Revue de presse Institut des Arts de la Voix - 2002-2014

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REVUE DE PRESSE 2002-2014


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La oie de la

Vo i x …

De la vibration sonore à la conscience, les techniques de méditation vocales ont fleuri dans toutes les traditions spirituelles. Sur les chemins multiples qui mènent à la connaissance, quels sont les pouvoirs réels et subtils de la voix ? par Patrick Torre, spécialiste des chants harmoniques et du yoga du son

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’expérience de la conscience est une rencontre bouleversante à bien des égards. Un espace de connaissance insoupçonnable s’ouvre au plus profond de nous-même, établissant une relation indéfinissable dont la seule réalité manifestée nous imprègne et nous transforme. Elle nous fait vivre les événements qui nous arrivent sous un éclairage nouveau, avec une compréhension habitée par la conviction inexplicable qu'il existe une autre réalité. Nous développons progressivement une perception plus subtile du monde, avec le sentiment d'être accompagnés d'une présence qui donne intuitivement le sens et guide l'action juste. Par cette expérience, renouvelée dans une pratique quotidienne, notre compréhension de la vie s'élargit à la lumière d'une acuité nouvelle. Bien que convoitée par tous les quêteurs d'absolu, la Conscience ne se révèle pas à celui qui la cherche, elle n'est ni dans l'intention, ni dans le savoir, ni dans la mémoire ou l’analyse intellectuelle, elle n'est pas plus le fruit d'une attente ou d'une demande. Pourtant elle est partout, dans tout et en nous, et bien que nous en soyons l'expression même, nous ne pouvons la pressentir tant que nous restons dans notre fonctionnement mental ordinaire, lequel est naturellement soumis à l'agitation et la dispersion mentale, happé par ses mécanismes, ses projections et ses peurs.

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Lorsque le centrage et le silence s'imposent à la dispersion et que le mental s’immobilise, la révélation de la conscience est parfois donnée (pas obtenue). Donnée dans un espace de relation directe, sans commencement ni fin, qui n’est en rien lié à nos connaissances intellectuelles. Cet espace trouve son origine, avant la pensée, avant la parole qui précède la pensée, dans cette intelligence prévibratoire qui précède la vibration. Pour accéder à cet état de conscience, il faut paradoxalement ne rien attendre et ne rien vouloir obtenir, tout simplement pratiquer librement ce "Yoga du son" dans l'instant, écouter la vibration sonore de sa voix, se laisser porter par le chant (le Japa et les harmoniques), sans intentions ni but, remonter le chemin vers la source. Il est inutile et surtout regrettable sur le plan de la transmission, de vouloir exprimer par les mots cette expérience dans sa phase ultime de pure conscience. Dans ce domaine très particulier, les mots ne peuvent que révéler la disparition de cet état sans verbe et en aucun cas prétendre le décrire.

Le rôle de la voix dans la méditation Les techniques de méditation par la voix reposent sur la connaissance de la "Parole" (logos) et la pratique de la vibration vocale. Elles utilisent le plus

souvent des mantra ; combinaisons de syllabes formant un noyau d'énergie spirituelle, dont la puissance (contrairement aux idées reçues) n'est pas la résultante d’une signification intellectuelle ou de la seule répétition mentale (japa), mais de la composante vibratoire elle-même et de la capacité du mantra à concerner notre schéma psycho-physiologique et notre circuit d’énergie interne. Par la vibration de la voix et la répétition des phonèmes mantriques, le champ mental cesse d’être le théâtre de la dispersion et se libère peu à peu des mécanismes incessants de la pensée. Dans cette disponibilité mentale, chaque cycle du japa est l’occasion d’affiner notre perception. Les composantes sonores de la voix apparaissent peu à peu plus complexes, plus subtiles, jusqu'à rendre la répétition mantrique superflue. Cette immersion progressive dans le substrat vibratoire du son est alors ressentie jusque dans le silence. Le contact s’établit, imprégnant nos sens de cette qualité vibratoire particulière, bien avant l’image, bien avant le verbe. L’indicible contemplation des chemins de la conscience peut alors commencer.

Le substrat vibratoire du son Imaginez par exemple un concert de musique de chambre où une œuvre de Mozart serait jouée. Souvenez-vous de ce moment. Le moment le plus fort du concert, ces quelques secondes de


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silence qui suivent la dernière note. Secondes chargées d’une qualité particulière, d’une substance vibratoire subtile, de la résonance d’une direction indescriptible, trop vite recouverte par l’exultation publique de l’auditoire. Cette matière, cette texture subtile de l’inaudible, expression de la vibration universelle peut être observée dans la disponibilité mentale. La musique aura conditionné et ralenti le flux de l’activité mentale, espacé les pensées. Le contraste entre la sensation émotionnelle produite par l’écoute de la musique et la vacuité du silence qui suit la phase sonore agit comme un déclencheur de cette perception. Cette sensation sans verbe, un espace de relation directe perçue, sans évaluation, sans référence, comme un buvard sur un liquide transparent. Quelques secondes avant l’incontournable : "C’est beau, c’est magnifique…", quelques secondes de perception directe avant de revenir dans le plan mental qui s’impose à nouveau comme un masque de simplification personnalisé.

ger" le mantra, c’est-à-dire lui donner sa puissance spirituelle et la capacité de conduire le pratiquant à l’expérience de la conscience. Dans l’absolu, le chant harmonique est ce qui reste d’un chant ou de la vibration vocale lorsque l’on a retiré le superflu : l’intention, le japa, le culturel, le socialement correct, l’ego, l’esthétique et la séduction, etc., car tout cela n’est que prétention inutile dans une démarche de méditation. Si le chant est pur, il n’est que vibration de silence et conduit celui qui sait écouter à l’unité. Plus concrètement, la résonance subtile du son conduit à faire naître une couche sonore supplémentaire de sons qui se détachent dans les tonalités supérieures. Ces Harmoniques varient audessus de la voix, comme un lien céleste, un pont subtil lancé vers les étoiles de la spiritualité. Inattendues, incroyablement douées de textures sonores sublimes, elles n’appartiennent déjà plus à celui qui les chante. Elles captent l’auditeur et le chanteur vers les plans subtils de la perception extatique. En fermant les yeux, on se coupe du monde extérieur, et la seule écoute de ces harmoniques peut alors conduire rapidement à de très profondes méditations.

Si le chant est pur, il n’est que vibration de silence et conduit celui qui sait écouter à l’unité.

