BRUXELLES CULTURE 5 octobre 2020 Brussels Diffusion asbl Contact et abonnement gratuit : pressculture4@gmail.com
RENCONTRE : KATE MILIE
RENCONTRE : KATE MILIE Kate Milie est une auteure belge francophone, qui anime régulièrement des balades à Bruxelles sur base de ses livres. Son premier ouvrage « Une Belle Époque », consacré à l'Art nouveau, a vu le jour en 1999 et a été publié chez Chloé des Lys. Depuis, le succès n’a jamais cessé de la cajoler. A l’occasion du second tirage de « Bruxelles Love », nous l’avons rencontrée. Portrait. Bonjour Kate Milie, pourriez-vous vous présenter succinctement ? Bonjour, je suis une auteure de romans et de polars, entre autres, qui aime les mises en abyme et les interactions vie-lieux. J’écris sur les lieux que moi et mes personnages traversons et ceux qui nous traversent. Quels rapports tissez-vous avec Bruxelles ? J’habite Bruxelles et j’ai trouvé ludique, le temps de quelques histoires, de glisser des morceaux de la ville dans mes écrits. « Bruxelles Love » est une déclaration d’amour à la capitale. Qu’est-ce qui vous a poussée à entreprendre l’écriture d’un pareil ouvrage, alors que vous arpentez d’ordinaire les traverses du polar ? C’est le polar qui m’a emmenée vers « Bruxelles Love » ! La scène fondatrice est liée à l’immense cimetière de Bruxelles à Evere où reposent « maintes âmes » du XIXème siècle et où les tombes abandonnées s’étendent à perte de vue. Les deux derniers chapitres de « Peur sur les boulevards » s’y déroulent. Marie, mon personnage principal, échappe de peu à une tentative de meurtre. La scène a été haletante à écrire. En pleine action (d’écriture), mes yeux de sont posés sur des mains jointes sculptées dans la pierre. J’ai, alors, ressenti la folle envie d’écrire sur l’intime dans la ville sans trop savoir quelle direction prendre. Mon éditeur, lui, recherchait quelqu’un pour écrire « Bruxelles Love » et ne savait pas vers qui se tourner. Pourquoi avoir choisi en amont de traiter ce recueil commune par commune, en suivant la numérotation des cantons postaux, plutôt que de les présenter par thématique : les rues, les statues, les parcs, … ? Mon éditeur, a lancé en 2008 « Bruxelles ma belle », une collection de beaux livres présentant la ville sous un angle précis, mêlant textes et photographies. Les communes tiennent lieu de chapitres. « Bruxelles Love » aurait dû faire partie de la collection. Toutefois, en fin de parcours, mon éditeur a décidé de lancer bXL, une toute nouvelle collection proche de « Bruxelles ma belle », mais en format plus léger et sans photos. La première édition« Bruxelles Love », en 2019, a remporté un joli succès. En 2020, le livre a été réédité enrichi d’illustrations réalisées par Quentin Heroguer, un jeune artiste talentueux. De quelle façon vous êtes-vous arrangée pour collationner les informations qui fourmillent au fil des pages de « Bruxelles Love » ? Respectant la dynamique de « Bruxelles ma belle », je devais arriver à soixante lieux. J’ai été très cadrée par mon éditeur. Je devais viser exclusivement le patrimoine bruxellois et ne pas me perdre dans des endroits éphémères. Des suggestions de ma première liste ont été refusées. Je m’étais trop éparpillée ! J’ai donc arpenté la ville, lu énormément, fait des recherches et parlé de ce projet à mon entourage. Marc Meganck (auteur de « Bruxelles disparu » 180°éditions) et Christophe Mouzelard (historien de l’art) m’ont offert quelques pépites. Guy Martens et Jacques de Selliers m’ont ouvert les portes de leurs musées.
Avez-vous visité les lieux évoqués pour vous imprégner de l’atmosphère de chacun d’eux ou vous êtes-vous contentée d’un travail de documentaliste ? J’ai visité, mesuré et vibré au rythme de la découverte ou redécouverte des endroits décrits. Y en a-t-il certains chargés d’une émotion particulière ? Tous sont chargés de la plus subtile des émotions ! Êtes-vous une grande romantique et croyez-vous que chaque roman doit contenir une grande ou une petite histoire d’amour ? Je ne suis ni une grande, ni une petite romantique. Je suis passionnée par l’être humain, la vie et la mort. Je suis subjuguée par les rencontres, peu importe la durée ou la nature de celles-ci. Au fil des pages, on se trouve confronté à des musées peu ou pas connus : celui du Réverbère, le Clockarium, celui du Cœur, etc. S’agit-il d’une vitrine pour inviter le lecteur à en franchir le seuil ou d’un choix purement subjectif ? Je devais arriver à soixante lieux liés de près ou de loin à la thématique de la rencontre, du rendez-vous… Coups de cœur, trouvailles et explorations ont alimenté ma dynamique. Concernant le Clockarium, Jacques de Selliers a constitué une collection remarquable d’horloges. Quel lien avec « Bruxelles Love » ? Certaines des horloges sont ornées de roses, de couples d’oiseaux, de scènes galantes. Le Musée du Cœur est vraiment spécial … Certains cœurs exposés sont un peu glauques, mais possèdent leur place dans le livre. Le Musée en plein air du Réverbère est cependant un choix purement subjectif… De l’amour à l’érotisme, le pas est vite franchi, avec une balade du côté de Lady Paname, mystérieuse boutique de sous-vêtements féminins sexy, l’hôtel Le Berger initialement conçu pour abriter la vie parallèle d’un groupe de notables et une présentation du micro-musée de l’Erotisme et de la Mythologie, tenu par le docteur Guy Maertens et qui se veut l’aboutissement de toute une vie consacrée à la sensualité et à la représentation de la sexualité dans l’art. Seriez-vous un brin coquine ? D’un commun accord, 180°éditions et moi avons décidé que je m’en irais explorer les passions humaines à travers une dynamique « patrimoine », « mémoire » et lien « passé-présent ». Mon intense « marque de fabrique » en écriture. Guy Maertens a offert au monde le plus beau et raffiné « love musée » qui soit. Tout est délicatesse et tendresse dans ses salles accueillant des déesses babyloniennes, des personnages mochicas, des bronzes, des ivoires mais aussi James Ensor et Félicien Rops. Lady Paname a installé sa boutique dans un salon glamour où l’on a envie de s’asseoir pour y savourer un thé précieux servi dans de la porcelaine fine. Non, je ne suis pas coquine, je suis juste éprise d’absolu. L’absolu, je l’ai côtoyé quelques secondes en ces lieux emplis d’élégance. Quant à l’hôtel Berger, je vous envoie le lieu revisité par Quentin Heroguer. Certains endroits relèvent de la tradition. Mettons-nous les pieds dans le folklore ou entrons-nous dans l’Histoire telle qu’elle pourrait être enseignée dans les écoles ? Je pense à ce fameux banc des amoureux sis à l’ombre de la basilique de Koekelberg et à l’impasse de la Perle d’amour. Le banc, très original, réalisé par Halinka Jakubowska et installé dans le parc Elisabeth est le plus caché et inconnu des bancs bruxellois. Allez, un indice : il se situe dans une pelouse côté Simonis. Quant à l’impasse de la Perle d‘amour qui n’existe plus, il fallait bien une légende dans ce livre où on trouve de tout. Plusieurs personnalités célèbres sont évoquées çà et là : Jacques Brel, Maria Malibran, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud et, parmi beaucoup d’autres, Rik Wouters. Etaient-ils des amants torrides ou leur nom reste-t-il lié à une anecdote ou à un fait divers ? Concernant Jacques Brel, le livre invite à une balade à Anderlecht, du côté du square Henri Rey où les paroles de Madeleine, l’histoire d’un rendez-vous raté, sont gravées dans la pierre bleue. Maria Malibran
est décédée accidentellement à l’âge de vingt-huit ans, alors qu’elle vivait une grande histoire avec Charles-Auguste de Bériot. Rik Wouters, disparu aussi jeune, est à tout jamais associé à Nel, égérie, modèle, muse, complice, femme, amie et amante. Avec Verlaine et Rimbaud, inutile de préciser que le livre s’envole dans les sphères de la passion incendiaire… Assez curieusement, les cimetières occupent une place particulière dans votre livre : le Dieweg, Ixelles, Bruxelles, etc. Comment expliquez-vous leur présence dans un recueil tel que « Bruxelles Love » ? « Bruxelles Love » est né dans un cimetière. Dans le cimetière d’Ixelles, le général Georges s’est suicidé sur la tombe de sa maitresse. A Laeken, lors du solstice d’été, un cœur de lumière se forme dans la tombe Evrard. Le Dieweg abrite le plus mystérieux des cimetières bruxellois, deux tombes s’y tiennent par la main. Hélas, je les ai cherchées et n’ai pas réussi à les trouver, car il est vrai que la végétation est devenue maîtresse des lieux. Je voulais ajouter le cimetière marin de Molenbeek. Mon éditeur a refusé puisque, selon lui, il y aurait trop de tombes dans ce livre. Avec le recul, je regrette de ne pas avoir insisté. Le rôle des espaces verts est également mentionné à plusieurs reprises. Pêle-mêle, on peut relever le Rouge-Cloître, le parc d’Egmont, le parc Josaphat, le parc Félix Hap. Pourquoi ceux-ci et pas d’autres ? Le peintre Hugo Van der Goes est mort d’amour au Rouge-Cloitre en 1482. Une plaque commémorative rappelle son séjour au prieuré. Il faut, aussi, bien la chercher mais si je l’ai trouvée, tout le monde peut la trouver. Le rendez-vous préconisé au parc d’Egmont invite à s’arrêter devant la statue du « jeune homme qui attend » (le prince de Ligne qui fut ami avec Casanova). Je ne pouvais pas ne pas raconter l’histoire de la fontaine d’amour du parc Josaphat ! Quant au parc Félix Hap, le choix a été subjectif, puisque j’ai eu un coup de cœur pour le joli kiosque. Entretenez-vous le goût du rare et du mystérieux en privilégiant des récits oubliés ou en relevant tel trait de caractère chez certaines personnalités au détriment de ce qui est ordinairement raconté un peu partout ? Il devait y avoir de tout dans ce livre ! Des coins verts et bleus, de l’art déco, des petits musées, des hôtels, des bars glamour, des bancs, des statues, des fontaines, du marbre, des roses, des tulipiers, des hommes, des femmes, des personnages de bande dessinée et des tombes ! Certains lieux sont méconnus ou oubliés, je les ai fait revivre, à ma façon. D’autres sont extrêmement réputés et je les ai revisités d’une manière décalée, en ciblant l’endroit où se donner rendez-vous. Par exemple, dans les galeries royales Saint-Hubert, je suggère des retrouvailles sous les fenêtres du Juliette Drouet qui fut la maîtresse de Victor Hugo … A côté de l’incontournable Musée Magritte, que peut apporter une visite de la Maison Magritte à Jette ? Roger et Georgette Magritte ont vécu quarante-cinq années ensemble dont vingt-quatre ans dans un rezde-chaussée situé à Jette. Ces vingt-quatre années sont associées aux années phares du surréalisme. Roger a peint dans cette maison ! Georgette à ses côtés ! Ce lieu, parfaitement reconstitué, est incontournable pour les amoureux du surréalisme et les amoureux des maisons d’artistes. J’ai adoré cette visite, comme j’ai adoré les cinquante-neuf autres ! Selon vous, pourquoi faut-il se procurer « Bruxelles Love » ? Là, je vous laisse répondre. Un nouveau livre, bientôt, Kate ? Oui, un roman prévu pour le printemps 2020 paraîtra mi-octobre. La descendante d'une gueule cassée de 14-18, un homme ne parvenant pas à oublier une femme disparue et une narratrice-exploratrice vont se rencontrer, se raconter, à travers l’œuvre de Léon Spilliaert. Avec ce livre, je signe mon retour au roman intimiste. Retrouvez Kate Milie sur https://katemilie.wordpress.com Propos recueillis par Daniel Bastié
TOONE : LES TROIS MOUSQUETAIRES C’est en collaboration avec Auguste Maquet qu’Alexandre Dumas écrit "Les Trois Mousquetaires". Ils ont pour nom Athos, Pothos et Aramis (tous ont existé mais n’étaient pas de la même génération) et sont au service de Louis XIII. Arrivé de sa Gascogne natale sur un bidet jaune de robe, avec une lettre de recommandation de son gentilhomme de père pour M. de Tréville, capitaine des gardes, à Paris, d’Artagnan doit gagner sa belle casaque de mousquetaires. Il commencera par se battre en duel avec ceux qui deviendront ses inséparables amis. L’amour que d’Artagnan porte à Constance Bonacieux (Constanske chez Toone), fidèle femme de chambre d’Anne d’Autriche, le lance dans l’aventure dite des "Ferrets de la Reine" : douze ferrets de diamants, présents du roi, que la reine a offerts à Buckingham. A l’instigation du cardinal de Richelieu qui veut perdre la reine, Louis XIII somme son épouse de les porter au prochain bal de la cour. Ces ferrets sont en réalité des bouts métalliques qui terminent des rubans. Dans le cas de la reine de France, ces ferrets sont ornés de diamants. Pour les commodités de la scène et aussi par confusion de récits, ces ferrets se transforment chez les Toone du passé en collier de la reine. Cet épisode naît probablement d’un autre roman de Dumas : "Le Collier de la Reine" qui trouve sa source dans l’Affaire du collier de 1785-1786, scandale qui éclata en France à la fin de l’Ancien Régime, à la suite d’une escroquerie montée par la comtesse de la Motte aidée de Cagliostro. Ces derniers convainquirent le cardinal de Rohan d’acheter pour la reine un collier qu’il ne put jamais rembourser. Cette affaire compromit la reine Marie-Antoinette qui était pourtant innocente. Confusion dans les récits, anachronisme font partie du quotidien des Toone. Ils ne s’embarrassent guère de détails. Comme disait Molière : "L’important, c’est de plaire !" Une pièce à applaudir chez Toone jusqu’au samedi 10 octobre 2020. Voyez tous les détails pratiques sur www.toone.be Impasse Sainte Pétronille (Rue du Marché-aux-Herbes, 66) à 1000 Bruxelles
TOONE : DRACULA Après "Roméo et Juliette", voici la deuxième création du jeune Toone VIII, Nicolas Géal. "Dracula" est une adaptation bruxelloise du célèbre roman de Bram Stoker. L’action se déroule en Transylvanie et dans le quartier des Marolles.Woltje, mascotte légendaire du Théâtre de Toone, jouera le rôle de Jonathan Harker. C’est donc lui qui sera chargé d’aller rencontrer le comte Dracula en Transylvanie pour lui vendre l’abbaye de Carfax, située place de Brouckère. L’épreuve sera rude. Il ira de surprise en surprise et attrapera des "slaptitudes", des "flanellebiene" et les "poepers" au fur et à mesure que le sinistre château dévoilera ses secrets.vTrois vampires "froucheless" vont même le faire biberer jusque dans son "dikkentien". La distribution comprend également d’autres "poechenelles" célèbres tel que "Jef Patâât" et le "Duivel". Ce spectacle s’adresse aux familles et à tous ceux qui aiment l’humour bruxellois. Il est à applaudir chez Toone du 15 octobre au 7 novembre 2020. Plus de détails sur www.toone.be Impasse Sainte Pétronille (Rue du Marché-aux-Herbes, 66) à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : QUATUOR À ESPACE ART GALLERY ! Après une période de confinement imposée partout dans le monde, les affaires reprennent à Espace Art Gallery. Un mois d’octobre que tout le monde espère prospère et revenu à la normalité, sans mauvaises surprises. Ucclois de naissance, Gilles Beyer de Ryke a suivi un cursus à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Ensuite, il s’est perfectionné en dessin et en peinture à l’Académie d’Uccle, non loin de chez lui. Dans son esprit, peindre s’imposait comme une évidence. Saisir le quotidien et le transfigurer faisait partie de ses projets et rien n’aurait pu le détourner de cette voie. Alors, pour se distinguer de ses confrères, il a lentement mis en place un style influencé par les créateurs majeurs du début du XXe siècle car, il le savait, pour réussir, il incombe de trouver une signature à nulle autre pareille. Ce que certains appellent une griffe ! Il a donc tôt fait de transposer des immeubles, de les élancer vers le ciel, de les faire décoller du terrain sur lesquels ils reposent et de jouer avec les couleurs. Du coup, on se situe face à des œuvres qui évoquent étrangement le monde de la bande dessinée contemporaine et certains travaux de Giorgio de Chirico, tout en imposant l’image prégnante d’un homme de son époque, à la fois esthète et plasticien. Omer Amblas est coutumier des galeries et, depuis plusieurs décennies, ses travaux passent de l’une à l’autre pour des expositions remarquées et jamais dénuées d’intérêt. Né en Guadeloupe, il rêvait très jeune de s’installer à Paris et d’y entreprendre des études artistiques. Il a raconté que, dès l’âge de neuf ans, il dessinait et peignait dans un coin de la maison familiale, tandis que ses sœurs et frères jouaient dehors. Au fil des années, son intérêt pour les arts n’a fait que croître, l’amenant à s’installer en Vendée pour y exercer différents métiers, tout en suivant des cours d’histoire de l’art, puis d’architecture à l’Université de Nantes. Naturellement, le dessin l’a fort vite rattrapé. Sans calcul, il s’est progressivement engagé à ne peindre que ce qui lui tenait à cœur : des portraits, des motifs inspirés par la religion et des personnages issus de son imaginaire, donnant naissance à des toiles certes figuratives (puisqu’on reconnaît la structure !), mais traitées de manière abstraite, sans aucun détail. Ou si peu. ! Si on souhaite tisser des analogies avec le passé, certaines peintures renverraient à celles de Gauguin version Les Marquises, avec femmes indigènes en pagne ou à la statuaire locale, un brin hiératique. Monicah Senah pratique l’abstraction comme moyen d’expression, avec des lignes qui fusent de toutes parts, des jets de couleur pure qui s’entrecroisent, se cherchent ou se percutent. En y regardant de près, on prend conscience d’un travail méticuleux pensé en amont et dont la spécificité relève d’une sensibilité à la fois picturale et musicale, d’une organisation presque mathématique pour occuper l’espace, combler les vides et articuler les pleins. Enfin, la sculptrice Dominique Lemoine donne à voir des travaux qui relèvent de l’esthétique, avec des formes travaillées pour ne garder que l’ossature ou le squelette, avec des personnages aux formes surdimensionnées et expressives. Objets de décoration à placer dans un bureau ou à exposer en galerie, voilà des pièces uniques, chargées de bonne humeur et qui déposent un baume sur une année incertaine. Une exposition à découvrir du 2 au 31 octobre 2020 à Espace Art Gallery. Voyez tous les détails pratiques sur le site officiel www.espaceartgallery.eu Rue de Laeken, 83 à 1000 Bruxelles Daniel Bastié
