Architecture adaptée à la maladie d'Alzheimer

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MALADIE D’ALZHEIMER

UNE ARCHITECTURE ADAPTÉE A UNE MALADIE SPÉCIFIQUE MARIE DETAIN

MÉMOIRE DE RECHERCHE


É C O L E N AT I O N A L E S U P É R I E U R E D ' A R C H I T E C T U R E D E LY O N DIRECTEUR DE MÉMOIRE M. RAINIER HODDÉ © MÉMOIRE DE RECHERCHE MASTER1 - 2012-2013


MALADIE D’ALZHEIMER

UNE ARCHITECTURE ADAPTÉE À UNE MALADIE SPÉCIFIQUE MARIE DETAIN

MÉMOIRE DE RECHERCHE



Ce mémoire de recherche touche un sujet d’actualité. Le thème traité n’aurait jamais pu me passionner sans ma participation au concours d’idées du CNSA fait avec la précieuse aide de Stéphan Courteix. Je remercie le Docteur Champin de la résidence Montvenoux, Mlle Montoya de la résidence La Salette ainsi que leur personnel pour leur accueil et leur passion dans ce qu’il font. Je remercie également mon directeur de mémoire, M. Rainier Hoddé, pour m’avoir soutenu et aiguillé dans ce projet. Merci à toutes ces personnes qui m’ont aidé d’une manière ou d’une autre à mener à bien cette étude.



AVANT-PROPOS

Avant de me concentrer sur ce sujet spécifique qu’est la maladie d’Alzheimer je me suis intéressée à toutes les situations de handicap que devait traiter l’architecture. Alors que je pensais qu’elles se limitaient aux personnes à mobilité réduite, j’ai découvert de nombreuses propositions concernant d’autres types de déficiences majeures : les déficiences motrices (comme l’infirmité motrice cérébrale), les déficiences sensorielles (comme la cécité), les déficiences cognitives comme (la maladie d’Alzheimer) ainsi que les déficiences psychiques (comme l’autisme).Il s’en est suivi un intérêt particulièrement poussé pour les obstacles rencontrés par des déficients visuels dans la ville et pour l’impact de l’architecture sur les déficiences psychiques. A la suite de nombreuses recherches, j’ai pu constater que la malvoyance faisait déjà l’objet de nombreux écrits, mon souhait s’est donc naturellement tourné vers la maladie d’Alzheimer. Participant au concours d’idées du CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie) avec d’autres collègues, j’ai voulu lier recherches pour ce concours et recherches pour le mémoire. Ce concours consistait en la réalisation d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes d’une capacité de 86 places comprenant deux unités Alzheimer de 14 personnes chacune. La réalisation des plans de cet établissement a entraîné de nombreuses réflexions et remises en questions sur les espaces du quotidien. Quels éléments pourront être mis en place pour améliorer le quotidien des personnes alitées, ceux pour les espaces de vie commune ? Comment stimuler des personnes atteintes d’une dégénérescence des neurones ? Quels éléments mettre en place pour créer des repères dans les espaces ? Ces questionnements ont déjà été le sujet d’études, menées parallèlement par psychologues et architectes en réponse à la définition même de cette maladie. La maladie d’Alzheimer est une « atteinte chronique d’évolution progressive d’une partie du cerveau, caractérisée par une altération intellectuelle irréversible aboutissant à un état démentiel. Elle est caractérisée biologiquement par une dégénérescence nerveuse, due à la diminution du nombre de neurones avec atrophie du cerveau et une présence de «plaques séniles» » selon le dictionnaire médical de l’infirmière. Les symptômes de cette maladie sont vite reconnaissables et se dégradent au fil du temps. Le déficit cognitif qu’engendre la maladie entraîne une perte de mémoire immédiate dans les premiers mois de la maladie, puis une perte de souvenirs de plus en plus anciens. Le jugement est altéré, les raisonnements sont différents et le malade peut être sujet à des sautes d’humeurs inhabituelles. Ce sont les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer. Puis au fil de la progression, des troubles plus importants vont s’installer. C’est alors que l’on rencontre des troubles mnésiques très importants, des troubles de la volition et du jugement, des troubles aphasiques mais aussi des troubles de compréhension de la réalité et un effondrement du « Moi ». Le malade est désorienté et ressent le monde comme quelque chose qui lui est hostile. Différentes voies thérapeutiques sont proposées en échos à ces troubles, mais il a été prouvé que la stimulation intellectuelle pouvait ralentir la progression des altérations qu’engendre la maladie. En effet, selon les chercheurs du CHU de Toulouse, la résidence dans un lieu à l’architecture adaptée permettait de diminuer de manière considérable la prise de médicaments et même d’arrêter toute prise de tranquillisant au bout d’un mois de séjour. Ces affirmations ont pu être démontrées sur des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer à différents stades d’avancement. Elles ont été relatées dans le numéro d’Octobre 2010 de la Revue Canadienne « de la maladie d’Alzheimer et autres démences. » C’est cet aspect de la relation entre le malade et l’espace qui m’a interpellée et que j’ai choisi de traiter plus profondément dans mon mémoire.

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SOMMAIRE

Avant-propos

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Sommaire

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Introduction

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Problématique

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Partie 1 : Contextualisation et état

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des savoirs actuels. Partie 2 : Études de cas.

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Résidence Montvenoux à Tarare.

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Résidence La Salette à Bully.

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Propositions.

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Conclusion

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Bibliographie

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Lexique

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Illustration du plan gouvernemental Alzheimer.

espace-ethique-alzheimer.org


INTRODUCTION

C’est en 1818 avec les grands hôpitaux asiles que l’on commence à s’intéresser aux effets de l’architecture sur la santé mentale. Beaucoup de projets, souvent utopiques, ont été créés pendant cette première moitié du 19ème siècle. L’architecture apparait alors comme un lieu idéal de la réparation mentale. Aux projets d’hôpitaux succèdent les projets de prisons, réalisés sur les mêmes fondements avec les mêmes croyances : que l’architecture peut améliorer la santé mentale des détenus et leur faire prendre conscience de leurs actes (article de Robin MIDDLETON, Sickness, madness and crime as the grounds of form). Ces réflexions sont les précurseurs de la réflexion contemporaine en matière de santé mentale. Parce que ces hôpitaux ont été mis en place très vite, ils ont eu le temps d’évoluer. Ils ont été testés sur plusieurs sortes de maladies mentales, et c’est en 1991 que la première maison spécialement conçue pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer se met en place. Cette résidence, nommée ADARDS, est toujours en activité au Canada. Elle a instauré beaucoup d’éléments repris actuellement dans les résidences contemporaines comme les espaces jours/nuit, la division de la résidence en unités restreintes, la stimulation par la préparation occasionnelle des repas et la place centrale de la cuisine ou encore le jardin clôturé avec à disposition quelques animaux. Le concept de maisons spécialisées Alzheimer s’est développé et a donné lieu à d’autres réalisations un peu partout dans le monde. En France, c’est le Docteur Sotton qui est particulièrement connu pour ses neuf réalisations. Dans toutes ces maisons qui se sont construites, le principe est partout le même : regrouper les malades en petits unités semi-familiales de maximum douze personnes et accompagner au mieux le patient dans l’augmentation de ses troubles. Ce mémoire répond à différents enjeux, tout d’abord à des enjeux sociétaux en échos à une politique de santé publique mais aussi à des enjeux architecturaux en mettant en avant les limites de deux types représentatifs de prise en charge des malades. Il s’inscrit dans une politique gouvernementale qui répond au plan Alzheimer appliqué depuis 2008. Le vieillissement progressif de la population ainsi que la fréquence de la maladie d’Alzheimer en font un important enjeu tant au niveau sociétal qu’au niveau économique. C’est aujourd’hui un enjeu de santé public avec 26 millions de personnes touchées dans le monde recensées en 2005. C’est la maladie neurodégénérative la plus fréquente chez les personnes âgées, avec 6% des plus de 65 ans atteints. L’espérance de vie des patients est en moyenne de 8 à 10 ans après l’apparition des premiers symptômes. En France, une enquête du ministère de la Santé datant de 2004 comptait 850 000 personnes atteintes, prévoyant environ 225 000 nouveaux cas par an. Une nouvelle enquête est en cours d’exécution afin de se rendre compte des chiffres et des attentes auxquels il faudra répondre. Ce plan Alzheimer comporte 44 mesures détaillées et disponibles sur le site internet officiel du gouvernement (www.plan-alzheimer.gouv.fr), qui sont toutes axées sur trois thèmes principaux : la santé, la recherche et la solidarité, afin de se mobiliser pour cet enjeu de société. Le but de ce plan national est très clair, comme l’expliquent les directives ministérielles : il est « centré sur la personne malade et sa famille, il a pour objectif de fournir un effort sans précédent sur la recherche, de favoriser un diagnostic plus précoce et de mieux prendre en charge les malades et leurs aidants ». Le but est donc entre autre de mettre en place des structures adaptées au confort des malades et au bien-être de leurs proches. Les établissements spécialisés Alzheimer sont appelés à se multiplier tant la demande va

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augmenter. Le plan Alzheimer prévoyant une amélioration du confort des malades, il est donc important de savoir quels sont les structures à prendre en exemple et quelles sont celles à ne plus répéter.


PROBLÉMATIQUE

L’étude approfondie de la maladie d’Alzheimer et de ses pathologies m’a entraînée à m’interroger sur certains établissements qui accueillent les personnes malades. Parallèlement à mes recherches sur l’état des savoir actuels, je me suis penchée sur les établissements qui se proclament structure d’accueil. Je me suis rapidement rendue compte que la plupart de ces structures ne séparaient pas les personnes âgées atteintes par la maladie d’Alzheimer des autres résidents. A partir de ce constat, j’ai supposé qu’en ce qui concernait les aménagements spécifiques à la maladie, aucune particularité n’était faite. Par rapport à tous les savoirs dont on dispose à l’heure actuelle, j’ai présumé que toutes les unités proclamées Alzheimer n’étaient pas disposées à recevoir et à traiter de manière non pharmacologique ce type de patient. Le but des maisons Alzheimer est désormais d’aller au-delà d’une architecture hospitalière faite simplement pour un traitement et une réception de soins. Il faut concevoir une architecture spéciale, une architecture unique. Il s’agit de recréer un chez-soi, une maison à laquelle le patient pourra s’identifier. Le principe du Cantou tire son nom du vieux français où il désignait une atmosphère chaleureuse et conviviale. C’est là tout l’enjeu de ces nouvelles maisons médicalisées ; mettre en place des aménagements et des ambiances nouvelles, propices à l’adaptation des malades. Il existe deux types d’accueil des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer : des accueils qui se font dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) avec des unités à l’architecture adaptée aux exigences de ce type de maladie, et des accueils qui se font dans des maisons spécialisées Alzheimer (MSA ou MAPAD) qui n’accueillent que des personnes atteintes. Il est donc très fréquent de voir des EHPAD datant de plusieurs années, intégrer à leur programme des unités Alzheimer, soit en rajoutant un bâtiment annexe à celui existant, soit, comme on peut le voir plus souvent, en transformant un étage courant initialement dédié aux personnes âgées de l’EHPAD. On peut alors se poser la question de savoir s’il y a une structure qui soit plus adaptée que l’autre pour gérer les démences telle que la maladie d’Alzheimer. A partir de l’observation de quelques structures, ce mémoire a pour but d’identifier et d’analyser des éléments prégnants de réussite ou d’inefficacité par rapport à des objectifs d’amélioration de la prise en charge de patients atteints de la maladie d’Alzheimer : - Dans quelles mesures l’adaptation architecturale des résidences d’accueil des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peut-elle aider à la prise en charge globale du malade ? Où en est-on dans les architectures des structures d’accueil en France ? Quels éléments architecturaux font que ces établissements sont spécifiquement dédiés à ces personnes? Quels sont les aménagements à favoriser ; peut-on identifier des aménagements à «bannir»? Quels sont les éléments à améliorer dans les phases de conception ou d’utilisation ? Afin de pouvoir répondre à ces questions mais aussi de pouvoir étudier, sur des bâtiments représentatifs, quelles sont les évolutions à apporter aux architectures actuelles, j’ai choisi de diviser mon mémoire en deux parties bien distinctes : une partie théorique et une partie pratique. Dans un premier temps il s’agira d’étudier avec une extrême rigueur les éléments du corpus et de les interpréter objectivement, en se détachant des amalgames et des images préconçues sur l’architecture des maisons Alzheimer. Nous nous baserons sur des écrits scientifiques traitant des sujets liés à la maladie d’Alzheimer afin de permettre une meilleure compréhension de la maladie (ses pathologies, ses conséquences et ses besoins) pour avoir