Méditer dans la pratique de la voix et des mantra Certainement pas penser avec intensité ou se concentrer pour obtenir quelque chose. C’est pratiquement l’inverse. Méditer, c’est entrer dans cet espace de perception directe qui existe entre deux pensées, être disponible à cette perception, sans but ni profit d’aucune sorte, ne rien vouloir ni être quoi que ce soit. Par la pratique des sons, du japa et des manta, cette perception se dévoile peu à peu entre les strates de la pensée. La forme sonore du mantra prend alors sa véritable nature. Le son lui-même, dans sa forme inaudible la plus subtile, se résorbe à son tour dans le silence, et toute chose avec lui, y compris nousmême, dans la non dualité absolue. A ce stade, le pratiquant ne se distingue plus réellement de cette vibration. Il fait "UN" avec la vibration.

Les chants harmoniques La vibration harmonique est l’une des formes prise par la voix pour "char-

La voix et le geste Le geste seul, ou la voix seule, peut conduire à l’expérience de conscience, car toute forme vient du "sans forme" et peut retourner à sa source. Pour cette raison, les voies sont multiples et les techniques du geste comme le taïji peuvent se passer des techniques vocales, et inversement. Cependant, dans la découverte des dimensions de la corporalité, la combinaison des deux formes (la voix et le geste) donne la possibilité d’un déplacement plus conscient dans "le tout". Ainsi, selon le son choisi, associé et cohérent avec le geste, l’induction du mouvement s’accompagne de l’observation d’une direction subtile. De même, le souffle résiduel de la voix contient à la fois cette induction et cette direction, le "je et le soi", l’observateur et la chose observée. La suspension du souffle (poumons vides) et celle du

geste, participent aussi du même abandon, de la même abdication du moi, de la résorption de l’observateur dans la chose observée, de la même fusion non duelle dans le "tout". Ainsi la combinaison du geste et de la voix facilite l’exploration de la corporalité. Tout en vibrant les phonèmes mantriques avec la voix, ou en écoutant le chant harmonique des grands mantra, le son devient la complétude du mouvement. Le geste et la voix entrent en conscience dans une énergie de direction révélant une perception directe de la corporalité. Le verbe (c’est-àdire le mot qui nomme la chose et nous en rend mentalement conscient) devient alors inopérant pour décrire l’indescriptible. La corporalité nous apparaît comme une évidence palpable. L’appréhension de notre existence dans un espace plus vaste, sans limitation volumique et sans chronologie de temps s’impose dans le ressenti.

L’expérience de la conscience Ces techniques de méditation vocales sont différentes selon les traditions, elles utilisent le plus souvent des mantra et bîja mantra, phonèmes sans signification apparente, qui trouvent leur véritable sens dans la vibration et la conscience qui en jaillit. Le mot mantra n'est pas employé pour parler des litanies catholiques, de la prière du cœur des orthodoxes ou des psalmodies soufies, mais il s'agit bien du même concept sous d'autres formes et d'autres cultures. Si le mot mantra est universellement connu, le concept des mantra semble en revanche ignoré du plus grand nombre. LIENS GTAO - GTao n° 15 : Tao Chan Shen, le chant des dieux P. 12 - GTao n° 18 : Le chant du corps P. 48 www.generation-tao.com

Dans le prochain numéro de Gtao, découvrez comment les techniques de méditation vocales agissent envers notre fonctionnement mental ordinaire pour nous ouvrir à la perception du monde subtil (propos illustrés par les voix de gorges des lamas tibétains, le chamanisme amérindien, le di-phonique mongol, etc.). Pour en savoir plus, consulter le carnet d'adresses P. 62.

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(2e volet)

L’art des mantra De la vibration sonore à la conscience… Comment les techniques vocales de méditation agissent-elles envers notre fonctionnement mental ordinaire pour nous ouvrir à la perception du monde subtil ?

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es techniques vocales de méditation trouvent leurs origines dans la nuit des temps, au cœur des traditions de l’hindouisme, du bouddhisme et du taoïsme. Si ces pratiques prennent des formes multiples et très contrastées, elles ont en commun le fait d’être en prise directe avec notre fonctionnement mental. Tout en figeant le champ des pensées dans un espace délimité, l’art des mantra conduit le pratiquant à établir une relation directe avec la conscience. En quoi ces pratiques vocales agissent-elles sur notre système psycho-sensoriel et notre circuit d’énergie interne et comment nous conduisent-elles à vivre cette expérience intérieure qui va de l’humain au divin ?

La force de la parole créatrice Le champ mental est l’espace dans lequel le "percept" se transforme en "concept", c’est-à-dire, un espace de nomination et de comparaison de la chose perçue. Dans cette pratique d'observation et d'écoute de l'instant, on s'aperçoit que dans notre processus de

par Patrick Torre photos : Nicolas Richez

reconnaissance, l'existence d'une chose n’est avérée en nous-même qu'après l'avoir nommée mentalement. Ensuite vient un processus quasi automatique de comparaison entre la chose perçue et nos références. C’est l’origine de la pensée. Ainsi on reconnaîtra par comparaison, le parfum d’une rose, le goût de l’eau, la chaleur ou la forme d’une pierre, mais aussi des éléments plus abstraits comme la beauté, la laideur, le bonheur, le malheur, puis viennent ensuite toutes les projections mentales conduisant aux principales réactions émotionnelles que sont la peur, la joie, la colère, la tristesse, etc. Le Yoga pointe sur le fait que nous ne sommes pas nos pensées. La pensée appartient à un espace de nous-même et rien ne justifie de nous identifier à elles.

Au commencement était le verbe… Le pouvoir des mantra sur notre monde intérieur est lié à la pré-existence du langage (verbe) dans notre processus de perception et de réaction. Cependant, c’est la nature vibratoire du mantra qui constitue le véritable pouvoir de ce pont


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lancé vers la conscience. Le mantra est la matérialisation sonore de l’inaudible vibration universelle, le verbe divin créateur de l’univers.

Mantra… paroles de pouvoir ? Sont-ils des invocations, des prières, des formules magiques? Que sont-ils en réalité ? Le mantra est un noyau d’énergie spirituelle dont le pouvoir vient de sa composante vibratoire intrinsèque et de sa capacité à toucher notre circuit d’énergie interne et externe. La légende védique raconte qu’il y a cinq mille ans, les anciens Rishis avaient pu percevoir les mantra dans l’éther primordial, source de l’univers où ils résidaient, et les traduire sous formes audibles de paroles et de mélodies. L’art d’utiliser les mantra pour s’abstraire du monde de l’ego nécessite la connaissance de leurs effets, la juste pratique vocale, la maîtrise des techniques de méditation qui les accompagnent. Les mantra deviennent alors des passeurs de frontières au-delà des limites de la perception mentale.