THÉÂTRE : DES HOMMES ENDORMIS Un accouchement social au Rideau de Bruxelles qui rouvre ses portes sur une pièce du dramaturge anglais Martin Crimp, dans une mise en scène de Michael Delaunoy. Accouchement, oui, car c’est toute la société qui est passée au forceps dans ce huis clos tendu où quatre comédiens se renvoient les coups comme sur un ring. Vous allez assister à un fameux déballage. Un punching-ball où Anne-Claire, Serge Demoulin, Mikael Di Marzo et Pauline Serneels enfilent leurs gants de boxe. Leur cible : l’hypocrisie sociale. Cela commence par la visite nocturne d’un couple de jeunes gens qui s’incrustent chez Julie et Paul, deux quinquagénaires bourgeois et universitaires. Il est deux heures du matin, et chacun des époux ne songe qu’à regagner sa propre chambre avec lits séparés, car ils sont à deux doigts de la séparation, même s’ils n’osent pas se l’avouer l’un à l’autre. Julie travaille dans le monde de l’art où elle écrit des articles, et Paul est producteur de dance music, à la recherche des meilleurs tubes pour son public. Mais voilà que Joséphine et Tilman débarquent dans leur intimité. Joséphine est l’assistante de Julie, la vingtaine sexy, en culotte ras le cul, et Tilman est son copain, patron d’une maison de meubles spécialisée dans les tables et chaises de bureau. Ça tombe bien, sur la scène il y a quatre chaises mises en tête-bêche, qui les attendent pour une rencontre. La conversation commence sur un mode mineur, entrecoupé de silences pesants. Que vont-ils se dire pour « meubler » les trous ? Au fur et à mesure, les propos se font plus marquants, plus cinglants : chacun a quelque chose à vider devant les autres. A mesure que les langues se délient, le ton se fait plus incisif et Paul, qui se disait pacifiste à tous crins, bien loin de lever la main sur son épouse, propose soudain une partie de boxe à Joséphine. La scène va devenir un ring qu’elle épouse parfaitement devant les spectateurs. On assiste à un échange verbal et musclé à propos de la société actuelle : le paraître sur les portables, la violence dans les couples, le désir érotique des jeunes (qui s’est estompé jusqu’à disparaître chez les plus vieux), la domination de l’un sur l’autre, la lutte pour le pouvoir, le désir de procréer, l’abandon de la maternité, la névrose, la bisexualité... Tout y passe au fil des allusions entrecoupées de silences, d’esquives, de retraites, d’assauts et de changements de sujets pour ne pas y répondre. C’est toute la société qui est démasquée sans honte, sans repentir, presque sans remords au fil d’un huis clos à quatre. Ou plutôt à cinq, car une voix sur le portable vient les interrompre : c’est la voix d’un peintre à distance, installé en Californie, sur lequel écrit Julie, peut-être amoureuse. Cette voix confie à Joséphine ce qu’elle vient de révéler à Tilman. Et Tilman en devient vert de peur, paniqué au point de vider son verre cul sec, à la consternation de sa copine qui se faisait une joie en tâtant son ventre. On plonge dans la peur des pères qui vont l’être, dans la joie des femmes qui ont conçu, dans toute cette hypocrisie sociale qui s’étale sur la scène en jetant bas les masques. Ceux du coronavirus bien sûr, qui fait partie du programme de la pièce. L’auteur est anglais. Martin Crimp, qui a aussi écrit The City mis en scène au Rideau de Bruxelles, est un des meilleurs dramaturges contemporains. Il est attentif à l’analyse de la société dans ses partis pris, ses clichés, son politiquement correct, qu’il dénonce derrière l’anodin et les phrases toutes faites. Derrière des mots qui sonnent creux ou font semblant d’y croire. Il vise en particulier le féminisme social qui, sous le couvert de rendre sa liberté à la femme, fait de celle-ci une usurpatrice avide de pouvoir. Ce
pouvoir qu’elle exerce mieux que les hommes sur celles qui lui sont soumises. Comme Joséphine, candidate exceptionnelle à qui Julie demande sans ménagement de corriger ses textes ou de prendre la porte. A qui elle dit que sa maternité va lui causer des problèmes. Car Julie n’a pas d’enfant. Quant au metteur en scène, c’est Michael Delaunoy qui signe avec Des hommes endormis son chant du cygne. Il quitte le Rideau après treize ans de direction à travers des caps difficiles, faits de déménagement, de spectacles hors-les-murs, de rénovation et de crises, dont le coronavirus. Après treize ans de bons et loyaux services. Crimp, il connaît bien puisqu’il l’a mis en scène quatre fois déjà, dont The City (La Ville) qu’il a dirigé au Rideau en 2015. Les dernières images sont ici spectaculaires pour clore cet accouchement social baigné dans le sang. Fort et dérangeant tout à la fois. A voir au Rideau de Bruxelles jusqu’au 10 octobre 2020. Plus d’informations sur www.rideaudebruxelles.be. Rue Goffart, 7A à 1050 Bruxelles Michel Lequeux Photographies : Alessia Contu
DÉCÈS DE L’ACTRICE DIANA RIGG Diana Rigg, l’incroyable Emma Peel de la série « Chapeau melon et bottes de cuir », a paisiblement tiré sa révérence le 10 septembre dernier, entourée de ses proches. Au milieu des sixties, elle a marqué les esprits en campant l’un de ses rôles majeurs à côté du flegmatique Patrick Mcnee dans cette série devenue culte. Durant deux saisons, elle a interprété avec humour et panache une femme libérée dont la beauté se trouve à la hauteur de ses aptitudes intellectuelles et de ses qualités d’espionne. Lasse de jouer ce personnage, elle a fini par jeter l’éponge pour se lancer dans le théâtre. Quelques années plus tard, le cinéma a fait appel à ses talents pour « Au service de sa majesté » et la transformer en James Bond girl face à George Lazenby dans le rôle de 007. Puis, les propositions se sont mises à fléchir. Pêle-mêle, elle s’est retrouvée au générique de « Théâtre de sang » avec Vincent Price, « Meurtre au soleil » avec Peter Ustinov ou « Un Anglais sous les Tropiques » avec Sean Connery. Quant au personnage d’Emma Peel, il lui a durablement collé à la peau, au point de lui faire regretter de l’avoir endossé. De surcroît, elle a toujours soutenu avoir été rémunérée avec un cachet minimum (équivalant à celui d’un technicien de plateau), alors que sa prestation a fait gagner énormément d’argent aux producteurs. Dernièrement, elle a figuré au générique de « Game of the thrones », la saga mise en chantier par la chaîne HBO. Daniel Bastié
EXPOSITION : STILL LIFE 2089 Née à Paris en 1964, Laurence Nitlich est diplômée de l’Université de Nanterre et de l’Institut des Sciences Politiques de Paris. Elle est la maman de trois grands enfants. Après avoir organisé de nombreux salons au Comité des Expositions de Paris et exercé dans le marketing international, elle crée en 1997 "Les Ateliers Acrob’art" devenus en 2012 "Art Company". Elle y invite de nombreux artistes à exposer et partager leur passion et leur savoir-faire avec un public curieux. Elle y anime aussi des ateliers et des team building. Aujourd’hui, elle nous fait découvrir son jardin du futur à travers une exposition surprenante. Au hasard de ses trouvailles ramassées dans les sous-bois et chinées dans les brocantes, elle a imaginé cette allégorie du futur : une proposition de ce que sera notre rapport à la Nature en 2089. Partie du constat que notre planète s'asphyxie et que certaines variétés de fleurs disparaissent chaque année, Laurence a donné vie, grâce à ses propres techniques artistiques, à de précieuses reliques préservées tels des diamants dans de jolis écrins. Elle nous interroge aussi sur notre futur : ce témoignage artistique sera-t-il l'unique vestige de notre flore en 2089 ? Elle postule que, en 2089, l'hortensia sera en voie d'extinction, que la rose n'aura plus d'odeur et la nature telle que nous la connaissons ne sera qu'un lointain souvenir. L'herbier poétique de notre enfance n'est plus que traces, fossiles, mémoires. Ce qui était jadis abondant se fait rare, ce qui était commun est devenu précieux. L'Artiste répond à sa manière à ses interrogations à travers des gravures poétiques, un herbier doré, des ex-votos et un jardin pathétique qui ne l'est pas du tout : "Lorsque je commence un travail, je suis attentive au chemin qui se dessine devant moi, je guette la moindre fusion dans la matière, la moindre bavure qui seront autant de fils d'Ariane à saisir. Je n'interviens dans le dessin ou le séchage que là où l'encre m'appelle. J'attends cet appel avec patience et détermination, et quand il ne vient pas, je laisse le temps au temps, une sorte de décantation qui me permettra d'être à nouveau surprise et de poser un regard vierge sur l'image à venir. Aujourd'hui la troisième dimension s'est imposée à moi comme le meilleur moyen de conserver la nature fossilisée qui sera peut-être demain notre quotidien. Je constitue un « herbier poétique » en ramassant et accumulant des trésors de la nature. Je les fais sécher, je les travaille, en conserve l'empreinte gravée ou dessinée et y greffes de nouvelles espèces artificielles afin de préserver le tout comme des bijoux précieux et éternels dans des coffrets." Un événement à découvrir à Art Company jusqu’au 18 octobre 2020. Plus de détails sur le site www.artcompany.be Chaussée de Charleroi, 251A à 1060 Bruxelles
THÉÂTRE : PINK BOYS AND OLD LADIES Normand, qui n’est pas normand, est un petit garçon assez banal, mais Normand aime porter des robes. La sœur du père de Normand trouve ce comportement « limite » (elle redouble les mots dès qu’elle est gênée). La mère de Normand aimerait parfois trépaner son fils pour voir ce qui cloche à l’intérieur, ce qui est radical mais pas le plus pratique. Sa grand-mère maternelle – et pourquoi pas une cure d’hormones ? – semble être la plus concrète mais Normand ne veut pas changer de sexe, Normand veut juste se sentir bien, dans cet entre-deux sans nom où il évolue. Quant à son père, il aimerait s’exprimer, mais ce qu’il dit « flotte ». Un jour, il décide d’accompagner son fils en robe à l’école… Pink Boys and Old Ladies déploie une fresque familiale impressionniste et caustique, où chacun, empêtré dans cette situation délicate, exprime mal son malaise. On parle beaucoup dans cette famille, mais surtout de rien, parce qu’on ne veut pas parler de tout. Quelles équations construit-on autour de notre intimité pour faire face au regard des autres ? Où ranget-on les individus qui sortent des cases ? Quelles sont ces cases ? Comment trouve-t-on les mots pour aborder des sujets dont on aurait voulu ne jamais devoir parler ? Comment fait-on face à l’intolérance, qui plus est lorsqu’elle provient de soi-même ? Que fait-on des réflexes parfois rétrogrades qui sont en nous, et avec lesquels on aurait aimé ne pas devoir lutter ? Voilà quelques questions auxquelles ce spectacle entend apporter des réponses (voire des bribes de réponses) ! Le metteur en scène Clément Thirion entend porter un regard amusé sur cette liste d’interrogations et offrir aux spectateurs une comédie qui traite de la maladresse humaine et qui se traduit par une série de sujets abordés de biais, des mots mal choisis, des silences qui en disent long et des regards qui trahissent. Le tout baigné d’une bienveillance légère mais qui finirait par faire pire que mieux. Il a surtout voulu créer un espace-temps déconstruit, sensitif et atmosphérique dans lequel se déploierait une tension familiale constante. La parole vient ici combler les silences et les non-dits, grâce à des mots incisifs et parfois cruels. Au demeurant, il dresse le portrait de personnages aux prises avec leurs contradictions et leurs malaises avec, au centre, un petit garçon taiseux, habillé en robe ros et qu’on déplace comme on déplace un pot de fleurs. Cette pièce signée Marie Henry est à applaudir sans modération du 15 au 23 octobre 2020 au Théâtre des Martyrs. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.theatremartyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles
PARCOURS D’ARTISTES : ITINÉRART 2020 Anderlecht est un vaste territoire qui regroupe plus d’une centaine d’artistes, plusieurs dizaines de lieux culturels et autant d’associations socio-culturelles qui méritent d’être reconnus et valorisés par le biais d’un évènement artistique qui les rassemble. « Itinérart » a donc l’ambition non seulement de créer une rencontre entre les artistes, mais de créer une passerelle entre ceux qui créent, les lieux où ils exposent et le public. Donner l’occasion aux Anderlechtois d’avoir la possibilité d’aller de lieu en lieu à la rencontre des ambassadeurs artistiques de notre Commune, voilà l’enjeu de ce Parcours 2020. « Itinérart » a aussi pour objectif de promouvoir et soutenir les artistes locaux, de solliciter des rencontres entre professionnels et amateurs et de faire découvrir différentes techniques et pratiques culturelles et artistiques. Une manière d à s’e pousser les visiteurs à s’interroger sur le rôle de l’art et de l’artiste dans la société. Pour ce faire, de nombreux ateliers ouvriront leur porte. La sixième édition « Itinérart », initialement prévue en avril dernier, est reportée au week-end des 23, 24 et 25 octobre 2020. Comme chacun s’en doute, les dates ont été changées en raison des perturbations liées à l’épidémie de Coronavirus. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.escaledunord.brussels
THÉÂTRE : MISS ELSE Else a quinze ans. Un âge tendre, si tendre qu'il peut la désigner comme proie à croquer, quand la chrysalide devient papillon, et que le corps, en pleine métamorphose, tremble devant le désir ; si tendre entre peur et audace, entre affirmation de soi et incertitude, quand les rêves sont grands, les excès tentants, le danger invisible, et que les fables qu’on s’invente, se heurtent avec fracas au monde des adultes. En vacances avec sa tante, dans un palace fréquenté par des célébrités, Else rêve de cette vie de luxe qu’elle ne connaît guère. Sa mère l’enjoint d’aider son père, revenu au bercail après deux ans d’absence, à réunir une grosse somme d’argent pour éviter la prison. Comment faire ? La mère suggère à sa fille de demander à Von, un acteur adulé résidant dans le même hôtel. C’est une vieille connaissance de la famille. Adolescente en mal d’affection et d’attention, Else, qui cherchait tant le regard, devient la proie de désirs qui la dépassent. Ne doit-on voir dans l’adolescente à la recherche d’elle-même qu’une apprentie séductrice ? Ou bien une jeune fille peu armée face à la violence de l’adulte ? À quinze ans, on a peut-être le corps d’un adulte, mais on est encore une enfant... Nabokov, l’auteur du célèbre Lolita, décrivait son héroïne comme une enfant apeurée, abusée par un adulte pervers, et non une séductrice diabolique. Dans cette réécriture de Schnitzler à l’heure du #metoo, ce sont les questions du consentement, de l’emprise et de l’abus de pouvoir qui seront examinées de plus près. Une pièce à applaudir au Théâtre des martyrs jusqu’au 11 octobre 2020. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.theatre-martyrs.be Place des Martyrs, 22 à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : SABOTAGE Ce spectacle s ’ouvre dans le grenier de la famille de Nathan. Il a convié ses amis pour dépoussiérer le lieu… ils rangent, ils fouillent et trient depuis des heures, quand ils tombent sur une mystérieuse boite de jeu abîmée au pouvoir attractif : « Sabotage ». L ’envie monte à la lecture de la boite sur laquelle il est sobrement inscrit : « Le jeu pour s ’unir les uns contre les autres ». Sans plus attendre, Nathan et ses amis décident de commencer une partie. Mais dans « Sabotage », c ’est le jeu qui décide de la fin. Ensemble, les comédiens jouent une histoire entièrement improvisée et ponctuée d’événements clefs prédéfinis en début de partie. Ces situations sont en réalité des actions écrites par le public avant de rentrer dans la salle et insérées dans la boite de jeu juste avant le début du spectacle. Pour gagner la partie, chaque comédien devra réaliser son objectif au sein de la narration collective. La tâche est complexe car l ’histoire est chronométrée et, à chaque fois, un d ’entre eux sera le « saboteur » qui fera tout pour entraver la réalisation de l ’objectif ! Cette mécanique offre une guerre scénaristique jubilatoire qui fait rebondir le récit sans cesse vers de nouvelles directions. Pour suivre la mécanique, le spectateur est en immersion dans la boite de jeu, grâce à une vidéo interactive spécialement conçue pour le spectacle. Nathan et ses amis sont-ils vraiment les maîtres du jeu ? Venez les mettre au défi du 14 au 17 octobre 2020 à 20 heures 30 à La Clarencière. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.laclarenciere.be Rue du Belvédère, 20 à 1050 Bruxelles
