.

Psammétique I (664-610 av. J.-C.) fondateur de la XXVIe Dynastie, dont le nom de règne est Ouahibré, nous a laissé une quinzaine d’exemplaires conservés dans les musées européens, entiers ou fragmentaires, coiffés du némès, uraeus sur le front. Les dignitaires et hauts fonctionnaires (hérauts royaux, amiraux) ont laissé de nombreux ouchebtis qui nous sont parvenus en nombre et en meilleur état que leurs homologues royaux. Cet ouchebti de l’Amiral Hekaemsaf de la XXVI

ème

Dynastie, superintendant sous le règne d’Amasis II55 est un fier exemple de

cette production saïte décrite par J.-L. Aubert. Il écrit à ce propos56 que les plus belles statuettes de l’époque saïte ont été réalisées sous le règne d’Amasis II. Les traits du visage y sont finement et subtilement modelés.

55 Amasis

– nom grec dérivant du nom égyptien d’Ahmose - est originaire d’une ville proche de Saïs. Il fut tout d'abord général en Nubie sous Psammétique II. Et, à la suite d'une campagne en Libye contre Cyrène, où les troupes égyptiennes furent défaites, il fut proclamé pharaon par les militaires de souche égyptienne, qui s'estimaient délaissés au profit des mercenaires grecs et cariens, engagés au service d'Apriès. Porté au pouvoir par des indigènes, il s’ouvre encore plus aux Grecs avec lesquels il entretiens des relations très poussées. Son fils Psammétique III lui succéda à sa mort. Sa tombe, au cœur du temple de Saïs, bien que pillée, a livré quelques ouchebtis. 56 AUBERT, 2005.

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A cette époque d’uniformisation, les dignitaires n’avaient qu’un seul type de statuette, provenant probablement des mêmes ateliers utilisant des moules similaires. C'est pourquoi l’on trouve des ouchebtis quasi identiques avec des titulatures différentes. Même de très hauts dignitaires utilisaient ces statuettes simples et sobres. Cette information sera mise en exergue plus loin car l’une de nos statuettes, également expertisée comme celle d’un haut fonctionnaire a été réalisée sous le règne d’Amasis II et provient d’un moule stylistiquement similaire à celui d’Hekaemsaf. C’est également sous la XXVIème Dynastie qu’une série d’ouchebtis ayant la même forme que celle des hauts dignitaires présentent également un bleu très soutenu 57.

Fig. 23 : Ouchebti de Psammétique, XXVI ème Dynsatie, règne d’Amasis. British museum.

• ................ Dynastie Ptolémaïque ( 332-30 av. J.-C.) En 343 av. J.-C. 300 000 Perses d’Artaxerxès III envahirent à nouveau l’Égypte. « il n’y avait plus rien qui fût à sa place d’autrefois... Les hommes marchaient dans l’égarement » d’après Pétosiris. L'hellénisme triomphant suite à la délivrance du pays par Alexandre le grand provoqua un appauvrissement des arts funéraires Égyptiens et les ouchebtis perdirent leur sens et leurs convictions. Plusieurs courants stylistiques s’exprimèrent alors. On ne peut évoquer un style à proprement parler car la production d’ouchebtis semble connaître ses derniers soubresauts et propose des formes très variables les unes des autres, allant d’une très haute qualité d’exécution à de plus modestes statuettes moins travaillées, parfois grossières. Les derniers exemplaires d’ouchebtis dont la datation est assurée nous viennent du Ier siècle av. J.-C. et c’est à cause du changement des croyances funéraires, qui ne considèrent plus l’au-delà comme une contrée de champs à cultiver que les ouchebtis perdent leur rôle de travailleur agricole. Certains avancent également le fait qu’à cette période, les Égyptiens perdent petit à petit l’usage des hiéroglyphes d’où l’apparition de fausses inscriptions sur les objets. 57

voir partie suivante sur la couleur des serviteurs.

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f. De la couleur des serviteurs funéraires • ................ Introduction à l’utilisation de la couleur bleue dans l’ancienne Égypte Les objets qui nous ont été confiés ont tous une caractéristique commune évidente. Leur gamme chromatique s’étend du bleu au vert. La majeur partie des serviteurs funéraires portent ces teintes même si d’autres couleurs sont abordées. Nous n’aborderons pas les autres teintes dans notre étude afin de ne pas en dépasser le cadre car chaque couleur revêt, dans la conception égyptienne un sens particulier et profond qu’il conviendrait de définir plus amplement. S. Morenz écrit que la couleur bleue était considérée par la civilisation égyptienne comme une « manifestation visible des choses essentielles, invisibles » et que son nom signifiait « être » dans la langue des anciens Égyptiens58. A l’état naturel, le bleu et ses nuances se retrouve dans des pierres précieuses et semi-précieuses comme le lapis-lazuli, ou la turquoise, et dans les minerais de cuivre : l’azurite, la malachite et la chrysocolle. C'est peut être la difficulté de l’extraction de ces matériaux qui a suscité la production artificielle de la couleur bleue. Les scribes Égyptiens exprimaient la différence entre couleur naturelle et artificielle en ajoutant l’adjectif « véritable » maa au terme bleu quand celui ci provenait de l’azurite. Ces teintes, allant du bleu le plus soutenu au vert pâle, furent produites grâce aux techniques de fabrication utilisant le phénomène de la vitrification allié à la connaissance des composés du cuivre. En Égypte, les principales matières premières comme le sable quartzeux, la chaux, les alcalis et l’oxyde* de cuivre s’obtenaient facilement. C’est le travail de ces matériaux qui a abouti a l’élaboration de différentes techniques de fabrication : glaçures obtenues par émaillage ou auto-émaillage, pâtes vitrifiées dans la masse, verre ou pigments de synthèse59. Mais avant de nous pencher plus précisément sur ces différentes techniques, qu’en est-il de la symbolique exacte de cette couleur ? 58

MORENZ, 1962, p. 20

60 LAVENEX VERGÈS,

1992. p. 12

30

Fig. 24 : Amulette ouadj au nom du vizir Paser. Provient probablement du Sérapeum* de Memphis. Musée du Louvre.


• ................ Signification du bleu dans l’ancienne Égypte Il serait plus approprié de parler de « bleu-vert » en français, le vrai terme est « glauque » (peu usité du fait de sa connotation), qui trouve son origine dans le concept et phonème égyptiens « Ouadj », qui signifie « reverdir, renaître » et dont l’origine « agricole » est évidente. L’amulette représentant l’idée - et le phonème qui la porte - est l’ombelle de papyrus ouverte, qui doit être idéalement en pierre « bleuverdâtre », mais qui, pour des raisons d’économie a vite été traitée en « faïence égyptienne » de cette couleur. Cette couleur est très fortement liée au culte d’Osiris qui, rappelons-le, était le dieu de la Fertilité et du Développement végétal puis celui des Morts et de la Résurrection à la Vie Eternelle. C’est ce « bleuvert » qui est le plus communément observé sur les statuettes funéraires. Il convient toutefois de noter deux exceptions, brèves dans le temps, sur les statuettes d’un bleu très soutenu au début de la Troisième Période intermédiaire à Thèbes, découvertes dans la célèbre « deuxième cachette » de l’entourage des Grands Prêtres d’Amon60. De manière plus anecdotique, sous la XXVIe Dynastie (Amasis), seule une série de statuettes, appartenant au Père Divin Psammétique, fils de Sebakherit, se distingue des autres – de tout aussi belle facture – de son époque, par sa couleur franchement bleue, ce qui la fait particulièrement rechercher par les collectionneurs. Le bleu se trouve au sommet de la pyramide hiérarchique des teintes égyptiennes 61. CONCLUSION PRÉLIMINAIRE Nombreuses sont les formes et les styles qu’on pu revêtir les serviteurs funéraires de l’Égypte ancienne. Nous allons à présent étudier les cinq statuettes qui nous ont été confiées à la lumière des éléments détaillés dans les chapitres précédents.

60 61

Voir chronologie en annexes p. 226. NAEF-GALUBA, 1993

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C. ÉTUDE DE CINQ OUCHEBTIS ISSUS DU FOND ÉGYPTIEN DU MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE L’OISE

C'est avec l’aide de l’expert et égyptologue Jean Rougemont 62 que nous avons contacté dans le cadre de nos recherches et grâce au travail préparatoire effectué précédemment sur l’évolution stylistique du serviteur funéraire que nous avons pu identifier nos statuettes et proposer une analyse pertinente. En effet, la traduction des hiéroglyphes et l’expertise des ouchebtis nécessite l’aide d’un spécialiste en la matière et la titulature des statuettes ne peux être mise à jour qu’à cette condition. Les écueils sont nombreux et nous voulons être le plus précis possible. Ainsi nous proposons dans un premier temps l’étude historique, iconographique et comparative de chaque objet pour ensuite s'intéresser à l’histoire du lot dont les statuettes sont issues et sa provenance. Les enjeux muséographiques le concernant seront alors explicités pour conclure sur l’étude technologique (fabrication) de nos cinq serviteurs funéraires.

Jean Rougemont est le Secrétaire Général de la Société Française des Fouilles de Tanis, égyptologue et expert et collectionneur en statuettes funéraires. Nous l’avons contacté dans le cadre de notre étude suite à la lecture d’un de ses articles concernant les ouchebtis dans la revue Dossier d’Archéologie « L’ouchebti et son collectionneur » Hors série n°9, Mai 2003. Il travaille également en collaboration avec Jean-Luc Bovot et Jean-Luc Chappaz sur un thesaurus informatisé répertoriant les serviteurs funéraires. 62

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1. ÉTUDE HISTORIQUE, ICONOGRAPHIQUE ET COMPARATIVE DES OBJETS a. Ouchebti n° 843 23063

Fig. 25, 26 et 27 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 230 et relevé hiéroglyphique du pilier dorsal.

• ................ Description iconographique Cette statuette est la plus grande de nos cinq objets. D’un vert osirien, le serviteur est momiforme, d’allure élancée. Il est appuyé sur un pilier dorsal placé sur un socle anguleux. La titulature est gravée sur le pilier laissant la face des jambes vierge de toute écriture. Il porte dans la main droite une houe dirigée vers l’épaule gauche et un hoyau de l’autre côté (bâton assorti d’une petite pique latérale). Les traits du visage sont fins et montrent une rondeur harmonieuse. Il porte une perruque tripartite striée et arbore une barbe funéraire. Une étiquette ancienne porte les inscriptions Série C 236. Le numéro d’inventaire du musée de Beauvais est inscrit à l’arrière de la base.

63

Elles sont deux provenant du même moule à être conservées dans le fond égyptien du Musée Départemental de l’Oise. Nous nous attachons à la description de cette statuette afin de ne pas encombrer le corps du texte.

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• ................ Traduction et titulature de la statuette Typologie Schneider64 : Cl. XIA1/W37 H5 I7 B26a TP12 Texte hiéroglyphique : « sḥḏ wsjr wḥm nswt psmtk mn mwt f t3 di nbt ḥtpt m3’ ḫrw » Noms de la personne : Psamtk Mn (Ranke, Personennammen65 I,) T3 di Nbt Htpt (Ranke, Personnenammen, I, p. 136, 13) Titre de la personne : « whm nswt »: Héraut Royal Nom et titre complets : Héraut Royal Psammétique-Men, né de Ta di Nebet-Hetepet La traduction : « Que soit illuminé l’Osiris, le Héraut Royal », « Psammétique est stable », dont la mère est « Celle qu’à donné (la Déesse) Nebet- Hetepet (variante d’Hathor ). Lieu de trouvaille : inconnu (Saqqara?)

• ................ Étude comparative et intégration au contexte historique général Il s'agit d'un haut personnage - comme le laisse supposer la qualité du travail sur son ouchebti - du règne d'Amasis de la XXVIème Dynastie (dite « Saïte »), un « héraut Royal ». Son rôle était de «porter la parole du souverain. Sa sépulture est inconnue, mais elle ne devait pas être très éloignée des sépultures des autres ministres d'Amasis, qui se trouvent toutes à Saqqara. Comme nous l’avons souligné66 précédemment, cette période se caractérise par une volonté d’uniformisation du serviteur funéraire. Cet objet, de par ses caractéristiques physiques et stylistiques s’inscrit parfaitement dans cette production saïte. Les ouchebtis de cette période sont en effet caractérisés par un visage très rond au modelé arrondi. Il est moins élancé que le serviteur du superintendant et amiral Hekaemsaf mais présente beaucoup de similitudes au niveau du modelé, des attributs et de la technique de fabrication. Ils ont été en outre attribués tous deux à des hauts dignitaires du règne d’Amasis. Ce serviteur provient d’une série célèbre et connue avec de nombreux exemplaires disséminés de part le monde. Les occurrences sont nombreuses pour cette série. Leur présence est effective dans la littérature spécialisée67 ainsi que dans les catalogues 64

L’ouvrage de Hans D. Schneider est la référence pour tous les spécialistes, historiens, conservateurs, collectionneurs et amateurs de statuettes funéraires égyptiennes. Il est tellement célèbre que lors de la description d’un ouchebti, l’on se réfère à cet ouvrage dans les termes « la typologie Schneider ». En effet, cet ouvrage donne une très bonne vision d’ensemble du concept inhérent au serviteur funéraire et produit une étude très poussée du chapitre VI du Live des Morts. Le second volume offre une étude détaillée de la collection d’ouchebtis du Leiden muséum et c’est dans ce tome que Schneider développe sa typologie consistant à classer les ouchebtis selon divers critères. 65

Le « Personenammen » a été écrit par l’égyptologue allemand Hermann Ranke. Il s’agit d’un répertoire ou « dictionnaire » des noms propres connus de l’Égypte Antique avec leur transcription hiéroglyphique. Un extrait est disponible dans les annexes p. 66 « Uniformisation de la renaissance saïte » p. 27. 67 Ouvrages de littérature spécialisée présentant des ouchebtis de la même série : - JANES, 2002 .p 178 - GABUL, 1991. p. 216 - GUILLEVIC et RAMOND, 1988. p. 34 - GRENIER, 1996. p. 62 - AUBERT, 2005. p. 232,279, 297.

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de ventes aux enchères68. Leur présence est également avérée dans un nombre important de collections prestigieuses, publiques et privées à hauteur d’au moins 18 exemplaires connus : Musée de Louvain la Neuve, Musées du Vatican, Musée de Marseille, Musée de Mumbay, Musée de Montréal, Musée de Toulouse, Collection Glenn Janes, Collection Aubert (2 exemplaires) Collections privées françaises (au moins 4 exemplaires). Après investigation, nous avons également trouvé un exemplaire « frère » proposé aux enchères sur le site internet de la maison Drouot69. Un autre exemplaire de cette série a également été exposé lors de l’exposition temporaire « Le crépuscule des pharaons 70 » au Musée Jacquemart-André à Paris.

Fig. 28 et 29 : Ouchebti de Psammétique-Men mise en vente par la maison Drouot et ouchebti de Psammétique-Men exposé au musée Jacquemart André.

68

Catalogues de ventes aux enchères présentant des ouchebtis de la même série :

- Christie’s : Ventes 13/14 décembre 1983, lot 84 / 11 décembre 1987, lot 66. - Drouot, Paris : Ventes 16 novembre 1984 / 7 juillet 1988. - Catalogue de la galerie « Reine Margot », Paris ; 30 novembre 1992 , n° 34 69 A titre informatif, cet objet a été adjugé à 1300 euros. 70 « Le crépuscule des pharaons, chefs-d’oeuvre des dernières dynasties égyptiennes » du 23 mars au 23 juillet 2012, musée Jacquemart-André, Paris.

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b. Ouchebti n°843 24

Fig. 30, 31 et 32 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 246 et relevé hiéroglyphique.

• ................ Description iconographique De taille moyenne, ce serviteur se distingue des autres de part son modelé très fin et ciselé. Il est momiforme, porte une perruque tripartite striée ainsi qu’une barbe funéraire droite et tressée. Il porte également les outils agraires très précisément sculptés, la houe à gauche et l’hoyau à droite. La corde du sac à grains est visible à gauche. Sa teinte est d’un bleu turquoise soutenu. Il se tient sur un pilier dorsal vierge de toute écriture et en relief sous la coiffure. Une base angulaire est décelable malgré les lacunes. La titulature est finement gravée sur l’avant de la statuette. Le numéro d’inventaire du musée de Beauvais est inscrit sous la base.

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• ................ Traduction et titulature de la statuette Typologie Schneider : Cl. XI, A2, W38, H3, B28, TP8C/P Texte hiéroglyphique : « sḥḏ wsir sm 3st ms nfrt rnpt m3’- ḫrw » Noms de la personne : Semset : Ranke, Personennamen I ; 307, 27 Neferet renepet : Ranke Personennamen I, 224, 1 Nom et titre complets : Ouchebti de la dame de Semset, née de Neferet Renepet La traduction : « Que soit illuminé, l’Osiris Semset, née de Neferet renepet justifiée » Lieu de trouvaille : Saqqara, très vraisemblablement dans la « tombe A 71 »

• ................ Étude comparative et intégration au contexte historique général Les ouchebtis de femmes sont attestés à toutes les époques. Si l’identification d’un possesseur féminin est aisée lorsque la statuette porte un costume des vivants, celle des statuettes momiformes n’est pas aussi évidente et nombre d’ouchebtis ne livrent le sexe de leur propriétaire qu’à travers leurs inscriptions, ce qui est le cas de cet objet. La coutume veux que les ouchebtis de femmes ne portent pas la barbe. Notre statuette est l’exception qui confirme la règle. Peu d’informations sont disponibles sur la propriétaire de cet objet. Sa datation est à rapprocher de la production variable de Fig. 33 : Ouchebti de Semset du Cabinet des Médailles.

l’époque ptolémaïque ( XXXème Dynastie). D’après nos investigations, la série de la

dame de Semset est assez connue. Elle est citée dans quatre ouvrages spécialisés72 et un des ouchebtis frère est conservé au musée Georges-Labit à Toulouse et un autre au Cabinet des Monnaies, Médailles et Antiques. La graphie de Semset qui signifie « ainée » est constante sur tous les ouchebtis de la série. Elle est la fille de la dame Renepnefret qui signifie « belle année ». 71 72

PORTER & MOSS, 1931. p. 612 - SCHLÖGL et MEVES - SCHLÖGL, 1993. p. 63 à 72. - DECKER, 2005. p. 124. - GUILLEVIC et RAMOND, 1971, p. 25, n° 4. - AUBERT, 1974. p 143.

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A la manière des dignitaires de cette période, la dame de Semset possédait deux séries d’ouchebtis avec une troupe de petits corvéables - les plus nombreux - et quelques grands dizeniers qui, selon J. F. et L. Aubert sont assimilables aux dizeniers de la Troisième Période Intermédiaire. Toujours selon les époux Aubert, la dame de Semset pourrait être la même personne que Satet dont l’impressionnant sarcophage est conservé au Caire. Nous avons également retrouvé un lot de trois ouchebtis de cette série mis en vente par la maison Berge et associés qui a gracieusement accédé à notre demande d’information en nous fournissant le cliché en très haute définition de ce lot ainsi que les dimensions exactes des trois objets, documentation très utile pour sa future restauration. En effet, les trois objets de la salle des ventes présentent quelques différences et un seul peut être considéré comme « l’exacte » copie de notre statuette au vu des dimensions. En effet, plusieurs moules très proches pouvaient être utilisés pour la confection d’une troupe d’ouchebtis. Il s’agit de la statuette de droite. Un autre ouchebti frère est également présenté dans l’ouvrage des époux Aubert avec trois clichés très précis de face, de profil, et de dos. Même s’il s’agit toujours du même moule différentes expressions des visages peuvent être observées.

Fig. 34: Lot d’ouchebtis proposés aux enchères par la maison Berge et associés dont trois ouchebtis au nom de la dame de Semset (à gauche).

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c. Ouchebti n° 843 247

Fig. 35 et 36 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 247 et relevé hiéroglyphique.

• ................ Description iconographique Ce serviteur, de couleur bleu ciel porte une perruque tripartite et une barbe funéraire tressée. Le modelé est moyen sans être grossier. Il porte les outils aratoires* classiques, la houe à gauche et l’hoyau à droite. Le serviteur s’appuie sur un pilier dorsal vierge de texte. Les inscriptions sont disposées en « T » sur l’avant de la statuette dont les pieds reposent sur une base carrée.

• ................ Traduction et titulature de la statuette Noms de la personne : Nefer Setet (?) [...] Nom et titre complets : Ouchebti de Nefer Setet La traduction : « Que soit illuminé, l’Osiris (le Père divin ?) Nefer Setet (?) [...] [...] Neferet (?) Hep Khepesh (?), le jeune né de Neferet « la belle (?) Justifié » Lieu de trouvaille : Vraisemblablement Memphis.

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• ................ Étude comparative et intégration au contexte historique général Établir la provenance et la titulature d’un ouchebti est une chose aisée quand les exemplaires sont connus et répertoriés. Lorsqu’il s’agit d’ouchebtis de personnes connues (haut dignitaire, membre de l’administration sous le règne d’un pharaon connu) les recherches sont facilitées. Malgré les recherches effectuées, le tri de toutes les publications disponibles, aucune mention d’un tel ouchebti n’a été retrouvée. La titulature de ce serviteur a également été soumise aux égyptologues de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) et de l’Université de Genève sans succès, il n’aurait jamais été répertorié ni publié jusqu'à lors. Nous pouvons néanmoins proposer la traduction de Jean Rougemont qui tendrait à s'orienter sur une Fig. 37 : Transcription hiéroglyphique.

" double filiation " (père et mère), précédée du nom du propriétaire, ce qui pourrait écarter tout titre, à

moins que le signe de l’encens qui brûle dans une cassolette représentée de la manière suivante :

et

située au-dessus de la ligne horizontale " fonctionne " avec le signe divin pour former un titre très courant " It neter ", soit " père divin ". Il semblerait que le propriétaire du serviteur soit un homme, dont le nom (non répertorié par ailleurs) pourrait être Nefersetet " Il (le Dieu) est beau ". Ensuite viendrait le nom du père Hep Khepesh " le jeune " et enfin la filiation maternelle " né de " Neferet « la belle ». Neferet est une graphie rare mais le " t " final est assuré. Le personnage pourrait donc avoir un titre de prêtrise qui le rattache au taureau Apis, c'est à dire à la ville de Memphis, ce qui contredit la traduction du premier éditeur Pierrick Brihaye73 , qui pensait qu'il venait de Thèbes. Le titre du personnage - inédit selon Jean Rougemont - serait " intercesseur auprès d'Apis ". Il pourrait avoir un rôle dans l'offrande de la patte antérieure d'Apis (dont le signe est :

).

Memphis est la capitale du nome de Basse-Égypte. S’y trouve le temple d’Apis, monument dédié aux rites de momification du dieu Apis.

73

BRIHAYE, 1989, p. 65 à 60.

40


Apis est d’abord le héraut du dieu Ptah, le créateur. Il est représenté sous plusieurs formes : un taureau au pelage blanc tacheté de traces noires ou sous la forme anthropomorphe d’un humain vêtu du chendjit * avec une tête de taureau dont les cornes enserrent un disque solaire. Ce temple et ses environs ont été fouillé au XX ème siècle et cet ouchebti provient peut être de cette zone memphite. Le serviteur présente les caractéristiques des ouchebtis de Basse Époque tant par son modelé que par son style très classique prisé à cette période : présentation momiforme, outils aratoires, perruque et barbe funéraire. d. Ouchebti n° 843 224

Fig. 38 et 39 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 224.

• ................ Description iconographique Cette statuette anépigraphe* présente un modelé qu’une cuisson excessive aurait pu rendre peu lisible. On distingue cependant une perruque tripartite, une barbe funéraire, l’ombre du visage et des outils aratoires esquissés sous la glaçure bleu soutenu.

• ................ Typologie : Typologie Schneider : Cl. XI A6, W34, H15, I8, B(?) TP0 : anépigraphe 41


• ................ Étude comparative et intégration au contexte historique général Nous ne pouvons malheureusement pas relier cet objet à un propriétaire ni à un lieu de trouvaille, ces informations étant irrémédiablement perdues. C’est là toute la problématiques des objets archéologiques hors contexte. Ces petites figurines de facture très modeste étaient souvent entassées dans des coffrets. Cet ouchebti serait selon Jean Rougemont 74 à rapprocher de la production de la XXXème Dynastie. En effet, la fabrication de serviteurs funéraires se caractérise à cette époque par une production plus systématique et en série. On assiste également à une dégradation de la qualité des statuettes. Ce type de production est nommé dans le jargon spécialisé comme de la « friture ». En effet, ce serviteur s’inscrit parfaitement dans ce contexte de fabrication. Stylistiquement, il aurait pu s’apparenter aux ouchebtis de la XIX

ème

Dynastie mais le fait qu’aucun pilier n’ait été sculpté et que l’ouchebti soit plat et aucunement

travaillé au dos exclu cette hypothèse et confirme son appartenance à la production sans qualité de la XXX ème Dynastie. e. Ouchebti n° 843 223

Fig. 40 et 41 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 223.

• ................ Description iconographique Cette statuette anépigraphe présente un modelé suggérant le visage, une perruque tripartite, une barbe funéraire et les outils aratoires esquissés sous la glaçure bleu soutenu.

• ................ Typologie : Typologie Schneider : Cl. XI A6, W34, H9, I(?), B(?) TP0 : anépigraphe. 74

Élément recueilli lors d’un entretien.

42


• ................ Étude comparative et intégration au contexte historique général Nous ne pouvons malheureusement pas encore une fois, relier cet objet à un propriétaire ni à un lieu de trouvaille. Cet objet serait issu, comme l’ouchebti n° 843 224 et de part son côté frustre, à la production de « friture » de la XXX ème Dynastie ou du début de l’époque Ptolémaïque. Il y a malheureusement peu à ajouter tant la lacune d’informations (lieu de fouilles etc...) est grande.

2. PROVENANCE DU FOND ÉGYPTIEN DU MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE L’OISE a. Un fond égyptien disparate au sein du Musée Départemental de l’Oise Nos cinq objets sont issus d’un ensemble de pièces archéologiques égyptiennes conservées au Musée Départemental de l’Oise75 . Il s’agit d’un fond égyptien constitué de petits objets disparates : statuettes funéraires de différentes époques, amulettes, objets lapidaires, fragment d’un statue en stéatite* représentant les deux doigts 76, morceaux de bandelettes de momies et morceaux de sarcophage peints. Il ne s’agit donc pas d’un fond spectaculaire constitué de gros objets rapportés lors de la campagne d’Égypte ou lors de l'expansion de l’Égyptologie mais d’un matériel peu onéreux et peut-être ramassé par des trafiquants d’antiquités lorsque les sites n’étaient pas encore protégés.

Fig. 42: Doigts en stéatite du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise.

L’arrivée de matériel archéologique de l’antiquité égyptienne sur le sol européen peut donc provenir de l’Égyptomanie ambiante mais on ne peut l’affirmer car cette période a fasciné de tout temps. À titre d’anecdote, on peut noter que des statuettes funéraires ont été trouvées dans un contexte nettement « historique » en Europe, ramenées par des fonctionnaires ou des militaires romains, soit pour orner des Temples d’Isis, soit même à titre de « souvenir de campagne » dans au moins une tombe d’officier Romain77.

75

Tous les ouchebtis du fond égyptien nous ont été confiés. Les cinq ouchebtis étudiés étaient les seuls nécessitant une intervention de conservation-restauration. Cependant les six autres nous été confiés pour étude et ont été conservés au laboratoire de l’école le temps de la rédaction de notre mémoire et du traitement des cinq autres. 76 Il s’agit des deux doigts utilisés à la fin du rituel d’embaumement. Ils étaient posés sur la plaie ventrale refermée afin de boucher symboliquement la plaie d’éviscération. 77 Propos obtenus auprès de Jean Rougemont.

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L’Égyptomanie est un concept qui exprime la fascination pour la culture et l’histoire de l’Égypte antique. Cette fascination a pris ses racines dès la fin de la période pharaonique car des momies ont été importées depuis le moyen-âge. Cependant ce concept se réfère en particulier au regain d’intérêt européen à partir du récit du « Voyage en Égypte et en Syrie » (1787) et des « Ruines, ou méditation sur les révolutions des empires » (1787) de Volney. C'est cet ouvrage qui incita le général Talleyrand à influencer Bonaparte qui conduira sa Campagne d’ Égypte de 1798 à 1801. S’en suivirent la « guerre des consuls égyptomaniaques » et les premières croisières « de tourisme Fig. 43 : Détail d’un sarcophage peint du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise.

de masse » dès 1869 en bateau à vapeur organisés par l’agence Cook. En parallèle de cet

engouement, se développe alors un trafic très actif d’achat-vente d’antiquités égyptiennes. Les établissements de ventes aux enchères regorgent encore actuellement d’objets issus de l’arrivée en masse de matériel d’archéologie égyptienne. Les statuettes funéraires ainsi que les amulettes, scarabées en sont les principales représentants. Aujourd’hui on observe une raréfaction de la qualité des pièces et des faux circulent de plus en plus78. b. Don privé ou dépôt du Musée du Louvre ?

Fig. 44 : Détail des bandelettes de momies du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise.

Au début de notre étude, aucune information n’était disponible au sujet de ce fond égyptien. La disparité des objets conservés orientait nos recherches vers deux hypothèses : un don privé de collectionneur au musée ou un dépôt du musée du Louvre lors de sa campagne de dépôt d’antiques de 1863. La volonté politique de l’empereur Napoléon III, le soucis pédagogique de l’époque et le manque de place dans les réserves du musée du Louvre influencent le projet. Plusieurs dépôts des collections du Louvre vers des musées de province ont eu lieu entre 1863 et 1865 et entre 1874 et 1876. Le musée de Beauvais était alors candidat et reçut un lot d’antiques79.

78 79

Propos obtenus auprès de J.-L. Bovot, Ingénieur d’études au département des Antiquités Égyptiennes du musée du Louvre. GREFF, 2010

44


Fig. 45, 46, 47, 48, 49 et 50 : Servtiteurs funéraires du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise.

Nous avons présenté notre lot à J.-L. Bovot, Ingénieur d’études au département des Antiquités Egyptiennes du Musée du Louvre. Malheureusement, aucune correspondance ne fut mise en évidence avec la collection du musée que constituent les 4200 serviteurs qui y sont conservés. Aucune mention d’un lot d’antiquités égyptiennes en dépôt au musée de Beauvais n’a été relevée.

Fig. 51 et 52 : Amulettes en céramique et en pierre et sceau en pierre du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise.

c. Les dons privés de Jourdain, Levevasseur et de l’Abbé Pinart Grâce à l’intervention de Vincent Blanchard, conservateur responsable des objets, nous avons alors eu connaissance de la présence dans les archives du musée de Beauvais d’un document rédigé en 1989 par Pierrick Brihaye80. Il s’agit d’une partie d’un mémoire de muséologie de l’Ecole du Louvre concernant « Les statuettes funéraires dans les collections publiques de la Picardie, du Nord Pas-de-Calais ». Cinq pages étaient dédiées au fond égyptien du Musée Départemental de l’Oise et c'est grâce à ce travail que nous avons pu déterminer la provenance jusque là inconnue des objets. Les statuettes funéraires proviendraient du don de Jourdain, vice-président du tribunal de la Seine. La date et les renseignements relatifs restent hypothétiques car le musée a connu de très violents incendies 80

BRIHAYE, 1989, p. 65 à 60

45


lors des bombardements de 1940 durant lesquels beaucoup d’objets et documents ont été perdus. En effet, le musée s’effondre sous les bombardements. Le bilan est lourd : destruction presque complète des collections d’archéologie, de géologie et du fonds régional d’autres objets d’art. Deux autres dons auraient été impliqués, celui de Mr Levavasseur pour deux objets en terre cuite et celui de l’Abbé Pinart pour deux figurines. Ce sont les seules données disponibles actuellement. Le manque de correspondance entre les styles et les périodes historiques des différents objets constituant le lot du musée de Beauvais peut être expliqué par les provenances disparates. En effet trois dons de particuliers sont impliqués soit trois personnes ayant pu se procurer les objets à divers endroits. 3. DEVENIR MUSÉOGRAPHIQUE C'est dans le cadre de l’harmonisation des collections et de la réforme des musées français que s’inscrit la démarche actuelle du musée Départemental de l’Oise. En effet, ce fond égyptien étant trop peu fourni, il ne saurait trouver sa place dans les collections actuelles. Leur transfert a donc été prévu dans le cadre d’un projet culturel marquant une relation dynamique entre les musées territoriaux. Ce fond égyptien fera donc l’objet d’une donation du musée de Beauvais au musée Antoine Vivenel de Compiègne qui présente une collection d’antiques et d’archéologie égyptienne beaucoup plus fournie. C’est dans le cadre de ce transfert que les objets nous ont été confiés pour restauration. a. Les collections égyptiennes de Compiègne, une riche introduction à la civilisation Égyptienne Le musée Antoine Vivenel abrite des collections très diversifiées. Aux cotés d’une des plus riches collections de vases hellénistiques après celles du Louvre, sont exposés des objets provenant de l’archéologie égyptienne. Provenant essentiellement du don Antoine Vivenel au musée puis enrichis au fil des années, les fonds Égyptiens proviennent d’achat réalisés sur le marché de l’art en 183081. Les objets qui composent la collection sont originaires de deux régions principales, Thèbes et Saqqara et datent à quelques exceptions près de la Basse Epoque. La collection est pour l'essentiel constituée de mobilier funéraire et illustre la diversité des achats d’Antoine Vivenel, pour qui les oeuvres égyptiennes s’avèrent être avant tout des « curiosités ». Elles proviennent presque toutes des tombes où elles accompagnaient le défunt dans l’audelà. Au sein de cette collection se trouve une série assez riche de statuettes funéraires actuellement exposées au public dont un célèbre ouchebti attribué au pharaon Séthi 1er.

81

CAMINON et PAPIER-LECOSTEY, 2008. p. 8

46


Fig. 53 : Ouchebtis du Musée Antoine Vivenel, détail de la vitrine.

b. Les statuettes funéraires du musée Vivenel, une destination appropriée La série d’ouchebtis du musée Vivenel présente la même particularité que la série du musée de Beauvais : la troupe est disparate et présente des techniques et des époques variables mais la provenance reste axée vers Thèbes et Saqqara ce qui est également le cas des ouchebtis du fond égyptien de Beauvais. Ceci est très certainement dû au mode d’acquisition des objets achetés sur le marché de l’art avant 1900 par des collectionneurs puis donnés au musée. L’intégration du lot de Beauvais sera donc aisée au sein d’une telle collection82.

82

L’insertion des statuettes une fois restaurées sera explicitée lors de la partie concernant les conseils de conservation préventive et de présentation, en collaboration avec Claire Iselin, conservatrice au musée Antoine Vivenel de Compiègne.

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II TECHNIQUES DE FABRICATION ET ÉTUDE TECHNOLOGIQUE DES CINQ OUCHEBTIS Comme nous avons pu le voir dans la première partie de notre mémoire, les matériaux utilisés pour fabriquer les chaouabtis sont variés : bois, pierre sculptée, céramique. Nous allons nous attacher à présenter la fabrication de ces statuettes, mais nous laisserons de côté les matériaux autres que la céramique. Nous commencerons par une présentation générale des techniques de fabrication et des ateliers pour aboutir ensuite à l’étude technologique de nos pièces. Une phase de test personnel de reconstitution sera également présentée. Cette dernière partie présentera une étude des objets en tant que matériau céramique. Elle aura pour mission de nous fournir les informations techniques nécessaires à la restauration des objets. A. TECHNIQUES DE FABRICATION 1. LES ATELIERS Aucun titre de fabricant d’ouchebtis n’a été retrouvé à ce jour. Il existe des sculpteurs, des potiers, des peintres, des orfèvres ou des fondeurs. Comme le souligne J-L. Bovot 83, l’existence d’ateliers attachés aux temples est quant à elle attestée et les objets de l’équipement funéraire pouvaient y être fabriqués. Ainsi, même si les représentations d’ateliers sont rares, nous pouvons nous en faire une idée avec cette scène sculptée en bas-relief de confection de chaouabtis provenant de la tombe d’Ibi. De nombreuses statuettes inachevées ont été retrouvées près du grand temple d’Aton à Tell el-Amarna ce qui invite à supposer la présence d’un atelier à cet emplacement. Les ateliers étaient très certainement localisés près de grands centres comme Memphis, Tell el-Amarna ou Thèbes. C'est à Memphis qu’est né le concept du chaouabti et qu’ont été initiées certaines innovations (costume du « vivant », gisant). Thèbes s’est illustrée, quant à elle, dans la grande variété de la typologie de sa production.

83

BOVOT, 2003. p. 34

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Fig. 54 : Bas-relief de la tombe d’Ibi, chef régisseur de la divine adoratrice d’Amon, représentant la confection d’ouchebtis XXVI ème Dynsatie.

Aucun vestige ne permet de se faire une image précise de l’organisation d’un atelier mis à part ce document. Cependant il est intéressant de rappeler que la subdivision du travail était effective et attestée dans certains corps de métier comme les peintres, sculpteurs ou potiers. Il est donc possible d’imaginer qu’une telle subdivision du travail aie été possible pour la fabrication d’objets émaillés. À ce propos, une tombe appartenant à un « surveillant en chef d’ouvriers faïenciers » de la XIIIème Dynastie a été découverte vers la pyramide Nord de Lisht pourrait soutenir cette hypothèse84. La transmission orale des recettes et techniques de fabrication est également effective si l’on en croit la stèle85 du peintre Irtysen trouvée à Abydos et datant de la XIème Dynastie : « (...) Je sais faire des pigments et des produits qui fondent sans que le feu les brûlent et, de plus, insolubles à l’eau. Je ne révèlerai cela à personne, excepté moi seul et mon fils aîné, dieu ayant ordonné qu’il s’exerce en initié, car j’ai remarqué sa compétence à être chef des travaux dans toutes les matières précieuses, depuis l’argent et l’or jusqu’à l’ivoire et l’ébène. »

84

LAVENEX VERGÈS, 1992. p. 47

85

DELAMARE, 2007. p. 21.

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2. LA FAUSSEMENT NOMMÉE FAÏENCE ÉGYPTIENNE Les céramiques siliceuses émaillées de l’ancienne Égypte sont communément, mais faussement, nommées faïence égyptienne, terme qui désigne l’ensemble des objets créés à partir d’une pâte contenant de la silice et revêtus d’une glaçure de nature alcaline86. Cependant, il est important de considérer distinctement les trois techniques utilisées : l’émaillage par cémentation, l’émaillage par efflorescence et l’émaillage par application. Ces procédés utilisent tous les mêmes matières premières. Comme le souligne Christine Pariselle, chercheuse et restauratrice au C2RMF dans ses rapports de restauration concernant un lot de statuettes funéraires égyptiennes du musée d’archéologie de Bargoin87 , au terme « faïence », J. Bulté88 préfère la formulation céramique siliceuse auto-glacée qui précise la nature siliceuse de la pâte, sa glaçure alcaline* et sa cuisson unique à basse température (800-1000°). La couleur bleue turquoise est obtenue grâce à l’action combinée de l’oxyde de cuivre (CuO) et des alcalis. Les objets émaillés sont tous caractérisés par une cuisson oxydante* à basse température. 3. PRÉSENTATION DES MATIÈRES PREMIÈRES DES CÉRAMIQUES SILICEUSES ÉMAILLÉES a. La silice : quartz et sable Pure, la silice (SiO₂) se présente sous la forme d’un minéral dur et présent géologiquement sous différentes formes. Les principales sources naturelles de silice sont le quartz, les sables quartzeux et le silex. C'est par sa fusion à 1710° et son refroidissement que la silice se transforme en verre. C'est cette propriété qui en fait l’ingrédient de base de la vitrification. Le quartz (SiO₂) est la forme cristalline commune de la silice et est présent en abondance dans le désert oriental et à Assouan. Son point de fusion se situe entre 1450 ° et 1650° ce qui rend indispensable l’adjonction de fondants comme les alcalis et la chaux dans la composition des pâtes pour obtenir un état vitrifié. Le sable, est un matériau granulaire constitué de petites particules provenant de la désagrégation d'autres roches dont la dimension est comprise entre 0,063 (silt) et 2 mm selon la définition des matériaux granulaires en géologie. Sa composition peut révéler jusqu'à 180 minéraux différents (quartz, micas, feldspaths) ainsi que des débris calcaires de coquillage et de corail.

86

LAVENEX VERGÈS, 1992. p. 47 PARISELLE, 2004 88 BULTE, 1998, p. 29-37 87

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Généralement, dans les céramiques siliceuses émaillées, la silice est introduite sous forme de quartz à l’état pur, de sable finement broyé et lavé ou pulvérisé sous forme de fritte. La fritte, de l’anglais « frit » est une masse vitrifiée brusquement refroidie qui entre dans la composition des glaçures comme sources d’oxydes alcalins à l’état insoluble. Elle est fabriquée en mélangeant la silice et des composés solubles dans l'eau (notamment des corps alcalins). L'ensemble est fondu, puis refroidi brusquement dans de l'eau, avant d'être réduit en poudre puis pulvérisée sur Fig. 55 : Fritte.

l’objet à émailler. La silice et les composés solubles étant liés chimiquement, la migration dans le tesson est

pratiquement nulle ou sans conséquence. Cependant, Fabienne Lavenex Vergès souligne que l’utilisation de fritte paraît peu probable en Égypte. Elle écrit à ce propos : « Personnellement, je doute aussi que les anciens Égyptiens aient fabriqué intentionnellement une fritte pour leur pâte car ils avaient en abondance toutes les matières premières (sables quartz alcalis) et que cette méthode nécessite obligatoirement une cuisson supplémentaire. (...) il est possible que ces anciens artisans aient parfois introduit du pigment bleu dans leur pâte puisque sa préparation peut être comparée à celle d’une fritte. mais ceci reste à l’état d’hypothèse. » b. Les alcalis Il s’agit des principaux fondants utilisés dans les céramiques siliceuses émaillées et sont plus souvent sodiques que potassiques. Le carbonate de sodium est d’origine végétale ou minérale. Il provient soit des cendres de la végétation poussant au bord des lacs saumâtres (salicorne*) ou provient du natron89, abondamment utilisé dès les périodes dynastiques par les anciens Égyptiens et très présent dans le Fayoum, en Basse Égypte et en Haute Égypte. c. La chaux La chaux est une matière poudreuse et de couleur blanche, obtenue par décomposition thermique du calcaire. Les carrières de calcaire sont nombreuses en Égypte et se situent principalement dans les collines bordant la vallée du Nil et sont exploitées depuis l’Ancien Empire. La chaux permet de créer des liens avec la silice en formant des silicates dans les glaçures à basse température.

89

Le natron est un minéral, ainsi qu'une roche évaporitique contenant principalement du carbonate de sodium hydraté, de formule Na2CO3·10H2O et du bicarbonate de sodium, produits qui en justifient l'exploitation industrielle. Il se présente sous la forme d'une substance blanche, évanescente, que l'on trouve au bord de certains lacs.

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d. Les éléments plastiques Ils peuvent être de la gomme arabique, des argiles comme de la Bentonite* ou Ball Clay* et sont utilisés pour leur rôle plastifiant aux mélanges fabriqués. e. L’oxyde de cuivre Le cuivre est présent dans la nature à l’état natif (métallique). Le cuivre s'oxyde, formant des composés pouvant être de couleur rouge (cuprite, Cu2O) ou noire (tenorite, CuO). La combinaison de la silice, des alcalis et de l’oxyde de cuivre lors de la cuisson forme la couleur bleue/ verte des céramiques siliceuses émaillées. Il s’agit en fait de carbonates de cuivre: la malachite (couleur verte) et l'azurite (couleur bleue). Le bleu fut parfois intensifié par une adjonction d’oxyde de cobalt importé d’Iran. Cet oxyde joue également un rôle de fondant et est appelé « mefkat » traduit soit par « malachite » soit par « turquoise ».

Fig. 56 et 57 : Chaux et oxyde de cuivre.

4. UNE CARACTÉRISATION COMPLEXE : PRÉCIS SUR LES TROIS TECHNIQUES DE FABRICATION EMPLOYÉES Nombreux sont les termes employés, mais leur efficience n’est pas évidente. Cette profusion de termes qualifiant la céramique émaillée égyptienne provient du fait que les techniques sont très proches et qu’il est parfois impossible de les différencier, en particulier entre des objets émaillés par cémentation et ceux émaillés par efflorescence (ou auto-émaillé). Nous souhaitons donc éclaircir ce point afin de bien distinguer les différentes techniques. Pour cela nous nous appuyons sur un ouvrage très complet de Fabienne Lavenex Vergès qui compile ses recherches menées sur la céramique siliceuse émaillée non seulement avec étude, mais également expérimentations des techniques, ce qui nous intéresse tout particulièrement. Cet ouvrage nous a permis de bien faire la différence entre les trois techniques d’émaillage, l’émaillage par cémentation, l’émaillage par efflorescence (ou auto-émaillage) et l’émaillage par application et nous a ainsi fourni les clefs essentielles pour analyser nos objets que nous allons à présent 52


étudier à travers le prisme de l’étude technologique de leur matière. Ces trois techniques utilisent les mêmes matériaux, c'est la mise en oeuvre qui diffère. a. L’émaillage par cémentation L’émaillage par cémentation est l’opération qui consiste à cuire un objet façonné dans une pâte siliceuse en le plaçant dans une poudre ou pâte contenant les matières premières nécessaires à l’obtention de la glaçure. Ce résultat s’obtient en une seule cuisson oxydante90 à basse température entre 850° et 950°. Comme les éléments de la glaçure ne proviennent pas de l’intérieur de la pâte, le terme auto-émaillé n’est pas exact, mais est parfois utilisé dans certains ouvrages comme suit : « auto-émaillage par cémentation ». b. L’émaillage par efflorescence ou auto-émaillage L’émaillage par efflorescence consiste à intégrer les éléments de la glaçure dans la pâte de façonnage. La pâte est toujours de nature siliceuse et elle contient les fondants qui, grâce au phénomène d'efflorescence, permettront la formation de la couche de vitrification en se combinant à la silice durant la cuisson.

Fig. 58 : Ouchebti en cours d’émaillage par efflorescences. Reconstitution de Fabienne Lavenex Vergès.

Durant le séchage qui est une étape très importante, les sels alcalins et les oxydes métalliques sont entrainés vers la surface, créant ainsi les efflorescences. Les objets destinés à être auto-émaillés sont cuits sur des supports de façon à ce que leur surface soit entièrement vitrifiée. La glaçure revêt la totalité de la surface et, si le support d’enfournement est adéquat, il n’existera aucune marque sur la surface de l’objet. L'uniformité des efflorescences conditionnera l’uniformité de la glaçure future. Le résultat est obtenu en une seule cuisson à basse température dans une atmosphère oxydante. D’après ses expérimentations, Fabienne Lavenex Vergès souligne un fait très important qui sera repris dans nos constats d’état :

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« Toutes les céramiques siliceuses émaillées de l’Égypte ancienne sont cuites en atmosphère oxydante qui est une cuisson durant laquelle l’air est suffisant pour assurer la combustion et se combine avec les éléments contenus dans les terres des glaçures. C'est le phénomène de l’oxydation qui est mis en jeu. Il est principalement perceptible au travers des métaux. Ainsi, une glaçure contenant de l’oxyde ou du carbonate de cuivre devient verte ou bleu-vert en cuisson oxydante. » Définition de Fabienne Lavenex Vergès.

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« Le phénomène d’efflorescence peut parfois réapparaître sur une pièce cuite, même quelques années plus tard. Ce constat à été observé sur l’une de mes statuettes entreposées temporairement dans un milieu ambiant très humide. Par conséquent il est préférable de conserver les objets de pâte auto-émaillée dans une atmosphère sèche. Les sels réapparaissent à la surface peuvent être simplement essuyés ou lavés, sans risquer une altération de la glaçure. Ils proviennent d’un excès de soude dans la composition de la pâte. » Il faut donc bien comprendre par là que ces objets sont par nature prédisposés aux problèmes d’efflorescences puisque les sels sont présents et prennent par à l’élaboration de leur émaillage. c. Emaillage par application L’émaillage par application consiste en l’application à l’aide d’une louche ou par trempage des composants de la glaçure mélangés à de l’eau jusqu’à l’obtention d’une crème liquide sur une corps sec ou biscuité. Les ingrédients nécessaires à la vitrification de cette glaçure sont de nature similaires à ceux utilisés pour les émaillages par cémentation et par efflorescence à savoir silice, fondants (alcalis), chaux et oxydes métalliques. Seules les proportions changent. La glaçure se forme à l’extérieur de la pièce, sans pénétration du corps siliceux. Elle comporte toujours des marques dues au supports des objets durant la cuisson. 5. FAÇONNAGE Trois techniques semblent avoir été utilisées par les artisans Égyptiens : le modelage, le moulage en estampage dans des moules en terre cuite et l’abrasion, cette dernière technique étant complémentaire des deux premières. Cependant, la pâte étant destinée à être auto-émaillée est beaucoup moins plastique que l’argile, c'est pourquoi elle nécessite un façonnage requérant un moule. Les interventions sur la surface sont possibles lorsque la pâte est à « consistance cuir91 » ce qui permet notamment les gravures.

Fig. 59 : Moule à ouchebti provenant des fouilles de Schiaparelli à Deir el-Médineh, conservé au musée égyptien de Turin.

91

La consistance cuir est un état qu'atteint la matière terre à un certain moment de son séchage et qui lui permet d'avoir à cet instant des propriétés plastiques fantastiques qui permet d’évider une pièce, de tournasser une poterie ou d’engober les pièces.

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6. ENFOURNEMENT ET CUISSON Quelle technique était utilisée par les artisans pour obtenir un émaillage homogène sur toute la surface de l’objet? L’utilisation de petits clous ou d’un lit d’une matière particulière a été testée par Fabienne Lavenex Vergès. Elle a tenté d’enfourner ses statuettes sur un lit de cendres ou de sable mais apparemment ces techniques laissent des traces granuleuses sur la surface des objets. Cette remarque est à retenir car elle pourrait permettre de comprendre certaines altérations au dos des serviteurs. La meilleure méthode semble être celle des clous - à la manière de pernettes* qui semblent ne laisser aucune trace sur

Fig. 60 : Dispositif d’enfournement testé par Fabienne Lavenex Vergès.

la surface des objets.

Concernant les types de fours utilisés à cette époque, il n’existe que des suppositions. Certains prétendent que les fours utilisés pour les stéatites et les faïences émaillées étaient les mêmes que ceux utilisés en métallurgie du cuivre tandis que Fabienne Lavenex Vergès émet l’hypothèse que les faïences autoémaillées étaient cuites dans les même fours que ceux utilisés pour les poteries et la cuisson des pigments synthétiques. Les fours étaient alimentés par des combustibles naturels (bois et végétaux secs) et la cuisson dépassait rarement les 950°. Les pièces étaient toutes cuites dans des fours à cuisson oxydante (avec apport d’oxygène), cuisson responsable de la couleur verte de la glaçure. Cependant, il pouvait arriver que dans certaines parties du four, certaines pièces soient privées d’oxygène (entassement des pièces, four enfoui sous la terre etc...) provoquant une cuisson en réduction. La privation d’oxygène provoquait alors une couleur bleue de la glaçure. En effet, l’oxyde de cuivre devient vert avec de l’oxygène et bleu sans oxygène. Ceci pourrait expliquer les différences de teintes d’ouchebtis provenant de la même série. Certains objets était d’ailleurs cuits dans des casettes* afin de les priver volontairement d’oxygène et d’obtenir une couleur bleue soutenue (c’est le cas du célèbre hippopotame du Louvre92). 92

D’après les propos de Pierre Lemaître, chimiste et professeur à l’Ecole Duperré.

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• .................. Conclusion sur les techniques de fabrication Très élaborées, ces techniques d’émaillage mises au point par les antiques artisans Égyptiens démontrent une volonté véritable de recherche et de perfectionnement des techniques dans le but de satisfaire la demande d’objets. Que les premiers objets auto-émaillés aient été le fruit du hasard ou non, la systématisation du processus présente une parfaite compréhension et intégration du mécanisme par la pensée antique. Nous allons à présent pénétrer dans la matière afin de mettre en lumière les applications de ces techniques de fabrication et leur impact sur la matérialité des objets. B. ÉTUDE TECHNOLOGIQUE 1. EXPERIMENTATION DE LA TECHNIQUE D’ÉMAILLAGE PAR EFFLORESCENCE L’observation minutieuse des objets, de leurs tranches, de leur surface et de tous les indices permettant d'interpréter leur matérialité sera reliée aux éléments décrits précédemment. Afin de pousser l’étude, nous avons également décidé de tester à notre tour, à la manière de Fabienne Lavenex Vergès, la fabrication de petites pièces en terre auto-émaillée93. La comparaison de nos ouchebtis à ces tests éclaireront l’origine de certaines altérations. a. La terre égyptienne aujourd’hui Lors de nos recherches nous avons appris qu’une entreprise94 productrice de matières premières pour céramistes avait mis en vente une terre appelée « terre égyptienne » dont la composition et la méthode de travail correspondait à la technique ancestrale que nous avons décrite plus haut et qui nous intéresse tout particulièrement : la terre auto-émaillable. Nous nous sommes procuré un pain de cette terre égyptienne et avons pu constater sur la fiche technique que la composition était effectivement la même que celle utilisée par Fabienne Lavenex Vergès. Le mode opératoire conseillé par les producteurs de cette terre est exactement celui de l’émaillage par efflorescence. • ................ Description de cette terre par le fabricant « Mélange de terre avec l'émail incorporé dans la pâte. L'émail est bleu-vert métallique après cuisson. L'émail apparaît au séchage sous la forme d'une poudre blanche. Cette poudre se transforme en émail

93 Avec 94

la collaboration de Anne Bétrancourt, céramiste diplômée DMA céramique artisanale de l’école Duperré. Société Solargil.