Le Japa, ou répétition mantrique Toute démarche de méditation se heurte aux mécanismes incessants du mental dont l’activité débordante nous masque la perception directe de l’arrière-plan. Néanmoins le cerveau ne peut nous rendre compte que d’une seule chose à la fois. Sa vivacité phénoménale est telle que nous nous croyons capables de conduire simultanément différentes pensées, mais en réalité elles s’enchaînent les unes après les autres… si vite, que nous avons l’illusion de la simultanéité. Le fait de répéter avec sincérité et conviction une séquence sonore (japa), constitue une captation totale du champ mental et une occupation de l’espace de reconnaissance et de comparaison. Japa prend alors toute la place et conduit à l’impossibilité de nourrir le flux des pensées. Elle s’impose pour figer le champ mental, en laissant toutefois exister la perception sans le verbe. Son efficacité mécanique fait de japa l’une des techniques les plus utilisées dans le yoga du son.

Un outil comparable au "centrage" qui conduit exactement à la même chose : le ralentissement du flux des pensées. Japa est très utilisé dans les psalmodies soufies, les mantra indiens, les litanies tibétaines, etc. Yoga citta vrittis nirodah Le yoga est la suspension des pensées du mental. Yoga sûtra de Patanjali Japa agit sur le mental et n’a rien à voir avec la composante vibratoire du mantra qui par essence est le véritable moyen de s’harmoniser avec la vibration universelle, expression de conscience et conscience elle-même. Le substrat vibratoire du son reste le véhicule du voyage intérieur. Encore faut-il que la voix puisse "charger" le mantra, c’est-à-dire libérer sa puissance. Le chant Harmonique peut être associé à japa pour réunir la qualité et la puissance de ces deux approches de la méditation par le son.

L’art des mantra Expérimenter est la seule voie. Mais l’apprentissage des mantra ne peut se concevoir qu’avec un maître compétent. Car les possibilités de la voix sont telles que les conseils livresques sont généralement inopérants, voire dangereux. Avant de pratiquer un mantra, il faut en connaître les effets. Le mantra doit toujours être mis en œuvre, pour le bien de tous, dans un esprit de compassion et d'offrande. Les sons qui forment le mantra donnent une indication sur les effets de celui-ci, mais l'alchimie mantrique empreinte des voies insondables que seule la pratique révèle.

La nature vibratoire du mantra est un pont lancé vers la conscience.

L’appareil de phonation Sous l’impulsion du souffle, les cordes vocales situées à la base du larynx se rapprochent et entrent en vibration. Le volume et la forme du larynx caractérisent le grain et la rondeur de la voix. Le son passe ensuite par les fosses nasales, ou par la bouche, pour prendre amplitude, harmonique et résonance. Ces deux volumes constituent la caisse de résonance de l’ins-

Le larynx est une porte ouverte ou fermée à la sensation du monde subtil. A l’origine de la voix (cordes vocales), c’est l’espace où s’équilibre volonté et lâcher-prise.

trument vocal. Selon la position du voile du palais, le son sera plus ou moins nasalisé. La position de la langue, la forme des lèvres, la position du voile du palais, l’ouverture de la mâchoire, tout intervient sur la texture du son et l'implication du corps.

Le travail de la voix dans la méditation La pratique du yoga du son est différente de celle du chant dans sa forme et sa finalité. Alors que le chant se destine à charmer et à transporter l’auditeur dans l’émotionnel, le yoga du son est uniquement tourné vers soi-même et se pratique les yeux fermés, pour mieux se couper du parasitage extérieur. Il est au service de l’expérience intérieure et ne correspond dans la pratique à aucune référence culturelle ou esthétique. Même si certaines vibrations chargées d’harmoniques peuvent être à la fois belles et toucher au plus profond l’émotionnel d’un auditeur, ceci est hors sujet. En revanche, la qualité vibratoire de la voix doit nous transporter dans les différentes phases de l’expérience, et libérer l’énergie spirituelle dormante au cœur des phonèmes mantriques. Puis, sans heurt, entrer pas à pas dans la subtilité des vibrations du silence. Le pratiquant est alors mis en disponibilité grâce à son merveilleux compagnon de voyage, le mantra lui-même, dans sa forme la plus subtile de silence. La contemplation des chemins de la conscience peut alors commencer.

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Le son et les flux du corps énergétique

larynx modifie notre relation à la vie. La part de l’intellect et celle du pressentir doivent se rencontrer à forces égales dans cette zone. Il est conseillé de vibrer le son "A" en dilatant le larynx pour s’ouvrir sans peurs. Thérapie de désencombrement, ce travail renforce la confiance en soi et accroît l’ouverture aux autres. Un état d’apaisement et de libération mentale viendra évacuer un trop plein de stress ou d'anxiété.

Le son agit sur les flux du corps énergétique par la conscience d'une localisation, d'un mouvement et d'une fonction. •La localisation s'établit dans le corps physique et énergétique. Par exemple, le son "M" vibre à la fontanelle Sahasrâra, le "Ng" entre les yeux Âjnâ, le "A" au larynx Vishudda, le "Ô" au cœur Anahata, etc. Consonnes et voyelles associées concernent des localisations moins accessibles, comme par exemple "HU" - "HO" sous le nombril pour "Manipura", ou d'autres sons que je ne donnerai pas ici, qui concernent "Mûlâdhâra". •Le mouvement est généralement induit par les voyelles. Ainsi le "A" est "expansion", le "I", "ascension", le "U" ("ou)" dirige l'énergie vers le bas, etc. •La fonction traduit les effets : intégration, contact, résorption, stimulation, fusion. Ainsi le son "O" assure la fusion des entités, l'absorption, l'intégration, la perméabilité des espaces. Le son "é" est le contact, la communication, la connexion, la sexualité ; le son "U" unifie les plans énergétiques du corps ; le son "I" fait monter l'énergie vers le haut ; "H", le souffle, enracine et centre ; "Ng" implique le "moi" dans le tout, alors que le "o" les fusionne vers l’unité, etc. Ces mouvements-énergie liés au son mériteraient un développement plus long car l'alchimie mantrique est très riche et complexe. Ces exemples montrent simplement quelques effets du son sur le circuit énergétique du corps. A signaler que la thérapie vocale utilise ces principes de flux énergétiques pour équilibrer le corps, désencombrer, relier, renforcer les plans. A l'image de l'acupuncture, la voix induit le mouvement des flux, véritable alternative à l'aiguille du praticien. Mais la thérapeutique du son est un tout autre sujet.