CONCERT : URGENCE DE VOUS Deux artistes venus d'ailleurs, l'un franco-gabonais, l’autre russe naturalisée française, se retrouvent sur scène. Ils sont musiciens, auteurs, compositeurs et interprètes avec, chacun, un parcours original. Sur les planches, ils présentent et mélangent leurs univers personnels à travers leurs chansons et des dialogues poignants. On se retrouve en face de polémiques actuelles autour des clichés et des préjugés liés à leurs pays d’origine : être biculturel se veut une fragilité et une force qui se lient paradoxalement. « Urgence de Vous » s'adresse en priorité à celles et ceux qui possèdent un esprit curieux et qui souhaitent voguer sur deux rives d’un seul fleuve nommé « Humanité » ! Une performance à applaudir le mercredi21 octobre 2020 à La Clarencière à 20 heures 30. Vous trouverez toutes les informations complémentaires sur le site www.laclarenciere.be Rue du Belvédère, 20 à 1050 Bruxelles
THÉÂTRE : LE CHAMP DE BATAILLE L’ennui avec les enfants, c’est qu’ils grandissent. C’est qu’un beau matin, sans prévenir, ils mettent des trainings, répondent par onomatopées et écoutent de la mauvaise musique (…) Ça coûte une fortune en crème anti-boutons, ça change d’humeur toutes les six minutes, ça a le nez qui pousse. Ça se traîne du divan au lit en mettant un point d’honneur à vous rappeler que vous n’êtes absolument pas à la hauteur de votre rôle de père. Ça vous empoisonne. Ça vous déteste. C’est cruel un enfant qui grandit. Comble de tout, une fois dépassé le mètre 50, ça cesse de vous considérer comme Dieu en personne. La quarantaine galopante, voilà ce que se dit ce père, enfermé dans les toilettes, ultime forteresse inviolable, où il consulte des dépliants de voyage, manière d’échapper pour de bon à la pesanteur du quotidien, avec d’un côté un fils aîné en pleine adolescence, de l’autre son couple en crise, sexuelle notamment. Jérôme Colin, Denis Laujol et Thierry Helin nous offrent un spectacle sur l’amour familial où les sentiments sont à vif, comme sur un champ de bataille. Un spectacle qui questionne la violence sociale, notamment produite par l’école et la famille, mais qui n’est jamais dénué d’espérance car il est porté par une plume pleine de tendresse et de dérision. Une pièce à voir au Théâtre de Poche du 9 au 31 octobre 2020. Pour les détails pratiques, référez-vous au site www.poche.be. Chemin du Gymnase, 1A à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : MISERY Le personnage de Paul, tel un double de Stephen King, est un écrivain à gros tirage. Il est à un tournant de sa vie, souhaitant changer de registre, de style, de propos et mettre un terme à l’interminable saga à laquelle il doit son succès. Pour cela, il vient de terminer un roman où il fait mourir son héroïne : Misery. Mais un accident de voiture le met à la merci d’Annie, une lectrice psychopathe qui l’admire plus que tout… « Misery » est moins une pièce du genre horrifique que la réplique amusée d’un auteur au fanatisme de ses lecteurs, usant à la fois de l’effroi et du rire vengeur. Les dialogues sont remarquablement orchestrés, sans temps mort. L’adaptation extrait la substantifique moëlle du roman, avec une touche d’humour bienvenue. Un thriller psychologique haletant comme seul Stephen King sait en écrire et à voir sur les planches du Théâtre royal des Galeries du 21 octobre au 15 novembre 2020. Trouvez tous les détails techniques et pratiques sur le site www.trg.be Galerie du Roi, 32 à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : LES ÉMOTIFS ANONYMES Jean-René, patron d’une fabrique de chocolat, et Angélique, chocolatière de talent, sont deux grands émotifs. Leur passion commune pour le chocolat les rapproche. Deux personnes si émotives que la moindre friandise les bouleverse, que le moindre trac les paralyse. Ils tombent amoureux l’un de l’autre, mais n’osent se l’avouer. Hélas, leur timidité maladive tend à les éloigner, mais ils sont déterminés à dépasser leur manque de confiance en eux, au risque de dévoiler leurs sentiments. Voici l’histoire toute simple de deux personnes pour lesquelles chaque sortie est une épreuve, chaque rencontre un examen, chaque conflit des sueurs froides. Nos émotifs cherchent le réconfort dans des séances de thérapie de groupe. Ils sont entourés d’une flopée de personnages, tous bien dans leurs godasses, qui ne comprennent pas qu’on puisse avoir tant de mal à habiter ce « monde de brutes ». Pour interpréter tout ce petit monde qui se croise et se rencontre, quatre acteurs épatants, complices et joyeux. Philippe Blasband a déjà signé le scénario du film (réalisé par Jean-Pierre Améris), voici la pièce, portée par des acteurs délicats, ajoutant de la proximité à ce sujet vibrant d’une sincérité charmante. La promesse d’un spectacle chaleureux et subtil, comme le meilleur des chocolats. Une pièce à revoir au Théâtre Le Public du 9 au 31 octobre 2020. Voyez les informations pratiques sur le site www.theatrelepublic.be Rue Braemt, 64-70 à 1210 Bruxelles
RÉTROSPECTIVE FASSBINDER Théâtre, cinéma, télévision…Rainer Werner Fassbinder a investi les arts audiovisuels avec une boulimie qui a peu d’égale. N’’avait-il pas parié à ses débuts qu’il aurait réalisé trente longs métrages avant ses trente ans ? De ses brûlots contestataires à ses adaptations littéraires, les éléments de cohérence s'imposent dans son œuvre : l’Allemagne d’abord, qui restera son cadre de travail unique, ses interprètes ensuite, fidèles depuis ses débuts à l’Antitheater jusqu’à sa mort prématurée et son anticonformisme enfin, qui l’oppose toujours (parfois avec violence) à l’éthique bourgeoise N é le31 mai 1945 à Bad Wörishofen, l’artiste a bravé tous les interdits en se déclarant anarchiste. En faisant voler les poncifs cinématographiques, il a renouvelé l’univers du grand écran dans son pays, amenant ses confrères à remettre leur travail en question et à se libérer des carcans jusque-là en vigueur. Le 10 juin 1982, il est victime d’une Rupture d’anévrisme à seulement trente-sept ans, alors qu’il travaille au montage de son dernier film « Querelle », adapté d’un roman de Jean Genet, et qu’il prépare un long métrage sur Rosa Luxemburg, finalement réalisé en 1987 par Margarethe von Trotta. Certains affirment que son décès est consécutif à un mélange de cocaïne et de benzodiazépine ou qu’il s’est, peut-être, suicidé. Des spéculations jamais corroborées officiellement. Jusqu’au 29 novembre 2020, la Cinematek, en collaboration avec Flagey, lui concocte une rétrospective exhaustive. Avis aux amateurs ! Voyez la programmation détaillée sur www.cinematek.be
THÉÂTRE : MÉTAMORPHOSES Après un succès retentissant à Paris, le spectacle Métamorphoses sera joué pour la première fois à Bruxelles à l’Espace Magh. Dans la continuité de son travail sur Iliade, Luca Giacomoni questionne les dynamiques de la violence et des systèmes de domination, mêlant sur les planches des comédiennes professionnelles et non professionnelles, rencontrées au sein d’un atelier mené pendant un an à la « Maison des Femmes de Saint-Denis », lieu d’accueil et d’écoute pour des femmes ayant connu des violences. Le grand poème d’Ovide devient ainsi une occasion pour donner à voir l’invisible et faire entendre des voix qui passent habituellement sous silence pour revisiter le mythe de la jeune prêtresse Io, changée en génisse, le drame d’Écho, incapable de dire “je” et ne pouvant que répéter les dernières paroles de son amoureux Narcisse, l’histoire de la nymphe Daphné qui préféra être changée en laurier plutôt que de céder aux avances d’Apollon, le destin des sœurs Procné et de Philomèle mutées en oiseaux pour échapper à la vengeance de Térée et celui d’Arachné transformée en araignée pour avoir osé surpasser la déesse Athéna. Quel sens aujourd’hui ces transformations veulent-elles nous communiquer ? Une pièce à découvrir à l’Espace Magh les 13 et 14 octobre 2020. Voyez tous les détails sur le site www.espacemagh.be Rue du Poinçon, 17 à 1000 Bruxelles
THÉÂTRE : SCIENCE-FICTIONS Imaginons la vie dans un siècle. Le monde a connu de grands bouleversements et les humains ont réorganisé leurs sociétés pour apprendre à vivre autrement. La capacité d’imagination est devenue une force pour trouver un équilibre, la création de fictions un exercice quotidien. Dans cette société low-tech, où le récit oral et les rites magiques tiennent une place de choix, quatre individus retrouvent les fragments d’un film qui date de 2020. Tourné selon les canons de l’époque, il montre une vision du futur à la fois amusante et incongrue, ultra-technologique et peuplée d’humanoïdes, très éloignée de ce qu’en cent ans, le monde est devenu. Le groupe décide alors de réinterpréter les bouts de ce film. Par passion pour la fiction, et pour rendre hommage à ces humains qui les ont précédés. En jouant avec les codes de la science-fiction, Selma Alaoui tente l’aventure encore trop rarement éprouvée sur un plateau de théâtre d’écrire une fable futuriste qui interroge les angoisses et les espoirs que l’avenir suscite en nous. Pour cela, elle s’inspire librement de la pensée d’Ursula K. Le Guin, romancière américaine célèbre pour son exploration singulière et subversive du genre SF. Une pièce à applaudir du 6 au 22 octobre 2020 au Théâtre Varia. Découvrez tous les détails pratiques sur le site www.varia.be Rue du sceptre, 78 à 1050 Bruxelles
LECTURE AVEC ADELINE DIEUDONNÉ ET THOMAS GUNZIG Autrice et comédienne, Adeline Dieudonné entretient avec la scène un rapport à rebondissement. Cet automne, elle participe à l’effort de guerre théâtral et vient lire, en compagnie d’un alter ego de choix en la personne de Thomas Gunzig, des textes d’amis, d’elle, de lui, ou d’autres consœurs et confrères (question de prendre le pouls du public avec des mots et ce après une période particulièrement difficile pour tout le monde !). Pour ceux qui l’ignorent encore, Adeline Dieudonné est une femme de lettres, nouvelliste et romancière. Sa première nouvelle, « Amarula », parue dans le recueil "Pousse-café" en 2017, a remporté le Grand Prix du concours de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La même année, elle a écrit et interprété le seul en scène « Bonobo Moussaka ». En 2018, elle a publié un premier roman remarqué « La vraie vie », et couronné par le prestigieux Prix Rossell et dont une adaptation à la scène est en cours. Quant à Thomas Gunzig, il est écrivain, libraire, chroniqueur et enseignant. Son premier roman « Mort d'un parfait bilingue » et son recueil de nouvelles « Le plus petit zoo du monde » lui ont valu plusieurs prix littéraires. En 2019, il a publié, avec François Schuiten, Jaco Van Dormael et Laurent Durieux, « Le Dernier Pharaon », dernier tome des aventures de Blake et Mortimer. Une soirée à vivre le mardi 20 octobre 2020 à 20 heures 15 au Centre culturel d’Uccle. Référez-vous au site www.ccu.be pour obtenir tous les détails techniques. Rue Rouge, 47 à 1180 Bruxelles
THÉÂTRE : MADAME PYLINSKA ET LE SECRET DE CHOPIN Se coucher sous l'instrument, faire des ronds dans l'eau, écouter le silence, faire lentement l'amour... Au fil de ses cours, de surprise en surprise, le jeune Éric apprend plus que la musique, il apprend la vie.Une fable tendre et comique, garnie de chats snobs, d'araignées mélomanes, d'une tante adorée, et surtout de mélodies de Chopin. Les grands compositeurs ne sont pas que des compositeurs, mais des guides spirituels qui nous aident et nous apprennent à vivre...Après le triomphe de "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", Eric-Emmanuel Schmitt remonte sur les planches. Dans ce monologue autobiographique et drôle où il fait vivre plusieurs personnages colorés, accompagné de Nicolas Stavy, pianiste de réputation internationale, il explore l'œuvre de Frédéric Chopin, sautant de pièces célèbres à des pages plus rares. Une pièce interprétée par Eric-Emmanuel Schmitt et Nicolas Stavy au piano et à voir du mardi 20 au samedi 24 octobre 2020 à 20h30 et le dimanche 25 octobre à 15 heures au Centre culturel d’Auderghem. Plus de détails sur le site www.ccauderghem.be Boulevard du Souverain, 183 à 1160 Bruxelles
LOISIRS : GOLF IMAGINARIUM Le Golf Imaginarium est de retour sur réservation obligatoire. Ce mini-golf totalement atypique, fruit de passionnés du fantastique et de l'imaginaire, est installé au sein du site industriel des anciennes glacières de Saint-Gilles, où les serpentins frigorifiques parcourent le plafond de cet espace singulier. Doté d'un décor fantasque réunissant, créatures étranges, araignées sortant du green, châteaux hantés et éléments steampunk, ce mini-golf unique en son genre propose un parcours de dixhuit trous parsemé d'embuches le tout dans une ambiance de brouillard agrémentée de diverses projections vidéo et de sons étranges. Un voyage à découvrir en famille et entre amis. Un événement à découvrir ou à redécouvrir jusqu’au 28 octobre 2020 les mercredis, samedis et dimanches de 14 à 17 heures. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.fantastic-museum.be Rue de la glacière, 18 à 1060 Bruxelles
PORTRAIT : ANNIK COUPPEZ VÉRONÈSE D’OLRAC Annik Couppez Véronèse d’Olrac est une femme mystérieuse et fascinante. Elle a publié plusieurs livres : « L’Enigme de Satovska », « L’Enigme du Val d’Acoz », « Contes et légendes du monde », « Nostradamus l’usurpateur démasqué », « La Gardienne de la neuvième porte » et « L’Attendue ». Les trois derniers étant rédigés sur trois niveaux de compréhension. Deux cent trente-six pages de recherches et de dévoilements. Extrait : Nous étions en 2020. Cette année miroir avait mal commencé, des tempêtes d’une rare violence frappaient l’Europe. L’Australie semblait ne pas pouvoir éteindre l’embrasement de son territoire, des millions d’animaux mouraient, de nombreuses populations étaient évacuées, les sauterelles dévoraient l’Afrique. Une épidémie s’abattit sur la Chine et deux mois plus tard l’Europe puis le monde entier fut touché par cette pandémie. Son dernier opus vient de paraître aux Editions St Honoré à Paris. Silvana Minchella
DÉCÈS D’ANNIE CORDY Annie Cordy, née Léonie Cooreman en 1968, n’est plus ! Elle a été retrouvée morte dans sa résidence près de Nice le vendredi 4 septembre 2020. Pour beaucoup, elle symbolisait la vitalité et un certain goût de vivre. Artiste prolifique, elle a enregistré plus de sept cents chansons, dont certaines sont devenues des tubes indémodables de fancy-fair (La bonne du curé, Tata Yo Yo, Cho Ka Ka 0), qui ont occulté le reste de son répertoire. Elle était également présente au cinéma dans des longs métrages tels que « Le chat », « Les galets d’Etretat », « Les portes de feu », « Les Gaspards », etc. Face à la caméra, elle a surpris tout le monde en campant une folle dans « Rue haute », tourné dans les Marolles à côté de Mort Shuman, un film dur et austère. Fort vite, la télévision l’a sollicitée pour une série de téléfilms récréatifs, faits pour caresser les spectateurs dans le sens du poil. En regardant dans le rétroviseur, on revoit aussi l’image prégnante d’une meneuse de revue accomplie et d’une partenaire idéale pour Bourvil, Georges Guétary ou Luis Mariano dans quelques fleurons de la comédie musicale : « Le chanteur de Mexico », « La route fleurie », … En 2004, elle a été faite citoyenne d’honneur de la ville de Bruxelles, après avoir été nommée baronne en 2002. Ses armoiries ont alors été dessinées par l’artiste Fernand Brose. Annie, tu nous manqueras !