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des bases solides et fondées en essayant d’en tirer des liens évidents avec l’architecture. Nos lectures nous permettront une analyse à proprement dite de l’impact de l’architecture sur cette maladie, afin de voir quels éléments ont été jugés aptes à la diminution de ses symptômes. Après avoir posé les fondements de notre recherche, deux exemples bien ciblés nous permettront d’appliquer nos connaissances ainsi que nos hypothèses. J’ai choisi d’étudier les deux types d’accueil évoqués plus haut : deux bâtiments d’une même époque dans le département du Rhône, aux situations géographiques à peu près similaires, de façon à avoir un jugement des plus objectifs possible sur les modifications architecturales mises en place. Si J’ai choisi d’étudier deux bâtiments d’une même époque, c’est pour pouvoir analyser l’architecture et non pas l’état des connaissances. Je considère qu’à une même époque, tous les corps de métiers qui participaient au projet de construction avaient les mêmes savoirs sur les pathologies de la maladie et les éléments architecturaux à mettre en place pour le bien des résidents. De plus dans un même secteur, les cadres administratifs sont similaires. Il s’agit donc d’étudier deux formes d’accueil des personnes Alzheimer d’une même époque afin de faire un point sur les bâtiments qui sont aptes, ou non, à recevoir des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer pour au final, tenter de proposer des principes spatiaux et architecturaux qui pourraient correspondre aux attentes de tous les acteurs de cette pathologie. Il s’agira donc de dresser un portrait des architectures adaptées aujourd’hui, et de se questionner sur les améliorations à apporter aux architectures existante à travers deux études de cas: la résidence Montvenoux à Tarare, et la résidence La Salette à Bully.

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Chronologie des pathologies de la maladie d’Alzheimer lamaladiedalzheimer.org


CONTEXTUALISATION ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

Parce que la maladie d’Alzheimer est désormais un sujet d’intérêt public, de nombreux programmes de réflexion ont mis en place une collaboration entre l’état et les associations telle que la Fondation Médéric Alzheimer. Une partie de ces pistes de recherches concerne le domaine de l’architecture et les réponses qu’elles peuvent apporter aux troubles liés à la maladie d’Alzheimer. « Certains aspects de la personnalité, liés à l’activité visuelle, kinesthésique, tactile, thermique, peuvent voir leur développement inhibé ou au contraire stimulé par l’environnement », précise E.T. Hall. C’est sur ce sujet que nous allons concentrer nos recherches afin de pouvoir maîtriser l’état des savoirs actuels sur le lien imperceptible qu’il existe entre maladie d’Alzheimer et aménagement. Alors que la maladie est connue depuis quelques années maintenant et que les premiers plans d’actions sont lancés, la production architecturale reste faible. Il existe très peu d’ouvrages sur de nouvelles constructions d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et encore moins sur les unités Alzheimer. Il est donc peu courant de lire des avis critiques sur ce qui a été construit. Quelques articles sur les maisons Alzheimer primées par l’État pour leur originalité sont diffusés mais ils sont rares. Suite à plusieurs échanges avec des professionnels, j’ai admis que toutes ces approches non pharmacologiques visent plus des objectifs de bien être que des finalités commerciales. Hors, sans enjeux commerciaux et pharmaceutiques, très peu de subventions soutiennent des projets de recherches tels que l’architecture adaptée aux personnes Alzheimer. Comme dirait le docteur Champin, « la médecine c’est un commerce, et tant que le commerce n’y aura pas trouvé son intérêt, vous ne verrez pas grand-chose en sortir ». Je suppose donc que les laboratoires ne se pencheront pas sur ce sujet rapidement et que des ouvrages ne paraîtront pas tout de suite. En revanche, beaucoup de livres de vulgarisation ont été écrits sur la maladie d’Alzheimer : du point de vue du malade, du point de vue des familles et du point de vue des aidants. Ces lectures m’ont permis de mieux comprendre les caractéristiques de la maladie et de me familiariser avec ses différents symptômes. La prise de conscience des conséquences de cette démence et des rôles des différents acteurs entraîne déjà quelques idées d’aménagements d’espaces. Ces aspects médicaux et psychologiques constituent une base essentielle pour pouvoir étudier et analyser les différents espaces des établissements dédiés à l’accueil et au soin des personnes atteintes. Ceci n’étant pas le thème de mon mémoire, j’ai choisi de ne pas m’étaler sur cet aspect médical afin bien sur de me concentrer sur la dimension architecturale du sujet. Rappelons simplement que la maladie d’Alzheimer représente 70% des formes de démences qui peuvent apparaître chez les personnes âgées. Avec quatre stades d’avancements, les pathologies évoluent et les capacités diminuent, comme l’illustre le schéma ci-contre. • Après l’apparition du diagnostic, la personne entre dans la phase légère de la maladie qui est caractérisée par une apparition de troubles mnésiques et comportementaux. Des pertes de mémoire d’événements récents, des difficultés à communiquer et une perte d’intérêt pour les activités du quotidien sont les pathologies liées à la première phase de la maladie. • Le stade modéré est le suivant, caractérisé par une perte d’autonomie significative. La personne ne reconnait plus ses proches ni les objets du quotidien à cause de troubles

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CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

mnésiques de plus en plus importants. Des problèmes d’alimentations apparaissent en plus de troubles du sommeil dus à une perte de repères temporels et spatiaux. L’assistance par un tiers devient indispensable pour la sécurité du malade dont l’agressivité augmente. • Vient ensuite la phase sévère ; ici la personne est placée dans un établissement d’hébergement. Toutes les fonctions sont altérées, le langage n’est presque plus compréhensible, les capacités de mémorisations sont absentes et les fonctions motrices sont affaiblies ce qui entraîne des chutes. • Enfin le stade terminal dure environ deux ans. La personne ne peut plus parler ni marcher et difficilement s’alimenter ce qui la conduit à un état grabataire. Le décès survient environ huit à douze ans après le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Le premier à entreprendre des recherches concrètes sur le lien entre l’architecture et la maladie d’Alzheimer est le docteur Powell Lawton dans les années 1970. En partant de l’hypothèse que le type d’organisation de l’espace pouvait avoir un effet palliatif aux troubles cognitifs, ce docteur a fait différents tests qui ont prouvé que différentes architectures pouvaient gérer les problèmes d’errance, d’agressivité et d’agitation. Une architecture très rassurante et sécurisée va pouvoir rassurer la personne démente dans ses angoisses permanentes. Tout au long de ses recherches, Powell Lawton énonce la notion d’ « architecture thérapeutique ». Une architecture qui soit adaptée et en accord avec les déficiences de chacun. Lorsque l’on construit un espace hospitalier, on se contente trop souvent de compter les mètres carrés de chaque local, de chaque chambre. Loin de penser que ce sont des résidences d’accueil de longue durée, où les personnes finiront souvent leur vie. Il est nécessaire d’avoir une autre approche des espaces qui nous entourent afin de concevoir une architecture appréciée, adaptée et comprise. Il faut sortir des idées préconçues pour recréer des environnements familiers qui soient rassurants afin de prendre en charge au mieux des personnes désorientées. Tout un travail en amont est à faire dans la réalisation de projets de ce genre. Nous ne sommes pas capables, en tant que maître d’œuvre, de penser des infrastructures aussi complexes sans en connaitre le vrai contexte. Nous ne pouvons pas nous contenter d’appliquer un programme et des surfaces dans des domaines que nous ne maîtrisons pas. « Il faut avoir une conception humaniste des espaces et ne pas laisser la technique prendre le dessus », disait l’architecte Antoine Bruhat lors du réaménagement de l’Hôtel Dieu de Clermont Ferrand. Le dialogue est primordial avec des personnes qui vivent dans ces milieux comme les spécialistes en gérontologie, les directeurs d’établissements ou les membres du personnel. Sans grande différence avec la commande individuelle, il y a une demande spécifique, des envies et des besoins, à nous de faire appel par la suite à nos compétences pour ne retenir que le meilleur de ce que l’on a entendu. L’architecte a le rôle de traducteur, de volontés énoncées il fait des propositions spatiales. Pour la mise en place d’éléments peu communs comme les nouvelles façons d’aborder l’architecture pour les résidents, il est aussi important de faire appel à d’autres corps de métiers qui sont habitués à travailler sur d’autres aspects de la maladie des résidents. Des ergothérapeutes, des psychologues, des psychomotriciens et d’autres personnes amenées à côtoyer de temps en temps des personnes Alzheimer peuvent apporter un autre regard et guider la réalisation vers des pistes qu’eux seuls savent interpréter.

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Après avoir compris les attentes et s’être approprié le projet, l’architecte fait son rôle d’artiste et modélise les volontés de chacun. Dans une étude menée en 2005 par la fondation Médéric Alzheimer, sur quarante cinq établissements qui accueillent dans des structures plus ou moins importantes des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer, il a été noté que les résidents et les familles ne sont pas souvent pris en compte dans l’élaboration des projets de vie. Très rarement mises à contribution, ce sont tout de même des acteurs majeurs dans le quotidien des établissements spécialisés. Les personnes les plus consultées seraient les directeurs d’établissement qui eux, se montreraient porte-parole de tout le monde. Dans cette même étude, une large majorité des établissements confient avoir eu des réflexions sur les projets bien avant le début des travaux, avec souvent un cahier des charges bien rempli. Et dans la moitié des établissements qui ont subi des travaux, un architecte conseil est venu marquer une étape intermédiaire dans la réflexion. Même si l’aménagement intérieur peut être sujet à de larges innovations, les unités doivent cependant répondre à un programme bien défini qui marche. Des effectifs autour d’une douzaine de résidents pour trois à quatre infirmières, des chambres, un salon, une salle à manger, une cuisine, un espace de soin, un local pour le linge, un local de rangement, puis en fonction de la place attribuée à chaque unité on peut retrouver d’autres pièces telles que des salles de balnéothérapie, des salles polyvalentes ou encore des salons de famille. Le fait que les unités de vie ne soit composées que de dix à quinze personnes âgées joue un grand rôle dans la démarche de stimulation du résident. Selon le docteur Champin, c’est la famille Caussanel qui a initié ces regroupements. L’histoire raconte que leur parents étaient atteints par la maladie d’Alzheimer et que, coincés à Paris, ils décidèrent de les regrouper avec des parents d’amis dans une même maison puis de faire appel à une aide extérieure pour les garder tout au long de la journée. Ce fut le début des unités à douze, financièrement viables et reprises par la suite par les hôpitaux. L’hôpital de la Croix-Rouge à Saint Cyr, fut un des premiers à mettre en place cette disposition sous la direction du docteur Gilet. Des travaux réalisés par Mitchell Sloane en 1998 et recensés dans un rapport dédié à l’organisation France Alzheimer, montrent que la vie en petites communautés réduirait les agitations des résidents. Les unités à effectifs réduits éviteraient la sur-stimulation et l’hyperactivité mais favoriseraient au contraire les interactions et la prise en charge individuelle. D’après les conclusions tirées de ces travaux les unités de devraient pas dépasser les 14 personnes. Néanmoins, cette notion peut être variable mais doit rester dans cet ordre de grandeur. De plus pour des questions de confort et de sécurité, chaque unité doit disposer de tous les espaces nécessaires à la vie de tous les jours de manière à ne pas avoir à en sortir : un espace salon, un espace cuisine, un espace salle à manger… L’accent est mis sur ces espaces qui sont souvent conçus trop vastes. Les personnes que nous avons été amenées à rencontrer nous ont beaucoup parlé de « petits espaces confinés » qui rassuraient les résidents et économisaient les trajets du personnel. En plus de ces espaces communs, il faut ajouter les espaces individuels de chaque résident à savoir une chambre, qui peut être équipée ou non d’une salle d’eau. La surface de la chambre est au minimum de 20 m², sachant que plus elle sera élevée, plus le prix du séjour sera important. C’est pour cette raison

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CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

Principe du Cantou

Principe du déambulatoire

Espaces de jour Salles d’eau Chambres Cuisine Principe des appartements

Locaux du personnel

Principes architecturaux d’unités Alzheimer.