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vert/bleu durant la cuisson. Nous recommandons un séchage très lent pour améliorer le développement de l'émail. Terre très siliceuse destinée plus au modelage qu’au tournage. Une seule cuisson car « auto-émaillable ». Au séchage, la soude se trouve sous forme soluble et va migrer à la surface. A la cuisson la surface va fondre plus qu’à l’intérieur d’où la formation d’un émail. Pour que le dessous de la pièce ne colle pas à la plaque, étaler au préalable du sable de Fontainebleau ou de la Chamotte. Température de cuisson : 900°C - 960°C » • ................ Analyse et composition chimique donnée sur la fiche technique Silice 75%, Argile 10%, Soude (sous forme soluble), Bentonite, Craie, Feldspath potassique, CuO b. Fabrication et observation • ................ Le moule La fabrication d’un moule95 en terre cuite dont l’empreinte a été prise sur un ouchebti en plâtre préalablement sculpté à été la première phase de cette entreprise. • ................ Le façonnage La « terre égyptienne » a été travaillée de différentes façons afin de multiplier les essais et les résultats. Nous avons modelé trois ouchebtis de différentes tailles sans passer par l’intermédiaire du moule. Nous avons modelé de petites perles égyptiennes, des scarabées et nous avons moulé dix ouchebtis. La fabrication a mis en lumière un fait énoncé par Daniel Rhodes dans sont ouvrage de référence « Terres et glaçures, les techniques de l’émaillage96 » : la pâte égyptienne est peu plastique et ne permet de travailler que de petits objets. C’est son problème majeur ainsi que son caractère thixotrope*. En effet, la terre se ramollit dès qu’on la façonne trop longuement. La présence en grande quantité de silice explique cette mauvaise plasticité et, à l’instar de la pâte de porcelaine, la pâte égyptienne semble garder en mémoire « un sens » et est difficilement tournable. Au cours du façonnage et de l’enfournement, il a fallu également être attentif à ne pas détruire le dépôt d’efflorescence friable et pulvérulent lorsque l’objet est sec. La première fournée (perles, scarabées et deux ouchebtis) a séché 4 jours. La deuxième fournée a eu un séchage de 10 jours.

95 96

Les photographies du moule et du moulage des pièces sont disponibles en annexes p. 237 RHODES , 1999. p. 192-193

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Fig. 61 : Reconstitutions en cours de séchage : processus d’émaillage par effloresences.

• ................ Enfournement et cuisson Nous avons cuit nos objet dans un four électrique. Comme les objets originaux, ils ont été cuits à 900°. Nous avons varié les supports. Certains objets ont été déposés sur des petites pernettes en métal, d’autres sur du sable de fontainebleau. c. Observation des objets après cuisson Cette expérimentation a pour but de révéler des phénomènes potentiellement comparables ayant traits à la technique d’émaillage par efflorescence. Il faut considérer les résultats comme des hypothèses car il est évident que même si le procédé est le même, les ingrédients ne proviennent pas des mêmes endroits et des différences peuvent en découler. La cuisson s’est parfaitement déroulée et nous avons obtenu des objets présentant les caractéristiques énoncées, une glaçure bleu-verte, assez proche des ouchebtis très bleus dits de « Deir el-Bahari97 » (cette couleur étant causée par la cuisson réductrice* du four électrique). Deux ouchebtis se sont brisés durant la cuisson, le plus massif ayant explosé en plusieurs morceaux. Nous avons pu observer dans le corps d’un de ces morceaux un noyau vitrifié et de couleur bleu-vert. Une mauvaise migration des éléments de la glaçure peut être à l’origine de la formation de ce noyau, lui même ayant créé des contraintes internes favorisant l’éclatement de l’objet. Cela met en lumière les possibles fragilisations due à une migration mal finalisée ou incomplète.

97 Annexes

p. 231.

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Fig. 62 et 63 : Reconstitutions après cuisson et détail du noyau bleu vitrifié ayant provoqué la rupture de l’objet.

2. ÉTUDE TECHNOLOGIQUE DES CINQ OUCHEBTIS ET COMPARAISON AVEC LES RECONSTITUTIONS PRODUITES Comme l’explique Fabienne Lavenex Vergès, la distinction entre les objets émaillés par efflorescence et ceux dont l’émail a été appliqué est très difficile. Seuls quelques indices peuvent permettre l’identification de la technique. C'est ce que nous allons tenter dans cette étude. Les objets dans un premier temps pesés, mesurés, observés attentivement à l’oeil nu puis à la loupe binoculaire. Les éléments importants sont photographiés avec un reflex Nikon D 40 doté d’un objectif 18-55 mm en mode macrographique puis avec un microscope Digimicro usb digital, 2.0 megapixels de définition et grossissant 200 fois les objets sera utilisé pour des clichés supplémentaires. Nous nous attachons aux observations d'éléments ayant trait à la matière et à la fabrication des objets. Toutes les altérations post-fabrication seront étudiées dans les constats d’états. 59


a. Ouchebti n° 843 230 dit de Psammétique-Men, Héraut Royal • ................ Mensurations : Ce serviteur mesure 18,5 cm, pèse 188 g, ce qui en fait un ouchebti de taille respectable. Sa largeur maximum est 4,8 cm, son épaisseur maximum de 3,03 cm. • ................ Surface : Il présente une glaçure verte dont la teinte rappelle celle du pigment pur Terre Verte de chez Sennelier. La glaçure mesure un demi millimètre d’épaisseur et est répartie de manière assez homogène mis à part certaines irrégularités comme cette longue fissure :

Fig. 64 et 65 : Fissure de l’ouchebti Psammétique-Men et son détail au microscope.

Ce type de fissures ont également été observées sur plusieurs de nos reconstitutions :

Fig. 66 : Fissure similaire observée sur une des reconstitutions.

La surface présente également nombre de petits picots parfois surmontés d’une excroissance blanche :

Fig. 67 : Détail des picots.

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Ces petits picots trouvent leurs homologues sur l’une de nos reconstitutions mais elle ne présente pas d’excroissance blanche.

Fig. 68 : Picots sur une des reconstitutions.

Au dos du serviteur, nous remarquons des excroissances sur certaines parties du pilier dorsal qui s’organisent en damier ce qui pourrait correspondre aux marques laissées par un support de cuisson particulier (sable, paille chamotte) :

Fig. 69 : Excroissances en damier.

La glaçure adhère intimement à la pâte et est répartie de manière assez homogène.

Fig. 70 : Détail de la barbe avec pâte et glaçure.

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• ................ Sous la glaçure, la pâte : La pâte est visible grâce à une cassure. Le tesson présente une pâte d’un vert très clair avec des irisations perceptibles lors des changements d’éclairages. Ces irisations pourraient correspondre à la silice présente en forte quantité dans ce type de pâte. Il existe un ouvrage de référence98 répertoriant les différentes granulométries présentes dans une pâte céramique. Ainsi on trouve la partie argileuse qui présente des éléments au dessous de 0,05 mm, ensuite des éléments très fins (0,05 à 0,1 mm), des éléments fins (0,1 à 0,25 mm), des éléments moyens (0,25 à 0,50 mm) et enfin des éléments grossiers (supérieurs à 0,50 mm). Ainsi, pour cet objet, nous pouvons constater que la granulométrie est régulière, plutôt fine dans son ensemble car elle présente des éléments argileux, des éléments très fins avec de manière épisodique des nodules grossiers qui semblent être du quartz. L’agencement de la pâte présente des irrégularités comme cela est visible sur le cliché suivant où des grumeaux semblent s’être formés à gauche autour d’une bulle d’air. Comme l’explique Fabienne Lavenex Vergès99, la différenciation entre un objet émaillé par application ou auto-émaillé est parfois très difficile. Un objet auto-émaillé peut avoir été parfaitement exécuté et ne présenter aucune trace de vitrification dans la pâte car le processus de migration d’efflorescence à très bien marché. Dans ce cas, la glaçure est très régulièrement disposée sur la pâte. Cet ouchebti pourrait donc faire partie de cette catégorie. Sa pâte interne, très régulière, reste très siliceuse et les petites irrégularités comme la fissure où l’on voit la glaçure rentrer à l’intérieur nous informent qu’il y a de fortes probabilités pour que cet objet ait été fabriqué selon la technique de l’auto-émaillage par efflorescence. Fig. 71 : Détail de la cassure.

b. Ouchebti n° 843 246 dit de la Dame de Semset • ................ Mensurations : Ce serviteur mesure 12,07 cm, pèse 91 g, ce qui en fait un ouchebti de taille moyenne et assez classique. Sa largeur maximum est 3,02 cm, son épaisseur maximum de 2,05 cm. • ................ Surface : La surface est inégale en ce qui concerne la glaçure. La teinte générale est bleu ciel avec des zones beaucoup plus soutenues que d’autres, allant parfois jusqu’à un blanc laiteux. Ce dégradé est linéaire et s’étend de la base de l’ouchebti, où l’on constate un bleu ciel très soutenu jusqu’au visage et à la perruque

98

BAFET, FAUVET-BERTHELOT et MONZON, 1983. p. 53

99

LAVENEX VERGÈS, 1992. p. 53

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ou l’on constate que le bleu est parsemé de zones blanches laiteuses. Moins le bleu est présent, moins il y a de brillance et plus la surface est rugueuse. Il est intéressant de noter que ces variations sont également observables sur les ouchebtis frères de la Dame de Semset présentés plus haut. Cet état peut être expliqué par un séchage trop rapide qui n’aurait pas laissé assez de temps aux efflorescences de migrer jusqu’à la surface et seraient restés à l’intérieur de la pâte. La surface présente également de légères fissures le long du pilier et les jambes comme sur le cliché suivant.

Fig. 72 : Détail au microscope d’une des fissure.

La présence de certaines irrégularités de surface nous interpelle ici car la vitrification y est en jeu. En effet, comme on peu le constater, certains trous semblent présenter une surface émaillée à l’intérieur de l’objet, comme si la glaçure avait choisi un autre chemin ou aurait été interrompue ou pervertie par la présence d’une bulle d’air. Ce phénomène est observable à plusieurs reprises sur cet objet :

Fig. 73 et 74 : Détail au microscope d’un éclat avec glaçure interne et trous avec retour de glaçure.

Des trous avec retour de glaçure ont également été observés sur l’une de nos reconstitution :

Fig. 75 : Trous avec retour de glaçure.

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Enfin, il est à noter que ce serviteur présente au niveau du dos, à l’instar de l’ouchebti de PsammétiqueMen, des excroissances aux endroits qui semblent avoir été des points de contact lors de l’enfournement. Celles de cet objet ne sont pas aussi régulières mais nous pouvons observer à la binoculaire qu’il semble y avoir des grains de sables enchâssés dans la glaçure. Des dépôts similaires ont été observés au dos des reconstitutions ayant été posées sur du sable durant la cuisson :

Fig. 76 et 77 : Inclusions de grains de sable au dos de l’ouchebti de Semset et au dos d’une reconstitution.

• ................ Sous la glaçure, la pâte : La pâte est visible grâce à de multiples cassures. La granulométrie est fine et régulière, présentant des éléments allant de très fins à fins selon l’ouvrage100 « Pour la normalisation de la description des poteries ». De petits grains grossiers sont disséminés dans la pâte rappelant des grains de sable quartzeux. La pâte est quasiment de la même couleur que les parties blanches visibles à la surface. Des masses bleues, vives et vitrifiées sont visibles au coeur même de la statuette ce qui vient corroborer notre hypothèse énoncée plus haut : le processus de migration des éléments constituant la future vitrification a été interrompu et la cuisson a du avoir lieu avant que toute la surface ne soit recouverte d’efflorescences. Ceci est particulièrement intéressant car nous pouvons, dès lors, affirmer que cet objet a été fabriqué selon le processus d’auto-émaillage par efflorescence.

Fig. 78 : Noyaux vitrifiés au coeur de l’ouchebti de Semset.

100

BAFET, FAUVET-BERTHELOT et MONZON, 1983. p. 53

64


c. Ouchebti n° 843 247 de Nefer Setet • ................ Mensurations : Ce serviteur mesure 11,09 cm, pèse 61 g, ce qui en fait un ouchebti de taille moyenne. Sa largeur maximum est 3,04 cm, son épaisseur maximum de 2 cm. •................ Surface Ce serviteur présente une glaçure très homogène en regard des deux objets précédemment étudiés. De couleur bleue azur, elle est très brillante et la surface est très lisse. La glaçure recouvre très uniformément l’objet et est très peu épaisse, moins d’un demi millimètre. Cette uniformité et cette épaisseur très fine en font une pièce qui pourrait avoir été émaillée par application. •................ Sous la glaçure, la pâte : La pâte est visible grâce à une cassure. La granulométrie est fine, comprenant des éléments allant de très fins à fins avec de petits Fig. 79 : Détail de la cassure de l’ouchebti de Nefer Setet.

nodules grossiers, surement des grains de sable et de quartz. L’agencement de la pâte est homogène, mis à part l’irrégularité causée par la présence de petites bulles d’air. La pâte est très blanche, ne présente aucune irisation ni défaut de vitrification interne qui pourrait laisser présager un procédé d’auto-émaillage. Cependant nous avons pu observer à la binoculaire une zone, très petite où l’on voit un léger amas de couleur bleue dans la pâte. Il nous est impossible de dire s’il s’agit de l’émail qui, lorsqu’il a été appliqué a migré vers l’intérieur du biscuit à cause d’un quelconque

Fig. 80 : Détail d’un amas de couleur bleue.

défaut, où s’il s’agit d’une trace d’auto-émaillage comme vu sur les ouchebtis précédents.

C'est une pâte qui présente toutes les caractéristiques d’une faïence commune émaillée par application mais nous ne pouvons affirmer que c’est le cas au regard de cet indice. Les deux techniques restent envisageables pour cet objet.

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d. Ouchebtis anépigraphe n° 843 224 • ................ Mensurations Ce serviteur mesure 8,06 cm, pèse 24 g, ce qui en fait un ouchebti de petite taille. Sa largeur maximum est 2,05 cm, son épaisseur maximum de 1,06 cm. • ................ Surface La couleur de la glaçure est uniforme et est d’un bleu soutenu. La surface est très irrégulière. En effet, certaines zones présentent une vitrification réussie, brillante, notamment au niveau du visage et des outils agraires, tandis que d’autres zones présentent une surface granuleuse et dont la brillance s’est matifiée.

Fig. 81 et 82 : Glaçure irrégulière de l’ouchebti n° 843 224 et son détail au microscope.

Cette glaçure irrégulière est assez épaisse et présente des problèmes de soulèvement, elle n’adhère plus très bien à la pâte. Ces deux éléments combinés peuvent laisser penser qu’une cuisson trop élevée aurait pu altérer la couche de vitrification, en la rendant granuleuse et pervertissant son adhésion à la pâte. Au niveau du pied, on observe une autre altération de la glaçure, des irrégularités sous forme de cratères qui laissent apparaître la pâte :

Fig. 83 et 84 : Pied et détail au microscope.

Des retraits de glaçure laissant apparaître la pâte ont également été observés sur certains reconstitutions :

Fig. 85 : Retrait de glaçure observé sur une reconstitution.

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Un trou avec retour intérieur de la glaçure dans la cavité est présent au niveau de l’épaule :

Fig. 86 : Trous avec retour de glaçure.

• ................ Sous la glaçure, la pâte : La pâte est visible grâce au soulèvement de la glaçure cité plus haut. Elle est de couleur bleu pâle et sa granulométrie est fine. On peut observé de nombreuses irisations provenant de la forte teneur en silice de cet objet. La couleur de la pâte et ces irisations permettent de proposer l’hypothèse d’un émaillage par efflorescence. Hypothèse corroborée par la présence de concrétions blanchâtres à certains endroits qui pourraient être des sels encore en migration dans la pièce101 :

Fig. 87 : Pâte visible sous l’écaillage.

e. Ouchebti anépigraphe n° 843 223 • ................ Mensurations : Ce serviteur mesure 5,09 cm, pèse 7 g, ce qui en fait un ouchebti de petite taille. Sa largeur maximum est 1,06 cm, son épaisseur maximum de 1,01 cm. • ................ Surface : La surface est très irrégulière, granuleuse et peu homogène. Elle présente des bourrelets et des fissures avec retour à l’intérieur de la vitrification. Elle présente également des inclusions de grains grossiers de différentes tailles et de différentes couleurs :

101

Propos de Fabienne Lavenex Vergès p. 54 de notre mémoire au sujet des efflorescences.

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Fig. 88 et 89 : bourrelets et fissures visibles sur le crâne et détail de la surface au microscope.

Au dos de la statuette, aux points de contact avec le sol, sont visibles les mêmes concrétions que nous avons pu constater au dos des deux premiers ouchebtis et s’organisant « en damier » comme si il y avait eu un contact prolongé avec un lit de sable durant la cuisson :

Fig. 90 : détail des concrétions en damier au dos de l’ouchebti.

Localisés aux pieds de la statuette sont présents un très grand nombre de cratères. Au dessus de ces cratère un réseau de matière dure et jaune pâle s’organise. Cette matière, qui se présente sous la forme d’une masse vitrifiée mais peu brillante semble adopter un motif presque organique ou végétal :

Fig. 91 et 92 : Vue du dessous du pied et détail au microscope de cette surface.

• ................ Sous la glaçure, la pâte : La pâte n’est pas visible sur cet ouchebti car aucune cassure ou soulèvement d’émail ne permet de l’étudier. Cependant, le physique des indices relevés précédemment comme les fissures, tendent à classer l’objet dans la catégorie des émaillés par efflorescence.

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CONCLUSION ............................................................................................................................................. L’étude historique a permis de replacer les objets de manière assez précise dans leur contexte d’origine. L’étude technologique et la comparaison des objets originaux à ceux produits lors de notre test de reconstitution ont pu mettre en lumière des traits propres à la fabrication des ouchebtis émaillés par efflorescence.

Liste des particularités similaires relevées sur les ouchebtis originaux et sur les reconstitutions Fissure avec retour de glaçure Trous avec retour de glaçure Picots Masse vitrifiée interne à la pâte Matification de la surface Grains de sable incrustés sur le pilier dorsal Retrait de glaçure Tableau n° 1 : Liste des particularités similaires relevées sur les ouchebtis originaux et sur les reconstitutions.

Ces observations servent notre étude et constituent le socle de notre intervention de conservationrestauration. Cependant, elles ouvrent également d’autres questionnements et proposent d’autres pistes d’étude sur les techniques de fabrication des objets auto-émaillés : • Quelle est la réaction chimique et physique exacte qui transforme les efflorescences en glaçure bleue/ verte? • À quoi sont dues les formations de trous et picots sur une surface à l’origine lisse ? • Quelle est la teneur des sels restants au coeur de l’objet ?

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CHAPITRE II : CONSERVATION-RESTAURATION DE CINQ OUCHEBTIS DU MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE L’OISE

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INTRODUCTION ..........................................................................................................................................................................

Après l’étude du contexte de création des statuettes funéraires ainsi que de leur technologie de fabrication, ce deuxième chapitre présentera tout ce qui concerne la phase de conservation-restauration dont les cinq ouchebtis ont fait l’objet. Différentes étapes composent un projet de conservation-restauration quel qu’il soit 102. Dans un premier temps un examen préalable de chaque objet sera proposé afin d’en appréhender tout à fait l’état de conservation. Combiné avec le travail qui a déjà été engagé lors de l’étude technologique, cet examen pourra alors permettre l’établissement d’un diagnostic qui répondra à la question suivante : En fonction des caractéristiques de l’objet et de son environnement passé, actuel et futur, que s’est il produit et que risque t-il de se produire103 ? C’est sur ce diagnostic que nous pourrons alors formuler un projet de conservation-restauration pertinent après en avoir déterminé les objectifs. Dès lors, les propositions de traitement et les réflexions inhérentes seront présentées, avec à leur suite le détail de leur mise en oeuvre. Nous conclurons ce chapitre sur les fiches de restauration récapitulant les interventions menées sur chaque objet et sur la formulation des recommandations de conservation préventive.

102 103

BERTHOLON, 2007. p. 2 BERTHOLON, 2007. p. 2

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I. ÉTUDE PRÉALABLE DE LA MATIÈRE A. CONSTATS D’ETAT Chaque objet, dans le cadre de sa restauration nécessite une étude approfondie de sa matérialité104 . Nous avons déjà pu récolter un nombre important d’informations très pertinentes lors de l’étude technologique des objets grâce à leur observation et à leur comparaison aux tests de reconstitution. C'est donc naturellement que nous proposons à présent les constats d’état de chaque ouchebtis, étape fondamentale de toute intervention de conservation-restauration. Le constat d’état de chaque objet constituera une « description de l’état de conservation à un moment donné ; il n’a de sens que s’il comporte une date105 ». Chaque constat sera le compte rendu d’un examen précis effectué à l’oeil nu et à l’aide d’une loupe binoculaire. Il pourra également être accompagné de tests et d’examens particuliers comme l’exposition sous une lampe émettant des ultra-violets. Les mesures rapportées seront effectuées à l’aide d’un compas droit de précision professionnelle. Chaque constat s’organisera de la manière suivante. Dans une première partie nous préciserons l’état structurel de l’objet avec la localisation des morceaux et l’état des lignes de cassures puis nous dresserons une liste d’altérations classées « par type » mais sans intégrer de notion de diagnostic. Afin d’étayer les constats, une documentation photographique sera également proposée.

104

Nous définissons la matérialité comme une vision globale de toutes les répercutions de la fabrication, de l’utilisation et de l’enfouissement de l’objet. C’est la somme de ce qu’il est (une céramique auto-émaillée) et de ce qu’il est devenu au fil du temps (utilisation, enfouissement, interventions etc...) 105 BERTHOLON, 2007. p. 2

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1. OUCHEBTI DU HÉRAUT ROYAL DE PSAMMÉTIQUE-MEN • ................ Photographies

Fig. 93, 94, 95 et 96 : Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche.

Date du constat d’état : Lundi 6 Décembre 2010 • ................ Etat structurel de l’objet, description et localisation des fragments, des lacunes et des lignes de cassure • Fragments L’objet est composé de deux fragments. Le fragment principal est constitué de toute la partie supérieure du corps, de la tête au dessus des genoux et mesure 120 mm de hauteur106, 48 mm de largeur et 30 mm d’épaisseur. Le second fragment est constitué des pieds, des mollets et des genoux et mesure 65 mm de hauteur, 25 mm de largeur et 35 mm d’épaisseur. • Lignes de cassure La ligne de cassure fracture l’objet en deux. Elle est hétérogène. Sur la gauche de l’objet elle est nette, propre avec un léger ressaut tandis que sur le reste de la ligne de cassure la glaçure n’est pas régulière et se boursoufle en certains endroits, revenant vers l’intérieur de la fracture. Les bords ne sont pas jointifs sur ces zones et il y a un espace de 2 mm.107.

Toutes les dimensions données dans notre constat d’état sont les dimensions maximales. Elles sont toute exprimées en millimètres. Soit x mm L ou l max. 107 Se reporter à la section « Anciennes interventions ». 106

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Fig. 97 et 98 : Joints de collages.

• Lacunes Il existe une micro-lacune sur la ligne de cassure au niveau du coin gauche du pilier dorsal. Un micro-éclat situé sur la ligne de cassure au niveau du bourrelet de colle commence à se soulever . Cependant il n’est pas mobile, étant maintenu par la colle. • Fentes L’objet présente un certain nombre de fentes de tailles et d’aspects différents. La plus importante, dont le point de départ prend sa source sous l’étiquette, traverse tout le bras gauche jusque sous l’épaule, continue au niveau du sac de grains, s'interrompt 8 mm et reprend sur la perruque sur 1 cm. Cette fente mesure au total 80 mm. Ses bords s’écartent et la glaçure revient vers l’intérieur de la fissure ce qui lui donne un aspect lisse et non accidenté. Des grains de sable semblent « enchâssés » dans la fissure.

Fig. 99 et 100 : Fissure vue macroscopique et microscopique.

La seconde fente est située sur le haut du pilier dorsal, au niveau des trois premiers hiéroglyphes. Elle mesure 28 mm de long et, comme la précédente, est d’aspect lisse et non accidenté, la glaçure revenant vers l’intérieur de la fente.

Fig 101 et 102 : Fissure sur le pilier dorsal et sur son arrête.

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La fente suivante est de nature différente. Elle est située le long de la jonction entre le pilier dorsal et la jambe droite. Elles présente un aspect plus découpé et accidenté avec une rupture entre les deux bords. Elle commence à la hauteur du coude droit pour s’achever au niveau du socle. Elle mesure 115 mm de long. Le même type de fente est visible de l’autre côté du pilier. Elle ne s’étend que sur 20 mm et se situe au niveau du torse. Elle présente le même aspect découpé et accidenté. L’objet présente également d’autres micro-fentes disséminées sur toute la surface. Le coin supérieur droit du pilier dorsal présente un trou avec glaçure revenant vers l’intérieur. De ce trou nous pouvons constater l’amorce d’une fissure qui mesure 8 mm de long. • ................ Autres altérations • Empoussièrement L’objet présente un léger empoussièrement localisé entre la barbe postiche, la perruque et les épaules. Il est caractérisé par un petit amas de grains de poussière incrustés et de couleur grisâtre.

Fig 103 : Empoussièrement autour de la barbe postiche.

• Trous et aspérités La présence de nombreux picots est généralisée sur l’ensemble de la surface à raison de 12 picots par cm2. Un trou est situé au niveau du sternum avec la glaçure revenant vers l’intérieur. Il mesure 2 mm de diamètre.

Fig. 104 : Trou avec retour de glaçure.

• Etat de surface Diverses incrustations sont visibles sur toute la surface de l’objet et sous diverses formes. D’une part elles se caractérisent par de petits nodules circulaires disséminés sur l’ensemble de la surface. Ces 75


nodules mesurent au maximum 1 mm de diamètre, ils sont de couleur jaune clair, d’aspect rugueux et granuleux et très en relief. Ils semblent intimement mêlés à la glaçure de l’objet.

Fig. 105 et 106 : Picots circulaires et en damiers.

Certaines incrustations sont organisées en plaque et semblent être de même nature que les nodules. Ces plaques sont uniquement localisées sur le pied et le socle de la statuette, la plus importante couvre les deux pieds et s’étend jusqu’à la mi-mollet gauche. En ce qui concerne la couleur de la surface nous pouvons observer malgré les dépôts que certaines parties sont de couleur brune. En effet, le vert laisse place au niveau du pilier et du socle à une teinte brun clair. Ces changements de couleur ne sont pas abrupts et se caractérisent par un passage du vert au brun en dégradé.

Fig. 107 et 108 : Teinte brun clair du pied et trace orangée.

La pièce présente deux traces d’une couleur orange vif, l’une sur le flanc droit, l’autre, plus petite sur le flanc gauche mais qui est surmontée d’un amas blanchâtre.

Fig. 109 : Amas blanchâtre.

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• Dépôts Deux strates de dépôts sont visibles. Un dépôt jaunâtre et très fin est visible sur la totalité de l’objet en particulier des pieds jusqu’aux coudes puis il s’estompe un peu pour le reste du corps. La couleur de la glaçure est visible en transparence et sur certains endroits où le dépôt s’est estompé. Un second dépôt plus épais et grumeleux se situe sur le dessus des pieds et la base du pilier.

Fig. 110 : Dépôt épais et grumeleux du pied (face).

• Anciennes interventions L’objet à été collé à l’aide d’une colle jaune foncée. Elle est brillante et semble friable car au niveau du pilier dorsal la colle se soulève très légèrement en feuillet. Comme indiqué dans la section précédente, la ligne de cassure est hétérogène. Elle n’est pas jointive sur le côté gauche et le joint de collage mesure 2 mm, est irrégulier et diverses fibres blanches non-identifiées et grains de poussière sont incrustés dans la colle. Une ancienne étiquette en papier est collée sur le ventre de la statuette, elle mesure 21 mm de longueur et 13 mm de largeur. Il y est inscrit «Série C 256». Un marquage est apposé sur la gauche du socle. Le numéro 843.230 est inscrit à l’encre noire sur une couche de vernis. Le vernis est brillant, transparent, posé de manière uniforme. Il ne s'effrite pas et adhère intimement à l’objet.

Fig. 111, 112 et 113 : Etiquette, marquage et traces bleues.

Une trace de couleur bleue intense se situe au niveau de l’avant des chevilles de la statuette. Cette trace est mate et au dessus de la glaçure. 77


2. OUCHEBTI DE LA DAME DE SEMSET • ................ Photographies

Fig. 114, 115, 116 et 117 : Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche de l’ouchebti de Semset.

Date du constat d’état : Lundi 6 Décembre 2010 • ................ Etat structurel de l’objet, description et localisation des fragments, des lacunes et des lignes de cassure • Fragments L’objet est constitué de 6 fragments. Ils sont disposés de part et d’autre de l’objet. Le fragment principal est composé du torse, de la partie inférieure de l’arrière de la tête et des jambes. Il mesure 134 mm le longueur, 42 mm de largeur et 25 mm d’épaisseur. Le pilier dorsal constitue un deuxième fragment, il comprend une partie de l’arrière de la jambe droite. Il mesure 72 mm le longueur, 20 mm de largeur et 9 mm d’épaisseur. Le troisième fragment est composé de la deuxième partie de la tête comprenant le front, le visage, la barbe postiche la partie tombante droite de la perruque, l’épaule et le bâton. Il mesure 48 mm de longueur, 21 mm de largeur et 13 mm d’épaisseur. Le quatrième fragment est situé sur la gauche de la statuette. Il s’étend du coude gauche à la moitié du mollet gauche. Il mesure 56 mm de longueur, 11 mm de largeur et 8 mm d’épaisseur. Le cinquième fragment est constitué de la main droite, d’une partie du bâton et du haut du cartouche hiéroglyphique. Il mesure 22 mm de longueur, 11 mm de largeur et 4 mm d’épaisseur. 78


Le sixième fragment est composé de la main gauche et d’une partie de la houe. Il mesure 24 mm de longueur, 12 m de largeur max et 4 mm d’épaisseur. • Lignes de cassures Les lignes de cassure se situent de part et d’autre de l’objet, traversant toute la structure du corps de manière transversale de la tête au pilier dorsal. On remarque que la ligne de cassure interne prend sa source dans ce qui semble être une bulle d’aire emprisonnée dans le corps de l’objet. Les lignes sont nettes, peu érodées mais comportent quelques éclats 108 .

Fig. 118 : Lignes de cassures et lacunes.

• Lacunes Les lacunes sont multiples. Il y a une cavité entre le pilier dorsal et le dos. Cette première lacune couvre quasiment tout le dos. Elle mesure 35 mm de longueur maximale, 32 mm de largeur et 11 mm d’épaisseur. La seconde lacune s’étend sur le flanc droit, de la moitié du bras jusqu’à la cuisse. Elle mesure 40 mm de longueur maximale, 19 mm de largeur maximale et 6 mm d’épaisseur maximale. La troisième lacune se situe sur la moitié du visage. Elle débute entre les deux yeux, s’étend en dessous de ceux-ci jusqu’au menton et comprend également la barbe postiche et une partie de chaque joue. Elle mesure 25 mm de longueur maximale, 10 mm de largeur Une partie du plexus est également lacunaire. Elles mesure 12 mm de longueur max, 22 mm de largeur et 4 mm d’épaisseur max. La dernière lacune est située en haut du cartouche hiéroglyphique. Elle mesure 35 mm de longueur max., 32 mm de largeur max. et 5 mm d’épaisseur.

108

Se reporter à la section Eclats de notre constat d’état.

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Fig. 119 et 120 : Détails des lacunes.

• ................ Autres altérations • Empoussièrement Une légère pellicule de poussière est visible sur la totalité de l’objet. Des amas de poussière sont incrustés dans certaines zones sculptées de la pièce, entre la joue et la perruque, autour des poignets, dans les lignes de gravure des inscriptions hiéroglyphiques ainsi que le long des joints de collage. Ces amas de poussière sont de couleur grisâtre et d’aspect granuleux. • Trous et aspérités Un trou d’air est situé à l’arrière et au milieu du mollet droit de la statuette. Il mesure 2 mm de profondeur, 2 mm de largeur et 4 mm de longueur. La glaçure revient à l’intérieur de la cavité.

Fig. 121 et 122 : Clichés microscopiques du trou d’air et du trou avec retour de glaçure.

Il y a également un trou circulaire sur l’arrière de l’épaule gauche, au niveau du sac de grains. Ce trou mesure 3 mm de diamètre et 1 mm de profondeur. L’intérieur de ce trou est complètement glaçuré. La présence de nombreux picots est généralisée sur l’ensemble de la surface à raison de 6 picots par cm2.

80


De nombreux petits nodules circulaires sont disséminés sur l’ensemble de l’objet. Ils mesurent au maximum 1 mm de diamètre, ils sont de couleur jaune clair, d’aspect rugueux et granuleux et très en relief. Des grains sont nichés dans certains trous ou incisions. Sur ces inclusions de grains, la glaçure semble alors se replier sur elle même.

Fig. 123 : Cliché microscopique de la glaçure qui se replie sur elle même et des inclusions de grains.

• Eclats Le pied de la statuette présente 4 éclats. L’éclat principal couvre en totalité le dessus du pied jusqu’à la base des chevilles. Il mesure 19 mm de longueur et 21 mm de largeur. Le second éclat se situe sur l’arrête droite du pilier et en couvre également le coin avant droit. Il mesure 19 mm de longueur et 6 mm de largeur.

Fig. 124 et 125 : Détails des éclats du pied.

Le troisième éclat se situe sur l’arrête gauche du pilier et comprend le coin arrière gauche. Il mesure 24 mm de longueur et 7 mm de largeur. Le quatrième éclat est situé sur le coin avant gauche et l’arrête gauche du pilier. Il mesure 12 mm de largeur et 4 mm de largeur. De nombreux petits éclats sont situés le long des lignes de cassure mesurant de 4 mm à 1 mm de longueur et 0,5 mm à 1 mm de largeur. Un éclat non traversant est situé sur la partie basse du pilier dorsal mesurant 4 mm de longueur, 3 mm de largeur et 1 mm de profondeur. Cet éclat est caractérisé par une forme circulaire irrégulière avec des bords sans glaçure inclinés vers le centre de l’éclat. Un des côtés du bord est droit et sans inclinaison. Le fond de l’éclat présente l’entrée d’une petite cavité située plus loin sous la surface. 81


Fig. 126 : Détail de l’éclat non traversant avec glaçure interne.

• Etat de surface Sur certaines zones la couche de vitrification a complètement disparue laissant la pâte intérieure à nu, notamment au niveau du dessus du pied109. La surface n’est pas brillante sauf sur la zone d’inscription hiéroglyphique, le dessous du socle et le devant des jambes et la partie inférieure du pilier dorsal. Cette matité se caractérise par un affadissement de la teinte bleue soutenue et revêt une teinte plus terne et tirant vers une version plus claire de la surface.

Fig. 127 : Vue horizontale avec dégradé de couleur et de matité.

• Dépôts Des dépôts sont visibles sur la surface. Ces amas se trouvent au dos de l’objet, sur le haut du crâne, sur la partie droite de la perruque sous l’oreille, sur la houe tenue du côté droit et dans les lignes de gravure des inscriptions hiéroglyphiques. Ils sont de couleur jaune clair à jaune foncé et en relief avec un aspect sableux et granuleux au toucher. Les amas principaux mesurent entre 12 mm de longueur max. et 8 mm de largeur max.

Fig. 128 et 129 : Amas sableux.

109

Se reporter à la section «Eclats» pour une description plus exhaustive de cette partie.

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• Anciennes interventions L’objet a été collé à l’aide d’une colle jaune à orange foncée. Elle est brillante et semble friable car au dessus des tessons du torse existe un très léger soulèvement en feuillet . Les traces de cette colle sont très apparentes et forment en particulier sur le torse de la statuette un amas épais en forme de bourrelet et petites bulles d’air y sont emprisonnées.

Fig. 130 : Détail du collage avec bourrelets de colle.

La colle a également débordé sur la pièce le long de la jambe droite sur le dessus du crâne et sur le visage. Des auréoles jaune foncé y sont disposées de part et d’autre de la ligne de cassure, en léger relief.

Fig. 131 et 132 : Détail de la perruque et des jambes avec traces de colle.

Des traces de colle jaune sont visibles sur les talons. Le collage présente de nombreux ressauts et l’emplacement des tessons n’est pas certain. La pièce présente également un marquage sous le socle. Le numéro 843 246 est inscrit à l’encre noire sur un film mat, collant au toucher et de couleur orangée. Des fibres de tissu sont enchevêtrées dans la colle du marquage.

Fig. 133 : Marquage.

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3. OUCHEBTI DE NEFER SETET • ................ Photographies

Fig. 134, 135, 136 et 137 : Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche de l’ouchebti de Nefer Setet.

Date du constat d’état : Lundi 6 Décembre 2010 Introduction • ................ Etat structurel de l’objet, description et localisation des fragments, des lacunes et des lignes de cassure • Fragments L’objet est composé de deux fragments. Le fragment principal est constitué de toute la partie supérieure du corps, de la tête au dessus des genoux et mesure 80 mm de hauteur, 35 mm de largeur et 21 mm d’épaisseur. Le second fragment est constitué des pieds, des mollets et des genoux et mesure 37 mm de hauteur, 15 mm de largeur et 24 mm d’épaisseur. • Lignes de cassure La ligne de cassure fracture l’objet en deux. Elle est hétérogène. Sur l’avant de l’objet elle est jointive, les bords sont réguliers avec un léger ressaut tandis que la ligne de cassure au niveau du pilier dorsal est irrégulière et non jointive. Des lacunes de différentes tailles sont néanmoins visibles le long de la ligne de la cassure110.

110

Voir la section « lacunes » pour une description détaillée.

84


Fig. 138, 139, 140 et 141 : Quatre vues du collage.

• Lacunes Il existe une lacune importante au niveau du pilier dorsal qui prend sa source à la ligne de cassure. Cette lacune mesure 25 mm le longueur, 10 mm de largeur et 1,2 mm de profondeur. Elle laisse la pâte complètement visible sur l’ensemble de sa surface.

Fig. 142 : Lacune du pilier dorsal.

L’objet présent également une lacune important qui occupe plus de la moitié du front et du haut de la perruque. Il manque la fin de la perruque sur le côté droit. Les outils aratoires droits sont lacunaires tandis qu’à gauche le haut de l’outil est absent.

Fig. 143 et 144 : Détails de la lacune de la tête.

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• ................ Autres altérations • Empoussièrement L’objet est exempt de poussière et de dépôts. • Eclats Un micro-éclat est situé sur la ligne de cassure au niveau des inscriptions hiéroglyphiques, deux autres se situent à la base du pilier dorsal.

Fig. 145 : Éclat sur la ligne de cassure au microscope.

• Trous et aspérités La présence de nombreux picots est généralisée sur l’ensemble de la surface de manière hétérogène. Un trou est situé au niveau du crâne avec la glaçure revenant vers l’intérieur. Il mesure 4 mm de diamètre et son centre laisse la pâte apparente. Un autre est situé sur la naissance de la bande d’inscription en « T », à droite du pilier dorsal. Il mesure 2 mm de diamètre et laisse apparaitre la pâte.

Fig. 146 : Trous dans la glaçure.

• Etat de surface Diverses incrustations sont visibles sur toute la surface dorsale de l’objet. Elles se caractérisent par de petits grains circulaires disséminés sur l’ensemble de la surface. Ces nodules mesurent au maximum 1 mm de diamètre, ils sont de couleur jaune clair, d’aspect rugueux et granuleux et légèrement en relief. Parfois, autour de ces grains, la glaçure semble alors se replier sur elle même

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Fig. 147 : Détail des nodules avec retour de glaçure.

La glaçure présente à de nombreux endroits une abrasion qui se caractérise par une légère perte de matière, sans laisser apparaître la pâte, avec un léger soulèvement en feuillet. Ces altérations sont disséminées sur la totalité de la surface.

Fig. 148 : Abrasion de la glaçure.

• Anciennes interventions L’objet à été collé à l’aide d’une colle jaune foncée. Elle est brillante et semble friable. Comme indiqué dans la section précédente, la ligne de cassure est hétérogène. Elle est jointive sur l’avant et non jointive au niveau du pilier. La colle déborde sur l’objet à l’avant. Un marquage est apposé sur la droite du socle. Les trois premiers chiffres du numéro d’inventaire sont illisibles car partiellement effacés mais des traces d’encre noire sur une couche de vernis sont visibles. Le vernis est brillant, d’un jaune soutenu et de même apparence que la colle de la cassure. Il ne s'effrite pas et adhère intimement à la glaçure.

Fig. 149 : Marquage.

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4. OUCHEBTI ANÉPIGRAPHE n° 843 224 • ................ Photographies

Fig. 150, 151, 152 et 153 : Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche.

Date du constat d’état : Lundi 6 Décembre 2010 • ................ Etat structurel de l’objet, description et localisation des morceaux, des lacunes et des lignes de cassure • Lacunes Il y a deux lacunes principales situées sur le côté droit de la statuette et deux micro-lacunes. La glaçure y a complètement disparu et la pâte blanchâtre est visible. La lacune la plus importante s’étend de la zone des chevilles jusqu’à mi-cuisse. Elle mesure 28 mm de longueur, 7 mm de largeur, et mesure 0,5 mm de profondeur. La seconde est située dans la continuité de la première, et s’étend au niveau du coude. Elle est de forme circulaire et mesure 10 mm de diamètre et 0,5 mm de profondeur. La première micro-lacune est visible sur la pointe gauche du pied. Elle est également circulaire, mesure 5 mm de diamètre et également 0,5 mm de profondeur. La pâte est également mise à nu. La seconde micro-lacune est situé à l’arrière de l’épaule gauche de la statuette. Elle est de forme ovale de 7 mm de diamètre maximum. Des grains blancs sont incrustés dans les aspérités de la pâte mise à nu.

88


Fig. 154 et 155 : Lacunes des jambes et du coude.

• ................ Autres altérations • Empoussièrement Aucun empoussièrement n’est visible sur cet objet. • Eclats Aucun éclat n’est visible sur cet objet. • Trous et aspérités Un trou est situé sur l’épaule droite avec la glaçure revenant vers l’intérieur. Il mesure 1 mm de diamètre. • Etat de surface L’état de la glaçure n’est pas uniforme. Sa texture et son aspect d’ensemble sont hétérogènes. Sur le visage et au milieu du torse elle est brillante et comporte de légères abrasions en feuillet ne laissant pas apparaître la pâte. Le reste de la glaçure est contractée et laisse apparaître une texture qui accroche au toucher et qui ne brille pas. Diverses incrustations sont visibles sur l’arrière de la tête, sur le bas du pilier et sous les pieds. Ces nodules sont de couleur jaune clair, d’aspect rugueux et granuleux et très en relief. Ils semblent intimement mêlés avec la glaçure de l’objet.

Fig. 156 et 157 : Vue du dessus de la tête et du dessous du pied avec altérations de la glaçure.

89


Un retrait de glaçure est visible sur le bas du pilier dorsal, laissant la pâte apparente. Des bulles d’air sont emprisonnées dans la glaçure sous le pied. La pièce présente deux traces d’une couleur orange vif, l’une sur le flanc droit, l’autre, plus petite sur le flanc gauche.

Fig. 158 et 159 : Traces orangées.

• Dépôts Aucun dépôt n’est présent sur cet objet. • Anciennes interventions Un marquage est apposé sur la gauche du socle. Le numéro 843.224 est inscrit à l’encre noire sur une couche de vernis. Le vernis est brillant, transparent et légèrement jaune, posé de manière uniforme. Il ne s'effrite pas et adhère fortement à l’objet.

Fig. 160 : Marquage.

90


5. OUCHEBTI ANÉPIGRAPHE n° 843 223 • ................ Photographies

Fig. 161, 162, 163 et 164: Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche.

Date du constat d’état : Lundi 6 Décembre 2010 • ................ Etat structurel de l’objet, description et localisation des morceaux, des lacunes et des lignes de cassure • Fentes L’objet présente deux fentes de taille et d’aspect similaires. La plus importante, dont le point de départ prend sa source à l’arrière du crâne, traverse la tempe droite et s’étend jusqu’à la pointe de l’oeil où elle se divise en deux. Cette fente mesure au total 8 mm de longueur max. Ses bords s’écartent et la glaçure revient vers l’intérieur de la fissure. La seconde fente est située au niveau de la jonction du pied et de la jambe, à l’avant de la statuette. Elle mesure 9 mm de long et, comme la précédente, avec la glaçure revenant vers l’intérieur de la fente.

Fig. 165 et 166 : Fissures de la tête et du pied.

91


• ................ Autres altérations • Empoussièrement Aucun empoussièrement n’est visible sur cet objet. • Trous et aspérités La présence de quelques picots est généralisée sur le dos de la surface de manière aléatoire. • Eclats Aucun éclat n’est visible sur cet objet. • Etat de surface Diverses irrégularités sont visibles sur toute la surface de l’objet et sous diverses formes. D’une part elles se caractérisent par de petits nodules circulaires disséminés sur le pilier dorsal. Ces nodules sont de couleur jaune clair, d’aspect rugueux et granuleux et très en relief. Ils semblent intimement mêlés avec la glaçure de l’objet. Autour de certains nodules, la glaçure semble se rétracter. Au même endroit que ces nodules, une trace orange foncée est visible.

Fig. 167 : État de la surface.

D’une autre part ces incrustations sont également organisées en plaque et semblent être de même nature que les nodules. Ces plaques sont uniquement localisées sur le dessous du pied de la statuette.

Fig. 168 : Vue des concrétions sous le pied.

92


Fig. 169 : Plaques en damier sur le pilier dorsal.

En ce qui concerne la couleur de la surface nous pouvons observer que certaines parties sont de couleur plus foncée que d’autres. Ces changements de couleur s’organisent en de petites taches rondes de surfaces différentes. La glaçure est semi brillante et laisse apercevoir des irisations violacées en particulier sur la coiffe et la moitié droite du visage.

Fig. 170 et 171 : Irisations de la glaçure.

• Dépôts Aucun dépôt n’est visible sur cet objet. • Anciennes interventions Un marquage est apposé sur la droite du socle. Le numéro 843.22? est inscrit à l’encre noire sur une couche de vernis. Le vernis est brillant, très jaune, posé de manière uniforme. Il ne s'effrite pas et adhère intimement à l’objet.

Fig. 172 : Marquage.

93


B. TESTS COMPLÉMENTAIRES À L’EXAMEN PRÉALABLE Cette série de tests complètent les constats d’état et permettent de mieux comprendre les altérations et leurs origines. En effet certaines altérations à des tests afin de déterminer leur nature et pouvoir ainsi établir un diagnostic précis. Les altérations testées afin de déterminer leur nature sont présentées dans l’ordre suivant : • Dépôts • Nodules circulaires et concrétions • Traces de peinture • Traces de colle, anciens marquages et badigeon • ................ Dépôts Les dépôts de surface d’aspect terreux et sableux sont testés à l’eau déminéralisée appliquée à l’aide d’un bâtonnet cotonné.

Fig. 173 : Détail du dépôt terreux.

Ces dépôts superficiels se sont tous solubilisés à l’eau déminéralisée. • ................ Nodules circulaires et concrétions Les deux types sont testés selon le même protocole. Un prélèvement est effectué au scalpel sur chaque objet présentant ce type d’altération. Le prélèvement est ensuite mis en contact avec de l’acide chlorhydrique à 10 %.

94


Fig. 174, 175 et 176 : Prélèvements et test à l’acide chlorhydrique.

Les prélèvements effectués sur les concrétions comme sur les nodules ne réagissent pas au contact de l’acide chlorhydrique. Aucun bouillonnement n’a été observé ce qui écarte l’appartenance des échantillons à un type de sel calcaire. Il s’agirait d’un bourgeonnement de sels insolubles en provenance de l’intérieur de la pièce. Ces bourgeonnements sont friables et s’éliminent facilement et sans forcer à l’aide de la lame du scalpel. • ................ Traces de peinture Elles sont testées à l’aide d’un bâtonnet cotonné légèrement imbibé d’eau déminéralisée. Elles se sont immédiatement solubilisées au contact de l’eau déminéralisée.

Fig. 177 : Test des traces de peinture.

• ................ Traces de colle, anciens marquages et badigeon Dans un premier temps les traces de colle sont soumises à des rayonnements ultra-violet dans une chambre noire . Chaque trace est ensuite soumise à un test de solubilisation à l’éthanol et les joints de collage sont légèrement éprouvés à la lame de scalpel afin de vérifier leur dureté.

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Clichés de l’ouchebti de Psammetique-Men :

Fig. 178, 179, 180 et 181 : Vues du joint de collage et du marquage.

Clichés de l’ouchebti de Semset :

Fig. 182, 183 et 184 : Vue du collage de face, du marquage et du joint de collage au niveau des jambes.

Clichés de l’ouchebti de Nefer Setet :

Fig. 185 : Vue du marquage et du joint de collage.

Fig. 186 : Vue du joint de collage.

96


Cliché de l’ouchebti anépigraphe n° 843 224 :

Fig. 187 : Marquage.

Cliché de l’ouchebti anépigraphe n° 843 223:

Fig. 188 : Marquage.

Les traces de colle observées sous rayonnement ultra-violet présentent la coloration orangée caractéristique de la gomme laque* lors de ce type d’examen et ce sur tous les objets et tous les marquages. Il est intéressant de noter que les teintes sont similaires mais que certaines sont beaucoup plus soutenues que d’autres et leur intensité varie. Ce diagnostic est validé par le fait que toutes les traces de colle et tous les marquages ont réagit en se ramollissant facilement au contact de l’éthanol. Les joints de collage de tous les objets se soulèvent facilement en feuillet sous l’action de la lame du scalpel.

Fig. 189 et 190 : Test d’extraction du marquage et du badigeon.

Seul le badigeon général de l’ouchebti de Psammétique-Men réagit différemment. Il se solubilise aussi à l’éthanol mais la réaction prend beaucoup plus de temps que les marquages et les traces de colle.

97


C. DIAGNOSTIC GÉNÉRAL Nous considérons le diagnostic de la manière suivante. Il s’agit d’établir la cause des altérations passées et d’envisager les futures altérations possibles. Nous y proposerons une réflexion sur les différentes causes impliquées dans l’état actuel des objets, qu’elles soient physiques ou chimiques, endogènes ou exogènes. Notre diagnostic sera global et tentera de mettre en lumière le rapport entre les différentes pièces. L’histoire commune du lot sera analysée ainsi que sa répercution sur l’état des objets. Le diagnostic est une phase essentielle à une bonne compréhension de l’oeuvre et de ses altérations. Les réflexions, hypothèses et conclusions produites durant cette étape permettront d’émettre une proposition de traitement tout en rappelant les objectifs de conservation-restauration. a. Altérations structurelles • ................ Origines endogènes des altérations structurelles Le procédé de cuisson aurait pu occasionner ou favoriser les cassures. Dégraissants trop volumineux, particules ou bulles d’air emprisonnées dans l’objet peuvent occasionner des fissures et induire une fragilité structurelle. Nous avons relevé bon nombre de ces fentes sur les ouchebtis de Semset et de Psammétique-Men . La cassure interne traversante de l’ouchebti de Semset semble prendre sa source au niveau d’un défaut de la pâte ce qui aurait pu très probablement en favoriser la rupture. La cassure de l’ouchebti de Psammétique-Men semble avoir été favorisée par la présence d’une particule dans l’objet. En effet, à certains endroits de la ligne de cassure la glaçure revient vers l’intérieur de la fente ce qui laisse penser que la cassure à cet endroit a été favorisée par ce défaut de fabrication. L’ouchebti frère de Psammétique-Men que nous avons retrouvé proposé aux enchères et présenté dans le chapitre I ne présente pas de cassure au niveau des genoux mais un bourrelet est visible à cet endroit. Cette similitude pourrait laisser présager d’un défaut de fabrication inhérent à la série, peut être présent sur le moule d’origine. • ................ Origine exogène des altérations structurelles Ce lot dans son intégralité a subit le bombardement du musée départemental de L’Oise durant la Seconde Guerre Mondiale. Sortis des décombres, il semble probable que les multiples cassures dont souffrent les cinq ouchebtis soient liées en partie à cet évènement. Cette hypothèse est étayée par Pierrick Brihaye111 dans sa thèse de fin d’études de muséologie. Le musée a perdu de nombreux objets lors de ce bombardement. 111

BRIHAYE, 1989, p. 65 à 60

98


La cause principale des cassures, des éclats et des lacunes semble donc être cet évènement d’origine exogène. L’ouchebti de la Dame de Semset est, au vu de ces nombreuses cassures et lacunes, la pièce ayant le plus souffert de cette cause. Nous ne connaissons pas exactement le déroulement du bombardement et il n’existe pas de relevé particulier des altérations après l’évènement. Cependant il est peu probable que les pièces aient fait l’objet d’un don au musée dans l’état actuel, ce qui vient corroborer l’hypothèse générale du bombardement comme cause de dégradation principale. Cependant en l’absence de données exactes, une cassure lors de l’enfouissement ou des fouilles peut également être envisagée. Il est à souligner que dans le cadre de leur rôle psychopompe et du travail qui leur était dévolu dans l’au delà, le nombre d’ouchebtis était particulièrement important. Ainsi, parfois ayant peu de moyens, certains Égyptiens n’hésitaient pas à « casser en deux » un ouchebti pour correspondre au nombre désiré de ces « travailleurs d’éternité »112. L’hypothèse s’est donc posée ici, notamment pour l’ouchebti de Psammétique-Men. Cependant au vu de l’importance des pièces et du niveau social supérieur des commanditaires, cette hypothèse est clairement écartée. b. Altérations de la surface • ................ Les altérations de la vitrification, une cause exogène Tout ce qui est vitrifié peut connaître des altérations proche de celle des objets en verre du fait d’une structure moléculaire très proche. Ainsi les altérations principales de la vitrification sont les suivantes : « Les altérations se manifestent essentiellement par la présence de dépôts blanchâtres, de croûtes sombres, de cratères de délitement de pellicules, d’irisations. L’hydratation de la surface du verre est à l’origine de ces manifestations 113. » L’ouchebti anépigraphe n° 843 223 présente toutes les altérations citées ci-dessus mis à part le délitement de pellicules. Des irisations, des dépôts blanchâtres, des croûtes et des cratères sont visibles sur toute la surface de l’objet. Les cinq ouchebtis présentent tous des délitements en pellicules de la surface ainsi que certaines zones de dépôts blanchâtres. Ces altérations peuvent être consécutives à une conservation en milieu humide post-fouille, que ce soit en Égypte, dans les anciennes réserves du Musée de Beauvais (caves) où chez leur précédent propriétaire. Un arrosage pour éteindre le feu lors de l'incendie est également envisageable mais nous ne connaissons

112 113

Information récoltée auprès de Jean Rougemont. ÉCOMUSÉE DE L’AVESNOIS, 2007. p 17 et 18.

