Marchés financiers BANQUE
Les annonces d’UBA manquent de crédit
Après deux années désastreuses, le nigérian United Bank for Africa déclare des profits vertigineux sur les trois premiers mois de 2012. Un résultat à ne pas forcément prendre au pied de la lettre.
KUNLE AJAYI/AMO/SIPA
P
romesse tenue. Le 18 avril, United Bank for Africa (UBA) a annoncé pour le premiertrimestre2012des profits mirobolants. À 76 millions d’euros, le résultat net avant impôt du groupe nigérian s’est envolé de 233 % par rapport au premier trimestre 2011, confirmant les prévisions données quelques semaines plus tôt par la direction d’UBA. Depuis, les investisseurs à la Bourse de Lagos ont salué l’événement à sa juste valeur: le titre a progressé en neuf séances de 46,7 %! Après deux années désastreuses, UBA sortirait-il enfin la tête de l’eau? « Les résultats financiers de la banque au cours du premier trimestre témoignent de la résistance du groupe et du redressement de la performance de l’entreprise après que nous enavons nettoyéle bilan», explique Phillips Oduoza, directeur général. Débutée en 2010, la purges’esteneffetpoursuivietoutau long de 2011. Au cours de ce laps de temps, le groupe s’est séparé d’environ610millionsd’eurosdeprêtsnon
recouvrables. Au cours du seul dernier trimestre 2011, les 470 millions d’euros dont UBA s’est délesté ont d’ailleurs provoqué l’effondrement de ses performances financières. Unmalpourunbien…Legroupe, quiprésentedésormaisunniveaude prêts non performants en dessous des 5 % imposés par la Banque centrale, serait mieux positionné pour l’avenir. À son actif également, une «aventureafricaine»quicommence à porter ses fruits. Douze de ses dixhuit filiales sur le continent (hors Nigeria) sont désormais rentables, contrequatreàlafindel’année2010. Désormais, 19 % de ses revenus sont générésendehorsduNigeria(contre 10%deuxansplustôt),enligneavec le poids des opérations africaines
Rodéo nigérian
En deux ans, le groupe s’est séparé de 610 MILLIONS D’EUROS de prêts non recouvrables.
dans le total de bilan du groupe. Du coup, le management prévoit une poursuite de la croissance bénéficiaire, avec pour le second trimestre un résultat net aussi élevé que celui du premier trimestre. PRUDENCE. Tout cela est-il cré-
Les filiales les plus rentables
Résultat net avant impôt, en millions d’euros
153,3
Résultat net avant impôt en 2011
Ñ Ghana
5,69 millions d’euros
30,4
Burkina Faso
15,8
2,31 millions d’euros
Û Cameroun
960 000 euros
– 134,1 2009
2010
N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
2011
T Sénégal 1er sem. 2012 (prévision de UBA )
930 000 euros
SOURCE : UBA
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dible?Àceniveaudeprofits,larentabilitédescapitauxpropresdugroupe atteint 28,5 %, un niveau tout à fait exceptionnel au Nigeria… et peu probable même pour une banque comme UBA, jadis très rentable. « Nous aimons cette performance, expliqueAbiolaRasaq,analystechez Vetiva Research. Néanmoins, nous restonsprudents,avecuneprévision derentabilitéà13%pourl’ensemble de l’année 2012. » L’important provisionnement décidé par le management fin 2011, alors que les trimestres précédents semblaient encourageants, incite à la prudence. « Étant donné que les chiffres [du premier trimestre 2012, NDLR] ne sont pas audités, nous ne sommes pas certains qu’ils donnent une vision fidèle de la performance 2012, soulignait dès le mois de février Muyiwa Oni, analyste chez Stanbic IBTC. Depuis l’audit mené par la Banque centrale en 2009, nous observons que les éléments prévisionnels donnés par JEUNE AFRIQUE