EXPOSITION : BRUEGEL, A POETIC EXPERIENCE À l’occasion de l’année célébrant le 450e anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l’Ancien, l’Atomium propose à partir du 18 septembre 2019 une exposition immersive et interactive sur le célèbre peintre de la renaissance. L’exposition Bruegel, A Poetic Expérience présente des facettes connues mais aussi insoupçonnées de son œuvre et de sa personnalité. Cette exposition, réalisée par Tempora, s’inscrit dans la série consacrée à la belgitude organisée par l’Atomium depuis sa réouverture en 2006. Symbole de Bruxelles et de la Belgique, l’Atomium, qui attire deux millions de curieux et 600 000 visiteurs par an, a déjà organisé avec succès des expositions sur la Sabena et sur le peintre surréaliste belge René Magritte. L’exposition présente sur deux étages des installations immersives et interactives qui plongent les visiteurs au cœur du monde de Bruegel grâce à de grandes reproductions de ses œuvres. Au niveau inférieur, une installation pop-up met en scène cinq tableaux de la célèbre série Les six saisons dans une scénographie tridimensionnelle qui donne aux visiteurs l’impression de se promener dans les célèbres paysages. Des panneaux explicatifs invitent le public à découvrir quatre facettes innovantes de l’œuvre de Bruegel. L’on apprend ainsi que le peintre a bousculé les habitudes au niveau de la composition et du rythme, notamment à l’aide d’une vue plongeante et de la division de ses tableaux en plans successifs, ce qui crée une fascinante profondeur de champs. L’installation montre aussi que Bruegel se distinguait par une prodigieuse attention aux détails et par un jeu d’images humoriste.
À l’étage supérieur, l’exposition s’attarde à éclairer la personnalité de Bruegel. Si peu de détails de sa biographie nous sont connus, ses œuvres recèlent des indices précieux sur l’homme et le peintre. À commencer par sa renommée comme peintre de la vie paysanne, le plus souvent associée à son fameux tableau Le repas de noces. Chez ses contemporains, Bruegel était en outre réputé comme le second Jérôme Bosch. Mais cette exposition prend soin de montrer comment il a su se démarquer de son modèle, par exemple en intégrant dans sa Chute des anges rebelles des animaux du Nouveau Monde récemment découvert et inconnus de Bosch, qui était mort un demi-siècle auparavant. Une troisième caractéristique de Bruegel, souvent oubliée, est son humanisme reconnaissable dans les sujets de ses tableaux. L’exposition dévoile enfin un aspect plutôt surprenant de la personnalité de Bruegel : avant d’être un peintre célèbre, il était principalement connu comme dessinateur de gravures. L’invention récente de l’imprimerie avait en effet facilité la diffusion de ses créations dans toute l’Europe. L’exposition Bruegel, A Poetic Experience. An innovative world and mind est présentée jusqu’en septembre 2020 et est comprise dans la visite de l’Atomium, tout comme le parcours retraçant l’histoire du monument. Suite à la crise du Covid-19, cette exposition est prolongée jusqu’au 15 novembre 2020. Voyez les renseignements pratiques sur le site www.atomium.be Place de l’Atomium, 1 à 1020 Bruxelles
EXPOSITION : BACK TO BRUEGHEL La mythique Porte de Hal, vestige de l'enceinte médiévale de Bruxelles, s'ouvre sur l'univers du peintre Bruegel. Effectuez un plongeon surprenant dans une version en réalité virtuelle de ses peintures mondialement connues. Quatre œuvres du maître prennent vie et vous entraînent, pour un instant, dans la vie quotidienne d’il y a 450 ans. Voyagez au cœur du XVIe siècle, face à d’authentiques trésors du Nouveau Monde, des armes et armures, des instruments de musique et d’autres œuvres des Musées royaux d’Art et d’Histoire. Complétez votre découverte par le toucher, l’odorat ou la manipulation. Au sommet du bâtiment, profitez aussi du magnifique panorama sur Bruxelles et laissez-vous transporter dans le temps de Bruegel grâce aux longues-vues virtuelles. Un audioguide gratuit est disponible en six langues : français, néerlandais, anglais, allemand, espagnol, russe (possibilité de télécharger le texte des audioguides via Google Play - tapez Orpheo Porte de Hal ou Orpheo Hallepoort & App Store - tapez Porte de Hal ou Hallepoort). Une exposition à découvrir jusqu’au 18 octobre 2020 à la Porte de Hal. Plus de détails sur www.kmkg-mrah.be Boulevard du Midi, 150 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : EXPERIENCE BRUSSELS Explorez les quatre coins de de la Région bruxelloise et imprégnez-vous de son charme unique. « Experience.Brussels » est une exposition interactive à travers laquelle locaux comme visiteurs auront l’opportunité d’en découvrir davantage à propos de leur capitale. C’est au cœur de Bruxelles, sur la Place Royale, que se trouve l’exposition « Experience.Brussels », le point de départ pour découvrir ou redécouvrir ce que la capitale peut nous offrir. Cette exposition changera votre vision de Bruxelles et mettra en valeur différents endroits, institutions, ainsi que la population travaillant au cœur de l’Europe. Quel est le symbole phare de Bruxelles ? Un atome géant ? Un petit garçon faisant pipi ? Une grande place dorée ? Un temps pluvieux ? Un cornet de frites ? « Experience Brussels » vous permet d’élargir votre vision. L’exposition vous aide à comprendre et interpréter Bruxelles de la meilleure des manières. Interagissez avec les transports publics bruxellois et élargissez vos connaissances sur cette capitale et ses habitants. Parcourez les quatre coins de Bruxelles, ses dixneuf communes et découvrez un nombre incalculable de personnalités au sein de cette métropole. Tournez les pages d’un livre géant pour découvrir les moments-clés de l’histoire bruxelloise ; testez vos connaissances sur l’Union Européenne ; rencontrez de vrais Bruxellois ; apprenez de nouveaux mots de la langue locale ; interagissez avec notre maquette. Que vous soyez Bruxellois ou étranger, vous apprendrez à coup sûr de nouvelles choses sur cette capitale. Et avant de partir, n’oubliez pas votre carte postale personnalisée ! Que vous soyez en ville pour quelques jours ou Bruxellois de naissance, vous découvrirez le charme de quartiers insolites et/ou touristiques et vivrez réellement l’ambiance bruxelloise. Un événement à découvrir jusque fin décembre 2020 et qui met en avant différents quartiers de la capitale, pouvant être appréciés entre amis, en famille, en groupe ou en solo ! Davantage de détails sur le site ww.experience.brussel.com Rue Royale, 2-4 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : PHILIPPE VANDENBERG – MOLENBEEK L’exposition Molenbeek revient sur les années que l’artiste Philippe Vandenberg a passées à Bruxelles. Jusqu’à son décès en 2009, Vandenberg a travaillé à Molenbeek, où il a été ému par la réalité sociale de la commune. Dans cette exposition, le commissaire Barry Rosen explore la production artistique engagée de Vandenberg de cette période, avec plus de 300 œuvres sur papier. À travers notamment des dessins, des gravures et des sculptures en papier, il vous fait découvrir le Molenbeek de l’artiste : un site imaginaire où sa vie privée se confond avec les problématiques des grandes villes, les conflits mondiaux et l’histoire. Molenbeek est la première grande exposition belge autour de l’œuvre radicale de Philippe Vandenberg depuis son décès. Un événement à découvrir à Bozar du 17 septembre 2020 au 3 janvier 2021. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein 23, à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : DANSER BRUT Danser Brut éclaire le lien entre danse et mouvements involontaires ou répétitifs. L’expo étudie les formes d’expression du corps, du visage ou des mains, comprises comme une forme d’accès à notre être-au-monde. Mélange d’art brut, d’art moderne et contemporain, de documents d’archives médicales ou d’extraits de films, l’exposition défie toute catégorisation. Se refusant à raconter une histoire de la danse, elle vise à élargir notre vision et à mettre la modernité sous un jour différent. Avec des œuvres d'Ulrich Bleiker, Michael Borremans, Charlie Chaplin, Aloïse Corbaz, Henri de Toulouse-Lautrec, Michel François, Valeska Gert, Rebecca Horn, Henri Michaux, Vaslav Nijinsky, Arnulf Rainer, Philippe Vandenberg, Mary Wigman, Adolf Wölfli, ainsi qu'une sélection de documents d'archives, manuscrits, magazines et fragments de films. Une exposition à voir à Bozar du 24 septembre 2020 au 10 janvier 2021. Plus de détails sur le site www.bozar.be Rue Ravenstein 23, à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : XAVIER THOMÉ & HENK VISCH
NOIRET-
Xavier Noiret-Thomé, artiste français basé à Bruxelles, offre des peintures et assemblages d’une rare diversité qui se nourrissent de savoir, d’expérience et d’influences assumées. Il a choisi d’inviter le sculpteur, dessinateur et peintre hollandais Henk Visch, dont les sculptures tantôt monumentales, tantôt miniatures, s’apparentent selon lui à la pensée humaine. Leurs œuvres, intenses et directes, parfois teintées d’humour, dépeignent le réel et tentent de cerner le processus de création et son impact sur la vie. Pour cette exposition, les deux artistes ont conçu un parcours qui se décline en cinq chapitres, de la pensée à la métaphysique. Ce cheminement permet la découverte de leurs œuvres respectives, prenant le contre-pied de la présentation classique de la peinture et de la sculpture, tout en permettant une lecture du processus de création artistique et de la réflexion qu’il suscite. Un événement à voir à la Centrale Electrique du 3 septembre 2020 au 17 janvier 2021. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.centrale.brussels Place Sainte-Catherine 44 à1000 Bruxelles
EXPOSITION : MAX KESTELOOT Depuis plus de dix ans, Max Kesteloot, qui vit et travaille à Ostende, capture ses observations sur photo. Au cours de promenades ou de voyages, il se concentre principalement sur son contexte urbain environnant, constitué d’éléments architecturaux souvent banals. Ses images sont dépourvues de personnes et ne se réfèrent qu’indirectement à une présence ou une action potentielle. Le travail de Kesteloot semble porter sur la façon dont nous absorbons notre environnement, et comment cela se traduit par des impressions fragmentées et des souvenirs associés. Avec la présente exposition, les visiteurs peuvent entendre une voix constante qui se réfère à des lieux qui ont été photographiés par l’artiste, puis utilisés comme source pour réaliser des œuvres visuelles. Pour les spectateurs, il est impossible de savoir quel texte appartient à quelle image, mais c’est exactement ce qui rend intéressant l’exploration de l’œuvre. Un événement à voir à la Centrale Electrique du 3 septembre au 8 novembre 2020.Voyez tous les détails pratiques sur le site www.centrale.brussels Place Sainte-Catherine 44 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : MASCULINITIES De la « grande renonciation masculine » de la fin du XVIIIe siècle à la mode androgyne d’aujourd’hui, pour la première fois en Belgique, un musée de mode consacre une exposition à la garde-robe de l’homme ! À travers des pièces de Raf Simons, Walter Van Beirendonck, Namacheko, Mosaert, Xavier Delcour ou Vêtements pour les Belges, Off-White, Jean Paul Gaultier, John Stephen, Giorgio Armani, Comme des Garçons ou Westwood & Mc Laren pour les internationaux, cette exposition célèbre la créativité, l’inventivité et le talent des designers contemporains. Elle explore également la façon dont l’évolution de la mode masculine reflète et encourage l’évolution de la notion de masculinité ou plutôt de masculinités ! Un événement à découvrir au Musée de la Mode et de la Dentelle jusqu’au 13 juin 2021. Veuillez trouvez les informations utiles sur le site officiel www.fashionandlacemuseum.brussels Rue de la Violette, 12 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : KURT LEWY Peintre, émailleur et illustrateur, Kurt Lewy (1898 – 1963) est né à Essen (Allemagne), où il enseigne les techniques graphiques à la Folkwang Schule de 1929 à 1933. Dès l’avènement du nazisme, cet artiste juif est destitué de ses fonctions. Deux ans plus tard, il fuit l’Allemagne hitlérienne pour s’installer à Bruxelles. Incarcéré comme sujet ennemi par les autorités belges en mai 1940, Kurt Lewy est interné dans les camps de Saint-Cyprien et de Gurs. En 1942, il parvient à s’évader et revient à Bruxelles, où il se cache durant une vingtaine de mois. En juin 1944, il est arrêté par les nazis, qui l’internent à Malines jusqu’à la Libération. Après la Seconde Guerre mondiale, Kurt Lewy renonce aux thèmes figuratifs qui guidaient jusqu’alors sa production, marquée à ses débuts par l’expressionnisme allemand. Il se tourne vers l’abstraction, qu’il explorera jusqu’à son décès. Soucieuse d’« éliminer le superflu, l’éphémère, le chaotique », sa recherche géométrique le dégage des angoisses que lui avaient causés le cauchemar de la guerre comme son isolement d’émigré. S’appuyant sur les collections du Musée Juif de Belgique, mais aussi sur des œuvres de la galerie anversoise Callewaert-Vanlangendonck, cette exposition sort de l’ombre une figure incontournable, mais aujourd’hui tombée dans l’oubli, de la peinture belge d’après-guerre. S’y révèle une œuvre qui, saisissant précipité de l’évolution dès l’histoire de l’art au 20e siècle, montre un chemin qui part de la figuration pour aboutir à l’abstraction. Une exposition à découvrir au Musée Juif de Belgique du 11 septembre 2020 au 7 février 2021. Davantage d’informations sur le site www.mjb-jmb.org Rue des Minimes, 21 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : JUANJO GUARNIDO Connu pour sa remarquable série Blacksad, Juanjo Guarnido est un auteur dont le talent a vite traversé les frontières. Né en Espagne en 1967, il est depuis toujours féru de dessin. Après des études aux Beaux-Arts de Grenade et de nombreuses collaborations dans les fanzines, il travaille pour des séries télé à Madrid puis rejoint l’équipe des studios Walt Disney de Montreuil. Avec Juan Diaz Canales comme scénariste, il crée son premier album « Quelque part entre les ombres » (Dargaud, 2000) et entraîne le lecteur au cœur de l’Amérique des années 50 et des enquêtes du détective privé John Blacksad. Cette série animalière compte à ce jour cinq volumes traduits en plusieurs langues et de nombreux aficionados. Guarnido excelle dans ses dessins à l’aquarelle et la création d’ambiances. Que ce soit dans la noirceur de ruelles sombres ou sous la lumière éclatante de la Nouvelle-Orléans, le pinceau du maestro fait merveille. Il dessine également Sorcelleries (Dargaud), les aventures d’une fée au pays de sorcières écrites par Teresa Valero. Avec Alain Ayroles au scénario, il se consacre à un nouvel album, Les Indes Fourbes (Delcourt), qui fait revivre le Siècle d’Or espagnol et le Nouveau monde. Des premiers crayonnés aux planches finales, l’exposition permettra de découvrir l’univers fascinant d’un auteur contemporain majeur ! Une exposition à voir jusqu’au 8 novembre 2020 au Centre belge de la bande dessinée. Plus de détails sur le site www.cbbd.be Rue des sables, 20 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : DU CŒUR AU VENTRE Art et marges musée présente les œuvres de créateurs qui sortent un peu de l’ordinaire. L’art en marge ou art outsider (on peut aussi parler d’art brut), c’est l’art qui est réalisé dans des contextes où on ne l’attend pas. Résidents dans une institution pour personnes handicapées mentales, patients en psychiatrie ou bien autodidactes, ces inventeurs et créateurs n’ont pas tous conscience d’être des artistes et ils restent souvent à la marge du circuit traditionnel de l’art. Sans formation artistique, pour la plupart, ils créent alors des formes d’art qui ne correspondent pas aux normes académiques. Ces artistes hors du commun expriment chacun un univers propre à travers des techniques et des supports très variés : stylo-bille, plastique, dessin, assemblages, broderie, sculpture, peinture, etc. Tous les trois mois, le musée présente une nouvelle exposition. La découverte de formes artistiques d’une grande spontanéité fait prendre conscience de son propre potentiel artistique. Ces œuvres hors du commun encouragent les enfants et adolescents à inventer, à créer et non pas restituer et copier. Ils sont invités à exprimer leur personnalité. La visite sensibilise l’enfant et l’adolescent à la différence et à la non-conformité par la spécificité des artistes présentés. Les rencontres et les dialogues qui s’établissent entre eux et l’art en marge permettent une véritable ouverture d’esprit et une prise de conscience de soi et des autres avec toutes les particularités qui peuvent exister. Par le biais du questionnement et de l’expérimentation créative, ils apprennent à regarder simplement et à avoir confiance dans leurs observations. Enfin, la visite fait du musée un espace de découvertes ludiques, curieuses et passionnantes. L’exposition en cours et intitulée « Cœur au ventre » donne le ton. On y découvre une série d’objets collectionnés avec amour par des passionnés, tout en pénétrant sur la pointe des pieds dans leur intimité. Une exposition à voir jusqu’au 11 octobre 2020. Plus de détails sur le site www.artetmarges.be Rue Haute, 314 à 1000 Bruxelles