Documents crés par l’auteur

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que la majorité des chambres dans des établissements spécialisés type EHPAD ou MAPAD ne dépassent pas les 22 m². La sécurité de ces espaces de vie est une question majeure dans le processus de conception. L’errance et la fugue des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer est une des pathologies que nous avons pu constater. La manière la plus sûre et la plus souvent utilisée est un porte d’entrée fermée à l’aide d’un digicode ou d’une clé. Les jardins sont évidemment clos par des systèmes variés : barrières, végétation ou grillages. Cependant, comme nous le détaillerons plus bas, la lumière joue un rôle prédominant dans les déplacements des résidents. Placer l’accès aux unités Alzheimer dans des espaces sombres, dépourvus de lumière naturelle et assez loin des espaces collectifs suffirait à les éloigner de ces sorties. Parallèlement à cette solution constructive, la surveillance permanente exercée par le personnel soignant suffit à diminuer encore plus les possibilités de fugue. Ces solutions moins contraignantes diminuent également le sentiment d’enfermement ressenti par toutes les personnes amenées à passer un moment dans ces unités de vie. Les espaces de circulation sont des thèmes de réflexion très importants qui représentent un sujet de préoccupation fort du personnel soignant. Le cheminement au sein de l’unité de vie doit être intuitif et guidé. Les longs couloirs qui finissent en cul de sac sont prohibés, tout comme les boucles de déambulations. Les pathologies de la maladie nous informent que sur un couloir en cul de sac, les personnes peuvent rester bloquées pendant un moment sans penser à faire demi-tour. De même pour les boucles de déambulations où ils peuvent tourner sans penser à s’arrêter. Une étude menée par Stephan Courteix au Laboratoire d’Analyse des Formes nous informe que dans certaines institutions qui présentaient ce mode de circulation, les résidents pouvaient marcher jusqu’à 12 km par jour. Il s’agirait donc de trouver une solution qui permettrait de ponctuer ces circulation d’espaces intermédiaires, de mener une réflexion sur les aspects esthétiques et constructifs de ces déambulatoires. Aujourd’hui il existe trois modèles architecturaux simples, applicables pour des unités Alzheimer, et qui prennent en compte ces exigences : le principe du Cantou, le principe du déambulatoire et le principe des appartements. Ces principes ne mettent en place que des différences au niveau spatial, pourtant, d’autres éléments peuvent être mis en place pour améliorer l’autonomie et pour stimuler les résidents. Il existe ainsi plusieurs types de thérapies qui devront être pris en compte et aménagés dans les jardins ou lieux de vie des unités Alzheimer. Cependant, le maintien à domicile est de plus en plus fréquent, assuré par les proches, conjoints, famille ou encore par des aides médicalisées. Cela induit qu’ils arrivent la plupart du temps en maison Alzheimer dans un état de démence avancé. L’architecture et les thérapies misent en place n’ont alors qu’un impact tardif. Le traitement non pharmacologique que représentent les thérapies, est plus efficace s’il est proposé dans des stades précoces (voir intermédiaires) de la maladie afin d’anticiper toute dégradation cognitive. Elles complètent l’architecture dans la lutte contre la progression de la maladie d’Alzheimer. A chaque trouble lié aux pathologies de la maladie, il y a une solution constructive. Pour les troubles de la volition et du jugement, il suffit de mettre en place un environnement sécurisant et stimulant qui éveillera le malade. Dans ce sens, la lumière va jouer un rôle très important. Elle attirera la personne dans les espaces qui lui seront destinés et les espaces lui étant

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3.4 - Schémas organisationnels et fonctionnels spécifiques 

CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS Schéma organisationnel : Unité Alzheimer (ou maladies apparentées) 

Accès unités Alzheimer Accès sécurisé

Unité Alzheimer (14lits)

Locaux mutualisés du binôme Alzheimer

Communication possible

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Accès sécurisé

Accès jardin extérieur/terrasse clos(e) (Minimum = 200 m²/ unité)

 Unité Alzheimer (14 lits) Espace jour : Pièce à vivre, WC.

Espace nuit : 14 Chambres simples + sanitaires

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Espace de déambulation

Ch. simple

Modèle spatial actuel utilisé pour la construction de l’EHPAD Pierre Meunier, La Fouillouse(42). Programme technique détaillé de l’EHPAD.

interdits seront au contraire éclairés avec un minimum de lumière naturelle. Elle a également un effet thérapeutique, la luminothérapie permet de réguler les changements d’humeur des patients diminuant ainsi les symptômes de dépression et d’insomnie chez des personnes âgées atteintes par la maladie d’Alzheimer. Il est donc important de réguler l’apport de lumière tout au long de la journée et de favoriser une lumière naturelle. Les troubles mnésiques quant à eux, peuvent être diminués par une facilité d’orientation. Des codes couleurs ainsi que des écriteaux peuvent guider les malades dans leurs déplacements quotidiens, les chambres et les salons ayant des couleurs bien distinctes les unes des autres. Il est également primordial d’avoir des contacts visuels fréquents avec l’extérieur afin de faciliter l’orientation dans le temps au niveau des saisons et des journées. Il est également important d’établir des rythmes jour/nuit afin de diviser l’espace d’une manière stricte qui aidera à sa compréhension. Cette organisation spatiale permet aux patients d’avoir une sensation de contrôle tout au long de la journée. Mise en place pour la première fois aux Etats-Unis il y a une soixantaine d’années afin d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées désorientées, c’est une forme d’orientation dans le réel qui entraîne une stimulation cognitive. L’effondrement du « Moi » peut être géré par une stabilité de l’environnement du malade, tant par le personnel qui l’accompagne que par les pièces qui l’entourent. Des ritualisations ainsi qu’une architecture typique de la fonction du lieu sont importants dans la stimulation des fonctions cognitives. La plupart des déjeuners des unités Alzheimer sont préparés dans une cuisine équipée, entre malades et personnel soignant afin de créer une temporalité et des évènements dans la journée des patients. La cuisine, équipée d’un four et d’un micro-onde, la chambre, aménagée d’un lit et d’une commode, et le salon composé de fauteuils sont des détails basiques mais qui permettent de repérer les topologies de chaque pièce. Ce sont des

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détails d’éléments familiers, qui suscitent un intérêt particulier. Ces principes d’aménagements sont tirés de la méthode Snoelezen testée aux Pays-Bas dans les années 1970. Ils s’appuient sur la stimulation visuelle dans des environnements simples pour améliorer l’humeur, favoriser la communication et diminuer les troubles du comportement. Les recherches sur les aménagements d’espaces au sein des unités Alzheimer ont mené à l’élaboration d’un plan qui est modèle de référence aujourd’hui. Même s’il est amené à évoluer en fonction des découvertes à venir, il est un regroupement spatial des conditions que nous avons pu développer plus haut. C’est une unité de 14 chambres comprenant toutes une salle d’eau et accessibles depuis un espace de déambulation assez vaste accessible depuis les espaces de jour. La salle à manger est séparée de l’espace de vie et les cuisines peuvent être mutualisées pour des questions pratiques. Le salon a un accès direct à un jardin aménagé pour une communication visuelle et physique avec l’extérieur. Et enfin l’accès aux unités se fait par les locaux du personnel et de soins où des solutions constructives devront être mises en place pour que les résidents n’y accèdent pas. L’architecture est empreinte d’une force invisible, en jouant sur lumière, volumes et topologies il est possible de sensibiliser des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer. Colette Eynard soulignait dans son ouvrage Vivre avec la maladie d’Alzheimer que « les formes informent ».

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ÉTUDES DE CAS : MSA & EHPAD

Afin de vérifier et de pouvoir appliquer toutes les connaissances apprises dans cette première partie de mémoire, nous allons nous pencher sur deux maisons spécialisées accueillant des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer. J’ai souhaité que mes objets d’études soient représentatifs au mieux des architectures que l’on peut observer aujourd’hui en France et plus particulièrement dans la région Rhône-Alpes. C’est pourquoi je me suis penchée sur les différents accueils des personnes Alzheimer au sein d’institutions. Il en est ressorti deux types d’établissements : ceux qui n’accueillent que des personnes malades (soit des MSA ou des MAPAD), et ceux qui accueillent des personnes malades ou non dans la même structure (soit des EHPAD). Mon choix s’est alors recentré sur un établissement de chaque type. Aussi, je souhaitais visiter deux bâtiments d’une même époque et aux situations géographiques à peu près similaires de manière à pouvoir juger sur l’architecture et non l’emplacement ou les cadres administratifs de deux régions différentes. De même, à une même époque les états des savoirs sont similaires, les architectes et autres acteurs du projet étaient au même pied d’égalité au niveau des dispositifs spatiaux à mettre en place. Lors de mes recherches il s’est avéré que les Maisons Spécialisée Alzheimer sont assez rares. Selon un recensement de l’INSEE réalisé en 2012, il en existerait un peu plus de cent quatrevingts dans toute la France contre près de sept mille Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes. Ma première étape de recherche fût donc de trouver une MSA sur laquelle me baser pour rechercher un EHPAD dans le même secteur. Mes recherches m’ont conduite à la résidence Montvenoux à Tarare. S’en sont suivis de nombreuses et laborieuses démarches pour obtenir un rendez-vous avec des directeurs d’établissements d’EHPAD. Mon entretien, avec le docteur Champin, professionnel reconnu par ses pairs, a probablement été un atout majeur : un simple mail expliquant mon projet et ma précédente visite a suffi pour décrocher un rendez-vous dans l’établissement de La Salette à Bully. J’avais trouvé le second établissement que je cherchais. Pour étudier au mieux les deux établissements choisis, je me suis inspirée des opérations S.E.P.I.A. (Secteur Expérimental pour la Programmation Innovante de l’habitat des personnes âgées). Ces opérations sont menées sur de l’habitat pour personnes âgées et sont soutenues par le ministère du logement pour leurs recherches. Leurs observations se déroulent en plusieurs phases. Dans un premier temps, les auteurs font une rencontre individuelle avec chaque participant au projet : le conjoint Alzheimer, la famille, un résident et une infirmière. Après avoir fait les visites de chaque pièce qui composent le bâtiment, ils relèvent les témoignages des différents partis, les confrontent, notent les souhaits et en tirent une proposition spatiale adaptée à chacun. Ma volonté n’étant pas uniquement d’élaborer une organisation spatiale de ces visites, j’ai adapté ces réalisations S.E.P.I.A. pour élaborer un travail qui correspondait à mes attentes. J’avais planifié mes visites selon un modèle que je souhaitais appliquer dans les deux établissements que je visiterais afin d’établir une certaine équité : une visite collective (pour des raisons de temps et de sécurité des résidents) avec le directeur d’établissement, un membre du personnel soignant, un résident, et un proche d’un résident. Malheureusement, malgré mes volontés, aucune des deux visites ne se sont déroulées comme cela. Des entretiens préalables se sont déroulés avec les directeurs d’établissements et j’ai ensuite fait la visite avec une seule personne, une infirmière pour la résidence Montvenoux à Tarare et la directrice de l’établissement à la résidence la Salette à Bully. Sachant qu’à chaque fois que je rencontrais une personne je leur demandais de faire la visite guidée d’une unité.

