Mada7 n°30 du 18 séptembre 2017

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Journal d’information indépendant

N°30 18/09/17

GRATUIT

MA D A 7 É C O N O M I E ,

D É V E L O P P E M E N T

E T

C U L T U R E

Banques, bailleurs de fonds, finances publiques, monnaie...

Au coeur de

la finance À lire dans ce numéro

Chronique p.2 La finance au rendez-vous de la mutation de l’Afrique

Christophe Mounguengui, BGFIBank p.7 contribuer au développement de ce pays.

Banque centrale p.12 Une politique monétaire qui s’adapte au contexte

La politique monétaire de Madagascar p.4 vue par Patrick Imam, FMI

Solo Andriamanampisoa p.8 Portrait d’un consultant international en finances publiques

Financements p.13 Que les fonds des bailleurs transitent par la BCM

Banques et secteur privé p.5 Toujours l’incompréhension

Monnaie p.10 La fin du tourbillon d’un ariary tourmenté

Secteur bancaire p.6 La concurrence fait rage

Délinquances financières p.11 Le SAMIFIN mène la lutte

La nécessité d’une banque nationalisée p.14 Trois questions à Serge Zafimahova Christian Rasoarahona p.15 Fondateur de Kapital Plus Plus


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Au cœur de la finance

Editorial

Chronique de la rédaction

Le nerf de la guerre

La finance au rendez-vous de la mutation de l’Afrique

A

près une incursion en Afrique pour promouvoir le plan de développement et les réformes économiques d’un pays émergent, l’équipe de Mada7 revient aux affaires à Madagascar pour vous partager sa passion et sa vision de l’économie et du développement de notre pays. C’est à une véritable immersion dans l’univers de la finance, le nerf de la guerre, que la rédaction vous invite cette fois. Bailleurs de fonds, spécialistes des finances publiques, responsables institutionnels, banquiers, financiers, opérateurs économiques, analystes chevronnés... sont intervenus afin de vous donner les éclairages nécessaires dans un contexte où l’incertitude demeure.

La vraie mutation de l’Afrique, le vrai changement qui fait évoluer aussi bien les mentalités que la vision que nous pouvons avoir de ce continent est que l’Afrique vient de basculer dans l’urbain. Les villes supposent des infrastructures, routes parfois autoroutes, énergie, adduction d’eau, centres commerciaux, université, aéroports, immobilier d’entreprise ou d’habitation … tout un tas de choses que les compagnies occidentales maitrisent bien et que les africaines doivent s’approprier. Les besoins sont là, les clients arrivent, restait à trouver l’argent.

Le continent noir a connu ces dernières années une croissance continue qui suscite la curiosité méfiante des uns et l’appétit d’ogre des autres. L’Afrique, dont la partie australe, pour compenser la baisse de recettes de son secteur minier et pétrolier, cherche actuellement à se doter d’un tissu industriel diversifié et intégré, sans être pour le moment capable de produire du concret ni poser des objectifs clairs. Les banques et les établissements financiers sont au-rendez-vous de cette évolution vers un continent qui voit les investissements et la consommation croitre de façon spectaculaire. Il est temps pour Madagascar de revoir son intégration économique sur le plan continental Si les banques mènent une politique ultra réaliste et n’ont le défaut que de réussir dans un secteur régi pourtant par une loi vieillotte, l’ariary est toujours mal en point malgré l’apparence d’une bonne santé retrouvée. Par ailleurs, l’application programmée de la vérité des prix, dont celui de notre monnaie nationale, fait toujours jaser certains observateurs. Faut-il pour autant se faire dévot de Sa Majesté le Marché ? Absolument pas ! On connaît ses dangereuses turbulences, qu’accélère l’économie mondialisée. Il suffit de le tenir pour un système simplement préférable aux autres… La catastrophe financière provoquée par la Jirama et Air Madagascar sont là pour enterrer les derniers à vouloir encore magnifier les aménités de l’Etat-providence sans en mesurer ses ruines. Ne nous payons pas de mots : les Malgaches doivent une bonne fois pour toutes se résoudre à finir de croire aux vertus prioritaires de l’Etat pour soigner le chômage, attirer les investisseurs, maîtriser l’inflation... Madagascar a tout à gagner en mettant en place un système financier efficace qui donne au pays la possibilité de relancer le crédit et de stimuler l’épargne auprès des ménages. Le but est de développer le commerce aussi bien intérieur qu’extérieur et de donner à nos entreprises les armes pour devenir compétitives. Les agents économiques doivent être à même d’évaluer les risques et de trouver les garanties pour que le secteur privé participe à la croissance. La mobilisation des économies permettrait, à terme, de financer en interne la croissance et le développement de l’économie à travers des investissements directs nationaux. Mada7 vous invite à être curieux et à vous intéresser au secteur de la finance. Vous êtes inévitablement un acteur de l’économie, que vous soyez client d’une banque, d’une institution de microfinance, d’un service de mobile money; que vous soyez un opérateur économique ou un simple consommateur.

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i les banques locales, filiales ou pas de grosses pointures internationales sont là, bien ancrées, connaissant parfaitement leur clientèle, elles n’ont pas forcément une bonne maitrise des financements très importants ou nécessitants des échéances de long terme. Et si parfois la volonté était bien là, elles peinaient à convaincre leur service de tutelle londonien ou parisien. Pour cela il faut du Capital, de l’Equity, et dans ce domaine l’Afrique a fait longtemps figure d’épouvantail, souvent à tort ou par méconnaissance des réalités locales. Il faut reconnaitre que ces épouvantails s’incarnaient dans des Présidents ou des dirigeants plus habiles à transformer les aides multilatérales en Boeing présidentiels et en appartements parisiens qu’en industries locales. Si le capital-investissement reste en apparence très faible, 5 à 6 fois plus faible qu’en Europe, il faut le comparer à des PIB qui sont eux-mêmes encore faibles, si l’on exclue les gros poids lourds de la place. Le coût de l’Equity est élevé pour plusieurs raisons. D’une part, il intègre des coûts fixes très importants qui peinent à s’amortir sur de petits projets d’autre part il a longtemps intégré des couvertures de risques

bien plus élevé que la réalité du terrain. Le taux de défaillance moyen en Afrique est de 1,6% soit bien moins que dans d’autres zones du globe. La prise en compte de cette réalité, un coût de l’argent en chute libre dans le monde, une politique des banques centrales de « Quantitative easing » généreuses (un type de politique monétaire « non conventionnel » consistant pour une banque centrale à racheter massivement des titres de dettes aux acteurs financiers, notamment des bons du trésor ou des obligations, cela avec de la monnaie qu’elle crée ), le financement de projets adossés à des marchés et des économies en forte croissance ont fait que, les courbes se croisant dans le bon sens, la destination « Afrique » devenait sexy et profitable. Attention, cela ne veut pas dire que l’argent coule à flot au point d’inonder nos savanes. Si ces espaces étaient autrefois la chasse gardée des spécialistes de ce que Woody Allen appelait le TMR ( Take the Money and Run), les nouveaux opérateurs ont des visions à plus longs termes aujourd’hui 5 à 10 ans, ce qui est déjà long pour un fonds, probablement 10 à 15 ans demain. Après des années à observer nos bailleurs publics tels que IFC, Commonwealth Development Corp (CDC), FMO, Proparco, AFD et autres BAD, les fonds africains ont commencé à pointer le nez, timidement il y a moins de dix ans, plus sereinement aujourd’hui. Quelques précurseurs à 100 ou 250 millions de dollars, renouvellent aujourd’hui leur ligne avec des fonds et des lignes de 400 à 600 millions, on se souvient des Pan African Investment, ou plus près de chez nous les opérations d’Aureos. Certains comme Helios n’hésitent pas à flirter avec le milliard d’USD. Que ces géants transfrontaliers n’occultent pas le travail de précurseurs locaux et nationaux, que ce soit ipCapital ou même à notre niveau plus modeste FIARO, outil de placement et d’investissement de la