EXPOSITION : ALEP – VOYAGE AU CŒUR DE 5.000 ANS D’HISTOIRE La Fondation Boghossian inaugure une exposition immersive et numérique consacrée à la Alep, la cité millénaire. Depuis 2012, la guerre civile syrienne ravage la ville d’Alep. Bombardements et combats au sol firent payer un lourd tribut à la population civile, mais également au patrimoine. On estime à plusieurs centaines le nombre d’édifices historiques endommagés ou détruits. Aujourd’hui encore il est difficile de répertorier ce qui a été perdu dans ces destructions et ce qui peut être sauvé. Grâce à plusieurs missions de terrain en 2017, les équipes d’Iconem, spécialisées dans la numérisation du patrimoine menacé, sont parvenues à établir des modèles 3D de plusieurs monuments majeurs de la vieille ville d’Alep. Ce travail, en plus de sauvegarder virtuellement ce patrimoine et d’en permettre l’analyse à distance, rend accessible au grand public les vestiges martyrs de l’architecture syrienne. Plongé dans une lente déambulation au sein des modèles 3D des principaux monuments d’Alep, le visiteur est confronté tour à tour à la dureté des dommages infligés au cœur historique de la ville et à la beauté des portions intactes de ces monuments. Une exposition à découvrir du mardi au dimanche de 11 à 18 heures jusqu’au 31 janvier 2021à la Fondation Boghossian. Plus de détails sur le site www.villaempain.com Avenue Franklin Roosevelt, 67 à 1050 Bruxelles
EXPOSITION : RISQUONS-TOUT Risquons-tout se veut une démarche ambitieuse qui explore le potentiel de la transgression, du risque et de l’imprévisible. À travers une exposition, des performances et une Open School, le Wiels se penche sur la manière dont l’art peut défier l’homogénéisation de la pensée. Cette manifestation présente certains des artistes et auteurs les plus innovants et influents de la région de l’Eurocore, qui s’étend de Bruxelles, à Amsterdam, sans omettre Paris, Cologne, Düsseldorf et Londres. Le titre de l'exposition fait référence à un lieu-dit situé à la frontière franco-belge, un espace de transition, de passages, d’échanges informels et de contrebande. Les créateurs invités abordent différentes dynamiques de connections, de passages, de traduction et de transgression. Ils éclatent ainsi les bulles protectrices générées par les algorithmes de prédiction, ces outils conçus pour éviter le risque. Et ce, qu’il soit d’ordre intellectuel, financier, affectif ou physique. La portée géographique et politique de l’exposition aborde la connectivité globale, la circulation transnationale et les mouvements de diasporas existants aujourd’hui. Risquons-tout occupe l’entièreté des salles d’exposition du bâtiment avec les œuvres de Ed Atkins, Neïl Beloufa, Manon de Boer & Latifa Laâbissi, Peter Buggenhout, CATPC / Irene Kanga, Julien Creuzet, Shezad Dawood, Jean D.L., Lise Duclaux, Esther Ferrer, Jef Geys, Manuel Graf, Kati Heck, Lubaina Himid & Magda Stawarska-Beavan, Heide Hinrichs, Isaac Julien, Melike Kara, Anne-Mie Van Kerckhoven, Suchan Kinoshita, Tarek Lakhrissi, Ghislaine Leung, Bernd Lohaus, Christian Nyampeta, Sophie Nys, Lydia Ourahmane & Alex Ayed, Panamarenko, Laure Prouvost, Sina Seifee, Philippe Van Snick, Mounira Al Solh, Monika Stricker, Sturtevant, Joëlle Tuerlinckx, Nora Turato et Evelyn Taocheng Wang. reconnus ou émergents, pour aborder les questions de la transgression, de l’imprévisibilité et des frontières à travers des méthodes alternatives de transmission du savoir. Un événement à découvrir jusqu’au 10 janvier 2021 au Wiels. Plus de renseignements sur le site www.wiels.be Avenue Van Volxem, 354 à 1050 Bruxelles
CINÉMA : UN PAYS QUI SE TIENT SAGE Documentaire de David Dufresne. Image d’Edmond Carrère. Montage de Florent Mangeot. France 2020, 1 h 26. Sortie le 7 octobre. Résumé du film – Depuis novembre 2018, les Gilets jaunes manifestent les samedis au croisement des routes et dans les grandes villes de France. Ils protestent contre l’augmentation des prix du carburant suite à la hausse de la taxe sur les produits énergétiques. Leur action a atteint un paroxysme à Paris, sur l’avenue des Champs-Élysées, où leurs débordements à l’Étoile ont été sauvagement réprimés par la police. La réponse du gouvernement, avec l’abandon de cette hausse et la réindexation des petites retraites, n’a pas mis fin au mouvement qui s’est poursuivi en France jusqu’au confinement en 2020. Commentaire – On suit leur guérilla urbaine à travers le documentaire fouillé de David Dufresne, écrivain, journaliste et réalisateur français plusieurs fois récompensé. L’homme reste fidèle à ses engagements de jeunesse en dénonçant la violence policière et les « dérives » du maintien de l’ordre exercé contre les Gilets jaunes. On voit, dans le feu des échanges, dans les grenades qui explosent et les yeux arrachés, comment les manifestants sont arrêtés, jetés à terre et tabassés. On voit des hommes et des femmes roués de coups de matraque, alors qu’ils sont allongés sur le sol et bien incapables de se défendre contre leurs assaillants. Un policier furieux poursuit une femme qui lui fait la morale, en lui disant « Je m’en bats les couilles ». C’est tout dire de son niveau d’éducation, sinon de son sens civique, ce qui semble être le cas des escouades de C.R.S. lancées aux trousses des manifestants qu’elles tentent de faire taire, voire de décimer. Bilan du maintien de l’ordre : 11 morts, 27 éborgnés, 5 mains arrachées, plus de 4 000 blessés et 12 000 interpellations, dont 3 000 condamnations et 400 peines de prison ferme. Comment en est-on arrivé là ? Au fil de son enquête, le réalisateur fait parler des historiens, des sociologues, des journalistes, des professeurs, des avocats, des magistrats, les manifestants eux-mêmes et un représentant de la police, un seul, les autres ayant été muselés par leur hiérarchie qui ne veut pas entrer dans le débat. Il est vrai que les armes utilisées par la police – les balles en caoutchouc des flash-balls et les grenades de désencerclement – posent des questions sur leur légitimité à l’ONU et au Conseil de l’Europe. En France, la police nationale protège un Etat fort qui tolère les manifestations jusqu’à un certain point. Au-delà, on y va avec la matraque, comme dans les dictatures. Manifester, oui, mais dans le calme, avec des calicots et en respectant la rue. C’est un documentaire à charge, qui montre le côté favorable des Gilets jaunes sans voir les casseurs qui infiltrent le mouvement. Et même sur ce pont où un policier est mis groggy par un boxeur, on se dit que le représentant de l’ordre ne l’a pas volé. Qu’il a mérité la leçon, même si l’on sait que le boxeur sera arrêté dans les jours qui suivront. Il manque donc le contre-point pour se faire une opinion. Il n’empêche que les policiers ont toujours beau jeu de se cacher sous leur visière et leur bouclier pour défendre les signes extérieurs de la richesse : les voitures incendiées, les distributeurs éventrés, le Fouquet’s pris d’assaut par des manifestants qui, apparemment, n’ont plus grand-chose à y perdre. Avis – Un documentaire à charge contre la police qui tente de réprimer le mouvement des Gilets jaunes et qui passe les rues au karcher. Comme les cités à l’époque de Nicolas Sarkozy. L’on en sort retourné, sinon épouvanté par l’image des forces de l’ordre. CQFD. Michel Lequeux
CINÉMA : YALDA, LA NUIT DU PARDON Drame de Massoud Bakhshi, avec Sadaf Asgari, Behnaz Jafari et Babak Karimi. Coproduction Iran-Luxembourg-Allemagne-Suisse 2019, 1 h 29. Sortie le 14 octobre. Résumé du film – Iran, de nos jours. Maryam, 22 ans, est accusée du meurtre de son mari Nasser, 65 ans, qui l’a épousée « à l’essai » après le départ de sa femme. Un enfant mortné en est issu, fruit d’une violente dispute entre eux. Il suffirait, pour la sauver de la pendaison, que Mona, la fille de Nasser, renonce à la loi du talion et qu’elle pardonne Maryam en direct, devant des millions de spectateurs, lors d’une émission de téléréalité intitulée « La nuit du pardon ». Commentaire – Cette émission, fondée sur l’écoute et le pardon en direct, existe en Iran depuis une dizaine d’années. Elle indique une société en voie de libéralisation. Messoud Bakhshi, réalisateur d’Une famille respectable sortie en Europe en 2012, s’en est inspiré pour créer ce drame qui se déroule devant le public à partir d’un studio de télévision. Il a reconstitué la vie ou la mort en direct d’une personne dont s’empare le show télévisé intitulé « Le plaisir du pardon ». Mona Zia pardonnera-t-elle à celle qui fut sa meilleure amie et qui a causé la mort de son père ? De sa décision finale dépend la tête de l’accusée qui sera pendue si Mona exerce la loi du talion inscrite dans la charia iranienne. Yalda, la fête du pardon, est une fête zoroastrienne qui marque le début de l’hiver, la nuit la plus longue de l’année. Les familles récitent des poèmes de Hafez, un des piliers de la culture persane, bien attesté dans l’émission. Messoud Bakhshi vient du cinéma documentaire. S’il s’est inspiré du folklore persan et d’une émission qui existe, c’est que lui-même a eu des ennuis dans son pays à la suite de la diffusion de son premier film en Europe, alors qu’Une famille respectable n’était pas sortie en Iran. On l’a menacé de mort dans les journaux et il en a conçu l’histoire de cette femme condamnée à mort pour le meurtre de son mari qu’elle n’a pas commis. « J’y ai décrit tous les éléments depuis leur rencontre, le mariage temporaire, les conflits avec le mari et la famille du mari, et principalement la hargne de la fille à l’égard de l’épouse. » Mona Zia, la fille, est incarnée par Behmaz Jafari, une actrice vedette en Iran, qui défend l’héritage de son père menacé par sa belle-sœur « à l’essai ». Celle-ci est interprétée par la jeune Sadaf Asgari qui a fréquenté les prisons iraniennes pour approfondir son rôle de femme injustement condamnée. Peut-être d’ailleurs qu’elle en remet une couche pour faire couler les larmes sur sa personne, mais c’est le côté oriental de ce drame à rebondissement filmé dans un studio de télévision. Le film a été tourné à la périphérie de Téhéran, dans un ancien théâtre reconverti en plateau de télévision, régie incluse. On voit à la fin, lorsque les lumières se rallument, les sièges rouges de l’immense salle. L’équipe de tournage était mixte, composée de techniciens iraniens et européens. « Nous avons souvent tourné de nuit, ajoute le réalisateur. Il s’agissait de conserver la cohérence temporelle de l’action, la continuité de l’espace clos pour donner l’impression que l’histoire se déroule dans le temps réel de l’action. » Babak Karimi, qui interprète le producteur de l’émission, travaille en Italie. Les images de Julian Atanassov nous font sentir les tensions en jeu. Avis – Un film iranien qui nous plonge dans la loi de la charia, avec la promesse d’un pardon au bout du compte. Entre la fiction et le documentaire, dans une société qui se mobilise contre la dureté des lois religieuses. Très bien interprété par les deux actrices. Michel Lequeux
GAETAN FAUCER - INTERVIEW Au Carpe Diem (Avenue de Tervueren, 13 à 1040 Etterbeek, face à la station de métro Mérode), à raison d'un mercredi soir par mois, Gaëtan Faucer (dramaturge, aphoriste, nouvelliste, poète...) raconte ... Rencontre avec un homme passionné et donc passionnant. - Bonjour Gaëtan, alors, dis-moi... un mercredi soir (19 heures) par mois, tu racontes l'histoire d'une personnalité au Carpe Diem, peux-tu nous expliquer quand et comment cela a commencé ? - Oui, bien sûr ! Le plus simplement du monde. Je connaissais la coordinatrice du lieu (Chantyne), on a bavardé et bu un verre... le reste a suivi. Elle souhaitait un rendezvous littéraire mensuel, ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ! Cela fait bientôt quatre saisons que j'anime une fois par mois les "Gaëtan Faucer raconte..." et je ne m'en lasse absolument pas ! J'ai une totale liberté, ce qui est rare dans cet exercice. Merci à Chantyne pour sa confiance. - J'imagine que tu ne peux parler que de gens que tu admires... - Oui et non. On va dire que je joue le jeu ! Il est bon de parler aussi des gens qui ne sont pas dans "mon univers", cela me permet de découvrir quelqu'un que je pensais ne pas aimer ! J'ai eu de bonnes surprises. Sinon, bien entendu, j'aime présenter un personnage que j'admire. C'est divinement plaisant. Et, je l'avoue, c'est également plus facile pour moi. Venant du monde théâtral, c'est sûr que je suis plus à l'aise pour présenter un dramaturge... Mais j'aime aller au-delà des facilités. Ensuite, il y a des périodes que j'aime beaucoup, comme le 19ème siècle ou la fin de celui-ci, comme la Belle Epoque. J'invite souvent le public à me suggérer des personnalités pour les présentations ultérieures. Ce qui implique inéluctablement des choix très divergents. -Ton choix est donc très éclectique, dis-nous... - Etant curieux de nature, j'aime plusieurs genres. Du classique au contemporain. Cela peut aller de Molière à Oscar Wilde ou de Feydeau à Sacha Guitry. Ma palette est large. J'ai cependant une règle (je me la suis moi-même imposée !), je ne présente que des personnalités décédées. Petite liste, non exhaustive, des présentations : Oscar Wilde, Jean Cocteau, Victor Hugo, Jules Verne, Shakespeare, Camille Claudel, Le Marquis de Sade, Chaplin, Orson Welles, Coluche, Sacha Guitry... Je suppose que tu ne te contentes pas de glaner tes infos sur Wikipédia ... - Non, je m'en sers uniquement pour les bibliographies et les dates. Le reste des infos est issu de ma propre bibliothèque. Elle est bien fournie... Je lis énormément de biographies et des correspondances. On en apprend énormément. -Y aurait-il une anecdote particulière survenue lors de l'une de tes présentations que tu pourrais nous raconter ? - Oui, évidemment... J'en ai même deux !... Etant allergique au sésame, j'ai fait la bêtise de manger, juste avant une séance, un sandwich... qui contenait du sésame ! J'ai dû assurer la présentation... On y a vu que du feu ! Mais moi, c'était un feu de campagne (j'ai d'ailleurs toujours des antihistaminiques sur moi !). Une autre fois, j'avais oublié toutes mes notes (je ne dirais pas pour qui), j'ai présenté la soirée sans filet ! Un calvaire. Là encore, on n'a rien vu ! -Le meilleur moyen de se tenir au courant des dates de tes présentations ? - Excellente idée, en effet ! Il y en a plusieurs : Par ma page facebook ou via la page Secrets de Polichinelle, toujours via facebook. Ce sont les moyens les plus efficaces. Propos recueillis par Alain Magerotte
BON ANNIVERSAIRE HENRI VERNES ! Charles-Henri Dewisme dit Jacques Colombo, dit Robert Davids, dit Pat Richmond, dit Ray Stevens et j'en passe... mais surtout Charles-Henri Dewisme dit Henri Vernes a rejoint le club toujours très fermé (même si les progrès de la science permettent de vivre plus longtemps) des centenaires et cela depuis le 16 octobre 2018. Henri Vernes est le père de Bob Morane, un français au visage osseux, aux cheveux coupés en brosse, aux yeux gris et à la carrure athlétique. Héros de la bataille d'Angleterre, pilote de "Spitfire" et ancien "flying commander" (un grade imaginaire) de la R.A.F., Robert Morane dit Bob habite dans un appartement du Quai Voltaire à Paris. Il est toujours flanqué de son inséparable compagnon, Bill Ballantine, un géant écossais aux poings comme des têtes d'enfant et grand amateur de whisky, mais pas n'importe lequel, du Zat 77 ! Durant les années 50/60, Henri Vernes, auteur prolifique s'il en est, fonctionne au rythme de 6 romans par an ! Au total, on retrouve Bob Morane dans pas moins de 225 romans, sans compter les nouvelles ou autres bandes dessinées consacrées à ce héros des temps modernes. La télévision s'empare du phénomène et porte les aventures de Bob Morane à l'écran (1965/1966). Certaines histoires sont adaptées des romans, d'autres sont inédites; l'acteur français Claude Titre joue le rôle du fringant Bob et Billy Kearns campe un très crédible Bill Ballantine. Joli succès sur tous les plans pour une aventure qui a commencé en décembre 1953 avec la toute première aventure de Bob Morane ("La vallée infernale") publiée par l'éditeur verviétois André Gérard dans la collection Marabout Junior. Au fil des romans, des personnages reviennent régulièrement. Notamment des "méchants". Le plus récurrent d'entre eux est le terrible Monsieur Ming dit "L'Ombre jaune" et sa délicieuse nièce, Tania Orloff, le grand amour romantique de Bob Morane, ce qui fait d'eux une sorte de couple à la "Roméo et Juliette" à jamais séparé par l'oncle de celle-ci auquel tous deux sont opposés, mais que la nièce respecte. A la fin de chaque roman, la collection Marabout Junior annonçait le prochain "Bob Morane" attendu par les nombreux amateurs qui avaient du mal à calmer leur impatience. Des aventures passionnantes qui permettaient de faire le tour du monde à plusieurs reprises... bien calé dans son fauteuil ! Grand amateur de fantastique, ce genre m'avait déjà titillé à travers deux histoires de Bob Morane. Aussi, je ne résiste pas au plaisir de vous les présenter en quelques lignes : "L'Ennemi Invisible" (36ème roman, 1959, N°54, Marabout Junior) : Un peu partout à Paris, d'énigmatiques cambrioleurs dévalisent des grandes bijouteries, pénétrant dans les chambres fortes sans que l'on puisse savoir comment, un peu comme s'ils passaient à travers les murailles blindées à la façon de purs esprits. Toutes les possibilités sont envisagées, mais en vain : l'Ennemi Invisible garde son mystère. Jusqu'au jour où Bob Morane rencontre l'étrange professeur Mars, un savant en apparence inoffensif et dont la principale passion est de collectionner les soldats de plomb, mais qui possède peut-être aussi le secret des Invisibles. Le professeur Mars a plus d'un mauvais tour dans la tête et Bob Morane s'en apercevra à ses dépens. Souvent, il se sentira "bien petit" devant le savant. Dans ce récit, la science deviendra l'adversaire numéro un de notre héros, qui se verra forcé d'évoluer dans un monde hors de la mesure humaine. "Le Dragon des Fenstone" (49ème roman, 1962, N° 202, Marabout Junior) : Un dragon multi-centenaire qui passe le temps à jouer de la flûte et à dévorer les descendants d'un certain Izwall Fenstone... voilà qui devrait intriguer Bob Morane et son inséparable Bill Ballantine. Nos deux paladins des temps modernes se changeront en détectives pour protéger Lord Fenstone et son épouse établis aux USA. Cette aventure policière leur réservera bien des surprises car "il y a dragon et dragon..." Merci mille fois Monsieur Henri Vernes de m'avoir donné le goût de la lecture à travers les aventures de votre héros... de notre héros ! Je vous souhaite encore un très joyeux anniversaire ! Alain Magerotte