L’enracinement : le son “HU” "H" : la consonne du souffle ; "U", phonétiquement "ou" : l’énergie à la base. L’équilibre entre tonicité et lâcher-prise, Stira et Sukha, est une des clés de la méditation. La descente de la voix dans le grave et l’expir sonore dans la région de l’ombilic constitue la partie tonique du son "Stira". Les voix de gorge des lamas tibétains en sont l’illustration même.

Un peu de pratique… Placez la voix dans le grave pour réduire le mental et accroître l’enracinement. Puis dilatez le larynx comme dans un bâillement permanent. Faire plonger le cartilage thyroïde vers le bas pour allonger les cordes vocales ; descendez la mâchoire pour donner du volume à la cavité buccale ; avancez les lèvres pour former le son "ou" en laissant passer un filet d’air entre les lèvres. Le voile du palais reste collé vers l’arrière, ne laissant passer l’air que par la bouche. Soutenez ce son bourdonnant, très grave, par une pression verticale continue du diaphragme. La sangle abdominale reste détendue et le ventre sans tension. L’ouverture progressive de la lèvre supérieure fait naître une harmonique nasalisée qui vibre au front, entre les yeux. Cette technique, appelée "diphonique nasalisée grave" enracine, incarne, et unifie tous les plans d’énergies de la base, jusqu’au sommet du crâne. Le Bija mantra qui lui est associé est : OM HA HUM (vibré dans le grave façon tibétaine).

Le larynx et le son “A” : s’ouvrir au monde subtil Zone clé de la méditation, siège du stress et de la peur, un larynx bloqué conduit à la fermeture, l’introversion et les problèmes de communication à l’autre. Le larynx est une porte ouverte ou fermée à la sensation du monde subtil. A l’origine de la voix (cordes vocales), c’est l’espace où s’équilibre volonté et lâcher-prise, Stira et Sukha. La conscience que l’on met dans le

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Pour en savoir plus, consulter le carnet d'adresses P. 66. La composante vibratoire du mantra est par essence le véritable moyen de s’harmoniser avec la vibration universelle, expression de conscience et conscience elle-même.

LIENS GTAO - GTao n° 15 : Le chant des dieux P. 12 - GTao n° 18 : Le chant du corps P. 48 - GTao n° 23 : La voie de la voix (1e part.) P. 44 www.generation-tao.com


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échos • infos SYMPOSIUM

Les Grands Mantra Génération Tao inaugure une rubrique consacrée à la pratique chantée des mantra, sous la direction de notre collaborateur Patrick Torre, professeur de Yoga du son et de chants harmoniques. Aujourd’hui :

O m M a n i Pa d m e H û m Origine Le week-end des 14 et 15 septembre, le premier Symposium de la Fédération Pan-Européenne des Spécialistes de Médecine Traditionnelle Chinoise s’est déroulé au Chinagora hôtel à Paris. L’objectif est de promouvoir un enseignement et une pratique de qualité en acupuncture, en phytothérapie et dans les Arts de Santé Traditionnels Chinois en Occident. La P.E.F.C.T.C.M est présidée par un collège de professeurs chinois de renommée internationale, exerçant en Europe depuis plus d’une dizaine d’années. Ce Symposium, réunissant pour la première fois médecins et praticiens exerçant la médecine traditionnelle chinoise dans différents pays d’Europe, a permis de réunir de nombreux participants autour de deux thèmes : douleurs rhumatismales et phénomènes allergiques. Monsieur Wang Shouqi, ambassadeur de Chine à Paris, est venu soutenir cette action. Cela nous a permis d’apprendre le prochain voyage officiel en Chine du Docteur François Mattei, Ministre de la Santé. Cet événement, couvert par de nombreux journalistes chinois a été relayé le soir même par la première chaîne nationale de télévision chinoise. Le succès de cet événement et le contexte actuel laissent espérer la mise en place d’une collaboration riche et féconde entre la médecine occidentale et la médecine traditionnelle chinoise. Cette complémentarité apparaît comme la voie nécessaire de la médecine du futur. P.E.F.C.T.C.M

Il est après le pranava Om, le plus chanté des mantra. Véritable symbole du Bouddhisme tantrique, il est la forme sonore d’Avalokitesvara, le grand bodhisattva, représenté de ses onze têtes et mille bras. Il est le plus vénéré au Tibet et l’un des plus employé en Mongolie et en Chine.

Structure Mantrique et sens Simple d’apparence, ce mantra est en réalité d’une grande puissance et d’une complexité insondable, on ne peut tenter qu’une approche d’explication inévitablement incomplète. Mani Padme, respectivement “joyau” et “lotus”, symbolisent l’Illumination de la conscience. Les sons Om et Hûm placés, au début et à la fin de la formule, sont les bîja, vibrations semences, sans contenu sémantique qui participent à la puissance ésotérique et spirituelle du Mantra. Om, source des sons et du monde, joue un rôle d’unification et de fusion du tout dans le “tout”. Il représente Dharmakâya et relie l’invocateur à la conscience universelle. Mani, (“joyau”), puissance initiatrice de la conscience dans l’esprit du pratiquant, est Vajra, le pur diamant scintillant symbole de l’illumination. Padme, prononcé généralement “Pémé”, évoque le “lotus”, manifestation physique de la conscience, force de transformation Nirmânakâya et d’imprégnation de la matière. Hûm, il s’agit là du pratiquant lui-même, disponible à l’expérience, unifiant tous les plans de son corps : physique, énergétique et spirituel. Hûm symbolise l’émergence de cette puissance dans le cœur de l’homme.