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Ces rencontres m’ont permis de proposer une réflexion spatiale fondée sur l’expérimentation de chaque espace traité et de me renseigner sur le rôle que l’architecte avait joué dans le projet. Les documents qui suivront exprimeront les points de vue exprimés par les personnes présentes lors des différents espaces visités. Ces commentaires seront classés en fonction des lieux choisis pour leur importance dans le quotidien des résidents soit : la chambre, les espaces de jour, et le bâtiment général. • La chambre est un espace d’intimité, c’est le lieu d’abandon où les résidents se sentent en confiance. C’est un lieu d’appropriation que les personnes pourront, la plupart du temps, aménager avec leur mobilier et leurs objets de décoration personnels. Selon les envies, on y retrouvera des photos de famille, des meubles anciens et des fauteuils d’époque. Tant que le résident n’est pas à un niveau de dépendance trop élevé, la chambre est un espace de nuit où très peu de monde a accès. Cependant, dès que la personne a besoin d’aide dans ses gestes du quotidien, la chambre devient un espace où l’on passe un peu plus de temps. Tout s’organise alors autour du lit ce qui implique un certain périmètre à ne pas encombrer afin de faciliter les opérations de soin. Le lit devient espace de vie et de soin. Il faut que les personnes alitées puissent être encore en contact visuel avec l’extérieur et qu’elles puissent toujours surveiller leur chambre ce qui implique une position stratégique du lit par rapport à la fenêtre et à la porte d’entrée. La chambre doit être optimisée au maximum afin de permettre à la personne âgée d’être autonome dans les actions quotidiennes le plus longtemps possible. La salle d’eau et l’espace lit doivent être organisés avec soin, tant pour les personnes Alzheimer que pour les autres. La particularité des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer est que souvent, leur démence entraine une dépendance très rapide, il faut donc prévoir une adaptation de l’environnement dès le début du séjour. • Les espaces de jour sont des espaces complémentaires à la chambre. Ils accueillent la personne âgée tout au long de la journée pour ses activités quotidiennes. Divisés en fonction de leur usage, on y retrouve la salle à manger et le salon, parfois complétés par une salle télévision, un espace de rencontre pour les familles ou encore un espace lecture. Ce sont des lieux d’interactions conçu pour favoriser les échanges entre résidents et renouer un lien social perdu à cause de l’isolement lié aux pathologies. Chaque espace a une fonction bien défini de manière à créer des repères dans l’espace et dans le temps pour les résidents. Dans l’idéal ils sont accolés les uns aux autres sans séparations par des cloisons, des espaces ouverts au maximum vers l’intérieur et vers l’extérieur. La cuisine est ouverte et située à proximité directe avec la salle à manger aménagée de petites tables de 4 à 6 personnes maximum pour faciliter les interactions. Les salons sont meublés par quelques canapés bien que plus de la moitié des résidents soient en fauteuils. Il faut donc laisser des espaces relativement vides afin de ne pas gêner la déambulation des personnes dont la mobilité est réduite. • Le bâtiment comprend tous les espaces expliqués plus haut soit la chambre et les espaces de jour de chaque unité d’Alzheimer. Il doit englober ces unités de manière à ce que chaque espace soit repérable. Il doit être accueillant et chaleureux pour les visiteurs et pour le bien être du personnel. La plupart du temps l’établissement est entouré d’un jardin accessible ou non par les personnes Alzheimer en fonction des sécurités mises en place. Cela permet de créer un espace de transition entre l’espace appartenant au bâtiment et l’espace publique, un extérieur dont peuvent jouir toutes les personnes concernées. Afin de collecter au mieux les témoignages, je me suis placée dans une démarche de découverte de ce type d’établissement de santé. Je me suis intéressée à la prise en charge globale des personnes âgées, à l’accueil de ses proches et aux conditions de travail du personnel, dans

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l’idée de respecter au mieux les droits et la liberté de tous. Je me suis mise dans une attitude d’écoute et de prise en compte des attentes et des préférences de chacun.

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Localisation de la MSA Montvenoux à Tarare. Document créé par l’auteur.


Le cas de la résidence Montvenoux à Tarare (69170), Maison Spécialisée Alzheimer dirigée par le Docteur Champin.

La résidence Montvenoux, située dans la ville Tarare à trente kilomètres de Lyon, est une maison spécialisée semi-privée pour les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer. Elle se situe dans le centre-ville de Tarare et s’intègre dans un tissu urbain peu dense. Au milieu de maisons pavillonnaires, elle s’inscrit dans la topographie et domine la plaine, offrant un large panorama à ses résidents. Son exposition Nord/Sud, privilégie les ouvertures Sud vers la vallée. D’une capacité totale de quatre-vingt cinq places, elle est entièrement réservée aux personnes dont la dépendance est liée à la maladie d’Alzheimer ou autres démences similaires. Elle accueille des personnes malades à un état d’avancement très important, et certains résidents sortent même d’établissements pour psychotiques. Conçu pour accueillir une population différente, on y retrouve des aménagements et un personnel disposés à donner un maximum de confort aux résidents et à leurs familles. Le lien social est le fil rouge de la conception de l’établissement avec des espaces de jours propices aux rencontres et aux échanges. Bâtiment innovant pour l’époque, il a été inauguré en 1989. D’une surface totale d’environ 5000 m², l’établissement dispose également d’un petit jardin. C’est le docteur Champin, à l’époque adjoint à la mairie de Tarare, qui a pris l’initiative de la construction de ce bâtiment. Ayant été amené à travailler dans les hospices en tant que médecin, il s’est rendu compte qu’il y avait une population de déments qu’on mélangeait avec une population normale ce qui devenait ingérable pour le personnel et les patients. Suite à cette découverte, il a tenté de travailler sur cette problématique en collaboration avec l’hôpital de Tarare mais en vain. Il s’est alors dirigé vers le laboratoire au près de qui il a trouvé quelques personnes intéressées pour monter un projet. Il s’est ensuite dirigé vers son ancienne faculté pour présenter son projet à ses professeurs, qui lui ont assuré que c’était une bonne idée précisant je cite, que « l’Alzheimer, personne n’en parle, mais c’est vraiment un truc qui nous emmerde. » C’est entouré de son architecte, Monsieur Blazy de l’agence d’architecture BBZ et novice en construction d’établissements hospitaliers, et du maître d’ouvrage, une société d’HLM, que le docteur s’est lancé dans la réalisation de ce projet nouveau et très peu expérimenté. Sans avoir de modèles desquels s’inspirer, architecte et docteur ont du se créer leurs propres certitudes en piochant des informations de part et d’autre. Ils ont rendu visite à un grand nombre d’hôpitaux pour que l’architecte prenne la mesure de ce que sont des personnes démentes. Ils ont voyagé dans toute la France pour voir des projets similaires déjà construits. Une rencontre entre le maître d’œuvre et les professeurs de la faculté s’est faite pour qu’ils puissent échanger et que ces derniers lui transmettent un certain nombre d’informations utiles dans la conception de ce type d’établissement. Dans tous les déplacements du docteur Champin, Monsieur Blazy était présent. C’est d’ailleurs entre autres pour cette raison que l’architecte se souvient aussi bien de ce projet hors du commun : le travail en amont qui a été effectué et toute la réflexion qui lui a été demandée restent exemplaires. En deux ans le projet était dessiné, après cinq ans de visites et de réflexions. Cependant malgré ces visites, la docteur Champin et l’architecte étaient constamment en discussion sur des détails et notamment des questions de surface. « Les architectes, ils oublient une chose, c’est que nous on n’a pas beaucoup d’argent. Il ne faut pas nous faire de grandes surfaces parce que c’est cher et en plus c’est dur à gérer. » Ma rencontre avec Monsieur Blazy, aujourd’hui architecte retraité, m’a confirmé tout ce que le docteur m’avait appris concernant la mise en place du projet : les visites, les rencontres, les débats... Très curieux de savoir comment le bâtiment avait évolué, nous avons localisé les modifications des plans et regardé les photos pour lui rappeler l’ambiance du bâtiment. Nous avons discuté des hôpitaux, de ses découvertes, des recherches de subventions, des désaccords et de l’importance capitale de ses échanges avec le docteur Champin.

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Perspective Sud de la résidence Montvenoux. Dessin réalisé par l’architecte, agence BBZ.

Le concept de la résidence Montvenoux se résume en une charte rédigée en accord entre le docteur Champin et le Père R.C. Baud. Elle s’inscrit dans une logique d’accompagnement de personnes âgées en fin de vie. Cette charte à pour but de rappeler à toute personne pénétrant dans l’établissement quel est leur rôle afin que les résidents se sentent au mieux tout au long de leur séjour. « L’équipe fondatrice de la Résidence et les professionnels qui y travailleront seront convaincus que : 1. Le vieillissement, même pathologique peut être considéré comme une étape nouvelle, et parfois importante, de la vie humaine au même titre que l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. 2. La personne « Alzheimer » (ou psycho-dépendante) reste un être humain à part entière, capable de communication (même dans l’étrange) et d’expression de vitalité qui lui est propre. 3. Même déficient, le résident peut garder la liberté de manifester des choix, conserver des habitudes de vie et poursuivre à sa manière un cheminement existentiel et spirituel. 4. Même assisté dans les comportements du quotidien, le résident peut goûter encore à la vie s’il est entouré d’un climat de sécurité, respect et bienveillance. Les services offerts par la résidence seront dispensés en toute équité à tous les résidents, quelle que soit leur condition sociale ou celle de leur famille. Chacun aura droit de la part des soignants à une approche pudique de son corps, une nourriture appropriée à ses goûts, des objets et vêtements personnels. Sa souffrance, physique ou morale, ne sera pas étiquetée et n’entrainera pas de rejet : elle bénéficiera bien au contraire d’une écoute privilégiée, de soins appropriés même modestes et du souci de rester en communication avec lui. L’ensemble du personnel, à quel que degré de responsabilité que ce soit, travaillera à faire de

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la résidence un lieu de vie par sa propreté et l’esthétique des chambres individuelles et de la salle de séjour ; par une animation des journées appropriées aux personnes, à leur rythme et leur besoin de calme ; par une large ouverture aux familles, en les laissant libres de s’impliquer encore en fonction de leurs possibilités, tout en comprenant qu’il est souvent pénible de devenir « le parent d’un parent » ; par le maintien d’un contact avec le réseau humain local grâce à la vie associative et une présence bénévole, en lien avec les professionnels de la Résidence ; par la participation des résidents, selon leurs possibilités et l’intérêt manifesté, à des fêtes familiales ou locales, des visites de sites, des manifestations culturelles… ; par une attention particulière aux derniers jours de vie terrestre, et un soucis particulier des proches. » Aujourd’hui, le bâtiment accueille un peu plus de personnes que ce qui était prévu. Des pièces inoccupées ou trop grandes ont donc été transformées en chambres au cours de l’utilisation du bâtiment. Sur quatre étages, le bâtiment se constitue de 7 unités de 4 à 14 personnes, pensées sur le principe des appartements. Chaque unité se compose d’une cuisine ouverte sur la salle à manger constituée de tables de quatre personnes, un salon équipé d’un coin télévision, une chambre double et des locaux de rangement pour le personnel. Chaque unité est dirigée par une maîtresse de maison assistée par une aide soignante et une auxiliaire qui fait le ménage durant la moitié de son service. Dans le bâtiment il y a également toute une aile dédiée aux soins où l’on retrouve des bureaux de médecins, de psychothérapeutes ou encore d’ergothérapeute. Une salle polyvalente est dédiée aux activités de groupe et gâteaux d’anniversaires et offre un accès direct au jardin. Le jardin se divise en deux parties : un espace pavé où les résidents déambulent et font du jardinage quand la saison le permet, et un espace arborescent où ils n’ont presque jamais accès.