DIEU AIME LES ROUSSES L’ombre d’Agatha Christie plane sur ce roman qui se décline autant comme une étude de mœurs que comme un thriller serré. Les apparences sont souvent trompeuses et gare à celui qui s’y fie aveuglément ! Au domaine de Paradou, fiché sur une falaise normande, les d’Hocquelus vivent une existence sereine et cultivent avec bonheur un art de vivre qui conjugue nature et goût du beau. Pour aller toujours plus loin dans leur démarche esthétique, ils ont décidé d’adopter trois gamines rousses comme les journées d’automne et d’en faire leurs trophées. Morag, Felicity et Bonnie ressemblent à s’y méprendre à certains portraits réalisés par les Préraphaélites. Pour ne jamais demeurer en reste, le couple adore convier des artistes à sa table. Cette félicité semble parfaite, jusqu’au jour où un célèbre peintre meurt dans leur propriété. Tous les signes font croire à un décès violent. L’inspecteur chargé de l’enquête se met à suspecter tout le monde. Très vite, la disparation de Morag et de Jiddu, l’indien, donnent un nouveau tour à cette affaire. Les spéculations vont bon train et les alibis s’exhibent. Pour progressant dans ses investigations, le policier ne manque pas de déterrer des secrets de famille, jamais bons à exhumer. Martine Marie Muller reconstitue avec brio une atmosphère délétère et revient également sur les atermoiements inquiétants qui règnent dans un monde aussi clos que les caves d’un musée. Ambiance ! Ed. Presses de la Cité -586 pages Daniel Bastié
DES BAISERS PARFUM TABAC Dana Lynn Yarboro est le fruit d’une relation illicite. Elle vit avec sa mère et ne voit son père que de temps à autre. Lui qui mène une vie officielle auprès de son épouse officielle et de sa fille légitime. A travers l’histoire d’une jeune fille d’Atlanta, Tayari Jones raconte une existence remplie de colère, de jalousie, d’amertume, mais surtout de besoin de reconnaissance. On songe à tous ces gosses demeurés dans l’ombre. Pour apporter de la densité à son récit, elle oppose le récit de la demi-sœur de l’héroïne qui grandit dans la chaleur d’un foyer « aimant » et qui ignore qu’une autre attend la venue d’un papa trop absent et dont elle ne portera jamais le patronyme. Si la rage est omniprésente, il y a aussi beaucoup d’humanité qui émane de ces pages rédigées avec la vigueur d’une confession. Ici, pas de gagnants ou d’épilogue qui remet les pions en ordre sur l’échiquier des passions. Par contre, l’autrice a réussi à tendre la main à toutes celles et à tous ceux qui vivent pareille situation, en se faisant leur témoin. S’il s’agit bien d’un roman qui parle de détresse, il traite avant tout de reconnaissance, d’amour à recevoir et à partager. En filigrane, on découvre la situation des afro-américains dans une société qui leur a trop souvent nié des droits égaux à ceux des blancs. Ed. Presses de la Cité – 348 pages Paul Huet
UNE FEMME JUSTE Le passé recèle parfois des secrets qu’il convient d’exhumer. Aujourd’hui à la retraite, Blanche se trouve confrontée à Pauline, jeune femme à la dérive, qui souffre de ne rien connaître de l’histoire de sa mère qui vient de mourir. Blanche sait qui était Hélène, la défunte. Par compassion, elle accepte de venir en aide à la fille de cette dernière et, à deux, d’entamer un pèlerinage qui les plonge plusieurs décennies en arrière. A l’époque, Blanche a sauvé une petite orpheline juive des mains des nazis, en la cachant, puis en lui permettant de s’exfiltrer, en compagnie d’autres enfants, dans la Creuze. Bien sûr, au prix de mille dangers. Jean-Guy Soumy nous parle de résilience, de réconciliation avec soi-même et d’amitié. Jamais, on n’enterre son vécu et en réveiller certaines bribes revient à provoquer un chamboulement plus ou moins important. Pauline parviendra-t-elle à se réconcilier avec l’absente ? Quant à Blanche, elle se trouvera confrontée au souvenir d’une passion secrète. Autant qu’un roman, il s’agit ici d’un récit qui parle de l’importance du rôle joué par la mémoire et qui souligne le courage de certains citoyens qui ont contribué à devenir des Justes parmi les nations, en plaçant leur idéal ou leur courage au-dessus des dangers encourus pour sauver des êtres condamnés à une mort certaine. Un périple qui alterne deux époques et qui se targue d’un message fort, sans jamais appuyer sur l’accélérateur des sentiments ni en faire des tonnes. Ed. Presses de la Cité – 315 pages Daniel Bastié
DE SOIE ET DE CENDRES Le monde de la filature textile est ici mis en avant par la plume de Mireille Pluchard. Depuis la révolution industrielle, le métier a été modifié grâce à l’apparition de machines de plus en plus performantes. En 1926, Auguste-César Roustan des Fontanilles ne sait plus à quel saint se vouer, puisqu’il peine à trouver un successeur à l’entreprise familiale baptisée La Bâtie Neuve. Un drame ! Il a consacré son existence à pérenniser un savoir-faire et craint de remettre les clés à un incapable ou à un jean-foutre. Parmi ses héritiers, aucun ne possède suffisamment de volonté ou de caractère pour tenir les rênes de ce qu’il considère comme étant son joyau. Il finit toutefois par jeter son dévolu sur Félicienne qui a grandi à l’ombre du temple de la soie et qu’il désigne par testament pour lui succéder. Une décision irrévocable et qui provoque la stupeur des siens. Face aux envieux, la jeune femme devra doubler de ténacité afin de s’imposer dans un monde masculin et prouver de quoi elle est vraiment capable. Rien ne lui sera épargné, mais rien n’entravera non plus sa détermination. A son accoutumée, Mireille Pluchard signe une fresque haute en couleur qui s’attarde sur une profession particulière et nous décrit les caractères humains dans ce qu’ils peuvent posséder de plus extrêmes. En parallèle, l’autrice propose une jolie description de l’entre-deux-guerres, avec des personnalités fortes et un quotidien assez éloigné du nôtre. Ed. Presses de la Cité – 642 pages Amélie Collard
LA MESSAGÈRE DE L’OMBRE Stella est une jeune femme saisie dans la tourmente de la guerre. En 1943, les Allemands sont présents un peu partout en Europe et maintiennent leur férule sur les populations occupées. L’héroïne travaille comme traductrice à la kommandantur et doit faire bonne figure. Toutefois, la nuit, elle collabore à un réseau actif de résistance. Elle profite de son poste pour transmettre aux maquisards des informations stratégiques et en rédige un journal clandestin. Elle a conscience des risques qu’elle encourt. Alors que rien ne laisse présager le moindre espoir, elle tombe amoureuse d’un homme qui collabore avec l’ennemi. Qui estil ? Dans l’enfer des combats, peut-elle se fier à quelqu’un en espérant que les apparences soient trompeuses ? A mesure que leur relation se précise, les mâchoires d’un étau terrible se resserrent. Existe-t-il une issue pour ceux qui désirent bâtir un avenir commun et fonder une famille ? Mandy Robotham nous livre un roman déchirant, en se servant de l’Histoire pour faire progresser ses personnages. Entre pulsions et instincts de survie, patriotisme et résilience, elle propose un véritable feuilleton au féminin, tour à tour d’une rare violence et d’une incroyable émotion. Son récit nous rappelle une époque un peu oubliée. Il est vrai que le sang sèche vite dans la mémoire ! Ed. City - 382 pages Amélie Collard
LE JARDIN DES PAPILLONS Voilà un titre poétique qui augure bien des plaisirs ! Il s’agit plutôt d’un thriller glacé, dû à une plume réputée pour ses ouvrages noirs. Dot Hutchinson est une autrice américaine, qui a entamé une saga en s’inscrivant dans les pas des meilleurs écrivains du genre, sans les plagier et en adoptant un tempo personnel. Tout débute dans le magnifique jardin annoncé sur la première page de couverture. Le FBI y découvre une dizaine de corps. Des femmes avec le dos tatoué d’un motif en forme d’ailes de papillons. Le maître des lieux se révèle être un homme aussi délicat que cruel, sorte de despote qui règne sur sa propriété et toujours à la recherche de raffinements singuliers. Une rare rescapée est identifiée. Il s’agit de Maya, aussi mutique que bizarre. A mesure que les investigations progressent, l’énigme se renforce. Les enquêteurs ne savent pas encore à quel point ils sont occupés à s’enfoncer dans la noirceur de l’âme humaine. Les papillons symbolisent à la fois la possession, l’esthétique et la fragilité. Il s’agit d’un livre sorti aux Etats-Unis en 2017 et qui représente le premier tome d’une série attendue avec fébrilité par la communauté des fans. Que dire quand la peur et le désespoir deviennent aussi communs que le fait de respirer. Des pages à ne pas lire le soir, si on est angoissé ou seul dans une chambre sinistre ! Ed. City – 349 pages Daniel Bastié
FÊTE DE FAMILLE FATALE Se confronter à sa future-belle familiale peut représenter un exercice périlleux. De la voltige à haut risque ! Camille en fait l’expérience le jour où elle accepte de rencontrer les parents de Marc, son nouveau boy-friend. En amont, elle a tout pesé, afin d’éviter les faux pas : cours de bridge pour plaire à belle-maman et lecture de livres de philosophie pour impressionner beau-papa. Evidemment, des éléments grippent son joli plan, conçu tel du papier à musique. Lorsqu’elle sert une coupe de champagne à un vieil homme, ce dernier s’écroule, rattrapé par la Faucheuse. Grand instant de solitude et embarras non dissimulé ! Puis, que fait ici Catherine, l’ancienne petit-amie de Marc ? Fort vite, on passe de la chronique familiale au thriller façon Janet Evanovitch. S’il y a vraiment eu meurtre, autant ne pas servir de cible à l’assassin et ne pas se faire inculper pour homicide. A ce rythme-là, la jeune femme sent ses jambes se dérober. Que faire ? En priant tous les saints pour qu’ils lui viennent en aide, elle choisit de mener ses propres investigations. Juliette Sachs signe un délicieux cosy mystery à la française, enrobé par une love story qui plaira aux lectrices romantiques. « Fête de famille fatale » se caractérise enfin par un côté feuilleton télé pas déplaisant du tout ! Avis qui n’est pas péjoratif en soi ! Ed. City – 254 pages Sylvie Van Laere
MOTS CROISÉS Fanny Vandermeersch propose quatre tranches de vie au féminin. Quatre femmes vivent sans le savoir une situation analogue. D’âge et d’horizon différent, elles souffrent de solitude. Une situation qui pèse. Juliette vient d’achever la rédaction d’un roman qu’elle n’ose pas envoyer aux éditeurs, trop peu sûre d’elle. Madelaine, malgré ses quatre-vingt-deux ans, croit toujours au grand amour. Christina décide de prendre une colocataire pour distiller la morosité ambiante. Débarque donc Béatrice, jeune femme au passé houleux, mais lumineuse. Chacune à sa manière marche en quête de bonheur, pour lui tendre le bout des doigts et l’agripper lorsqu’il frappe à la porte. Les phrases sont simples et à la fois belles. Très vite, on se prend d’empathie pour ces personnages ordinaires qui pourraient être des proches : une sœur, une maman, une grand-mère, une amie ou une voisine. En choisissant la voie de la fluidité, l’autrice réussi à entrer dans les foyers sur la pointe des pieds, sans rien remuer et en se faisant discrète. La magie naît de tous les petits riens qui façonnent l’ordinaire, des petites phrases qu’on retient et des sentiments qui se dégagent sans appuyer. En se côtoyant, toutes quatre réalisent qu’elles ne sont plus abandonnées à leur sort et qu’elles peuvent miser sur le soutien des autres. De cette amitié naît de nouvelles opportunités et d’autres manières de mordre pleinement l’existence. Ed. City - 256 pages Sylvie Van Laere
SHERLOCK HOLMES – DÉTECTIVE DE L’ÉTRANGE Sherlock Holmes n’est certes pas le premier détective à user de ses aptitudes intellectuelles pour résoudre une énigme. Un demi-siècle avant Arthur Conan Doyle, Edgar Poe nous avait livré les enquêtes d’Auguste Dupin dans une trilogie désormais célèbre, premier policier moderne à l’incroyable perspicacité et à l’acuité hors-normes. Pourtant, Sherlock Holmes demeure l’emblème de l’enquêteur doué de pragmatisme et d’une sagacité faite pour dénouer les puzzles les plus abscons. Essayiste, romancier et professeur de philosophie, Xavier Mauméjean revient sur ce personnage atypique et atteste de l’unicité de ce protagoniste, confronté à des situations plus qu’étranges et qui, avec son ami Watson, ne regimbe devant aucun effort pour obtenir des résultats concrets, quitte à se déguiser ou à user de ruses. De la sorte, il en devient profondément humain, avec des défauts qui obligent parfois son père de plume à censurer certaines dérives. Bien entendu, ce personnage a influencé maints auteurs par la suite, au point de les amener à arpenter des districts tels que le fantastique et à passer d’un monde à l’autre. L’hésitation propre de l’investigateur ne porte pas forcément sur la nature des faits mais sur leur exposition. Avec une succession d’exemples, Xavier Mauméjean souligne l’influence du résident de Baker Street et prouve à quel point nos contemporains se sont familiarisés avec son patronyme, le hissant en véritable archétype. Il ressort de cet essai que Sherlock Holmes est bien un détective de l’étrange, puisqu’il investit des univers opaques avant de les réduire au familier, du moins à ce que le lecteur tient pour tel. Ed. Les Impressions Nouvelles – 124 pages Daniel Bastié
ADAPTATION ET BANDE DESSINÉE La bédé s’est parfois inspirée de romans classiques, puisant allègrement dans les bibliothèques. Une manière de faire qui a contribué à vulgariser certains ouvrages ou à donner le goût de la lecture aux plus jeunes. Comment résister face à une manne qui a fait ses preuves, en proposant des récits transmis de génération en génération et maintes fois adaptés pour le grand écran ou pour la télévision ? Il ne s’agit toutefois pas de se servir. Se pose d’emblée la question de la fidélité car, on le sait, toute transposition se veut réécriture, voire trahison. Durant de longues années, les esprits se sont mobilisés en fonction de ce double critère : critère technique et critère de qualité. Aujourd’hui, plus personne ne conteste le droit de transformer une prose en roman graphique, pourvu que les ayant-droits soient rémunérés. Richement illustré, cet essai fait le point sur cette tendance qui consiste à se réapproprier une œuvre antérieure et à la disséquer pour en faire un nouveau récit, avec le droit avéré de se distancier du modèle original. Toutefois, beaucoup de lecteurs concèdent que les meilleurs albums demeurent ceux qui ne s’éloignent pas du texte original, sans pour autant le restituer de manière servile. Il ressort également l’énorme difficulté à reproduire en cases le ton ou l’ambiance de descriptions nées sous la plume de grands auteurs. Enfin, la longueur d’un roman appelle forcément au résumé lorsqu’il s’agit de le vendre en quarante-huit ou en cinquante-huit pages. De nombreux exemples étayent les propos de , qui s’est lancé dans une étude rigoureuse de deux modes de récits aux nombreux points d’accointance. Assurément, il atteste que la bande dessinée ne doit jamais se substituer à la lecture traditionnelle, que l’adaptation ne doit jamais devenir un enjeu en soi et qu’elle doit rester le reflet d’un concept à poser sur une ligne chronologique, miroir d’une époque et de ses mœurs. Ed. Les Impressions Nouvelles – 226 pages Daniel Bastié