99


pas la chronologie des évènements. Les oeuvres ont elles été sorties des décombres tout de suite après l’incendie? Sont elles restées en place un certain temps dans un milieu humide? Le phénomène d’irisation est assujetti aux propriétés optiques des matériaux vitrifiés. Le verre est un milieu isotrope, ses propriétés optiques sont donc invariantes dans toutes les directions. SI à la suite d’une attaque chimique la structure de la surface est modifiée, la propagation de la lumière le sera aussi. C’est a ce moment là que des teintes parasites appelées irisations apparaissent : par réflexion les teintes seront bleues ou violettes, par transmission elles seront orangées. Toujours d’après Marie Berducou114, ce sont là les symptômes d’une dégradation relativement faible du verre et qui concerne la surface. Ce phénomène est un des grades les moins sévères de la corrosion du verre après la phase « nuagée » caractérisée par un ternissement, dépolissage et matification de la surface vitrifiée. La matité de certaines zones sur les statuettes peut donc résulter d’une altération physique du verre causé par l’enfouissement et le contact de l’humidité surtout lorsque ces altérations sont accompagnées d’irisations caractéristiques. Ce phénomène doit être contrôlé pour stopper son développement dans le temps. Cependant, le passé étant incertain, nous ne pouvons écarter les autres possibilités, comme de simples défauts de fabrication dus à un processus mal conduit où les efflorescences n’ont pas pu parfaitement migrer. Un lessivage durant l’enfouissement dans le sable qui est abrasif pour les surface peut également être envisagé. • ................ Coups de feu L’incendie provoqué par le bombardement pourrait également expliqué certains coups de feu même si l’hypothèse paraît peu probable tant des coups de feu, dus à une cuisson mal maîtrisée, sont fréquents sur les serviteurs funéraires en général. • ................ Anciennes interventions D’après les écrits de Pierrick Brihaye115 , les anciennes interventions ont été,, menées après le bombardement. Ainsi, il est peut être envisageable d’imaginer qu’elles ont été faites dans un contexte d’urgence, pour préserver les différents morceaux ensembles et ne pas les égarer. Ceci pourrait expliquer les collages approximatifs, les bourrelets de colle et le peu de soin général de ces interventions. Les colles utilisées sur les différents objets semblent avoir la même composition. Elles ont la même texture. Elles se solubilisent toutes à l’éthanol et réagissent également de la même manière à l’examen au rayonnement ultra-violet avec cependant des nuances de tons. Cela pourrait être dû à une différence de

114

BERDUCOU, 1990. p. 135.

115

BRIHAYE, 1989, p. 65 à 60

100


dilution car nous savons que la gomme laque pouvait être fabriquée à différentes concentrations 116, ce qui explique les différences de couleur sous rayonnement ultra-violet. Également connue sous le nom de résine laque, elle provient de la sécrétion d’un insecte de la famille des coccidés (cochenille). À partir de la laque en bâton formée par les insectes, les paillettes sont obtenues par tamisage, broyage, lavage et purification par dissolution à chaud dans de l’éthanol. La gomme laque était une colle très utilisée en restauration de céramique au XIX

ème

siècle car elle permettait d’effectuer des collages insensibles à

l’humidité et très solides, la gomme laque créant de très fortes liaisons chimiques avec l’objet. Le vieillissement de cette résine provoque des dégradations qui se manifestent par la formation d’un film cassant, observé sur tous les ouchebtis, et par son insolubilité accrue dans le temps. Ces dégradations sont liées à la formation d’un réseau tridimensionnel où les groupes aldéhydes sont graduellement oxydés et forment alors des groupes carboxyliques. Ces groupes réagissent avec les groupes hydroxydes pour former les esters impliquant une réticulation des molécules et donc une augmentation du poids moléculaire. Cette réticulation induit une diminution de la solubilité des molécules dans les alcools 117. L’ouchebti de Psammétique-Men présente également un dépôt généralisé sur la presque totalité de sa surface. Ce dépôt jaunâtre, de part sa disposition, pourrait également être une ancienne intervention. Il était fréquent au XIX ème siècle de recouvrir certains objets d’un vernis (gomme laque par exemple) pour leur redonner brillance et un aspect plus « neuf ». Cela aurait pu être le cas de cet objet, la couche étant uniforme. Le badigeon ayant vieillit il aurait pu présenter ce type d’aspect jaunâtre. Deux observations similaires ont été relevées par Christine Pariselle dans son rapport de restauration118 sur un ouchebti où elle note un « dépôt cireux utilisé pour le collage et probablement la consolidation » et sur un autre où « La surface était maculée par des dépôts abondants et brunâtres ( intervention antérieure de consolidation de surface).» Le test montre que ce badigeon se solubilise à l’éthanol mais nécessite plus de temps, comme si la résine avait pénétré en profondeur dans la glaçure hétérogène de l’objet. • ................ Traces de corrosion, endogènes ou exogènes ? Les diverses traces orangées observées peuvent avoir été causées de deux manières différentes. Elles sont soit exogènes soit endogènes. L’origine exogène suggère que les statuettes aient été en contact avec un élément métallique durant l’enfouissement. Toujours dans l’hypothèse exogène, d'anciens soclages métalliques pourraient avoir été impliqués, notamment sur l’ouchebti anépigraphe n° 843 224 ou les traces sont réparties de manière régulière à un endroit propice au soclage.

116

THIAUCOURT, 1868. p.11

117

EMILE, 2007 PARISELLE, 2004 (2)

118

101


L’origine endogène suggère la possibilité que les oxydes de fer contenus initialement dans la pâte et principal constituant de la glaçure n’aient pas correctement migré et se soient agglutinés à un certain endroit de la statuette. • ................ Dépôts et nodules Les techniques de fabrication sont donc un élément important à prendre en considération lors du diagnostic. En effet, dans le cas de notre lot, elles expliquent certaines altérations qui pourraient au premier abord passer pour des dépôts extérieurs. Les plaques de concrétions relevées se confondent avec les nodules de même couleur et de même texture. Grâce à l’étude technologique et aux tests menés, nous savons à présent que les pièces étaient parfois posées sur une paillasse composée de fétus de paille ou composée de bon nombre de grains de sable ou chamotte. Les objets étaient même parfois posés sur du sable durant la cuisson. Ces grains auraient alors pu, au contact de l’objet, se mêler à sa surface et entamer un processus de vitrification ou du moins d’adhésion au corps de l’objet. Sans parvenir au stade final de la modification moléculaire à cause du refroidissement, ces grains se seraient juste intimement mêlés à la surface de l’objet, créant ainsi les nodules observés et créant ce « retrait de glaçure ». Ces altérations sont très fréquentes sur les serviteurs funéraires et Jean Rougemont possède dans sa collection un ouchebti présentant au dos l’empreinte de la trame d’un tissu. Un bourgeonnement de sels alcalins en provenance de l'intérieur de la pièce peut également expliquer certains dépôts. En effet, lors de retrait de glaçure ou de vitrification défectueuse, les sels peuvent, en continuant leur migration originelle, migrer vers l’extérieur et former ainsi des concrétions et bourgeonnements observés au sommet des nodules et aux pied de l’ouchebti anépigraphe n° 843 223. • ................ Sels insolubles avérés, sels solubles suspectés. La présence de sels insolubles est avérée sur nos objets, lors de petites concrétions au niveau de retraits de glaçures ou de nodules. Ces concrétions sont caractérisées par un aspect blanchâtre et légèrement pulvérulent, qui se délite sous la lame du scalpel mais ne réagissent pas au test à l’acide chlorhydrique. La présence de sels solubles est suspectée. Cette présence est d’origine endogène puisque ces sels entrent dans la composition de la pâte sous forme de carbonate de sodium ou de soude. Rappelons que de la chaux et des alcalis sont également intégrés à la pâte. Nos objets ne sont pas atteints gravement par le retour d’efflorescences. Tout au plus quelques bourgeonnements bénins au niveau des retraits de glaçure et de certains nodules. La quantité était si faible qu’aucun prélèvement n’a pu être effectué. Mais dans le cadre de l’information et de la prévention, nous trouvons utile de rappeler cet extrait de l’analyse

102


demandée par Christine Pariselle pour un des ouchebtis provenant du musée de Bargoin119 et ayant implosé sous l’effet de la cristallisation des sels contenus dans sa pâte: « Les concentrations en sels de l’échantillon analysé sont élevées et sont représentées par les sulfates majoritairement, la teneur en chlorure étant proche de la valeur limite de salinité couramment admise pour cet anion. Le seul cation dosé en quantité importante est le sodium et par conséquent les espèces salines susceptibles de cristalliser sont de type sulfate de sodium (thénardite-mirabillite) et de type chlorure de sodium (halite) en plus faible proportion. » Deux aspects sont à considérer concernant les sels : • Le premier met en lumière le fait qu’il s’agit de composés endogènes et inclus dès la fabrication des ouchebtis par les artisans de l’ancienne Égypte. • Le second souligne le fait que ces composés peuvent être destructifs pour les objets lors de cristallisations liées à l'humidité où aux changements de conditions environnementales. Le questionnement qui en découle est le suivant : Peut-on déontologiquement extraire un composé présent à l’origine et qui a contribué à la fabrication de l’objet si celui-ci présente des risques pour son futur ? Ce questionnement rejoint celui de Régis Bertholon car il présente les trois aspects de la vie de l’objet, son passé, son présent et son futur. La réponse réside donc dans le présent. En effet, si l’objet ne présente pas d’altérations ou d’état alarmant dû à la présence de ses constituants, il faut envisager le futur de l’objet à travers des mesures de conservation préventive qui contrôlerons les conditions environnementales de l’objet ce qui empêchera la cristallisation des sels et donc ne rendra pas nécessaire leur extraction.

119

Le rapport d’analyse est disponible en intégralité dans les annexes p. 255-256 grâce à l’aimable autorisation de Christine Pariselle, restauratrice au C2RMF.

103


CONCLUSION D’ENSEMBLE Grâce à l’étude technologique, aux constats d’état et au diagnostic nous pouvons catégoriser dès lors les altérations. Cette catégorisation a ses limites car elle montre qu’il est parfois impossible de déterminer l'appartenance d’une altération à un groupe par manque d’information sur l’histoire matérielle de l’objet. Ainsi nous avons : les altérations constitutives qui sont dues aux éléments constitutifs des pâtes, les altérations technologiques qui sont survenues durant la fabrication, les altérations contextuelles qui concernent les altérations dues au contexte d’enfouissement, aux conditions de conservation et aux évènements humains extérieurs et enfin les altérations d’intervention qui ont trait aux diverses interventions de marquage et de restauration effectuées sur les objets.

Les altérations

Les altérations

Les altérations

Les altérations

constitutives

technologiques

contextuelles

d’intervention

Ruptures/cassures

X

X

Eclats

X

X

Trous avec retour de glaçure

X

Nodules circulaires avec ou sans bourgeonnement de sels

X

X

Fissures et craquelures

X

Coups de feu

X

Dépôts terreux

X X

Badigeon de gomme laque

X

Marquage

X

Etiquette

X

Collage à la gomme laque

X

Traces d’oxydation

X

Sels

X

X

X

Tableau n° 2 : Catégorisation des problématiques rencontrées en type d’altérations.

104


En tout état de cause, les cinq ouchebtis présentent un ensemble d’altérations cohérent. Ils ont subi de manière assez similaire les outrages du temps et leur histoire commune au sein des collections du Musée Départemental de l’Oise est mise en exergue par ces altérations. Cette homogénéité des altérations permet de proposer une restauration de groupe cohérente en accord avec les objectifs de conservation-restauration que nous allons à présent expliciter et à la suite desquels nous pourrons formuler notre proposition de traitement. Il faut également considérer que le diagnostic peut être continuellement remis en cause durant la phase de mise en oeuvre des traitements de conservation-restauration. Ces nouvelles observations seront alors soumises à un examen critique permettant de confirmer, préciser ou infirmer le premier diagnostic. Notre conception de la restauration admet un « traitement par lot » mais considère chaque objet de manière unique. Voici donc un tableau récapitulatif des altérations présentes sur chaque ouchebti.

Ouchebti de PsammétiqueMen

Ouchebti de Semset

Ouchebti

Ouchebti anépigraphe n° 843 224

Ouchebti anépigraphe n° 843 223

X

X

Couche superficielle de terre ou de sable

X

Badigeon de gomme laque

X

Etiquette

X

Ancien marquage à la gomme laque

X

X

X

Ancien collage à la gomme laque

X

X

X

Nodules circulaires avec bourgeonnement

X

Traces d’oxydation

X

Coups de feu

X

Surface vitrifiée de la glaçure fragilisée

X

X

X

X

X

Irisations de la surface de la glaçure Lacunes

X

X

X

X

Tableau n° 3 : Tableau récapitulatif des différentes altérations par ouchebtis.

105


D. DÉTERMINATION DES OBJECTIFS DE CONSERVATION-RESTAURATION Définir les objectifs de conservation-restauration permet de répondre aux interrogation suivantes : • Quels sont les problèmes auxquels nous voulons tenter de remédier? • Quels sont les attentes en terme d’aspect final de l’objet par rapport aux souhaits du commanditaire et de la destination des objets? Les objets, sous la responsabilité de Vincent Blanchard, nous ont été confiés pour restauration dans le cadre de leur transfert du musée départemental de l’Oise au musée Antoine Vivenel de Compiègne. Le cursus actuel dans lequel ces pièces s’inscrivent requière à la fois une préoccupation conservatoire évidente qui défini le degré d’urgence d’intervention ainsi que des préoccupations d’ordre esthétique et muséale puisqu’il est primordial de veiller à rendre aux objets leur lisibilité en vue de leur exposition au sein de la collection égyptienne du musée Antoine Vivenel de Compiègne. Nos discussions avec le responsable des oeuvres nous ont amené à fixer les objectifs suivants concernant les objets : intervenir pour conserver le message culturel et scientifique de l’objet et intervenir pour présenter les objets dans le cadre de l’exposition des objets au grand public, dans une démarche respectant la déontologie de notre profession. Le commanditaire nous a alors délégué les choix de restauration en regard de ces objectifs principaux. De ces grands axes découlent donc les objectifs suivants :

Intervenir pour conserver le

Intervenir pour rétablir la

message culturel de l’objet

lisibilité et l’esthétique dans le

(cohésion de la matière, stabilité,

cadre de l’exposition des objets au

lisibilité)

grand public

Dérestaurer / Nettoyer

Rétablir la lisibilité des objets ( comblement )

Remonter/Coller

Réintégration picturale esthétique

Protéger

Soclage

Proposer des mesures de conservations préventives Tableau n° 4 : Classifications des objectifs de restauration.

106


Nous pouvons donc dès à présent formuler la proposition de traitement générale pour les ouchebtis qui constituera le socle de notre intervention:

Proposition de traitement générale • Prise en charge et sécurisation du conditionnement des objets • Nettoyage et dérestauration • Consolidation • Remontage • Comblement afin d’assurer la structure générale • Réintégration picturale • Soclage Tableau n° 5 : Proposition de traitement générale.

Ainsi, après avoir proposé une prise en charge répondant à toutes les normes de conservation-préventive nous nettoierons les objets afin de leur rendre lisibilité et stabilité. Nous assurerons ainsi leur conservation en limitant le processus d’écaillage et de délitement des surfaces en procédant à leur consolidation. Les objets seront alors remontés et collés avec une résine adéquate afin de leur rendre leur unité et d’éviter tout risque d’égarer un morceau. Les objets seront alors comblés afin de leur rendre leur unité visuelle potentielle et d’assurer leur maintien structurel.

107


II. INTERVENTION DE CONSERVATION-RESTAURATION Nous avons choisi d’intégrer dans cette deuxième partie à la fois les propositions de traitement et leur mise en oeuvre. Ceci, dans un soucis de clarté et de simplicité, permet également d’intégrer les changements de diagnostic et donc de protocole au fur et à mesure des interventions. Chaque type d’intervention sera décrit de la manière suivante : • Réflexion/tests/protocole • Mise en oeuvre. A. CONCEPTION DE CONDITIONNEMENT POUR MOUVEMENT ET STOCKAGE DES OEUVRES Dans une démarche de prévention, nous avons voulu, avant toute étude, manipulation ou intervention, concevoir un conditionnement prévenant toute altération pour les objets qui nous ont été confiés120. Pour ce faire nous avons tout d’abord déterminé et anticipé les risques encourus pour pouvoir alors développer un cahier des charges pertinent. 1. BESOINS, ANTICIPATION DES RISQUES ET CAHIER DES CHARGES a. Anticipation des risques généraux • Chocs • Coups • Chutes (du plan de travail, de l'armoire) • Projections (eau, solvant, peinture) • Poussière (particules en suspension liées aux travaux de restauration de l’atelier) • Matière du support inadaptée (couleur qui déteint, acidité, adhésion à l'objet) • Vol Pour répondre au mieux et de manière la plus appropriée à ces risques nous nous sommes penchés sur la conception de deux systèmes indépendants. Ainsi, dans un premier temps nous avons conçu une boîte de conservation et de transport permettant à la fois de manipuler, conserver et transporter les objets tandis que dans un deuxième temps, nous avons conçu une enceinte nous permettant de laisser sécher les objets en toute sécurité après une intervention. Pour cela nous avons tout d’abord formulé un cahier des charges pour chacun des deux systèmes. 120

Cette disposition a été prise pour les onze ouchebtis.

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b. Cahier des charges pour chaque complexe • ................ Cahier des charges pour le complexe de travail, de conservation et de transport • Permettre à l'objet d'être calé •

Protéger l'objet du contact de la table

Eviter des pertes de tessons composites une fois l’objet démonté

Eviter toute glissade inopportune

Permettre de saisir l'objet de façon franche sans instabilité et sans forcer

Permettre de disposer les fragments de l'objet une fois démonté

Conserver l'objet à long terme

Transporter l'objet

• ................ Cahier des charges pour le complexe de séchage • Permettre à l'objet de sécher •

Protéger l'objet de toute poussière volatile ou projections

Eviter des pertes de tessons composites une fois l’objet démonté

Eviter toute glissade inopportune

Ne pas adhérer à l'objet si encore humide ou collant

Permettre de disposer les fragments de l'objet une fois démonté 2. PRODUITS UTILISÉS POUR LA CONFECTION DES DEUX SUPPORTS

• Mousse polyéthylène121. • Boîtes en plastique polyéthylène. • Revêtements en papier Tyvek® pour isoler l’objet de le mousse durant son séchage. Ce papier offre une excellente étanchéité et n’adhère pas aux éventuelles traces de colle ou de peinture car sa structure est intissée. Il résiste de plus à l’acétone. • Pulpe de papier améliorant et optimisant le séchage. • Papier buvard blanc 250 g122 .

121

Le polyéthylène est un polymère de synthèse de nature parrafinique ce qui induit une grande inertie chimique et présente donc un intérêt évident en conservation préventive. 122 La papier buvard blanc est fabriqué avec des pâtes chimiques blanchies, sans lignine, sans acide, sans azurant optique. Sa propriété principale est une très bonne capacité d'absorption. Il est utilisé pour le séchage des documents après restauration.

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3. MISE EN OEUVRE a. Description du complexe de travail, de conservation et de transport Nous avons aménagé l’intérieur d’une boîte avec de la mousse polyéthylène. Des niches ont été creusées dans la mousse à la taille de chaque ouchebti. Ils sont ainsi maintenu en position horizontale et sécuritaire. Un système de bandelettes en papier Tyvek® permet d’extraire les objets de leur niche sans efforts et sans déséquilibre.Un coussin en mousse et aux dimensions de la boîte permet lors de la fermeture de caler les objets afin que lors du transport ils ne puissent sortir de leur niche. Le système de fermeture est assuré par deux clips solides. Ainsi, cette boîte remplit toutes les conditions de conservation préventive inhérentes à la manipulation, au transport et à la future conservation des ouchebtis.

Fig. 191 : Complexe de travail, de conservation et de transport fermé.

Fig. 192 et 193 : Vues des niches intérieures.

b. Description de l’enceinte de séchage Il s’agit d’une boîte tiroir en polyéthylène dans laquelle nous avons disposé une base en pulpe de papier pour aider à l’élimination de l’humidité sur laquelle est apposé un revêtement spécial en papier buvard pour optimiser le séchage. Des sachets de gels de silice ont également été placés dans la boîte afin d’éliminer l’humidité pouvant être dommageable. Le tiroir permet un accès facile aux objets afin de 110


contrôler leur séchage. Ce support permet donc de laisser sécher les objet en toute sécurité durant les différentes phases de la restauration.

Fig. 194 : Vue de l’enceinte de séchage.

B. DÉPOSE DE L’ÉTIQUETTE DE L’OUCHEBTI DE PSAMMÉTIQUE-MEN 1. RÉFLEXION ET TESTS Les étiquettes, témoins de l’histoire matérielle de l’objet et de son histoire doivent être préservées pour leur valeur historique évidente. L’étiquette de l’ouchebti de Psammétique-Men doit être déposée avant tout nettoyage afin d’être préservée et de ne pas être altérée par les futures interventions. Après avoir pris soin de se documenter auprès de restaurateurs en arts graphiques, nous avons pu établir la proposition de traitement suivante : Il faut tout d’abord tester les écritures pour s’assurer que l’encre ne se dissout pas à l’eau et à l’éthanol et tester également la résistance du support à ces solvants. L’encre et le papier seront testés à l’aide d’un bâtonnet cotonné imbibé d’une solution d’eau déminéralisée à 50 % dans de l’éthanol. L’étiquette sera légèrement tamponnée à l’aide du bâtonnet. Le résultat sera observé à la loupe. Si un transfert d’encre est observé sur le bâtonnet cela signifie qu’il faut envisager un autre solvant. Si le papier se défibre au passage du bâtonnet cotonné, cela signifie qu’il est très sensible et qu’il faut envisager une technique intégrant le moins possible l’usage mécanique d’un ustensile en métal.

Encre

Support

Sensibilité à la solution

Aucun transfert ni solubilisation observée

Gonfle légèrement dès humidification

Sensibilité à la manipulation

Aucun transfert ni solubilisation observée

Se défibre

Tableau n° 6 : Tableau de résultats des tests de sensibilité de l’étiquette à la solution et à la manipulation.

111


Puisque le papier de l’étiquette est très sensible à l’eau, il est préférable d’utiliser un gel de Klucel G à 40 % uniquement dans de l’éthanol. Le Klucel G est une résine synthétique utilisée en conservationrestauration de tableaux et d’arts graphiques. Il s’agit d’hydroxypropylcellulose pure. Le Klucel G est soluble à la fois dans l’eau, dans les solvants organiques polaires ou dans les mélanges acétone/eau et éthanol/eau. Cette résine est réversible dans l’eau même après séchage. En conservation-restauration de céramiques nous connaissons son utilité dans le cadre d'élaborations de cataplasmes ou de gels utilisés comme véhicules des traitements de nettoyage ou dessalement. Ces gels sont utilisés également dans le cadre de l’extraction par capillarité de corps solubilisés. Ce gel servira donc a réactiver la colle de l’étiquette en douceur et permettre ainsi de l’ôter sans la déchirer en en décollant les coins à l’aide d’un plioir. 2. PROTOCOLE • Un morceau de papier intissé, est préalablement appliqué sur l’étiquette. Le gel est ensuite appliqué à l’aide d’une spatule sur la totalité de la surface de l’étiquette. Un temps de pose est observé pour laisser agir le cataplasme. • Un morceau de papier japon est préparé pour pourvoir recueillir l’étiquette une fois enlevée et faire également office de futur doublage qui favorisera la conservation de l’étiquette dans le temps. • A l’aide d’un plioir en os, moins agressif qu’un scalpel, les bords de l’étiquettes seront délicatement soulevés. • Une fois ôtée de l’objet elle sera ensuite déposée sur le deuxième morceau de papier japon 17g. La première feuille de papier intissé sera alors ôtée et l’étiquette sera mise à sécher sous poids entre deux feuilles de papier buvard blanc 250 g comme explicité dans le schéma suivant. • Pour préserver l’étiquette, témoin de l’histoire de l’objet, nous fabriquerons une pochette de conservation adéquate à l’aide de papier Mylar® et de papier buvard contrôlé sans acide.

Fig. 195 : Dispositif de séchage de l’étiquette schématisé.

112


3. MISE EN OEUVRE L’intervention n’a pas présenté de difficulté majeure. Le gel de Klucel G à 40 % dans de l’éthanol a été préparé et appliqué selon le protocole. La colle de l’étiquette a nécessité un temps de pause de 12 h avant de se solubiliser. Nous avons pu facilement soulever les coins de l’étiquette avec le plioir et passer une spatule sous l’étiquette sans dommages. Le séchage a été effectué comme préconisé dans le protocole et l’étiquette a été doublée avec du papier japon 17g.

Fig. 196 et 197 : Retrait en court et étiquette après séchage.

Une fois l’étiquette sèche nous avons pu l’insérer dans une pochette de conservation fabriquée à cet effet en papier Mylar®et en papier buvard afin d’en protéger au mieux les informations.

Fig. 198 : Conditionnement de l’étiquette.

C. NETTOYAGE DE SURFACE 1. RÉFLEXION ET TESTS Pourquoi nettoyer et dérestaurer? Qu’est-ce que la dérestauration ? Marie Berducou définit la dérestauration comme « l’élimination ou la dépose des matériaux qu’une précédente intervention de restauration a laissé sur un bien culturel123 ». En ce sens, le restaurateur doit déterminer quels sont les apports historiques de cette ancienne intervention comme le suggère Marie Emile dans sa réflexion sur la

123

BERDUCOU, 2001. p. 214

113


dérestauration des céramiques et des verres 124. C’est en ce sens que nous avons déposé et conservé l’étiquette, porteuse d’un message historique. C’est également dans cette optique que les collages approximatifs à la gomme laque seront éliminés car ils ne portent pas d’information historique ou culturelle d’importance. Avant tout nettoyage, il est donc important de réfléchir à tout ce qu’il implique. Sa mise en oeuvre constitue une action irréversible. Le nettoyage doit être conduit en tout premier lieu dans le cadre de la préservation de l’objet et l’on doit constamment mettre en balance l’utilité et l'intérêt de toutes les entreprises de nettoyage avec les risques qu’elles peuvent représenter pour l’objet. Le nettoyage peut être effectué principalement de deux façons : par des moyens mécaniques ou chimiques. Il faudra exclure toute action enlevant la visibilité ou la possibilité de contrôle des moyens de nettoyage. Dans le cas de nos cinq ouchebtis, le nettoyage se justifie par divers aspects. L’élimination des marquages à la gomme laque s’impose par leur inesthétisme, par l’aspect intrusif et pénétrant de cette colle jusque dans la pâte et par le fait qu’ils ne sont pour certains plus lisibles. Il en va de même pour les collages. En effet ceux-ci présentent un pouvoir adhésif amoindri causé par le vieillissement de la colle et présentent de nombreux ressauts et bourrelets qui gênent la lisibilité des objets en attirant le regard sur des masses oranges foncées. L’élimination des dépôts superficiels de sable et de poussière ainsi que des badigeons de gomme laque permettront de pouvoir mieux apprécier les qualités esthétiques de l’objet et surtout de procéder par la suite à une consolidation efficace de la surface de chaque ouchebti. En ce qui concerne les sels solubles, nous avons choisi de ne pas procéder à une extraction complète et en profondeur des objets en raison de leur présence inhérente à leur fabrication. Ils ne présentent pas à l’heure actuelle de danger immédiat pour les objets et des recommandations sur les conditions environnementales de conservation garantiront leur stabilité. Pour les sels insolubles rencontrés en surface, nous procéderons à une simple abrasion au scalpel. • ................ Tests Nous savons déjà grâce aux tests menés lors du diagnostic que : • Les amas terreux et sableux se solubilisent à l’eau déminéralisée • Les anciens marquages de solubilisent à l’éthanol • Le badigeon de gomme laque de l’ouchebti de Psammétique-Men se solubilise à l’éthanol moyennant un long temps de pause 124

EMILE, 2007

114


• Les traces de peinture bleue se solubilisent à l’eau • Les joints de collage sont friables et cassants, se soulevant en feuillets sous l’action du scalpel • Les bourgeonnements et concrétions de sels insolubles se délitent facilement et sans forcer au passage du scalpel Afin de compléter ces tests et de pouvoir rédiger un protocole précis, il nous faut tester l’extraction des traces d’oxydation visibles à la surface de l’ouchebti de Psammétique-Men et de l’ouchebti anépigraphe n°1. Nous avons donc testé sur les deux traces un cataplasme une solution d’acide oxalique à 40% dans de l’éthanol.

Fig. 199 et 200 : Test des traces d’oxydation à l’acide oxalique.

Un transfert orangé a été observé sur le coton signifiant que l’acide oxalique en solution solubilise les traces d’oxydation des deux ouchebtis. 2. PROTOCOLE DE NETTOYAGE DE SURFACE • ................ Extraction des amas terreux et sableux Les amas se solubilisent parfaitement à l’eau déminéralisée. Pour éviter toute rayure ou grattage trop intense au scalpel, les amas seront humidifiés à l’eau déminéralisée puis retirés à l’aide d’un bâtonnet cotonné. Les derniers résidus les plus résistants seront alors éliminés au scalpel et un gommage à la gomme Wishab® ( CTS France) viendra conclure ce traitement en douceur en éliminant les dernières particules. • ................ Retrait des marquages Les marquages à la gomme laque seront nettoyés à l’aide d’un bâtonnet cotonné imbibé d’éthanol. • ................ Retrait du badigeon de gomme laque Une simple intervention au bâtonnet cotonné paraît trop faible par rapport à l’incrustation des traces et d’après le test mené précédemment. Afin d’optimiser le traitement et ce sans action mécanique pouvant 115


abîmer la surface fragile de l’ouchebti, nous préconisons l’utilisation d’un gel afin de contrôler la pénétration du solvant. Les éthers de cellulose sont connus pour leur potentiel très absorbant. Ils sont utilisés en restauration d’arts graphiques car ils transmettent très peu de liquide au support évitant ainsi la formation d’auréoles. Comme nous l’avons constaté, les propriétés particulières de nos objets les rendent propices aux migrations. Nous avons donc opté pour l’utilisation d’un gel de Klucel G à 40% dans de l’éthanol afin de favoriser l’extraction et éviter d’encourager toute migration interne de la gomme laque ainsi solubilisée. Le gel sera appliqué à la spatule sur les surfaces à traiter. Il sera éliminer au coton et à l’eau déminéralisée. • ................ Surplus de colle et bourrelets Il seront éliminés afin de mieux pouvoir observer les joints de collage et appréhender ainsi plus facilement la phase de dérestauration. Ils seront extraits avec un léger grattage au scalpel car la colle se soulève en feuillets et n’a plus d’adhérence avec l’objet à ces endroits. • ................ Traces d’oxydation Comme pour l’extraction du badigeon, l’utilisation d’un gel de Klucel G à 40 % dans de l’eau déminéralisée en tant que véhicule de la solution d’acide oxalique est préconisée. L'acide oxalique de structure HOOC-COOH est le plus simple des acides dicarboxyliques aliphatiques. Il est un des acides préconisés pour l’extraction des traces de corrosion en restauration céramique et il est connu depuis l’antiquité pour ses propriétés anti-corrosives car il fait partie des acides inhibiteurs de corrosion. L’acide oxalique sera donc inclus dans ce gel à hauteur de 40 %. Le gel sera appliqué sur les traces d’oxydation et des vérifications seront effectuées tout au long du traitement. • ................ Extraction des bourgeonnements et concrétions de sels insolubles Nous proposons de les extraire grâce à une action très légère d’abrasion avec la lame d’un scalpel. 3. MISE EN OEUVRE • ................ Extraction des amas terreux et sableux L’extraction des amas terreux et sableux n’a présenté aucun obstacle. Ils se sont tous parfaitement solubilisés à l’eau déminéralisée et ont été évacués par les cotons. Un fois sec, le gommage à la gomme Wishab® (CTS France) est venu parfaire l’extraction des derniers grains de poussière et de sable.

116


Fig. 201 et 202 : Nettoyage à l’eau déminéralisée.

Fig; 203 : Finition du nettoyage de surface avec la gomme en poudre.

• ................ Retrait des marquages Les marquages se sont solubilisés très facilement à l’éthanol appliqué à l’aide d’un bâtonnet cotonné. Leur extraction a été très aisée et rapide.

Fig. 204 : Nettoyage à l’éthanol du marquage en court.

• ................ Retrait du badigeon de gomme laque Le gel de Klucel G à 40% dans de l’éthanol a été appliqué à la spatule sur la totalité de la surface de l’ouchebti de Psammétique-Men. Nous avons progressé par portion afin de pouvoir contrôler l’intervention au mieux. Nous avons laissé agir le gel une 1/2 heure et après avoir observé une coloration jaunâtre du gel nous l’avons renouvelé à deux reprises. Les trois applications se sont révélées très utiles et ont permis de solubiliser le badigeon de gomme laque.

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Fig. 205 et 206 : Traitement au gel de Klucel G/Éthanol en court et retrait sur une petite portion du pied avec trace témoin montrant la solubilisation du badigeon après le premier traitement.

• ................ Surplus de colle et bourrelets Les surplus de colle et bourrelets dépassants ont été retirés par action légère de la lame de scalpel sous loupe binoculaire améliorant ainsi la visibilité des joints de collages et leur accessibilité aux futurs traitements de dérestauration. • ................ Traces d’oxydation Le gel composé de 40 % d’acide oxalique a été appliqué à la spatule sur les zones d’oxydation. Nous avons laissé agir le gel 1/2 heure et avons pu constater que seules les traces d’oxydation visibles sur la pâte nue de l’ouchebti anépigraphe n° avaient été solubilisées. Nous avons appliqué à nouveau le gel d’acide oxalique mais l’intervention s’est révélée négative pour les autres traces oranges, que ce soit sur l’ouchebti de Psammétique-Men ou l’ouchebti anépigraphe n° 843 224. L’acide EDTA ou acide éthylène diamine tétraacétique, est un acide complexant dont le pouvoir chélatant serait également susceptible d’éliminer les traces d’oxydation. Afin de réduire l’impact visuel de ces traces nous avons alors testé un gel de Klucel G transportant une solution d’EDTA à hauteur de 40 %. Appliqué à la spatule et respectant un temps de pause d’une heure, le temps que le gel commence à sécher, nous n’avons observé aucun changement. Une autre technique est préconisée pour le nettoyage de ces traces. Il s’agit du nettoyage électrolytique. Cependant, les bains électrolytiques sont souvent très alcalinisés et comporte des ions cyanures. Nous ne connaissons pas les effets de ces composants sur les pâtes assez particulières des faïences auto-émaillées. Afin de ne pas modifier de manière irréversible la structure moléculaire de l’objet, nous préférons ne pas procéder à ce traitement. Les traces récalcitrantes ont la particularité de se situer sous les glaçures. Elles nous semblent donc inaccessibles par des moyens non intrusifs. Afin de prévenir toute altération par la multiplication des traitements, nous préférons cesser là les interventions sur un objet dont la matérialité n’a pas encore été complètement étudiée scientifiquement. Les zones traitées ont été nettoyées à l’eau déminéralisée et l’objet a été mis a sécher. 118


Fig. 207 : Gel à l’EDTA en court d’action sur les traces d’oxydation de l’ouchebti anépigraphe n° 843 224.

Fig. 208 : Gel à l’EDTA en court d’action sur la trace d’oxydation de l’ouchebti de Psammétique-Men.

Fig. 209 : Ouchebti n° 843 224.

• ................ Extraction des bourgeonnements et concrétions de sels insolubles Leur extraction n’a présenté aucun obstacle, les amas et les bourgeonnements se sont très facilement désolidarisés de la surface et des nodules sous l’action légère de la lame de scalpel.

Fig. 210 et 211 : Extraction par légère abrasion au scalpel des concrétions de sels insolubles.

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D. DÉRESTAURATION 1. RÉFLEXION ET PROPOSITION DE TRAITEMENT La dérestauration des deux statuettes ayant déjà subi des interventions est primordiale. En effet, collées assez approximativement avec de la gomme laque, les collages s’avèrent d’une part, dangereux pour la conservation des objets, puisque la colle vieillie perd son adhérence, s'effrite et met en péril l’unité du collage et, d’autre part, son aspect disgracieux empêche une bonne lisibilité des objets (bourrelets de colle, épaisseur du joint de collage). Nous procèderons donc à la dérestauration complète de ces interventions et à l’élimination de toute trace de gomme laque sur les objets. Nous avons observé la solubilisation de la gomme laque à l’éthanol. Les marquages s’y sont révélés très sensibles mais les joints de collages, plus épais, nécessiteront peut-être un traitement plus fort. Dans un premier temps il s’agira de tenter de solubiliser les joints de collages sous un gel de Klucel G à 40 % dans de l’éthanol. Si cela ne se révèle pas suffisant, nous tenterons de faire gonfler la colle à la vapeur d’eau afin de désolidariser les morceaux. Nous avons écarté, pour éviter d’encourager toute migration de la colle solubilisée dans les objets, tous les traitements d’immersion ou de bains. Une fois les morceaux désolidarisés les uns des autres, nous procéderons au nettoyage des tranches à l’aide de éthanol et d’un bâtonnet cotonné. Les gros résidus de gomme laque seront éliminés au scalpel. 2. MISE EN OEUVRE Le gel de Klucel G à 40 % dans de l’éthanol a été appliqué à la spatule tout autour des joints de collage. Ils ont été laissés en place environ 8 h durant lesquelles nous avons fréquemment contrôlé l’état des joints. Aucun joint n’a été suffisamment ramolli et aucun désassemblage n’a été possible malgré la sensibilité de la gomme laque à l’éthanol. Les objets étant également épais et les collages étant complètement traversant, cela peut également expliquer la résistance des joints puisqu’une grande surface est en jeu. L’insolubilité de ces joints peut également être expliquée par le vieillissement de la gomme laque qui, s’il provoque parfois une perte du pouvoir collant, peut également figer la résine et la rendre très dure et difficilement soluble. Nous avons donc décidé de procéder à un traitement par chaleur et vapeur d’eau. Les objets seront placés sur un tamis en métal très fin, lui même placé au dessus d’une marmite contenant de l’eau en cours d’ébullition. Le tout sera recouvert d’un drap de papier Tyvec® afin de saturer l'atmosphère du tamis en chaleur et en vapeur à la manière d’une étuve. 120


Fig. 212 : Étuve.

Ce procédé, effectué en collaboration avec Manon Saenko125 s’est révélé être très efficace. Les objets se sont désassemblés au bout de 9 min de traitement. Ils ont ensuite été sortis de l’étuve.

Fig. 213 : Ouchebti de Semset après décollage dans l’étuve.

Fig. 214 et 215 : Ouchebti de Psammétique-Men après décollage dans l’étuve.

125

Ecoles de Condé, Promotion 2012, spécialité céramique.

121


Fig. 216 : Ouchebti de Nefer Setet après décollage dans l’étuve.

Les tranches ont été nettoyées selon le protocole, à l’aide du scalpel pour décoller les plus gros empâtements de colle et au bâtonnet cotonné imbibé d’éthanol. 3. CONSTAT SUITE AU TRAITEMENT DE DÉRESTAURATION SELON LE PROTOCOLE ÉNONCÉ Malheureusement, le nettoyage des tranches à l’éthanol n’a pas été suffisant. La colle ayant migré dans les pâtes des objets, une intervention plus en profondeur est nécessaire. De grandes auréoles disgracieuses étaient alors visibles sur l’ouchebti de Semset ainsi qu’une coloration jaune foncé de la pâte pour les deux autres ouchebtis. Les cotons imbibés d’éthanol et le nettoyage mécanique au scalpel se sont révélés insuffisants.

Fig. 217 : Traces de colle persistantes sur l’ouchebti de Semset après nettoyage à l’éthanol.

4. TESTS ET NOUVEAU PROTOCOLE Suite a ce constat, nous devons proposer un traitement alternatif afin d’extraire ces traces de résines. Nous avons donc testé les traces avec des solvants en vue d’élaborer un protocole d’extraction. Les solvants ont été testés au fur et à mesure en respectant un ordre d’intensité croissant en accord avec les règles de déontologie de notre profession (utiliser les produits en commençant par les plus neutres et les moins lourds). Les test ont été effectué avec un bâtonnet cotonné imbibé du solvant à tester jusqu'à ce qu’une solubilisation soit observée. 122


Trace sur l’ouchebti de Psammétique-Men

Trace sur l’ouchebti de Semset

Trace sur l’ouchebti

Acétone

Aucune coloration du coton

Aucune coloration du coton

Aucune coloration du coton

Acétate éthyle

Aucune coloration du coton

Aucune coloration du coton

Aucune coloration du coton

Butanone

Coloration du coton

Coloration du coton

Coloration du coton

Tableau n° 7 : Tests des trois solvants sur les traces de colle.

Le test s’est révélé positif au butanone, également appelé méthyethyllcétone ou MEK en anglais. Il s’agit d’une cétone utilisée dans l’industrie comme solvant de peintures ou de plastiques et assez couramment en restauration. C’est un liquide incolore dont l’odeur, la toxicité et les caractéristiques chimiques sont proches de celles de l’acétone. Son effet sur le badigeon est surprenant puisqu’il s’agit d’un solvant proche de l’acétone et en présente des propriétés similaires. Pourquoi le butanone a t-il réussi là ou l’acétone a échoué? Cela pourrait faire l’objet d’une recherche intéressante sur les propriétés de ces deux solvants. Suite à ce test, nous proposons donc d’effectuer un nettoyage contrôlé des traces de colle à l’aide d’un gel fabriqué à base de Klucel G à 40 % dans du butanone. Le solvant sera ainsi contrôlé par le gel et les capacités d’absorption du Klucel permettront une migration de la colle solubilisée vers l’extérieur des surfaces. 5. MISE EN OEUVRE Le nouveau gel de nettoyage a été appliqué à la spatule sur toutes les traces de colle. Les gels ont présenté des signes de coloration dès la première demi-heure de traitement.

Fig. 218 : Gels Klucel G/Butanone après retrait.

Nous avons dons renouvelé les gels six fois en laissant agir une demi-heure à chaque nouveau gel.

123


Fig. 219 : Gel Klucel G/Butanone en court d’action sur l’ouchebti de Semset.

Les résultats ont été très satisfaisants sur tous les ouchebtis. Le gel, agissant par capillarité lors de sontséchage « aspire » la colle solubilisée par le solvant. Après l’intervention, les objets sont entièrement nettoyés à l’eau déminéralisée afin d’éliminer tous résidus de gel et de solvant. Ils ont été mis à sécher dans le complexe prévu à cet effet jusqu’à la prochaine phase de restauration. Ouchebti de Psammétique-Men après nettoyage et dérestauration :

Fig. 220 et 221 : Ouchebti de Psammétique-Men, vue générale et vue de la pâte après nettoyage.

Ouchebti de Semset après nettoyage et dérestauration :

Fig. 222 et 223 : Vue globale et vue de la pâte de l’ouchebti de Semset après nettoyage.

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Ouchebti de Nefer Setet après nettoyage et dérestauration :

Fig. 224 et 225 : Vue globale et vue de la pâte de l’ouchebti de Nefer Setet après nettoyage.

Ouchebti anépigraphe n° 843 224 après nettoyage :

Fig. 226 : Vue globale de l’ouchebti n° 843 224 après nettoyage.

Ouchebti anépigraphe n° 843 223 après nettoyage :

Fig. 227 : Vue globale de l’ouchebti n° 843 223 après nettoyage.

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E. REMONTAGE DES OUCHEBTIS 1. RÉFLEXION ET PROTOCOLE Remonter les ouchebtis s’inscrit dans le projet de conservation-restauration visant à leur rendre leur lisibilité et leur homogénéité structurelle. Aucune cause rituelle n’a été impliquée dans la rupture des ouchebtis comme nous avons pu le déterminer dans le diagnostic. Rien ne s’oppose donc à leur remontage. De nombreux adhésifs adaptés au collage des céramiques sont aujourd’hui disponibles sur le marché et couramment utilisés en restauration. Les plus répandues sont : Le nitrate de cellulose comme la UHU Hart®, très utilisé notamment en archéologie est un polymère amorphe et réversible à l’acétone. Sa dénitratation progressive à température ambiante le rend instable126. La formule exacte étant conservée secrète par le fabricant, la UHU Hart© est une colle sur laquelle peu de documentation est disponible. L’acétate de polyvinyle ou PVA en dispersion présente une réversibilité limitée car il pénètre facilement dans les pâtes et ne se solubilise pas aux solvants habituels. Il présente également un vieillissement insatisfaisant et une température de transition vitreuse assez faible ce qui le rend sensible aux variations climatiques et hygrométriques. Les résines époxy, notamment celles de bonne qualité comme la Hxtal® sont des résines qui, de par leur pouvoir collant élevé, sont utilisées dans le cadre de la restauration des métaux ou de céramiques lourdes ou de grande taille. Il faut cependant les utiliser avec parcimonie car un pouvoir collant trop élevé peut être particulièrement dommageable pour des objets poreux ou friables. En effet, ils seront les premiers à céder en cas de contrainte si la colle présente un pouvoir collant trop fort 127. La réversibilité de ces résines est également sujette à caution. Les colles cyanoacrylates sont utilisées en restauration de métaux et de porcelaines et y présentent de bons résultats mais sont néanmoins à proscrire dans le cadre de la restauration de faïences poreuses ou de céramiques archéologiques en raison de leur pouvoir collant trop élevé. Les résines acryliques en solution sont très utilisées en restauration de céramiques en raison de leur stabilité et des bons résultats au vieillissement. Solubles avec une large gamme de solvants, elles présentent une bonne souplesse et leur utilisation est largement documentée. Les plus stables sont les polymères acryliques en solution. Le Paraloïd® et ses différentes déclinaisons sont les polymères acryliques les plus utilisés en restauration. Leur résistance au vieillissement (il sont utilisés depuis les années 50) et leur stabilité chimique en font les résines conseillées pour toute 126 127

KOOB, 1982. p. 31 Voir notre étude technico-scientifique pour l’explication de ce phénomène.

126


intervention de collage, consolidation ou vernis. Leur propriétés différentes de Tg128 , de viscosité et de dureté les rendant adaptables aux différentes problématiques et besoins rencontrés par les restaurateurs. Les résines acryliques en dispersion présentent également des propriétés intéressantes de conservation et de mise en oeuvre et elles sont également utilisées en conservation de céramiques archéologique, notamment l’Acryl 33 utilisée à différents pourcentages dans de l’eau ou des solvants pour tous travaux de consolidations posts fouilles 129. Il nous faut donc définir précisément les attentes de notre futur collage afin d’affiner notre recherche et de choisir l’adhésif le plus adapté. 2. CAHIER DES CHARGES ET TESTS L’adhésif doit pouvoir assurer une bonne solidité au collage. La Tg devra être supérieure à 40° afin que le collage puisse résister à des conditions d’exposition en vitrine où l’ensoleillement et l’éclairage aux lampes électriques peuvent faire monter la température facilement. La viscosité doit être suffisamment basse pour obtenir une bonne mouillabilité et couvrir ainsi uniformément la surface des tranches et de limiter les bulles d’air. Le choix du solvant conditionnera la mouillabilité et la viscosité. L’adhésif correspondant le mieux à ces critères est le Paraloïd® B 44 (méthacrylate de méthyle) car sa Tg est de 60° (celle du Paraloïd® B72 est de 40° ce qui est rédhibitoire dans le cadre de l’exposition en vitrine des objets). Le Paraloïd® B44 est plus dur que le Paraloïd® B72 et présente un compromis intéressant entre dureté, flexibilité et adhésion. Présenté sous forme de granules transparentes il est soluble dans les mêmes solvants que le B72 : acétone, diacétone alcool, trichloréthylène, acétate d’éthyle et de méthyle, toluène et xylène. La qualité du joint de collage dépend de la mouillabilité de l’adhésif, du temps de prise. Une bonne relaxation du collage, soit l’étalement optimal de l’adhésif entre les deux tessons est conditionnée par une durée d’évaporation pas trop longue et par la concentration de l’adhésif dans le solvant. L’acétone apparaît être le solvant le plus recommandé par rapport aux propriétés recherchés au regard de son temps d’évaporation plus court que le toluène, xylène et diacétone alcool. La nocivité des solvants aromatiques est également un élément que nous avons pris en compte dans ce choix.

128

la Tg d'une matière représente l'intervalle de température à travers lequel la matière passe d'un état caoutchouteux à un état vitreux puis solide. 129 Voir nos rapports de stages.

127


Le Paraloïd® peut être utilisé à 50 % ou 30 % en poids dans le solvant pour des collages et sa mise en oeuvre est détaillée par Koob 130. Cette recette présenterait une optimisation des propriétés des Paraloïds®, elle sera donc utilisée pour la préparation de nos solutions. Nous avons testé deux solutions de différentes concentration (50 % et 30 % en poids dans de l’acétone) sur deux ouchebtis tests fabriqués lors de l’étude technologique. Sont apparus les résultats suivants :

Mise en oeuvre/application

Viscosité/mouillabilité

Collage avec solution de B44 à 50 % dans de l’acétone

Application peu pratique, observation de fils

Mauvais mouillabilité, viscosité trop élevée

Collage avec solution de B44 à 30 % dans de l’acétone

Application facile, pas de fils

Viscosité/mouillabilité satisfaisantes.

Tableau n° 8 : Tests menés sur les deux pourcentages de colle.

Nous choisissons donc pour le collage de nos ouchebtis une solution de Paraloïd ®B44 à 30 % dans de l’acétone. 3. MISE EN OEUVRE Appliquée à la spatule, la solution de Paraloïd® B44 a présenté lors de la mise en oeuvre les mêmes propriétés que lors du test. Une fois collés, les ouchebtis de Psammétique-Men et de Nefer Setet ont été immobilisés dans la position de collage souhaitée à l’aide de ruban adhésif Tesa® doublé de ruban pour câbles électrique assurant une tension adéquate. Des serres joints ont été utilisés pour parfaire le réseau de tensions. Les objets ont été disposés dans leur enceinte de séchage durant 4 jours, ainsi protégés de toute poussières et particules extérieures. Les morceaux de ruban adhésif ont été enlevés, aucune trace n’a été observée.

Fig. 228 : Collage en court de l’ouchebti de Psammétique-Men. 130

KOOB, 1986. p. 7-14

128


F. CONSOLIDATION 1. RÉFLEXION ET PROTOCOLE Nous avons pu observer de manière évidente lors des constats d’état que les glaçures des cinq ouchebtis souffraient divers degrés d'altérations structurelles et chimique, en raison de leurs techniques de fabrication, de leurs contextes d’enfouissement et de conservation. Pour rappel, les cinq objets présentent une glaçure dont la surface est très fragilisée, perds sa brillance et se délite à certains endroits. L’ouchebtis anépigraphe n° 843 223 quant à lui présente des irisations typiques de la dégradation du verre archéologique ayant été hydraté. Il nous semble donc évident et primordial de procéder à une consolidation des surfaces. Nous choisirons un consolidant différent de l’adhésif utilisé pour le collage des objets car le cahier des charges n’est pas similaire et ne requière pas les mêmes propriétés. Le Paraloïd® est écarté dans un premier temps car il présente une certaine brillance non souhaitable . Nous avons vu lors du protocole de collage que les émulsions acryliques sont couramment utilisées en conservation-restauration des céramiques archéologiques. Nous avons pu en expérimenter l'efficacité et les diverses propriétés lors de nos deux stages au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain en Laye et au Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan. L’Acryl 33 peut être utilisé pur ou dilué dans de l’eau pour des consolidations de céramiques encore humides ou dilué dans de l’acétone ou de l’éthanol pour des objets secs. Il est réversible à l’acétone une fois sec et présente toutes les caractéristiques recherchées. Quant à sa dilution, nous avons testé trois concentrations (25%, 50% et pur) dans le cadre de la restauration d’une amphore situliforme gauloise au musée d’Archéologie nationale de SaintGermain-en-Laye131 et la solution diluée à 25 % dans de l’eau déminéralisé ne présente pas de brillance. La céramique consolidée avec cette solution étais très poreuse et surtout très lourde. Nous avons expérimenté lors de notre stage au Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan l’utilisation de l’Acryl 33 à 7 % dans de l’isopropanol dans le cadre de la consolidation des céramiques sensibles 132. Nous pensons que cette dilution conviendrait mieux à nos objets qui ne présentent pas de problématiques structurelles nécessitant une dilution aussi concentrée que celle utilisée pour l’amphore et comme nous souhaitons réduire l’utilisation d’eau pour nos objets. Nous avons donc préféré cette solution. Nous proposons donc d’utiliser cette solution d’Acryl 33 à 25% dans de l’éthanol en tant que consolidant de surface des cinq ouchebtis. 131 132

Rapport de stage. Restauration d’une urne situliforme gauloise du Premier Âge du Fer. MAN. Rapport de stage. Céramiques néolithiques décohésionnées. PAIR.