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Au cœur de la finance

uuu compagnie ARO. Certains opérateurs plus discrets opérant dans le conseil, en profitent pour fédérer des capitaux d’origines familiales du Mozambique au Nigéria en passant par le Cameroun, la Cote d’Ivoire et dans une moindre mesure dans les îles de la COI (Réunion, Maurice, Madagascar). L’Afrique n’ayant pas abandonné sa structure tribale et familiale, agrégeant ainsi des capitaux familiaux de quelques dizaines de millions d’euros, voire même quelques centaines pour peu que l’un des membres de la famille ait accédé aux pouvoirs quelques années. Des sociétés comme Amethis Finance (Velogic, CIEL Finance), qui se revendiquent comme investisseurs de long terme en Afrique, ou des banques régionales très nombreuses en Afrique telle la BOA de Paul Derreumaux, depuis cédée aux marocains de la BMCE, ou comme la BGFI sont représentatifs de ces phénomènes et d’un certain tropisme pro-africain. Les vagues de concentration et de rachat dans le secteur très en vogue autour des années 2010 ont toutefois tendance à se cal-

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Il faut montrer aux investisseurs que les partenaires locaux sont prêts à s’exposer et à prendre des risques. mer, seule exception les canadiens qui pointent leur nez en Cote d’ivoire en assurant justement la sortie du fonds ECP actionnaire indirect de la BIAO. De nombreux acteurs ayant décidé de consolider leur position par le débouclage d’options ou de rachat de minoritaires, souvent institutionnels. Si certains secteurs sont privilégiés, d’autres sont carrément délaissés. On ne prête qu’aux riches c’est connu, les secteurs bancaires, assurances attirent le maximum de capitaux, mais également le secteur de l’énergie par opposition au secteur de la santé qui présente non seulement des risques encore trop importants mais surtout un retour bien trop long pour attirer les fonds actuels.

Pour ce faire, il faudra encore lever de nombreux obstacles, qu’ils soient culturels ou bien réels. L’ancrage financier nécessite de rassurer les investisseurs. Il faut montrer aux investisseurs que les partenaires locaux sont prêts à s’exposer et à prendre des risques. Un petit projet comme la centrale hydroélectrique de Sahanivotry à Madagascar n’a pu attirer la BAD que pour 6 millions d’euros et les banques locales (Pool MCB/ SG) pour 3 millions à la condition expresse que les actionnaires couvrent l’opération en fonds propre à 50%. Nombres de projets ne voient le jour que dans un équilibre «actionnaires / institutionnels / acteurs financiers (banques, fonds) ». L’Afrique a encore besoin des institutionnels pour

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se développer notamment dans les infrastructures. L’AFD a annoncé au Sommet France Afrique de Bercy de 2015 un relèvement de son portefeuille africain à 20 milliards d’euros sur les prochaines années. On peut juste s’étonner parfois de l’association de la carpe et du lapin, les institutionnels ayant avant tout un objectif de développement économique et social, objectif parfois bien secondaire pour les capital-risqueurs. Il est aussi important de constater qu’aujourd’hui les pays africains accèdent directement aux marchés financiers et leur croissance leur permet de lever des capitaux importants parfois dépassant le milliard d’USD. Le développement des PPP fera enfin que les acteurs publics pourront être de vrais partenaires financiers et ne se contenteront pas de leur participation symbolique dans des régimes de concession de long terme. Ils seront pour certains de vrais associés pro-actifs cela permettra de rassurer les fonds et les investisseurs, créant ainsi un effet de levier dont l’Afrique à bien besoin. Et Madagascar dans tout ça direz-vous ? Il est indéniable que la route est encore longue … et pas encore goudronnée n

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Au cœur de la finance

La politique monétaire de Madagascar

vue par Patrick Imam, Représentant résident du FMI La Banque Centrale de Madagascar a essayé de modifier la politique monétaire en 2017. Qu’en pensez-vous ? Quelles seraient vos recommandations en tant que représentant du FMI ? Le 1er trimestre de cette année a été marqué par une hausse continuelle des prix suite aux différents chocs auxquels le pays a été exposé. Il s’agit de chocs qui ont affecté à la fois l’offre mais également la demande de biens et services. La hausse des prix des biens importés ainsi que les intempéries se sont traduits par une diminution de la disponibilité des biens et services sur le marché tandis que l’afflux important de devises lié notamment au préfinancement de l’actuelle campagne de vanille, a créé une demande en Ariary, et a également eu pour conséquence une forte augmentation de la demande, créant de l’inflation. Etant donné l’origine des chocs, ainsi que le prolongement attendu de certains d’entre eux, la décision de la Banque Centrale d’adopter une politique monétaire restrictive au mois de mai semble être justifiée dans la mesure où, il faut maîtriser la demande afin de stabiliser les prix. En augmentant le taux d’intérêt, la banque centrale rendra plus coûteux le refinancement des banques commerciales à son niveau. Théoriquement, ces dernières vont récupérer la hausse de leurs coûts dans les services qu’elles fournissent à ses clients, notamment dans leurs prêts. Ce qui, à son tour, aura pour effets de décourager les ménages et les entreprises à consommer et à investir mais par contre les incitera à plus épargner ou à placer leur argent. Mais l’impact d’un changement de politique monétaire ne se fait pas ressentir immédiatement. Même dans les pays avancés, une augmentation du taux d’intérêt prend un à deux ans pour se faire ressentir. Du fait des caractéristiques actuelles du marché financier, cependant, ce mécanisme risque de ne pas bien fonctionner à Madagascar. En effet, le marché étant peu développé et en surliquidité structurelle, gérer la demande de monnaie via la seule manipulation du taux d’intérêt ne sera pas N°30 - Du 18 Septembre 2017

