Maghreb Moyen-Orient
SYRIE
Anissa al-Assad
La mère du crime On la dit dure, sévère et toute-puissante. Mais l’âge – et la guerre – aidant, l’épouse de Hafez al-Assad aurait beaucoup perdu de son influence. Portrait d’une ex-première dame très secrète. LAURENT DE SAINT PÉRIER
P
ort austère, visage fermé, Anissa Makhlouf semble être le reflet féminin de Hafez al-Assad, son militaire et président de mari, sur cette rare photo de famille aux couleurs délavées datant de 1985. Le 23 mars 2012, l’Union européenne a fini par
GETTY IMAGES/HULTON ARCHIVE
Les parents de Bachar al-Assad et leur fille, Bouchra, le 4 juin 1974, à Damas.
inclure la matrone sur sa liste de personnalités syriennes sanctionnées : « Elle profite du régime et y est associée. » Pour le meilleur et souvent pour le pire, Anissa a lié son destin à celui des Assad en 1958, en épousant Hafez, jeune lieutenant de l’armée de l’air qui allait mettre la main sur le pays par un coup d’État en 1970. À Damas, il se murmure aujourd’hui que la douairière de 79 ans fait bien plus que profiter du régime. « Anissa al-khassissa » (« Anissa la vicieuse »), comme l’ont surnommée les insurgés, en serait l’éminence grise, l’influence occulte ; on la dit toute-puissante.
« Les décisions sont prises collégialement dans le premier cercle familial […] mais c’est Anissa qui a le dernier mot », déclarait l’opposant en exil Wael al-Hafez, quelques semaines après le début de la révolte, en mars 2011. « Ne sois pas faible ! Fais ce que ton père aurait fait », aurait tempêté la matriarche à l’adresse de son fils Bachar, poussant celui-ci à engager une répression féroce. Et à plonger le pays dans un bain de sang. « Sa mère est connue pour jouer un rôle éminent », confirme, en décembre 2011, un e-mail de la société privée américaine de renseignement Stratfor révélé par l l l
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