129


2. MISE EN OEUVRE La solution d’Acryl 33 à 25 % dans de l’éthanol a été appliquée avec un pinceau propre et doux sur la surface des cinq ouchebtis. Ils ont été alors disposés une nouvelle fois dans leur complexe de séchage afin de les protéger de toute particule de poussière. G. COMBLEMENT ET MISE EN TEINTE 1. RÉFLEXION, TESTS ET PROTOCOLE Qu’est-ce qu’une lacune sur un objet archéologique et/ou d’art ? Physiquement, il s’agit d’un manque, d’une rupture de la matière, d’une amputation d’une « partie » de l’objet. On peut également la concevoir comme une absence. La lacune a un sens. C’est le sens de l’histoire de l’objet. Un contexte d’enfouissement, un rituel, un événement du passé s’exprime à travers ce manque. La lacune a également un impact visuel. Comme l’écrit Cesare Brandi, « une lacune, en ce qui concerne l’oeuvre d’art, est une interruption dans le tissu figuratif 133 ». En effet, elle s’insère dans « le fond » que constitue le « reste » de l’objet et, en créant une rupture visuelle, passe alors au premier plan constituant un corps étranger. Notre réflexion s’appuie sur ces deux constats. D’une part la lacune est un témoin de l’histoire de l’objet, elle revêt donc un caractère à préserver et doit être portée à la connaissance du public. Dans un deuxième temps elle interrompt la lisibilité de l’oeuvre la plaçant visuellement en arrière plan. Comment alors intervenir en répondant à ces deux problématiques ? Après la lecture d’ouvrages et de publications concernant la philosophie de la restauration134,

notre

conception de la restauration dite archéologique s’oriente vers un type de restauration permettant de rétablir une homogénéité visuelle tout en permettant de lire le passage du temps. L’ouchebti se situe à la frontière de l’objet archéologique et de l’objet d’art. Issu de fouilles archéologiques mais présent sur le marché de l’art et chez les collectionneurs, il est à la fois considéré pour son instance historique mais également esthétique. Sa production « en série » participe également à cette double appartenance. En accord avec le responsable des objets, mais également avec Claire Iselin, conservatrice au musée Antoine Vivenel et future responsable des objets, nous avons proposé une restauration archéologique comprenant un comblement des lacunes et une mise en teinte discrète mais décelable afin de repasser la lacune au second plan. Le comblement rendra ainsi à l’objet son unité potentielle et stabilisera sa 133 134

BRANDI, 1963, p. 42. GUILLEMARD, 1998

130


structure (notamment pour l’ouchebti de Semset) tandis que cette mise en teinte permettra à l’oeil d’apprécier l’objet dans sa forme générale dans un premier temps puis d’en comprendre l’état lacunaire dans un second temps. L’ouchebti de Psammétique-Men présente un joint de collage peu jointif au niveau du coin avant droit et présente une rupture visuelle à ce niveau. Un comblement viendra donc consolider le collage et atténuer visuellement l’impact de cette lacune. L’ouchebti de Nefer Setet ne sera pas comblé car la lacune principale se situe sur le pilier dorsal et ne nuit donc pas à l’appréciation générale de l’objet par le spectateur. En ce qui concerne l’ouchebti de Semset, son comblement a été soumis à une longue réflexion. En effet, présentant de nombreuses lacunes, cet objet nécessite d’être stabilisé dans sa structure. Laissé tel quel, sa manipulation serait dangereuse et risquée à causes des arrêtes saillantes, des vides et des points d’accroche offrant autant de possibilité de faire tomber l’objet ou de le rompre à cause d’une pression mal placée. Visuellement, l’unité potentielle de l’objet est atteinte au niveau du corps de l’ouchebti et les lacunes créant des arrêtes saillantes entravent l’appréciation de la forme originelle. En ce qui concerne le visage et la barbe, la question s’est également posée. Cette lacune est-elle dérangeante? Contre tout attente, car il est vrai qu’au premier abord, le manque d’un nez et d’une bouche sur un visage met en péril sa reconnaissance, il s’est trouvé que sur l’ouchebti de Semset, la disposition de cette lacune ne présente pas un obstacle majeur à la lecture du visage et ne passe pas au premier plan. Les deux yeux sont présents, la naissance du nez et la commissure gauche de la bouche conduisent l’oeil vers une reconstitution visuelle satisfaisante. En outre, cela est-il déontologiquement acceptable de restituer les éléments d’un visage ? Nous avons effectivement retrouvé plusieurs exemplaires de cet ouchebti et disposons donc d’une documentation détaillée de la forme originelle du visage et nos cours de copie en modelage nous rendent apte à reconstituer les formes d’après les clichés dont nous disposons. Cependant, comment être sure que les différents ouchebtis issus d’un même moule présentaient exactement les mêmes expressions? Ce n’est d’ailleurs généralement pas le cas comme on peut le constater sur les trois ouchebtis de PsammétiqueMen. Comment être sûr que les visages n’étaient pas retouchés? Comment justifier une telle prise de position dans le cadre de notre vision de la restauration peu interventionniste? Les arguments d’une potentielle reconstitution nous semblent finalement trop hasardeux et peu convaincants et nous préférons pour cette partie de l’objet laisser le regard reconstituer le visage grâce aux indices suffisants que constituent la naissance du nez, les yeux, les commissures des lèvres et le dessin de la barbe. Afin d’asseoir notre choix nous avons effectué un sondage auprès de différentes 131


personnes. Une restauratrice, un expert, un historien de l’art, tous trois on validé visuellement notre ressenti premier. Nous assumons ainsi le choix de l'incomplétude tout en proposant plus tard, dans une volonté documentaire, d’exposer l’ouchebti avec un cartel explicatif montrant le cliché d’un des ouchebtis complet. La taille et la finesse de l’ouchebti de Semset en font un objet délicat. Effectuer un comblement avec retrait paraît être une technique trop lourde par rapport à la finesse des détails, notamment au niveau des outils aratoires et de la perruque. Nous envisageons de signaler le comblement par le truchement d’une mise en teinte discrètement différenciée par sa teinte et par une brillance différente. Nous proposerons ainsi une restauration valorisant la qualité « d’objet d’art » avec une mise en teinte proche de l’originale mais tout à fait visible lors de l’examen plus attentif de l’objet. La retouche ne sera nullement dépassante sur l’objet et les limites seront visibles. Nous voulons tenter une restauration alliant la déontologie du métier (visibilité, réversibilité) avec un soucis d’esthétisme et de valorisation. La restauration proposée correspondra donc à la double appartenance de l’ouchebti au statut d’objet archéologique et d’objet d’art tout en étant fidèle aux exigences déontologiques de la profession. Un comblement teinté dans la masse est envisagé. • ................ Quel produit de comblement ? De nombreux produits de comblement sont à la disposition des restaurateurs. Les mastics polyesters, très utilisés en restauration de faïences et porcelaine se révèlent être trop durs pour la céramique archéologique. C’est également le cas des résines époxy chargées qui sont écartées pour les mêmes raisons. Les résines acryliques chargées sont intéressantes par les multiples adaptations possibles et par leur réversibilité. En effet, elles peuvent être chargées, teintées offrant ainsi une palette de textures, de brillances et de teintes très nombreuses. Il existe également sur le marché des résines acryliques en dispersions vendues comme « mortiers de structure » pour peintres et sculpteurs. Ces mortiers sont déclinés sous différentes duretés, certains sont chargés. Le plâtre est le matériau le plus utilisé en restauration de céramique archéologique car il réunit de nombreuses propriétés appréciables, notamment sa mise en oeuvre aisée et qui offre de multiples possibilités (modelage, coulage), sa grande compatibilité avec le matériau céramique (dureté et porosité proches) et son innocuité. Dans le cas de la restauration de statuettes funéraires égyptiennes, deux types de comblements sont préconisés. Il s’agit du plâtre et des résines acryliques chargées. 132


Nous envisageons de combler la fissure de l’ouchebti de Psammétique-Men avec une résine acrylique chargée et teintée dans la masse avec des pigments. Ce choix est motivé par la possibilité d’effectuer un comblement teinté présentant des propriétés de consolidation structurelles proches d’un collage. Nous envisageons d’utiliser un plâtre teinté dans la masse pour le comblement de l’ouchebti de Semset qui, en regard de la taille et de la disposition des lacunes, nécessite un matériau facilement sculptable. Sélection du plâtre Après investigation, nous avons sélectionné le plâtre l’albâtre CTS® pour le comblement de l’ouchebti de Semset. Le plâtre d’albâtre a des pores plus fins et est plus résistant que le plâtre pour modelage traditionnel. Il présente également une plus grande finesse de détail. Nous envisageons de le charger afin de le rendre plus léger et correspondre ainsi au plus proche de la pâte de l’objet. Deux pourcentages de charge seront testés 20% et 45 % en poids. Les charges testées seront les microsphères de verre Scotchlite 3M® et de la silice ainsi qu’un mélange à part égales des deux charges. Nous allons tester alors la mise en oeuvre et l’aspect de surface de ces deux concentrations de charges. Attention toutefois, l'utilisation du plâtre nécessite certaines précautions notamment en ce qui concerne la migration de l’eau de gâchage dans l’objet. Propice aux diverses migrations, la pâte de l’objet sera protégée par une barrière isolante qui sera appliquée appliquée au pinceau propre avec le même consolidant utilisé pour la consolidation de la surface des ouchebtis, une solution d’Acryl 33 à 25% dans de l’éthanol. • ................ Tests Les plâtres sont préparés à l’aide d’une balance de haute précision afin de respecter les doses d’eau de gâchage et d’optimiser ainsi les propriétés du plâtre d’albâtre135. Les charges sont incorporées au plâtre et à l’eau. Le mélange est soigneusement homogénéisé à l’aide d’une spatule épaisse. Les échantillons sont alors appliqués dans de petits moules rectangulaires à l’aide d’une spatule puis disposés dans l’enceinte de séchage. Observations lors des tests : • Plâtre d’albâtre CTS® chargé de 20% de microsphères de verre Scotchlite 3M® : Ce mélange semble un peu trop liquide pour la destination envisagée. Il présente sinon une belle surface lisse, peu de retrait et aucune bulle.

135

DE CHAVAGNAC, 2006

133


• Plâtre d’albâtre CTS® chargé de 45% de microsphères de verre Scotchlite 3M® : L’application de ce mélange est aisée, le plâtre est plus facilement modelable, sa mise en forme est aisée. L’adjonction de 45% de microsphères semble trop alléger le plâtre qui se raye à l’ongle. Un retrait un peu plus fort est observé que sur le mélange précédant. Il présente sinon une belle surface lisse et aucune bulle. • Plâtre d’albâtre CTS® chargé de 20% de silice : Ce mélange Plâtre d’albâtre CTS® chargé de 45% de silice : La mise en forme est aisée, la surface obtenue est lisse, sans bulles. Cependant, l’échantillon est plus lourd et surtout semble beaucoup trop dur par rapport à l’ouchebti. • Plâtre d’albâtre CTS® chargé de 20% de microsphères de verre Scotchlite 3M® et de 20% de silice : L’application et la mise en forme est très aisée, la surface obtenue est lisse et belle, ne présente pas de bulles. La dureté se rapproche de celle de l’ouchebti sans la dépasser. Le dernier mélange présente un bon compromis entre dureté et légèreté tout en conservant les propriétés du plâtre d’albâtre CTS® (surface lisse et peu de bulles). Ce résultat est surement dû à la combinaison des deux types de charges qui optimise les apports de chacune. Sa bonne mise en forme et sa corporalité proche de l’ouchebti en font le mélange optimal pour le travail de comblement de l’ouchebti de Semset. • ................ Sélection de la résine acrylique chargée Le Paraloïd® B72 présente des propriétés intéressantes dans le cadre des comblements. Outre toutes les propriétés favorables de ces résines acryliques déjà décrites dans la partie concernant le collage, leur utilisation dans le cas des comblements nous paraît appropriée dans le cas de l’ouchebti de PsammétiqueMen. De nombreuses études et publications ont été menées concernant les diverses charges et leur pourcentage. Nous avons relevé deux mélanges susceptibles de convenir et allons en tester la mise en oeuvre et l’aspect esthétique. Il s’agit du Paraloïd® B72 à 30 % dans de l’acétone chargé de 250 % de poudre de marbre136 et du Paraloïd® B72 à 30 % dans de l’acétone chargé de 40 % de microsphères de verre Scotchlite 3M®137 . • ................ Tests Les tests ont été menés sur des échantillonnages de chaque résine acrylique chargée. Les deux mélanges ont été réalisés à l’aide d’une balance électronique de précision et appliqués à la spatule dans de petits moules rectangulaires. Ils ont ensuite été disposés dans dans l’enceinte de séchage.

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Mélange étudié par Raphaëlle Beunon dans le cadre de son étude technico-scientifique sur les charges du Paraloïd ® B72, Ecoles de Condé, Promotion 2012. 137 Mélange utilisé par Christine Pariselle pour le comblement de certains ouchebtis du musée de Bargoin.

134


Observations lors des tests : • Paraloïd® B72 à 30 % dans de l’acétone chargé de 250 % de poudre de marbre : Ce mélange s’est révélé être très facile à appliquer, agréable à travailler, ne faisant ni fil ni grumeaux. Il se lisse parfaitement au pinceau humidifié d’acétone. Sa texture est lisse et mate après séchage et ne présente pas de retrait gênant par rapport à la petite surface que nous allons avoir à combler. • Paraloïd® B72 à 30 % dans de l’acétone chargé de 40 % de microsphères de verre Scotchlite 3M® : La mise en oeuvre de ce mélange a été plus difficile. Adhérant plus à la spatule et présentant quelques grumeaux, son travail et son application s’est révélée moins aisée que le mélange précédent. Il a également présenté un retrait plus fort que le mélange à la poudre de marbre. Cela aurait pu être causé par l’écrasement des microsphères lors du séchage de la résine. En regard des résultats de ces deux tests, c’est sur le mélange Paraloïd® B72 à 30 % dans de l’acétone chargé de 250 % de poudre de marbre que notre choix s’est porté. Sa mise en forme aisée, son retrait moindre et son aspect en font le candidat idéal pour le travail de comblement de l’ouchebti de Psammétique-Men. • ................ La mise en teinte Après avoir choisi les produits de comblement adaptés à chaque ouchebti, il faut définir le protocole de mise en teinte. En effet, les deux types de comblements seront teintés dans la masse afin d’obtenir une couleur de base et de casser la blancheur du plâtre. Des échantillons réalisés à l’aide d’une balance de précision doivent être effectués afin de trouver le bon pourcentage de pigments pour la couleur de base. Après avoir réalisé le comblement teinté, des modulations colorées seront ensuite apportées au pinceau (lavis et mouchetis) en utilisant du liant acrylique138 Liquitex®, des pigments Sennelier® et de l’aquarelle. Ces modulations colorées sont présentes sur les objets qui ne sont pas uniformément bleu ou vert. Nous avons choisi de les effectuer afin d’atténuer la lourdeur visuelle d’un comblement teinté uniforme et ce dans la politique de valorisation des objets par notre restauration.

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L’acrylique est ici utilisée pour sa réversibilité.

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2. MISE EN OEUVRE • ................ Comblement en court Le comblement de l’ouchebti de Semset s’est déroulé comme prévu. Il a été effectué avec de petits outils et un travail sous loupe binoculaire a parfois été nécessaire pour certaines zones sculptées très petites. Les propriétés du plâtre d’albâtre ont permis de ne pas avoir recourt à beaucoup de ponçage. L’application du comblement au Paraloid® teinté de l’ouchebti de Psammétique-Men s’est également déroulée comme prévu. Il a été lissé à l’acétone. Une légère modulation tonale a été apportée à l’aquarelle et au pinceau.

Fig. 229 et 230 : Vues des comblements en court de l’ouchebtis de Semset.

• ................ Mise en teinte La mise en teinte s’est déroulée comme prévue. Une première couche a été appliquée à l’éponge afin d’établir un fond homogène. Une second couche a été nécessaire afin de combler certains effets de transparence. Des modulations ont enfin été apportées à l’aide de mouchetis appliqués au pinceau brosse.

Fig. 231 et 232 : Vues de la réintégration picturale du comblement de l’ouchebti de Semset, de face et du côté droit.

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Fig. 233 et 234 : Vues de la réintégration picturale du comblement de l’ouchebti de Semset, de dos et du côté droit.

Fig. 235, 236 et 237: Vues du comblement teinté de face, du côté gauche et droit de l’ouchebti de Psammétique-Men.

• ................ Marquage des objets. Donnée essentielle pour la conservation des biens, le numéro d’inventaire doit être reporté sur les objets de manière lisible. Nous avons apposé le numéro à l’encre indélébile sur une couche de Paraloid® B72 (5 %) -B44 (5 %) dans de l’acétone. Ce mélange est choisi pour sa résistance à la chaleur, source de dégradation principale lors de l’exposition en vitrine. Une seconde couche de cette solution est appliquée sur le marquage afin de le protéger efficacement.

Fig. 238 : Vue des nouveaux marquages au Paraloid® et au stylo indélébile.

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III. MUSÉOGRAPHIE A. CONSEILS DE SOCLAGE D’après Muriel Dumaine139 , spécialisée dans le montage d'objets de collections de musées, et en vue de respecter les normes de conservation préventive un bon support doit : • être fabriqué dans des matériaux compatibles chimiquement avec ceux de l'objet • être mécaniquement correct, assurer son rôle de soutien (pas de tension, de compression, de frottement, de déséquilibre) • être esthétique et améliorer la lisibilité de l'objet lorsque cela est nécessaire • être le résultat d'une concertation entre les différentes personnes concernées, • être élégant et le plus discret possible. Comme nous avons pu le constater sur l’ouchebtis de Psammétique-Men et sur l’ouchebti anépigraphe n ° 843 224, d’anciens soclages en métal sont suspectés d’avoir causé les traces d’oxydation. L’humidité ambiante combinée avec l’oxygène est responsable de la corrosion de ces éléments en métal et par contact, a contaminé la surface des objets. Il convient donc de socler les objets avec des matériaux ne pouvant subir de telles dégradations. Nombreux sont les ouchebtis que nous avons vus collés à même des socles durant nos recherches. Il s’agit d’une pratique courante au XIX ème siècle. Ce type de soclage ne respecte ni l’objet ni la déontologie du métier de conservateur-restaurateur et doit être évitée. Aujourd’hui, nombreux sont les matériaux disponibles et utilisés pour confectionner des soclages : bois, plastiques ou métaux inoxydables. Les ouchebtis sont de petits objets aux couleurs délicates. Esthétiquement, un soclage transparent paraît le plus approprié afin qu’il soit le plus discret possible et permette d’apprécier l’objet sans être gêné visuellement. Plusieurs polymères sont disponibles pour la réalisation de soclages, polycarbonate (PC), polyméthacrylate (PMMA) ou polyéthylène téréphtalate (PET)140.

139

Muriel Dumaine est spécialisée en montage et soclage des collections elle effectue également des initiations à la conception et à la fabrication de supports aux élèves restaurateurs de l’Institut National du Patrimoine. http://www.soclage.inf 140 GREFF, 2010

138


B. RECOMMANDATIONS DE CONSERVATION-PRÉVENTIVE La conservation préventive est « toute action directe ou indirecte ayant pour but d’augmenter l’espérance de vie d’un élément ou ensemble d’éléments du patrimoine141 ». Afin d’augmenter l’espérance de vie des ouchebtis en faïence, et de proposer des recommandations adéquates, il faut considérer d’abord deux aspect majeurs. D’une part, ce sont des objets qui, par leur composition, sont plus sensibles à l’humidité et aux variations climatiques. En effet, nous avons pu mettre en lumière la présence certaine de sels solubles et insolubles dans ces objets, présence endogène puisque propre à la fabrication des ouchebtis émaillés par efflorescence. D’une autre part, il faut également considérer la présence de produits de restauration qui, même s’ils ont été choisis pour leur stabilité et leur adaptabilité, doivent également être conservés dans des conditions appropriées afin de ne pas en accélérer le vieillissement et donc de retarder le plus la réitération d’un nouvelle intervention de restauration. Les matériaux de restauration sont, comme les matériaux constituant les objets du patrimoine, sensibles à leur environnement qu’il convient donc de contrôler. En amont de ces deux axes principaux, il convient également d’anticiper les risques potentiels liés à la manipulation des objets. 1. CONTRÔLE DU CLIMAT (TEMPÉRATURE ET HYGROMÉTRIE) Les ouchebtis seront exposés en vitrine. Il est conseillé de conserver la pièce d’exposition à température ambiante et de contrôler la température et l'hygrométrie des vitrines. Des appareils sont disponibles pour effectuer ce type de relevés : les hygromètres. Lors d’un ensoleillement fort, il conviendra de vérifier la températures des vitrines qui ne doit pas excéder 50°. Les écarts d’hygrométrie142 doivent être évités. Une humidité stable de 45-50 % ne doit as être dépassée. Les objets doivent être surveillés afin de contrôler l’éventuelle apparition de concrétions de sels solubles. Des sachets de gels de silices peuvent être disposés à proximité des objets dans les vitrines afin d’absorber l’humidité excessive.

141

DE GUICHEN, 2006

C’est la variation hygrométrique qui est la plus importante à maîtriser. L’humidité relative (H.R) représente la quantité de vapeur d’eau contenue dans un volume d’air donné par rapport au maximum qu’il pourrait contenir à une température et à une pression données. L’H.R va de 0 à 100%. On dit que l’air est sec quand l’humidité relative est inférieure à 35%, l’air est moyennement humide entre 35 et 65% d’H.R et l’air est humide à plus de 65% d’H.R. A l’intérieur d’un même espace, l’H.R varie en fonction des changements de température : elle augmente si la température baisse et diminue si elle s’élève. (Vademecum de conservation préventive, C2RMF) 142

139


2. CONTRÔLE DE LA LUMIÈRE Il ne s’agit pas tant du contrôle des rayons car la céramique est insensible aux actions photochimiques de la lumière. Cependant, c’est les répercussions thermiques de la lumière à prendre en compte ici. En effet, les infrarouges produisant de la chaleur peuvent avoir sur les matériaux plusieurs effets : ramollissement des produits de restauration, participation au phénomène d’efflorescence. Il convient donc d'utiliser un système d’éclairage adéquat en choisissant des sources à faible dégagement calorifique ou à dégagement calorifique éloigné comme les fibres optiques. L’aménagement des fenêtres par l’adjonction de volets ou de rideaux permettent de contrôler l’ensoleillement et ses répercussions sur la températures des vitrines. 3. MANIPULATION Les objets doivent être manipulés avec précaution de préférence à deux mains. Il faut éviter de saisir l’ouchebti de Psammétique-Men, de Semset et de Nefer Setet par le pied afin de ne pas créer de tension sur les collages. Le port de gants est conseillé afin de ne pas salir ou graisser les objets. Attention à ne pas faire glisser les objets, il faut éviter tout frottement avec des surfaces hormis les mousses polyéthylène des conditionnements. Lors des transports, utiliser les enceintes présentées en début de chapitre. Ces enceintes sont utilisables lors des transports ou pour la conservation à long terme si besoin. 4. NETTOYAGE Pour dépoussiérer les objets si nécessaire, utiliser un pinceau à poils doux sec et propre. Il ne faut utiliser ni eau ni solvant. C. FICHES DE RESTAURATION RÉCAPITULATIVES 143 Afin de conclure ce chapitre sur la conservation-restauration des cinq ouchebtis, nous avons réalisé des fiches de restauration nominatives récapitulant toutes les interventions menées. Il semblait important de souligner encore une fois le caractère unique de chaque intervention. Chaque objet a été traité de manière unique. Cependant, dans le cadre de notre mémoire et ce afin de proposer une lecture plus agréable, nous avons présenté les interventions menées sur les objets de manière globale et par type d’intervention. Ces fiches seront fournies au musée Antoine Vivenel afin de pouvoir les inclure facilement dans le dossier de chaque oeuvre.

143

Ces fiches ont été réalisées avec l’aimable autorisation de Clotilde Proust, d’après son modèle réalisé pour le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.

140


FICHE RESTAURATION DE L’OUCHEBTI DE PSAMMETIQUE-MEN

IDENTIFICATION DE L’OBJET N° d’inventaire Désignation

: :

Matériau Provenance Année de découverte Description succincte

: : : :

Dimensions après restauration

:

Nom du responsable Objectifs du traitement de CR

: :

843 230 Ouchebti ou serviteur funéraire. XXVI ème Dynastie ou Dynastie saïte. Terre siliceuse auto-émaillée Saqqara vers 1850-1900 Ouchebti du Héraut Royal Psammétique-Men, né de Ta di NebetHetepet en terre siliceuse auto-émaillée verte. Le serviteur tient les outils aratoires et la titulature est inscrite sur le pilier dorsal. Hauteur :18,5 cm, largeur maximum : 4,8 cm, épaisseur maximum : 3,03 cm, poids : 188 g Vincent Blanchard Etude de l’objet, exposition dans les collections égyptiennes du musée Antoine Vivenel.

Photographies avant restauration :

ETAT DE CONSERVATION LORS DE SA PRISE EN CHARGE Analyse visuelle Anciennes restaurations

:

Altérations physiques

:

Altérations chimiques

:

Autres analyses Diagnostic

: :

Collage à la gomme laque. Badigeon général à la gomme laque. Etiquette. Marquage sur vernis de gomme laque. Cassure au niveau des genoux fragmentant l’objet en deux. Léger coup de feu au niveau du pied. Empoussiérage. Altération de la glaçure présentant des parties ayant perdu leurs brillance. Fragilité de la couche supérieure de vitrification. Concrétions de sels insolubles. Traces d’oxydation. Néant La cassure a été occasionnée par un choc mais la pièce présentait une fragilité structurelle due à la fabrication au niveau des genoux. Les concrétions de sels insolubles sont le résultat d’une légère migration des sels constitutifs de la pâte de l’objet vers l’extérieur. La glaçure présente des matifications et une perte de brillance et de cohésion suite à une hydratation due au conditions d’enfouissement et de conservation. Les traces d’oxydation ont été causées soit par les éléments constitutifs de l’objet soit par un contact avec un objet métallique.

141


PROPOSITION DE TRAITEMENT Nettoyage

Collage

Consolidation

Soclage

Conditionnement

Comblement

Autre : Dépose de l’étiquette ancienne

TRAITEMENT EFFECTUÉ Description

:

Observations particulières

:

Dépose de l’étiquette. Retrait du marquage à la gomme laque à l’éthanol. Dépoussiérage à l’eau déminéralisée. Elimination des dernières particules à la gomme en poudre Wishab©. Nettoyage des légers bourgeonnements de sels insolubles par abrasion contrôlée au scalpel. Tentative d’élimination des traces d’oxydation à l’acide oxalique puis à l’EDTA sans succès car sous glaçure. Elimination du badigeon de gomme laque à l’aide d’un gel de Klucel G à 40 % dans de l’éthanol. Dérestauration par ramollissement de la colle en étuve. Elimination des traces de gomme laque avec un Klucel G à 40 % dans du butanone. Collage au Paraloïd® B44 à 30 % dans de l’acétone. Consolidation de la surface avec une solution d’Acryl 33 à 25% dans de l’éthanol. Comblement avec du Paraloid® B 72 à 30 % dans de l’acétone chargé de 250 % de poudre de marbre. Les traces d’oxydation n’ont pu être retirées car elles se situent sous la glaçure. Marquage du numéro d’inventaire au stylo indélébile sur couche de jus de Paraloid® B72/44 à 10% dans de l’acétone.

Photographies après restauration :

STOCKAGE ET RECOMMANDATIONS DE CONSERVATION Lieu de stockage

:

Conditionnement

:

Salle d’exposition permanente des antiquités égyptiennes du musée Antoine Vivenel Vitrine et soclage

Nom du restaurateur

:

Alami Sara

Date fin de restauration

:

Le 04/09/2012

142


FICHE RESTAURATION DE L’OUCHEBTI DE SEMSET

IDENTIFICATION DE L’OBJET N° d’inventaire

:

843 246

Désignation

:

Matériau

:

Ouchebti ou serviteur funéraire. XXVI ème Dynastie ou Dynastie saïte. Terre siliceuse auto-émaillée

Provenance

:

Saqqara, possiblement dans la tombe A

Année de découverte

:

vers 1850-1900

Description succincte

:

Dimensions après restauration

:

Nom du responsable

:

Ouchebti de la dame de Semset, née de Neferet Renepet en terre siliceuse auto-émaillée bleue. Le serviteur tient les outils aratoires et la titulature est inscrite sur le pilier dorsal. Hauteur :12,07 cm, largeur maximum : 3,02 cm, épaisseur maximum : 2,05 cm, poids 91 g Vincent Blanchard

Objectifs du traitement de CR

:

Etude de l’objet, exposition dans les collections égyptiennes du musée Antoine Vivenel.

Photographies avant restauration :

ETAT DE CONSERVATION LORS DE SA PRISE EN CHARGE Analyse visuelle Anciennes restaurations

:

Altérations physiques

:

Altérations chimiques

:

Autres analyses

:

Diagnostic

:

Collage à la gomme laque. Marquage sur vernis de gomme laque. Cassures traversantes fragmentant l’objet en six morceaux. Altération de la glaçure présentant des parties ayant perdu leur brillance. Fragilité de la couche supérieure de vitrification. Néant La cassure a été occasionnée par un choc mais la pièce présentait une fragilité structurelle due à la fabrication. La glaçure présente des matifications et une perte de brillance et de cohésion suite à une hydratation due aux conditions d’enfouissement et de conservation ou tout simplement à une mauvaise fabrication.

143


PROPOSITION DE TRAITEMENT Nettoyage

Collage

Consolidation

Soclage

Conditionnement

Comblement

Autre :

TRAITEMENT EFFECTUÉ Description

:

Observations particulières

:

Retrait du marquage à la gomme laque à l’éthanol. Dérestauration par ramollissement de la colle en étuve. Elimination des traces de gomme laque avec un Klucel G à 40 % dans du butanone. Collage au Paraloïd® B44 à 30 % dans de l’acétone. Consolidation de la surface avec une solution d’Acryl 33 à 25% dans de l’éthanol. Comblement avec du plâtre d’albâtre CTS© teinté dans la masse et chargé de 20 % de silice et de 20 % de microshphères Scotchlite 3M©. Ajustement colorés à l’aquarelle et au pinceau. Marquage du numéro d’inventaire au stylo indélébile sur couche de jus de Paraloid® B72/44 à 10% dans de l’acétone.

Photographies après restauration :

STOCKAGE ET RECOMMANDATIONS DE CONSERVATION Lieu de stockage

:

Conditionnement

:

Salle d’exposition permanente des antiquités égyptiennes du musée Antoine Vivenel Vitrine et soclage

Nom du restaurateur

:

Alami Sara

Date fin de restauration

:

Le 04/09/2012

144


FICHE RESTAURATION DE L’OUCHEBTI DE NEFER SETET

IDENTIFICATION DE L’OBJET N° d’inventaire

:

843 247

Désignation

:

Ouchebti ou serviteur funéraire. Basse Époque.

Matériau

:

Terre siliceuse auto-émaillée

Provenance

:

Memphis

Année de découverte

:

vers 1850-1900

Description succincte

:

Apis?

Dimensions après restauration

:

Nom du responsable

:

Hauteur :11,09 cm, largeur maximum : 3,04 cm, épaisseur maximum : 2 cm, poids : 61 g Vincent Blanchard

Objectifs du traitement de CR

:

Etude de l’objet, exposition dans les collections égyptiennes du musée Antoine Vivenel.

Photographies avant restauration :

ETAT DE CONSERVATION LORS DE SA PRISE EN CHARGE Analyse visuelle Anciennes restaurations

:

Altérations physiques

:

Altérations chimiques

:

Autres analyses

:

Diagnostic

:

Collage à la gomme laque. Marquage sur vernis de gomme laque. Cassure au niveau des genoux fragmentant l’objet en deux. Altération de la glaçure présentant des parties ayant perdu leur brillance. Fragilité de la couche supérieure de vitrification. Néant La cassure a été occasionnée par un choc mécanique. La glaçure présente des matifications et une perte de brillance et de cohésion suite à une hydratation due aux conditions d’enfouissement et de conservation.

145


PROPOSITION DE TRAITEMENT Nettoyage

Collage

Consolidation

Soclage

Conditionnement

Comblement

Autre : Dépose de l’étiquette ancienne

TRAITEMENT EFFECTUÉ Description

:

Observations particulières

:

Retrait du marquage à la gomme laque à l’éthanol. Dérestauration par ramollissement de la colle en étuve. Elimination des traces de gomme laque avec un Klucel G à 40 % dans du butanone. Collage au Paraloïd® B44 à 30 % dans de l’acétone. Consolidation de la surface avec une solution d’Acryl 33 à 25% dans de l’éthanol. Marquage du numéro d’inventaire au stylo indélébile sur couche de jus de Paraloid® B72/44 à 10% dans de l’acétone.

Photographies après restauration :

STOCKAGE ET RECOMMANDATIONS DE CONSERVATION Lieu de stockage

:

Conditionnement

:

Salle d’exposition permanente des antiquités égyptiennes du musée Antoine Vivenel Vitrine et soclage

Nom du restaurateur

:

Alami Sara

Date fin de restauration

:

Le 04/09/2012

146


FICHE RESTAURATION DE L’OUCHEBTI ANEPIGRAPHE N° 843 224

IDENTIFICATION DE L’OBJET N° d’inventaire

:

843 224

Désignation

:

Matériau

:

Ouchebti ou serviteur funéraire. XXX ème Dynastie Terre siliceuse auto-émaillée

Provenance

:

Inconnue

Année de découverte

:

vers 1850-1900 ?

Description succincte

:

Dimensions après restauration

:

Nom du responsable

:

Ouchebti anépigraphe de qualité moyenne en terre siliceuse autoémaillée. Hauteur : 8,06 cm, largeur maximum : 2,05 cm, épaisseur maximum : 1,06 cm, poids : 24 g Vincent Blanchard

Objectifs du traitement de CR

:

Etude de l’objet, exposition dans les collections égyptiennes du musée Antoine Vivenel.

Photographies avant restauration :

ETAT DE CONSERVATION LORS DE SA PRISE EN CHARGE Analyse visuelle Anciennes restaurations

:

Marquage sur vernis de gomme laque.

Altérations physiques

:

Deux lacunes de glaçure sur le flanc droit.

Altérations chimiques

:

Autres analyses

:

Altération de la glaçure présentant des parties ayant perdu leur brillance. Fragilité de la couche supérieure de vitrification. Concrétions de sels insolubles. Traces d’oxydation. Néant

Diagnostic

:

Les concrétions de sels insolubles sont le résultat d’une légère migration des sels constitutifs de la pâte de l’objet vers l’extérieur. La glaçure présente des matifications et une perte de brillance et de cohésion suite à une hydratation due au conditions d’enfouissement et de conservation. Les traces d’oxydation ont été causées soit par les éléments constitutifs de l’objet soit par un contact avec un objet métallique.

PROPOSITION DE TRAITEMENT Nettoyage

Collage

Soclage

Conditionnement

Consolidation

Autre :

147


TRAITEMENT EFFECTUÉ Description

:

Observations particulières

:

Retrait du marquage à la gomme laque à l’éthanol. Tentative d’élimination des traces d’oxydation à l’acide oxalique puis à l’EDTA sans succès car sous glaçure. Elimination du badigeon de gomme laque à l’aide d’un gel de Klucel G à 40 % dans de l’éthanol. Consolidation de la surface avec une solution d’Acryl 33 à 25% dans de l’éthanol. Les traces d’oxydation n’ont pu être retirées dans leur totalité. Seules les traces visibles sur la pâte à nu ont pu être extraites. Marquage du numéro d’inventaire au stylo indélébile sur couche de jus de Paraloid® B72/44 à 10% dans de l’acétone.

Photographies après restauration :

STOCKAGE ET RECOMMANDATIONS DE CONSERVATION Lieu de stockage

:

Conditionnement

:

Salle d’exposition permanente des antiquités égyptiennes du musée Antoine Vivenel Vitrine et soclage

Nom du restaurateur

:

Alami Sara

Date fin de restauration

:

Le 04/09/2012

148


FICHE RESTAURATION DE L’OUCHEBTI ANEPIGRAPHE N° 843 223

IDENTIFICATION DE L’OBJET N° d’inventaire

:

843 223

Désignation

:

Matériau

:

Ouchebti ou serviteur funéraire. XXX ème Dynastie Terre siliceuse auto-émaillée

Provenance

:

Inconnue

Année de découverte

:

vers 1850-1900 ?

Description succincte

:

Dimensions après restauration

:

Nom du responsable

:

Ouchebti anépigraphe de qualité moyenne en terre siliceuse autoémaillée. Hauteur : 5,09 cm, largeur maximum : 1,06 cm, épaisseur maximum 1,01 cm, poids : 7 g Vincent Blanchard

Objectifs du traitement de CR

:

Etude de l’objet, exposition dans les collections égyptiennes du musée Antoine Vivenel.

Photographies avant restauration :

ETAT DE CONSERVATION LORS DE SA PRISE EN CHARGE Analyse visuelle Anciennes restaurations

:

Altérations physiques

:

Altérations chimiques

:

Autres analyses

:

Diagnostic

:

Marquage sur vernis de gomme laque. Altération de la glaçure présentant des parties ayant perdu leur brillance. Fragilité de la couche supérieure de vitrification. Irisations violacées visibles. Concrétions de sels insolubles localisées au pied. Néant Les concrétions de sels insolubles sont le résultat d’une légère migration des sels constitutifs de la pâte de l’objet vers l’extérieur. La glaçure présente des matifications, des irisations violettes et une perte de brillance et de cohésion suite à une hydratation due aux conditions d’enfouissement et de conservation.

149


PROPOSITION DE TRAITEMENT Nettoyage

Consolidation

Soclage

Conditionnement

Autre : Dépose de l’étiquette ancienne

TRAITEMENT EFFECTUÉ Description

:

Observations particulières

:

Retrait du marquage à la gomme laque à l’éthanol. Consolidation de la surface avec une solution d’Acryl 33 à 25% dans de l’éthanol. Les traces d’oxydation n’ont pu être retirées. Marquage du numéro d’inventaire au stylo indélébile sur couche de jus de Paraloid® B72/44 à 10% dans de l’acétone.

Photographies après restauration :

STOCKAGE ET RECOMMANDATIONS DE CONSERVATION Lieu de stockage

:

Conditionnement

:

Salle d’exposition permanente des antiquités égyptiennes du musée Antoine Vivenel Vitrine et soclage

Nom du restaurateur

:

Alami Sara

Date fin de restauration

:

Le 04/09/2012

150


CONCLUSION …………………………………………………………………………………. Présenter la totalité du projet de conservation-restauration de cinq objet représentait une gageure en si peu de pages. Nous avons cependant eu la chance de travailler sur des objets présentant une certaine homogénéité. La similitude des altérations causées par les techniques de fabrication et par le cursus des objets a permis d’établir un diagnostic général. Ce diagnostic est le fruit de la phase de reconstitution de la technique de fabrication de l’étude minutieuse des altérations et anciennes restaurations, ainsi que des divers tests et analyses. Il révèle une causalité endogène et exogène des altérations. Il souligne également la particularité des objets fabriqués par la technique d’émaillage par efflorescence. Nous avons pu grâce à ce diagnostic, établir un protocole général d’intervention en accord avec les règles de déontologie qui régissent notre profession : innocuité, réversibilité. Après une longue phase de nettoyage et de dérestauration, interventions essentielles participant à la préservation de la matière en rétablissant une meilleure visibilité, un comblement et une réintégration picturale ont été engagés sur l’ouchebti de Semset et de Psammétique-Men afin de rétablir la qualité visuelle des objets tout en améliorant leur tenue structurelle. Ces interventions, menées avec toutes les réflexions inhérentes basées sur les textes fondateurs de la profession permettent une valorisation des objets tout en concervant leur message culturel. Les conseils de conservation préventive ont été rédigés sur la base de textes de référence (Vade mecum de la conservation préventive, C2rmF) et permettront de conserver ces objets ainsi que leur restauration au mieux. Nos recommandations prennent en compte la nature sensible aux variations climatiques des objets en pâte auto-émaillée.

151


CHAPITRE III : RECHERCHE TECHNICO-SCIENTIFIQUE « ÉTUDE ET DÉVELOPPEMENT D’UN SYSTEME DE MARQUAGE DES CÉRAMIQUES ARCHÉOLOGIQUES POREUSES POUR ÉTUDE, CONSERVATION ET MANIPULATION PAR L’ARCHÉOLOGUE »

152


INTRODUCTION ........................................................................................................................................ L'archéologie constituant l'un de nos sujets de prédilection, la réflexion préliminaire sur notre sujet d'étude technico-scientifique nous a conduit naturellement à travailler sur un projet en rapport avec ce domaine. C’est lors de nos discussions avec Grégoire Massart 144 au sujet d’un premier protocole d'étiquetage répondant aux besoins de l’archéologue que avons alors voulu développer l’idée et faire de la réflexion sur le marquage de la céramique l’objet de notre étude technico-scientifique. Le marquage des céramiques archéologiques est un problème récurrent dans le domaine de l’archéologie et de la conservation-restauration. Nous avons de nombreuses fois rencontré ce problème en tant que stagiaire-restaurateur dans divers services archéologiques 145. Objets céramiques ayant soit perdu leur numérotation, soit présentant de nombreuses altérations dues à un marquage inadéquat sont nombreux (traces de colle difficiles à extraire dues aux marquages au ruban adhésif type Tesa® ou marquages à même la céramique à l’encre de chine etc...). Notre recherche, basée sur la compréhension et l’observation d’un service archéologique, a donc pour but de faire le lien entre archéologue et conservateur-restaurateur et de proposer un ou plusieurs systèmes de marquage faciles, rapides d’utilisation, réversibles et les plus inoffensifs pour les objets marqués. Tenant compte des enjeux de chaque spécialité, c’est en empruntant certains produits et techniques utilisés quotidiennement par les autres disciplines de restauration146 que nous tenterons de développer notre projet. Le Centre d’Etudes Alexandrines (CNRS, USR 3134) s'est montré intéressé par notre projet, et nous a proposé de développer notre recherche au sein de son laboratoire en Egypte. Ce premier stage de fin d'étude nous a permis de bénéficier de conditions matérielles et humaines particulièrement favorables. C’est grâce à l’observation et à l’immersion aux côtés des différents acteurs147 du laboratoire que nous avons pu développer notre réflexion sur les enjeux de notre recherche. Notre méthodologie de recherche utilisera le principe de l'entonnoir. Nous partirons d’une idée générale et l’exploiterons en affinant ses paramètres jusqu'à l’obtention de résultats et d’applications précis. Cette méthode, couplée à la méthode scientifique d’expérimentation nous permet d’une part de ne rien laisser au hasard et d’autre part d’offrir au lecteur une démarche compréhensible mettant en valeur le résultat obtenu. Certains tests feront appel à des témoins oculaires. Comprenant la dimension subjective de certaines observations et afin de la contourner, nous nous sommes astreints à la plus grande vigilance couplée à l’intervention d’observateurs extérieurs.

144

Promotion 2010 Céramique Ecoles de Condé. Château de Chambord, château de Vincennes, Arts et traditions populaires ... 146 que nous avons étudiées lors de notre première année à l’Ecole de Condé. 147 Archéologues, céramologues, photographes, techniciens et gestionnaires... Voir rapport de stage au CEAlex. 145

153


I. LE MARQUAGE DU MOBILIER ARCHÉOLOGIQUE A. ÉTAT DES LIEUX ET DÉFINITION DES BESOINS DE L’ARCHÉOLOGUE A la lecture de la littérature spécialisée de moins de 15 ans, nous avons compilé une sélection d’extraits illustrant ce que nous pouvons lire au sujet du marquage des objets archéologiques. Les extraits sont disponibles dans les annexes. Nous retrouvons dans chacun des ouvrages les mêmes idées fondamentales suivantes : - le marquage des objets est primordial pour l’exploitation des données - chaque objet doit être marqué de manière individuelle Lors d'entretiens directs avec des archéologues et céramologues nous avons également pu dresser une liste de « besoins » en terme de marquage. La préoccupation principale étant la rapidité de mise en oeuvre du système. En effet, un marquage trop long est rédhibitoire. B. PROBLÈMES RENCONTRÉS PAR LE CONSERVATEUR-RESTAURATEUR Les techniques de marquages proposées dans ces ouvrages, malgré la préoccupation de faire au mieux pour l’objet, ne sont pas satisfaisantes d’un point de vue conservatoire. Jean-Yves Blot résume dans son ouvrage sur l’archéologie sous-marine, ce malaise qui siège entre les deux professions : « Si l’impératif de l’archéologue est d’étudier l’objet et d’en extraire l’information qu’il contient, le conservateur 148 lui, s’attache avant tout... à conserver, à garder à l’objet sa forme physique. Il s’en dégage une « morale » qui va parfois à l’encontre des désirs de l’archéologue ou du directeur de musée, les deux souhaitant un objet « sec », manipulable, là où le conservateur verrait d’un bon oeil un objet maintenu en atmosphère humide dans un container étanche, peu accessible donc149 . » Ces problèmes peuvent être répertoriés en deux catégorie : • Les marquages dont les données disparaissent, devenant ainsi caduques • Les marquages dégradant l’objet et/ou étant très laborieux, voire impossible à extraire sans altérer l’objet

148 149

Comprendre ici « restaurateur ». BLOT, 1994. p.153.

154


Voici un tableau récapitulatif des problèmes rencontrés sur divers types de céramiques :

Problème de perte de données

Dégradation et/ou difficulté d’extraction du marquage

Marquage directement sur l’objet à l’encre de chine ou indélébile

Pas de perte de données

Objet irrémédiablement dégradé, impossibilité d’extraire le marquage

Marquage sur papier adhésif type Tesa®

Selon la température et l’humidité ambiante le papier se décolle

Phénomène de vieillissement de la colle du ruban adhésif, devient très dure à extraire, laisse des traces

Marquage sur couche de gomme laque

Phénomène de vieillissement avec effritement, friabilité

Pénétration de la gomme laque dans la pâte de l’objet laissant des traces difficiles à extraire

Marquage sur couche de vernis à ongles

Phénomène de vieillissement avec effritement, friabilité

Pénétration du vernis dans la pâte de l’objet, traces difficiles à ôter, coloration de l’objet

Marquage sur couche de paraloïd®

Phénomène de vieillissement avec effritement, friabilité

Pas de dégradation sur l’objet

Tableau n° 9 : Récapitulatif des problèmes de marquages sur les céramiques archéologiques.

Il est à noter que plus les céramiques sont poreuses, plus les problèmes rencontrés sont importants. En effet, un objet dont la glaçure est de bonne qualité rencontrera moins de problèmes de traces de vernis ou de colle de rubans adhésifs qu’un objet poreux et/ou dont la surface est fragile. C. DÉVELOPPEMENT DU SUJET ET PROBLÉMATIQUE 1. DÉVELOPPEMENT DU SUJET Comment répondre aux enjeux de chaque spécialité ? Précis sur les besoins de deux professions étroitement liées. Afin de répondre le plus précisément possible à cette interrogation, nous réduirons le champ de recherche de notre étude au marquage temporaire de la céramique archéologique poreuse lors de la chaîne opératoire entre fouille, étude/manipulation par l’archéologue et remise au restaurateur. Après exhumation, il s'avère nécessaire de numéroter individuellement les fragments de chaque objet. L'étude archéologique fournit alors une numérotation. Par exemple, pour les fouilles de El-Nabih150 nous trouvons tout d’abord le code du site : nab, le numéro de l’année : 09, l’US ou la couche de stratification : 23864, le numéro du sac : 28 et éventuellement un numéro d’isolation additionnel. Cette numérotation doit être conservée durant toutes les interventions et rester visible sur un éventuel montage provisoire le temps que les chercheurs puissent garder la trace de ces données 150

Fouilles menées par le CEAlex.

155


primordiales pour leurs études. La conservation de ces numéros pendant l’étude/manipulation par l’archéologue est un réel problème. Chaque tesson est soit individualisé dans un sachet marqué des informations nécessaires ou alors marqué directement à l’aide des systèmes cités précédemment dans le tableau récapitulatif. Mais, par exemple comment conserver cette numérotation lors d'un dessalage (apport d'eau) ? La chose est aisée lorsqu’il s'agit d'une seule céramique, mais beaucoup plus contraignante lorsqu’il s’agit de traiter cent ou deux cents milles tessons, ce qui est le cas de certaines fouilles du CEAlex. Il est également parfois nécessaire d’inscrire certaines informations pendant l’étude151 . Enfin, une fois l'objet remonté si cela est possible et les études céramologiques152, stratigraphiques et archéologiques effectuées, l'objet isolé obtient alors un numéro unique et il est décidé s’il sera restauré153. Si l’objet est confié aux soins du conservateur-restaurateur, il lui faudra alors soustraire la numérotation existante. Enlever quelques trois cents numéros marqués sur vernis à l'encre de chine reste une gageure et présente une perte de temps évidente. Il est également nécessaire, pour certaines pièces de grand volume d’établir un ordre de pré-montage avant collage. Il faut donc une numérotation qui s'enlève rapidement, sans intervention fastidieuse, sans laisser de traces, réversible et également durable à moyen terme154

parce qu'il y a du provisoire qui dure : études par l’archéologue parfois échelonnées,

conservation des tessons en vue d’une recherche différée etc... Nous pouvons d’ores et déjà tirer de cette réflexion un premier « cahier des charges » provisoire des attentes et des besoins que devra remplir notre système de marquage :

Notre système devra : Être pratique d’utilisation pour l’archéologue et utilisable sur chantier (car le temps imparti est souvent court) Être peu onéreux (car les crédits alloués sont souvent limités) Être efficace à court et moyen terme (durant l’étude et la manipulation par l’archéologue) Être totalement réversible Être d’extraction très aisée Permettre un traitement aqueux de dessalage Tableau n° 10 : Récapitulatif des attentes et besoins du futur système de marquage.

151

Exemple : pendant un remontage provisoire. La chaîne opératoire des études céramologiques est détaillée dans notre rapport de stage. 153 La chaîne opératoire est différente selon les services, ce que nous relatons est présenté à titre d’exemple. 154 D’après nos observations, nous définirons le moyen terme comme une période allant de 10 à 15 ans. 152

156


2. PROBLÉMATIQUE Comment, sur la base de ces besoins, développer un type de marquage adéquat puisque rien à notre connaissance ne répond à ces demandes dans le commerce ? Nous nous sommes tournés vers les autres domaines de restauration. Les techniques et produits utilisés sont en majeure partie réversibles et leur composition est connue contrairement à certains produits du commerce. Nous nous sommes inspirés de la technique du facing* où, lorsqu’une peinture présente soulèvements et écaillages, on procède alors à un renforcement à l’aide du collage d’un papier non-tissé ou fin. Cette protection peut être effectuée avec divers types de colles. Elle est également utilisée en restauration d’arts graphiques sous forme de renforts. C’est cette association support/encollage qui nous intéresse et qui va constituer une des bases de notre recherche. Le principe du timbre poste présente un axe de réflexion très intéressant pour notre projet, à combiner avec le principe du facing. En effet, obtenir un support pré-encollé réactivable une fois sec nous semble être une idée à développer notamment par rapport à sa facilité d’utilisation par l’archéologue lors de campagnes de fouilles. Lors de nos stages nous avons également pris connaissance d’une technique de marquage peu répandue mais qui a attiré notre attention par sa simplicité. Il s’agit du marquage à la mine graphite directement sur les tessons. Marquages ayant une excellente tenue dans le temps selon les archéologues et céramologues interrogés 155, ils seraient complètement réversibles à la gomme. Nous voulions donc intégrer et tester cette méthode (réversibilité, résistance) en amont de notre recherche sur l'étiquetage. Voici le cahier des charges complet de notre système d'étiquetage :

Notre système devra: Être très pratique d’utilisation pour l’archéologue et utilisable sur chantier c’est à dire : - mise en oeuvre simple (l’archéologue découpe la taille d’étiquette voulue et réactive la colle de l’étiquette à l’aide d’un solvant en spray, sur le principe du timbre poste) - l’étiquette sèche très vite et l’archéologue peu écrire dessus instantanément Être efficace à court et moyen terme c’est à dire : - supporter la manipulation par l’archéologue durant l’étude - garder ses propriétés adhésives - garder le marquage clair et lisible - supporter un stockage avec variations d’hygrométrie et de température Être d’extraction très aisée c’est à dire : - s’enlève à la volée à l’aide d’une pince - si besoin en réactivant la colle à l’aide du solvant adéquat (mais cela doit rester rapide et ponctuel) Être totalement réversible : - ne laisser aucun dépôt, aucune trace nécessitant d’intervention longue Supporter un traitement aqueux de dessalage Tableau n° 11 : Cahier des charges du futur système de marquage.

155

Delphine Dixneuf, Céramologue au CEAlex, Patricia Rifa Abou El-Nil Responsable de l’inventaire au CEAlex.

