Un retraité au sommet de sa forme!

Ancien numéro un mondial et légende française du cyclisme sur route, Laurent Jalabert a marqué sa génération et continue de l’emmener dans ses aventures de retraité. À tout juste 50 ans, « Jaja » s’est mis à l’Ironman mais il a également décidé de transmettre sa passion en accompagnant des amateurs à relever des défis de taille, comme l’ascension du mont Ventoux ou encore celle du col du Tourmalet (organisée par JLL®). Un moyen pour lui de reprendre du plaisir là où ses souvenirs ne sont pas toujours les meilleurs…

Propos recueillis par Anne Odru

Pourquoi avez-vous décidé d’emmener des cyclistes amateurs relever un tel défi ?

Je roule encore, même si j’ai pris ma retraite professionnelle. Et puis j’aime beaucoup le contact avec les gens, pouvoir échanger autour de cette passion. Ça fait tomber des barrières quand on se retrouve tous ensemble sur notre vélo, habillés en tenue de cycliste. Peu importe d’où l’on vient, il n’y a pas de riches ou de pauvres, de forts ou de moins forts. On est tous confrontés au même défi : monter là-haut, chacun avec son niveau. C’est une notion qui me plaît bien et qui me correspond.

Est-ce difficile de les emmener dans votre univers à vous ?

C’est un peu l’objectif en effet, leur permettre de connaître le cyclisme de haut niveau à travers un champion de la discipline. Même si j’ai arrêté il y a longtemps, la pratique, je la connais bien, ce qui me permet de leur donner des conseils comme leur expliquer ce qui les attend le jour d’après, comment gérer la récupération… Beaucoup de gars viennent me poser des questions techniques sur leur vélo ou bien sur comment se préparer physiquement. Je les emmène notamment la veille de l’ascension faire une petite séance de décrassage et les regarde rouler pour les aider. C’est l’avantage de passer deux jours avec eux, je leur explique le matin de la course qu’il faut mettre du sirop, du sucre ou bien une pastille légèrement salée dans leurs bidons d’eau afin de ne pas se déshydrater et surtout de boire très souvent quelques gorgées. Avec l’organisation, nous leur fournissons également des barres énergétiques adaptées pendant l’effort.

Vous pourriez devenir coach ?

Non, mais ça fait partie des choses que j’aime bien faire. Je n’ai pas vraiment le temps avec mon métier de consultant pour France TV et à la radio. Je n’ai même pas forcément l’occasion de rouler aussi souvent que j’aimerais. Et pourtant, je continue de m’entraîner à travers le triathlon, dès que je peux. Je pars très régulièrement en déplacement, ça ne me facilite pas la tâche. Je participe également à des séminaires, donne des conférences, fais des parrainages, etc.

Comment faites-vous pour gérer votre préparation aux Ironman avec tout ça ?

Je ne m’entraîne pas assez… C’est un défi que j’ai voulu me lancer mais je me suis vite rendu compte que je n’avais pas le temps de me préparer correctement. Je ne vise plus forcément la performance sur une course mais je vise tout de même la qualification pour la finale à Hawaï… Ça me permet de faire un beau voyage et de profiter en plus de la course !

MÊME SI J’AI ARRÊTÉ IL Y A LONGTEMPS, LA PRATIQUE JE LA CONNAIS BIEN CE QUI ME PERMET DE DONNER DES CONSEILS

Vous revenez régulièrement sur ces sommets qui ont marqué votre carrière sur le Tour de France ?

Non, tout seul je ne reviendrai pas sur le mont Ventoux ou le col du Tourmalet. Ce sont des sommets que je connais, je sais que je suis capable de les monter. Pas comme ceux que j’accompagne maintenant et qui se sont préparés pendant des mois pour y arriver et qui appréhendent en fonction de leur état de forme, de la météo… Moi, je sais que je sais faire, je n’ai pas besoin de me le prouver à nouveau. En revanche, ça me fait plaisir de revenir avec eux et de les emmener grâce à mon expérience. Si je devais monter à bloc avec des mecs qui vont à fond, là, ça ne me ferait pas plaisir !

Quels sont les conseils que vous donnez à ces cyclistes amateurs ?

Je leur dis de toujours garder le bon cap, le bon braquet, de ne pas abuser des gros développements… Et en montagne, ce qui est démoralisant, c’est que les kilomètres ne passent pas ! Moins tu es entrainé, moins ça passe vite. Tu as l’impression que tu n’arriveras jamais en haut. Mais si tu as les bons braquets, et si tu es patient, que tu t’hydrates correctement en gérant ton effort, tu arrives au bout ! Et tout le monde peut y arriver. Si tu aimes le vélo, il ne faut pas se décourager. Et quand tu es à la retraite et que tu as du temps… c’est le moment de le faire ! ✱