Plan d’étage courant, sans échelle. Document crée par l’auteur.

Comme expliqué plus haut, la visite de la résidence Montvenoux s’est faite en trois temps. J’ai tout d’abord rencontré le docteur Champin qui m’a reçu dans son bureau afin de bien comprendre mon travail et de répondre à toutes mes questions. Il m’a ensuite dirigée vers

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une infirmière qui m’a fait visiter presque toutes les unités, m’a fait visiter quelques chambres, et à laquelle j’ai pu demander à chaque instant : comment verrait-elle les choses autrement ? Quels sont les espaces à retenir et quels sont ceux qui nécessitent des modifications ? Dans chaque unité j’ai pu discuter avec les maîtresses de maisons qui m’ont plutôt parlé de l’aspect social de la maladie. Ce qui était certes très intéressant, mais pas le propos de mon mémoire. J’ai eu l’occasion de discuter avec certains résidents mais de choses futiles, leurs humeurs ne se prêtaient pas à des discussions de fond sur les espaces qui les entouraient. Cependant une famille était présente dans une des unités que j’ai visitées. Ils ont fait le tour d’une unité avec l’infirmière et moi-même, me faisant quelques commentaires pertinents. L’arthérapeute, architecte de formation et présente depuis seulement un mois dans la résidence, s’est ensuite déplacée pour faire un bout de visite avec nous et me faire quelques réflexions personnelles. Après ces visites, je me suis redirigée vers le bureau du docteur Champin qui a pu répondre à mes questionnements concernant les modifications à apporter à son bâtiment. Quelques semaines après cette visite, j’ai rencontré l’architecte de l’époque, Monsieur Blazy. C’est ainsi que j’ai pu récolter tous les témoignages nécessaires à l’étude de la conception de ce type d’établissement et à l’analyse de trois espaces stratégiques que sont la chambre, les espaces de vie et l’établissement.

Relevé d’une chambre habitée, échelle 1.50ème. Document crée par l’auteur.

Les espaces chambres de la résidence Montvenoux à Tarare sont mises en place sur la trame linéaire classique de 3,60 m. La desserte des chambres est assurée par une circulation animée par des décrochés afin de réduire l’effet rectiligne qu’on associe facilement aux hôpitaux. Chaque chambre dispose d’une surface de 21 m², salle d’eau comprise. Conçus, à l’origine, pour recevoir une seule personne, quelques espaces ont été organisés en chambres doubles. Pour des raisons sécuritaires, ces lieux de vie permettraient d’accueillir des personnes alitées plutôt que des personnes moins dépendantes pour des questions e sécurité. La chambre est alors en retrait des autres, vers l’espace de linge et de la salle du surveillant. Elément répétitif, la chambre standard ne comprend qu’un lit et une salle d’eau aménagée mais il est possible de la personnaliser. Libre au résident d’y installer ses meubles et de faire

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sa propre décoration. Théoriquement, la totalité de l’espace doit être accessible en fauteuil roulant, mais rapidement, les meubles de famille prennent le dessus sur l’accessibilité. Les chambres sont regroupées deux à deux pour un confort technique : les salles d’eau accolées engendrent une gaine technique accessible depuis les espaces de circulation. Témoignages : • A la base on a prévu des chambres où il n’y a presque aucun meuble, parce que les résidents peuvent se cogner ou tomber dessus. L’infirmière. • En fonction des pathologies des personnes on limite le nombre de meubles. Si ce sont des personnes qui tombent très souvent on peut réduire le nombre d’objets sur lesquels elle pourrait se blesser. L’infirmière. • Les résidents ne retrouvent jamais leur chambre, ils ont beaucoup de difficulté de repère dans les cantou, et nous aussi d’ailleurs. L’infirmière. • Les portes sont trop petites pour les personnes en fauteuil l’accès, la salle de bain et tout ça. Ce n’est pas très maniable. L’infirmière. • Il n’y a pas de zone de jour où l’on pourrait se retrouver. Deux petits fauteuils au bord de la fenêtre où s’asseoir quand elle tricote ou quand je viens la voir. Un proche. • Dans la majorité des chambres il y a des grandes fenêtres qui permettent d’avoir beaucoup de lumière et de voir ce qui se passe dehors. L’infirmière. • Il y a certaines chambres, et notamment celle du rez-de-jardin, dont les fenêtres ne sont pas assez basses. Les radiateurs sont juste en dessous des fenêtres ce qui fait qu’une personne alitée ne pourrait voir que le ciel. L’infirmière. • Dans chaque chambre il y a une salle de bain avec douche mais l’eau est coupée pour ne pas qu’ils la laissent couler et qu’ils créent des inondations et on ne laisse jamais de produits de lavage ou de soin parce qu’ils pourraient les manger. L’infirmière. • Dès que la porte de la salle d’eau est ouverte elle prend beaucoup de place ce n’est pas très pratique. Mais la faire s’ouvrir à l’intérieur est dangereux à cause d’accidents qui pourraient se produire. Il faudrait trouver une autre solution. L’infirmière. • Il n’y a pas de rangements dans les salles d’eau. Maîtresse de maison. Proposition : • Prévoir dès la conception de la chambre des espaces où les résidents pourront mettre leurs meubles personnels. • Faciliter les repérages dans l’espace par des personnalisations des portes ou des seuils. • Prévoir dès la conception des portes d’une largeur d’ouverture supérieure ou égale à 1,10m. • Privilégier une connexion visuelle permanente vers l’extérieur avec des fenêtres basses pour les personnes alitées. • Conserver ces larges et hautes fenêtres tout en pensant en parallèle à la position du lit. • Choisir des positions stratégiques pour les radiateurs. • Trouver le bon équilibre entre aisance autour du lit et création d’une zone de jour dans la chambre. • Privilégier les portes coulissantes pour la salle d’eau et prévoir une possibilité de verrouillage de ces portes. • Mettre en place des rangements sécurisés dans la salle de bain pour la proximité des affaires de toilette.

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Stockage

Accès chambres Repas

Salon

Cuisine

Surveillant

Toilette

Linge Stockage

Cuisine

Accès chambres

Repas Salon

Plan des espaces de vie, échelle 1.150ème. Document crée par l’auteur.

Les espaces de vie de la résidence sont relativement simples, contrairement à d’autres établissements que j’ai eu l’occasion de visiter. Situés à la jonction de deux couloirs et dans l’axe de l’entrée de l’unité, une large double porte toujours ouverte mène au salon pour les unités de l’aile Ouest. Pour l’aile Est, il est situé à l’entrée de l’unité, très près de la prote d’accès. Le coin séjour se distingue par ses pyramides de lumières : ces hautes ouvertures en forme de pointe vers l’extérieur et reconnaissables depuis dehors. Par des jeux de mobiliers, de plantes et de poteaux, le salon se distingue du coin repas tout en restant en permanente communication visuelle. Cet espaces reprend deux fois le type d’ouvertures des chambres

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des résidents afin d’éclairer au plus de manière naturelle. La cuisine est directement ouverte sur cet espace, délimitée par un bar qui permet aux infirmières de préparer le repas face à la salle à manger de manière à établir une surveillance permanente associé à une stimulation visuelle. Témoignages : • La lumière naturelle est très bien pour qu’ils aient conscience du temps. Dans la journée, dans l’année, les paysages changent et ils peuvent le voir. L’arthérapeute. • La lumière jour beaucoup sur leur santé mentale et physique. Si je pouvais avoir un bâtiment tout en verre ça m’irait. Le directeur. • C’est très lumineux mais d’un côté il faut un petit peu d’ombre parce que les résidents ne supportent plus la chaleur et ni les changements de température d’ailleurs. Alors sur les grandes baies on met des parasols, ce n’est pas très joli mais c’est efficace. L’infirmière. • On a un grand tableau noir dans le salon sur lequel on écrit le menu et l’arthérapeute fait des dessins, parfois un résident prend la craie et fait un dessin, c’est une petite victoire. L’infirmière. • On manque de place de rangement dans les espaces de jour, dans la salle d’activité. Le directeur. • Il y a un petit problème de sécurité, les résidents s’acharnent tellement qu’une fois il y en a un qui a arraché une fenêtre pendant une crise. Et là certaines portent ferment mal derrière nous. L’infirmière. • Il y a un problème avec ces accès aux unités, parfois comme aujourd’hui quand on ouvre on retrouve des résidents derrière la porte. L’infirmière. • Je ne pense pas qu’il faille faire des espaces si colorés que ça parce que ça pourrait les exciter, il faut leur mettre des choses attractives mais pas trop, mesurer ce qu’on fait, sinon ça peut vite avoir l’effet inverse. L’arthérapeute. • Nous ce qui nous dérange le plus c’est de ne pas avoir d’espace à l’écart pour rencontrer notre mère. On est contraints de la voir comme ça, au coin d’une table au milieu de tout le monde… Un proche. • Il y a quelques années on a essayé de faire des cheminements au sol avec des pavages de couleurs pour orienter les résidents. Je n’ai pas vu de différence. On les a enlevés. Docteur Champin. Propositions : • Faire un maximum d’ouvertures dans les espaces communs tout en choisissant leurs orientations et mettant si besoin des brises soleils. • Prévoir des espaces de stockage, certains directs dans les espaces communs et d’autres à proximité des locaux du personnel. • Prévoir des portes un peu plus lourdes que des portes en bois pour éviter qu’elle ne se claque pas et reste ouverte. • Place la porte d’accès dans un espace sombre. Au niveau des accès de l’unité où nous avons trouvé un résident derrière la porte, il y a deux larges fenêtres qui éclairent beaucoup, d’une lumière naturelle qui plus est. Sachant que la lumière naturelle les attire il faut privilégier des couloirs sans ouvertures pour ne pas dégager de lumière naturelle. • Prévoir un espace spécial pour les familles, un salon plus petit ou un coin particulier. • Imaginer d’autres procédés pour favoriser l’orientation. Si un pavage au sol ne marche pas peut être faut il se concentrer sur ce qu’ils regardent quand ils se déplacent. A hauteur d’œil ou à hauteur de main ?

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Niveaux d’accueil et rez-de-jardin, sans échelle. Document crée par l’auteur.