157


Cependant, notre sujet est à nuancer. Il s’agit de comprendre et d’accepter les limites des solutions proposées qui s’appliqueront à un ensemble de situations spécifiques et pouvant ne pas être viables dans d’autres situations. En effet, le problème est différent selon les lieux et les services archéologiques. Un service travaillant souvent en fouilles sous-marines verra d’un bon oeil un étiquetage capable d’être posé dès la sortie de l’eau et résistant au traitement de dessalage. En effet chaque service a une chaîne opératoire et une visée différente. Selon son orientation et le matériel retrouvé il présentera une problématique orientée du côté de la conservation-restauration ou de l’étude archéologique. Un service faisant souvent restaurer ses objets verra dans notre système un moyen pratique et efficace. De plus la réversibilité et la facilité de notre système pourrait faciliter la réécriture de certains marquages. Dans un pays comme l’Égypte où les intervenants utilisent un autre système numérique, la marge d’erreur est grande : un moment d'inattention ou de fatigue sur le chantier peuvent conduire à l’erreur de marquage. Il faut donc pouvoir enlever l’étiquette facilement et rapidement afin de la remplacer de manière tout aussi simple. Un service brassant des milliers de tessons orphelins156 préférera un marquage plus facile, à même la céramique, parfois sans intermédiaire157 puisque ces tessons n’ont de sens que par leur donnée et leur études et ne seront jamais restaurés ou présentés au public. La recherche sur le marquage à la mine graphite pourrait être plus appropriée à ce type de matériel. Nous envisageons donc de développer un ou plusieurs 158 systèmes de marquage, formulé pour résister à la manipulation, certains traitements d’urgence et certaines conditions environnementales. Il est également probable que nous aboutissions à la proposition de plusieurs systèmes selon les nécessités (un système pour le dessalage, un système pour l’étude et la manipulation). L’utilité sera ensuite laissée à l’appréciation des différentes institutions et corps de métiers selon leurs objectifs et besoins.

156

Nous appelons « tessons orphelins » des tessons isolés n’ayant aucun point de contact et n’étant pas liés à un individu. C’est le cas au Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan où les tessons sont individualisés dans des sachets hermétiques dans lesquels sont placés des étiquettes plastifiées. Il n’y a pas de numérotation sur les objets. 158 Selon les résultats des expériences. 157

158


II. DÉFINITION DE L’ÉTUDE TECHNICO-SCIENTIFIQUE A. LES ÉTIQUETTES 1. DÉFINITION DU PRINCIPE SUPPORT/ENCOLLAGE ET FABRICATION DES ÉTIQUETTES « Encollage : appliquer sur une surface un apprêt de colle » Ainsi, notre système reprendra le principe de l’encollage de renfort utilisé en restauration de peinture et d’arts graphiques dit facing. Principe : Nous encollerons un support X avec une colle X afin de créer une étiquette collante. • Le support sera encollé sur une face. • L’encollage sera effectuée au pinceau plat. • Le support à encoller sera préalablement disposé sur un papier non-tissé. 2. PARAMÈTRES À TESTER ET NOTIONS PHYSICO-CHIMIQUES EN JEU Pour répondre à ce cahier des charges complexe nous avons établi la liste des expériences à mener sur nos étiquettes. Cette liste met également en lumière les notions physico-chimiques soulevées par notre étude :

• Tester le temps de séchage du système (il doit être rapide) • Tester la réactivation de la colle par un solvant • Tester la résistance du véhicule d’écriture (il ne doit être sensible ni au solvant ni à l’eau) • Tester la résistance du système lors d’un dessalage • Tester la résistance du système aux variations de température et hygrométriques • Tester l’adhésion du système « support / encollage » sur un substrat céramique poreux ( phénomènes d’adhérence et d’adhésion) • Tester la résistance du système à l’usure • Tester la tenue du système dans le temps • Faire approuver le système par un archéologue Tableau n° 12 : Récapitulatif des paramètres physico-chimiques rencontrés durant la fabrication des futures étiquettes.

159


Notions physico-chimiques à étudier qui se dégagent de ce tableau : • Réflexions et précisions sur les solvants en restauration afin de pouvoir déterminer le solvant le plus adéquat pour la fabrication de nos étiquettes • Phénomènes d’adhésion/adhérence afin de mieux comprendre les forces en jeu et pouvoir ainsi déterminer des tests pertinents pour nos étiquettes. a. Les solvants et la restauration, mise en oeuvre et propriétés Les paramètres entrant en jeux dans le choix d’un solvant sont nombreux, nous ne pouvons tous les définir ici. Cependant, les plus importants sont à mettre en exergue. Dans un premier temps nous devons considérer le domaine des risques inhérents à l’utilisation des solvants : la toxicité et l’inflammabilité. Dans un second temps il faut considérer les paramètres conditionnant la mise en oeuvre des solvants : leur viscosité, leur tension superficielle et leur volatilité. Ce sont ces données qui nous permettront ensuite de déterminer nos choix futurs. Les solvant interviennent dans de multiples cas en restauration. Le choix du solvant adéquat dépend de l’interdépendance de plusieurs éléments : • Propriétés particulières des solvants (viscosité, mouillabilité et vitesse d’évaporation) qui sont les éléments d’appréciation de l’efficacité d’un solvant. • Caractère du matériau à traiter ou du traitement à effectuer • Nature des matières à dissoudre. La plus ou moins grande facilité du solvant à dissoudre va dépendre des interactions spécifiques qui existent entre les molécules du corps à dissoudre et celles du solvant. Il faut réunir les produits qui permettent de vaincre ces interactions: c’est le problème de la solubilité. • ................ La viscosité C’est la faculté qu’un liquide a de s’écouler plus ou moins rapidement. Cet écoulement est fonction des liaisons intermoléculaires et de la facilité des molécules à glisser les unes sur les autres. Plus les liaisons intermoléculaires sont fortes à l’intérieur du liquide, plus les molécules sont freinées dans leur mouvement. Plus le temps d’écoulement est long plus le liquide est visqueux. Pour permettre au solvant un maximum d’efficacité et une pénétration satisfaisante, la viscosité ne doit pas être élevée et se situer en dessous de 2 cp.159 à 20°.

159

la cp. est l’abréviation de centipoise qui est l’unité de mesure du temps d’écoulement d’un volume connu de liquide à travers un capillaire.

160


Exemples de cp des solvants principalement utilisés en restauration : • Ether

0,24 à 20°

• Acétone

0,33 à 20°

• Acétate ethyle

0,41 à 20°

• Méthanol

0,59 à 20°

• Toluène

0,59 à 20°

• Ethanol

1,2 à 20°

• ................ La tension superficielle C’est la force qui permet à la surface d’un liquide de garder ses molécules en contact les unes avec les autres. Tout se passe comme si le volume de liquide était limité par une membrane de caoutchouc dont la tension élastique représenterait la tension superficielle. Pour rompre cette surface il faudra développer une certaine force au moins équivalente à la tension superficielle. Elle est exprimée en dyn/cm160 . L’intérêt de connaître la tension superficielle est évidente pour au moins deux application en restauration, l’imprégnation et le collage. Plus un liquide a une tension superficielle élevée et moins ce liquide mouillera la surface du solide, ce qui entre en jeu dans la qualité de l’adhérence d’un collage161 par exemple. • ................ Solvant et volatilité L’ébullition peut se définir comme une évaporation rapide, caractérisée par la formation de grosses bulles dans la masse du liquide. Un liquide pur donné, sous une pression donnée, commence à bouillir à une température déterminée qui reste invariable durant l'ébullition si la température ne varie pas. Voici ces données pour les solvants les plus utilisés en restauration: T°C d’ébullition

Vitesse d’évaporation

Pression de vapeur saturante

Ether

34, 6

1

440

Acétone

56,3

6,3

178

Méthanol

65

6,3

100

Acétate ethyle

77,1

2,9

73

Ethanol

78

8,3

40

Eau

100

Toluène

120,8

? 8,1

17,5 37

160

dyn est l’abréviation de Dyne, unité de mesure des forces exercées sur un cm, équivalent à 10 -⁵ Newton.

161

Voir dans chapitre suivant « Mouillabilité et adhésion ».

161


Pour déterminer la volatilité d’un solvant on compare la température d’ébullition, la pression de vapeur saturant et la chaleur latente. Un solvant sera volatil s’il présente, en même temps les caractéristiques suivantes : • une température d’ébullition basse • une pression de vapeur saturante élevée • une chaleur latente d’évaporation basse • ................ Solubilité On définit le produit de solubilité qui permet de classer les composés en fonction de leur concentration limite de précipitation. Plus il est faible, plus la substance est insoluble. Des tables permettent de calculer ces concentrations limites tout en tenant compte des éventuels effets d'ions communs. La solubilité de certaines espèces est également dépendante du pH. Un solvant est une substance qui dissout une autre substance. C'est la substance qui est présente en plus grande quantité dans une solution. La quantité peut être en masse, en volume ou en nombre de moles. L'eau est un solvant très utilisé. Il existe d'autres solvants comme l'alcool et l'éther. La substance dissoute dans le solvant est appelée soluté. La solubilité est la quantité de soluté que l'on peut dissoudre dans une quantité donnée de solvant, à une température donnée. • ................ Toxicité Les risques que peuvent faire courir les solvants à l’organisme ne doivent pas être négligés, même si les effets ne se font pas sentir immédiatement et sont le plus souvent cumulatifs, même à petites doses comme le méthanol. Les produits pouvant engendrer un risque évident doivent être immédiatement écartés comme le benzène. La plupart des solvants utilisés en restauration présentent des risques d’inflammabilité. Les précautions d’usage doivent être impérativement respectées 162. De façon générale et quand cela est possible, il est préférable de travailler sous hotte aspirante et dans le cas de solvants très toxiques dont on ne peut éviter l’usage, se protéger163 au maximum en utilisant hotte, gants, masques avec filtres adaptés.

162

Ne pas fumer, ne pas laisser les flacons inconsidérément ouverts, consulter les fiches INRS lors de l’utilisation d’un solvant que l’on ne connait pas, écarter les sources de chaleur de l’endroit de stockage, éviter tout contact avec la peau, les yeux et les muqueuses. 163 et protéger les autres ainsi que l’environnement.

162


c. Adhésion/Adhérence • ................ Définition L’adhésion est la résistance que présentent des corps solides, assemblés par leur interface, aux forces qui tendent à les séparer. Cette résistance englobe des propriétés complexes et ne correspond pas à une grandeur physique simple. L’adhérence quant à elle peut être quantifiée plus facilement. Nous distinguons deux termes164 : • L’adhésion qui est l’ensemble des phénomènes physico-chimiques qui se produisent lorsque l’on met en contact intime deux matériaux. Les différentes théories de l’adhésion prévoient l’établissement de liaisons ou d’interactions spécifiques. • L’adhérence est la force ou énergie nécessaire pour séparer deux matériaux réunis par une surface commune. Ainsi, il existes plusieurs théories de l’adhésion. La plus ancienne est la théorie mécanique165 . L'adhésion a longtemps été considérée comme étant un simple problème mécanique, la solidité du joint résultant de la pénétration de l'adhésif dans les aspérités de la surface solide. Elle considère le phénomène de l’adhésion comme étant d’origine mécanique. Il s’agit d’un ancrage physique du revêtement dans les aspérités présentes à la surface du substrat. C'est un mécanisme qui n’est applicable que lorsqu’il existe un contact intime entre les matériaux, une rugosité importante. La théorie mécanique n’explique qu’une partie de l'adhésion. Selon la théorie électrique166 , théorie très controversée, l'adhésion serait due à l'établissement d'une couche électrique aux interfaces, les forces étant de nature électrostatique. La théorie chimique interprète l’adhérence par la formation de liaisons covalentes entre deux corps en présence. Ce type d’adhérence n’a lieu que dans certains cas et selon les matériaux considérés. Selon la théorie de la diffusion167, l’adhésion résulte de l’interdiffusion des molécules ou des chaînes d’un des prépolymères dans l’autre. L’adhésion est alors soumise aux phénomènes de diffusion. Cette théorie n’a lieu que dans certains cas et s’applique aux matériaux compatibles, c'est à dire lorsque au moins un monomère est soluble dans l’autre. La théorie thermodynamique168 indique l'établissement de liaisons faibles (forces de Van Der Waals). Cette théorie explique une bonne partie de l'adhésion. Cette théorie correspond à la théorie de mouillage. Les forces de Van Der Waals résultent de la dissymétrie de répartition des charges positives et négatives entraînant la formation de dipôles aussi bien dans le polymère que dans le substrat et s'unissant tête-bêche. 164

AUFRAY. 2008

MEYNIS DE PAULIN, 1974 DERYAGIN et SMILGA, 1970, p.152-163 167 VOYUSKY, 1971. p. 449-455 168 SCHONHORN, 1970. p. 12-20 165 166

163


Ces différentes hypothèses montrent que les phénomènes d'adhésion ne sont pas encore bien élucidés. Il semble cependant que l'établissement de liaisons faibles mais très nombreuses soit une des raisons principales de l'adhésion dans beaucoup de cas. • ................ Mouillabilité et adhésion La mouillabilité représente l'aptitude qu'a un liquide d’occuper la plus grande surface possible lorsqu'on le dispose sur une surface solide. Nous la quantifierons par l'introduction de la notion d'énergie de surface d'un liquide ou d'un solide. L’énergie superficielle d'un liquide, également appelée tension superficielle, caractérise l'aptitude qu'a la surface d'un liquide à prendre la plus petite valeur possible dans un milieu donné. Elle caractérise également la cohésion d'un liquide puisqu'il faut vaincre les forces de cohésion interne de celui-ci pour accroître cette surface. Mécaniquement, elle s'exprime comme une force s'opposant à un accroissement de surface et rapportée à l'unité de longueur. L'unité utilisée est le N/m.

Fig. 239 : Tension superficielle schématisée (Réalisé avec Adobe Photoshop d’après les cours).

La mouillabilité doit être la meilleure possible afin que le maximum de liaisons s'établissent entre l'adhésif et le substrat comme l’indique le schéma. L'équation de Young nous indique qu'un traitement de surface est pratiquement indispensable afin que l'énergie de surface du substrat soit maximale. Ces traitements devront avoir comme principal but de nettoyer la surface solide de tous les éléments susceptibles d'établir une barrière à l'établissement des liaisons. Ainsi : • La tension superficielle des adhésifs utilisés doit être inférieure à l'énergie de surface des solides considérés. C'est pourquoi il est extrêmement difficile de coller des plastiques à l'état brut. • Une bonne mouillabilité n'est pas une condition suffisante, encore faut-il qu'il se forme des liaisons nombreuses et solides, ce qui suppose que la géométrie de la surface soit bien connue et que la chimie de l'adhésif et de la surface solide soient parfaitement adaptées.

164


• ................ Tester l’adhérence Le plus fréquemment cela consistera à effectuer des mesures de force de rupture. De nombreux tests normalisés 169 existent. Les informations obtenues à l’issue de ces tests 170 seront généralement complétées par une analyse de la rupture qui est considérée en deux axes : - Rupture adhésive (adhésif décollé de l’une des surfaces) - Rupture cohésive (rupture dans la masse de l’adhésif)

Fig. 240 : Ruptures cohésives et adhésives schématisées (Réalisé sur Adobe Photoshop d’après sources internet).

Voici une liste non exhaustive et illustrée de ces tests normalisés171 qui nous permet d’établir une réflexion quant aux futurs tests envisagés pour nos étiquettes. • Le clivage Test mécanique de rupture avec propagation d’une fissure lorsque deux substrats sont rigides. Le test de clivage au coin consiste à créer une fissure par introduction progressive d’un coin parfaitement dimensionné, dans le joint de colle, puis d’en mesurer la propagation.

Fig. 241 : Tests de clivage schématisés (Réalisé sur Adobe Photoshop d’après sources internet).

169

Des tests normalisés sont des tests définis par une norme AFNOR ou ISO par exemple.

170

Norme NF EN ISO 4624 / NF T30-062 (11/03) Peintures et vernis. Essais de traction. Nous avons écarté d’office les tests de cloquage et de flexion car non pertinents dans le cadre de notre étude.

171

165


• Le cisaillement Ce test permet de mesurer l’état de contrainte interne d’une structure, dans lequel chaque partie a tendance, sous l’effet de forces de sens contraire, à glisser par rapport à la partie voisine.

Fig. 242 : Tension superficielle schématisée (Réalisé sur Adobe Photoshop d’après sources internet).

• La traction Permet de mesurer la résistance à la rupture de matériaux collées bout à bout. Ce test impliquera des substrats rigides capables de supporter les efforts.

Fig. 243 : Test de traction schématisé (Réalisé sur Adobe Photoshop d’après sources internet).

• Le pelage Principalement utilisé lorsque l’un des substrats est souple. Celui-ci peut se faire à différents angles, les plus courants étant 90° et 180°. L’angle utilisé doit rester constant durant la durée du test.

Fig. 244 : Tests de pelage schématisés (Réalisé sur Adobe Photoshop d’après sources internet).

166


3. CHOIX DES MATÉRIAUX POUR LA FABRICATION DES ÉTIQUETTES a. Présélection Nous avons effectué une présélection de papiers et d’encollages divers pouvant au premier abord répondre aux besoins énoncés. Une batterie de pré-tests est alors menée en amont de l’étude afin d’écarter les matériaux ne convenant pas du tout à notre projet. Les paramètres fondamentaux de notre sélection sont ceux de la neutralité pour l’objet, de la réversibilité et d’une faible toxicité pour l’utilisateur. Tous les matériaux que nous avons sélectionnés sont disponibles dans le commerce. • ................ Choix du solvant Nous aurions pu choisir l’eau comme solvant. Seulement il aurait été impossible de concevoir des étiquettes capables de supporter un traitement aqueux comme un dessalage ou de supporter un fort pourcentage d’humidité dans l’air. Nous nous sommes donc tournés vers l’acétone, solvant très quotidiennement utilisé en conservation-restauration de céramique car neutre pour celle-ci. L'acétone172 est un liquide transparent, inflammable, d'odeur caractéristique à la fois âcre et aromatique. Sa température de fusion est de -95,4 °C et celle d'ébullition de 56,53 °C. Elle a une densité relative de 0,819 (à 0 °C). L'acétone est le dérivé le plus simple de la série des cétones aliphatiques et la présence de la double liaison carbone-oxygène lui confère l'essentiel de sa réactivité. C'est un composé très soluble dans l’eau car c'est une molécule polaire à chaîne carbonée courte, dans l'éthanol et dans l'éther. Il présente effectivement une certaine toxicité mais moindre que le toluène ou le dichloromethane, beaucoup plus dangereux pour l’utilisateur et l’environnement. Il convient de prendre certaines précautions lors de l’utilisation de l’acétone. Nous conseillons soit d’utiliser un masque soit de travailler sous hotte. Cependant il est à noter qu’il s’agit d’un solvant particulièrement volatile et que son utilisation en plein air173 peut être envisagée sans hotte. Il conviendra alors d’utiliser un masque. • ................ Présélection des supports Nous avons recherché dans le commerce des papiers susceptibles de présenter les qualités suivantes : • résistance • souplesse • qualités conservatives • capacité de supporter un encollage 172 173

Voir chapitre précédent sur les solvants. Notamment sur un chantier de fouilles.

167


Voici un tableau listant les différents supports choisis et leurs propriétés :

Supports

Propriétés

Papier Tyvek®

-

qualités conservatives (papier utilisé en conservation préventive, PH neutre) solidité souplesse surface imperméable non sensible à l’acétone

Papier non-tissé polyesther Reemay 34g

- qualités conservatives (papier utilisé en conservation d’arts graphiques et de peinture, PH neutre) - solidité - souplesse - non sensible à l’acétone

Papier Ingres fort mbm 130g

- qualités conservatives (PH neutre) - solidité - non sensible à l’acétone

Papier Japonais Kanoko 58g

- qualités conservatives (c’est un papier utilisé en restauration d’arts graphiques, PH neutre) - sa solidité grâce à ses longues fibres qui confèrent au papier une grande résistance malgré un faible grammage - souplesse - non sensible à l’acétone - connu pour être très résistant aux attaques organiques Tableau n° 13 : Cahier des charges du futur système de marquage.

• ................ Présélection d’encollages Nous recherchions des colles ayant les propriétés principales suivantes: • facilement réversible • soluble à l’acétone et réactivable (c’est à dire qu’une fois sèches elles ont la capacité de retrouver leurs propriétés collantes en étant humectées à l’aide du solvant choisi) • bonne résistance à la dégradation biologique • résistance au vieillissement • produit prêt à l’emploi ou facile de préparation • coût peu élevé • force de tension maximale (UTS) de la colle inférieure à celle du matériau 174

174

La force de tension maximale qu’un matériau peut supporter avant de céder est nommée ultimate tensile strenght (UTS). Si l’UTS de l’adhésif est supérieur à celui du matériau, celui-ci peut être dégradé, c’est pourquoi en restauration il est préférable d’utiliser un adhésif ayant un UTS inférieur au matériau de l’objet collé.

168


Nous avons donc sélectionné les colles suivantes :

Colles

Propriétés

Klucel G à 6% dans de l’acétone (hydroxypropylcellulose)

Colle en poudre chimiquement neutre et réversible. Très bonne résistance à la dégradation biologique. N'est pas toxique, a un pH stable. Totalement transparente en séchant. Utilisable à 6 % en adhésif. Préparation : à faire gonfler avec le solvant.

Archaeocoll 2000 Kremer (nitrate de cellulose)

Colle pour restauration de céramiques archéologiques. Très réversible à l’acétone. Transparente en séchant. Préparation : prêt à l’emploi

Mowital B60HH (polymère de vinyle butyrale) 1 dose pour 4 de solvant

Utilisé surtout en restauration archéologique pour coller et consolider les céramiques. Répond aux propriétés de réversibilité, résistance au vieillissement, transparence, rapidité de prise et retrait minimum. Il se dilue dans l’alcool en pourcentages variables selon l’emploi et il est réversible dans l’alcool et l’acétone. Préparation : mélanger 4 volume d’acétone pour 1 volume de Mowital. Laisser gonfler une nuit.

Primal E 330 (résine acrylique en dispersion aqueuse)

Utilisée en formulations de mortiers à base de liants hydrauliques auxquels il confère de bonnes résistances mécaniques.

Adhésif acrylique 498 HV Lascaux (polymère acrylique thermoplastique en dispersion à base de méthacrylate de méthyle et d'acrylate de butyle)

Diluable à I'eau, après séchage insoluble dans I'eau. Solubilité permanente dans I'Acétone, Alcool, Toluène, Diluant X etc. Insoluble dans I'essence, White Spirit. Pour collages non-réticulants, résistants à la lumière et au vieillissement, pour rentoilages, marouflages, lamifiés et collages. Pour application humide ou application sèche avec réactivation, sur supports absorbants et non-absorbants, comme papier ou carton, textiles, panneaux en bois, fibreux ou en polyester, plâtre et béton, verre et verre acrylique, aluminium etc.

Préparation : prêt à l’emploi

Préparation : prêt à l’emploi

Tableau n° 14 : Colles prés-sélectionnées et leur caractéristiques.

• ................ Choix du véhicule d’écriture Le véhicule d’écriture devra être indélébile sur l’étiquette, ne pas être sensible à l’eau ou à l’acétone. Nous avons donc choisi en premier lieu le feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell à l’encre de chine. Il est censé être insoluble dans l’eau et dans l’acétone. b. Protocole et mise en place des prétests Nous procédons dans un premier temps à une série de pré-tests afin de déterminer quels matériaux seront les plus susceptibles de convenir pour notre projet et de procéder à un premier écrémage.

169


• ................ Protocole expérimental • Préparation des colles 175 ( Klucel G, Mowital ) • Disposition des échantillons de papiers sur un support non-tissé • Encollage des différents papiers-supports au pinceau plat • Séchage • Découpage des échantillons à la taille d’étiquette voulue • Réactivation au solvant (acétone) • Collage sur un substrat en céramique poreuse • Séchage • Numérotation • Extraction de l’étiquette • Observation • ................ Résultats des tests et interprétation

Fig. 245 : Après marquage.

Fig. 246 : Après l’extraction.

Fig. 247 : Division en feuillets des éprouvettes en Tyvek® .

175

La préparation des colles est explicitée dans la présentation des produits.

170


Tableau des résultats obtenus :

Papier Tyvek®

Papier non-tissé polyesther Reemay 34g

Papier Ingres fort mbm 130g

Papier Japonais Kanoko 58g

Klucel G à 6% dans de l’acétone (hydroxypropyl cellulose)

Etiquette n°1 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant mais l’extraction est difficile car l’étiquette se divise en feuillets. - Bonne lisibilité de l’annotation. - Traces blanchâtres après retrait.

Etiquette n°2 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Aucune adhésion. Pouvoir collant nul. - Etiquette presque transparente, difficultés de lecture du numéro.

Etiquette n°3 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant mais étiquette trop rigide n’épousant pas la surface de la céramique. - Annotation conservée.

Etiquette n°4 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant. - Extraction aisée. - Annotation conservée.

Archaocoll 2000 Kremer (nitrate de cellulose)

Etiquette n°5 - Séchage rapide (moins d’une minute). - L’extraction est difficile car l’étiquette se divise en feuillets. Le papier est raide et se gondole. - Annotation conservée. - On observe des auréoles blanches autour de l’étiquette. - Traces blanchâtres après retrait.

Etiquette n°6 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Adhésion trop forte. Extraction difficile. - Papier rigide et gondolé. - Auréoles blanches autour de l’étiquette. - Traces blanchâtres après retrait. - Etiquette presque transparente, difficultés de lecture du numéro.

Etiquette n°7 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant mais étiquette trop rigide n’épousant pas la surface de la céramique. - Annotation conservée. - Traces blanchâtres après retrait.

Etiquette n°8 - Séchage rapide (moins d’une minute). - pouvoir collant. - Extraction aisée. - Annotation conservée.

Mowital B60HH (polymère de vinyle butyrale) 1 dose pour 4 de solvant

Etiquette n°9 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant mais l’extraction est difficile car l’étiquette se divise en feuillets. - Annotation conservée.

Etiquette n°10 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Adhésion moyenne. - Extraction aisée. - Etiquette presque transparente, difficultés de lecture du numéro.

Etiquette n°11 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant mais étiquette trop rigide n’épousant pas la surface de la céramique.

Etiquette n°12 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant. - Extraction aisée. - Annotation conservée.

Primal E 330 (résine acrylique en dispersion aqueuse)

Etiquette n°13 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant mais l’extraction est difficile car l’étiquette se divise en feuillets. - Annotation conservée.

Etiquette n°14 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Mauvaise adhésion. - Etiquette presque transparente, difficultés de lecture du numéro.

Etiquette n°15 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant et étiquette épousant la surface de la céramique. - Annotation conservée.

Etiquette n°16 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant. - Extraction aisée. - Annotation conservée.

Adhésif acrylique 498 HV Lascaux

Etiquette n°17 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant mais l’extraction est difficile car l’étiquette se divise en feuillets. - Annotation conservée.

Etiquette n°18 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Adhésion moyenne. - Extraction aisée. - Etiquette presque transparente, difficultés de lecture du numéro.

Etiquette n°19 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant mais étiquette trop rigide n’épousant pas la surface de la céramique. - Annotation conservée.

Etiquette n°20 - Séchage rapide (moins d’une minute). - Bon pouvoir collant. - Extraction aisée. - Annotation conservée.

(polymère acrylique thermoplastique en dispersion à base de méthacrylate de méthyle et d'acrylate de butyle)

Tableau n° 15 : Tableau discriminant (cases rouges) des résultat des tests de pré-sélection.

171


Interprétation et exploitation des résultats : Ce test de présélection s’est révélé très utile car il nous a permis d’écarter plus de 14 systèmes sur 20, soit 70 % nous permettant ainsi d’affiner notre recherche. • Le Papier Japonais Kanoko se révèle être le support le plus adapté. Tous les autres supports sont écartés sauf pour l’étiquette n°15 (Ingres/Primal) qui présente une bonne souplesse contrairement aux autres étiquettes au support Ingres qui sont trop rigides et n’épousent pas la surface de la céramique. • L’Archaocoll 2000 Kremer n’est pas retenue car son pouvoir collant est trop fort pour l’utilisation envisagée, tous les supports se rigidifient et se gondolent fortement. • Le véhicule d’écriture (feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell) supporte la réactivation à l’acétone et est compatible avec tous les encollages et tous les supports sauf le papier non-tissé polyesther Reemay 34g à cause de sa transparence qui empêche la lisibilité de l’annotation. B. LA MINE GRAPHITE 1. COMPOSITION, FABRICATION ET UTILISATION EN TANT QUE MARQUAGE Nous abordons également ce médium car l’étude de son comportement en tant que matériau de marquage s’est révélé être intéressante et pertinente dans le cadre de notre réflexion. Il est de plus peu cher et facile d’utilisation. La mine graphite est constituée d’un mélange de poudre de graphite et de kaolinite*. Sa présentation complète est disponible en annexes tandis que nous allons détailler ici son utilisation en tant que marquage en archéologie. Un échantillon de céramique marquée à la mine graphite nous a été prêté par le CEAlex. Ce tesson de terre cuite à engobe noire provient des fouilles du Consulat menées par le CEAlex en 1996, étude Morel. Le tesson à été manipulé et étudié puis conservé pendant 15 ans au dépôt de fouilles de Shallalat. Le marquage « 2 » apparait sur la face interne du tesson en surbrillance. Il ne semble pas altéré.

Fig. 248 et 249 : Tesson de terre cuite provenant des fouilles du Consulat marqué à la mine graphite en 1996.

172


Nous avons donc les données suivante grâce à ce tesson : Le marquage résiste au temps (minimum 15 ans). Le marquage résiste aux conditions de conservation du dépôt de fouilles de Shallalat. Le marquage résiste à la manipulation durant l’étude. Le marquage est approuvé par les archéologues pour sa simplicité d’utilisation Tableau n° 16 : Récapitulatif des données concernant le marquage à la mine graphite.

Nous allons vérifier ces hypothèses en intégrant un marquage de ce type à nos expériences définies pour nos étiquettes afin d’en étudier le comportement. 2. CHOIX DU TYPE DE MINE Nous considérons, d’après une observation personnelle que le marquage du tesson du CEAlex à été fait à l’aide d’une mine de type « sèche ». Nous pensons réutiliser un crayon de ce type lors de nos expériences. Une mine de type 2H est donc choisie. Nous avons décidé de nous procurer un crayon 2H de la marque Faber Castel, producteurs connus de fournitures pour artistes de bonnes qualités. Nous avons décidé de réduire le test à un seul crayon pour ne pas multiplier les expériences déjà nombreuses dans notre étude176 . III. EXPÉRIENCES La première batterie de tests nous a permis d’effectuer une sélection de matériaux pouvant hypothétiquement se prêter à la réalisation de notre système d’étiquetage. Nous avons également gardé en amont l’idée de tester les propriétés de la mine graphite. Nous avons pu déterminer de manière empirique lors de ces tests que tous nos matériaux ont les propriétés suivantes: • le marquage sur nos étiquettes résiste à l’eau et à l’acétone (véhicule d’écriture insoluble) • les étiquettes sont réactivables une fois sèches à l’acétone • les étiquettes sont rapidement sèches une fois posées sur la céramique (se prêtant donc au marquage très rapidement) Il nous faut à présent valider nos hypothèses à l’aide d’une méthode expérimentale, c'est à dire en les soumettants à des expériences répétées qui peuvent être chiffrées.

176

Une étude plus approfondie du matériau est disponible dans les annexes p. 261.

173


Notre protocole général d’expérimentation regroupera la description des conditions et du déroulement de chaque test afin que ceux-ci puissent être répétés à l’identique. Un protocole précis sera rédigé pour chaque expérience. Nous distinguons dans notre étude deux sortes d’expériences. En premier lieu nous trouvons les expériences qui auront pour but de vérifier les hypothèses énoncées ci-dessus et qui ont donc trait aux propriétés des matériaux et à la fabrication des étiquettes. En second lieu nous trouvons les expériences qui concernent la viabilité des étiquettes et du marquage à la mine graphite dans le contexte de leur utilisation (adhésion, tenue dans le temps, usure à la manipulation, dessalage, variations de température et d’humidité). Dans une ultime partie nous proposerons une étude empirique mais néanmoins primordiale. Les systèmes obtenant les meilleurs résultats dans la partie précédente seront testés in situ par les techniciens du CEAlex177 . Pour cela nous rédigerons préalablement un « mode d’emploi » avec les indications nécessaires à la fabrication et à l’utilisation des systèmes de marquage retenus. A. EXPÉRIENCES SUR LES PROPRIÉTÉS DES MATERIAUX UTILISÉS POUR LES ÉTIQUETTES Voici ce que nous voulons tester dans cette première partie: • Expérience n° 1 : Résistance du véhicule d’écriture à l’acétone et à l’eau Nous allons tester la résistance du marquage du feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell sur nos étiquettes. La vérification est validée par un test oculaire178. • Expérience n°2 : Réactivation des étiquettes par l’acétone Nous allons vérifier que toutes nos étiquettes une fois sèches peuvent être recollées après avoir été humectées à l’acétone. • Expérience n°3 : Séchage et rapidité d’écriture Nous voulons savoir quel système sèche le plus vite c’est à dire sur quel système l’archéologue peut écrire le plus rapidement possible après pose de l’étiquette sur un substrat en céramique poreuse.

177

Sous la proposition de Valérie Pichot Archéologue/Archéométalluriste au CEAlex et responsable du chantier de fouilles de Maréa Philoxénité (Égypte). 178 Ces tests, notamment celui qui vérifie la résistance de l’écriture sont validés par l’observation oculaire de l’éprouvette. Nous avons convenu avec Mr Claude Pepe qu’en raison de la future utilisation de notre système, un test oculaire était suffisamment précis et pertinent puisqu’il s’agit justement de conserver une bonne lecture du marquage. La vérification est effectuée par un tiers qui ne connait pas le marquage que nous avons apposé avant de le lire.

174


1. EXPERIENCE N°1 : RESISTANCE DU VEHICULE D’ECRITURE A L’ACETONE ET A L’EAU a. Protocole de l’expérience • Un marquage est apposé sur les différentes étiquettes avec le feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell . Nous avons voulu tester l’encre sur les étiquettes préparées avec leur encollage pour être sûrs qu’aucune interaction avec la colle ne peut dégrader l’encre. • Les étiquettes marquées seront ensuite immergées dans de l’acétone pendant 1 jour. • L’expérience sera répétée 5 fois dans un soucis de répétabilité. b. Résultats de l’expérience Aucun des marquage n’a subit d’altération sur les 5 séries après observation. Tous les encollages se sont solubilisés dans l’acétone ne laissant que les supports et les marquages.

Fig. 250 : Une des cinq éprouvette après expérience.

Tableau des résultats : Série 1

Série 2

Série 3

Série 4

Série 5

Primal E330

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Klucel G

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Mowital B360HH

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Encre non altérée

Tableau n° 17 : Résultat des tests de résistance des marquages sur les différents complexes.

c. Interprétation L’encre du feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell n’est pas sensible à l’acétone et peut donc être utilisé comme véhicule d’écriture pour notre système de marquage. Nous pouvons également en tirer la conclusion qu’aucun des encollages choisis n’a la capacité d’altérer le marquage durant sa solubilisation. L’expérience est donc réussie à 100%.

175


2. EXPERIENCE N°2 : REACTIVATION DES ETIQUETTES PAR L’ACETONE a. Protocole de l’expérience • Les différentes étiquettes sèches (au moins un jour après encollage) seront humectée avec de l’acétone sur la face encollée. • Elles seront alors positionnées sur une surface en céramique poreuse. • L’expérience sera répétée 5 fois par type d’étiquette. b. Résultats de l’expérience Tous les encollages retrouvent leur propriétés collantes immédiatement après réactivation. Tableau des résultats : Série 1

Série 2

Série 3

Série 4

Série 5

Primal E330

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Klucel G

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Mowital B360HH

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Propriétés collantes intactes

Tableau n° 18 : Résultat des tests de réactivation des adhésifs par l’acétone.

c. Interprétation Tous les encollages supportent la réactivation à l’acétone avec un résultat de 100%. 3. EXPERIENCE N°3 : SECHAGE ET RAPIDITE D’ECRITURE a. Protocole de l’expérience • Les différentes étiquettes sèches (au moins un jour) seront humectée avec de l’acétone sur la face encollée. • Elles seront alors positionnées sur une surface en céramique poreuse. • Un marquage sera apposé directement après positionnement sur la surface avec le feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell (temps estimé : entre 1 et 2 s). • L’expérience sera répétée 5 fois par type d’étiquette.

176


b. Résultats de l’expérience Toutes les étiquettes supportent un marquage rapide entre 1 et 2 s après application sur la surface céramique et ce avec une marge d’erreur de 0%. Tableau des résultats : Série 1

Série 2

Série 3

Série 4

Série 5

Primal E330

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Klucel G

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Mowital B360HH

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Ecriture immédiate après collage

Tableau n° 19 : Résultat des tests de temps de séchage et de possibilité d’écriture sur les complexes.

c. Interprétation 100 % des étiquettes sont capables de supporter un marquage quasi-instantané au feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell. • ................ Conclusion générale de la 1ère partie Les hypothèses que nous avons pu énoncer de manière empirique ont été vérifiées de manière systématique par le biais d’une méthode expérimentale. Nous pouvons donc affirmer que : • le marquage de nos étiquettes résiste à l’eau et à l’acétone et que l’encre du feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell est insoluble dans l’acétone. • les étiquettes sont réactivables une fois sèches à l’acétone selon le principe du timbre poste. • les étiquettes sont rapidement sèches une fois posées sur la céramique et se prêtent à un marquage quasi-instantané.

177


B. EXPERIENCES SUR LA VIABILITE DES MARQUAGES DANS LEUR CONTEXTE D’UTILISATION Il va s’agir ici de mettre en situation nos systèmes d’étiquetage ainsi que le marquage à la mine graphite. Nous avons déterminé quels sont les principales épreuves que nos systèmes pourraient avoir à subir entre fouille, traitement, stockage et manipulation. Nous avons ensuite reproduit ces conditions de manière à pouvoir tester de façon systématique le comportement de nos différents marquages. Voici la chaîne opératoire classique que nous avons déterminée avec l’aide des archéologues179 du CEAlex : • Sortie de fouille et mise en sac • Transport • Lavage • Dessalage • Stockage • Manipulation/étude (qui peut se reproduire) • Stockage • Restauration (parfois la restauration intervient avant l’étude selon les cas) • Stockage Nous allons donc calquer nos expériences sur cette chaîne opératoire. • ................ Choix des céramiques/test de porosité Nous avons choisi trois céramique poreuses afin de varier les surfaces. La première est un bol en terre cuite émaillé à l'intérieur et dont la pâte de couleur rouge est à nu sur toute la surface extérieure. Il s’agit d’un objet de fabrication artisanale que nous nous sommes procuré dans un souk alexandrin. Le second objet est un brûle encens en terre cuite rouge très poreuse de piètre qualité que nous nous sommes procuré dans le même souk alexandrin. Le troisième objet est un tesson que le CEAlex a proposé de mettre à notre disposition afin que nos expériences soient également menées sur un objet antique. Ce tesson en terre cuite rouge très

179

Valérie Pichot, Archéologue/Archéométallurgiste responsable des fouilles de Maréa Philoxénité, Delphine Dixneuf, Céramologue, Isabelle Hairy, Archéologue-architecte et Patricia Rifa Abou El-Nil, Archéologue.

178


granuleux provient des fouilles d’El-Nabih 180. Il a été étudié et référencé mais fait parti de ces millions de tessons orphelins. Nous avons procédé à un test de porosité181 afin de pouvoir classer nos trois objets selon leur porosité :

Objet

Temps de pénétration de la goutte d’eau

Tesson de El-Nabih

7s

Brûle-encens

11 s

Bol

15 s

Tableau n° 20: Tests de porosité des trois objets.

1. EXPERIENCE n°4 : DESSALAGE a. Précis sur le dessalage des céramiques • ................ Pourquoi dessaler ? La céramique, de même que la pierre et le verre, est considérée comme un des matériaux le plus résistant à un long séjour sous-marin à contrario du bois du cuir et des métaux qui sont profondément affectés jusque dans leur structure moléculaire interne. Cependant, même si la structure de la céramique n'est pas altérée, la principale cause d’altération à redouter est la cristallisation de sels (essentiellement le chlorure de sodium = sel marin). Véhiculés par l’eau, les sels pénètrent la structure poreuse de l’objet. Si une glaçure est présente, les sels vont buter contre celle-ci. De brusques variations de température, un séchage rapide aboutissent à une phase de cristallisation. Le gonflement engendré par cette cristallisation entraîne une poussée progressive de la glaçure qui se désolidarise du tesson et à la rupture des parois capillaires de la terre cuite. A chaque augmentation importante d’humidité, la réhydratation des sels entraîne une nouvelle migration vers l’extérieur de la céramique avec les mêmes effets destructeurs : « L’émail des céramiques, si résistant d’habitude, cédait parfois, laissant la place à un tapis de cristaux blanchâtres182. » • ................ Le dessalage Il est donc primordial de dessaler les céramiques issues des fouilles sous-marines car elles sont gorgées de sel et l’absence de traitement abouti à la destruction de l’objet et de ses données.

180

Campagne de fouilles de la citerne El-Nabih, débutée en 1996. Voir pour plus d’information le site du CEAlex http://www.cealex.org/sitecealex/savoirplus/etude%20el-nabih/etud_eln_fouille.htm 181 Test de porosité : Calcul du temps de pénétration d’une goutte d’eau déposé à l’aide d’une pipette sur la surface de la céramique. Le temps de pénétration de cette goutte est mesuré à l’aide d’un chronomètre. Temps exprimé en secondes. 182 BLOT, 1994. p. 150.

179


Plusieurs techniques de dessalage existent. La plus commune en ce qui concerne la céramique consiste en un bain prolongé et renouvelé en eau douce, parfois avec l’adjonction d’un anti fongique183 pour éliminer les micro-organismes. Un relevé par échantillonnage avec dosage des chlorures184

ou test par

conductimétrie185 est effectué quotidiennement afin de connaître le niveau de sel ayant migré dans la solution d’eau douce et permet ainsi de pouvoir déterminer la fin du traitement. Nous pouvons également obtenir une idée du sel présent dans l’eau par un test très simple à base de nitrate d’argent. Le test consiste à placer 10 ml d’acide nitrique à 5 % dans deux burettes numérotées 1 et 2 . On ajoute ensuite 5 ml du bain de lavage dans la burette 1 et 5 ml d’eau déminéralisée dans la burette 2. Puis, on laisse tomber 5 gouttes de nitrate d’argent à 1 % dans chacune des burettes que l’on agite et que l’on observe ensuite sur un fond sombre. La présence de chlorure se manifeste par une émulsion blanchâtre, laiteuse, dans la burette 1, leur absence par un solution claire. Tout objet destiné à être stocké au sec ne peut l’être qu’après réaction négative de ce test dans l’eau de lavage (d’après Robinson)186. b. Protocole et description de la mise en oeuvre Il s’agit ici de soumettre nos systèmes de marquage à un dessalage classique post fouilles sousmarines. N’ayant pas de céramiques à dessaler au moment de l’expérience, nous avons préparé, avec l’aide de Mme Marwa Mohammed Talaat, chimiste au CEA, une solution d’eau salée à raison de 28g/l187 et de 3,25 %188. Nos trois céramiques tests ont été immergées dans cette solution pendant une semaine. Il a été calculé par argentométrie que les céramiques contenaient après ce traitement de « salinisation » 0.5g/l de sel189.

Fig. 251 et 252 : Les trois céramiques en cours de « salage » et test au nitrate d’argent. 183

car le milieu marin est le théâtre d’une vie biologique très intense et particulièrement prospère les micro-organismes et les végétaux peuvent modifier de manière irréversible l'apparence d’une céramique (tâches, auréoles, colorations...). 184 appelé aussi argentométrie, voir protocole en annexe p. . 185 La conductimétrie est une méthode d’électroanalyse qui permet de mesurer les propriétés conductrices d’une solution ionique dont la présence d’ions, chargés électriquement, assurent le caractère conducteur de la solution. 186 BLOT. 1994. p. 157 187 teneur quasi similaire à l’eau de mer. 188 C’est à dire 3,25 g de NaCl par 100g de solution. 189 Niveau de sel déterminé par échantillonnage et test du dosage de chlorure.

180


Nous voulions que les céramiques soient salées à coeur et pas uniquement plongées dans un bain d’eau salée afin de pouvoir soumettre nos systèmes de marquages à de réelles conditions de dessalage. En effet, les échanges de sel entre la céramique et la solution se font dans les deux sens. Les sels voyagent, migrent entre l’intérieur de la céramique et la solution et nous voulions être sûres que nos marquages soient aptes à supporter ces mouvements. Nous ne pouvons cependant en aucun cas prétendre que notre céramique immergée pendant trois semaine dans de l’eau salée subira les mêmes dégradations et effets qu’une céramique enfouie durant des millénaires en milieu marin. Il s’agit là pour nous de pouvoir observer si le mouvement des sels de l'intérieur de l’objet vers l’extérieur cause des dégradations sur notre système de marquage. Nous sommes alors intervenus en procédant au marquage de ces céramiques directement « à la sortie190 » du bain de salage, simulant ainsi une sortie de fouille sous-marine. Les étiquettes ont été découpées à la taille voulue, réactivées à l’acétone à l’aide d’un pinceau, apposées sur la surface encore humide des céramiques puis les numéros ont été écrits avec le feutre indélébile PITT Artist Pen de FaberCastell. Les marquages à la mine graphite ont été apposés directement sur les surfaces encore humides de nos céramiques. C’est à ce moment que le processus de dessalage commence, toujours avec l’aide de Mme Marwa Mohammed TALAAT, chimiste et responsable du dessalage au dépôt de fouilles.

Fig. 253 et 254 : Marquage du tesson de El-Nabih.

Fig. 255 et 256 : Marquage du brûle-encens et du bol. 190

Lors des fouilles sous-marines, les objets doivent être immédiatement traités à leur sortie afin de diminuer au maximum la rupture de l’équilibre entraînant de graves réactions irréversibles. Cependant si le dessalage n’est pas possible immédiatement les objets sont stockés dans leurs conditions d’enfouissement, terre d’origine pour les fouilles terrestres, eau salée pour les objets sous-marins.

181


Après marquage, les céramiques sont immergées dans une solution d’eau douce. Le but du dessalage est d’obtenir un taux sans sel dans la céramique chose que nous avons vérifié à l’aide de la technique du dosage des chlorures 191. A la fin du dessalage, les céramiques sont sorties de l’eau, mises à sécher à température ambiante (entre 28 et 32°) pendant plusieurs jours. Une fois sèches nous procédons aux relevés suivants avant de continuer l’expérimentation : • nombre d’étiquettes ayant supporté le traitement • état des inscriptions (très lisible - inscription altérée mais lisible - inscription effacée) Enfin nous procédons à l’extraction des marquages afin de déterminer : • leur neutralité vis à vis de la céramique • leur facilité d’extraction (rapidité d’extraction, réversibilité de traces éventuelles de colle sur la céramique) Récapitulatif du protocole de l’expérience: • Salage des céramiques (1 semaine d’immersion) • Marquage des céramiques à la sortie du bain simulant une sortie de fouille sous-marine • Dessalage (3 semaines d’immersion) • Séchage (1 semaine) • Extraction des marquages c. Résultats de l'expérience Les résultats sont donc divisés en deux axes. Tout d’abord l’observation des étiquettes et des marquages à la mine graphique après dessalage et séchage. Ensuite l’observation du comportement des étiquettes après extraction (facilité d’extraction, recours ou non à un solvant, traces laissées sur les objets). • ................ Observation après dessalage et séchage Tableaux de résultats détaillés en annexe192 • ................ Observation de l’extraction Voir tableaux détaillés en annexes. 191

Voir le tableau des relevés des chlorures p. 264 des annexes. Les tableaux, regroupants de nombreuses données ont été placés en annexes afin de conserver le corps de texte lisible et fluide. Seules les interprétations et l’exploitation des résultats sont présentées ici. Cela prévaut pour toutes les expériences. Ils sont disponibles à partir de la p. 265 des annexes. 192

182


d. Interprétation et exploitation des résultats • ................ Interprétation après dessalage et séchage Après observation, nous avons pu déceler deux types d’altérations par étiquettes. Les altérations légères, qui ne gênent ni la lisibilité ni la viabilité de l’étiquette et les altérations rendant l'étiquetage caduque donc inexploitable. Ainsi nous pouvons calculer un pourcentage de réussite par type d’étiquette. Sur 75 étiquettes, 31 présentent des altérations « tous types confondus » mais seulement 24 d’inexploitables. Ce premier résultat élevé provient du fait que les étiquettes Klucel G/Papier Japon ne sont absolument pas adaptées à un traitement aqueux et que toutes les étiquettes se sont décollées rapidement. Ainsi, si l’on soustrait les 15 étiquettes Klucel, l’on obtient un chiffre plus significatif de la réussite de l’expérience soit seulement 9 étiquettes inexploitables sur 60 (soit 15 %). Voici les résultats 193 par type de marquage, en excluant les étiquettes Klucel, tous objets confondus194 :

Nbr de marquages au départ de l’expérience

Nbr marquages sans altérations

% marquages sans altérations

Nbr marquages avec légère modif mais exploitables

% marquages avec légère modif mais exploitables

Nbr marquages non exploitables

% marquages non exploitables

% de réussite

Primal E330 Papier Japon

15

10

66,66 %

5

33,33 %

0

0%

100 %

Primal E330 Papier Ingres

15

11

73,33 %

1

6,66 %

3

20 %

80 %

Mowital B60 HH

15

9

60 %

0

0%

6

40 %

60 %

Adhésif acrylique 498 HV Lascaux

15

14

93,33 %

1

6,66 %

0

0%

100 %

Mine graphite

15

0

0%

0

0%

15

100 %

0%

Tableau n° 21 : Récapitulatif des résultats du test de résistance des différents complexes au dessalage.

Le meilleur résultat est obtenu par l’étiquette fabriquée avec l’adhésif acrylique 498 HV de chez Lascaux avec un pourcentage de 100 % de réussite et un pourcentage de marquages sans altérations de 93,33 %.

193 194

Les résultats chiffrés sont donnés selon la convention des chiffres significatifs. Ces tableaux de pourcentages sont le résultat de l’exploitation rigoureuse des chiffres donnés dans les tableaux de relevés.

183


Cette étiquette est suivie par celle qui a été fabriquée à l’aide de papier japon et de Primal E330 avec 73,33 % de marquages sans altération et 100 % de réussite. •

L’étiquette Primal E330/Papier Ingres est écartée car malgré un pourcentage de réussite de 80 %, nous avons observé que le papier était très sensible à l’eau.

L’étiquette Mowital B60HH est écartée avec le résultat le plus faible de 60 % soit 40 % de pertes de données, ce qui est rédhibitoire.

Les marquages à la mine graphite ne supportent absolument pas le traitement de dessalage avec un taux d’échec de 100 %. Cette technique de marquage est donc écartée pour tout marquage de céramiques ayant à subir un traitement de dessalage.

Fig. 257 : Tesson de de El-Nabih à la sortie du bain de dessalage.

Fig. 258 : Le brûle encens à la sortie du dessalage.

Fig. 259 : Le bol à la sortie du dessalage.

184


• ................ Interprétation des résultats après extraction Lors de l’extraction, nous avons enlevé les étiquettes à la main, sans outils particuliers. Lorsqu’il paraissait évident qu’une action mécanique seule ne pouvait suffire à une extraction de bonne qualité (sans trace et sans décollement de la surface de l’objet) nous avons établi un protocole rapide de retrait par compresse de solvant (acétone). La compresse imbibée d’acétone est posée 20 secondes sur l’étiquette. Nous avons défini ce temps pour conserver notre ligne directrice de « rapidité » et de facilité d’extraction. Le fait d’extraire par solvant, si l’action ne dépasse pas 20 sec n’est pas considérées comme un paramètre rédhibitoire. Voici les tableaux des pourcentages que nous avons réalisés lors de l’exploitation des résultats :

% d’étiquettes laissant des traces de colle

% d’étiquettes prélevant de la matière céramique

% d’étiquettes qui se déchirent à l’extraction

Primal E330 Papier japon

0 %

0 %

0 %

Primal E330 Papier Ingres

0 %

0 %

100 %

Mowital B360HH

0 %

0 %

0 %

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

0 %

0 %

0 %

Tableau n° 22 : Résultat du test d’extraction après dessalage.

% d’étiquettes nécessitant une extraction avec bref apport de solvant (acétone en compresse pendant 20 secondes) Primal E330 Papier japon

33,33 %

Primal E330 Papier Ingres

33,33 %

Mowital B360HH

0 %

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

33,33 %

Tableau n° 23 : Pourcentage d’étiquettes nécessitant un apport d’acétone pour extraction après dessalage.

Le résultat le plus significatif est celui de l’étiquette PrimalE330/Papier Ingres qui présente 100 % d’étiquettes déchirées à l’extraction. C’est le seul résultat qui permet d’écarter d’office ce type d’étiquette car un déchirement de celle-ci est un paramètre rédhibitoire. Nous pensons que ce déchirement est causé par la structure même du papier. En effet, le papier Ingres possède des trames ordonnées et les fibres de papier sont très petites. Lors de l’immersion la structure a été fragilisée rendant le papier plus fragile. Ce problème n’est pas observé chez

185


les étiquettes à base de papier japon car les fibres sont très longues et enchevêtrées de manière aléatoire, conférant ainsi une très grande solidité à ce papier. Nous écartons donc les étiquettes à base de Papier Ingres pour la suite de nos expériences. Ainsi : •

L’étiquette PrimalE330/Papier Ingres est écartée à cause du déchirement du support

Fig. 260 : Traces de déchirures des étiquettes PrimalE330/Papiers Ingres sur le tesson de El-Nabih après extraction des étiquettes.