Patrick Imam, Représentant résident du FMI à Madgascar

suffisante. La surliquidité structurelle du système financier, fait que les banques primaires ne se refinancent que rarement auprès de la Banque Centrale. Par ailleurs, les banques primaires ne se prêtent entre elles que ponctuellement. Du coup, il y a une cassure dans la transmission de la politique monétaire et il y a un risque que l’objectif visé ne soit pas atteint. Afin d’atteindre ses objectifs, le marché financier doit s’approfondir, et la Banque Centrale se doit d’accompagner cette mesure par d’autres instruments de politique monétaire, telle la mise en œuvre des opérations d’open market qui consistent à vendre ou à acheter des titres sur le marché monétaire suivant les besoins. A moyen terme, la Banque Centrale devrait chercher à développer le marché financier pour que la politique monétaire basée sur la manipulation du taux d’intérêt puisse fonctionner. Au niveau du Fonds, nous avons déjà commencé à apporter notre assistance technique sur la question. Néanmoins, il prendra encore un certain temps avant que les mesures conseillées dans le cadre de

cette assistance ne prendront effet sur le marché. Récemment on a noté une appréciation continue de l’Ariary face aux principales devises de transaction, à quoi peut-on attribuer cette appréciation ? Quels seraint les impacts positifs ou négatifs ? Il est vrai que depuis le début de l’année, l’Ariary a connu une importante appréciation notamment par rapport au dollar depuis le début de l’année. En effet, depuis, l’Ariary s’était apprécié d’environ 10% par rapport au dollar et d’environ 4% par rapport à l’Euro en terme nominal. Cette appréciation de l’Ariary est particulièrement attribuée à l’afflux de devises destinées à préfinancer la campagne actuelle de vanille qui, comme l’année dernière, continue d’être marqué par un prix élevé au niveau du marché international. Il y a également les entrées de devises liées aux décaissements des différents bailleurs dont le FMI, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement. Parallèlement à cela, le secteur textile exportateur continue de bien se comporter tandis que les recettes d’Ambatovy relatifs aux exportations de cobalt et de nickel ont été meilleures que prévu. En même temps, la chute du prix du baril signifie que moins de devises sont nécessaires pour financer les importations. Cette appréciation nominale a conduit également à une appréciation en terme réel du taux de change. Ainsi, l’année dernière, par exemple, le même phénomène a résulté en une appréciation du taux de change réel d’environ 4%. Cette année, du moins jusqu’à fin mars, le taux de change effectif réel s’était apprécié d’environ 2%. Bien qu’étant un choc positif pour l’économie, dans la mesure où cela a contribué à une augmentation de nos recettes d’exportations et donc à une diminution du déficit de la balance du compte courant, à une amélioration des revenus des paysans mais aussi à un accroissement des réserves en devises de la Banque Centrale, le choc a quand même généré des tensions dans la gestion par les autorités de sa politique monétaire ainsi que de sa politique de change. Le risque, si le choc persiste, ce qui est pour le moment probable vu que le prix de la vanille sur le marché international continue d’être élevé, c’est une perte de compétitivité des exportations hors vanille. Etant donné le faible développement du système financier, comment, d’après vous les autorités devraient prioriser des objectifs multiples comme l’inclusion financière, le développement du secteur financier et le développement par la Banque Centrale de sa politique monétaire ? Le processus d’approfondissement financier est en train de s’accélérer. Les banques commerciales, qui sont déjà établies dans

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Au cœur de la finance

uuu le pays, sont en phase d’extension de leurs branches sur le territoire national avec une perspective d’accroissement projetée des crédits au secteur privé d’environ 16% par an sur les 5 années à venir. Ce qui est légèrement supérieur à la croissance des prêts au cours des trois dernières années suite à la fin de la crise. Les efforts continus des autorités contribuent à l’atteinte de ces résultats. Il y a notamment les efforts pour améliorer l’efficacité et la profondeur des marchés financiers ainsi que pour moderniser les cadres institutionnels pour la supervision et la résolution du secteur financier. Il y a également les décisions d’établir des registres de crédit et collatéraux.

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à gain rapide, telle la mise en place des ... le dysfonctionnement sont monnaies électroniques. En même temps, les travaux sont en cours pour les réformes prioritaires qui prennent un du système judiciaire structurelles peu plus de temps, tels que la législation les marchés interbancaires et les constitue une, bancaire, instruments de politique monétaire basée sur le taux d’intérêt. voire la principale, Une question sur laquelle les autorités aussi se pencher, dans le cadre entrave à doivent du développement du secteur financier, c’est l’amélioration du système judiciaire. effet, le dysfonctionnement du système l’octroi de crédits ... Enjudiciaire constitue une, voire la princiAvec le soutien du FMI et de la Banque mondiale, les autorités ont donné la priorité aux réformes dites « quick win », c’est-àdire des réformes qui prennent moins de temps pour être mise en œuvre mais qui

pale, entrave à l’octroi de crédits. Et sans la réforme du système judiciaire actuel, les banques ne peuvent pas accorder aucune valeur aux garanties et par conséquent seront peu enclins à octroyer des crédits aux petites et moyennes entreprises ainsi qu’aux ménages n

Banques et secteur privé

Toujours l’incompréhension ont régulièrement cité les relations avec les banques parmi leurs principales difficultés quels que soient leur taille et leur secteur d’activité.

En dépit des réformes déjà entreprises, le secteur financier malgache, composé de 11 banques, 6 établissements financiers et 31 institutions de microfinance, n’a pas encore pu se libérer de toutes les contraintes qui freinent l’épanouissement du secteur privé.

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es crédits à l’économie n’ont pas sensiblement augmenté ces dernières années, ce qui a emmené les gouvernements successifs à réfléchir sur la mise en place d’une banque nationale de développement qui, aux yeux des acteurs économiques et des observateurs, pourrait mieux tenir compte des besoins en financement des entreprises malgaches. L’impatience est palpable chez certains nationaux qui se désolent du fait qu’une grande partie de l’économie de Madagascar soit aux mains des étrangers qui ont déjà plus de moyens d’investissements à la base et qui bénéficient de finan-

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cements auprès des banques. Si en 1997, les crédits à l’économie représentaient 10,3% du PIB, ils n’étaient plus que moins de 9 % quinze ans après. Selon les données du Syndicat des Industries de Madagascar, seuls moins de 20% des unités industrielles (hors zone franche) ont accès aux crédits bancaires. L’obtention et le coût du financement bancaire demeurent une autre contrainte majeure pour le secteur privé et les décisions de baisser le taux directeur n’ont pas fait bouger les lignes. Les enquêtes menées sur les besoins des entreprises à Madagascar

Faute de crédits, l’essor du tissu industriel, composé à majorité de petites et moyennes entreprises, est ralenti. Les conditions exigées par les banques: taux supérieur à 20%, apport d’au moins 30%..., sont loin d’enthousiasmer les opérateurs locaux. Les banques avancent de leur côté que parmi les nombreux dossiers qui leur sont soumis, très peu sont bancables. De plus, l’absence de transparence et de fiabilité dans les états financiers des entreprises réduisent la marge de confiance de ces établissements de crédits qui ont aussi du mal à mobiliser des ressources à long terme. Les banquiers estiment que les risques sont importants dans l’environnement des affaires à Madagascar. Le traitement des informations actuel ne permet pas d’obtenir des données fiables sur les emprunteurs et pour ce qui est de leur solvabilité. Le système judiciaire ne rassure pas non plus les banquiers tout comme les investisseurs, notamment pour ce qui est de l’application de la loi. Le secteur financier malgache, encore à un stade embryonnaire, privilégie plutôt les financements courts en n’offrant

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Au cœur de la finance

uuu que très peu de financements à moyen et long terme. Ainsi, les banques de la place, toutes des banques commerciales ne s’engagent guère sur plus de 10 ans. Les crédits à long terme n’ont jamais dépassé les 25% du total des crédits à l’économie depuis 1993. Des prêts en devises sont accessibles aux entreprises locales mais seules celles qui exportent ont intérêt à s’y lancer. L’entreprise qui emprunte directement en devises doit générer un cash-flow en devises pour pouvoir rembourser. Si elle s’adresse uniquement au marché local, la fluctuation de la monnaie pourrait lui réserver bien des surprises et bien des ennuis.