Le bâtiment est particulier car s’inscrit dans la topographie du site. Tout en long, il joue avec décrochés pour limiter l’effet massif depuis rue. Avec un accès principal au 3ème étage, seulement deux étages s’élèvent coté Nord ce qui permet de garder une hauteur similaire aux maisons pavillonnaires qui l’entourent. Dès l’entrée, on trouve sur notre gauche l’accueil avec, face aux ascenseurs, quelques fauteuils qui matérialisent un espaces d’attente. Ce hall d’entrée dessert directement deux unités de vie. Les plans sont tous les mêmes et se superposent les uns sur les autres. Seul le rez-de-jardin est différent, conçu à la base pour des activités ponctuelles et pour héberger les proches des malades qui venaient d’assez loin à l’époque de la construction. Au deuxième étage, la structure est reprise pour remplacer une unité par des bureaux médicaux et des espaces de rangement. Un jardin d’hiver est

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accessible depuis ce niveau, tandis que le jardin principal est accessible depuis le premier niveau, soit le rez-de-jardin. Témoignages : • Le bureau d’accueil, je le trouve fermé. Souvent je vois des gens attendre parce que les portes sont fermées alors ils n’osent pas rentrer. Alors quand on voit quelqu’un on leur demande si on s’occupe d’eux. Ca c’est un des principaux points noirs d’ici. L’infirmière. • Tous les cantou ont la même couleur d’un étage à un autre, j’ai eu beaucoup de mal à me repérer et encore aujourd’hui parfois je prends ma feuille pour savoir dans quel cantou je suis. L’infirmière • C’est un réel problème la non différenciation des couleurs des cantou. L’arthérapeute. • On a un problème au niveau des gaines linge sale, on n’avait pas prévu d’amortissement ou d’autres aménagement du coup le linge sale s’explosait au sol. On ne s’en n’est jamais servi. Le directeur. • Le jardin n’est pas assez aménagé et pas assez exploité. L’arthérapeute. • Il manque des bureaux et des espaces de regroupement pour les différentes thérapies. Le directeur. • On manque de place de stockage, les familles nous laissent les meubles pendant très longtemps quand il y a un décès. Le directeur. Propositions : • Proposer un accueil ouvert vers l’extérieur et non séparé par une porte close. • Indiquer le nom des unités dans les couloirs et aux entrées et les différencier par des couleurs de murs différentes tout en restant dans des tons pastel. • Prévoir un système de ralentissement du linge sale. Proposer un système sur le principe du monte charges. • Aménager un jardin clos où installer des activités comme un jardin des senteurs ou des espaces potages. • Optimisation des espaces dans la partie bureautique et prévoir dès la conception beaucoup de place de stockage. Ces premières réflexions sur les aménagements nous font déjà imaginer quelques propositions spatiales. Cependant, nous allons appuyer notre réflexion sur le deuxième établissement afin de confronter les témoignages reçus et pouvoir proposer des solutions spatiales qui correspondraient à tout type d’établissement.

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Couloir donnant sur la porte d’accès. On remarque le halo de lumière naturelle qui attire les résidents.

Salon télévision protégé de la lumière naturelle par un parasol. page 40

Cuisine ouverte sur le coin repas.


Chambre aménagée. Photos prises par l’auteur.

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Localisation de l’EHPAD La Salette à Bully. Document créé par l’auteur.


Le cas de la résidence La Salette à Bully (69210), Etablissement pour personnes Âgées Dépendantes dirigée par Mlle Gaby Montoya.

Située au cœur du village de Bully dans les monts du lyonnais, la résidence La Salette est une maison médicalisée privée qui a pour vocation d’accueillir des personnes âgées de plus de 65 ans qui sont en perte d’autonomie et dépendant physiquement et psychiquement. Egalement appelée « le hameau des aînés », la résidence constitue une addition de bâtiment de différentes époques dont le premier date de 1903. Une grande partie des travaux d’agrandissements ont été réalisé dans les années 1990, et aujourd’hui tous les résidents vivent dans ces bâtiments contemporains. C’est dans une surface totale de 9000 m² entouré d’un grand parc et d’un jardin aménagé, que les résidents sont reçus, avec le plus de dignité, de confort, et de sécurité possible, quelque soit leur niveau de dépendance. D’une capacité de cent places en chambre individuelles, la résidence dispose d’une unité de vie spécifique Alzheimer de vingt-deux places et d’un accueil de jour. Ce lieu de vie a été conçu pour accompagner les résidents dans leur intimité et le bien être mais également pour garantir une prise en charge médicale adaptée. Les personnes accueillies disposent de nombreux espaces de vie spacieux. Les animations sont quotidiennes et variées. L’accueil de jour est destiné aux personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer qui viennent participer à des ateliers de stimulation une à deux fois par semaine. Véritable lieu d’accueil et d’échange, l’équipe, menée par la directrice Mlle Montoya, constitue la dynamique du projet de vie et de soin pour chaque résident. Dans le fonctionnement de cette maison, il y a eu la volonté de garder l’esprit de famille instauré par les sœurs chrétiennes fondatrices. On y retrouve tout type d’activité comme dans un petit village : salon de coiffure, pédicure, dentiste, chapelle… Tout est mis en place pour que les gens s’y sentent bien, tant les familles que le personnel soignant mais surtout les personnes âgées « parce qu’après tout, elles sont chez elles ». A la tête de cet établissement depuis plus de 20 ans, la directrice a fait évoluer le bâtiment en fonction des besoins et des envies de tous. En 1990, des travaux on été entrepris pour basculer la partie sommeil du bâtiment donnant sur route dans une nouvelle aile. Cette opération, en plus d’avoir amélioré le confort des résidents a eu pour but d’agrandir les capacités d’accueil de la résidence. C’est à cette époque que s’est mise en place une unité spéciale dédiée aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Cependant, Mlle Montoya nous a confié que 75% de la population de son établissement était démente. « Vous savez, on n’accueille pas les gens en fonction de leur GIR (Groupe Iso-Ressources, voir définition dans le lexique). Il y a une liste d’attente qu’il faut respecter, on ne peut pas attendre qu’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer décède pour en accueillir une autre, ce serait trop long » nous disait-elle. Sont alors placées dans l’unité Alzheimer les personnes dont le GIR est le plus élevé mais aussi les personnes les plus dangereuses pour elles-mêmes et pour les autres. Une personne qui aurait tendance à vouloir s’en aller, ou qui montrerait des signes d’agressivité serait immédiatement placée en unité spécialisée Alzheimer pour sa sécurité particulière notamment grâce à un personnel qualifié et à des accès contrôlés par des digicodes. Cependant, aucune autre mesure particulière n’a été prise pour l’accueil de personnes aux pathologies spécifiques. L’unité Alzheimer est similaire aux autres unités, n’accueillant pourtant pas la même population. Lors de ces travaux d’extension, la directrice a pris le parti de mettre en place des tables de discussions qui permettraient à l’architecte d’exposer ses propositions projet au personnel, aux résidents ainsi qu’aux familles. Si ce mode d’échange a été mis en place, c’est pour que l’architecte ne se base pas sur des écrits théoriques pour fonder son projet. « Il ne faut pas lire tout ce qui est écrit dans les bouquins. Il y en a une par exemple qui écrit beaucoup, Colette Eynard, je ne dis pas que tout est faux, mais ça se voit quelle n’a jamais travaillé dans

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ÉTUDES DE CAS - EHPAD & MSA

Perspective Sud/Ouest de la résidence La Salette. Dessin réalisé par l’architecte Mr Carol.

un EHPAD » me disait Mlle Montoya. Je n’ai malheureusement pas pu rencontrer Monsieur Carol, l’architecte de l’extension de La Salette, décédé il y a quelques années. Cependant la directrice m’a appris que l’architecte était entré en conflit avec certains résidents à cause de ses propositions, et notamment à cause de l’absence de balcons dans ses esquisses de projet. La conception de cette nouvelle aile a duré plus d’un an, ponctué par des tables rondes, des débats et des conférences, auxquels assistaient infirmières, aides soignantes, personnel administratif, résidents et familles. Ces concertations avaient pour but d’aiguiller l’architecte dans ses conceptions afin de répondre au mieux aux attentes des nouveaux résidents en prenant en compte des avis de personnes vivant cette architecture au quotidien. Il s’agissait donc de confronter la volonté architecturale aux demandes des personnes qui subiraient cette architecture. Du point de vue de Mlle Montoya, le dialogue est indispensable pour qu’un architecte mène à bien son projet. Dans des projets de rénovations ou restructuration il s’agirait d’un dialogue entre l’architecte et les principaux intéressés à savoir les résidents de l’établissement ; dans le cas d’une construction neuve, les professionnels du soin et la direction qui va travailler dans cette structure sont les personnes à consulter. Finalement la réalisation a été très similaire à ce qui était déjà existant, on observe seulement quelques modifications au niveau de la conception de la chambre. La visite s’est ici déroulée en deux temps. J’ai tout d’abord eu un entretient particulier avec la directrice, étonnée de voir une apprentie architecte s’intéresser à ce sujet. Ayant eu des différents avec le dernier architecte auquel elle a eu a faire pour l’extension de la résidence, elle n’a eu de cesse de me répéter quelles devaient êtres mes premières qualités en tant qu’architecte. Après avoir discuté des origines du bâtiment et de ses caractéristiques actuelles, nous nous sommes dirigées vers les unités pour entamer une visite complète du bâtiment. Ainsi, nous avons tout d’abord visité deux unités de personnes âgées pour ensuite se tourner

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Etage courant de la nouvelle aile accueillant l’unité Alzheimer, échelle 1.333ème. Document crée par l’auteur.

vers l’unité Alzheimer ce qui nous a permis de faire une comparaison. Même si cela ne faisait pas parti de mon sujet de mémoire, elle a pris le temps de me faire visiter toute la partie accueil de jour Alzheimer située sous l’unité Alzheimer. Nous avons également visité le bâtiment le plus vieux, au bord de la route nationale. J’ai pu voir ce que la directrice entendait par la conception «d’un petit village». Tout est fait pour accompagner la personne âgée jusqu’à sa mort et faire sortir au moins les personnes démentes. Du cabinet dentaire à la chambre funéraire en passant que le salon de coiffure, tous les équipements sont mis en place pour que les personnes ne se sentent pas enfermés en dehors de la ville.

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CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

Dans chaque pièce, la directrice me laissait bien le temps de parler avec les gens présents autour de moi, de prendre des photos et d’observer. J’ai ainsi pu parler à des infirmières, à des résidents ainsi qu’à une famille qui était présente. Je me suis arrêtée auprès des femmes qui étaient en train de plier le linge et avec qui j’ai pu discuter un moment sur les espaces qui les entouraient avec l’accord de la directrice. Sur le même principe que pour le bâtiment précédant, je me suis mise dans une position de découverte et d’écoute tout en utilisant mes connaissances sur le sujet pour analyser le bâtiment et recueillir des témoignages qui serviraient mes propos. Avec ces témoignages, j’émettrai des propositions constructives.

Relevé d’une chambre habitée, échelle 1.50ème. Document crée par l’auteur.