Fig. 261 : Dédoublement des étiquettes PrimalE330/Papiers Ingres sur le brûle-encens pendant extraction.

e. Conclusion générale de l’expérience n°4 Grâce à cette expérience et aux résultats obtenus, nous pouvons d’ores et déjà réduire notre recherche à deux étiquettes. Les meilleurs résultats sont obtenus par les étiquettes à base de papier japon et dont l’encollage est l’Adhésif acrylique 498HV Lascaux et Primal E330. • •

Les étiquettes Klucel/Papier Japon sont exclues car elles ne supportent pas un traitement aqueux. L’étiquette PrimalE330/Papier Ingres est écartée car malgré un pourcentage de réussite de 80 %, nous avons observé que le papier était très sensible à l’eau et présente 100 % de déchirement du support. 186


L’étiquette Mowital B60HH est écartée avec le résultat le plus faible de 60 % soit 40 % de perte de données, ce qui est rédhibitoire. La mine graphite est écartée pour tout traitement de dessalage à cause des 100 % de données • perdues. La mine graphite est cependant conservée de part son intérêt pour les expériences suivantes sur substrat sec195. •

2. EXPERIENCE N°5 : VARIATIONS DE TEMPERATURE ET D’HYGROMETRIE a. Protocole et description de la mise en oeuvre Il s’agit de soumettre nos étiquettes restantes aux variations de température les plus extrêmes qui peuvent être rencontrées par les objets conservés au CEA. Après dessalage, le tesson test, également prêté par le CEA et provenant de la même fouille que le précédent 196, est placé dans une étuve de séchage197 utilisée normalement pour le séchage des scories et objets métalliques après leur traitement pour éviter toute oxydation. Cette étuve ne dépasse pas 120°. La température sera fixée à 45°. Pendant trois semaines tous les jours l’étuve sera allumée le matin à 8h30 et éteinte l’après-midi à 14h. Ainsi les étiquettes subirons une augmentation de température, un maintient de celle-ci et une baisse de température avec les mêmes variations qu’en situation réelle. Le taux d’humidité sera également un paramètre pris en compte. En effet, à Alexandrie, le taux d’humidité peut monter jusqu’à 90%198 . Nous placerons donc un récipient avec de l’eau et procèderons à un relevé de l’hygrométrie présente dans le four chaque jour199. Nous avons également soumis nos marquages à de fortes températures lors de la dernière semaine (soit 7 jours) avec des pics de 80°200, sachant que parfois les objets peuvent être soumis à de très fortes températures (soleil, chaleur sous une vitrine confinée avec lumière directe etc...). Comme pour l’expérience précédente, nous procédons à un relevé des données à la sortie de l’étuve puis après extraction. b. Résultats de l'expérience • ................ Après sortie de l’étuve Voir tableaux détaillés en annexes

195

C’est à ce moment précis de l’étude que l’idée de proposer deux types de marquages distinct, un pour le dessalage et un pour objets secs a été envisagée. 196 Fouilles de la citerne d’El-Nabih 197 Voit fiche technique de l’étuve de séchage en annexes p. 269. 198 D’après le relevé des hygromètres à disposition au dépôt de fouilles de Shallalat. 199 Voir le tableau des relevés de température et d’hygrométrie en annexes p. 271. 200 Ce seuil de température maximal a été défini après discussion avec les différents acteurs du CEAlex.

187


• ................ Résultat de l’expérience après extraction Voir tableaux détaillés en annexes c. Interprétation des résultats • ................ Interprétation des résultats à la sortie de l’étuve Tous les marquages ont très bien supporté les diverses variations de température ainsi que l’humidité élevée présente dans l’étuve. Tous les systèmes ont passé avec succès cette expérimentation.

Nbr de marquages au départ de l’expérience

Nbr marquages sans altérations

% marquages sans altérations

Nbr marquages avec légère modif mais exploitables

% marquages avec légère modif mais exploitables

Nbr marquages non exploitables

% marquages non exploitables

% de réussite

Primal E330 Papier Japon

5

5

100 %

0

0%

0

0%

100 %

Primal E330 Papier Ingres

5

5

100 %

0

0%

0

0%

100 %

Mowital B60 HH

5

5

100 %

0

0%

0

0%

100 %

Adhésif acrylique 498 HV Lascaux

5

5

100 %

0

0%

0

0%

100 %

Mine graphite

5

5

100 %

0

0%

0

0%

100 %

Tableau n° 24 : Récapitulatif des résultats du test de résistance aux variations de température et d’hygrométrie.

Fig. 262 : Tesson à la sortie de l’étuve.

188


• ................ Interprétation des résultats après extraction

% d’étiquettes laissant des traces de colle

% d’étiquettes prélevant de la matière céramique

% d’étiquettes qui se déchirent à l’extraction

Primal E330 Papier japon

0%

0%

0%

Primal E330 Papier Ingres

0%

0%

100 %

Mowital B360HH

0%

0%

0%

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

0%

0%

0%

Tableau n° 25 : Résultat du test d’extraction après variations de température et d’hygrométrie.

% d’étiquettes nécessitant une extraction avec bref apport de solvant (acétone en compresse pendant 20 secondes) Primal E330 Papier japon

33,33 %

Primal E330 Papier Ingres

33,33 %

Mowital B360HH

0%

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

33,33 %

Tableau n° 26 : Pourcentage d’étiquettes nécessitant un apport d’acétone pour extraction après variations de température et d’hygrométrie.

Fig. 263 : Tesson après extraction des étiquettes.

d. Conclusion générale de l’expérience n°5 Grâce à cette expérience et aux résultats obtenus, nous pouvons conclure que toutes les étiquettes testées peuvent supporter les conditions de stockage habituelles du dépôt de fouille du CEAlex. 189


Les meilleurs résultats sont obtenus par les étiquettes à base de papier japon et dont l’encollage est l’Adhésif acrylique 498HV Lascaux et Primal E330. L’étiquette PrimalE330/Papier Ingres est écartée car nous avons observé que le papier était très sensible à l’eau et présente 100 % de déchirement du support. e. Etat des lieux suite à l’expérience n°4 et n°5 Suite aux résultats de ces deux expériences nous pouvons d’ores et déjà exclure plusieurs complexes afin de pouvoir mieux cibler la suite de nos expérimentations. Ainsi, La mine graphite est écartée car elle ne supporte pas le traitement de dessalage, de même que toute étiquette dont le support serait le Papier Ingres ou la colle Klucel qui ne supportent pas les traitements aqueux. L’étiquette Mowital B60HH est écartée avec le résultat le plus faible de 60 % soit 40 % de perte de données lors du dessalage, ce qui est également rédhibitoire. Le complexe PrimalE330/Papier Japon présente des pourcentages de réussite proches du complexe Adhésif acrylique 498HV Lascaux/Papier Japon mais il a la caractéristique d’être transparent. Pour des raisons de lisibilité c'est donc avec le complexe Adhésif acrylique 498HV Lascaux/Papier Japon que nous allons continuer notre étude car il satisfait à toutes les attentes du cahier des charges. 3. EXPERIENCE N°6 : RÉSISTANCE A L’USURE a. Protocole et description de la mise en oeuvre Nous voulions intégrer dans nos expériences un test pouvant simuler de manière mécanique une action d’usure sur nos systèmes de marquage. En effet il était impossible de quantifier de manière scientifique l’impact de la manipulation par la main humaine sur nos marquages. Nous avons donc imaginé un appareillage capable d’imiter les deux aspects principaux de la manipulation : le frottement et la pression. Après nous être renseigné auprès de personnes travaillant dans la confection de prothèses de membres, nous avons choisi de simuler la peau humaine en utilisant du latex. Le latex présente des propriétés physiques et mécaniques proches de la peau humaine. C’est le matériau le plus à même de simuler un contact avec l’épiderme humain. Nous sommes bien conscients que certains paramètres ne pourront être étudiés à travers cette expérience comme l’impact des divers composants de l’épiderme (salinité, transpiration etc...). Mais nous pensons cette expérience à même de fournir des indications fiables quant à la résistance à l’usure de nos marquages. La machine est construite sur le principe du mouvement mécanique du piston. Un bras articulé est activé par une batterie de perceuse branchée sur courant secteur (pour plus de fiabilité et constance dans 190


les résultats). Au bout du bras est adapté un petit rouleau de peintre couvert d’un revêtement en latex. Le bras est lesté par son poids propre et des poids supplémentaires donc la masse générale est de 100 g. Sous l’axe de passage du rouleau est fixé un carreau de céramique poreuse sur lequel sont disposés les marquages à tester. Les marquages seront toujours disposés au même endroit afin de ne pas fausser les résultats. •

Pour simuler la pression, le rouleau de peintre passe en roulant dans un mouvement d’avant en arrière sur la cible.

Pour simuler le frottement nous bloquons le rouleau sur son axe. Le rouleau passe dans le même mouvement d’avant/arrière sur la cible mais sans rouler sur son axe, provoquant ainsi un frottement évident sur l’éprouvette. Nous choisissons deux systèmes à tester. Afin d’obtenir des résultats significatifs nous avons

choisi le système qui a obtenu les meilleurs résultats lors des tests précédents en comparaison avec le plus défaillant. Il s’agit de l’étiquette en papier japon encollée avec l’adhésif acrylique Lascaux et du marquage à la mine graphite. Nous avons défini une unité de mesure du temps. La machine effectue 1,5 passages par seconde soit 90 passages par minute. Cette constante a été testée deux fois où nous avons compté le nombre de passages sur deux minutes à deux reprises et nous avons obtenu un écart de 7 passages ce qui correspond à un écart acceptable quant à la fiabilité et la reproductibilité de l’expérience.

Minutes

Passages comptés (p)

Variance (p-m)²

Minute n°1

92

12,96

Minute n°2

84

19,36

Minute n°3

87

1,96

Minute n°4

93

21,16

Minute n°5

86

5,76

Total :

442

61,2

Moyenne (m) :

88,4 Tableau n° 27 : Compte des passages et variance.

Écart type = √ (61,2/5) = 3,50 passages d’écart type On peut donc en déduire le pourcentage d’écart par : l’écart type divisé par la moyenne soit 3,50/88,4 = 3,96 % Ce pourcentage étant inférieur de 10% notre procédé est ainsi viabilisé. 191


Nous partons de l’hypothèse que les objets seront manipulés de manière précautionneuse et occasionnelle201 en raison de leur fragilité et en accord avec les règles de conservation préventive. Nous considérons d’après notre expérience dans divers services archéologiques que notre système de marquage pour étude doit pouvoir supporter un minimum de 1000 manipulations. Pour obtenir ces 1000 manipulations nous pouvons calculer un minutage par 1000 / 88,4 = 11,31 soit 11 minutes et 19 secondes. Les marquages sont testés cinq fois en pression et en frottement dans un soucis de répétabilité. Suite à l’application du protocole sur les échantillons, les marquages sont soumis au constat d’un tiers oculaire ne connaissant pas la teneur du texte. b. Résultats de l'expérience • ................ Frottement Bloqué sur son axe, le rouleau de latex a appliqué un mouvement de frottement sur cinq étiquettes et cinq marquages à la mine graphite, un peu à la manière d’un gommage. Voici les éprouvettes avant l’expérience :

Fig. 264 et 265 : Eprouvettes avant test de frottement et appareil en cours d’expérience.

Nous avons relevé les informations suivantes durant l’expérience : Les marquages à la mine graphite se sont détériorés très rapidement dès le début des passages du rouleau pour disparaître presque complètement dès la deuxième minute d’expérience, exactement à 2,04 min. Soit approximativement au bout de 183 frottements. On peut voir les traces de mine graphite sur le rouleau sur la photo suivante.

201

Manipulation par l’archéologue, le céramologue durant l’étude.

192


Fig. 266 : Eprouvettes après expérience.

La première étiquette et la dernière présentent toutes deux des soulèvements aux niveau des coins mais aucune étiquette n’est déchirée et toutes sont toujours sur le substrat céramique. • Nous pouvons personnellement lire tous les marquages des étiquettes et seulement trois lettres sur le dernier marquage à la mine graphite. Nous avons soumis à un tiers la lecture des marquages. • Tous les marquages des étiquettes ont été lus tandis que seules trois lettres ont été déchiffrées sur un seul des cinq marquages à la mine graphite. • ................ Pression Tournant sur son axe le rouleau de latex a appliqué un mouvement de pression sur les éprouvettes. Voici les éprouvettes avant l’expérience : Nous avons noté que les marquages à la mine graphite ont commencé à s’estomper vers 4 min soit approximativement vers 354 passages. Voici les éprouvettes après l’expérience : Les étiquettes ne présentent aucun signe visuel d’usure. Les marquages à la mine graphite sont très estompés. • Nous pouvons personnellement lire tous les marquages des étiquettes et tous les marquages à la mine graphite malgré leur dégradation. • Nous avons soumis à un tiers la lecture des marquages. Tous les marquages des étiquettes ont été lus. Tous les marquages à la mine graphite, même s’il sont estompés, ont été lus sauf une lettre.

193


c. Interprétation En ce qui concerne le test de frottement : • Les étiquettes ont obtenu un résultat de 100 % de lettrages lisibles (20 lettres réparties sur 5 étiquettes). • Les marquages à la mine graphites présentent 85 % de lettrages illisibles (avec seulement 3 lettres lisibles) • Les marquages résistent beaucoup mieux au frottement que les marquages à la mine graphite. En ce qui concerne le test de pression : • Les étiquettes ont obtenu un résultat de 100 % de lettrages lisibles (20 lettres réparties sur 5 étiquettes). • Les marquages à la mine graphite ont présenté un taux d’échec de 5 % (une lettre illisible par le tiers) 4. EXPERIENCE N°7 FORCE D’ADHESION Il n’existe pas de colle idéale mais dans le cadre de notre recherche, qui porte sur la manipulation des céramiques archéologiques, nous partons du postulat général que la colle doit avoir un pouvoir d’adhésion suffisant pour assurer la tenue de l’étiquette dans le temps et dans le cadre de la manipulation de l’objet pendant l’étude. Le domaine de la conservation préventive et de la restauration impose des mesures de protection et des lignes directrices de base à suivre pour éviter que les objets ne soient endommagés. Il en découle que les sollicitations mécaniques appliquées sur les objets et donc les étiquetages seront limitées. Ces conditions d’utilisations permettent de définir la valeur de 10 newtons202 par cm² comme sollicitation maximale admissible par les pièces archéologiques. Le présent protocole veut, en complément du test d’usure, vérifier la capacité de résistance à l’arrachement en cas de sollicitation mécanique perpendiculaire. Il en résulte donc que l’expérience sera menée pour déterminer si la colle employée cède sur l’application d’une force de traction comprise entre 0 et 10 newtons sur 1 cm². a. Protocole et description de la mise en oeuvre En nous inspirant des tests normalisés décrits précédemment, nous avons mis au point un système permettant de mesurer la force de traction sur la colle que nous avons sélectionnée. Nous avons utilisé une balance à colonne (ou « à trébuchet ») que nous avons transformée. Afin de pouvoir mesurer la force de traction perpendiculaire sur le complexe, un des bras de la balance est solidarisé avec l’échantillon203 tandis que l’autre bras permet de charger une nacelle en contre-poids pour moduler la force de traction.

202 203

Unité de mesure de force, symbole N, correspondant à l'accélération d'une masse de 1 kg de 1 m par seconde. Il s’agit de deux plaques de terre cuite aplanies à la meuleuse et étant parfaitement jointives.

194


Fig. 267 : Appareillage en cours d’expérience avec chargement graduel de la nacelle.

Nous allons ainsi pouvoir mesurer la résistance à l’effort de traction admissible par la colle d’une étiquette en se basant sur un effort maximal de 1 kg newtons soit 9.8067 newton. L’expérience sera reconduite 5 fois dans un soucis de reproductibilité sur des échantillons de 100 mm². L’adhésif est appliqué au pinceau comme pour les étiquettes. La nacelle sera chargée graduellement avec des poids jusqu’à atteindre 1 kg ce qui permet d’entériner la limite basse de résistance de la colle.

Fig. 268 : Préparation du joint de collage à tester.

Le protocole sera appliqué sur l’adhésif acrylique 480HV de chez Lascaux, celui-ci ayant obtenu les meilleurs résultats lors de tous les tests précédents. b. Résultats de l'expérience Après expérience, Aucun échantillon n’a cédé sous la force de traction. Aucune déformation n’est apparue sur les joints de collage. 195


c. Interprétation On peut conclure que la colle répond aux besoins initialement exprimés. Interprétation finale des résultats et système retenu Les diverses expériences menées jusqu’ici ont mis en avant l’étiquette fabriquée à base de papier japon et d’adhésif acrylique 498 HV de chez Lascaux. Dans une ultime phase de test, nous allons confronter cette étiquette à l’appréciation des archéologues et de leurs équipes. C. VALIDATION DES SYSTEMES RETENUS PAR EXPERIMENTATION IN SITU SUR LE CHANTIER ARCHÉOLOGIQUE DE MAREA PHILOXENITE En guise d’ultime expérience, Valérie Pichot, archéologue et archéométallurgiste au sein de CEAlex nous a proposé de tester notre système de marquage pour céramiques à dessaler in situ avec le personnel de son équipe travaillant sur le chantier archéologique de Maréa Philoxénité. Ce chantier présente des problèmes récurrents de sels très importants204 et la céramique est systématiquement dessalée lorsqu’elle arrive au dépôt de fouille. Tester in situ Ce que nous voulons ainsi tester c’est la viabilité et la facilité de notre système utilisé par du personnel amené à manipuler le matériel archéologique. Ce personnel n’est ni forcément archéologue ni conservateur-restaurateur. L'intérêt est donc double. Tester les étiquettes sur chantier avec toutes les conditions environnementales inhérentes (poussière, sable, vent etc...) et leur manipulation par du personnel. Cette expérience relève de l’empirisme mais elle est indispensable pour valider définitivement notre système. Nous avons donc rédigé un mode d’emploi illustré qui sera traduit en anglais et en arabe. L’expérience du temps Il nous manquera cependant une donnée primordiale. Il s’agit de l’épreuve réelle du temps. La seule affirmation que nous pouvons avancer n’aura comme recul qu’un an et demi au maximum. En effet, nous ne croyons pas en la validité des dispositifs de vieillissement, car dans notre cas, seul el’épreuve du temps dans les conditions de conservation réelles pourrait fournir des résultats sûrs et fiables. Nous proposerons donc au CEAlex à la suite de l’expérimentation in situ de laisser notre dispositif en place pour un temps donné sur les tessons. Cette proposition entre dans le cadre d’un réel soucis de pouvoir affirmer ou non la viabilité de nos systèmes d’étiquetage sous tous ses aspects.

204

Voir rapport de stage.

196


Ce test est d’une envergure plus étendue que les précédents et dépassera surement le cadre de cette recherche technico-scientifique. 1. RÉDACTION D’UN MODE D’EMPLOI À L’ATTENTION DES UTILISATEURS Matériel nécessaire : • • • • • • • •

Papier intissé Papier japon Ruban adhésif type Tesa® Pinceau large et plat Encollage ciseaux bouteille spray emplie d’acétone Feutre indélébile a. Fabrication de l’étiquette

• • • •

Les étiquettes peuvent être préparées à l’avance et stockées dans un endroit sec et propre. Le papier japon est installé à plat sur une feuille d’intissé, maintenu par du ruban adhésif type Tesa®. L’encollage est appliqué sur une seule face du papier japon à l’aide d’un pinceau plat. L’application doit être rapide et généreuse, pinceau bien à plat. Les gestes doivent être verticaux.

Fig. 269 : Visuel de préparation pour l’encollage.

• Dès l’application terminée, le papier doit être séparé de l’intissé.

197


• Le papier encollé doit être mis à sécher loin de toute poussière (accroché sur un fil tendu avec une pince par exemple) pendant au minimum 24h. Pour ne pas abîmer le papier, il faut rabattre le ruban adhésif sur lui-même afin d’y disposer la pince de séchage.

Fig. 270 : Visuel pour mise en place du séchage.

b. Utilisation • Les étiquettes sont soit préalablement découpées à la taille désirée soit découpées sur place, ce paramètre est laissé à l’appréciation des utilisateurs. • L’utilisateur ne doit par porter de vernis à ongle même transparent. • L’utilisateur dispose soit d’un spray d’acétone soit d’un pinceau soit d’une éponge et du marqueur indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell • l’étiquette est humectée d’acétone sur la face encollée.

Fig. 271 : Visuel pour réactivation de l’étiquette par l’acétone.

• L’étiquette est directement positionnée face encollée et humectée d’acétone contre la surface de l’objet encore humide ou mouillé. 198


• Une pression de quelques secondes est appliquée sur l’étiquette selon sa taille (entre 3 et 5 secondes)

Fig. 272 : Visuel pour application de l’étiquette.

• L’US est écrit avec soin sur l’étiquette à l’aide du feutre indélébile PITT Artist Pen de Faber-Castell. 2. EXPÉRIENCE IN SITU Nous avons tout d’abord sélectionné avec Valérie Pichot un large panel représentatif des différents types d’objets que l’on peut trouver sur le chantier de Maréa Philoxénité. Ces objets représentent chacun une problématique conservatoire différente. En concertation avec l’archéologue, nous avons également étendu notre expérience à une autre application possible de notre système. Il s’agit de l’utiliser découpé en bandes pour le remontage de céramique à la manière d’un ruban adhésif. Nous avons donc remonté une céramique à l’aide de cette technique et l’avons inclus dans le tableau de surveillance que l’archéologue relèvera pendant plusieurs mois. Voici la liste de ces objets en date du 24 Octobre 2011 avec numéro d’inventaire et descriptif de la problématique conservatoire : • MAR10.30501.20 lampe dessalée en bain conservée dans la salle d’étude de Shallalat • MAR10.30739.5 céramique décor et engobe dessalée en bain conservée dans la salle d’étude de Shallalat • MAR10.30567.12 lampe dessalée en bain conservée dans la salle d’étude de Shallalat • MAR10.30671.4 lampe dessalée en bain conservée dans la salle d’étude de Shallalat • MAR09.30385.10 lampe dessalée en bain conservée dans la salle d’étude de Shallalat • MAR10.30687.1 céramique entière dessalée par capillarité conservée dans la salle du trésor de Shallalat • MAR08.30306.1 céramique réutilisée en four dessalée par capillarité conservée dans la salle du trésor de Shallalat • MAR11.30962.2 céramique sac test de 7 tessons lavés, à dessaler conservée sur le toit de Shallalat • MAR10.30727.4 scorie paroi de four à laver, à dessaler conservée sur le toit de Shallalat • MAR03.10003.16 brique à laver, à dessaler conservée sur le toit de Shallalat 199


a. Mode opératoire et présentation de l’expérience Une fois les objets choisis, nous avons tout d’abord effectué une démonstration sur place de la préparation de l’étiquette selon le mode d’emploi présenté précédemment. La préparation a ensuite été effectuée par Mohamed Nabeil, technicien de fouilles gérant l’inventaire des objets issus de Maréa. Les papiers encollés ont ensuite été mis à sécher 24 h et le marquage à été effectué le lendemain sur les objets choisis. Le marquage a été effectué dans un premier temps par nos soins puis le relais à été pris par Mohamed Nabeil et Valérie Pichot afin que le système soit éprouvé par eux. Les objets ont ensuite été replacés dans leurs conditions de stockage d’origine. Le système de marquage a également été présenté à cette occasion à Jean-Yves Empereur205 lors d’un exposé oral et d’une démonstration lors de laquelle il a pu en constater l’efficacité, la rapidité et la simplicité de mise en oeuvre. Il en a, à la suite de cette démonstration souligné la qualité et l’importance pour son équipe. b. Résultat de l’expérience in situ et propos sur le brevet La pérennité du système est avérée avec 100 % de résultats positifs pour l’ensemble des objets marqués avec notre méthode et ce sur une période de 10 mois 206. Grâce aux relevés que Valérie Pichot nous a fait parvenir tout au long de l’année, nous pouvons affirmer que le procédé est efficace au regard du cahier des charges et des besoins du CEAlex.

205 206

Jean-Yves Empereur est Directeur de Recherches au CNRS et il dirige le CEAlex qu'il a fondé en 1990. Dans les conditions habituelles de conservation du mobilier au dépôt de fouilles de Shallalat.

200


Tableau n° 28 : Tableau de surveillance photographique des marquages sur une pÊriode de 10 mois.

201


Tableau n° 28 (suite) : Tableau de surveillance photographique des marquages sur une pÊriode de 10 mois.

202


En ce qui concerne l’utilisation, le système d’étiquetage a été très apprécié tant par sa simplicité, sa rapidité et son confort d’écriture certain. En effet par rapport à la pose d’une couche de vernis et d’un marquage à la plume et à l’encre, notre système se révèle être beaucoup plus pratique, rapide et simple. Sa réversibilité immédiate permet de corriger une erreur de numéro instantanément. Le dépôt d’un brevet a été envisagé sous la proposition de Jean-Yves Empereur. Un dossier a été déposé auprès du service juridique du CNRS mais après étude du dossier nous avons été informés que le procédé n’était pas brevetable car il s’agit d’un savoir-faire, d’une technique et non pas d’un produit fini commercialisable. Une enveloppe SOLEAU a donc été déposée avec l’ensemble de cette étude afin d’en conserver l’antériorité. La mise en oeuvre de notre système d'étiquetage a été filmée par Valérie Pichot. Le film a été monté par Valérie Pichot et Raymond Collet. Il est conservé dans les archives du CEAlex afin d’en assurer la pérennité des différentes données inhérentes à notre recherche. Le DVD est disponible à la fin de ce mémoire. CONCLUSION SUR LES PERSPECTIVES DE RECHERCHES Outre l’opportunité d’avoir pu travailler et développer notre recherche technico-scientifique au sein du CEAlex et de son équipe scientifique, cette étude s’est révélée être une introduction à d’autres perspectives de recherches et d’expérimentations sur le marquage des biens archéologiques. En effet, avec l’aide de Valérie Pichot nous avons lancé en amont de notre étude d’autres tests sur des matériaux différents, notamment sur le lapidaire archéologique où les problématiques sont nombreuses.

203


CONCLUSION GÉNÉRALE ...................................................................................................................... L’étude historique et la phase de reconstitution de la technique de fabrication ont représenté les bases des études préliminaires, terreau indispensable pour mener à bien un projet de conservationrestauration. Ces études préliminaires ont été menées en faisant appel à la pluridisciplinarité (experts, égyptologues, céramistes, conservateurs, restaurateurs). Nous voir confiée la restauration de ces objets a représenté une opportunité particulière qui nous a permis d’allier travail et passion durant la gestation de ce mémoire. Or la passion est selon nous une composante essentielle du travail de conservateur-restaurateur. Nous souhaitions montrer par nos choix que l’esthétisme d’une restauration peut être effectif tout en respectant les principes de minimalisme des interventions et de respect de l’intégrité de l’objet. Ce mémoire est le fruit de plusieurs exigences personnelles. Nous tenions tout particulièrement à évoquer le lien nécessaire entre archéologues et restaurateurs qui, alliés dans une démarche de coopération, peuvent alors répondre aux différentes contraintes de la conservation des biens culturels. C’est le principal propos de notre recherche technico-scientifique qui, bien que relativement séparée du reste du mémoire, démontre une volonté commune à la totalité de notre travail : illustrer la nécessité de pluridisciplinarité dans le cadre de la préservation des biens culturels. Cette recherche technico-scientifique pointe également la nécessité d’adaptabilité du conservateurrestaurateur. C’est cette adaptabilité qui lui permettra de résoudre des problématiques spécifiques rencontrées sur les différents chantiers archéologiques. En effet, la connaissance du matériau céramique allié à celle des différents produits disponibles sur le marché lui permettra de proposer des réponses pertinentes. Cet axe est également développé dans notre projet de stage de fin d’études. Cette adaptabilité comme principe conducteur permet l’ouverture et le rayonnement du conservateur-restaurateur dans toutes les structures auprès desquelles il est susceptible de travailler. Elle permet également de ne pas se limiter aux idées reçues ou aux a priori207, et de toujours progresser.

207

tant sur les techniques que sur les personnes ou membres de telle ou telle profession.

204


GLOSSAIRE Anépigraphe : Qui ne contient aucune écriture. Ball clay : Le ball clay est une roche contenant généralement trois minéraux dominants : 20 à 80 % de kaolinite ; 10 à 25 % de mica et 6 à 65 % de quartz. Il fait partie des argiles secondaires ou alluviales Bentonite : La bentonite est une argile colloïdale dont le nom vient de Fort Benton dans le Wyoming aux États-Unis. Connue aussi sous le terme de terre à foulon, elle peut être considérée comme une smectite, étant essentiellement constituée de montmorillonite et d'argile ce qui explique sa capacité de rétention d'eau. On trouve également d'autres minéraux comme le quartz, le mica, le feldspath, la pyrite ou la calcite. Les gisements de bentonites sont d'origines volcanique et hydrothermale.

Casette : Petites boîtes en terre cuite utilisées pour enfermer des pièces dans une atmosphère réductrice, privée d’oxygène.

Chendjit : C’est le pagne traditionnel du costume égyptien, en tissu de forme triangulaire dont la pointe est relevée entre les jambes. Ce vêtement est bien souvent la seule tenue des paysans dans les champs. Les ouvriers, les soldats et les marins en portent un second par-dessus, fait de lanières de cuir entrecroisées, pour mieux se protéger.

Cuisson oxydante : Les cuissons sont dites oxydantes lorsqu’elles sont réalisées en milieu non clos, riche en oxygène.

Cuisson réductrice : Les cuissons sont dites réductrices lorsqu’elles sont réalisées en milieu clos, sans apport d’oxygène.

Douât : Nom donné par les Égyptiens à l'au-delà, d'abord appelé "ciel inférieur" car lieu de naissance présumé du Soleil. La Douât était, pour les égyptiens, le lieu de séjour du dieu Rê pendant les heures de la nuit ainsi que le lieu de séjour des défunts après leur mort. Les défunts attendent dans la Douât avant de ressusciter en même temps que le Soleil. Il s'agit d'un monde d'épreuves, divisé en 12 heures. Facing : Application d'une feuille de protection en papier japon à la colle animale. On protège ainsi la couche picturale avant toute intervention au revers de la toile. 205


Gomme-laque : La gomme-laque est une laque issue de la sécrétion d'une cochenille asiatique, Coccus lacca. La résine obtenue est de couleur jaune/rouge-ambrée, généralement fournie sous la forme de paillettes que l'on dissout dans de l'alcool à 95°. Glaçure alcaline : C’est une glaçure obtenue grâce à la présence de sels (sels de sodium, de potassium ou de lithium) Hadès : L’Hadès ou « les Enfers » sont les lieux souterrains où descendent les âmes après la mort pour y être jugées. Ils étaient situés tantôt sous la terre tantôt au delà du fleuve Océan à l'extrême occident dans une région que les rayons du soleil n'éclairaient jamais. C'est là que régnaient le dieu Hadès et son épouse Perséphone. Houe : C’est un outil agricole, horticole et de jardinage utilisé pour le travail superficiel du sol dans les champs et les jardins. Elle est indispensable pour effectuer de nombreux travaux. C’est un objet essentiellement agraire à l’époque égyptienne.

Hoyau : Un hoyau est une houe à lame forte, aplatie, à deux fourchons, employée au défoncement des terrains et aux façons de la petite culture qui demandent le plus de force.

Kaolinite : La kaolinite est une espèce minérale composée de silicate d'aluminium hydraté, de formule Al2Si2O5(OH)4 du groupe des silicates sous groupe des phyllosilicates.

Liaison covalente : Liaison entre deux atomes résultant de la mise en commun de deux électrons provenant séparément de chacun d'eux.

Némès : C’est l'un des attributs que partagent le pharaon d'Égypte avec les divinités et qui le différencient du commun des mortels. Contrairement à une idée reçue, le roi était en effet le seul à pouvoir porter ce couvre-chef, insigne de sa fonction. Les textes des pyramides désignent le némès comme étant le symbole de la déesse vautour Nékhbet. Les pans encadrant le visage du roi représentent les ailes protectrices de la déesse. Outils aratoires : En agriculture, un instrument aratoire est un outil qui sert au travail du sol, c'est-à-dire à l'ameublir, le labourer, le biner. « Aratoire » est un adjectif emprunté au bas latin juridique aratorius, dérivé de arare, « labourer », qui signifie relatif au labourage. On parle également de travaux aratoires.

206


Oxyde : corps résultant de la combinaison de l’oxygène et d’un élément.

Pilier Djed : Pilier en forme de tronc qui symbolise la colonne vertébrale d'Osiris tué par son frère Seth. Il est aussi le symbole de la stabilité et de l'harmonie de l'Univers. Lors de son couronnement, le pharaon avait comme devoir premier de redresser spirituellement ce pilier et lors de la fête Sed, il devait à nouveau ériger le pilier sacré pour Ptah. Le pilier Djed avait aussi une grande importance dans le monde agricole car il représentait, debout, la résurrection d'Osiris devenu le pilier de l'Égypte, le lien entre la Terre et le monde céleste. Les deux yeux de l'Univers placés au sommet du pilier (la lune et le soleil) symbolisent l'attention de ces astres envers les Hommes. Le pilier Djed est souvent associé à la croix Ankh et au sceptre Ouas pour réunir les trois grands principes de la civilisation égyptienne : la stabilité, la Vie, le Pouvoir. Le pilier Djed joue donc un rôle protecteur, c’est pour cela qu’il est souvent représenté sous forme d’amulette. Salicorne : La salicorne, également connue sous les noms de « criste-marine » et « perce-pierre » a pour étymologie l’arabe " salcoran ", et doit son nom à sa forme en renflements successifs se terminant par un mamelon saillant dit " corne de sel ". Elle a été identifiée par Linné, et répertoriée sous le nom de salicornia. Sérapeum : Nom du sanctuaire d'Osiris-Apis à Memphis. Cet édifice était relié par une allée de 3 km bordée de sphinx au cimetière (appelé aussi Sérapeum) où étaient enterrés les taureaux Apis à Saqqarah. Les premières sépultures d'Apis sont des tombes individuelles aménagées à partir d'Aménophis III. À partir de Ramsès II, les taureaux Apis sont enterrés dans des chapelles creusées dans une galerie longue de 68 m qu'on appelle les petits souterrains. Les grands souterrains, constitués d'une galerie longue de 198 m, sont inaugurés par Psammétique Ier. Ils renfermaient d'imposants sarcophages de granit. Le Sérapeum découvert par Mariette en 1850 a livré de nombreuses stèles et des éléments du matériel funéraire des Apis dont d'énormes vases canopes et des serviteurs funéraires à tête de taureau. Stéatite : La stéatite est une roche très tendre, principalement composée de talc. Thixotrope : Matériau qui se fluidifie à la contrainte et à la manipulation et qui reprends sa dureté après un certain temps. C’est la particularité de pouvoir passer de l'état liquide à solide et de solide à liquide. Uraeus (pluriel : uraei) : C’est le serpent cobra qui protège le pharaon, souvent représenté sur sa coiffe. Pernette : Une pernette est un support, généralement en argile réfractaire, qui permet d'éviter que les poteries ne se touchent dans le four durant la cuisson. 207


Prêtre funéraire : Prêtre chargé d'accomplir le culte funéraire dans les tombes tandis que le prêtrelecteur récitait les formules rituelles. Dans les mastabas, le prêtre funéraire avait pour devoir d'appeler le mort à franchir la stèle fausse-porte ou à occuper la statue afin que son ka puisse se nourrir des offrandes déposées sur la table d'offrande. C'est pour cela que l'offrande au défunt était appelée " peret-shérou " (" la sortie à l'appel ").

208


BIBLIOGRAPHIE Les ouvrages suivants sont les ouvrages constituants les sources de notre travail. Ils comportent une en-tête de renvoi abrégée dans le texte conformément aux normes bibliographiques en vigueur pour les publications à caractère scientifique et de recherche (INP, IFPO, IFAO...) ce qui exclu l’utilisation du système « Ibidem ». Chaque renvoi en note de bas de page comporte le nom, l’année et la page de l’ouvrage cité. Les ouvrages sont classés dans la bibliographie de manière thématique. Une liste d’ouvrages consultés pour documentation durant notre étude a été disposée à la fin de la bibliographie. Ces ouvrages ne comportent pas de renvois puisqu’ils n’ont pas été cités.

Égypte ancienne, pratiques funéraires et généralités

ASSMAN, 2003 ASSMAN (J)

« Mort et au-delà dans l’Égypte ancienne » Champollion Éditions du Rocher.

2001 p. 177. BARGUET, 1986 BARGUET (P),

« Textes des sarcophages Égyptiens du Moyen Empire » Editions du Cerf,

1986. p. 119, chap. 24. BARGUET, 1988 BARGUET (P.), « Le Livre des Morts des anciens Égyptiens », LAPO 1, Paris 1978, rééd. 1988 . BRIHAYE, 1989 BRIHAYE (P.), « Les statuettes funéraires égyptiennes dans les collections publiques de la Picardie, du nord et du Pas-De-Calais ». Sous la direction de Michel Hoog et de Claude Traunecker. Muséologie 4ème année, Ecole du Louvre. 1989. BULTE, 1998 BULTE (J.), «LEs céramiques de la deuxième cachette : pâtes siliceuses auto-glaçées, pâtes argileuses peiintes, in AUBERT L. Les statuettes funéraires de la deuxième cachette de Deir el Bahari, Editions Cybèle, Paris, p. 29-37. CAMINON et PAPIER-LECOSTEY, 2008 CAMINON (L.), PAPIER-LECOSTEY (C.), « Collections égyptiennes du musée Antoine Vivenel » Association des Amis des musées, 2008, Compiègne. p. 8. FAULKNER , 1969 FAULKNER (R.O.), « The Ancient Egyptian Pyramid Texts », Londres, 1969. 209


GOYON (J.CL.), 1972 GOYON (J.CL.), « Rituels funéraire de l'Égypte ancienne », LAPO, Paris 1972, avec Rituel de l'embaumement, Rituel d'ouverture de la bouche. HERODOTE, 1983 HERODOTE , « Histoires (livre II), Euterpe », vers 420 av. J.-C. Texte établi et traduit par Legrand P. E., Collection des Universités de France, Les Belles Lettres, Paris, 1973. KOTHAY, 2010 KOTHAY (K. A.), « La notion de travail au Moyen Empire - Implications sociales » Colloque Aidea -Nice 4-5 Octobre 2004. Institut Français d’Archéologie Orientale. Le Caire. 2010. RANKE (H.), 1935 RANKE (H.), « Die ägyptische Personenammen » Glückstadt/Hamburg/New York. J.J. Augustin, 1935. TAYLOR, 2001 TAYLOR (J. H.), « Death and the afterlife in Ancient Egypt» The british Museum Press. 2001.

Ouvrages spécialisés sur les serviteurs funéraires

AUBERT, 1974 AUBERT (J.-F. et L.) : « Statuettes Égyptiennes, Chaouabtis, Ouschebtis » ; Paris ; 1974 ; p. 232, 279, 297 . AUBERT, 2005 AUBERT (J.-F. et L.), « Statuettes funéraires égyptiennes du département des Monnaies, Médailles et Antiques » BNF, 2005. p 143. BOVOT, 2003a BOVOT (J.-L.), « Chaouabtis Des travailleurs pharaoniques pour l’éternité » Les dossiers du Musée du Louvre. Dossier du département des Antiquités égyptiennes n°63 Seuil. 2003. p.15. BOVOT, 2003b BOVOT (J.-L.), « Les chaouabtis : une réponse pratique à une conception étonnante du paradis chez les anciens égyptiens », Bulletin de l’Association angevine et nantaise d’Egyptologie Isis, n°6, 1999, p. 19-37. DECKER, 2005 DECKER (S.) : « Ägyptische Dienerfiguren einer deutschen Privatsammlung », 2005, p. 124. 210


GABUL, 1991 GABUL (E.), Van Nijl tot Schelde – « Du Nil à l’Escaut » ; Bruxelles ; 1991 ; p. 216 . GRENIER, 1996 GRENIER (J.-C.), « Les statuettes funéraires du Museo Gregoriano Egizio » ; Vatican ; 1 9 9 6 ; p. 62. GUILLEVIC et RAMOND, 1971 GUILLEVIC (J.-C.)

et RAMOND (P.), « Musée Georges Labit, Antiquités Égyptiennes »,

Toulouse 1971, 25, N° 4. GUILLEVIC et RAMOND, 1988 GUILLEVIC (J.-C.) et RAMOND (P.), « Les antiquités Égyptiennes et Coptes » – musée Georges Labit ; Toulouse ; 1988 ; p. 34. JANES, 2002 JANES (G.), « Shabtis, a private view » ; Paris, 2002 ; pp 178. MORENZ, 1962 MORENZ (S.), « La religion égyptienne », Payot, Paris, 1962, p. 20. PORTER & MOSS, 1931 PORTER & MOSS,

III / 2, 612 « The Topographical Bibliography of Ancient Egyptian

Hieroglyphic Texts, Statues, Reliefs and Paintings », 1931. SCHLÖGL et MEVES - SCHLÖGL, 1993 SCHLÖGL (H.A.) et MEVES - SCHLÖGL (C.), « USHEBTI, Arbeiter im Ägyptischen Totenreich », Harrassowitz 1993, pp. 63 à 72 ; SCHNEIDER, 1977 SCHNEIDER (H. D.), « Shabtis, An Introduction to the History of Ancient Egyptian Funerary Statuettes » Leyde. 1977, I, chap. 1. WHELAN, 2007 WHELAN (P.), « Mere scraps of rough wood » 17th - 18th Dynasty Stick Shabtis in the P e t r i e Museum and Other Collections. Ed. Ghp Egyptology 2007. Catalogues de ventes aux enchères : CHRISTIE’S : Ventes 13/14 décembre 1983, lot 84 / 11 décembre 1987, lot 66. DROUOT, Paris : Ventes 16 novembre 1984 / 7 juillet 1988. Catalogue de la galerie « Reine Margot », Paris : 30 novembre 1992 , n° 34.

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Périodique : Dossiers d’Archéologie, « Les chaouabtis, serviteurs d’éternité » Hors série n°9, Mai 2003.

Ouvrages techniques de fabrication et matériaux

NAEF-GALUBA, 1993 NAEF-GALUBA (I.), « Bleus d’Égypte, Les bleus célèbres en céramique à travers les âges et les cultures » In: La Revue de la céramique et du verre. - Vendin-le-Vieil. - n° 69 (1993), p. 41-45. 150 . LAVENEX VERGÈS, 1992 LAVENEX VERGÈS (F.), « Bleus Égyptiens, de la pâte auto-émaillée au pigment bleu synthétique ». ed. Peeters, 1992. p. 47. BULTÉ, 1996 "

BULTÉ (J.), Bleus Égyptiens. Compte-rendu, Livres CdE 71, 1996 p.276-278.

DELAMARE, 2007 DELAMARE (F.), « Bleus en poudre, de l’Art à l’Industrie 5000 ans d’innovations » Ecole des Mines, Paristech, Les presses, Collections sciences de la matière, 2007. p. 21.

Céramique

BAFET, FAUVET-BERTHELOT et MONZON, 1983 BAFET (H.), FAUVET-BERTHELOT (M.F.) et MONZON (S.), « Pour la normalisation de la description des poteries » Editions du CNRS, 1983, p. 53. RHODES , 1999 RHODES (D.) « Terres et glaçures, Les techniques de l’émaillage » Dessain et Tolra, 1999. P. 192-193.

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Théorie de la conservation-restauration

BERDUCOU, 1990 BERDUCOU (M.), « La conservation en archéologie », Masson, Paris, 1990, p. 135 BERDUCOU, 2001 BERDUCOU (M.), « La restauration : quels choix? « Dérestauration », restaurationrestitution », in Techné, n°13-14, C2RMF, Paris, 2001, p. 214 BERTHOLON, 2007 BERTHOLON (R.). « Organigramme de conservation-restauration ». Cours. Version du 23.10.07. p. 2 BRANDI, 1963 BRANDI (C.), « Théorie de la restauration », 1963, Centre Des Monuments Nationaux, Editions Du Patrimoine, 2001 DE GUICHEN, 2006 DE GUICHEN (G.), in « Vademecum de conservation préventive », Département Conservation préventive du C2RMF. Version du 15 mai 2006 ÉCOMUSÉE DE L’AVESNOIS, 2007 ÉCOMUSÉE DE L’AVESNOIS,

«Conservation, restauration du verre. Actualité et

problématique muséale ». Actes du colloque atelier-musée du verre. Trélon. 28 Septembre 2007. p 17 et 18. GUILLEMARD, 1998 GUILLEMARD (D), dir. - « Pourquoi restaurer les céramiques ? » table-ronde, Musée de la Vie bourguignonne, Dijon, 4 décembre 1998. - Paris : ARAAFU-Association des restaurateurs d’art et d’archéologie de formation universitaire, 1998. - 48 p. (Conservation-restauration des biens culturels, Cahier technique n° 11)

Matériaux de conservation-restauration et ouvrages à caractère scientifique

AUFRAY. 2008 AUFRAY (M.), « Adhésion et adhérence des matériaux », Cours 3A INP-ENSIACET, Option MAFO, 2008 DERYAGIN et SMILGA, 1970 DERYAGIN (B.V.) et SMILGA (V.P.), « Adhesion fondamentals and practice » Elsevier, 1970, p.152-163 213


KOOB, 1982 KOOB (S.P.), « The instability of Cellulose Nitrate Adhesives » The conservator n°6 1982, p. 31 KOOB, 1986 KOOB (S.P.), « The use of Paraloïd B 72 as an adhésive : its application for Archaeological Ceramics and others Materials » Studies in Conservation, vol. 31, n°1, 1986, p. 7-14 MEYNIS DE PAULIN, 1974 MEYNIS DE PAULIN (J.J.), sous la direction de, ouvrage collectif, « les colles et adhésifs et leurs emplois industriels » ed. Gyu Le Prat, Paris 1974, p. 106 SCHONHORN, 1970 SCHONHORN (H.), « Adhesion fondamentals and practice », Elsevier, 1970, p. 12-20 THIAUCOURT, 1868 THIAUCOURT (P.), « L’art de restaurer les faïences, porcelaines, biscuits, terres-cuites, grès, émaux, laques, verreries, marbres, albâtres etc... » Paris, 1868. p.11 VOYUSKY, 1971 VOYUSKY (S.S.), (1971), Rubber, Chem. Technol. 30 (1971) p. 449-455

Rapports et mémoires de conservation-restauration

DE CHAVAGNAC, 2006 DE CHAVAGNAC (D.), « Majolique de maiolica d'oro : étude et conservation-restauration d'un vase italien du XVIe siècle au décor de lustre métallique (musée des Beaux-Arts, Lyon). Recherche sur les plâtres industriels adaptés à la réalisation de comblements de grande taille sur faïence et au moulage d'éléments manquants » Saint-Denis : INP: département des restaurateurs du patrimoine, 2006 EMILE, 2007 EMILE (M.), « À propos de la dérestauration des céramiques et des verre : réflexion et

études

de cas » Mémoire de Master de Conservation et de Restauration des biens culturels, Paris I, spécialité : objets d’art. 2007. GREFF, 2010 GREFF (M.), « Etude comparative de trois matières plastiques transparentes pour la réalisation d’un soclage » in Mémoire de fin d’études « Analyse et restauration d’une petite amphore à figures noires et d’un stamnos à figures rouges » Ecoles de Condé, Promotion 2010.

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PARISELLE, 2004a PARISELLE (C.), Rapport de restauration, « Statuettes funéraires égyptiennes de Deir el Bahari » Volume I. C2RMF. 2004. PARISELLE, 2004b PARISELLE (C.), « Constat d’état - Traitements de conservation-restauration - Petits objets Égyptiens ». Volume III amulettes en «faïence» et pendentifs en stéatite pour le musée de Bargoin. C2RMF. Novembre 2004. Archéologie

BLOT, 1994 BLOT (J.-Y.), « L’archéologie sous marine » ed. Artaud. 1994. p. 153. DEMOULE, GILIGNY, LEHOËRFF et SCHNAPP, 2002 DEMOULE (J.-P.), GILIGNY (F.), LEHOËRFF (A.) SCHNAPP (A.), « Guide des méthodes de l'archéologie » La découverte, Paris 2002. JOCKEY, 1999 JOCKEY (P.), « L’archéologie », Belin, Paris, 1999

Ouvrages consultés durant la réalisation du mémoire

Histoire de l’Égypte ancienne DRIOTON (É.) et VANDIER (J.), « l'Égypte », coll. Clio, Paris 1938, 1975. GOYON (J.-Cl.), « De l’Afrique à l’Orient. L’Égypte des pharaons et son rôle historique (1800-330 avant notre ère) », Paris, 2005. GRIMAL (N.), « Histoire de l’Égypte ancienne », Fayard, 1988. HUSSON (G.), VALBELLE (D.), « L’État et les institutions en Égypte des premiers pharaons aux empereurs romains », A. Colin, 1992. MIDANT-REYNES (B.), « Préhistoire de l'Egypte. Des premiers hommes aux premiers Pharaons », Armand-Colin, Paris, 1992. 215


MIDANT-REYNES (B.), « Aux origines de l’Égypte », Fayard, 2003. VALBELLE (D.), « Histoire de l’État pharaonique », PUF, 1998. Art de l’Égypte ancienne BONHEME (M.A.), « L’art égyptien », QSJ n° 1909. DONADONI (S.), « L'art égyptien », Pochotèque, Encyclopédies d'aujourd'hui, Turin-Paris, 1993. MICHALOWSKI (K.), « L'art de l'ancienne Égypte » , coll. Mazenod-Citadelles, Paris 1968; rééd. 1995. Conservation-restauration ANDRE-PERROUDON (A.), « Les bouchages teintés: approche et étude comparative de matériaux de bouchage teintés dans la masse pour la restauration des céramiques » Bruxelles: Ecole nationale supérieure des arts visuels de La Cambre (ENSAV). Atelier de conservation-restauration d'oeuvres d'art, 1993. BECK (J.) et DALEY (M.), « L'art défiguré, critique des restaurations contemporaines » Aléas, 2006. JAY (E.) « Etude préliminaire à la consolidation des céramiques archéologiques poreuses altérées Mémoire ou thèse : connaissance du matériau céramique. Conservation et restauration des céramiques archéologiques au Qatar. Mémoire pour la restauration d'une jatte de Strasbourg, XVIIIème s. Mémoire pour la restauration d'un cache-pot de Rouen, XVIIIème s. »

Saint-Denis : INP: département des

restaurateurs du patrimoine, 1983. L’HOSTIS, (E.), « L’homogénéité des restaurations d’objets céramique », Paris, Université de Paris 1, 2002. NISOLE (S.), « Etude et restauration de trois maisons d'âme conservées au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. L'emploi des résines synthétiques pour le remontage des terres cuites, une étude comparative de quelques résines acryliques » Saint-Denis : INP: département des restaurateurs du patrimoine, 1997.