Pratique Placer la voix dans le registre le plus grave sans jamais forcer. Vibrer doucement les sons à la façon Tibétaine. Commencez Om Mani Padme Hûm sur un souffle, comme il est d’usage dans la tradition. Puis ne résistez pas à l’idée d’expérimenter aussi le mantra sur quatre souffles. Prenez ainsi le temps de goûter

la merveilleuse alchimie vibratoire du mantra, en allongeant progressivement le son à chaque cycle du japa. Chantez Om, inspir, Mani, inspir. Padme, inspir, Hûm, inspir. Sentez la vibration des phonèmes vous porter. Une sensation subtile de mouvement reliant et fusionnant un point à un autre. Vivez cela sans commentaire intérieur, sans vouloir obtenir quoi que ce soit. Après quelques minutes, le moment venu, laissez le chant perdre de sa force sonore pour entrer peu à peu dans le silence. Dans ce processus où la voix n’est plus qu’un murmure, la puissance spirituelle du Mantra s’impose dans l’écoute quand s’évaporent l’intention et le jugement. Observez ce qui est là, sans but ni vouloir, dans le silence et la disponibilité bienveillante. Un sourire dans le cœur. Patrick Torre

RÉSONANCE DU SON ET MOUVEMENTS Ce qui est proprement impensable dans la logique de l’intellect, s’impose comme une évidence dans l’observation des effets du son sur le corps subtil. Om : alors qu’O vibre au cœur, M. transporte la vibration au sommet de la tête. Goûtez cette communion harmonieuse, où le sujet, la chose observée et l’action d’observation fusionnent. Mani : il réalise une transformation vibratoire entre les plans subtils horizontaux dans l’axe de verticalité. Le son Ma définit les plans et le son Ni les place dans la verticalité ascensionnelle. Padme : il établit le contact avec l’arrière-plan et donne forme au pressentiment de l’infinie complexité de la conscience. Hûm : dans le cycle japa, il précède le son Om. Il unifie et harmonise les plans du corps d’énergie avant l’union divine.

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échos • infos JOURNEE DE RENCONTRE AUTOUR DE LA MEDECINE CHINOISE A CHINAGORA Le dimanche 9 février à partir de 9 heures, l’Institut Chuzhen de Médecine Chinoise fête ses 10 ans en offrant à tous les passionnés de médecine chinoise, praticiens, étudiants, usagers ou curieux, une journée entière de découvertes, de rencontres, de discussions et d’échanges autour de la MTC. Le lieu de cette journée, Chinagora, au confluent de la Marne et de la Seine, n’est pas un choix anodin car c’est un petit morceau de la Chine traditionnelle échoué aux portes de Paris, à Alfortville (94). Au programme de cette riche journée : - 10 heures : “les ethno-médecines dans le monde occidental” - 11 heures : “La médecine chinoise et sa cosmogonie” par Hao Wanshan - 14 heures : “Les dysfonctionnements sexuels de l’homme et de la femme” par Li Qizhong - 15 heures : “Nouvelles professions de santé, droits et pratiques” par Isabelle Robbard 16 heures : “Histoire de la médecine chinoise entre la Chine et l’Europe” par F. Obringer - 17 heures : “Les représentations mentales en M.T.C et leurs rapports avec le corps” par Jin Siyan - 18 heures : “Enseignements et pratique de la médecine chinoise en France”. Table ronde avec D. Colin, I. Robbart, J. Siyan, P. Laurent, F. Marquer, P. Stoltz, R. Pluchet, C. Fleischner et M. Haby. En outre, le public aura l’occasion de participer à des ateliers de démonstration de 13 heures à 19 heures sur l’acupuncture, le massage, la pharmacopée, la diététique, des conseils socioprofessionnels et des vidéos projections. L’entrée est libre et la réservation souhaitée. Rens. Institut Chuzhen 10, bd Bonne Nouvelle 75010 Paris (tél. : 01 48 00 94 18) email : infos@chuzhen.com

Les Grands Mantra So’Ham-Hamsa Origine et signification Mantra de réalisation, véritable phare du Védânta non-dualiste, Advaïta Vedânta, So’ Ham identifie l’âme du pratiquant (âtman) à Dieu lui-même (Brahman). Composé de So et de aham, il signifie littéralement “Lui, je suis”. Structure Mantrique et sens Il appartient aux structures mantriques de Soham dhyâna (méditations du “je suis lui”). Ce mantra est utilisé sous de nombreuses formes (vibré, visualisé, récité ou répété de façons sonores ou silencieuses ou encore intégré au souffle vital). Il est souvent associé avec Hamsa selon l’idée que l’homme, au-delà des apparences du corps physique, est profondément âtman, c’est-à-dire une âme d’essence divine. Le Mantra So’Ham révèle cette nature profonde. Ce “je” véritable, indéfinissable et éternel, caché au plus profond de notre conscience. Résonance du son So’ Ham “S”, le souffle divin créateur, est associé à “o”, conscience globale du monde cosmique immatériel qui contient le “Tout”. Dans le son Ham, “H” le souffle humain, est l’expression subtile de l’homme, âtman. “H” projette vers l’infini ce “A” de l’expansion aux confins de la création pour se fondre en “lui”. Fusion de l’humain et du divin qui apparaît en conscience sur le “M”.

Pratique de So’Ham Détendre le larynx, comme dans un bâillement léger et permanent. Placez la voix dans le médium grave pour faire vibrer le son au cœur. Sentez le bourdonnement agréable de la voix qui vibre dans l’arrière-bouche (pharynx et larynx) et dans le thorax. Un bain vibratoire, de détente et de bien-être s’installe peu à peu au rythme du japa (répétition). Progressivement, laissez le son “So” descendre jusque dans le ventre et vibrer dans le bassin. Laissez choir la mâchoire inférieure, en créant un large volume de résonance buccale. Sur le son “Ham”, laissez s’ouvrir la zone laryngée en créant un espace de liberté dans la gorge. Sentez les tensions de stress et de peurs se dénouer et libérer la gorge. Enfin, laissez vibrer le son “M” au som-

met du crâne, goûtez le son et observez les effets du mantra dans la suspension. Pratiquez ainsi le temps de libérer le corps de ses tensions et le mental de ses intentions. Ceci étant accompli, laissez descendre la vibration vocale vers un son subtil et entrez imperceptiblement dans le silence. Laissez vivre la répétition involontaire du mantra ajapa-japa, sans commentaire intérieur. Dans ce processus, laissez fleurir la puissance de So’ham et la réalisation de cette merveilleuse nature.