Après la privatisation, les reprises Les opportunités offertes par la loi bancaire semblent cependant inciter d’autres établissements à s’implanter dans la Grande Ile. BGFI, Microcred ou encore Accès Banque font partie de celles qui ont osé franchir le pas. D’autres enseignes ont changé d’actionnaire majoritaire. C’est le cas de la BNI qui a été repris par un consortium composé du Groupe Ciel (Maurice), de la banque

La liquidation de la BICM, repreneur de la CMB, a laissé plus d’un millier de PME dans la difficulté. mauricienne Bank One et du groupe Hiridjee. La Bank of Africa, elle, est désormais dans le giron du marocain BMCE. De telle reprise n’a pas pu éviter la fin précoce de la Compagnie Malgache de Banque (CMB), une banque créée en 2003 et financée uniquement par des capitaux privés locaux. La fermeture, plutôt la liquidation de son repreneur la Banque industrielle et commerciale de Madagascar (BICM), a laissé plus d’un millier de PME dans la difficulté. Ce richissime repreneur hongkongais aurait aussi la nationalité malgache. A noter que les autres banques

privées dès leur création sont généralement des filiales d’établissements étrangers : l’Union Commercial Bank (UCB) installée en 1994 et contrôlée par la Mauritius Commercial Bank, la State Bank of Mauritius (SBM) qui est présente dans la Grande Ile depuis 1998 ; la Banque Malgache de l’Océan Indien (BMOI) qui a été la première à être de capitaux privés, créée en 1989 et devenue affiliée au groupe français BNP-Paribas (BPCE) depuis 2011. La première banque privatisée a été la BNI-CL, devenue en 1991 partenaire du Crédit Lyonnais puis de Crédit Agricole, des banques françaises, avant de tomber dans l’escarcelle du consortium mauricien CIEL. L’Etat Malagasy a jugé bon de ne pas racheter les parts de l’actionnaire majoritaire, n’ayant sans doute pas l’ambition d’avoir tout de suite cette fameuse banque à capitaux nationaux. L’ancienne BTM reprise par le Holding Bank Of Africa en 1999 n’a plus rien d’une banque pour financer les exploitations agricoles et prêter aux paysans, tout comme la BFV devenue partenaire de la Société Générale en 1998 qui n’est plus un établissement voué au développement du commerce. Les spécialisations ont fait place à des offres généralistes et diversifiées n

Secteur bancaire

La concurrence fait rage

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’est toujours dans un contexte de faible taux de bancarisation, inférieur à 6%, que le secteur bancaire malgache évolue. Les trois banques les plus anciennes du pays (BOA Madagascar, BFV-SG, BNI Madagascar) pratiquent le mass-banking en ciblant les particuliers et les entreprises. La concurrence est rude entre-elles pour séduire les fonctionnaires, les salariés du secteur privé et même les étudiants en passe d’entrer dans le monde du travail. Elles possèdent les plus larges réseaux d’agences, avec un nombre cumulé de plus de 150 représentations à travers le pays. Si la BOA Madagascar demeure la banque la plus importante du pays en matière de total de bilan, de nombre de clients et de couverture nationale, l’évolution spectaculaire des performances financières de la BFV-SG constitue le sujet financier du moment : si en 2014 le résultat net a été de 52 milliards d’ariary, en 2016, il a été de 70 milliards d’ariary, avec des fonds propres qui passent de 43 à 143 milliards d’ariary ainsi que 300 milliards de crédit accordés la même année. Les nouvelles banques issues du monde de la microfinance s’étendent rapidement et totalisent actuellement une cinquantaine d’agences. Ces dernières s’orientent vers les particuliers à revenu moyen et les PME en se focalisant sur le micro-crédit, le créN°30 - Du 18 Septembre 2017

dit à la consommation et l’épargne. Quatre autres banques (BMOI, MCM BGFI et SMB) ont une politique commerciale plus sélective en ciblant les particuliers haut de gamme et les grandes entreprises avec un réseau d’agences moins large mais situées dans les points stratégiques du pays. Certaines se positionnent même en tant que banque d’affaires. Globalement, on constate que les offres sur le marché deviennent de plus en plus agressives et la pression publicitaire de plus en plus forte. La compétition fait également rage sur le créneau des services monétiques comme sur

La compétition fait rage dans les services monétiques et l’ouverture de centres d’affaires

celui, plus budgétivore, de l’ouverture de nouveaux centres d’affaires destinés à mieux capter la clientèle corporate. Selon les prévisions, pas moins de 15 centres d’affaires devraient voir le jour dans les 5 prochaines années. La concurrence entre les établissements bancaires se traduit aussi par la course à l’ouverture de nouvelles agences dans des quartiers ou des localités ciblés. Les banques sont obligées de diversifier leurs produits et services pour attirer la clientèle. Elles cultivent la proximité avec le client en développant des offres sur le mobile. La banque de demain est un enjeu nouveau n Mada7


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...contribuer de manière forte, déterminée et dynamique au développement de ce pays. Interview de

Christophe Mounguengui

Directeur Général Adgoint BGFIBank Madagascar

BGFIBank Madagascar cible particulièrement les grandes entreprises, les PME dynamiques, les Institutionnels et une certaine catégorie de particuliers. Quelle est la stratégie de la banque pour séduire ce créneau très convoité par presque tous les établissements de la place ? Comme vous le savez déjà, la concurrence est très rude dans le secteur bancaire. Pour se faire une place quand on arrive tardivement, il faut pouvoir se distinguer par le réseau, par les produits offerts, par la définition d’une stratégie claire ainsi que la qualité de service. Pour ce qui nous concerne, la construction du réseau se faisant lentement, nous basons nos forces sur la qualité de service, la réactivité et des produits différenciants. C’est ainsi que nous avons commencé à mettre en place quelques produits qui existent dans le Groupe, à savoir : BGFINight (ouverture au public prolongée), BGFIMobile (Mobile banking et porte-monnaie électronique), BGFIClearing (numérisation de chèques au Scanner pour les clients ayant des paiements par chèques en grande quantité), Cash Pick-up (transport de fonds) et Teller Implant (externalisation des activités de caisse pour certains clients). Nous avons aussi choisi d’implanter plusieurs guichets automatiques de banque (GAB) afin de compléter cette offre monétique. Votre maison-mère se présente en tant qu’acteur engagé pour la croissance durable. Dans les faits, comment BGFIBank Madagascar traduit-elle cette prise de position ? Nous portons à votre connaissance que le Groupe BGFIBank dispose d’une école de formation dénommée BBS (BGFI Business School), qui est une école supérieure de la banque, et une fondation, la Fondation BGFI, dont la vocation est l’engagement dans une démarche de responsabilité sociale et environnementale. Ces deux volets montrent l’engagement citoyen du Groupe qui s’appuie sur son capital humain, objet de toutes les attentions, et l’investissement Mada7