216


PEIFFER (J. G.), « La céramique – Expertise et restauration » Editions Faton 2010. PORTAL (A.), « Un sarcophage égyptien en bois polychrome du moyen-empire - Mémoire ou thèse : Refixage d'une polychromie mate. Documentation » Saint-Denis : INP: département des restaurateurs du patrimoine, 1990. Techniques céramiques CONSTANT (C.) & OGDEN (S.), « Céramique Engobes et glaçures » Référence artisan Eyroles 2001. MATTHES, (W.E.), « Emaux et glaçures céramiques » Eyrolles 1997. Encyclopédies : ARMINJON (C.) & BLONDEL (N.), « Objets civils domestiques vocabulaire typologique » Monum, Editions du patrimoine 2002. BLONDEL (N.), « Céramique vocabulaire technique » Monum, Editions du patrimoine 2001. VAN LITH (J.-P.), « Céramique dictionnaire encyclopédique » Les éditions de l’Amateur 2000.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS Fig. 1 : Osiris, Isis et Nephthys, extrait du papyrus d'Hunefer, scribe du début de la XIXème Dynastie (env. 1280 av. J.-C.). Source : ASSMAN, 2003. Fig. 2 : Paroi peinte Est du caveau TT 96 dit « aux vignes » de Sennefer, XVIIIème Dynastie. Source : BOVOT, 2003a. Fig. 3 et 4 : Jares contenant du grain et pain dans un panier, fouilles de Hierakonpolis, 3500 av. J.-C. Source : TAYLOR, 2001. Fig. 5 : Relief calcaire peint de la chapelle funéraire de Kemsit, une des femmes de Montouhotep 2050-2004 av. J.-C. Source : TAYLOR, 2001. Fig. 6 et 7 : Liste d’offrandes, tombe de Rahotep, calcaire gravé et Ka du roi Aouibrê Hor, statue en bois, Dachour. Source : TAYLOR, 2001. Fig. 8 et 9 : Statuette en calcaire peint d’un serviteur, VI ème Dynastie et statuette de servante en bois écrasant du grain, Thèbes, XII ème Dynastie. Source : TAYLOR, 2001. Fig. 10 : Aquarelle de Claire Thorne, reconstitution de la tombe de Sebekhtepi, XIème Dynastie. Source : TAYLOR, 2001. Fig. 11 : Groupe de travailleurs, figurines en bois peint, tombe n°723 de Sebekhtepi, XI ème Dynastie, Beni Hasan. Source : TAYLOR, 2001. Fig. 12 : Servante, bois peint polychrome. Source : TAYLOR, 2001. Fig. 13 : Paroi Est de la tombe de Senedjem à Deir el-Médineh, XIX ème Dynastie. Source : Osiris.net Fig. 14 : Sacs et instruments. Source : BOVOT, 2003a Fig. 15 et 16 : Tablettes Roger, XXI ème Dynastie. Musée du Louvre. Source : Site du Musée du Louvre. Fig. 17 : Coffret à chaouabtis de Khâbekhent, tombe de son père Sennedjem. Musée du Louvre. Source : Site internet du Musée du Louvre. Fig. 18 : Coiffures. Source : BOVOT, 2003a Fig. 19 et 20 : Vêtements et attributs d’un serviteur momiforme et d’un serviteur en costume des vivants. Source : BOVOT, 2003a Fig. 21 et 22 : Ouchebti de hekaemsaf, XVI ème Dynastie, collection privée. Source : site de CIWA, 2003. Fig. 23 : Ouchebti de Psammétique, XXVI ème Dynsatie, règne d’Amasis. British museum. Source : Site du British museum. Fig. 24 : Amulette ouadj au nom du vizir Paser. Provient probablement du Sérapeum* de Memphis. Musée du Louvre. Source : site internet du Musée du Louvre. Fig. 25, 26 et 27 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 230 et relevé hiéroglyphique du pilier dorsal. Sources : Photographies par l’auteur et relevé hiéroglyphique par Jean ROUGEMONT. Fig. 28 et 29 : Ouchebti de Psammétique-Men mise en vente par la maison Drouot et ouchebti de Psammétique-Men exposé au musée Jacquemart André. Sources : Drouot.com et photographie par l’auteur. Fig. 30, 31 et 32 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 246 et relevé hiéroglyphique. Sources : Photographies par l’auteur et relevé hiéroglyphique par Jean ROUGEMONT. Fig. 33 : Ouchebti de Semset du Cabinet des Médailles. Source : AUBERT, 2005. Fig. 34: Lot d’ouchebtis proposés aux enchères par la maison Berge et associés dont trois ouchebtis au nom de la dame de Semset (à gauche). Source : Archives de la maison de ventes aux enchères Berge et Associés. Fig. 35 et 36 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 247 et relevé hiéroglyphique. Sources : Photographies par l’auteur et relevé hiéroglyphique par Jean ROUGEMONT. Fig. 37 : Transcription hiéroglyphique. Source : Jean ROUGEMONT. Fig. 38 et 39 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 224. Source : photographie de l’auteur. Fig. 40 et 41 : Vues de face et de dos de l’ouchebti n° 843 223. Source : photographie de l’auteur. Fig. 42: Doigts en stéatite du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise. Source : photographie de l’auteur. Fig. 43 : Détail d’un sarcophage peint du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise. Source : photographie de l’auteur. Fig. 44 : Détail des bandelettes de momies du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise. Source : photographie de l’auteur. Fig. 45, 46, 47, 48, 49 et 50 : Servtiteurs funéraires du fond égyptien du musée Départemental de l’Oise. Source : photographie de l’auteur. Fig. 51 et 52 : Amulettes en céramique et en pierre et sceau en pierre que fond égyptien du musée Départemental de l’Oise. Source : photographie de l’auteur. Fig. 53 : Ouchebtis du Musée Antoine Vivenel, détail de la vitrine. Source : photographie de l’auteur. Fig. 54 : Bas-relief de la tombe d’Ibi, chef régisseur de la divine adoratrice d’Amon, représentant la confection d’ouchebtis XXVI ème Dynsatie. Source : BOVOT, 2003a. Fig. 55 : Fritte. Source : LAVENEX VERGÈS, 1992. Fig. 56 et 57 : Chaux et oxyde de cuivre. Source : Google image. Fig. 58 : Ouchebti en cours d’émaillage par efflorescences. Reconstitution de Fabienne Lavenex Vergès. Source : LAVENEX VERGÈS, 1992. Fig. 59 : Moule à ouchebti provenant des fouilles de Schiaparelli à Deir el-Médineh, conservé au musée égyptien de Turin. Source : Dossiers d’Archéologie, « Les chaouabtis, serviteurs d’éternité » Hors série n°9, Mai 2003.

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Fig. 60 : Dispositif d’enfournement testé par Fabienne Lavenex Vergès. Source : LAVENEX VERGÈS, 1992. Fig. 61 : Reconstitutions en cours de séchage : processus d’émaillage par effloresences. Source : photographie de l’auteur. Fig. 62 et 63 : Reconstitutions après cuisson et détail du noyau bleu vitrifié ayant provoqué la rupture de l’objet. Source : photographie de l’auteur. Fig. 64 et 65 : Fissure de l’ouchebti Psammétique-Men et son détail au microscope. Source : photographie de l’auteur. Fig. 66 : Fissure similaire observée sur une des reconstitution. Source : photographie de l’auteur. Fig. 67 : Détail des picots. Source : photographie de l’auteur. Fig. 68 : Picots sur une des reconstitution. Source : photographie de l’auteur. Fig. 69 : Excroissances en damier. Source : photographie de l’auteur. Fig. 70 : Détail de la barbe avec pâte et glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 71 : Détail de la cassure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 72 : Détail au microscope d’une des fissure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 73 et 74 : Détail au microscope d’un éclat avec glaçure interne et trous avec retour de glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 75 : Trous avec retour de glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 76 et 77 : Inclusions de grains de sable au dos de l’ouchebti de Semset et au dos d’une reconstitution. Source : photographie de l’auteur. Fig. 78 : Noyaux vitrifiés au coeur de l’ouchebti de Semset. Source : photographie de l’auteur. Fig. 79 : Détail de la cassure de l’ouchebti de Nefer Setet. Source : photographie de l’auteur. Fig. 80 : Détail d’un amas de couleur bleue. Source : photographie de l’auteur. Fig. 81 et 82 : Glaçure irrégulière de l’ouchebti n° 843 224 et son détail au microscope. Source : photographie de l’auteur. Fig. 83 et 84 : Pied et détail au microscope. Source : photographie de l’auteur. Fig. 85 : Retrait de glaçure observé sur une reconstitution. Source : photographie de l’auteur. Fig. 86 : Trous avec retour de glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 87 : Pâte visible sous l’écaillage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 88 et 89 : bourrelets et fissures visibles sur le crâne et détail de la surface au microscope. Source : photographie de l’auteur. Fig. 90 : détail des concrétions en damier au dos de l’ouchebti. Source : photographie de l’auteur. Fig. 91 et 92 : Vue du dessous du pied et détail au microscope de cette surface. Source : photographie de l’auteur. Fig. 93, 94, 95 et 96 : Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche. Source : photographie de l’auteur. Fig. 97 et 98 : Joints de collages. Source : photographie de l’auteur. Fig. 99 et 100 : Fissure vue macroscopique et microscopique. Source : photographie de l’auteur. Fig 101 et 102 : Fissure sur le pilier dorsal et sur son arrête. Source : photographie de l’auteur. Fig 103 : Empoussièrement autour de la barbe postiche. Source : photographie de l’auteur. Fig. 104 : Trou avec retour de glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 105 et 106 : Picots circulaires et en damiers. Source : photographie de l’auteur. Fig. 107 et 108 : Teinte brun clair du pied et trace orangée. Source : photographie de l’auteur. Fig. 109 : Amas blanchâtre. Source : photographie de l’auteur. Fig. 110 : Dépôt épais et grumeleux du pied (face). Source : photographie de l’auteur. Fig. 111, 112 et 113 : Etiquette, marquage et traces bleues. Source : photographie de l’auteur. Fig. 114, 115, 116 et 117 : Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche de l’ouchebti de Semset. Source : photographie de l’auteur. Fig. 118 : Lignes de cassures et lacunes. Source : photographie de l’auteur. Fig. 119 et 120 : Détails des lacunes. Source : photographie de l’auteur. Fig. 121 et 122 : Clichés microscopiques du trou d’air et du trou avec retour de glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 123 : Cliché microscopique de la glaçure qui se replie sur elle même et des inclusions de grains. Source : photographie de l’auteur. Fig. 124 et 125 : Détails des éclats du pied. Source : photographie de l’auteur. Fig. 126 : Détail de l’éclat non traversant avec glaçure interne. Source : photographie de l’auteur. Fig. 127 : Vue horizontale avec dégradé de couleur et de matité. Source : photographie de l’auteur. Fig. 128 et 129 : Amas sableux. Source : photographie de l’auteur. Fig. 130 : Détail du collage avec bourrelets de colle. Source : photographie de l’auteur. Fig. 131 et 132 : Détail de la perruque et de jambes avec traces de colles. Source : photographie de l’auteur. Fig. 133 : Marquage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 134, 135, 136 et 137 : Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche de l’ouchebti de Nefer Satet. Source : photographie de l’auteur. Fig. 138, 139, 140 et 141 : Quatre vues du collage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 142 : Lacune du pilier dorsal. Source : photographie de l’auteur. Fig. 143 et 144 : Détails de la lacune de la tête. Source : photographie de l’auteur. Fig. 145 : Éclat sur la ligne de cassure au microscope. Source : photographie de l’auteur. Fig. 146 : Trous dans la glaçure. Source : photographie de l’auteur.

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Fig. 147 : Détail des nodules avec retour de glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 148 : Abrasion de la glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 149 : Marquage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 150, 151, 152 et 153 : Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche. Source : photographie de l’auteur. Fig. 154 et 155 : Lacunes des jambes et du coude. Source : photographie de l’auteur. Fig. 156 et 157 : Vue du dessus de la tête et du dessous du pied avec altérations de la glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 158 et 159 : Traces orangées. Source : photographie de l’auteur. Fig. 160 : Marquage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 161, 162, 163 et 164: Vues de face, de dos, du profil droit et du profil gauche. Source : photographie de l’auteur. Fig. 165 et 166 : Fissures de la tête et du pied. Source : photographie de l’auteur. Fig. 167 : État de la surface. Source : photographie de l’auteur. Fig. 168 : Vue des concrétions sous le pied. Source : photographie de l’auteur. Fig. 169 : Plaques en damier sur le pilier dorsal. Source : photographie de l’auteur. Fig. 170 et 171 : Irisations de la glaçure. Source : photographie de l’auteur. Fig. 172 : Marquage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 173 : Détail du dépôt terreux. Source : photographie de l’auteur. Fig. 174, 175 et 176 : Prélèvements et test à l’acide chlorhydrique. Source : photographie de l’auteur. Fig. 177 : Test des traces de peinture. Source : photographie de l’auteur. Fig. 178, 179, 180 et 181 : Vues du joint de collage et du marquage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 182, 183 et 184 : Vue du collage de face, du marquage et du joint de collage au niveau des jambes. Source : photographie de l’auteur. Fig. 185 : Vue du marquage et du joint de collage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 186 : Vue du joint de collage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 187 : Marquage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 188 : Marquage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 189 et 190 : Test d’extraction du marquage et du badigeon. Source : photographie de l’auteur. Fig. 191 : Complexe de travail, de conservation et de transport fermé. Source : photographie de l’auteur. Fig. 192 et 193 : Vues des niches intérieures. Source : photographie de l’auteur. Fig. 194 : Vue de l’enceinte de séchage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 195 : Dispositif de séchage de l’étiquette schématisé. Source : photographie de l’auteur. Fig. 196 et 197 : Retrait en court et étiquette après séchage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 198 : Conditionnement de l’étiquette. Source : photographie de l’auteur. Fig. 199 et 200 : Test des traces d’oxydation à l’acide oxalique. Source : photographie de l’auteur. Fig. 201 et 202 : Nettoyage à l’eau déminéralisée. Source : photographie de l’auteur. Fig; 203 : Finition du nettoyage de surface avec la gomme en poudre. Source : photographie de l’auteur. Fig. 204 : Nettoyage à l’éthanol du marquage en court. Source : photographie de l’auteur. Fig. 205 et 206 : Traitement au gel de Klucel G/Éthanol en court et retrait sur une petite portion du pied race montrant la solubilisation du badigeon après le premier traitement. Source : photographie de l’auteur. Fig. 207 : Gel à l’EDTA en court d’action sur les traces d’oxydation de l’ouchebti anépigraphe n° 843 224. Source : photographie de l’auteur. Fig. 208 : Gel à l’EDTA en court d’action sur la trace d’oxydation de l’ouchebti de Psammétique-Men. Source : photographie de l’auteur. Fig. 209 : Ouchebti n° 843 224. Source : photographie de l’auteur. Fig. 210 et 211 : Extraction par légère abrasion au scalpel des concrétions de sels insolubles. Source : photographie de l’auteur. Fig. 212 : Étuve. Source : photographie de l’auteur. Fig. 213 : Ouchebti de Semset après décollage dans l’étuve. Source : photographie de l’auteur. Fig. 214 et 215 : Ouchebti de Psammétique-Men après décollage dans l’étuve. Source : photographie de l’auteur. Fig. 216 : Ouchebti de Nefer Setet après décollage dans l’étuve. Source : photographie de l’auteur. Fig. 217 : Traces de colle persistantes sur l’ouchebti de Semset après nettoyage à l’éthanol. Source : photographie de l’auteur. Fig. 218 : Gels Klucel G/Butanone après retrait. Source : photographie de l’auteur. Fig. 219 : Gel Klucel G/Butanone en court d’action sur l’ouchebti de Semset. Source : photographie de l’auteur. Fig. 220 et 221 : Ouchebti de Psammétique-Men, vue générale et vue de la pâte après nettoyage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 222 et 223 : Vue globale et vue de la pâte de l’ouchebti de Semset après nettoyage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 224 et 225 : Vue globale et vue de la pâte de l’ouchebti de Nefer Setet après nettoyage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 226 : Vue globale de l’ouchebti n° 843 224 après nettoyage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 227 : Vue globale de l’ouchebti n° 843 223 après nettoyage. Source : photographie de l’auteur.

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Fig. 228 : Collage en court de l’ouchebti de Psammétique-Men. Source : photographie de l’auteur. Fig. 229 et 230 : Vues des comblements en court de l’ouchebtis de Semset. Source : photographie de l’auteur. Fig. 231 et 232 : Vues de la réintégration picturale du comblement de l’ouchebti de Semset, de face et du côté droit. Source : photographie de l’auteur. Fig. 233 et 234 : Vues de la réintégration picturale du comblement de l’ouchebti de Semset, de dos et du côté droit. Source : photographie de l’auteur. Fig. 235, 236 et 237: Vues du comblement teinté de face, du côté gauche et droit de l’ouchebti de Psammétique-Men. Source : photographie de l’auteur. Fig. 238 : Vue des nouveaux marquages au Paraloid® et au stylo indélébile. Source : photographie de l’auteur. Fig. 239 : Tension superficielle schématisée (Réalisé sur Adobe Photoshop d’après les cours). Fig. 240 : Ruptures cohésives et adhésive schématisées (Réalisé par l’auteur sur Adobe Photoshop d’après sources internet). Fig. 241 : Tests de clivage schématisés (Réalisé par l’auteur sur Adobe Photoshop d’après sources internet). Fig. 242 : Tension superficielle schématisée (Réalisé par l’auteur sur Adobe Photoshop d’après sources internet). Fig. 244 : Tests de pelage schématisés (Réalisé par l’auteur sur Adobe Photoshop d’après sources internet). Fig. 245 : Après marquage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 246 : Après l’extraction. Source : photographie de l’auteur. Fig. 247 : Division en feuillets des éprouvettes en Tyvek® . Source : photographie de l’auteur. Fig. 248 et 249 : Tesson de terre cuite provenant des fouilles du Consulat marqué à la mine graphite en 1996. Source : photographie de l’auteur. Fig. 250 : Une des cinq éprouvette après expérience. Source : photographie de l’auteur. Fig. 251 et 252 : Les trois céramiques en cours de «salage» et test au nitrate d’argent. Source : photographie de l’auteur. Fig. 253 et 254 : Marquage du tesson de El-Nabih. Source : photographie de l’auteur. Fig. 255 et 256 : Marquage du brûle-encens et du bol. Source : photographie de l’auteur. Fig. 257 : Tesson de de El-Nabih à la sortie du bain de dessalage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 258 : Le brûle encens à la sortie du dessalage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 259 : Le bol à la sortie du dessalage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 260 : Traces de déchirures des étiquettes PrimalE330/Papiers Ingres sur le tesson de El-Nabih après extraction des étiquettes. Source : photographie de l’auteur. Fig. 261 : Dédoublement des étiquettes PrimalE330/Papiers Ingres sur le brûle-encens pendant extraction. Source : photographie de l’auteur. Fig. 262 : Tesson à la sortie de l’étuve. Source : photographie de l’auteur. Fig. 263 : Tesson après extraction des étiquettes. Source : photographie de l’auteur. Fig. 264 et 265 : Eprouvettes avant test de frottement et appareil en cours d’expérience. Source : photographie de l’auteur. Fig. 266 : Eprouvettes après expérience. Source : photographie de l’auteur. Fig. 267 : Appareillage en cours d’expérience avec chargement graduel de la nacelle. Source : photographie de l’auteur. Fig. 268 : Préparation du joint de collage à tester. Source : photographie de l’auteur. Fig. 269 : Visuel de préparation pour l’encollage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 270 : Visuel pour mise en place du séchage. Source : photographie de l’auteur. Fig. 271 : Visuel pour réactivation de l’étiquette par l’acétone. Source : photographie de l’auteur. Fig. 272 : Visuel pour application de l’étiquette. Source : photographie de l’auteur. Fig. 273 : Chaouabtis en bois et sarcophage miniature. (Annexes) Source : Les dossiers d’Archéologie. Fig. 274 : Ouchebti en calcaire du roi Ahmosis, XVIII ème Dynastie, British museum. (Annexes). Source : Site du British Museum. Fig. 275 : Chaouabti d’Amenophis III en granit rose. (Annexes). Source : Google image. Fig. 276 : Ouchebti de Youia et Touia. (Annexes). Source : Google image. Fig. 277 : Chaouabti d’Akhenathon. (Annexes). Source : Les dossiers d’Archéologie. Fig. 278 : Chaouabti de Toutankhamon. (Annexes). Source : Google image. Fig. 279 : Ouchebti de Sethi Ier. (Annexes). Source : Google image. Fig. 280 : Chaouabti de Khâemouaset. Musée du Louvre. (Annexes). Source : BOVOT, 2003a. Fig. 281 : « Gisant ». (Annexes). Source : Les dossiers d’Archéologie. Fig. 282 : Chaouabti d’Apis. (Annexes). Source : BOVOT, 2003a. Fig. 283 : Chaouabti de Ramsès VI « à contour perdu ». (Annexes). Source : BOVOT, 2003a. Fig. 284 : Chaouabti de Pinedjem Ier. Deir el-Bahari. (Annexes). Source : Google image. Fig. 284 : Fabrication du moule. Source : photographie de l’auteur. Fig. 285 : Fabrication du moule et vue de l’original sculpté dans du plâtre. Source : photographie de l’auteur. Fig. 286 : Moulage des ouchebtis en terre auto-émaillable. Source : photographie de l’auteur. Fig. 287 : Le graphite et sa structure. Source : Geoforum.fr Fig. 288 : Le kaolin et sa structure. Source : Geoforum.fr Fig. 289 : Echelle de dureté de la mine graphite. Source : Google Image.

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LISTE DES TABLEAUX Tableau n° 1 : Liste des particularités similaires relevées sur les ouchebtis originaux et sur les reconstitutions. Tableau n° 2 : Catégorisation des problématiques rencontrées en type d’altérations. Tableau n° 3 : Tableau récapitulatif des différentes altérations par ouchebtis. Tableau n° 4 : Classifications des objectifs de restauration. Tableau n° 5 : Proposition de traitement générale. Tableau n° 6 : Tableau de résultats des tests de sensibilité de l’étiquette à la solution et à la manipulation. Tableau n° 7 : Tests des trois solvants sur les traces de colle. Tableau n° 8 : Tests menés sur les deux pourcentages de colle. Tableau n° 9 : Récapitulatif des problèmes de marquages sur les céramiques archéologiques. Tableau n° 10 : Récapitulatif des attentes et besoins du futur système de marquage. Tableau n° 11 : Cahier des charges du futur système de marquage. Tableau n° 12 : Récapitulatif des paramètres physico-chimiques rencontrés durant la fabrication des futures étiquettes. Tableau n° 13 : Cahier des charges du futur système de marquage. Tableau n° 14 : Colles prés-sélectionnées et leur caractéristiques. Tableau n° 15 : Tableau discriminant (cases rouges) des résultat des tests de pré-sélection. Tableau n° 16 : Récapitulatif des données concernant le marquage à la mine graphite. Tableau n° 17 : Résultat des tests de résistance des marquages sur les différents complexes. Tableau n° 18 : Résultat des tests de réactivation des adhésifs par l’acétone. Tableau n° 19 : Résultat des tests de temps de séchage et de possibilité d’écriture sur les complexes. Tableau n° 20: Tests de porosité des trois objets. Tableau n° 21 : Récapitulatif des résultats du test de résistance des différents complexes au dessalage. Tableau n° 22 : Résultat du test d’extraction après dessalage. Tableau n° 23 : Pourcentage d’étiquettes nécessitant un apport d’acétone pour extraction après dessalage. Tableau n° 24 : Récapitulatif des résultats du test de résistance aux variations de température et d’hygrométrie. Tableau n° 25 : Résultat du test d’extraction après variations de température et d’hygrométrie. Tableau n° 26 : Pourcentage d’étiquettes nécessitant un apport d’acétone pour extraction après variations de température et d’hygrométrie. Tableau n° 27 : Compte des passages et variance. Tableau n° 28 : Tableau de surveillance photographique des marquages sur une période de 10 mois. Tableau n° 28 (suite) : Tableau de surveillance photographique des marquages sur une période de 10 mois (suite)

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ANNEXES

Annexes du Chapitre I : Étude historique et technologique Annexe 1 : Périodes historiques de l'Égypte ancienne Annexe 2 : La production de serviteurs funéraires durant les différentes périodes historiques Annexe 3 : Extrait du « Personnenamen » de Herman RANKE Annexe 4 : Photographies de l’élaboration du moule fabriqué pour les tests de reconstitution

Annexes du Chapitre II : Intervention de conservation-restauration Annexe 1 : Extrait de la fiche technique Tyvek® Annexe 2 : Extrait de la fiche technique mousse polyéthylène Annexe 3 : Extrait fiche INRS Éthanol Annexe 4 : Extrait fiche INRS Acétone Annexe 5 : Extrait fiche INRS Butanone Annexe 6 : Extrait fiche INRS EDTA Annexe 7 : Extrait fiche INRS Acétate d’Éthyle Annexe 8 : Extrait fiche INRS Acide oxalique Annexe 9 : Extrait fiche technique Klucel G Annexe 10 : Extrait fiche technique papier Mylar® Annexe 11 : Extrait fiche technique Paraloid® B-72 Annexe 12 : Extrait fiche technique Paraloid® B-44 Annexe 13 : Extrait fiche technique Acryl 33 Annexe 14 : Extrait fiche fournisseur Plâtre d'Albâtre CTS Annexe 15 : Extrait fiche fournisseur gomme en poudre wishab Annexe 16 : Extrait fiche fournisseur EDTA Bisodique Annexe 17 : Rapport d’analyse sur la teneur en sel d’un ouchebti restauré par C. PARISELLE

Annexes du Chapitre III : Étude technico-scientifique

Annexe 1 : Extraits d’ouvrages spécialisés en archéologie au sujet du marquage du matériel archéologique Annexe 2 : La mine graphite, composition, fabrication et propriétés Annexe 3 : Protocole du dosage du chlorure dans l’eau Annexe 4 : Relevés des tests d’argentométrie effectués par la chimiste du CEAlex lors du dessalage Annexe 5 : Tableaux complets de l’expérience n°4 de dessalage Annexe 6 : Extrait fiche technique de l’étuve Binder Annexe 7 : Tableau des résultat de l’expérience n°5 Variations de température et d’hygrométrie Annexe 8 : Fiche technique de l’adhésif acrylique HV 498 de Lascaux

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Annexes du Chapitre I : conservationrestauration

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Annexe 1 : Périodes historiques de l'Égypte ancienne Ce découpage de l'histoire de l'Égypte en grandes périodes et en trente et une dynasties a été écrite par Manéthon. Elle fut rédigée par ce prêtre-historien qui vivait dans l’Égypte sous domination macédonienne au III ème siècle av. J.-C. Période prédynastique (3150-2925 av. J.-C.) Ière et II ème Dynasties. Le roi Menès réussit à unir sous son sceptre la haute et la basse Égypte. Memphis est la capitale. Ancien Empire (2700-2200 av. J.-C.) III ème à VI ème Dynasties. Le roi Djoser fait construire la pyramide à degrés de Saqqara, la plus ancienne construction en pierre. 2625 à 2200 : période de rois puissants et autoritaires. Les trois pyramides de Guizeh sont construites respectivement par Khéops, Khéphren et Mykérinos. Atteignant son apogée durant la IV ème Dynastie, la monarchie perd graduellement le pouvoir au profit d'une féodalité de nomarques (gouverneurs de province). Elle finit par s'effondrer à la fin de la vie Dynastie. Première Période Intermédiaire (2200 à 2040 av. J.-C.) Une période très mal connue, marquée par des révolutions et le morcellement du pays, correspond aux frêles VII Dynasties.

ème

àX

ème

Moyen Empire (2040 à 1552 avant J.-C.) XI ème et XII ème Dynasties. Thèbes devient la capitale, L’art et la civilisation prospèrent de nouveau comme le prouvent les chefs-d'oeuvre d'architecture et de sculpture de l'époque. C’est l’âge d’or. Seconde Période Intermédiaire (1785 à 1552 avant J.-C.) Décadence politique avec la XIII ème Dynastie. Le pays est en grande partie dominé par les Hyksos à partir de 1730 environ. Originaires d'Asie, ils se sont installés un peu partout, et surtout dans la région d'Avaris. Période assez obscure où est introduit l'usage des chevaux et des chars auparavant inconnus. Vers 1580, un prince thébain, Amosis, combat les Hyksos et les chasses hors d'Égypte, réunifiant le pays à son profit. Nouvel Empire (1552 à 945 avant J.- C) Correspond à la période des grandes conquêtes et du vaste Empire égyptien. XVIII ème à XXI ème Dynasties. Thèbes est à présent la capitale politique de la grande puissance égyptienne. 1526 à 1352 : les Thoutmôsis et les Aménophis conquièrent la Nubie et la Syrie. Les troupes égyptiennes atteignent l'Euphrate. Les tributs payés par les rois et les princes des pays voisins permettent aux pharaons d'élever des édifices religieux et civils encore plus grandioses. La fortune du temple du dieu Amon à Karnak ne cesse de s'accroître. Le pays atteint sous Aménophis III un niveau inégalé. 1352 à 1338 : Aménophis IV, époux de Néfertiti, combat le culte et le clergé d'Amon. Il prend le nom d'Akhenaton formé sur celui de son dieu, le disque solaire Aton, et installe la capitale à Tell el-Amarna. 1336 à 1327 : Toutânkhaton, l'un de ses successeurs, restaure le culte d'Amon, s'établit à Thèbes, l'ancienne capitale, et prend le nom de Toutânkhamon. 1295 à 945 : XIX ème Dynastie : règnes marquants de Séthi Ier et de Ramsès II. Ce dernier fait la guerre puis la paix avec les Hittites qui avaient étendu leur influence sur la Syrie et la Palestine. On retrouve très souvent son nom en Égypte sur de nombreux temples construits durant un règne de 67 ans. La XX ème Dynastie se termine avec Ramsès XI et la montée des roisprêtres. À la XXI ème Dynastie les rois-prêtres prennent le pouvoir et les rois alliés s'installent à Tanis. Troisième Période Intermédiaire (945 à 656 avant J.-C.) XXII ème à XXV ème Dynasties. Période instable. Les Bubastides, d'origine libyenne remplacent les rois tanites. Le pays est morcelé. La Palestine et la Nubie se dégagent de l'emprise égyptienne, ce qui donne lieu à de nombreuses expéditions militaires (sac de Jérusalem). 747 à 656 : La XXV ème Dynastie, d'origine nubio-soudanaise, règne sur l'Égypte, mais finit par s'écrouler sous les coups de l'Assyrien Assourbanipal. Basse Époque (672 à 332 avant J.-C.) XXVI ème à XXXI ème Dynasties. Renouveau saïte de la XXVI ème Dynastie (les Psammétiques, Nechao, Apriès et Amasis). Des Grecs s'installent comme commerçants en Égypte. Conquête du pays par les Perses de Cambyse qui forment la XXVII ème Dynastie (Darius achève le canal qui relie le Nil à la mer Rouge). Dernière Dynastie indigène, les Nectanebos, et seconde domination perse. Époque grecque ou ptolémaïque (332 à 27 av. J.-C.) Alexandre le Grand conquiert l'Empire perse et fonde Alexandrie qui devient un centre de commerce international et un haut lieu de civilisation et d'art grecs.Les Ptolémées lui succèdent. 225 à 27 avant J.-C. la puissance grecque décline graduellement.

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Annexe 2 : La production de serviteurs funéraires durant les différentes périodes historiques Les statuettes funéraires au Moyen Empire (vers 2033-1786 av. J. C.) Premières statuettes Le Moyen Empire égyptien est une période prospère. Très proches de la statue momiforme du défunt, les premières statuettes à l’origine des chaouabtis sont des reflets de la statuaire funéraire, elles sont en bois et leur forme dérive de l’image de l’Osiris momifié. Momiformes, uniques ou par paire, anépigraphes et sans bras, dont on ne voit que la tête qui émerge du suaire208, elles sont substitut ou serviteur et rappellent les têtes de remplacement 209 sculptées de l’Ancien Empire, image du défunt « tel qu’il était hier et sera demain 210 ». On ne demande pas encore aux serviteurs d’accomplir quelque travail. Certains étaient disposés dans un sarcophage miniature.

Fig. 273 : Chaouabtis en bois et sarcophage miniature. XII ème Dynastie A la XIIème Dynastie, vers 1800 av. JC, une nouvelle conception de l’au-delà voit le jour et plusieurs pratiques sont confondues. A la fin de la XIIe Dynastie on trouve la formule magique « pour ne pas travailler dans l’autre monde 211 ». Deux sarcophages de cette dynastie exhumés à el-Bercheh sur lesquels pour la première fois on trouve le fameux passage du chapitre VI du Livre des Morts, Livre pour sortir le jour : « A dire sur l'effigie de leur propriétaire, conforme à ce qu’il était sur terre et faite de bois de tamaris ou de jujubier » Deuxième Période Intermédiaire Lors de la Deuxième Période Intermédiaire, cinquante roitelets212 se succèdent dans une Égypte faible et morcelée. La principale dynastie parallèle et la plus puissante est celle de Thèbes (d’où viennent les futures XVIIe et XVIIIe Dynasties). De cette période nous vient un précieux chaouabti en bois, trouvé à Lisht puis exporté à NewYork, celui de Ouahneferhotep. 208

Notamment pour les statuettes issues de la production de la Haute Egypte. Il existe actuellement une controverse dans le milieu de l’égyptologie au sujet de ces têtes de remplacement. La prudence quant à cette affirmation reste à considérer avec prudence. 209

210

Expression de Mme Desroches-Noblecourt, in « Statuettes funéraires égyptiennes du département des Monnaies, Médailles et Antiques » BNF, Jacques F. Aubert et Liliane Aubert. p 16 à 50 211

Source : Jacques F. Aubert et Liliane Aubert « Statuettes funéraires égyptiennes du département des Monnaies, Médailles et Antiques » BNF, 2005 p. 16 à 50 212

Usurpateurs et dynastes locaux dont le règne est très bref. Quelques années tout au plus.

226


XVIIème Dynastie, rois thébains213 Plusieurs exemplaires de chaouabtis nous viennent de cette période, en provenance de Gournah au nord de Thèbes, en bois peint de Tamaris. Nous assistons à la production des statuettes dites « bouts de bois », mal dégrossies et de facture sommaire, elles portent des inscriptions variées du chapitre VI du Livre des Morts dans sa première version ou un texte d’offrande royale à Osiris : « Ô chaouabtis, ô Sycomore que j’ai planté, si Tanefret est décomposée... Pour exécuter tout travail qui se fait là bas, me voici diras-tu 214 ». Huit statuettes en bois peint finement exécutées, mais également de nombreuses statuettes « bouts de bois » ont été retrouvées dans la tombe familiale du fils royal Tétiky. Les statuettes funéraires au Nouvel Empire (vers 1570-1070 av. J.C.) L’Égypte pacifiée À la XVIIIème Dynastie, dans une Égypte pacifiée, la production des chaouabtis reprend un court normal, incluant des formules écrites très variées. Certaines statuettes reprennent les traits des chaouabtis du Moyen Empire avec perruque échancrée, mains apparentes, barbe, absence d’attributs et chapitre VI gravé sur le bas du corps. Apparait une deuxième version plus complète du chapitre VI avec cette séquence « Eh bien chaouabti, l’embarras t’en sera infligé » , version nommée « deuxième rédaction » par Legrain en 1895. Une troisième rédaction215 existait déjà du temps de la XIIIe Dynastie que l’on connaît grâce au travail de Vernus216 parus en 1974, où l’on voit un chaouabti aux mains apparentes occupant une niche qu’entoure une stèle inscrite pour le : « Grand des dix du sud Senebraou juste de voix. Il dit « Ô ce chabti, si je suis dénombré comme un homme à sa tâche, l’embarras m’en sera infligé comme un homme à sa tâche, le voici direz-vous; si je suis dénombré à tout moment pour faire ce qui est à faire là, pour cultiver les champs, pour irriguer les berges, pour transporter le sable de l’Occident et le sable de l’Orient, nous voici direz-vous217 ». Les rois de la XVIIIe Dynastie perfectionnèrent leurs chaouabtis comme on peut le constater sur celui d’Ahmosis (vers 1570-1546 av. J.C.) conservé au British Museum et sur celui de la reine Maâtkaré Hatchepsout ( vers 1498-1483 ), qui récite la troisième version du chapitre VI sur les deux bustes qui subsistent aujourd’hui, l’un conservé à Bordeaux, l’autre à La Haye. Thoutmosis III, son successeur (vers 1483-1450 av. J.C.) fut le premier à disposer d’un chaouabti en pâte de verre bleu pâle, retrouvé dans la cachette royale de Deir el-Bahari, inscrit : « Menkheperré, qu’il fasse ce qui est à faire pour Lui ». L’assortiment le plus complet de cette période nous provient d’Amenophis II (vers 1453-1419). Dans la tombe mise au jour par Loret 218 en 1898 dans la Vallée des Rois, outre les momies de dix autres pharaons, 88 statuettes funéraires et 30 petits sarcophages miniatures furent mis au jour. Soit 17 faïences bleues, 12 bois peints sans mains apparentes, 3 albâtres, 8 grès coiffés du némès. Ils tiennent un signe de vie dans chaque main ou ne portent rien, mais en aucun cas ne sont encore représentés les outils agraires. Une telle diversité nous permet d’imaginer les trésors perdus des plus grands rois219.

213

La XVIIe Dynastie est incluse dans la Deuxième Période Intermédiaire par le couple Aubert et dans le Nouvel Empire par Bovot. 214

Source : Jacques F. Aubert et Liliane Aubert. Ibidem. p. 16 à 50

215

Voir chapitre sur les différentes rédactions Paul Vernus est un égyptologue français contemporain, enseignant à l'École Pratique des Hautes Études.

216 217

Source : Jacques F. Aubert et Liliane Aubert. Ibidem. p. 16 à 50

218

Victor Clément Georges Philippe LORET est un égyptologue français né à la fin du XIX ème siècle.

219

Source : Jacques F. Aubert et Liliane Aubert. Ibidem. p. 16 à 50

227


Ministres et hauts dignitaires prirent exemple sur le roi qui apporta certaines innovations stylistiques intéressantes comme cette coiffe répartie en circonflexe derrière la tête d’un des quatre exemplaires du célèbre roi Ahmosis en calcaire blanc très fin peint en brun.

Fig. 274 : Ouchebti en calcaire du roi Ahmosis, XVIII ème Dynastie, British museum. C'est sous le règne de Thoutmosis IV qu’apparaissent les premiers outils agraires. Le chef de travaux Kha possédait un chaouabti en bois peint disposé dans un sarcophage miniature équipé de petits instruments : une houe et une palanche pour travailler la terre. C'est à cette époque que l’on retrouve les petits outils en bronze disposés à l’attention des chaouabtis. La Formule d’Aménophis III Aménophis III règne sur une Égypte très riche et paisible. Plusieurs fouilles exhumèrent une collection de chaouabtis variés en bois, albâtre, granit ou serpentine, entiers ou fragmentaires et qui sont disséminés dans tous les grands musées. Les chaouabtis en bois d’Aménophis III portent une formule inédite connue sous le nom de Formule d’Aménophis III et expliquée par J. Yoyotte : « Faire faire des chaouabtis (pour) le bienheureux Osiris Nebmaâtré justifié dans le monde des morts. Ô dieux qui êtes à côté du seigneur de l’univers (Osiris) assis à portée de sa bouche, souvenez-vous de moi le roi, de sorte que vous prononciez son nom quand vous donnerez pour lui l’offrande du soir et celle du matin... dans la région de Pek (Abydos) à la fête ouag. Puisse-t-on être à la place de l’Osiris roi Aménophis, maître de Thèbes juste de voix, pour cultiver les champs, pour irriguer les berges, pour transporter le sable de l’Orient vers l’Occident. Qu’on se souvienne de l’Osiris roi Nebmaâtré juste de voix auprès de l’impérissable (Osiris), pour qu’il reçoive des offrandes de nourriture en sa présence. » Aménophis prie les dieux de se souvenir de lui, lesquels dieux représentent l’assemblée des rois disparus qu’il célèbre lors de la fête ouag, tradition immémoriale avec une procession dans la ville sainte d’Osiris.

228


Fig. 275 : Chaouabti d’Amenophis III en granit rose. Conservé au Louvre, le double chaouabti de la grande épouse royale Tiy est remarquable de nouveauté. En stéatite, également retrouvé dans la Vallée des Rois, il est inscrit sur deux colonnes, une pour chaque époux. Il est un exemple de l’assimilation substitut-chaouabti et porte deux houes et deux paniers. Youia et Touia, parents de Tiy, furent retrouvés dans la Vallée des Rois avec dans leur tombe 18 chaouabtis. Conservé au Caire, un des plus beaux chaouabti de Youia, porte une coiffure de vivant. Il arbore le sceptre de commandement dans ses mains et porte l’étoffe royale. Les autres chaouabtis, les mains vides, portent un collier plaqué-or et disposent aussi d’une collection de petits instruments de bronze pour travailler dans l’au-delà 220.

Fig. 276 : Ouchebti de Youia et Touia. La période amarnienne La révolution solaire tentée par Akhenaton (vers 1350-1334 av. J.C.) ne perdura pas au-delà de son règne et le général futur pharaon Horemheb (vers 1321-1293), revenu à la religion traditionnelle d’Amon fit détruire la tombe royale de Tell el-Amarna. On n’y retrouva que 25 chaouabtis fragmentaires en grès, calcaire, granit noir ou rouge et faïence bleue que l’on peut voir au Caire. L’anatomie de ces chaouabtis est typique de la période amarnienne et se fait le reflet de la statuaire. Portrait du défunt, les traits sont efféminés, mâchoires prognathes, ventre rond, cou et membres grêles, ils portent le fouet à triple lanière et le crochet osiriens ou encore des signes de vie. Ils sont parfois inscrits avec une « formule à Aton ». Certains dignitaires copièrent le style de leur roi pour leur chaouabtis tel le seigneur Nakhtmin et sa figurine en bronze. Le style des chaouabtis reprend celui de la production 220

À titre anecdotique, une partie de ces statuettes a été volée lors de la tentative de pillage du Musée du Caire, lors des incidents de la dernière “ Révolution de la Place Tahrir ” en 2011. Elles ne semblent pas avoir été retrouvées à ce jour, contrairement aux statues de Toutankhamon qui furent volées puis retrouvées le même jour.

229


artistique de la période dont le style est celui de toutes les outrances et à l'origine des théories théologiques liées au physique d'Akhénaton. On y voit des bras fins, des cuisses féminines, des lèvres charnues, les yeux en amande, des ventres proéminents. Incarnation et seul intermédiaire d’un dieu unique et asexué – le soleil – Pharaon est porteur de toutes les énergies, et à ce titre représenté à la fois avec des attributs féminins et masculins.

Fig. 277 : Chaouabti d’Akhenathon.

Toutankhamon Ce sont 414 chaouabtis qui composent la troupe de serviteurs de Toutankhamon (vers 1345-1327 av. J.C.) qui, comme son nom l’indique, était revenu au culte d’Amon. A l'époque de Toutankhamon les sépultures privées seront dotées de deux chaouabtis. Celle du souverain en comptera 414 répartis en 365 ouvriers et serviteurs munis de leurs instruments (un par jour), 26 surveillants (un par décade) et 12 autres pour les mois. D'une qualité très variable, ils seront sculptés dans la pierre : albâtre, grès, calcaire ou granit, en bois doré (20-30 cm de hauteur) et même en faïence, plus nombreuses et plus petites, bien qu’une des faïences atteigne l’imposante taille de 35 cm. Ils arborent toutes les coiffures royales possibles et tiennent en main soit le fouet et le crochet, soit l’un des deux, soit rien. Une trentaine des grands bois portent pour la première fois chez un roi des houes et paniers221.

Fig. 278 : Chaouabti de Toutankhamon

221

Source : Jacques F. Aubert et Liliane Aubert. Ibidem. p. 16 à 50

230


Presque toutes les statuettes sont inscrites comme suit : « Dieu bon, seigneur des Deux Terres, Nebkheperoué, fils du soleil, Toutankhamon donne la vie » ou « aimé d’Osiris seigneur des Occidentaux ». La tombe de Toutankhamon livrera également 1 866 outils agricoles en miniature, cuivre, bois et faïence, notamment des houes, des pics, des jougs et des paniers. Ses chaouabtis, en bois doré, sont à l'image du roi. Généralisation des outils agraires Dans la tombe de Séthi I (vers 1291-1278 av. J.C.), découverte par Belzoni en 1817, ce furent plus de 700 chaouabtis qui furent retrouvés. Les plus grands, en faïence bleu vif à décor noir semblent être les chefs des autres ouchebtis « prolétaires », moins soignés. Tous sont équipés d’une paire de houes et d’un panier à grain dorsal, en relief chez les chefs des troupes.

Fig. 279 : Ouchebti de Sethi Ier. Ramsès II (vers 1279-1212 ) Sous ce fils de Séthi I, dont le règne dura soixante-dix-sept années, les innovations stylistiques furent importantes. Le style des chaouabtis devient plus massif, imposant et moins raffiné qui trouve écho dans les autres réalisations artistiques. En effet, ce règne très long va introduire un style maniéré, « baroque » et des réalisations colossales. Dans toutes les représentations, les lèvres sont charnues et le nez busqué ; le pectoral est musclé et sec, stylisé et schématique 222. Sous Ramses II les chaouabtis ont atteint une beauté et une grandeur jamais égalées. Le pagne des vivants C’est également sous Ramsès II que certains chaouabtis commencent à arborer le grand pagne des vivants. Ces majestueux chaouabtis devaient commander les troupes de corvéables momiformes. Nous pouvons constater ces évolutions stylistiques sur le fameux chaouabti du prince Khâemouaset (XIXème Dynastie, règne de Ramsès II) découvert dans l’aire du Serapeum de Memphis. Coiffé de la perruque ronde avec la mèche caractéristique de son statut de grand prêtre de Ptah, il est vêtu d’une chemisette et d’un superbe pagne plissé à devanteau.

222

Source : Jacques F. Aubert et Liliane Aubert. Ibidem. p. 16 à 50

231


Fig. 280 : Chaouabti de Khâemouaset. Musée du Louvre. À la même période, le généralissime Kasa et le grand majordome Nedjem initièrent un nouveau style de chaouabtis : les « orants ». Ils sont pourvus d’un grand pagne empesé le long duquel les bras sont allongés. Certains ouchebtis sont parfois représentés couchés, sur un lit funéraires, veillés ou non par leur Ba aviforme. Ces « gisants » sont souvent réalisés en stéatite, pierre à reflet vert.

Fig. 281 : « Gisant ». Le Sérapéum de Memphis et les chaouabtis d’Apis Jusqu’à l’an 30 de Ramsès Il les Apis étaient enterrés dans des tombes individuelles. Leur emplacement disparaît aujourd’hui sous les sables, mais un dessin plusieurs fois reproduit dans les ouvrages d’Auguste Mariette nous en restitue l’aspect extérieur. Une chapelle à colonne, surélevée, à laquelle on accédait par un escalier, surmontait un ou deux caveaux abritant chacun la momie de l’Apis, son sarcophage, ses canopes, des vases, quelques bijoux et ses chaouabtis à tête de taureau. Ces chaouabtis sont bras croisés, tenant une paire de houes sur un corps humain momiforme. Ils furent même représentés en pagne des vivants au milieu du règne de Ramsès II. Quelques grands personnages ayant participé à l’enterrement des Apis ont fait sceller leur stèle sur les soubassements de la chapelle. Certains ont aussi fait déposer plusieurs chaouabtis à leur nom dans le caveau de l’Apis comme pour l’accompagner et le servir pour l’éternité et, ainsi, bénéficier, plus tard, de la survie osirienne comme les hauts dignitaires Khamouast, quatrième fils du roi, le vizir Paser, le majordome Ptahmès. La plupart de ces chaouabtis sont conservés au Louvre.

232


Fig. 282 : Chaouabti d’Apis. Les Ramsès Ramsès III (vers 1182-1151 av. J.C.) nous a transmis plusieurs ouchebtis de nature variée : six petits bronzes, une remarquable pièce en bois de 40 cm, un chaouabti massif en albâtre. La grande épouse Isis ne nous transmet qu’une dizaine de faïences vert olive reconnaissables à la tresse qui leur couvre l’oreille droite. Ramsès IV (1157-1145 av. J.C.) est connu pour son splendide chaouabti en bois (malheureusement repeint ultérieurement) conservé au Louvre et par un autre serviteur en faïence bleue de 30 cm exposé au Caire. Mais il est surtout connu pour sa série d’« albâtres à contour perdu », momiformes, contours de la tête à peine esquissés sur un buste rond, les détails comme les cheveux, les bras et les inscriptions verticales sont très sommairement exécutés, dans des couleurs fixées à la cire d’abeille. Ramsès VI (vers 1141-1133 av. J.C.) était quant à lui accompagné de 34 de ce type d’albâtres et de 4 grands bois, et on en compte 22 pour Ramsès VII (vers 1133-1126 av. J.C.). Ramsès IX (vers 1126-1108 av. J.C.) possédait des albâtres anépigraphes et 3 grands chaouabtis en bois coiffé du nemes de plus de 30 cm, tenant une paire de houes et récitant le chapitre VI.

Fig. 283 : Chaouabti de Ramsès VI « à contour perdu ».

Les statuettes funéraires de la Troisième Période Intermédiaire (1080-664 av. J.C.) Deux dynasties familiales parallèles s’installent à la XXIème Dynastie, l’une religieuse à Thèbes, l’autre « civile » à Tanis en Basse Égypte. Ce fut une période de profondes modifications pour l’histoire des chaouabtis. En effet se généralisèrent les troupes de dix corvéables momiformes dirigés par un chef en pagne des vivant « dizenier » au fouet. La faïence se généralise comme matériau de fabrication. Les serviteurs funéraires de cette époque sont

233


bien connus et les connaissances à leur sujet bien documentées grâce à de nombreuses découvertes fécondes dont celles des cachettes de Deir el-Bahari et de l’hypogée de Tanis. La cachette de Deir el-Bahari C’est à cause de la vague de pillage des tombes survenue à la XXème Dynastie que le prophète thébain Pinedjem II (990-969 av. J.C.) fit réunir les momies des plus grands pharaons dans la cachette royale de Deir elBahari à la XXIème Dynastie. C’est dans cette cachette que furent découverts les fameux chaouabtis en faïence d’un bleu intense qui portent désormais le nom de « Deir el-Bahari ». C’est de cette cachette royale que nous viennent les importantes tablettes en bois de Nesikhonsou sur lesquelles il est écrit que chaque défunt doit être équipé d’un corvéable chaque jour donc 365 commandés par 36 chefs dizeniers donc au total 401 chaouabtis. Malheureusement, beaucoup d’objets ont été extraits de leur contexte sans étude archéologique préalable, ce qui induit une incroyable perte de données potentiellement très précieuses pour l’Égyptologie.

Fig. 284 : Chaouabti de Pinedjem Ier. Deir el-Bahari. Tanis D’innombrables chaouabtis furent retrouvés dans l’hypogée quasiment inviolé des « fils de Ramsès » qui fut retrouvé par Montet en 1939. Incroyable découverte, presque aussi prestigieuse que celle de la tombe inviolée de Toutankhamon, ce sont 2 000 statuettes que personne n’étudia complètement avant de les extraire de leur antique cachette. Autant de données archéologiques perdues que celles de Deir el-Bahari, d’autant plus que les réserves de Sân el-Hagar ont été cambriolées dans les années 1970 et que de nombreuses statuettes funéraires – en particulier en bronze - ont été dérobées à cette occasion et apparaissent assez régulièrement sur le marché de l’Art.. Renouveau artistique sous Osorkon II Le fameux bleu de Deir el-Bahari ne fut pas reprit à la XXIIème Dynastie. Les statuettes funéraires ont des teintes plus pâles, bleu clair ou verdâtres et sont grossièrement sculptés. Ce style fut éliminé par les Libyens lorsqu’ils prirent le pouvoir et s’attachèrent à produire un art plus raffiné. Osorkon II (vers 874-850 av. J.C.), fils de Takélot Ier hérite du trône et accepte qu'Harsiesis succède à son père Chéchonq II dans la charge de Grand Prêtre d'Amon. Cette concession, qui instaure un précédent dangereux de transmission héréditaire, affaiblit le pouvoir du pharaon et provoque une nouvelle crise de succession.

234


Les serviteurs d’Osorkon II trouvés dans sa tombe sont répartis en deux séries distinctes, vraisemblablement issues d’ateliers différents. On trouve d’une part une troupe aux serviteurs fins et raffinés, au visage rieur et au regard perçant portant une paire de houes et une coiffure des vivants et commandés par des chefs aux cheveux noirs unis. D’autre part on trouve une série aux corvéables plus massifs, à coiffure tripartite sur une tête ronde et forte. Les chefs dizeniers ont la particularité de marcher sur leur socle, jambe gauche en avant. Occupation éthiopienne L’évolution des arts à été profondément marquée par la domination des souverains éthiopiens (soudanais), notamment la production des statuettes funéraires. 2 550 chaouabtis nous viennent de ces rois soudanais. Ces statuettes illustrent la volonté d’assimilation de l’art et de la culture égyptienne par les nouveaux souverains. De par leur origine africaine, ils produisent un art grandiose, dominateur, parfois brutal et leurs statuettes funéraires en reprennent ces caractéristiques.

235


Annexe 3 : Extrait du « Personnenamen » de Herman RANKE Page répertoriant les noms de Psammétique, ligne 8 à 22 :

236


Annexe 4 : Photographies de l’élaboration du moule fabriqué pour les tests de reconstitution

Fig. 284 : Fabrication du moule.

Fig. 285 : Fabrication du moule et vue de l’original sculpté dans du plâtre.

Fig. 286 : Moulage des ouchebtis en terre auto-émaillable.

237


Annexes du Chapitre II : conservation-restauration

238


Annexe 1 : Extrait de la fiche technique Tyvek®

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239


Annexe 2 : Extrait de la fiche technique mousse polyéthylène

Caoutchoucs Compacts & Cellulaires PU, PE et PVC cellulaires - Adhésifs

MBNC SAS - Division NIVERDY B.P. 557 13814 VITROLLES SIRET : 433782604-00022

S.A.S. au capital de 173.820 . TELEPHONE 04.91.67.96.56 TELECOPIE 04.91.02.52.37 E-mail : niverdy@mbnc.fr

Mousse de POLYETHYLENE gris (Fiche technique) Base : mousse de polyéthylène pur à micro cellules fermées, réticulées. Mousse étanche. Qualité IM1 : classement au feu M1 (test par rayonnement). Classement Fumée (selon norme NF F 16-101) : F1 pour les épaisseurs de 5 et 10mm F2 pour les épaisseurs de 15 et 20mm Norme ISO

Unité

Densité

845

Kg/m

Résistance à la traction longitudinale transversale

1926

Kpa

Allongement

1926

Valeur 29 295 190

%

longitudinal transversal

110 90

Résistance à la compression compression 10% compression 25% compression 50%

844

Kpa 14 34 95

Rémanence à la compression Compression 25% 0,5h après décharge 24h après décharge

1856-C

% 20 11

Conductibilité thermique à 10° à 40°

2581

Perméabilité à la vapeur d'eau

1663

W/mk 0,034 0,038 g/m

24h -

Température d'utilisation

Interne

°C

Absorption d'eau après 7 jours

Interne

Vol %

-80°/100° <1

Stabilité dimentionnelle et volumique en température

Très bonne

Dureté shore Shore 0/00

14/51

Aspiration par capilarité

Nulle

Cofficient de transmission thermique CEN/ISO signe U à 10°C épaisseur 3 épaisseur 5 épaisseur 10 épaisseur 15 épaisseur 20

m K/W 11,3 6,8 3,4 2,2 1,7

Résistance remarquable aux agents chimiques notamment : eau - eau salée, savons - détergents acides dilués - alcools cétonnes - esters UV

Bonne résistance

Les données ci-dessus sont fournies à titre d'information et sans garantie de notre part. Nous ne pouvons en aucun cas être tenus responsables d'une utilisation défectueuse de nos produits, ni des conséquences de leur emploi à un autre usage que celui auquel ils sont destinés. Etant donné la diversité des conditions d'utilisation de nos produits, nous recommandons d'effectuer des essais appropriés de nos produits avant leur utilisation.

240


Annexe 3 : Extrait fiche INRS Éthanol

Édition 2011

FICHE TOXICOLOGIQUE

Éthanol Fiche établie par les services techniques et médicaux de l’INRS (N. Bonnard, M. Falcy, D. Jargot, E. Pasquier)

FT 48 CH3-CH2OH C2H6O

Numéro CAS 64-17-5

Numéro CE 200-578-6

CARACTÉRISTIQUES Solvant utilisé dans l’industrie des peintures, vernis, encres, matières plastiques, adhésifs, explosifs, parfums, cosmétiques, l’industrie pharmaceutique… !