Variante : So’ham- Hamsa Pensez et respirez le son dans la profondeur du silence : “So’ sur l’inspir, “Ham” sur l’expir, “Ham” sur l’inspir et “Sa” sur l’expir. Dans cette variante, So’ham est associé à Hamsa, le Cygne (en sanskrit). Hamsa est assimilé dans les Veda au symbole de la réalité absolu, mais aussi à l’âme humaine individuelle. Il s'agit là d’affirmer davantage le principe d’unité de l’énergie cosmique avec la nature réelle de l’individu. Pratique Fermez les yeux et centrez-vous sur votre petite respiration naturelle, sans l’influencer. Laissez aller le flot de l’air en suivant son parcours de la pointe des narines jusqu’aux alvéoles pulmonaires. Sentez l’air passer dans les fosses nasales, la gorge, la trachée, les bronches, les bronchioles… puis revenir en sens inverse sur l’expir. Lorsque la conscience de ces mouvements du souffle sera établie, associez le son à la respiration : Pensez So’ sur l’inspir, Ham sur l’expir Ham’ sur l’inspir et Sa sur l’expir. Le souffle vital (véhicule du prâna) et le mantra (énergie phonique shabda) fusionnent l’un à l’autre. “Laissez le temps au temps”, devenez progressivement le souffle et le son de façon indifférencié. Le moment venu, abandonner toute notion de “faire” pour totalement “laisser faire”. Lorsque le centrage et le silence s'imposent et que le mental s’immobilise... Observez... un petit sourire sur le visage avec le contentement d’assister à la révélation de votre véritable nature. Patrick Torre

Génération Tao n°26 - hiver 2002/03

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infos • les grands mantras

Om,

L e M a n t ra d e s m a n t ra s Pour cette rentrée, Patrick Torre vous propose le mantra primordial «Om». Présent dans de nombreuses traditions, il est le son primordial, la vibration fondamentale de l’univers, la manifestation de la Conscience elle-même.

L

a Syllabe Sacrée «OM», ou «AUM» symbolise le Son primordial, le Verbe éternel créateur. Source du commencement des temps, «Om» contient tout ce qui a été, est, et sera. Il est l’essence de l'univers entier. C'est le Mantra le plus précieux qui soit, le Mantra des mantras.

Le pouvoir de la Syllabe Sacrée Psalmodié par les plus grands sages de l’Inde et du Tibet, Pranava Om est souvent comparé à la flèche dont la pointe est la pensée traversant les ténèbres de l’ignorance pour atteindre la lumière de l’état suprême. Celui qui connaît «Om» est le sage véritable. Mais qu’est-ce que la sagesse sinon la capacité de connaître ce qui est au-delà des apparences. «Om» est connu comme le pranava (son du bourdonnement) ou udgita (le «chant qui élève»). Sa pratique consiste à vivre la vibration fondamentale de l’univers, expression de conscience et Conscience ellemême. «Om» est la source de l’existence manifestée. Par le chant approprié de «Om» apparaissent les manifestations de la conscience profonde, l’infinie complexité du processus de création se dévoile et le principe divin se révèle progressivement selon le niveau d’éveil de la personne. Pranava Om est le plus important des mantras du yoga. Il est mentionné dans tous les textes de l’Inde (les Vedas, les Upanishads, les textes tantriques), mais aussi dans nombre de cultures où son apparition en introduction des grands textes religieux en montre toute l’importance. Précédent la plupart des formules mantriques, «Om» est Om-niprésent dans le Bouddhisme et l’Hindouisme, dans les religions Jaina et Sikhs. «Aum» devenu «Amen» dans le Judaïsme et le Christianisme, nous renvoie à la célèbre formule : «Au commencement était le verbe et le verbe était Dieu…» (Evangile de Saint-Jean). On le retrouve aussi en ancienne Egypte sous la forme de «Amon» ou «Amun», dans l’Islam sous la forme de «Amin» ou «Alm» (I se prononçant «ou» devant une consonne). On le trouve aussi chez les Celtes, la langue mystique des Celtes irlandais s’appelant Ogham (prononcée Ohm, Om, Aum), etc. Véritable Sésame de la porte des secrets, il conduit à la connaissance la plus haute. «Om» est la pulsation de l’univers, la forme sonore de «Atma» (la Conscience) Maitri Upanishad. Cependant, il ne s’agit pas de croire que le son audible est Dieu, car il ne l’est pas. «Om» est tout et rien de ce que l’on peut imaginer par l’intellect. C’est avant tout l’expérience du Sacré. Considérez la pleine lune et le reflet de celle-ci dans une flaque d’eau. Il est évident que le reflet n’est pas

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la pleine lune. Si vous lancez un caillou dans la flaque, la déformation du reflet n’aura pas la moindre influence sur la lune. Cependant son reflet insignifiant est une fidèle représentation de la forme et des contours de la lune. De même «Om» est le reflet de ce qu’il représente, une fidèle indication de la réalité sous-jacente. Comme la flaque d’eau, «Om» reflète la forme et la lumière divine. Mais pour celui qui sait écouter, le souffle de silence de «Om» révélera la Conscience créatrice.

L’expérience de «Om» «Om» est au-delà du son audible. «La syllabe germe», surmontée d'un point et d'un croissant, est sonore ; par-delà la syllabe est l'absolu silencieux. «Celui qui peut entendre le son qui ne sonne pas» est délivré du doute nous dit la Dhyana bindu Upanishad. C’est pourquoi «Om» est décliné dans la pratique en trois sons audibles : A, U et M, correspondant aux trois niveaux du mental ; A, le conscient, U, le subconscient, et M, l’inconscient. Un quatrième état (Turya), le Transcendantal, est symbolisé par ce «Om», imprononçable et inaudible, qui contient tout et qui est au-delà des trois autres, selon la Mandukya Upanishad. •«A» symbolise aussi l’état de veille. Ce qui est manifesté sous toutes ses formes, y compris les plus subtiles (énergie, flux de conscience, espaces des koshas…). «A» est aussi un son créateur qui matérialise le «Sans Forme» en formes perceptibles à travers les sens. Son d’expansion par excellence, le Big Bang n’était probablement qu’un «A» immense générant cet univers qui n’en finit plus de s’étendre et de se complexifier. «A» est le son de la connaissance et de la perception de l’existant manifesté. Il concerne tout, le microcosme et le macrocosme. Il faut noter que, phonétiquement, le passage de «A» à «U» passe par «O», le son de la globalité. «O» est le contenant de tout ce qui est. En résumé, il y a expansion de conscience avec «A» et prise en considération du «Tout», de la globalité avec «Au». •«U» se prononce entre «O» et «Ou». Il symbolise l’état de rêve. Si «A» concerne essentiellement l’extérieur, «U» est plus un ressenti intérieur. Il concerne le pratiquant lui-même. Il superpose l’image vibratoire de l’être que nous sommes sur celle de la Conscience Universelle. «U» harmonise l’un avec l’autre. Celui qui chante «Aum» avec ferveur comprend rapidement qu’il n’est pas fondamentalement différent de tout ce qui l’entoure. La nature essentielle de l’homme est profondément la même que celle de tous les êtres de l’univers. Il est lui, il est l’autre, il est toutes choses. En cela, «Aum» est universel. Expérimenter «Om» est