dans l’avenir par le développement durable et l’aide aux nécessiteux. Pour BGFIBank Madagascar, nous essayons modestement de soutenir les plus démunis en répondant aux besoins exprimés dans les domaines de l’éducation et de la protection de l’environnement. Chaque année, autour du 8 décembre, nous célébrons le BGFIDay. A l’instar des autres filiales du Groupe, nous faisons une action citoyenne en rapport avec le Pacte Mondial. Nous avons fait plusieurs actions en association avec la Fondation TELMA, et cette année, nous nous attelons à rénover un lycée de la place en l’incitant à se doter de classes d’excellence, tout comme nous offrirons des fournitures scolaires et même quelques bourses, pour un accompagnement total des enfants. L’année dernière nous avons procédé à un don à l’EPP d’Isotry et un appui au Centre d’enseignement MIKOLO à Alasora. Votre banque a annoncé il y a un plus d’un an son intention de procéder à une extension de son réseau d’agences. Qu’en est-il de ce projet actuellement et quel est l’objectif final sur le plan quantitatif que qualitatif ? Comme il est dit plus haut, nous avons fermement l’intention de nous implanter sur tout le territoire malgache, pour contribuer de manière forte, déterminée et dynamique

... nous avons fermement l’intention de nous implanter sur tout le territoire malgache ...

au développement de ce pays, aux côtés des autres opérateurs installés. C’est de cette conviction que trouve sa source notre désir d’étendre notre réseau, et celui d’être le plus proche possible de nos clients. Nous avons ouvert un point de vente, à Behoririka, depuis le début de l’année et comptons en ouvrir un deuxième avant décembre à Anosizato. Dans le même ordre d’idées, nous sommes entrain d’installer 120 GAB dans toute la Grande Ile à l’horizon 2018, l’objectif final étant de couvrir les six Provinces de Madagascar à terme, en GAB et en agences. C’est une grande ambition mais nous nous y consacrons. Selon les analystes, le système bancaire malgache est stable mais comporte des poches de vulnérabilité. Selon vous, quelles sont les principales réformes à apporter pour que les banques puissent mieux soutenir et sans risque les investissements et la croissance ? A notre avis, les réformes en vue de stabiliser le système bancaire, comme vous le dites, sont en train d’être faites par l’Etat via la Banque Centrale. La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, comme d’autres organismes viennent en appui technique pour qu’il y ait une politique financière et monétaire forte, une sécurité de l’investissement et des investisseurs, une inclusion financière la plus large possible, et que Madagascar soit une place financière, au sens technique du terme. Lorsqu’on aura sécurisé un peu plus (sécurité physique, sécurité financière, sécurité des biens), que l’on aura fait baisser de manière significative l’inflation, combattu vigoureusement l’informel avec des politiques plus adaptées, et que la justice prendra véritablement en compte les intérêts de toutes les parties, il n’y a pas de raison que la croissance ne soit pas au rendez-vous. Les investissements viendront en masse, il y aura création d’emplois et résorption de chômage, formation, augmentation de la consommation des ménages et, irrémédiablement, développement du pays n N°30 - Du 18 Septembre 2017


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Au cœur de la finance

Portrait et Interview de

Solo Andriamanampisoa Consultant international spécialisé en Finances publiques Dernier d’une fratrie de 11 enfants, le parcours hors du commun de Solo Andriamanampisoa est bien celui d’un combattant. Il a fait de la finance son arène !

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ils d’un simple fonctionnaire du service des Domaines et de la conservation foncière et d’une mère au foyer, il a fait ses études primaires et secondaires au gré des régions d’affectation de son père : Ecole Primaire Publique et Ecole Secondaire Publique à Toamasina, Lycée à Fianarantsoa... Enfant des années 1980, période où l’Etat appliquait la politique de « malgachisation », Solo Andriamanampisoa a passé les épreuves de son Baccalauréat, série C (Mathématiques et Physique) avec l’option « en langue Malagasy ». Aujourd’hui âgé de 43 ans, Solo Andriamanampisoa, marié et père de 5 enfants, est consultant international spécialisé en Finances publiques et audit. Expert-comptable de formation, il est un ancien de l’Institut National de Science Comptable et d’Administration d’Entreprise (Inscae) où il a décroché son Diplôme d’Etudes en Sciences Comptables. Il a poursuivi ses études au sein de cet établissement de référence et a obtenu à 21 ans son Diplôme d’Etudes en Sciences Comptables Approfondies (DESCA). Il s’envole ensuite pour la France pour rejoindre l’IAE de Poitiers. Il y décrochera son Diplôme d’Etudes Spécialisées en Finance - Fiscalité – Comptabilité avant d’entrer à l’Intec-Cnam de Paris pour en sortir titulaire d’un Diplôme d’Etudes en Finance et Comptabilité (DEFC), en 2003. L’année suivante, c’est en tant que candidat libre qu’il passe son épreuve et réussit son DSCF (Diplôme Supérieur en Comptabilité et Finance). Il empoche enfin le « graal » à 34 ans: le fameux Diplôme d’Expertise Comptable. Connaissant ses objectifs, il ne recule devant aucun sacrifice. Ses diplômes de l’Inscae ne disposaient Dommage que nos compétences, pour différentes raisons, ne sont pas appelées à contribuer davantage à la reconstruction du pays.

d’aucune équivalence pour le cursus d’expertise comptable en France. Ainsi, avec deux diplômes de niveau bacc+5 déjà en poche, il a refait ses études de comptabilité à un niveau bacc+3 en intégrant l’Intec Cnam pour rentrer dans le parcours conventionnel d’experts comptables en France. Travailleur acharné, rigoureux, il effectue ses études en même temps que son emploi à plein temps dans des cabinets d’expertise comptable et d’audit. Il est ainsi habitué à une journée de travail de plus de 12 heures.