Les chambres de l’unité Alzheimer de l’EHPAD La Salette sont spacieuses. On observe trois types de configurations différentes en fonction de l’allée dans lesquelles elles sont disposées. D’une surface variant entre 26 m² et 35 m², les espaces chambres disposent d’un espace extérieur d’environ 5 m². Les chambres sont standardisées de manière à ce quelles correspondent aux deux types d’unités, dédiée aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou non. Elles sont organisées pour recevoir une personne et disposent d’une salle d’eau privative. Personnalisables, la surface permet d’avoir un certain nombre d’objets personnels sans obstruer la place nécessaire à la déambulation en fauteuil roulant. Il est donc

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aisément possible d’aménager une zone de jour séparée de la zone de lit. L’avantage des balcons est aussi les larges ouvertures qu’ils impliquent. Ainsi, les résidents disposent d’un large panorama sur le parc qui entoure l’établissement. Ils apprécient particulièrement le fait de pouvoir profiter d’un espace extérieur privatif où pouvoir planter leur fleurs. Cela leur rappelle un geste familier quelles faisaient dans leur maison. D’une capacité de 22 places, l’unité est assez importante et gérée par une maîtresse de maison, deux infirmières à temps plein et une infirmière qui vient de temps en temps en fonction des besoins et des moments de la journée. Une infirmière vient toutes les nuits occuper les personnes insomniaques car l’utilisation des somnifères est prohibée, la directrice privilégiant les méthodes «douces». Témoignages : • Il y a six chambres environ qui n’ont pas de balcons ou terrasses. La position du radiateur empêche d’avoir une vitre basse donc on essaye d’y placer des personnes qui ne sont pas alitées, sinon elles ne pourraient pas avoir de contact avec l’extérieur. La Directrice. • Dans les grandes chambres, la position du lit fait que les résidents n’ont pas une vue directe sur les personnes qui entrent. Une infirmière. • Sur chaque porte on a mis le numéro de la chambre, le nom de l’allée et le nom du résident. Ecrit assez gros, ça les aide vraiment à retrouver leur chambre. La Directrice. • Ici les chambres qui n’ont pas de balcons ne sont pas aimées, dans les bouquins on lit souvent que les balcons privatifs ne servent à rien, mais je vous assure que mes mamies si elles ne peuvent pas planter leurs fleurs elles ne sont pas contente. Evidemment on a certains résidents qui ne s’en servent pas, mais ils doivent représenter 20% de la structure. Et encore ! La Directrice. • Ce qu’il manque c’est des chambres doubles. Notre mère n’aime pas la solitude elle aurait préféré avoir quelqu’un avec qui partager sa chambre. Il faudrait leur laisser le choix je pense. Un proche. • Les portes battantes ce n’est plus possible. On a quelques unités dans lesquelles on a installé des portes coulissantes c’est beaucoup plus pratique. Tant pour nous que pour les résidents. Une infirmière. • Parfois il n’arrive pas à ouvrir la porte coulissante tout seul, elle est trop lourde. Un proche. • Dans la salle d’eau aucun siège n’était prévu dans la conception, on a été obligés d’installer des chaises en plastique pour pouvoir faire les soins sans que la personne âgée ne se fatigue. Une infirmière. Propositions : • Penser au champ de vision de la chambre : un contrôle visuel permanent. • Proposer des balcons/loggia/terrasses à une partie des chambres avec des espaces de plantations prévus à cet effet. • Conserver les marques personnalisées sur la porte qui aident à repérer les personnes désorientées. Proposer des solutions d’individualisation du seuil pour marquer un «chez-soi». • Penser que certaines personnes n’aiment pas la solitude, et penser donc à des chambres doubles. Prévoir des cloisons mobiles dans certaines chambres afin d’avoir le choix d’un chambre double ou simple. • Faciliter l’accès et l’utilisation de la douche afin de retarder au plus les soins au lit. Siège rabattable et barres d’appuis.

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CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

Accès chambres

Stockage

Salon

Salon TV Accès chambres

Linge

Cuisine

Accès chambres

Repas

Salon d’hiver

Plan des espaces de vie, échelle 1.150ème. Document crée par l’auteur.

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Les espaces de jours sont nombreux. A la jonction des trois couloirs qui desservent les chambres, ils sont le point de rencontre des résidents. Le fait que les dessertes des chambres rayonnent depuis ce centre diminue leur caractère rectiligne qui rappelle des couloirs d’hôpitaux. Une cuisine encastrée dans le mur permet de préparer sur place quelques douceurs en dehors des repas préparés par la cuisine centrale. Elle occupe un mur de ceux qui entourent le coin repas, et est aménagée par quelques tables de quatre places. Le salon est situé juste à côté du coin repas est constitué de deux partie, une partie repos et lecture est située près des grandes baies offrant de la lumière naturelle et une autre partie du salon est aménagée par une grande table qui sert à faire toute sorte d’activité. Dans la continuité de ces deux séjours, un petit espace équipé d’une télévision et de quelques sièges se met en place. Plus étonnant, une porte placée à proximité du coin repas s’ouvre sur une pièce ronde équipée d’une bande de vitrage qui offre une vue à 360°. C’est ici le jardin d’hiver où vont les résidents pour faire le plein de lumière naturelle lorsque la météo ne leur permet pas d’accéder au jardin extérieur. Témoignages : • On n’a pas voulu faire un hôpital avec des couloirs tout droits. La Directrice. • Il faut de petits espaces, même plusieurs tout petits espaces plutôt qu’un grand. Les grands espaces ça les perturbes. Plus vous leur faites de grands espaces, moins ils déambulent. La Directrice • Je sais à quel point la lumière est importante pour eux, je pense que des espaces comme le salon ou la salle à manger manquent de lumière naturelle, l’architecte aurait dû mettre plus de vitrages, maintenant, c’est trop tard. Une infirmière. • Les résidents sont enivrés par la lumière. La Directrice. • On a essayé de mettre des écriteaux pour signaler quels sont les différents espaces et signaler dans quelles directions aller mais ça n’a pas marché. La Directrice. • Comme on a pas mal d’espaces dispersés, ça fait beaucoup de chemin pour certains résidents. La Directrice. • C’est dommage, quand on fait la cuisine avec certains résidents on tourne le dos aux autres résidents qui ne participent pas à l’activité. Une infirmière. • Depuis la cuisine on peut toujours voir ce qu’il se passe dans le salon, ça permet d’assurer une sécurité permanente, ça nous rassure toujours. Une infirmière. Propositions : • Conserver la volonté de ne pas faire des couloirs d’hôpitaux. • Diviser les espaces afin d’en faire plusieurs petit plutôt qu’un grand. Cela permettant aussi de donner une fonction précise à chaque espace ce qui est bon pour certains troubles liés aux pathologies de la maladie d’Alzheimer. • Toujours privilégier les apports de lumière naturelle. • Trouver une solution pour orienter les personnes dans leur déambulation. Si les signaux à hauteur d’œil ne marchent pas peut être faut il trouver une autre solution. • Regrouper au maximum les espaces afin de diminuer les déplacements des résidents les plus fragiles. Faire des unités plus petites qui nécessitent une surface moins vaste. • Privilégier un plan de travail de cuisine orienté vers les résidents. • Ouvrir au maximum les espaces, minimiser les séparations opaques comme des cloisons.

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CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

Plan des espaces de vie, échelle 1.150ème. Document crée par l’auteur.

Le bâtiment est une addition de bâtiments de plusieurs époques comme nous l’avons expliqué plus haut. Les deux grandes phases de travaux ont été réalisées dans les années 70 puis dans les années 90 où l’aile Alzheimer a été ajoutée. Ces rajouts ont donné à l’établissement une forme très particulière et indescriptible. L’accès des accueils permanents se fait au niveau 0 tandis que l’accueil de jour se fait plus bas, au niveau -2. Ce bâtiment s’inscrit dans la topographie du site relativement faible mais qui a tout de même induit des jardins en terrassement. On distingue trois types de jardin : un grand parc, une aire de jeux pour les

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enfants ainsi qu’un jardin clos pour les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer. Témoignages : • Le parc autour est super. Quand des enfants de résidents jouent sur les jeux installés dehors ça illumine notre journée. C’est toujours agréable de voir des enfants. Une résidente. • On est en train de monter un projet de crèche dans l’ancien bâtiment au bord de la route. Ce n’est pas encore fait mais voir des enfants ça plairait à nos résidents. La Directrice. • Dans le jardin on leur fait planter toutes sortes de fruits et légumes que l’on récolte puis que l’on cuisine. Le jardinage les occupe l’été et ça leur rappelle le rythme des saisons. La Directrice. • Parfois, quand il fait beau, on installe les parasols dans le jardinet on déjeune tous dehors. Une infirmière. • Les espaces de rangements sont un réel problème. Dès qu’on fait des activités on ne sait jamais où ranger les affaires. Ce serait plus simple si on avait plus de rangements de partout : dans les unités, dans les bureaux… Des espaces de stockage quoi. La Directrice. • L’unité Alzheimer est la seule qui soit close avec un digicode. La Directrice. • Je trouve que l’entrée est un peu froide, entourée de ces deux grands espaces (la salle de restauration et la salle polyvalente). En plus l’accueil est toujours clos, on ne sait pas si c’est fermé ou pas, les gens n’osent pas rentrer. Une infirmière. • Partout on a mis des couleurs chaudes tout en restant dans des tons pastel pour que ce soit chaleureux. La Directrice. • Pas mal d’équipements sont mis en place pour faire comme un petit village, on a une coiffeuse qui vient deux fois par jours, on a un dentiste qui se déplace aussi, on a une chapelle et plein d’autres choses. La Directrice. • La chapelle attire souvent des gens du coin qui n’appartiennent pas forcement à la résidence. Ca fait une mixité, et ça permet aux résidents de voir des amis parfois. La Directrice. Propositions : • Proposer un programme intergénérationnel, donner une place à l’enfant dans les établissements de personnes âgées. • Mettre en place un jardin fonctionnel qui puisse réduire les troubles cognitifs et développer les sensations grâce à des odeurs et à des couleurs. • Proposer un coin repas/goûter extérieur. • Prévoir des grandes salles de stockages en sous sol ou en étages si la place le permet et prévoir des rangements sécurisés dans tous les espaces, salles polyvalentes et espaces de jours. • Proposer une sécurité de l’unité autre qu’un digicode pour réduire le sentiment d’enfermement. • Faire un accueil accueillant et ouvert. • Conserver l’utilisation de couleurs pastelles pour différencier les unités, mais au sein de l’unité il faudrait aussi distinguer les couleurs afin de marquer les espaces. • Proposer des activités au sein des unités, qui permettraient aussi d’attirer des personnes n’appartenant pas à l’établissement. Maintenant que nous avons observé les deux types d’établissements et que des propositions d’aménagements se sont dégagées, nous allons faire une synthèse de ces propositions tout en les confrontant à nos connaissances théoriques sur le rapport entre l’architecture et la maladie d’Alzheimer.

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CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

Coin repas avec cuisine pédagogique.

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Salon. On y voit l’attrait de la lumière et du rapport à l’extérieur.


Chambre aménagée.

Espace d’activité polyvalente. Photos prises par l’auteur.

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Deux unités accolées, échelle 1.333ème. Document crées par l’auteur.


Résultats et proposition spatiale en fonction de la théorie et des témoignages recueillis.

Suite aux témoignages que j’ai pu récolter dans les deux établissements, j’ai choisi de mettre en place un modèle spatial qui répondrait aux attentes du personnel en fonction de ce qu’ils m’ont dit, mais qui répondrait aussi à ce que m’a apprise mon étude bibliographique. Afin de proposer une réflexion pragmatique fondée sur l’expérimentation, je prend en compte les remarques ponctuelles ainsi que les problèmes que j’ai personnellement analysés. J’ai travaillé sur les deux établissements de manière graphique afin de me les réapproprier et à en comprendre les difficultés qu’ils engendraient. Le projet que je propose se divise en deux unités de quatorze personnes. Sans contexte urbain, je n’ai pris en compte que les volontés de chacun. J’ai pris le parti de diviser la partie hébergement de l’établissement en plusieurs unités de quatorze personnes qui fonctionnent de manière quasi autonome. Ce modèle mis en place reprend les principes de base établis pour les unités Alzheimer. Si nous avons souhaité garder ce modèle c’est pour la convivialité et la prise en charge individuelle qu’il offre. Dans chaque unité, j’ai choisi d’utiliser une typologie centripète de manière à ce que les espaces de jour articulent les unités et locaux du personnel autour d’eux. Les espaces de jour sont distinctement séparés des espaces de nuit, permettant une meilleure compréhension ainsi qu’une diminution des troubles mnésiques. Ainsi, deux des ailes du bâtiment sont dédiées

Plan d’un unité Alzheimer échelle 1.250ème Document crées par l’auteur.