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d’ailleurs le seul moyen de le comprendre. • «U» est le son le plus grave qu’on puisse émettre. Proche des infrasons, c’est celui que l’on perçoit encore au seuil du silence. Avant de quitter le manteau de surface pour découvrir ce que nous sommes en réalité ; silence indicible, intérieur et mystérieux. «U» unifie les centres d’énergies internes du corps et conduit à l’unité. •Le troisième son est «M». Dans la pratique vocale du Mantra, la bouche dessine d’abord un cercle puis un point. Les lèvres s’ouvrent sur le «A», puis se rapprochent sur le «U» et se ferment sur le «M». La résonance de «M» dans la tête favorise la perception subtile du son. Il s’agit là de goûter le son du mantra. («Mmmm…» fait le gourmand qui jouit des saveurs d’un plat délicieux). «Aum» prend alors toute sa puissance. Au-delà de la vibration coronale, le souffle résiduel du son porte à la Conscience le substrat vibratoire du mantra comme une fleur qui s’ouvre au soleil, libérant son parfum. «Aum» laisse advenir «Om», l’Anusvara, le point au-dessus du croissant, le son au-delà de l’audible : «La réalité est un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part» disait Giordano Bruno.

La pratique vocale Comme tous les mantras, Aum n’a pas de pouvoir intrinsèque propre. C’est la combinaison de la voix, de l’écoute et du mantra qui crée la valeur de «Aum». Encore faut-il trouver la qualité vocale, la disponibilité mentale, la verticalité d’assise, la fluidité énergétique du corps, le centrage… pour donner à la méditation toute sa puissance. La Dyana Bindu Upanishad nous dit : «Tel le flux continu d’un courant onctueux et telle la vibration d’une cloche, chantez Om et comprenez le véritable sens des Védas». Par la vibration adéquate de la voix et la répétition mantrique, le champ mental cessera d’être le théâtre de la dispersion et se libérera peu à peu des mécanismes incessants de la pensée. Dans cette disponibilité mentale, chaque cycle du japa (répétition) est l’occasion d’affiner la perception. Les composantes sonores de «Aum» apparaissent peu à peu, complexes et subtiles, jusqu'à rendre la répétition mantrique superflue. Entrez alors en immersion progressive dans le silence. Laissez le contact s’établir, imprégnant vos sens, sans commentaires intérieurs. L’indicible contemplation des chemins de la conscience peut alors commencer. Dans la méditation, rien est figé, tout est mouvements et formes vibratoires. Le pratiquant est d’abord l’Observateur, puis dans le silence qui suit le son, le mantra libère son énergie créatrice et prend sa forme et son sens. La révélation de la conscience est donnée dans un espace de relation directe, sans commencement ni fin, hors du temps. Conscient de tout et présent à l’expérience, le méditant finit par se résorber à son tour dans l’arrièreplan. Dans la vacuité, l’union se réalise. Turya, le quatrième état, est alors donné comme un cadeau à ceux qui sont choisis. Le principe divin est ainsi révélé au fond du cœur comme un trésor de paix et de bonheur*. *Bien que donnée parfois en dehors de toute initiation, la découverte de «Aum» et de ses joyaux nécessite souvent la présence d’un maître de yoga, un guide spirituel qui puisse donner au pratiquant les conseils utiles. Celui-ci facilitera son travail en ajustant sa voix et en vérifiant sa qualité d’enracinement indispensable dans toute pratique spirituelle.


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Dossier L’énergie des sens

La voix, miroir

de l’inconscient Découvrez la phonathérapie® par Patrick Torre

La voix est un formidable miroir de l'inconscient. Elle ne peut cacher les tensions, les émotions et les conflits internes. La phonathérapie, pratique directement issue du Yoga du son, en libérant la voix, libère votre cœur.

L

Patrick Torre se passionne depuis 25 ans pour les possibilités offertes par la voix dans le domaine de la spiritualité et de la santé (phonathérapie). Il est le créateur de l'Institut des Arts de la Voix, une école qui forme les professeurs de « Yoga du Son » en France. Intervenant international, il diffuse aussi son enseignement lors de congrès internationaux et lors de stages en Europe, au Canada et aux Etats-Unis. Musicien à l'origine et professeur de yoga, il est spécialiste du chant harmonique et des mantras. Inspiré de sa propre recherche et des différents enseignements qu'il a reçus, il propose une synthèse unique des techniques vibratoires anciennes afin de vous accompagner sur la voie de la voix.

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crédit photo : Patrick Torre

PORTRAIT

a phonathérapie vient du Grec phonê, qui signifie « phonie, voix » et du terme thera, qui signifie « soin ». Déclinaison directe de la pratique des sons et des mantras, la phonathérapie repose sur une vision globale de l'être : coshas. Elle ne sépare pas le physique, l'énergétique et le psychique de la dimension spirituelle de la personne. Elle agit sur l’essence de la matière : l'éther, cette matière « sans forme », vijnana maya cosha, de laquelle émergent toutes choses…

A l’origine, l’éther L’éther est aussi un contenant, un espace commun qui contient tout : le thérapeute capable d’intervenir dans l’éther, agit sur le cours des choses dans un espace de connexion privilégié qui précède la manifestation physique, dans « l’ici et maintenant », sans contrainte de temps et d’espaces. Les lois de l’éther sont très différentes de ce que nous connaissons dans la réalité manifestée, elles appartiennent au corps subtil, ce sont les lois du son, du spanda. Tout est contenu dans l’éther. Il est la loi vibrante du son, il est AUM et contient le conscient, l’inconscient individuel et collectif, le subconscient et la supra conscience. Dans son principe, la phonathérapie, comme dans le chamanisme, voit le corps comme une série de densifications de cette matière source sans forme d'où émerge ce qui définit l'être humain dans toutes ses composantes essentielles et existentielles : son âme incluant karma et lignée d'ancêtres, son ego fait de pensées et d'émotions, ses énergies vitales et spirituelles et enfin sa réalité physique faite de chair et d’os. Dans ce processus de densification,

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Pratique de la libération de la voix.

le cosha le plus léger compénètre le plus dense. Les flux de conscience sont les vibrations qui véhiculent les échanges entre les coshas. Par effet de densification, ces flux à l’origine éthérés deviennent pensées, émotions et énergies. Lorsqu’il y a conflit intérieur, une engrammation se fixe dans le corps d’éther, crée un nœud émotionnel qui désorganise le flux énergétique et encombre le réseau des nadis et des méridiens. Ainsi les désordres de l'inconscient conduisent à la naissance de maladies psycho somatiques qui apparaissent peu à peu dans le corps physique dense.