RACONTER LA MALADIE La maladie fait partie de la vie. Elle débarque sans crier gare. Parfois en lançant des signes qu’on ne prend pas toujours la peine d’interpréter. Quoi qu’il en soit, elle rythme le quotidien de femmes et d’hommes qui en souffrent ou dont le métier est d’en diminuer l’impact, afin de permettre aux patients de s’en libérer ou de l’atténuer. Toutefois, on le sait, il n’existe pas de panacée. La médecine a réalisé des progrès phénoménaux, mais bute contre des limites, malgré la recherche qui se déploie à une vitesse phénoménale et des efforts répétés. Cet ouvrage donne la parole à ceux qui affrontent chaque jour la maladie, en tentant de demeurer fidèle à leur sensibilité. Ici, il n’est pas question de transmettre un quelconque savoir ou de faire œuvre scientifique. En croisant récits et témoignages, les textes prennent une forme assez inédite, racontent et exposent du point de vue des patients, du corps médical et des accompagnants. L’idée semble être celle de valoriser l’expérience et d’en tirer des leçons pour amener le lecteur à trouver des pistes. D’une manière générale, ce livre interroge les enjeux liés au langage et au vécu d’une pathologie, de façon à les affronter avec davantage de sérénité et en connaissance de cause. Ed. Mardaga – 128 pages Sylvie Van Laere
LE FLE EN QUESTIONS FLE est l’acronyme de Français Langue Etrangère. Il s’agit concrètement des cours de français donnés à des apprenants non-francophones dans nos écoles, en suivant un modus operandi relativement strict. Cet ouvrage revient sur la manière d’enseigner le français à des étudiants allophones aux profils parfois fort différents. Dans cet ouvrage, des experts ouvrent des pistes et proposent des techniques pour mettre en avant une approche globale et dynamique du sujet. Pour ce faire, ils répondent à une cinquantaine de questions de manière précise en s’adressant aux professionnels de l’école, mais également en vulgarisant leur propos, afin d’être compris par les parents ou tous ceux qui gravitent en-dehors de la sphère de l’enseignement. Dans une société de plus en plus multiculturelle, dont le profil a été bouleversé par la mondialisation, il importe d’intégrer les migrants pour qu’ils deviennent autant de citoyens actifs dans leur pays d’accueil. Or, l’intégration passe inévitablement par l’apprentissage de la langue véhiculaire. Comment faire ? Quelle méthodologie mettre en œuvre ? De quelle façon motiver les élèves ? Voilà quelques questions débattues en cours de volume ! Ed. Mardaga – 254 pages Sylvie Van Laere
LA NUIT DU PREMIER JOUR Choisir sa vie est une voie qui, parfois, s’avère un long chemin semé d’embûches. Mariée à un homme qu’elle n’aime plus, Blanche s’ennuie dans un milieu bourgeois qui endigue ses projets. Malgré la présence de sa fille, elle rêve d’ailleurs, d’un autre avenir. Pourtant, financièrement, rien ne manque. Son mari fait partie des industriels les plus en vue de Lyon et sa réputation dépasse les frontières territoriales. Pourtant, en 1896, son cœur s’embrase pour Salim, un négociant fortuné de Damas. Sans prendre la peine de peser le pour et le contre, elle abandonne son quotidien et le suit en Syrie. Déracinement complet et exil qui font croire à ses proches qu’elle est morte. En Orient, elle se projette dans une nouvelle existence. Lorsque la guerre de 14 éclate, l’équilibre du monde devient la proie d’enjeux qui dépassent les entendements. L’empire ottoman réprime lourdement les velléités arabes de s’affranchir de sa férule, tandis que la douleur s’étend sur tous les continents, devancée par l’odeur de la poudre et du sang. Dans cette tourmente, Blanche songe à revoir sa fille. Theresa Révay nous emporte avec un récit pétri de passion et d’histoire, qui revient sur un des conflits majeurs de l’autre siècle et qui dresse le portrait d’une femme trop libre pour se laisser corseter par les règles sociales et l’autorité maritale de son époque. Sa documentation rigoureuse et son souffle romanesque font de « La nuit du premier jour » une fresque qu’on lit sans voir passer le temps et qu’on referme en soupirant de bonheur. Un roman vraiment addictif ! Ed. Albin Michel – 492 pages Daniel Bastié
MEURTRE À CAPE COD Décédée en janvier dernier, Mary Higgins Clark était une des reines du suspense, considérée par beaucoup comme l’égale d’Agatha Christie. Dès 1975, elle devient championne des librairies, avec des fictions qui se succèdent. Naturellement, le cinéma autant que la télévision s’emparent de ses ouvrages pour les adapter avec plus ou moins de brio et en faire des succès qui fidélisent les amateurs de thrillers. « Meurtre à Cape Covid » se veut un choix de dix nouvelles, dont trois inédites, et offre un aperçu de son style efficace. La période s’étale de l’année 1956 (post-polar) et s’échelonne jusqu’au milieu des années 2010. Le choix de présenter les récits par ordre chronologique offre l’avantage de voir évoluer son écriture et de préciser certains thèmes tels que la trahison, les rivalités familiales, les tensions amoureuses, l’orgueil et la cupidité. Bien qu’il s’agisse de récits courts, ils balisent son univers en permettant de voir mûrir une autrice qui, dès le départ, refusait de s’en laisser compter et possédait un talent qui ne demandait qu’à éclore pleinement. Pour l’anecdote, « La mort porte un masque de beauté », point d’orgue de ce volume, a été débuté en 1979 pour être achevé en 2015. Bien entendu, le plaisir de lire doit énormément à la traduction d’Anne Damour, sans lequel on ne pourrait que se référer à la version anglaise originale. Ed. Albin Michel – 325 pages Daniel Bastié
ÉVADÉES DU HAREM Voilà une histoire vraie narrée sous la forme d’un roman graphique estampillé Didier Quella-Guyot, Alain QuellaVilléger et Sara Colaone. Ce fait divers avait connu une aura extraordinaire en 1906 et ce par le truchement de la presse internationale. Année au cours de laquelle deux jeunes femmes, Zennour et Nouryé, avaient fui un harem pour conquérir la liberté en Occident ? Pour ce faire, elles avaient emprunté l’Orient-Express et avaient secrètement rejoint la France, terre de toutes les libertés et de toutes les promesses. Rigoureusement appuyée sur la biographie des héroïnes malgré elles, cette bédé en noir et blanc retrace toute une époque, revient sur la condition féminine et parle d’émancipation alors que personne n’osait évoquer ce thème dans les foyers autant que chez nos dirigeants. Cette même année, Pierre Loti venait de faire paraitre son best-seller « Les désenchantées », qui évoquait un sujet similaire. Un dossier pédagogique clôt cet album, avec des clichés des protagonistes et une présentation des rapports Orient-Occident remplis de contradictions et de contrastes. Ed. Steinkis – 128 pages Daniel Bastié
DR JAMES BARRY On a un peu oublié l’histoire du docteur James Barry (1789-1865), chirurgien militaire de l’armée britannique qui a servi en Inde et en Afrique du Sud. On sait que, à la fin de sa carrière, il a été nommé inspecteur général chargé des hôpitaux militaires. Toute sa vie, il a veillé à améliorer le sort de ses patients, en soignant particulièrement les soldats blessés au combat, sans omettre les indigènes. Il a été rapporté qu’il a été le premier à pratiquer une césarienne. Néanmoins, cette bédé s’intéresse principalement à sa vie privée. Une existence ponctuée par un gigantesque point d’interrogation puisque, semblerait-il, il serait né fille et aurait été élevé comme telle. On rapporte même son nom de baptême : Margaret Ann Bulckley. Assurément, cette enfance reste mal connue et demeure sujette à des spéculations. Il a fallu attendre le jour de sa mort pour que la presse révèle qui il était vraiment : une femme qui a gravi les échelons de la société en dissimulant sa vraie nature. Pour certains, James Barry fait partie des visages oubliés de l’Histoire. Isabelle Bauthian et Agnès Maupré reviennent sur ce destin peu ordinaire. Ed. Steinkis – 128 pages Daniel Bastié
RUMEURS, TU MEURS ! Les réseaux sociaux peuvent être vecteurs de gigantesques ravages ! Alice en fait la désagréable expérience après un baiser, qui engendre la jalousie de Lena, sa meilleure amie. Puis, sans qu’elle s’y attendre, un cataclysme se déverse sur son crâne. Les réseaux sociaux s’emballent et propagent une image d’elle dans laquelle elle refuse de se reconnaître. Pourtant, la vase se répand, la rumeur enfle et le mal envenime ses relations. Moqueries, mensonges et insultes se succèdent sur son portable. Elle tente de réagir, mais ne peut rien contre cette intrusion massive. La société entière paraît s’être liguée contre elle, avec des proches et des inconnus qui, brusquement, paraissent si bien connaître chaque ligne de sa vie, la deviner en profondeur. De quelle manière affirmer à tous qu’elle pas nulle, digne de vivre et capable de choses positives. Frank Andriat nous entraîne dans le monde cruel des ados, où certaines et certains se croient parfois tout permis, aidés par des technologies de pointe. Le harcèlement a toujours existé mais, aujourd’hui, il prend des proportions qui n’ont rien à voir avec ce qui se pratiquait autrefois. On règle certains différends en tapant sur le clavier de son ordi ou en envoyant des sms, en sachant parfaitement que l’intention est ici de nuire. Alice parviendra-t-elle à mettre un terme à la rumeur qui l’accable ? Un roman jeunesse à lire et à utiliser à l’école pour briser les tabous. Ed. Mijade – 254 pages Daniel Bastié
J’ARRÊTE QUAND JE VEUX ! L’addiction aux jeux vidéo est un fléau qui frappe une partie de notre jeunesse. Théo est fan de jeux en ligne et, comme beaucoup de gamins de son âge, il s’y adonne sans compter. S’il n’y avait la présence de ses parents ni l’obligation de se rendre à l’école, il resterait devant son écran jour et nuit. Pour lui, pas de problèmes, puisqu’il gère ! Un jour, il découvre un jeu particulièrement addictif. Sans le savoir, il met les pieds dans un engrenage qui, doucement, le coupe de son entourage, de sa vie sociale, au point d’en oublier ses amis et la jolie Yaëlle, ses devoirs, ses leçons et tout le reste. Nicolas Ancion se sert de chapitres courts et d’une narration à hauteur d’épaules pour raconter une histoire qui pourrait être vraie. Progressivement, il nous fait entrer dans l’univers virtuel de Théo, tant pour nous amener à réfléchir que pour conter de quelle manière on s’enlise sans en prendre conscience. L’énigme demeure celle-ci : Théo trouvera-t-il suffisamment de ressources pour décrocher et retrouver les siens ? Sans déflorer l’intrigue, on peut répondre oui. Ed. Mijade – 214 pages Daniel Bastié
M, L’ENFANT DU SIÈCLE Né d’un forgeron et d’une institutrice, Benito Mussolini a connu une enfance bercée par les idées anarchistes de son père. Influencé par sa famille, il s’est lié avec le militantisme socialiste. Afin de fuir l’armée, il s’est réfugié en Suisse, où il a été arrêté pour vagabondage. Fort vite, il s’est impliqué en politique et dans le journalisme. Il a rédigé plusieurs ouvrages pamphlétaires. De retour en Italie, il a finalement accepté d’effectuer son service militaire, afin d’être rétabli dans ses droits civiques. De plus en plus actif au sein du mouvement socialiste, il y a gravi les échelons avec l’aval des membres du parti. Puis, dégoûté par la tournure que prenaient les affaires, il s’est rallié à la droite extrême. Dès l’année 1925, il a accédé aux pleins pouvoirs et a établi une dictature fasciste. Par décrets, il a revu les normes d’hygiène, a imposé des exercices physiques pour tous, a centré les réformes sur le peuple italien et a rêvé de grandeur nationale, en se lançant dans des conquêtes territoriales, avec l’agression en règle de la Lybie. Bien entendu, directement, il s’est rapproché du nazisme, qui prônait des valeurs assez similaires aux siennes. Antonio Scurati signe ici un roman qui s’appuie sur la vie du Duce, en suivant scrupuleusement sa chronologie et en se basant sur de nombreux documents historiques, ainsi que la correspondance personnelle. En se mettant également en scène, il narre de quelle manière il a procédé pour aboutir à un travail titanesque, qui l’a occupé durant six ans. En faisant alterner ces deux récits en courts chapitres qui se répondent de manière intime, le lecteur assiste à la création d’une œuvre tout en se plongeant dans les années les plus sombres du XXe siècle. Une tentative passionnante et vivante d’exhumer le fantôme d’un homme qui s’est cru égal à César et qui a plongé son pays dans la guerre et la dévastation Ed. Les Arènes – 862 pages Paul Huet
L’ARBRE NU Bédé en noir et blanc, « L’arbre nu » revient sur la relation que Park Wansuh, autrice vénérée en Asie, a vécue avec le peintre Park-Soo-Keun durant la guerre de Corée (1950-1953). Tout débute au cours de l’hiver 1951. Une jeune femme (Lee Kying) vient de perdre ses frères, fauchés par un bombardement. Pour aider financièrement sa mère, elle travaille dans une boutique de l’armée US. C’est là qu’elle rencontre Ok Heedo, un artiste ayant fui le nord du pays. Entre eux naît d’abord de l’attirance, avant de se métamorphoser en quelque chose de beaucoup plus tangible. Cet amour platonique leur permet de s’évader de la dureté du quotidien et des privations en tous genres. Néanmoins, cette parenthèse enchantée ne dure pas, car le présent frappe à la porte de ceux qui cherchent à le fuir, du moins de s’envoler loin de ce qui malmène le quotidien. Keum Suk Gendry-Kim s’inspire du roman homonyme (également connu sous le titre « Namok ») paru en 1970 et l’adapte en roman graphique d’une réelle beauté, en resserrant l’intrigue, en la dotant d’ellipses et en revisitant l’esthétique du manga, prouvant que, même en appartenant au passé, ce récit d’amour et de douleur colporte des valeurs intemporelles et universelles. Il y est notamment question du rôle de la femme, du rapport mère-fille, de la société patriarcale nouée par des traditions ancestrales, d’un conflit fratricide et de l’ingérence des nations alliées. Ce livre a été enrichi par un dossier sur la guerre de Corée dû aux compétences de Pascal Dayez-Burgeon et placé en fin de volume. Ed. Les Arènes – 326 pages André Metzinger
LES SORTANTS Avant le covid, on parlait énormément de radicalisation islamique, de jeunes partis se battre en Syrie et d’attentats encore à venir sur le sol européen. Qu’en est-il aujourd’hui ? On le sait, de nombreuses arrestations ont eu lieu en France comme en Belgique. Les suspects ont été jugés et, certains, incarcérés. Or, ces derniers sortiront de prison pour reprendre une vie ordinaire. Du moins, voilà ce que prévoit notre système judiciaire ! Seront-ils repentis et prêts à adhérer aux valeurs laïques, qui permettent à chacun de vivre ses convictions en respectant celles des autres et en respectant le code civil. Véronique Brocard est journaliste et a investigué dans le milieu des détenus dits radicalisés et a assisté à plusieurs commissions d’évaluation de ces prisonniers particuliers. Au fil des chapitres, elle dévoile les moyens mis en place et les grilles d’application qui leur sont appliquées, ainsi que les failles de ces dispositifs. Avec « Les sortants », elle livre une enquête au cœur d’un système méconnu et nous parle de ces personnes qui, demain ou après-demain, auront purgé leur peine et reviendront vivre parmi nous et avec lesquels il faudra composer. Selon le Parquet anti-terroriste français, plus de deux cents détenus seront renvoyés dans leur foyer d’ici 2022. On le sait, le système pénitentiaire porte la lourde responsabilité de préparer leur sortie. Mais sans financement et sans volonté politique réelle, comment y arriver ? Ed. Les Arènes – 336 pages Sam Mas
CELA AUSSI SERA RÉINVENTÉ La terre va mal ! Il y a certes le covid, mais surtout les dérèglements climatiques qui malmènent notre monde et notre avenir. Malgré les mises en garde, les humains font la sourde-oreille ou feignent écouter tant que cela ne perturbe pas leur confort ni leurs intérêts. L’accablement climatique est aujourd’hui devenu un enjeu électoral, une série de slogans pour vendre des produits alimentaires ou non, un agent mortifère au service de la décontextualisation nomade. Il n’existe pas un continent qui ne doive supporter les stigmates des cataclysmes qui, lentement, se mettent en place et qui, d’année en année, amplifient. Se réconcilier avec la biodiversité apparaît telle une urgence, une priorité. Christophe Carpentier, propose ici un roman qui distille des problématiques plus qu’actuelles et qui imagine un futur contrôlé par une idéologie qui engage chacun à renoncer à ses droits pour servir la collectivité. Une société forcément totalitaire et terrifiante au nom de la survie de la race humaine. Alternant descriptions étonnantes et réflexions philosophiques, il n’en oublie pas l’action. « Cela aussi sera réinventé » fait office de mise en garde ou d’ouvrage prophétique. Non seulement il s’apparente d’une certaine manière aux livres de sciencefiction (entendons par là qu’il parle des années à venir !), mais déploie une veine apocalyptique servie par une plume trempée de poésie et de réalisme noir. Ed. Au Diable Vauvert – 272 pages André Metzinger