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CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

aux chambres avec deux salons qui se mettent en place dans la trame des chambres au plus près des espaces communs pour éviter l’isolement et l’anxiété d’être éloignés des autres. Leur retrait leur permet de constituer des espaces où les résidents pourront se retrouver avec leur famille dans une plus grande intimité. Les chambres des extrémités de ces ailes ont été tournées et modifiées de manière à ne pas laisser d’impasse où les malades pourraient être déstabilisés. Ce ne sont donc que des accès de chambres qui finissent ce couloir. L’espace commun se sépare en quatre espaces : la cuisine pédagogique, la salle à manger, le salon télévision et l’espace d’activités polyvalentes. Tous ces espaces sont séparés les uns des autres par des jeux d’accès et de mobilier ce qui permet d’éviter un encloisonnement trop stricte des espaces, mauvais pour les repères des résidents. Cette caractéristique répond également à une demande des infirmières qui peuvent de ce fait assurer une surveillance permanente sans que les résidents soient forcement tous au même endroit. La cuisine dispose d’un espace de stockage relativement important et s’ouvre sur l’espace repas à l’aide d’un espace bar qui permettrait d’effectuer la préparation des repas tout en maintenant une surveillance. Une terrasse commune est également mise en place à proximité du coin repas permettant aux résidents de profiter du soleil dès que le temps le permet et même de déjeuner dehors. La salle polyvalente est équipée d’un grand espace de rangement afin de répondre aux demandes permanentes de rangements. Les espaces du personnel sont situés au plus

Plan des espaces de vie 1.150ème. Document crées par l’auteur.

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près des espaces communs afin d’être présents en permanence et de participer à la vie de l’unité. Les espaces de stockage pour le linge et les traitements sont donc positionnés plus en retrait vers l’entrée de l’unité. L’étage Alzheimer se situe de préférence au rez-de-chaussée, de manière à jouir d’un large jardin s’étend pour faire le lien entre les deux unités. Ce jardin serait clos par des éléments naturels de manière à diminuer la sensation d’enfermement et aménagé avec des équipements spéciaux tel qu’un sol sensoriel qui joue avec les différentes matérialités de sol. Quelques bacs seraient mis en place pour proposer des plantations diverses qui rappellent une certaine temporalité aux résidents. La lumière naturelle jouant un rôle très important dans la diminution des troubles de la volition, j’ai entouré les espaces communs de grandes baies et au contraire je n’ai fait que très peu d’ouvertures pour les espaces techniques et les espaces du personnel dans lesquels les malades n’ont pas l’autorisation d’accès. De plus ces espaces sont situés vers la porte d’entrée de l’unité, dépourvue elle aussi de lumière naturelle ce qui met en place un système de sécurité car les résidents n’en sortiront pas. La dépression quant à peut être diminuée par une constance dans les fonctions des espaces. Chaque pièce est clairement délimitée par son mobilier et n’offre pas de polyvalence possible. Des codes couleurs peuvent guider les malades dans leurs déplacements quotidiens afin de réduire les troubles mnésiques, les toilettes, les chambres et les salons ont des couleurs bien distinctes les unes des autres. Comme nous avons observé que les guidages au sol et à hauteur d’homme ne fonctionnaient pas à orienter les résidents, j’ai proposé un code couleur mis en place sur les murs ainsi que sur les rampes, équipement d’intérêt pour les personnes âgées qui s’y maintiennent. J’ai pensé les chambres des personnes âgées comme de petits appartements. Les entrées sont privatives grâce à des retraits opérés dans les murs intérieurs ce qui les rend personnalisables. Ainsi il est possible de marquer des seuils ou d’installer des écriteaux sur les portes afin que les résidents s’orientent. Ces chambres, contenues dans 21 m², bénéficient tout de même d’un petit espace salon qui leur permettra de recevoir amis et proches en toute intimité sans devoir investir le lit. Les abords du lit sont ainsi laissés libres pour des raisons d’accessibilité et de facilité du personnel à faire les soins aux personnes alitées. La place des meubles personnels est prévue afin que l’accessibilité en fauteuil reste intacte une fois que la dépendance de la personne augmentera. La salle de bain est, quant à elle, optimisée afin de recevoir tous les équipements nécessaires dans un minimum d’espace. Elle s’ouvre à l’aide d’une porte coulissante posée sur rail pour une ouverture facile bien qu’elle puisse se fermer à clé pour des raisons de sécurité. Des rangements sont prévus au niveau du lavabo

Champ de vision des chambres. Documents crées par l’auteur.

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CONTEXTUALISATION - ETAT DES SAVOIRS ACTUELS

Plan d’une chambre, échelle 1.50ème. Document crée par l’auteur.

et un siège rabattable est installé au niveau de la douche. Cette solution permet d’utiliser un minimum d’espace pour la salle d’eau et d’utiliser la surface engendrée pour créer des espaces de jour dans chaque chambre. Au niveau de la tête de lit, une grande ouverture est percée de manière à avoir un contact permanent avec l’extérieur notamment pour les personnes alitées. Les chambres profitent donc d’une lumière naturelle importante avec une façade majoritairement vitrée. Un retrait est mis en place prévoyant ainsi des espaces destinés aux meubles personnels des résidents, à coté de l’accès aux terrasses. Afin de répondre aux volontés de compagnie de certaines personnes, sur une unité de quatorze chambres, nous avons proposé des cloisons modulables pour deux d’entre elles. D’autres espaces sont complémentaires aux unités Alzheimer et notamment toute la partie logistique et bureaux. Ici on notera notamment l’importance de l’accueil. Dans les deux établissements reçus les gens le trouvaient trop fermé et pas assez accueillant. Il faut donc le faire ouvert, sans cloisonnement autour qui le divise de l’entrée. Dans tous les espaces il faut utiliser des couleurs chaudes, tout en restant dans des tons pastels pour ne pas exciter les résidents, afin d’améliorer l’humeur par la couleur. Les couleurs doivent être différentes en fonction des unités dans lesquelles on se trouve afin de les différencier. Egalement dans l’implantation géographique, il faut tout de même que l’établissement ne soit pas posé au milieu de nulle part mais qu’il y ait de l’activité aux alentours. Il est important de se pencher sur des programmes intergénérationnels qui permettront une mixité des âges. De

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la même manière, une grande importance est donnée à l’environnement et notamment pour les panoramas qu’il offre depuis les chambres. Les vues privilégiées sur la ville sont appréciée pour des personnes qui passent une grande partie de leur temps à regarder vers l’extérieur. Tous ces éléments sont à mettre en place lorsqu’un contexte est donné, il faut composer au mieux avec l’espace disponible. Les propositions spatiales évoquées correspondent à ce que j’ai pu dégager de mes différentes visites. Chaque témoignage aura eu une place dans ma démarche de conception. Il correspond à un projet d’architecture qui répond aux projets de vie des établissements que j’ai visité. Dans le sens où ceci correspond à un projet sans contexte, je n’ai pas pu développer le bâtiment de manière générale. Cependant les dispositions des chambres et des espaces de vie peuvent être standardisés et répétés. Les plans proposés sont une illustration parmi tant d’autres que nous pourrions proposer en réponse aux attentes des acteurs des établissements. Ils permettent d’illustrer l’importance des concertations dans les démarches de projet.

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CONCLUSION

Comme nous l’avons illustré à travers les exemples, l’architecture a un réel impact sur les troubles liés à la maladie d’Alzheimer. Des détails significatifs vont avoir le pouvoir de stimuler les résidents dans leurs troubles cognitifs et de les apaiser afin de réduire leur agressivité, diminuant ainsi le nombre de calmants qu’ils ingèrent. Nous disposons désormais d’un solide modèle spatial qui s’appuie sur des témoignages ainsi que des apports théoriques. Les espaces de vie sont axés sur les perceptions sensorielles, par le biais de la lumière, du son, du toucher, de l’odorat et du goût afin de réveiller de nombreuses sensations qui vont stimuler la personne atteinte par la maladie d’Alzheimer. Toutes les démarches qui nous ont conduites à ce résultat, à savoir les différentes lectures ainsi que les rencontres, nous ont permis d’illustrer le rôle majeur que tient l’architecte dans des opérations de conception d’établissements pour personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer. Les justes réflexions sont un mélange subtil entre un apport théorique un des concertations sur le terrain. Cependant avec la constante évolution des recherches sur cette maladie, les éléments constitutifs des pathologies sont amenés à être encore plus maîtrisés ce qui permettra aux architectes de faire évoluer les spécificités spatiales à apporter aux EHPAD ou aux MSA. A une époque où l’espérance de vie de la population augmente sensiblement mais dans le contexte d’une avancée encore timide de la recherche pharmacologique en matière de traitement de la maladie d’Alzheimer, l’implication des professionnels du BTP dans la conception architecturale et l’aménagement des infrastructures paraît médicalement nécessaire et économiquement pertinente. Un développement, voire, une institutionnalisation de la collaboration entre les professionnels de santé et ceux du bâtiment pourrait être payante à la fois pour le malade, pour le médecin et pour le monde du BTP.

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BIBLIOGRAPHIE

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Recherche. Sandrine ANDRIEU, Jean-Pierre AQUINO Didier ARMAINGAUD, Aout 2008, Unités Spécifiques Alzheimer en EHPAD et prise en charge des trouves sévères du comportement, reflexion sur les critères de définition et missions. Gérontopôle, Hôpitaux de Toulouse. Sites internet. www.social-sante.gouv.fr www.fondation-mederic-alzheimer.com www.plan-alzheimer.gouv.fr www.lamaladiedalzheimer.org Illustration de la page de garde. Photo de Alain Boucheret.

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LEXIQUE

CANTOU : Centre d’Activités Naturelles Tirées d’Occupations Utiles. Cela désigne une configuration spatiale pour des unités Alzheimer CNSA : Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie. EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes. GIR : Groupe Iso-Ressources. Il permet de classer les personnes en fonction de leur niveau de dépendance. Du GIR 6 au GIR 1, la personne perd peu à peu son autonomie, nécessitant une aide totale dans tous les gestes du quotidien pour le GIR 1 qui désigne des personnes alitées. Afin de classer les personnes âgées dans ces niveaux, la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie-Groupe Iso-Ressources) a été mise en place basant son évaluation sur la cohérence, l’orientation, la toilette, la communication et autres critères. MAPAD : Maison d’Accueil pour Personnes Âgées Dépendantes. MSA : Maison Spécialisée Alzheimer. SEPIA : Secteur Expérimental pour la Programmation Innovante de l’habitat des personnes Agées. Ce sont des expériences menées par les Ministères de l’Équipement et de l’Action Sociale

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ALZHEIMER – ARCHITECTURE – MALADIE – ESPACES – EHPAD

Les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer sont amenées à être placées en institutions en fonction de l’évolution de la maladie. Désorientées, agressives et anxieuses, il a été prouvé que l’aménagement de leur environnement jouait un rôle important dans la diminution des troubles liés aux pathologies de la maladie. En s’appuyant sur les visites des résidences de La Salette à Bully et Montvenoux à Tarare, toutes deux accueillant des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer, nous allons tenter de comprendre quels aménagements sont à apporter pour favoriser le bien être des résidents ainsi que du personnel soignant. Nous feront également un point sur les apports théoriques et leur application dans les établissements mais également sur la place de l’architecte dans ce genre d’opération. Ceci nous mènera à une proposition spatiale en adéquation avec les savoirs actuels sur les pathologies de la maladie et les attentes de chaque acteur des établissements. People affected by Alzheimer disease are led to be put in specialized institutes depending on evolution of the illness. Disorientated, aggressive and anxious, it has been proved that an arrangement of their environment played an important role in the decrease of Alzheimer disease’s pathologies. Leaning on visits of the residences of La Salette in Bully and Montvenoux in Tarare, both welcoming people affecting by this disease, we are trying to understand which arrangements are better than other to favor the well-being of residents and staff. Theory and its applications in the establishments as well as the statute of the architect in this kind of situation will be evaluated. Then we will be led to develop to a spatial proposition in adequacy with the current knowledges about the different pathologies and the expectations of every actor of the establishments.

MARIE DETAIN

ÉTUDIANTE À L’ENSAL TEL: 06.15.15.55.84 MDETAIN@GMAIL.COM


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