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L’énergie des sens Dossier

Les outils de la phonathérapie

Il s'agit d’une rencontre avec soi-même, de se relier à son « être profond », d’écouter et de comprendre le chemin de l'âme, de se laisser guider par son maître intérieur, par la conscience elle-même.

Par des techniques chamaniques issues de traditions millénaires, il est possible de désactiver les processus de densifications anarchiques, causes de dégradation de la santé. Les outils de la phonathérapie, discipline héritière de ces traditions, permettent d'intervenir à la source dans ce processus de densification de l'énergie. Comme un acupuncteur sans aiguille, à l'aide de la voix, du magnétisme des sons et de la

Retrouver l’essence

crédit photo : Patrick Torre

La phonathérapie utilise parfois la force du groupe pour porter l’expérience individuelle.

force de la pensée, le thérapeute remonte au nœud originel et le défait.

Réaliser un bilan vocal

Mais de quelle réalité parlons-nous habituellement ? Cette réalité que nos sens perçoivent et que notre cerveau interprète. Cette réalité qui voit les couleurs, alors que les scientifiques nous disent que la matière est grise et n’a pas de couleur. Cette réalité qui nous fait croire que nous touchons une forme alors que c’est la main qui est touchée. Ce mur de brique, pour nous bien réel dont l’existence ne dépend que de l’observateur. Si l’observateur change de taille vers l’infiniment petit (la taille d’un électron par exemple), ce mur sera vu comme une constellation d’étoiles. Nos certitudes ne valent que de notre 1m70 de hauteur. Dès lors que l’observateur change de taille, cette réalité change totalement. De même, nous croyons que si nous sommes là, nous ne pouvons pas être ailleurs et que nous sommes liés au temps linéaire et à l’espace. En réalité, seul le corps physique est soumis à ces lois. Les scientifiques après avoir démontré la relativité avec Albert Einstein, parlent aujourd’hui de plusieurs dimensions temporelles dont l’existence avérée serait fonction de l’observateur et aussi de mondes qui se déploient dans des espaces temps différents… Ces illusions, aussi tenaces soient-elles, ne doivent pas nous confiner dans la lourdeur d’une pensée réductrice. Nous ne soupçonnons pas à quel point nous sommes conditionnés pas nos certitudes.

Le thérapeute remonte au Retrouver le chemin du cœur nœud originel Une prise de conscience. S’apercevoir que la solution n’est pas extéet le défait. rieure à nous-même. Retrouver l’es-

Un bilan vocal permet de comprendre la relation subtile qui existe entre les plans essentiels (l'âme et les énergies spirituelles) et les plans existentiels (ego, énergie vitale et corps physique) de la personne. Par son timbre, sa hauteur, sa stabilité, sa force, et beaucoup d'autres critères, elle traduit l'évolution de la personne sur le plan psychique, émotionnel et spirituel. Le mal-être ou la maladie ne sont que les conséquences des tensions intérieures qui soulignent l'éloignement du sujet de l'essentiel de son être, la perte du sens et le désordre intérieur. Comme toutes les pratiques du même type, la phonathérapie est particulièrement efficace en prévention des maladies. Elle préserve l'équilibre et la santé par des séances individuelles ou collectives.

La pratique d’un mantra personnel La pratique d’un mantra personnel de réalisation donné par le phonathérapeute fait partie du processus de guérison, d’une forme de libération et d’allégement de la vie. Car la Phonathérapie est aussi un chemin d’évolution.

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LES BIENFAITS DE LA PHONATHERAPIE

sence : ce qui était là avant que les mots et la pensée conceptuelle ne nous réduisent au monde des objets. Ce monde que nous croyons être notre réalité est en fait imaginé par l'enfant que nous sommes dès l’acquisition du langage. Vers l'âge d'un à deux ans, l'enfant apprend à nommer les choses et à les distinguer. Il crée sans le savoir le monde des objets, le monde de Maya comme disent les Hindous. Ce voile qui nous éloigne de nous-même et de la Conscience. La phonathérapie, par la vibration vocale, redonne la capacité de retrouver le chemin du cœur. Les blessures inconscientes de l'enfance sont alors dissoutes dans l'amour et la compassion du cœur. Il suffit de se baigner dans sa lumière pour faire rayonner en nous et autour de nous son pouvoir de guérison.

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• Equilibrage et harmonisation énergétique du corps. • Dissolution des tensions musculaires liées au stress. • Aide à la guérison par la déprogrammation de la maladie. • Meilleure circulation de l’énergie vitale vers les organes et les fonctions. • Régulation des fonctions respiratoires et endocriniennes. • Harmonisation des hémisphères cérébraux. Recentrage. • Apaisement de la douleur lié à la libération d’endorphine. • Renforcement des mécanismes de défense du métabolisme. • Apaisement affectif par le nettoyage des mémoires émotionnelles. • Amélioration de la qualité du sommeil, acceptation de la vie. • Libération de la voix et de l’expression verbale. • Meilleure écoute de l’autre, socialisation, charisme. • Harmonisation avec la vie. Arrêt de la lutte intérieure. • Connaissance de soi, chemin de transformation, sagesse et bonheur.

Pour en avoir plus, consultez le carnet d’adresses p. 60.

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Ces articles sont originellement parus dans la revue Génération Tao, vous pouvez également les retrouver en ligne sur le site www.generation-tao.com

La voie de la voix Extrait de la revue :Génération Tao n°23

La voie de la voix (2e volet) Extrait de la revue : Génération Tao n°24

Om Mani Padme Hûm Extrait de la revue :Génération Tao n°26

So’ Ham-Hamsa Extrait de la revue :Génération Tao n°27

Les Grands Mantra Extrait de la revue : Génération Tao n°29

Om Extrait de la revue : Génération Tao n°30

La voix, miroir de l'inconscient Extrait de la revue : Génération Tao n°45


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