LES CHEMINS INTERDITS Y a-t-il des voies qu’on n’emprunte pas ? Voilà du moins ce que laisse entendre Gus Rongy en évoquant la vie de Guillaume, un quidam. Au fond rien ne prédestine cet homme à sortir du rang. Une famille ordinaire, sertie de quelques caractères originaux, les années d’occupation et des études qui le mèneront à l’enseignement. Les premiers pas devant des classes se révèleront en lien avec ses espoirs secrètement entretenus. Une vie amoureuse également, faite de grands et de petits moments, plutôt en dents de scie. Puis, surtout, la rencontre avec Martine, une femme … vraiment femme ! Celle qu’il attendait, qu’il espérait et qui … A son contact, il découvre la fièvre des étreintes inconnues jusqu’alors, malgré le fait qu’il ait épousé la douce Lydia. Une liaison coupable avec une autre, un adultère dont il se serait bien passé et qui, pourtant, l’étreint avec une force irréductible, empreinte de culpabilité. Impossible de ne pas succomber ! Oscar Wilde l’affirmait déjà à son époque : Le seul moyen d’échapper à la tentation revient à y céder ! Naturellement, l’existence ne s’avère jamais un long fleuve tranquille et elle n’assure jamais de service après-vente. La vie reste une loterie, avec son lot d’inconnues ! Ed. Ménadès – 352 pages Sam Mas
SOUVENIR DE VACANCES Le 13 juillet 1992 à midi. Un camping méditerranéen plombé par le mauvais temps. Arrivé, fourbu, la veille au soir, Jean-René, un professeur liégeois, honore l'aimable invitation au pastis du Docteur Brousseraille quand cette rencontre censée détendue tourne carrément à l'épreuve de force, précisément au moment où l'un des six convives, le magasinier Roméo, surprend son monde en évoquant de sa voix rauque un mystérieux accident mortel survenu dix ans plus tôt dans la pinède toute proche. En réponse, la réaction violente de ses voisins de table pour l'empêcher d'en dire plus. Aiguillonné par les charmes de Germaine, l'épouse du docteur, autant que mu par son entêtement à découvrir dans quelle mauvaise pièce ces autochtones au comportement étrange le font jouer en cette veille du Quatorze juillet, Jean-René, « l’Étranger », se lance aussitôt seul dans une enquête à caractère policier où l'attendent surprises et tribulations dans l'ombre inquiétante de l'ours pyrénéen. Souvenir de vacances ? Une aventure de trois jours pleine de suspense, originale et inclassable, qui mènera le lecteur aux frontières de la réalité et du fantastique. Ed. Marcel Dricot – 256 pages
L’ÉTERNITÉ REÇUE L’homme doit apprendre à mourir. Dès qu’il est capable de comprendre, il est confronté au décès. Grands-parents, parents, amis, voisins, collègues … tous partent les uns après les autres ! Depuis des millénaires ; la femme autant que l’homme sont amenés à disparaître pour ne laisser que de vagues souvenirs à leurs proches. Sous couvert de la nier ou de chercher à l’oublier, des drames nous rappellent que nous ne sommes que des êtres fragiles, même si nous souhaitons éterniser notre parcours terrestre. Le cri de révolte que nous lançons reste vain. En guise d’exutoire, nous pouvons méditer, prier, nous résigner ou espérer un ailleurs meilleur ou égal à celui que nous vivons. L’éternité est, selon la Bible, une promesse, un détachement de nos habitudes, un consentement à la mort incontournable. Aussi, sans qu’elle ne devienne obsession, chacun doit s’efforcer de l’apprivoiser pour envisager un voyage sans retour. Confrontés aux obstacles de tous les jours, nous pouvons déjà prendre du recul, choisir le verre à moitié plein plutôt que celui à moitié vide. Puis, il convient de s’en assurer : à l’heure où nous serons dessaisis de tout, notre propre existence nous sera redonnée pour nous rappeler que nous étions à l’orée du paradis et que nous ne le savions pas. Un essai rédigé par un professeur de philosophie spécialisé dans la spiritualité. Ed. Desclée De Brouwer Poche – 264 pages Sam Mas
QUAND L’AVENIR NOUS ÉCHAPPE Nous avons vacillé face à l’agression violente du Covid-19, un virus inattendu, inconnu et percutant. Un petit microbe qui a mis à mal la planète entière, au point d’endiguer l’économie dans les deux hémisphères et d’accroître les décès. Mais sommes-nous quitte de ses corollaires que certains prédisent comme étant encore plus néfastes que la pandémie elle-même ? On parle souvent de désastre économique dans les mois, voire les années à venir. Un peu mois du gel des démarches écologiques pour sauver la planète. Pour donner une assise rationnelle à cette lecture du futur, certains penseurs parlent de « philosophie de l’événement », toujours imprévisible et vectrice de significations nouvelles. Cet ouvrage explore les ressources d’une pensée apocalyptique qui invite à considérer l’histoire humaine comme une aventure dont personne ne maîtrise ni le déroulement ni le sens. Inspiré des travaux de René Girard, Norbert Elias et Charles Taylor, Bernard Perret s’attelle à prouver que nous n’avons plus la main et qu’une société nouvelle émergera du chaos engendré par les bouleversements actuels, avec une créativité et une spiritualité accrue. Face à un mur, nous disposons de trois choix : rebroussez chemin, faire du sur-place ou trouver des moyens pour aller de l’avant. Or la vie est évolution et non rétrogradation ! Ed. Desclée de Brouwer – 234 pages Sam Mas
LA SAINTE ENTREPRISE L’historienne Pascale Cornuel revient sur la vie et l’œuvre d’AnneMarie Javouhey, fondatrice de la Société de Saint-Joseph de Cluny, l’une des plus importantes congrégations féminines missionnaires du XIXe siècle. Son objectif : porter la Parole sur d’autres continents et mettre l’Evangile en pratique en abolissant le droit à la propriété privée, qui créée des strates hiérarchiques entre les individus. Après plusieurs voyages en Afrique, elle a fondé en Guyane le village de Mana, véritable monde hors du temps, sans structure esclavagiste et où le pouvoir ne revient pas à l’homme blanc. Harcelée par plusieurs propriétaires qui craignaient de voir s’éroder la main-d’œuvre ou d’assister à une révolte d’esclaves, elle a dû faire face à un véritable tollé. Néanmoins, elle n’a jamais prôné la fin de ce système mis en place depuis plusieurs siècles. Elle souhaitait que les captifs soient bien traités et heureux, avec la possibilité d’un affranchissement progressif. Soutenue par une riche documentation, l’autrice raconte l’histoire d’une femme d’exception dans un monde de mâles avec, également, la volonté de permettre aux indigènes d’accéder à la prêtrise. A la mort de cette dernière, près de mille deux cents membres de sa congrégation prêchaient sur les cinq continents. Moderniste dans la mesure où ses idées allaient beaucoup plus loin que les bornes acceptables de son époque, elle a donné un essor à l’église catholique en la parant du sceau de l’Esprit Esprit et en remettant l’homme et la femme au cœur de ses préoccupations. Anne-Marie Javouhey a été béatifiée en 1950 par le Pape Pie XII. Ed. Alma - 618 pages Sam Mas
3 ANS DE VOYAGE Claire et Reno Marca sont des baroudeurs, sans cesse chatouillés par des chevilles qui les démangent. Impossible de rester à la maison pour mener une vie pépère. Avec une boussole dans le crâne, ils ont décidé d’explorer le monde. A leur manière. A hauteur d’êtres humains. Sans jamais se prendre la tête. En allant à la rencontre de populations lointaines. Un périple qui s’est étalé sur douze saisons et qui les a fait voyager sur quatre continents et à travers vingt-cinq pays. Munis d’un vieil appareil photographique et de carnets de croquis, ils ont tout consigné, avec des couleurs ou avec des mots. Il ressort de cette aventure un livre qui respire le dépaysement et qui témoigne de leur ouverture aux autres, du bonheur d’avoir exploré des horizons sans liens avec les leurs et d’avoir partagé des moments rares d’intimité avec des populations authentiques. Autant qu’un album, cet ouvrage peut être perçu comme un éclairage culturel et artistique. Il s’agit pour les auteurs (respectivement autrice et dessinateur) de comparer la vie là et ailleurs, de porter un regard vibrant sur le vécu auquel chaque habitant se rattache, d’insister sur le poids des traditions et de faire comprendre de quelle façon la modernité s’insinue lentement dans le quotidien de régions marquées par la religion, la colonisation ou le poids de traditions séculaires. Riche de plus de sept cents illustrations et de cartes géographiques, « 3 ans de voyage » se veut le formidable souvenir d’un tour du monde volontaire, empreint d’une énorme poésie et d’une profonde humanité. Ed. de La Martinière – 288 pages Daniel Bastié
L’ÉLYSÉE AU FEMININ Elles sont là ! Ces Premières Dames qui, si bien, ont épaulé leur époux mandaté pour servir le pays aux plus hautes fonctions. Discrètes, influentes, de bons conseils, passives, etc., elles ont fait tout un temps la une de l’actualité au bras de leur mari. Bien entendu, avec les époques, leur rôle à changé. Depuis, de nombreux livres ont été rédigés à leur propos. C’est oublier un peu vite que rien n’est écrit en ce qui concerne leur charge. En fait, elles s’inventent une fonction. Mêlant analyses historiques et anecdotes, Joëlle Chevé retrace le destin exceptionnel des First ladies sur plus de deux siècles. Les noms se succèdent sur le plan chronologique pour aboutir à Brigitte Macron qui, les yeux remplis d’étoiles, a endossé sa mission avec panache. De sa plume enlevée, l’autrice ne se contente pas seulement de dresser des biographies soutenues, mais ose une série de questions pertinentes : Les Premières Dames doivent-elles demeurer dans l’ombre ? Peuvent-elles décider de certaines activités ? Où s’inscrivent les limites de ce qu’elles peuvent ou non formuler ? Autant d’interrogations sur la notion du couple présidentiel qui, aujourd’hui, fait débat en France comme ailleurs. Ed. du Rocher Poche – 807 pages André Metzinger
DARRIGADE André Darrigade, surnommé le « Lévrier des Landes », vient d’une famille issue de Narrosse, un minuscule village planté dans les Landes. Pour échapper au métier de métayer, il prend le vélo par les cornes et se lance dans la compétition. Très vite, il gagne ses premiers galons au Vélodrome d’Hiver à Paris, participe à quatorze Tours de France, avec vingt-deux étapes gagnées et en portant très souvent le maillot jaune. En 1955, il est sacré champion de France sur route et en 1956 champion du Tour de Lombardie. Les succès se multiplient et focalisent l’attention des médias. Jacques Anquetil en fait son lieutenant préféré. Un drame le marque toutefois en 1958. Au Parc des Princes, il percute un jardinier qui meurt quelques jours plus tard de ses blessures. Pour beaucoup, il reste un sportif exceptionnel et complet, à la fois équipier modèle et caractère affirmé lorsqu’il la joue solo. Aujourd’hui encore, beaucoup le considèrent comme ayant été l'un des plus grands routiers-sprinteurs de tous les temps. Christian Laborde raconte avec lyrisme et précision l’épopée de cet homme hors du commun, s’emparant tantôt du maillot jaune et tantôt du maillot vert. Au fil des pages, on croise toute une série de visages mythiques de la Petite Reine, dont Fausto Coppi, Jean Robic, Rik Van Looy, Louison Bobet et une poignée d’autres. Des illustrations en noir et blancs émaillent les chapitres et permettent de découvrir les traits des personnes citées. Bien entendu, pour apprécier pleinement cet ouvrage, il incombe de faire tourner un disque d’Yvette Horner à l’accordéon. Toute une page qui se déplie au son des tubes d’avant-hier ! Ed. du Rocher – 289 pages André Metzinger
BERNADETTE ET LOURDES : L’ENQUÊTE L’action débute dans le métro de New York, quand Léonor, étudiante en journalisme, découvre dans un média l’histoire ahurissante d’une guérison survenue à Lourdes. Troublée par ce qu’elle vient de lire, elle désire constater sur place la véracité ou non des faits. Débute pour elle une aventure humaine qui modifiera sa vie. Avec l’aide du père John Clarke, jeune prêtre américain de passage en France, elle se met à investiguer et opère un voyage dans le passé, afin de remonter aux origines du récit qui vont durablement installer dans le cœur des catholiques Lourdes comme étant une capitale religieuse à vocation internationale. Affermir sa foi et, surtout, comprendre : voilà son credo. Même si peu de miracles ont été entérinés par l’Eglise, force est de croire que la manifestation divine opère mieux là qu’ailleurs. Pour se convertir, il suffit de s’inspirer de la foi d’une petite paysanne et de coller ses pas aux siens, en chercher à adopter une vie faite de ferveur, de loyauté et d’humilité. Les lieux de pèlerinages restent avant tout des endroits où ont cherche la paix, le dialogue et où on remet son quotidien en question. Rien n’est plus précieux que la vie et le rapport à l’autre. Une bédé chrétienne qui défend les valeurs catholiques et qui joue à fond la carte en ce sens. Ed. Artège – 56 pages Sam Mas
THÉRÈSE DE LISIEUX Les éditions Artège ont récemment publié une bande dessinée consacrée aux époux Louis et Zélie Martin, heureux parents de la future Thérèse de Lisieux. Voici donc en cases et en phylactères le destin de cette dernière. À huit ans et demi, la gamine entre au pensionnat des bénédictines de Lisieux et rentre chaque soir à la maison, puisque le pensionnat se trouve non loin du cocon familial. Bousculée par des camarades plus âgées qui la jalousent, elle pleure et n'ose pas se plaindre. Elle déteste l'agitation bruyante des récréations. Son institutrice la décrit comme étant une élève assidue, calme et gentille, parfois songeuse ou même triste. Selon l'intéressée, ces cinq années sont les plus moroses de sa courte vie. Passionnée par les récits chevaleresques, elle éprouve une grande admiration pour Jeanne d’Arc. Elle pense être, elle aussi, née pour la gloire, mais une gloire cachée. Elle affirme que « Dieu m’a fait comprendre que ma gloire à moi ne paraîtrait pas aux yeux des mortels et qu'elle consisterait à devenir une grande sainte ». En 1887, elle entre au Carmel pour y mener un parcours exemplaire, prier et écrire. Elle meurt à l’âge de vingtquatre ans. Après son décès, la ferveur populaire s’emballe et on lui prête plusieurs miracles. Dupuy, Perconti et Rizzato reviennent sur cette existence (extra)ordinaire et la racontent sans emphases. En choisissant le mode de la bédé, ils souhaitent atteindre le jeune public. Livre parfait pour compléter les cours de religion, le catéchisme ou découvrir une trajectoire à la fois humble et magnifique. Ed. Artège – 48 pages Sam Mas
MISTINGUETTE : PASSION ÉCOLOGIE Au cours d’histoire-géographie, monsieur Costa tente de transmettre la fibre écologique à ses élèves. Il propose de s’occuper d’un potager biologique. Pour ce faire, il demande des volontaires. Directement, Fatoumata se manifeste et affirme que Timothée et Chloé sont prêts à la seconder. Chloé réprime une grimace. Non, travailler un pan de terrain n’est pas du tout à son goût ! Le professeur impose au trio de collaborer avec Anissa, une fille pas trop sympa. Rendez-vous pris, le quatuor fait la connaissance de la belle horticultrice madame Hortense Mercier, ainsi que d’un singulier caméraman. En trois étapes (semer, cultiver, récolter), l’opération jardin est lancée, de même que la gestion d’un hôtel à insectes. Fort vite, le groupe est étoffé par la présence d’autres élèves. Progressivement, Chloé découvre les joies de la biodiversité et relate son expérience à la maison, au point de devenir intransigeante pour tout ce qui concerne la défense de l’environnement. Réussira-telle a trouver les mots idoines pour les rallier à cette cause ? Grey Tessier et Amandine présentent une bande dessinée engagée, qui a pour objectif de sensibiliser les lecteurs aux enjeux de l’écologie. En fin d’album, un test leur est même proposé, afin de voir si oui ou non ils sont sensibles à cette cause et jusqu’où sont-ils prêts à produire des efforts. Tout au long de ce livre, des fiches pédagogiques émaillent le récit, avec une série de trucs et astuces pour agir pleinement en conscience et devenir un(e) citoyen(ne) éco-responsable. Ed. Jungle – 58 pages Amélie Collard
HOMMAGE À MICHAEL LONSDALE L’actualité nécrologique nous rattrape. Cette fois, c’est au tour de Michael Lonsdale de tirer sa révérence pour un monde meilleur. Croyant pratiquant, il a consacré une partie de ses dernières années à rédiger des ouvrages sur la foi ou à lire des textes saints qui ont été enregistrés en audio. Féru de culture, ce comédien français d’origine britannique a joué autant dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare, arpentant l’ancien comme le nouveau continent. Grâce aux cinéastes de la Nouvelle Vague, il s’est fait un nom au cinéma. Sur le plan privé, il était membre actif d’un mouvement pour le Renouveau charismatique et cofondateur d’un groupe de prière appelé Magnificat, destiné plus spécialement aux artistes. Choses qui ne l’ont jamais empêché de jouer les méchants, notamment dans le James Bond « Moonraker ». Bien entendu, il s’est particulièrement trouvé en accord avec son choix de vie en campant le Frère Luc Dochler dans le formidable « Des hommes et des dieux » du cinéaste Xavier Beauvois, d’après l’histoire vraie de ces moines cisterciens massacrés par des djihadistes en 1996 en Algérie. Dans ses mémoires, il a raconté avoir été éperdument amoureux de Delphine Seyrig, la seule femme à avoir vraiment compté dans sa longue existence. Bien entendu, établir sa filmographie complète relève du pensum, puisque tellement large et vaste. Parmi ses titres majeurs, on l’a retrouvé dans quelques grandes productions étrangères, dont « Les Vestiges du jour » de James Ivory, avec Anthony Hopkins et Emma Thompson, et « Munich » de Steven Spielberg. Il avait 89 ans ! Paul Huet