Une quasi décennie chez PriceWaterhouseCoopers Son parcours professionnel commence vers le milieu des années 90 au sein du Cabinet Rabenjamina, à Antananarivo, en tant que réviseur comptable confirmé. En 1999, il rejoint en France le Cabinet Euro-Compta Finances, à Sainte Geneviève de Bois dans le cadre de son stage de fin d’études, puis le Cabinet Jean Claude Favrelière, à Poitiers, comme assistant comptable. En 2001, ce sera enfin le grand bain avec son entrée chez le géant du secteur PriceWaterhouseCoopers à titre de consultant junior pour ensuite devenir manager confirmé, grâce à une certaine rigueur. L’audit des banques et des grands comptes représente 70% de ses activités, le reste étant l’expertise comptable, le conseil aux PME et la gestion du cabinet. Un challenge de taille qui va le tenir jusqu’en 2009, année où il devient associé en charge de développement et de production de la plate-forme de traitement comptable offshore Acces Pilotage Mada. Il sera au centre du développement de cette maison jusqu’en 2013 mais, entre-temps, il est aussi devenu gérant associé d’une autre structure internationale de conseils : Australium Consulting. Après avoir accumulé diverses références sur le créneau du commissariat aux comptes (Groupe Caisse d’Épargne France, Groupe Crédit Immobilier de France, Banque Gabonaise de Développement, Banque de l’Habitat du Gabon, Harry’s France, Children Worldwide Fashion), c’est dans l’univers de la gouvernance financière publique qu’il continue à renforcer ses acquis. Les chiffres, il les côtoie à longueur de journée et ses missions de consultance l’amènent à « brasser

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» des montants allant jusqu’à cinq fois le budget de l’Etat malagasy.

L’univers des finances publiques Depuis, Solo Andriamanampisoa évolue en tant que consultant international en Finances Publiques au service d’un pays de l’Afrique Centrale figurant parmi les principaux exportateurs de pétrole du continent, et qui vient également de se lancer dans un ambitieux programme de diversification économique. De l’audit et conseils opérationnels en matière de performance des finances publiques, notamment des dépenses publiques, aux conseils et conduite de projet en matière d’établissement du budget d’un Etat (en mode BOP : budgétisation par objectif des programmes), en passant par la gestion performante de la trésorerie d’un Etat et la revue finale du cadrage macroéconomique et budgétaire, en collaboration avec les Agents du Ministère en charge de l’Economie, les domaines de compétences de l’ancien écolier de l’EPP de Toamasina se sont élargies au fil des années. Il opère en outre dans le suivi des projets financés par l’Etat et les bailleurs de fonds (Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, Union

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Au cœur de la finance

... discret, énergique, efficace, rigoureux et visionnaire.

uuu Européenne, Agence Française de Développement…) et la conduite des projets de réforme des finances publiques. Plus de six ans passés dans les finances publiques, au cœur des réformes majeures, ça forge. Il fait d’ailleurs partie de ceux qui ont géré la crise provoquée par le choc pétrolier de fin 2014 et a gagné la confiance des autorités qui l’ont engagé.

Le travail, la jeunesse et la promotion de la femme Solo Andriamanampisoa croit ainsi à la réussite Républicaine par la valeur. Des expériences qu’il a pu partagées à travers des formations comme celle pour la Chambre de commerce et de l’industrie, la Chambre de métier de l’Essonne ou au profit de l’ensemble des jeunes collaborateurs du réseau PWC France. Il a également animé de nombreux

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séminaires en matière de finances publiques. Grand amateur de voyages et de découvertes, passionné par le dialogue des cultures, Solo Andriamanampisoa a sillonné la planète mais n’a jamais oublié sa Grande Ile natale, qu’il retrouvait plusieurs fois chaque année, ni les petits boulots qu’il a dû faire pour financer ses études. Un ancien collaborateur resté au pays le qualifie de discret mais aussi d’énergique, efficace, rigoureux et visionnaire.

Philanthrope derrière l’Homme Passionné aussi de randonnées en vélo et d’arts

questions à

Solo Andriamanampisoa

De par vos longues expériences à l’étranger en matière de finances publiques, quelles sont les réformes à mener pour que Madagascar puisse disposer et gérer efficacement les ressources nécessaires à la concrétisation de ses ambitions économiques ? En premier lieu, il est important de s’accorder sur un fait : aucune réforme ne réussira si elle ne s’inscrit dans une vision claire. Les plus hautes autorités ont l’obligation en premier lieu de définir le chemin à suivre et les objectifs attendus dans quinze ou vingt ans. Dans de nombreux pays d’Afrique, la feuille de route pour atteindre l’émergence est déjà établie depuis plusieurs années. Ce qui facilite grandement l’application des mesures retenues et le suivi des résultats. Ceci dit, à mon humble avis, le premier grand défi pour Madagascar est de mobiliser les moyens financiers nécessaires à son développement socioéconomique. Pour cela, l’élargissement de l’assiette fiscale et l’apport du secteur informel sont des points essentiels à traiter.

martiaux - le Karaté et le Kung-Fu particulièrement – celui qui a intégré dès son jeune âge la grande famille du scoutisme est entièrement convaincu que la résussite se trouve dans le travail. Une valeur qu’il applique partout et qu’il souhaite partager avec ses compatriotes à chacun de son passage au pays ou à travers les réseaux sociaux. Ce natif de Fandriana estime par ailleurs avec beaucoup de conviction que l’avenir de Madagascar est tributaire de la manière dont il s’occupera de ses jeunes et de ses femmes. Un point de vue qui cadre logiquement avec son refus de l’injustice sous toutes ses formes. Celui qui est surtout connu pour sa passion des chiffres a toujours œuvré discrètement au profit de nombreuses personnes en situation de forte précarité à Madagascar. C’est toujours avec discrétion mais muni d’une volonté sans faille qu’il a aussi mené des actions de volontariat auprès de l’ONG Planète Urgence n

Enfin, pour réussir ce challenge, le pays doit se doter d’un système d’information intégré, interministériel, efficace et inviolable, avec notamment la traçabilité de toutes les transactions effectuées au sein des régies financières et des services en charge des dépenses publiques. Je ne cesse de soutenir que les nouvelles technologies sont essentielles pour garantir le succès des réformes surtout sur le créneau de la fiscalité : système de suivi et évaluation informatisé, mobile banking…

Que faire de l’incivisme et le manque de probité impactent négativement sur les finances publiques ?

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets afin que les lecteurs puissent être mieux éclairés ? Je citerai à titre d’exemple très simple la possibilité de mettre en place une vignette forfaitaire annuelle pour chaque véhicule particulier de type SUV ou 4x4 dont le montant est progressif en fonction de la puissance administrative. Pourquoi ne pas également acter l’instauration d’une taxation forfaitaire solidaire sur les ventes de billets d’avion hors classe économique et l’instauration d’une taxation forfaitaire solidaire des transferts d’argent depuis et vers l’étranger.

Pour le premier, l’Etat peut et doit lancer des instruments innovants tout en menant une campagne de fond pour convaincre les contribuables de la nécessité de son approche.

Pour aller plus loin, je pourrais proposer l’instauration d’un système d’imposition basé sur la fortune et l’application d’une contribution exceptionnelle temporaire de 2 à 5% des bénéfices imposables des établissements financiers, des compagnies d’assurances, des casinos et des débits en gros des boissons alcoolisées.

Ainsi, dans le cadre d’une politique de solidarité nationale, les dépenses phares à caractère social pourraient être systématiquement assurées par des recettes affectées. Dans le même sens, nous pouvons créer des recettes nouvelles basées sur la taxation de train de vie et des « signes extérieurs de richesses ».

