JA 3005 06 du 12 au 25 août 2018 GF RDC

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Grand format RD CONGO ÉCONOMIE

qualifiés, Miluna accueille en stage des étudiants en agronomie de l’Université de Kinshasa. « On engage les meilleurs. Nous en avons déjà recruté six », poursuit l’entrepreneur, qui tient à faire travailler des Congolais.

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Marché inondé

Les variétés choisies pour la pépinière proviennent du centre de recherche de Yaligimba, qui appartient à Feronia.

industriels de la filière dans le pays (lire encadré). « On préfère les semences de RD Congo, qui ont fait leurs preuves, plutôt que celles importées d’Asie, qui ne sont pas adaptées à nos terroirs », précise Jean-Claude Hoolans, qui préside par ailleurs la commission agriculture et forêt de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) depuis 2012. Afin de pallier le manque d’agronomes et de techniciens

L’huile brute produite par Miluna est destinée au marché local, principalement aux usines de Marsavco et de Palmco, installées à Kinshasa. Elle est transportée par camion-citerne jusqu’au port d’Akula (à 18 km de la plantation), puis par barge sur la rivière Mongala et le fleuve Congo pour, dix jours plus tard, atteindre Kinshasa, notamment le port privé de Marsavco, situé à La Gombe. « C’est une société sœur, Nocafex, qui assure le transport de l’huile, des autres productions de la plantation et des denrées vivrières (maïs, arachide, manioc…) produites par de petits exploitants de la région », explique Jean-Claude Hoolans. Il est cependant encore difficile d’être rentable en RD Congo, notamment à cause de la concurrence des importations d’huile brute et de produits raffinés. Le marché congolais a ainsi été récemment inondé par de l’huile de palme provenant d’Angola, qui passait en fraude par Lufu, villemarché située à 80 km au sud de Matadi : les prix sont tombés à 450 dollars/t, avant de remonter, à la suite de contrôles aux frontières, à environ 600 dollars/t… Ce qui est encore un peu juste.

PALMARÈS DES INDUSTRIELS Les entreprises qui possèdent des plantations et assurent la production industrielle d’huile de palme brute sont peu nombreuses en RD Congo. La plus importante d’entre elles est Feronia RDC, filiale du financier canadien Ravi Sood, qui, en 2009, a racheté des participations de l’anglo-néerlandais Unilever dans les Plantations et huileries du Congo (PHC). Le groupe exploite 17000 ha et a produit 27189 t d’huile

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brute en 2017. Numéro deux de la filière, le Groupe Blattner Elwyn (GBE) produit 15000 t à 20000 t d’huile brute par an, talonné par Brabanta, filiale de Socfin (groupe Bolloré), qui possède 6200 ha de palmeraies et a produit 13000 t d’huile brute en 2017. Des sociétés aux superficies plus réduites contribuent à la production industrielle, dont Miluna. Toutes opèrent dans la moitié nord du pays et dans le

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Kongo-Central, les zones les plus favorables à ce type de plantations. En aval de la filière, plusieurs raffineries transforment l’huile brute en huile de table, margarine et savon, dont la Margarinerie et savonnerie du Congo (Marsavco, rachetée par le groupe Rawji à Unilever en 2002), qui est la seule à importer de l’huile brute, ainsi que Sulfo Industries, Savons et cosmétiques de

Kinshasa (Savcoki) ou encore l’ivoirien Palmco, récemment implanté dans le pays. Toutes subissent la concurrence des produits raffinés importés d’Asie, dont l’offre est devenue plus importante que la demande. Un paradoxe, sachant que la RD Congo réunit les savoir-faire et les conditions pédologiques et climatiques pour être l’un des premiers producteurs mondiaux d’huile de palme. M.D.M.-M.


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