! Matière première pour la production de nombreux composés : acide acétique, acrylate d’éthyle, acétate d’éthyle, éthers de glycol, éthylamine, éthylène, éthers-oxydes notamment l’ETBE (éthyl-tert-butyl-éther)… ! Constituant de carburants : le « bioéthanol », éthanol obtenu à partir de matières premières végétales, peut être utilisé seul ou avec de l’essence ; les mélanges essenceéthanol renferment 5 à 95 % de bioéthanol selon les pays. En France, la réglementation fixe à 5,75 % le taux d’incorporation de bioéthanol dans l’essence en 2008 pour atteindre 10 % en 2010 ; toutefois la commercialisation d’un carburant renfermant 85 % de bioéthanol et 15 % d’essence sans plomb autorisée fin 2007, se généralise dans les stations service (E85).

Désinfectant, biocide.

!

Composant de boissons alcoolisées.

603-002-00-5

Synonyme

UTILISATIONS [1 à 4, 6]

!

Numéro Index

PROPRIÉTÉS PHYSIQUES [1 à 8] L’éthanol est un liquide mobile, incolore, volatil, d’odeur plutôt agréable, décelable dès 84 ppm. L’éthanol est miscible à l’eau, le mélange se faisant avec dégagement de chaleur et contraction du liquide : 1 vol. d’éthanol + 1 vol. d’eau donnent 1,92 vol. de mélange.

Alcool éthylique

Depuis le 1er décembre 2010, l’étiquette doit être conforme au règlement (CE) n° 1272/2008 dit « règlement CLP »

ÉTHANOL DANGER H 225 – Liquide et vapeurs très inflammables. Les conseils de prudence P sont sélectionnés selon les critères de l’annexe 1 du règlement 1272/2008. 202-578-6 Selon le règlement CLP.

Par contre il y a expansion du liquide lorsque l’éthanol est mélangé à de l’essence. L’éthanol est également miscible à la plupart des solvants usuels. C’est un bon solvant des graisses et il dissout de nombreuses matières plastiques. Ses principales caractéristiques physiques sont les suivantes. Masse molaire

46,07

Point de fusion

– 114 °C

Point d’ébullition

78-78,5 °C

Densité (D204 )

0,789

Densité de vapeur (air = 1)

1,59

Indice d’évaporation (oxyde de diéthyle = 1) Indice d’évaporation (acétate de n-butyle = 1)

8,3 2,4

241

F – Facilement inflammable

ÉTHANOL R 11 – Facilement inflammable. S 7 – Conserver le récipient bien fermé. S 16 – Conserver à l’écart de toute flamme ou source d’étincelles – Ne pas fumer. 202-578-6 – Étiquetage CE. Selon la directive 67/548/CEE.


200803-0214-FT3-OCR-6p

1/04/08

Annexe 4 : Extrait fiche INRS Acétone

9:47

Page 1

édition 2008 (*)

FICHE TOXICOLOGIQUE

Acétone Fiche établie par les services techniques et médicaux de l’INRS

CARACTÉRISTIQUES UTILISATIONS

FT 3 O H3C

C

CH3

Numéro CAS 67-64-1

Numéro CE (EINECS)

Solvant (industrie des peintures, vernis, encres et colles).

Intermédiaire de synthèse.

Solvant de l’acétylène.

200-662-2

Numéro INDEX 606-001-00-8

PROPRIÉTÉS PHYSIQUES [1 à 3] L’acétone est un liquide incolore, très volatil, d’odeur suave et pénétrante détectable à environ 13 ppm. Elle est totalement miscible avec l’eau et avec un grand nombre de solvants organiques, notamment l’éthanol, l’oxyde de diéthyle et les esters. D’autre part, c’est un excellent solvant d’un grand nombre de produits organiques et minéraux.

Synonymes Diméthylcétone 2-Propanone

Ses principales caractéristiques physiques sont les suivantes. Masse molaire

58,08

Point de fusion

– 94,6 °C

Point d’ébullition

56,1 °C

20 ) Densité (D20

0,783

Densité de vapeur (air = 1)

2,0

Tensions de vapeur

24,7 kPa à 20 °C 54,6 kPa à 40 °C 112,0 kPa à 60 °C 226,6 kPa à 80 °C – 18 °C en coupelle fermée

Points d’éclair

– 9,4 °C en coupelle ouverte

Limites d’explosivité dans l’air (% en volume) limite inférieure limite supérieure

2,15 % 13 %

Température d’auto-inflammation

538 °C

Taux d’évaporation (oxyde de diéthyle = 1)

1,9

À 25 °C et 101 kPa, 1 ppm = 2,374 mg/m . 3

PROPRIÉTÉS CHIMIQUES [1, 5]

F - Facilement inflammable

Xi - Irritant

ACÉTONE R 11 – Facilement inflammable. R 36 – Irritant pour les yeux. R 66 – L’exposition répétée peut provoquer dessèchement ou gerçures de la peau. R 67 – L’inhalation de vapeurs peut provoquer somnolence et vertiges. S 9 – Conserver le récipient dans un endroit bien ventilé. S 16 – Conserver à l’écart de toute flamme ou source d’étincelles – Ne pas fumer. S 26 – En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l’eau et consulter un spécialiste. 200-662-2 – Étiquetage CE.

L’acétone est stable dans les conditions usuelles. Elle peut réagir vivement avec les agents oxydants puissants comme l’acide chromique, l’acide nitrique chaud, le permanganate de potassium (en milieu alcalin), les mélanges sulfonitriques, les peroxydes, notamment le peroxyde d’hydrogène, etc.

242

SGH : voir § Réglementation – Classification et étiquetage. (*) Mise à jour partielle de l’édition 2003.


FT14

23/03/09

9:32

Page 1

Annexe 5 : Extrait fiche INRS Butanone

édition 2009

FICHE TOXICOLOGIQUE

Butanone ou Méthyléthylcétone Fiche établie par les services techniques et médicaux de l’INRS (N. Bonnard, M.-T. Brondeau, D. Jargot, D. Lafon, O. Schneider)

FT 14 O H3C

C

CH2

CH3

C4H8O2

Numéro CAS

CARACTÉRISTIQUES UTILISATIONS [1 à 5, 8]

78-93-3

Numéro CE (EINECS) 201-159-0

Numéro Index

La butanone est principalement utilisée comme : – solvant dans la fabrication d’adhésifs et de revêtements (en particulier vinyliques, nitrocellulosiques et acryliques) ; – agent de déparaffinage des huiles minérales ; – agent d’extraction de produits alimentaires ; – intermédiaire de synthèse.

606-002-00-3

Synonymes Éthylméthylcétone 2-Butanone MEK MEC

PROPRIÉTÉS PHYSIQUES [1 à 8] La butanone est un liquide limpide, incolore, volatil, dont l’odeur forte et plutôt sucrée rappelle celle de l’acétone et peut être détectée dès 5,4 ppm. Elle est très soluble dans l’eau (275 g/l) et miscible à de nombreux solvants organiques usuels, éthanol et éther diéthylique notamment.

F - Facilement inflammable

Xi - Irritant

BUTANONE

BUTANONE

R 11 – Facilement inflammable. R 36 – Irritant pour les yeux. R 66 – L’exposition répétée peut provoquer dessèchement ou gerçures de la peau. R 67 – L’inhalation de vapeurs peut provoquer somnolence et vertiges. S 9 – Conserver le récipient dans un endroit bien ventilé. S 16 – Conserver à l’écart de toute flamme ou source d’étincelles – Ne pas fumer.

DANGER

201-159-0 – Étiquetage CE.

201-159-0

Selon la directive 67/548/CEE et l’arrêté du 20 avril 1994 modifié.

H 225 – Liquide et vapeurs très inflammables. H 319 – Provoque une sévère irritation des yeux. H 336 – Peut provoquer somnolence ou vertiges. EUH 066 – L’exposition répétée peut provoquer dessèchement ou gerçures de la peau. Les conseils de prudence P sont sélectionnés selon les critères de l’annexe 1 du règlement CE n° 1272/2008.

Selon le règlement CE n° 1272/2008 intégrant les critères du SGH.

243

La butanone est souvent désignée dans l’industrie sous le nom de méthyléthylcétone ou l’abréviation MEK.


Annexe 6 : Extrait fiche INRS EDTA

édition 2009

FICHE TOXICOLOGIQUE

FT 276 OH

EDTA et sel tétrasodique Note établie par les services techniques et médicaux de l'INRS (N. Bonnard, M.-T. Brondeau, D. Jargot, S. Malard, S. Miraval, O. Schneider)

O

O N

HO

OH

N O

O OH

C10H16N2O8 (1) O Na+

O-

O- Na+ N

O Xi - Irritant

Xn - Nocif

EDTA R 36 – Irritant pour les yeux. S 26 – En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l'eau et consulter un spécialiste.

200-449-4 – Étiquetage CE.

N

O- Na+

O

SEL TÉTRASODIQUE DE L’EDTA R 22 – Nocif en cas d'ingestion. R 41 – Risque de lésions oculaires graves. S 26 – En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l'eau et consulter un spécialiste. S 39 – Porter un appareil de protection des yeux/ du visage. S 46 – En cas d'ingestion, consulter immédiatement un médecin et lui montrer l'emballage ou l'étiquette. 200-573-9 – Étiquetage CE.

O

O- Na+ C10H16N2O8.4Na (2)

Numéros CAS 60-00-4 (1) 64-02-8 (2)

Numéros CE (EINECS) 200-449-4 (1) 200-573-9 (2)

Numéros Index

Selon la directive 67/548/CE.

607-429-00-8 (1) 607-428-00-2 (2)

Synonymes

EDTA

SEL TÉTRASODIQUE DE L’EDTA

ATTENTION

DANGER

H 319 – Provoque une sévère irritation des yeux.

H 302 – Nocif en cas d’ingestion. H 318 – Provoque des lésions oculaires graves.

Nota : Les conseils de prudence P sont sélectionnés selon les critères de l’annexe 1 du règlement CE n° 1272/2008.

Nota : Les conseils de prudence P sont sélectionnés selon les critères de l’annexe 1 du règlement CE n° 1272/2008.

200-449-4

200-573-9

Selon le règlement CE n° 1272/2008.

244

Acide édétique (1) Acide éthylènediaminetétracétique (1) Acide ((2-(biscarboxyméthylamino) éthyl)carboxyméthylamino) acétique (1) N, N’-1,2-Éthanediylbis (N-(carboxyméthyl)glycine) (1) Édétate de tétrasodium (2) Éthylènediaminetétraacétate de tétrasodium (2) ((2-(Biscarboxyméthylamino) éthyl)carboxyméthylamino) acétate de tétrasodium (2) Sel tétrasodique de la N, N’-1,2éthanediylbis(N-(carboxyméthyl) glycine) (2)


Annexe 7 : Extrait fiche INRS Acétate d’Éthyle

Édition 2011

FICHE TOXICOLOGIQUE

Acétate d’éthyle Fiche établie par les services techniques et médicaux de l'INRS (N. Bonnard, M.-T. Brondeau, D. Jargot, N. Nikolova-Pavageau, O. Schneider)

FT 18 / #( #

/

#( #(

C4H802

Numéro CAS 141-78-6

CARACTÉRISTIQUES

Numéro CE 205-500-4

UTILISATIONS [1 à 3]  L’acétate d’éthyle est un solvant utilisé dans de nombreuses applications, notamment :

– solvant de la nitrocellulose, de peintures, vernis, encres d’imprimerie, adhésifs, matières plastiques, – constituant de diluants spéciaux, – solvant d’extraction dans l’industrie alimentaire, – solvant de process dans l’industrie pharmaceutique, – synthèse organique, – fabrication de poudre sans fumée, soie et cuirs artificiels, films photographiques, – industrie des arômes et parfums, – cosmétiques (dissolvant pour vernis à ongles)…

Depuis le 1er décembre 2010, l’étiquette doit être conforme au règlement (CE) n° 1272/2008 dit « règlement CLP ».

ACÉTATE D’ÉTHYLE DANGER

F - Facilement inflammable

XI - Irritant

ACÉTATE D’ÉTHYLE

Les conseils de prudence P sont sélectionnés selon les critères de l’annexe 1 du règlement 1272/2008.

R 11 – Facilement inflammable. R 36 – Irritant pour les yeux. R 66 – L’exposition répétée peut provoquer dessèchement ou gerçures de la peau. R 67 – L’inhalation de vapeurs peut provoquer somnolence et vertiges. S 16 – Conserver à l’écart de toute flamme ou source d’étincelles – Ne pas fumer. S 26 – En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l’eau et consulter un spécialiste. S 33 – Éviter l’accumulation de charges électrostatiques.

205-500-4

205-500-4 - Étiquetage CE.

Selon le règlement CLP.

Selon la directive 67/548/CEE.

H 225 – Liquide et vapeurs très inflammables. H 319 – Provoque une sévère irritation des yeux. H 336 – Peut provoquer somnolence ou vertiges. EUH 066 – L'exposition répétée peut provoquer dessèchement ou gerçures de la peau.

245

Numéro Index 607-022-00-5


Annexe 8 : Extrait fiche INRS Acide oxalique

édition 2005 (*)

FICHE TOXICOLOGIQUE

Acide oxalique Fiche établie par les services techniques et médicaux de l’INRS

FT 110 O

O C

C

HO

OH

acide oxalique (1)

(COOH)2*2H2O acide oxalique dihydraté (2)

CARACTÉRISTIQUES

Numéros CAS N° 144-62-7 (1) N° 6153-56-6 (2)

UTILISATIONS ■

Polissage et « dérouillage » des marbres et pierres tendres.

Blanchiment et impression des textiles.

Blanchiment et tannage du cuir.

Blanchiment du liège, de la paille et du papier.

Traitement des métaux : polissage, élimination de la rouille.

Numéro Index

Produit détartrant.

N° 607-006-00-8

Fabrication des encres, teintures et colorants.

Extraction de certaines terres rares.

Synonyme

Préparation des oxalates.

Acide éthanedioïque

Numéro CE (EINECS) N° 205-634-3

PROPRIÉTÉS PHYSIQUES [1 à 8] L’acide oxalique anhydre se présente sous la forme de cristaux translucides, incolores, hygroscopiques, partiellement solubles dans certains solvants comme l’éthanol et l’oxyde de diéthyle. Ses principales caractéristiques physiques sont les suivantes. Masse molaire

90,03

Point de fusion

189,5 °C

Densité (D254 )

1,901

Xn - Nocif

L’acide oxalique dihydraté – (COOH)2, 2H2O –, que l’on rencontre généralement dans le commerce, se présente également sous forme de cristaux translucides, incolores, partiellement solubles dans l’eau (12,5 % en poids à 25 °C) et certains solvants comme l’éthanol et l’oxyde de diéthyle. Ses principales caractéristiques physiques sont les suivantes. Masse molaire

126,07

Point de fusion

101,5 °C (avec début de décomposition)

Point d’ébullition

se sublime à 150 °C

Densité (D204 )

1,653

ACIDE OXALIQUE R 21/22 – Nocif par contact avec la peau et par ingestion. S 24/25 – Éviter le contact avec la peau et les yeux. 205-634-3 Étiquetage CE

(*) Mise à jour partielle de l’édition 1988.

246


Annexe 9 : Extrait fiche technique Klucel G

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247


Annexe 10 : Extrait fiche technique papier Mylar®

Product information sheet Product

Mylar 850

Based on Melinex® polyester film

®

Product description Mylar® 850 is a biaxially oriented, co-extruded polyester film with a layer of amorphous heat-sealable polyester film on one surface and plain polyester on the other. Mylar® 850 is normally used where strong, permanent seals are required with good 'seal through contamination' properties. It can be heat-sealed to itself, APET/CPET trays, APET coated board, PVdC, PVC, paper and aluminium foil. Excellent 'hot-tack' sealing properties can be achieved in the sealing range of 140° to 220°C. Ideal for use as a lidding film for dual-ovenable ready meals, produce packs and bakery products, it can withstand temperatures from -70°C to 220°C

Key Features

Structure of Mylar® 850

Widely used as a lidding film for food trays with dual ovenability Seals to itself for use in ovenable bags and flow wrapping Strong, tamper-evident seals

Clear PET Co-extruded heatseal layer

Typical values Test method

Unit

Film thickness

Property

-

micron

15

20

30

Film yield

-

m²/Kg

48

36

24

Unit weight

-

g/m²

21

28

42

ASTM D1505

g/cc

Oxtran 23°C, 60/70% RH

cm³/m²/day/atm

112

84

Lyssy 38°C, 90% RH

g/m²/day/atm

26

19

13

ASTM D1003-52

%

3.1

3.3

5.5

ASTM D1003-52

%

Density Oxygen permeability Water vapour transmission rate Haze Total luminous transmission MD

Tensile strength at break

Values

1.39 56

88 165

ASTM D882-83

Mpa

ASTM D882-83

%

ASTM D1894-88

-

Plain to plain 0.4, Seal to plain 0.4 - 0.6

ASTM E794-85

°C

255 to 260

-

°C

140 - 220

Heat-seal strength seal to seal

140°C / 40psi / 1 sec

g/25mm

800

Heat-seal strength seal to plain

140°C / 40psi / 1 sec

g/25mm

400

Heat-seal strength to APET/CPET tray

180°C / 80psi / 1 sec

g/25mm

1000

-

cm/cm/°C

5 mins at 190°C

%

230

TD MD

Elongation at break

120 80

TD Co-efficient of static friction (slip) Upper melt temperature Sealing temperature range

Co-efficient of thermal expansion (between 20 and 50°C)

MD TD MD

Shrinkage

19 x 10-6 16 x 10-6

TD

3.0 3.0

'MD' - Machine direction. 'TD' - Transverse direction

Food contact Mylar® 850 complies with EU food contact legislation 2004/19/EC and amendments, together with FDA regulation 21 CFR 177.1630

The information above is given in good faith and should be considered as a guide not a specification. Claims will not be accepted on film rejected more than 12 months after date of delivery. Mylar® is a registered trade mark of DuPont Teijin Films.

United Kingdom +44 (0) 1438 314 354 sales@hififilm.com

Ireland +353 (1) 496 7060 tbl@indigo.ie

02-09A

France

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Worldwide

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248


Annexe 11 : Extrait fiche technique Paraloid® B-72



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

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249

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Annexe 12 : Extrait fiche technique Paraloid® B-44

PARALOID ™ B-44S 40% Thermoplastic Solution Resin Product Description PARALOID B-44S resin is well suited for general-purpose applications due to its balance of hardness, flexibility, and adhesion to various substrates —plastics, treated metals. PARALOID B-44S resin is specified for PVDF coil coatings and can be blended with other PARALOID resins to adjust the balance of properties required for a particular application, such as color/base coats for metal substrates. It is supplied as a 40% solution in toluene and is also available in a solid grade (PARALOID B-44). Typical Properties These properties are typical but do not constitute specifications.

Solids, Wt. %

40

Solvent

Toluene

Density, 25°C, lbs./gal

8.1

Viscosity, 25°C, cP

1100 - 2000

Flash Point, °C

6.7 PMCC

Molecular Weight, Wt. Avg.

140,000

Solubility Parameter

9.4

Tg, °C

60

Ultimate Hardness of Clear Films, KHN

15 - 16

Chemical Composition

MMA/EA copolymer

Safe Handling Information Dow Material Safety Data Sheets (MSDS) contain pertinent information that you may need to protect your employees and customers against any known health or safety hazards associated with our products. Under the OSHA Hazard Communication Standard, workers must have access to and understand MSDS on all hazardous substances to which they are exposed. Thus, it is important that you provide appropriate training and information to your employees and make sure they have available to them MSDS on any hazardous products in their workplace. The Dow Chemical Company sends MSDS on non-OSHA-hazardous as well as OSHA-hazardous products to its customers upon initial shipment, including samples. If you do not have access to one of these MSDS, please contact your local Dow representative for an additional copy. Updated MSDS are sent upon revision to all customers of record. In addition, MSDS are sent annually to all customers receiving products deemed hazardous under the Superfund Amendments and Reauthorization Act. MSDS should be obtained from your suppliers of other materials recommended in this bulletin. Additional safe handling information is available from Dow representatives. The Dow Chemical Company is a member of the Chemical Manufacturers Association and is committed to CMA ’s Responsible Care® Program.

250


Annexe 13 : Extrait fiche technique Acryl 33

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251


Annexe 14 : Extrait données fournisseur Plâtre d'Albâtre CTS

PRODOTTI PER STUCCATURE, SIGILLATURE E FINITURE VARIE FILLING, SEALING AND FINISHING PRODUCTS PRODUITS POUR REBOUCHAGES, SCELLAGES ET FINITIONS DIVERSES PRODUKTE FÜR STUKATURARBEITEN, VERSIEGELUNGEN UND ANDERE ENDBEARBEITUNGEN I

6.6 GB

GESSO DENTISTICO

DENTAL PLASTER

Gesso naturale con possibilità universali nelle tecniche di modellazione, dotato di eccellente durezza (Brinell) e fedeltà nelle riproduzioni di particolari.

A natural plaster with all-purpose possibilities in modelling techniques, excellent hardness (Brinell) and fidelity of detail reproductions.

CARATTERISTICHE CHIMICO-FISICHE: Aspetto: polvere (bianca o gialla) Durezza Brinell: 200-230 N/mm² Rapporto acqua/gesso: 30/100 Tempo di lavorabilità a 23°C: 7 min. Tempo di presa a 23°C: 12 min. Espansione: 0,05%

PHYSICAL AND CHEMICAL Appearance: Brinell hardness: Water/plaster ratio: Working time at 23°C: Setting time at 23°C: Expansion:

Il gesso dentistico è disponibile nelle colorazioni bianco e giallo.

Dental plaster is available in white and yellow colours.

CONFEZIONI:

PACK SIZE:

Bianco Giallo

5 kg 5 kg

25 kg 25 kg

GESSO ALABASTRINO Gesso naturale con ottime caratteristiche, utilizzato realizzazione di stampi e per lavorazioni artistiche in genere.

White Yellow

5 kg 5 kg

25 kg 25 kg

ALABASTER GYPSUM nella

A natural gypsum with excellent features, used to make moulds and, generally, for artistic works.

CARATTERISTICHE CHIMICO-FISICHE: Aspetto: polvere bianca Durezza Brinell: 60-70 N/mm² Rapporto acqua/gesso: 55/100 Tempo di lavorabilità a 23°C: 3 min. Tempo di presa a 23°C: 6-7 min. Espansione: 0,15%

PHYSICAL AND CHEMICAL Appearance: Brinell hardness: Water/plaster ratio: Working time at 23°C: Setting time at 23°C: Expansion:

CONFEZIONI:

PACK SIZE:

5 kg

PROPERTIES: powder (white or yellow) 200-230 N/mm² 30/100 7 min. 12 min. 0.05%

18 kg

PROPERTIES: white powder 60-70 N/mm² 55/100 3 min. 6-7 min. 0.15% 5 kg

18 kg

POLYFILLA STUCCO RAPIDO IN PASTA

QUICK FILLER POLYFILLA IN PASTE

Stucco rapido riempitivo in pasta, pronto all’uso. Può essere usato per stuccare crepe e buchi grandi e piccoli, per pareggiare pareti, per piccole riparazioni ecc. su superfici interne.

A quick filler in paste, ready-to-use. It can be used to fill in cracks and large and small holes, to level off walls, to make small repairs, etc. on interior surfaces.

CONFEZIONI:

PACK SIZE:

F

330 g

330 g

D

PLATRE DENTAIRE

DENTALER GIPS

Plâtre naturel avec de grandes possibilités dans les techniques de moulage, doté d’une excellente dureté (Brinell) et de fidélité dans la reproduction des détails.

Naturgips mit universellen Möglichkeiten im Rahmen der Modellierungstechnik, der eine ausgezeichnete Härte (Brinell) und Wiedergabetreue bei den Details aufweist.

CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES: Aspect: poudre (blanche ou jaune) Dureté Brinell: 200-230 N/mm² Rapport eau/plâtre: 30/100 Temps de travail à 23°C: 7 min. Temps de prise à 23°C: 12 min. Expansion: 0,05%

CHEMISCHE UND PHYSIKALISCHE EIGENSCHAFTEN: Aussehen: (weißes oder gelbes) Pulver Brinell-Härte: 200-230 N/mm² Wasser-Gips-Verhältnis: 30/100 Bearbeitbarkeitszeit bei 23°C: 7 Min. Abbindezeit bei 23°C: 12 Min. Ausdehnung: 0,05%

Le plâtre dentaire est disponible en couleurs blanche ou jaune.

Der dentale Gips steht in weißer und gelber Farbe zur Verfügung.

CONDITIONNEMENTS:

Blanc Jaune

5 kg 5 kg

25 kg 25 kg

PACKUNGSGRÖSSEN:

Weiß Gelb

5 kg 5 kg

25 kg 25 kg

PLATRE ALBATRE

ALABASTERGIPS

Plâtre naturel avec d’excellentes caractéristiques, utilisé dans la réalisation de moulages et pour des travaux artistiques en général.

Naturgips mit ausgezeichneten Eigenschaften, der zur Herstellung von Formen und zur Ausführung von künstlerischen Bearbeitungen im Allgemeinen zum Einsatz kommt.

CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES: Aspect: poudre blanche Dureté Brinell: 60-70 N/mm² Rapport eau/plâtre: 55/100 Temps de travail à 23°C: 3 min. Temps de prise à 23°C: 6-7 min. Expansion: 0,15%

CHEMISCHE UND PHYSIKALISCHE EIGENSCHAFTEN: Aussehen: weißer Staub Brinell-Härte: 60-70 N/mm² Wasser-Gips-Verhältnis: 55/100 Bearbeitbarkeitszeit bei 23°C: 3 Min. Abbindezeit bei 23°C: 6-7 Min. Ausdehnung: 0,15%

CONDITIONNEMENTS:

PACKUNGSGRÖSSEN:

5 kg

18 kg

5 kg

18 kg

POLYFILLA MASTIC RAPIDE EN PATE

POLYFILLA SCHNELLER SPACHTEL IN PASTE

Mastic rapide de remplissage en pâte, prêt à l’emploi. Peut être utilisé pour boucher des fissures et des trous de toutes dimensions, pour égaliser les parois, pour de petites réparations etc… sur des surfaces intérieures.

Schnell bindender Füllspachtel in Paste, gebrauchsfertig. Dieses Produkt kann zum Verspachteln von Rissen sowie großen und kleinen Löchern, zum Ausgleichen von Wänden, zur Ausführung von kleinen Reparaturarbeiten, usw. an Innenoberflächen zum Einsatz kommen.

CONDITIONNEMENTS:

PACKUNGSGRÖSSEN:

330 g

330 g

C.T.S. S.r.l. - Tel. +39 0444 349088 - Fax +39 0444 349039 - www.ctseurope.com - E-mail: cts.italia@ctseurope.com

252

135


Annexe 15 : Extrait fiche fournisseur gomme en poudre wishab® CTS

8 I GB F D

UTENSILI E MINUTERIE VARIE TOOLS AND VARIOUS FITTINGS OUTILS ET PETIT MATERIEL DIVERS WERKZEUGE UND ANDERE KLEINEISENWAREN

Scodella flessibile Flexible bowl Bol souple Elastische Schale Articolo Article Article Artikel

Dimensioni Size Dimensions Abmessungen 90x60 mm 100x75 mm 115x90 mm 145x115 mm 160x160 mm

D14 D1 D2 D3 D4

I GB

Eponge naturelle petite, grande Naturschwamm klein – groß

I

Spugna Spontex Spontex sponge Eponge Spontex Spontex-Schwamm

D

D1

Natural sponge small, big

D

F

D2

Spugna naturale piccola - grande

F

GB

D3

Articolo Article Article Artikel

Piccola Small Petite Klein

Grande Big Grande Groß

Dim.

140x95x35 mm

150x115x40 mm

I

Wishab spugna (AKAPAD) restauro - tipo morbido - duro - extra duro - bianca special

GB

Wishab restoration sponge (AKAPAD) - soft, hard, extra hard, white special

F

Wishab éponge pour restauration (AKAPAD), tendre, dure, extra-dure, blanche spéciale

D

Wishab-Schwamm (AKAPAD) Restaurierung – Typ weich - hart - extra hart - weiß spezial

I

Wishab polvere (AKAWIPE) - tipo morbido - duro (conf. 500 g)

GB

Wishab powder (AKAWIPE) - soft - hard (pack size 500 g)

F

Wishab poudre (AKAWIPE) - type tendre - dure (cond. 500 g)

D

Wishab-Pulver (AKAWIPE) - Typ weich - hart (Pack. 500 g)

184

C.T.S. S.r.l. - Tel. +39 0444 349088 - Fax +39 0444 349039 - www.ctseurope.com - E-mail: cts.italia@ctseurope.com

253


Annexe 16 : Extrait fiche fournisseur EDTA Bisodique

4.1

PULITURA PER IMPACCHI - REAGENTI CLEANING POULTICES - REAGENTS NETTOYAGE PAR COMPRESSES - REACTIFS REINIGUNG FÜR PACKUNGEN - REAGENZIEN I

GB

EDTA SALE BISODICO

EDTA DISODIUM SALT

Sale di acido organico (Acido Etilendiamminotetracetico, sale bisodico) utilizzato in soluzioni acquose con altri reagenti ed inerti per la preparazione di pappette o impacchi di pulitura per superfici lapidee ed affreschi. L’EDTA sale bisodico, per le sue proprietà di complessare il calcio presente nelle croste e per la sua buona solubilità (migliore del sale tetrasodico), viene impiegato nell’impacco AB 57 (formulazione dell’I.C.R. di Roma). È inoltre un forte complessante di moltissimi cationi metallici, come il ferro ed il rame; questa proprietà può essere sfruttata per la rimozione di macchie di ruggine o di verderame da superfici lapidee, legno, intonaci, ecc...

A salt of an organic acid (Ethylenediaminetetraacetic Acid, disodium salt) used in aqueous solutions with other reagents and inert materials for the preparation of cleaning mixtures and poultices to be applied to stone surfaces and frescoes. EDTA disodium salt, for its property of complexing calcium within crusts and for its good solubility (better than tetrasodium salt), is used in the AB 57 poultice (I.C.R. formulation - Rome). It is besides a strong chelating agent of a great many metallic cations, as iron and copper; this property can be utilized to remove stains of rust or copper green from stone surfaces, wood, plasters, etc…

CARATTERISTICHE CHIMICO-FISICHE: Formula: [CH2N(CH2COOH)CH2COONa]2·2H2O Aspetto: cristalli bianchi Titolo: 99% min. Peso specifico: 0,8 - 1,1 kg/l a 20°C pH: 4-5 in soluzione acquosa al 5%

PHYSICAL AND CHEMICAL Formula: Appearance: Assay: Specific gravity: pH:

CONFEZIONI:

PACK SIZE:

1 kg

5 kg

25 kg

PROPERTIES: [CH2N(CH2COOH)CH2COONa]2·2H2O white crystals 99% min. 0.8 - 1.1 kg/l at 20°C 4-5 in 5% aqueous solution 1 kg

5 kg

25 kg

EDTA SALE TETRASODICO

EDTA TETRASODIUM SALT

Sale di acido organico (Acido Etilendiamminotetracetico, sale tetrasodico) utilizzato in soluzioni acquose con altri reagenti ed inerti per la preparazione di pappette o impacchi di pulitura per superfici lapidee ed affreschi. L’EDTA sale tetrasodico ha le medesime proprietà complessanti del sale bisodico ma con una solubilità inferiore.

A salt of an organic acid (Ethylenediaminetetraacetic Acid, tetrasodium salt) used in aqueous solutions with other reagents and inert materials for the preparation of cleaning mixtures and poultices to be applied to stone surfaces and frescoes. EDTA tetrasodium salt has the same chelating properties of the disodium salt, except for a lower solubility.

CARATTERISTICHE CHIMICO-FISICHE: Formula: [CH2N(CH2COONa)2]2·4H2O Aspetto: cristalli bianchi Titolo: 86% min. Peso specifico: 1,3 kg/l a 20°C pH: 11,5 in soluzione acquosa al 10%

PHYSICAL AND CHEMICAL Formula: Appearance: Assay: Specific gravity: pH:

CONFEZIONI:

PACK SIZE:

F

5 kg

PROPERTIES: [CH2N(CH2COONa)2]2·4H2O white crystals 86% min. 1.3 kg/l at 20°C 11.5 in 10% aqueous solution 5 kg D

EDTA SEL BISODIQUE

EDTA-DINATRIUMSALZ

Sel d’acide organique (Acide éthylènediaminotétracétique, sel bisodique) utilisé en solution aqueuse avec d’autres réactifs et inertes pour la préparation de cataplasmes et de compresses de nettoyage pour des surfaces de pierres et de fresques. L’EDTA sel bisodique, par la propriété complexante du calcium présent dans les croûtes et par sa bonne solubilité (meilleure que celle du sel tétrasodique), s’utilise dans la compresse AB 57 (formulation de l’I.C.R. de Rome). C’est aussi un puissant complexant de très nombreux cations métalliques, comme le fer ou le cuivre ; cette propriété peut être exploitée pour enlever les taches de rouille ou de vert-de-gris sur des surfaces de pierre, de bois, d’enduits, etc...

EDTA-Dinatriumsalz ist ein Salz der organischen Säure (Ethylendiam intetraessigsäure, Dinatriumsalz), das in wässriger Lösung mit anderen Reagens- und Zusatzstoffen bei der Herstellung von Brei oder Packungen zur Reinigung von Steinoberflächen und Fresken zum Einsatz kommt. Das EDTA-Dinatriumsalz kommt wegen seiner Eigenschaft, das bei den Krusten vorhandene Calcium komplex zu binden und wegen seiner guten Löslichkeit (besser als jene vom Tetranatriumsalz), bei der AB 57 Packung (Mischung vom römischen I.C.R.), zum Einsatz. Außerdem ist es ein starker Komplexbildner von sehr vielen metallischen Kationen - wie Eisen und Kupfer. Diese Eigenschaft kann dazu genutzt werden, um Rost- oder Grünspanflecken aus Steinoberflächen, Holz, Putz, usw. zu entfernen.

CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES: Formule: [CH2N(CH2COOH)CH2COONa]2·2H2O Aspect: cristaux blancs Titre: 99% min. Poids spécifique: 0,8 - 1,1 kg/l à 20°C pH: 4-5 en solution aqueuse à 5%

CHEMISCHE UND PHYSIKALISCHE EIGENSCHAFTEN: Formel: [CH2N(CH2COOH)CH2COONa]2·2H2O Aussehen: weiße Kristalle Titer: 99% min. Gewicht: 0,8 - 1,1 kg/l bei 20°C pH-Wert: 4-5 in 5% wässriger Lösung

CONDITIONNEMENTS:

PACKUNGSGRÖSSEN:

1 kg

5 kg

25 kg

1 kg

5 kg

25 kg

EDTA SEL TETRASODIQUE

EDTA-TETRANATRIUMSALZ

Sel d’acide organique (Acide éthylènediaminotétracétique, sel tétrasodique) utilisé en solution aqueuse avec d’autres réactifs et inertes pour la préparation de cataplasmes ou de compresses de nettoyage pour des surfaces de pierres et de fresques. L’EDTA sel tétrasodique a les mêmes propriétés complexantes que le sel bisodique, mais avec une solubilité inférieure.

Das ist ein Salz der organischen Säure (Ethylendiamintetraessigsäu re, Tetranatriumsalz), das in wässrigr Lösung mit anderen Reagensund Zusatzstoffen bei der Herstellung von Brei oder Packungen zur Reinigung von Steinoberflächen und Fresken, zum Einsatz kommt. Das EDTA-Tetranatriumsalz weist die selben Komplexbildungseigensch aften vom Dinatriumsalz auf, hat aber eine niedrigere Löslichkeit.

CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES: Formule: [CH2N(CH2COONa)2]2·4H2O Aspect: cristaux blancs Titre: 86% min. Poids spécifique: 1,3 kg/l à 20°C pH: 11,5 en solution aqueuse à 10%

CHEMISCHE UND PHYSIKALISCHE EIGENSCHAFTEN: Formel: [CH2N(CH2COONa)2]2·4H2O Aussehen: weiße Kristalle Titer: 86% min. Gewicht: 1,3 kg/l bei 20°C pH-Wert: 11,5 in 10% wässriger Lösung

CONDITIONNEMENTS:

PACKUNGSGRÖSSEN:

5 kg

5 kg

C.T.S. S.r.l. - Tel. +39 0444 349088 - Fax +39 0444 349039 - www.ctseurope.com - E-mail: cts.italia@ctseurope.com

254

95


Annexe 17 : Rapport d’analyse sur la teneur en sel d’un ouchebti restauré par C. PARISELLE

255


256


Annexes du Chapitre III: Étude technicoscientifique

257


Annexe 1 : Extraits d’ouvrages spécialisés en archéologie au sujet du marquage du matériel archéologique

a. « Etiquetage, marquage » dans « Conservation des sites et du mobilier archéologiques. Principes et méthodes ». Etudes et documents sur le patrimoine culturel. UNESCO. 1987. p 102 et 103

258


259


b. « Immatriculation et étiquetage de l’objet» dans «L’Archéologie», Philippe JOCKEY, éditions Belin, 1999, p. 266-267.

« Outre l’élaboration d’une fiche-matériel par unité stratigraphique, chacun des vestiges matériels comporte matériellement un numéro d’identification, qui peut être composé du numéro du secteur de fouille, du numéro de l’unité stratigraphique à laquelle il appartint, ainsi que du numéro d’ordre de trouvaille. Chaque objet, individuellement immatriculé, selon un code qui permet de retrouver rapidement le contexte de sa mise au jour, acquiert de la sorte une première existence archéologique. Cette immatriculation peut prendre la forme d’une étiquette (de préférence en matière plastique, les références étant inscrites au marqueur indélébile), attachée solidement à l’objet (trop d’étiquettes volantes, déposées notamment au fond de vases, sont aujourd’hui orphelines de ceux-ci) à moins qu’on ne préfère (et ne puisse) la reporter directement sur le vestige traité. On peut ainsi inscrire à l’encre de chine (noire ou blanche selon la couleur du support) l’immatriculation sur le cul d’un vase, après avoir préalablement recouvert de vernis à ongles la surface requise. Dans le cas d’un conditionnement spécifique (cas des fragments de verre par exemple, isolés dans des sacs cellophane et regroupés dans une boîte en carton), chacun des sacs devra porter sur sa face externe le numéro d’immatriculation. De manière générale, quelque soit le système adopté, quelques principes simples doivent être observés: 1) tout le matériel retrouvé doit être enregistré ; 2) cet enregistrement doit s’accompagner d’un étiquetage individuel, accompagné ou non d’un marquage indélébile ( inutile, par exemple, dans le cas de tessons de céramique « ne recollant pas » et relevant d’un même contexte, a fortiori s’il s’agit d’un remblai) ; 3) tout le matériel isolable doit être isolé ( cas des vestiges organiques, qui doivent être conservés en milieu humide, mais aussi du verre et des métaux) selon les principes d’une saine conservation (séparer le plomb de tout contact direct avec une quelconque matière organique, comme le papier par exemple) . En un mot, l’enregistrement soigneux du mobilier archéologique sert tout à la fois l’analyse et la conservation : il s’inscrit donc dans une double logique, scientifique mais aussi patrimoniale. Pour ne pas avoir observé quelques règles simples et gardé à l’esprit l’un ou l’autre de ces aspects, on a rendu inexploitables nombre de dépôts de matériel archéologique, toute information perdue, sacs éventrés, étiquettes dispersées, marquages effacés, vestiges en miettes... L’utilisation systématique de la photographie , aujourd’hui, comme auxiliaire de l'enregistrement, ne suffit pas, bien qu’elle soit utile. »

260


Annexe 2 : La mine graphite, composition, fabrication et propriétés

a) Le graphite223 Le graphite est une espèce de minéral qui est l’un des allotropes naturels du carbone. Sa formule chimique est C. La structure du graphite est constituée d’un pavage régulier d’hexagones en nid d’abeilles non compacts appelés graphènes. Chaque atome de carbone est relié dans le plan des hexagones à trois atomes voisins par des liaisons faisant entre elles des angles de 120°. Ces liaisons planes sont fortes et caractérisées par une distance entre atomes de 0,142 nm. Les électrons y sont très mobiles ce qui explique la grande conductivité électrique et thermique ainsi que la couleur noir du graphite. Entre les feuillets les liaisons sont faibles de type Liaison de van der Waals, ce qui explique le clivage et la faible dureté.

Fig. 287 : Le graphite et sa structure (source : Geoforum.fr)

b) Le kaolin Le kaolin est une espèce minérale que nous connaissons bien dans notre spécialité puisque il est un des composants essentiel de la porcelaine. Composé de silicate d’aluminium hydraté de formule Al2Si2O5(OH)4, le kaolin appartient au groupe des silicates, sous groupe des phyllosilicates. La kaolinite est constituée d'une couche tétraédrique et octaédrique. La couche tétraédrique est formée par la liaison de tétraèdres SiO4 dans un arrangement hexagonal. La base des tétraèdres est approximativement coplanaire, et leurs sommets pointent dans la même direction. Les oxygènes apicaux sont liés à des ions (OH-) localisés par dessus le centre des hexagones pour former la couche octaédrique. La couche octaédrique est formée par des octaèdres de AlO2 (OH)4.

223

La fabrication de la mine graphite et sa composition sont des données accessibles dans diverses encyclopédies. Source : l’Encyclopédie Universalis et l’Encyclopédie des sciences.

261


L'aluminium, est l'élément le plus courant en position octaédrique. Les couches successives tétraédriques et octaédriques sont superposées de façon à former la structure de la kaolinite.

Fig. 288 : Le kaolin et sa structure (source : Geoforum.fr)

c) Fabrication de la mine graphite La pâte fabriquée par le mélange de ces deux constituants est extrudée au travers d’une grille pour donner un cylindre du diamètre voulu. Elle est ensuite durcie par séchage.

Une mine tendre contient moins de kaolin et inversement, une mine dure contient moins de graphite. Le graphite apporte le côté « gras » à la mine par son pouvoir lubrifiant tandis que le kaolin est une charge maigre. De part la propriété minérale de sa constitution, la mine graphite n’est pas sensible à l’acétone.

Fig. 289 : Echelle de dureté de la mine graphite (source : Google Image)

262


Annexe 3 : Protocole du dosage du chlorure dans l’eau

1. Objet La présent document décrit le mode opératoire afin d'évaluer le Titre Alcalimétrique (TA) et le Titre alcalimétrique Complet (TAC) en degrés français (°F). Le TA correspond à la mesure de la teneur d'une eau en hydroxydes et de la moitié de sa teneur en carbonates alcalins et alcalino-terreux. Le TAC est la teneur d'une eau en hydroxydes, en carbonates ,et en hydrogénocarbonates alcalins et alcalino-terreux.

2. Mode opératoire Le TA et le TAC se mesurent après détermination du pH de l'eau, sur une prise d'échantillon de 50 ml.

2.1 Mesure du TA Dans un erlenmeyer contenant 50 ml de l'échantillon, ajouter 2 gouttes de phénolptaléine. Si le pH < 8,3, la solution ne se colore pas en rose : le TA est = 0 Si le pH > 8,3, la solution est rose : le TA est déterminé par addition de liqueur alcalimétrique (solution d'acide sulfurique N/25), V (ml), nécessaire au virage de la phénolphtaléine D'où : TA = V (ml) x 4°F

2.2 Mesure du TAC Elle succède à celle du TA sur le même échantillon. Si le TA est non nul, ne pas réajuster la burette de liqueur alcalimétrique à zéro. Dans l'échantillon précèdent, ajouter 3 gouttes d'hélianthine. Si le pH < 4,3, la solution est immédiatement rouge ou orangée : TAC = TA Si le pH > 4,3, la solution est jaune : le TAC est déterminé de la même manière que le TA D'où : TAC = V(ml) X 4°F avec V(ml) volume total de titrant versé

3. Utilisation et préparation des réactifs Pour la préparation des réactifs, n'utiliser que de l'eau déminéralisée (conductivité inférieure ou égale à 2 µS/cm). Les matières premières doivent être de qualité analytique.

263


Annexe 4 : Relevés des tests d’argentométrie effectués par la chimiste du CEAlex lors du dessalage

Type de solution

Concentration sel dans la solution

Gm/L de sel dans la solution

12.09.2011

Solution n°1 de «salage»

3 %

28

15.09.2011

Solution n°1 de «salage»

1 %

9,2

18.09.2011

Solution n°1 de «salage»

1 %

9,7

20.09.2011

Solution n°1 de «dessalage»

0,5 %

9,7

22.09.2011

Solution n°2 de dessalage - eau déminéralisée

0 %

4,8

26.09.2011

Solution n°2 de dessalage - eau déminéralisée

0 %

0,121

27.09.2011

Solution n°2 de dessalage - eau déminéralisée

0 %

0,126

28.09.2011

Solution n°2 de dessalage - eau déminéralisée

0 %

0,126

29.09.2011

Solution n°2 de dessalage - eau déminéralisée

0 %

0,132

01.10.2011

Solution n°2 de dessalage - eau déminéralisée

0 %

0,135

02.10.2011

Solution n°2 de dessalage - eau déminéralisée

0 %

0,135

03.10.2011

Solution n°2 de dessalage - eau déminéralisée

0 %

0,135

264


Annexe 5 : Tableaux complets de l’expérience n°4 de dessalage

a. Tableau du comportement des étiquettes après dessalage et séchage du tesson El-Nabih

Tesson ElNabih

Etiquette 1

Etiquette 2

Etiquette 3

Etiquette 4

Etiquette 5

Primal E330 Papier japon

PJ 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

PJ 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

PJ 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

PJ 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

PJ 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Primal E330 Papier Ingres

Pi 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 4 - Aucune altération du collage - Encre ayant fusé sur le papier au niveau du 4

Pi 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Klucel G

K1 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K2 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K3 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K4 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K5 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

Mowital B360HH

M1 - Etiquette décollée en totalité lors du séchage. - Perte du pouvoir collant

M1 - Etiquette décollée de moitié lors du séchage.

M3 - Aucune altération de l’étiquette - Perte d’une partie du pouvoir collant - Aucune altération de l’encre

M4 - Aucune altération de l’étiquette - Perte d’une partie du pouvoir collant - Aucune altération de l’encre

M5 - Aucune altération de l’étiquette - Perte d’une partie du pouvoir collant - Aucune altération de l’encre

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

498 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - 9 Légèrement moins noir

498 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

265


b. Tableau du comportement des étiquettes après dessalage et séchage du brûle-encens

Brûle-encens

Etiquette 1

Etiquette 2

Etiquette 3

Etiquette 4

Etiquette 5

Primal E330 Papier Japon

PJ 1 - Aucune altération du collage - Encre complètement effacée

PJ 2 - Aucune altération du collage - Encre légèrement moins noire

PJ 3 - Aucune altération du collage - Encre légèrement moins noire

PJ 4 - Aucune altération du collage - Encre légèrement moins noire

PJ 5 - Aucune altération du collage - Encre ayant fusé sur le papier

Primal E330 Papier Ingres

Pi 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Klucel G

K1 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K2 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K3 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K4 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K5 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

Mowital B360HH

M1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

M2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

M3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

M4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

M5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

498 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

266


c. Tableau du comportement des étiquettes après dessalage et séchage du bol

Bol

Etiquette 1

Etiquette 2

Etiquette 3

Etiquette 4

Etiquette 5

Primal E330 Papier Japon

PJ 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

PJ 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

PJ 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre - Impuretés jaunes déposées sur l’étiquettes mais ne gênent pas la lisibilité

PJ 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre - Impuretés jaunes déposées sur l’étiquettes mais ne gênent pas la lisibilité

PJ 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Primal E330 Papier Ingres

Pi 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 2 - Encre partiellement effacée

Pi 3 - Etiquette décollée pendant la deuxième semaine de dessalage

Pi 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 5 - Etiquette décollée pendant la deuxième semaine de dessalage

Klucel G

K1 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K2 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K3 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K4 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

K5 - Etiquette décollée après 10 min de dessalage

Mowital B360HH

M1 - Etiquette décollée de moitié lors du séchage.

M2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre - Impuretés jaunes déposées sur l’étiquettes mais ne gênent pas la lisibilité

M3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre - Impuretés jaunes déposées sur l’étiquettes mais ne gênent pas la lisibilité

M4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre - Impuretés jaunes déposées sur l’étiquettes mais ne gênent pas la lisibilité

M5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre - Impuretés jaunes déposées sur l’étiquettes mais ne gênent pas la lisibilité

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

498 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

267


d. Tableau du comportement des marquages à la mine graphite après dessalage et séchage des objets

Mine graphite

Marque graphite 1

Marque graphite 2

Marque graphite 3

Marque graphite 4

Marque graphite 5

Tesson de ElNabih

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Brûle-encens

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Bol

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

Marquage disparu pendant le dessalage

268


Annexe 6 : Extrait fiche technique de l’étuve Binder

269


270


Annexe 7 : Tableau des résultat de l’expérience n°5 Variations de température et d’hygrométrie a. Tableau des résultats des étiquettes après variations de température et d’hygrométrie

Etiquette 1

Etiquette 2

Etiquette 3

Etiquette 4

Etiquette 5

Primal E330 Papier Japon

Pj 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pj 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pj 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pj 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pj 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Primal E330 Papier Ingres

Pi 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Pi 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Klucel G

K1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

K2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

K3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

K4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

K5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Mowital B360HH

M1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

M2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

M3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

M4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

M5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

Adhésif acrylique 498HV Lascaux

498 1 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 2 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 3 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 4 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

498 5 - Aucune altération de l’étiquette - Aucune altération du collage - Aucune altération de l’encre

271


b. Tableau des résultats des marquages à la mine graphite après variations de température et d’hygrométrie

Mine graphite

Marque graphite 1

Marque graphite 2

Marque graphite 3

Marque graphite 4

Marque graphite 5

Marquage toujours visible et non altéré

Marquage toujours visible et non altéré

Marquage toujours visible et non altéré

Marquage toujours visible et non altéré

Marquage toujours visible et non altéré

272


c. Tableau du relevé des observations après extraction des étiquettes

273


Annexe 8 : Fiche technique de l’adhésif acrylique HV 498 de Lascaux

Lascaux Adhesives and Adhesive Wax Water-soluble Acrylic Adhesives 360 HV, 498 HV, 498-20X

Storage Keep containers closed, when not using the product. Store at constant temperature between 5° C and 25° C.

Base Dispersion of a thermoplastic acrylic polymer on the basis of methyl methacrylate and butyl acrylate. The two types 360 HV and 498 HV are thickened with acrylic butylester. Type 498-20X contains 20% Thinner X. All types have a pH 8 - 9 and are biocide stabilized.

Sizes Acrylic Adhesives 360 HV: Jars in1 lt Acrylic Adhesives 498 HV: Bottles in 85 ml, jars in 1 lt, buckets in 5 lt Acrylic Adhesives 20-X: Jars in 1 lt, buckets in 5 lt

Filmproperties 360 HV

Heat-Seal Adhesive 375

498 HV, 498-20X

Minimum film formation temp. (MFT): approx. 0° C approx. + 5° C Glass transition temperature: approx. - 8° C approx. + 13° C Elongation at break: approx. 1000% approx. 400% Dry film: sticky elastic hard Minimum sealing temperature: approx. + 50° C approx. + 68-76° C Solubility Water-thinnable, insoluble in water after drying. Permanently soluble in Acetone, Toluene, Thinner X etc. Insoluble in White Spirit etc. Applications For light-resistant, non-ageing, non-crosslinking linings, marouflages, laminations, collages etc. For wet application or reactivation of dry film, on absorbent and nonabsorbent supports such as paper and cardboard, textiles, wood- and fibreplates, polyesterplates, plaster and concrete, glass and acrylic glass, aluminium etc. Lascaux Acrylic Adhesive 360 HV is extremely elastic; the dry film remains permanently tacky. Can be used as a contact adhesive when doing hot-sealing linings. Lascaux Acrylic Adhesive 498 HV has a strong elongation at break, and is suitable for wet and dry applications (reactivation with solvents). Standard type for linings and marouflages. Lascaux Acrylic Adhesive 498-20X is especially suited for strip-lining, fabric marouflages and mounting. The base dispersions are also available as Plextol D-360 and Plextol D-498 without a thickening agent. Safety Please observe safety information on the safety data sheet.

Base Ethylene/vinylacetate copolymere, Ketone resin N, paraffin. 40% solution in Toluene/White Spirit (Benzine 100/140) Properties Ɣ Activation temperature: 62 - 65° C Ɣ Acid value: below 1 Ɣ Colour: colourless when cold, translucent when sealed Ɣ Viscoplastic, excellence adhesion, ageing resistance Solubility Soluble in aromatic solvent like Toluene or Xylene. Insoluble in alcohol. Diluation Can be diluted with White Spirit, Benzine 100/140. Acetone swells Lascaux Heat-Seal Adhesive 375 and loosens its adhesion but does not dissolve it. Insoluble in alcohol. Uses For lining of paintings on canvas, with or without interleaf, for mountings of paper and textile, for strip lining. For facings and for the consolidation of paint layers. For temporary and permanent bondings. Application Lascaux Heat-Seal Adhesive 375 can be applied by spraying, brushing or with a roller. Usually, it is desirable to slightly warm Lascaux Heat-Seal Adhesive 375 in a waterbath and dilute it 2:1 to 1:1 with Benzine 100/140, in order to get the consistency of light cream. Cold or warm application is possible, although warming the Lascaux Heat-Seal Adhesive 375 solution will increase penetration. For spray application, dilute with Toluene, in order to reduce the viscosity. Lascaux Heat-Seal Adhesive 375 is activated only after

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