Parallèlement à ces mesures et aux ressources mises à disposition par les partenaires techniques et financiers, l’Etat aura à mettre en place un mécanisme permettant au secteur informel de mieux contribuer à l’effort de développement. Plusieurs solutions sont envisageables pour ce faire et les exemples ne manquent pas : Rwanda, Chili…

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Effectivement, des réformes de fond s’imposent pour renverser cette mauvaise tendance. Il faut renforcer les dispositifs réglementaires pour empêcher les magasins de se contenter de payer leur patente au détriment de l’impôt sur le bénéfice et la TVA. Comme il faut des mesures audacieuses et une communication persuasive, voire une intense campagne de pédagogie, pour ramener la probité au cœur des transactions économiques et commerciales. Je tiens à préciser que pour que cela fonctionne, l’exemple doit venir d’en haut et de ceux qui sont chargés de mobiliser les ressources sur le terrain. Il est impossible de persuader les contribuables de changer de comportement si l’on ne montre pas que l’on gère avec responsabilité et transparence les deniers de l’Etat. Un système fiscal performant doit être juste, équitable et acceptable par tous. Les contribuables ne refuseront pas de payer les impôts et taxes lorsqu’ils constateront une transparence et une pertinence dans l’usage des deniers publics. Instaurer une relation de confiance entre les contribuables et l’Etat n’est pas une mince affaire. Il faut une forte volonté politique et apprendre sans faillir des leçons du passé. Nous savons tous que la corruption est un phénomène qui gangrène gravement notre société. Or, sans une avancée perceptible sur ce front, il n’y a aucune chance d’assurer la probité et la fiabilité des agents publics et des services publics en charge du budget et des finances.

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Au cœur de la finance

Monnaie

La fin du tourbillon d’un ariary tourmenté Si le secteur financier se limitait à la santé des banques, alors on dira que la Grande Ile n’a pas à se plaindre. Dans leur grande majorité, les établissements bancaires du pays arrivent en effet à sortir leur épingle du jeu, mais l’ariary peine à être stable et à devenir fort. En 2017, le contexte est plus favorable

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la stabilité de l’ariary, d’assurer le financement de l’économie sans compromettre la stabilité des prix.

e résultat net cumulé des 4 principales banques du pays laisse entrevoir un oligopole du marché financier : 86% du crédit dans le secteur et 88% des dépôts. La soutenabilité de la dette publique malgache ne poserait pas non plus de problèmes majeurs à court terme. Le stock de la dette extérieure reste relativement faible et donc viable en raison des possibilités limitées d’endettement depuis le début de la crise politique. Mais en dépit des bons chiffres des uns et les espoirs des autres, une réalité demeure : l’ariary est dans une situation inextricable qui impacte fortement sur l’économie du pays. Entre janvier et septembre 2017, la monnaie malgache a quasiment la même valeur par rapport à l’euro. L’ariary a gagné 13% par rapport au dollar, soit quelque 420 unités. Le billet vert est descendu à moins de 3 000 ariary. Cette période de stabilité et de bonne santé intervient après le décaissement des aides budgétaires. La balance commerciale est structurellement négative mais la tendance, selon les prévisions, devrait s’inverser à moyen terme. A plus de 2, 5 milliards de dollars en 2009, le déficit est descendu sous le milliard de dollars en 2015 et est estimé à 840 millions de dollars en 2017. Avant de se renforcer, la monnaie nationale a subi la baisse des exportations de nickel et de produits agricoles (vanille, girofle) qui a réduit l’achat d’ariary par les acteurs pesant sur le marché des devises. Ce phénomène a pu être amplifié, selon la Banque mondiale, par des comportements spéculatifs consistant à ne pas rapatrier les recettes d’exportation ou à conserver les devises rapatriées dans un contexte mondial d’appréciation du dollar. La reprise des exportations dans la filière textile et la remontée des cours de certains produits de rente sont des paramètres favorables auxquelles s’ajoutent les aides budgétaires.

Quel avenir pour l’ariary ? Madagascar n’appartenant à aucune union monétaire, seule la Banque centrale (BCM) assume la responsabilité de la stabilité inN°30 - Du 18 Septembre 2017

terne et externe de la monnaie nationale. Ces dernières années, la valeur de l’ariary a pu être plus ou moins stabilisée vis-à-vis des principales devises grâce aux interventions de la BCM sur le marché monétaire, notamment par le biais des opérations de refinancement ou de reprise de liquidité. La relative stabilité de la monnaie, combinée à la faiblesse de la demande intérieure et à la politique de soutien des prix des carburants, a permis de contenir l’inflation autour de 7% ces dernières années . La reprise économique est présente bien que timide. La BCM compte poursuivre sa politique monétaire prudente afin de maintenir

Pour le FMI, la gestion de l’ariary doit cadrer avec les réformes du secteur monétaire et financier qui devraient inclure le renforcement de l’assise financière de la Banque centrale et l’amélioration de sa surveillance et son indépendance. Selon le Fonds, il est important de garantir que le marché des changes soit suffisamment liquide et reflète la réalité du marché. Selon un analyste financier d’un cabinet d’investissement, l’ariary, actuellement surévalué, impacte sensiblement sur le niveau (très faible) des réserves en devises. Un PDG d’une banque commerciale estime pour sa part que l’avenir de l’ariary dépend de la confiance des uns et des autres en l’économie nationale. Mais comment restaurer ou, plutôt, instaurer cette confiance ? n

Pour le FMI, la gestion de l’ariary doit cadrer avec les réformes du secteur monétaire et financier

MID, 20ans après La nécessité de reformer le régime des changes a conduit à l’institution du Marché Interbancaire de Devises (MID) en 1994. Plus de 20 ans plus tard, la mise en place du MID en continu a rendu moins complexe le système d’acquisition et de vente des devises. Toutefois, les objectifs n’ont pas tous été atteints : le marché parallèle de devises n’a pas disparu, l’accès aux devises demeure un casse-tête de tous les jours pour les entreprises, notamment les distributeurs pétroliers… Selon ses promoteurs, le MID est là pour favoriser les opérations internationales, tout en diminuant les risques par l’amélioration de la circulation des informations. Mais la santé économique du pays étant ce qu’elle est, quand les devises se font rares, le MID connaît des dysfonctionnements. Plus de 30 millions de dollars d’achats au mieux ne seraient pas satisfaits aujourd’hui. Ce qui amène les entreprises importatrices à vouloir plus d’implication de la Banque centrale qui, selon elles, ne doivent plus se contenter d’intervenir juste pour maintenir la stabilité de l’ariary. Ces entreprises sont ce qu’on appelle les « clients délégués ». Elles sont autorisées à intervenir directement à la salle de marché pour se renseigner sur la variation du cours, négocier les cours et confirmer directement l’exécution de l’opération de change n Mada7


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Au cœur de la finance

Délinquances financières

sons, avantages particuliers reçus par une personne, etc. L’infraction d’origine peut être soit un crime, soit un délit.

Pas que la drogue

Le SAMIFIN mène la lutte

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artout dans le monde, la guerre déclarée contre l’argent sale a poussé de nombreux pays à renforcer leurs lois et intensifier la lutte pour mettre hors d’état de nuire les délinquants financiers en tous genres. Les actions menées par le SAMIFIN, le service de lutte contre les délinquances financières, ne sont toujours pas reconnues pour leur efficacité. Si ce service spécialisés dans les renseignements financiers arrive à traiter la moitié des Déclarations d’Opérations Suspectes (DOS), les choses se bloquent au niveau de la justice. Des condamnations pénales sont tout de même prononcées, mais elles sont trop peu nombreuses ou avec un faible montant en jeu pour faire du bruit. Certains membres du patronat redoutent que le secret bancaire ne soit plus respecté. Les débats sur ce sujet sont nombreux et enflammés depuis quelques années du fait notamment de l’intensification des trafics de bois de rose. Selon le SAMIFIN, le processus et la chaîne de lutte contre le blanchiment d’argent et autres délits financiers sont communs à l’échelle internationale. Les procédés, les techniques et les moyens employés sont identiques, qu’importe le pays, à l’image des Déclarations d’ Opération Suspecte. C’est une convention internationale, ratifiée par Madagascar, qui a mis en place ce procédé. Le Service a reçu 389 déclarations des banques entre 2008 et 2015. Après traitement, 190 dossiers ont été transmis au parquet, en tribunal de première instance.

Partenariat international Ainsi, ce ne sont pas seulement nos banques qui sont tenues d’informer les services de renseignement financier mais toutes les banques du monde. Ce qui a motivé la mise en place d’un partenariat avec le réseau regroupant tous les autres services de renseignement financier membres du « Groupe Egmont », groupement créé en 1995, regroupant les cellules de renseignement financier opérationnelles. La loi en vigueur autorise les banques à s’affranchir du secret bancaire, dès qu’une DOS a été formulée. Cette exception ne concerne cependant que le compte bancaire de la personne ou de la société impliquée dans Mada7

Lamina Boto Tsara Dia, DG du SAMIFIN

ENJEUX FINANCIERS DANS LES RAPPORTS DU SAMIFIN AU PARQUET : 2013

2014

2015

Entre 2008 et 2015

61, 545 Milliards Ar

88, 298 milliards Ar

40, 486 milliards Ar

852,919 milliards Ar

La lutte contre le blanchiment en 2016 : 260 déclarations d’informations confidentielles 115 Déclarations d’opérations suspectes 92,061 milliards d’ariary en jeu, soit une hausse de 127% par rapport à 2015

un cas de blanchiment d’argent. A une certaine époque, Jean Claude Zaraniaina, ancien DG du SAMIFIN, a déjà tenu à rassurer le secteur financier en affirmant que la disposition en vigueur ne vise pas à occasionner des dommages aux établissements bancaires. Au contraire, elle permet selon lui d’assainir le secteur vu que, par le passé, les cas les plus fréquents de blanchiment d’argent utilisaient le circuit bancaire. A la base du travail du SAMIFIN, il y a toujours l’infraction d’origine qui génère des capitaux illégaux ou d’autres biens : mai-

Après la fraude fiscale, les infractions les plus importantes générant le blanchiment sont les abus de biens sociaux

La Convention de Vienne signée en 1988 stipulait que l’argent provenant du trafic de drogue était considéré comme la seule infraction d’origine générant l’argent sale. En 2000, la Convention de Palerme, a étendu les bases des infractions d’origine. Désormais, elles s’étendent à d’autres domaines comme la fraude fiscale ou douanière. A ce sujet, le SAMIFIN communique l’information aux services des Impôts ou des Douanes. Des dossiers ont ainsi pu aboutir à des amendes et à des recouvrements de taxes. En 2015, la fraude fiscale à l’origine d’un blanchiment d’argent est estimée à 20,643 milliards d’ariary. Dans la Grande île, il n’y a pas de délimitation particulière, qu’importe le délit ou le crime, dès lors qu’il génère des avantages particuliers ou une richesse, on considère que c’est un premier pas vers le blanchiment d’argent. Le point de départ d’une enquête sur un cas suspect de blanchiment d’argent vient des DOS afin d’identifier les biens fondés d’un soupçon. C’est ainsi à partir de ces déclarations des banques que le SAMIFIN enquête. Si des « indices sérieux » se profilent, le service envoie le rapport au parquet, auprès du Procureur de la République qui déterminera si la ou les personnes incriminées doivent être poursuivies en justice.

Premières condamnations En 2016, le SAMIFIN a obtenu ses premières condamnations, soit trois dossiers sur quatre. Les accusés ont été sanctionnés pénalement. En 2015, 5 rapports ont été transmis au Procureur de la République, dont deux DOS d’un montant de plus de 10 milliards d’ariary. Le montant en jeu, dans les cas de blanchiments d’argent présumés, était alors de 40, 486 milliards d’ariary, soit une baisse d’environ 50% par rapport à l’année précédente. Après la fraude fiscale, les infractions les plus importantes générant le blanchiment sont les abus de biens sociaux (15, 61 milliards d’ariary). L’argent de la corruption (1,594 milliards d’ariary) et le faux et usage de faux (1,488 milliards d’ariary) ne finissent pas trop dans le circuit du blanchiment. En 2016, le système se montre plus efficace et les montants présumés blanchis découverts se chiffrent à 92 milliards d’ariary. D’après son actuel Directeur général, Lamina Boto Tsara Dia, le SAMIFIN est en train d’inventorier les typologies de blanchiment qui sont pratiqués par les délinquants financiers à Madagascar, cela dans le but d’affiner la stratégie de lutte. Par exemple, des investisseurs suspects créent auprès de l’EDBM une société éphémère pour réa-

uuu N°30 - Du 18 Septembre 2017


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Au cœur de la finance

uuu liser une transaction ponctuelle. Autre cas : un trafiquant de ressources naturelles ne rapatrie pas l’argent de cette exportation illicite, mais se fait livrer des marchandises ou des biens qui a la même valeur. C’est une forme sans détour de blanchiment d’argent, vu que l’origine est un délit. Entre 2008 et 2015, près de 297 milliards d’ariary issus d’importations et ventes de marchandises générales ont été déclarés comme suspects. Cette pratique est un danger pour l’économie, car ces opérateurs peu scrupuleux vendent à perte les produits en question et dérèglent le marché. L’immobilier est un secteur propice au blanchiment des capitaux, soit 256 milliards d’ariary suspects entre 2008 et 2015. Sur la même période, les mines n’ont engendré que 35 milliards d’ariary de capitaux blanchis contre 110 milliards pour l’exportation de produits forestiers. Les associations et les partis politiques sont aussi considérés comme des secteurs à risque, ayant engendré 4,823 milliards d’ariary d’argent blanchi entre 2008 et 2015.

Les banques responsabilisées Pour le moment, le système repose essentiellement sur les déclarations d’opérations suspectes émises par les banques et les établissements assujettis. Les activités hors circuits bancaires ne sont donc pas couvertes par le service de lutte contre le blanchiment de capitaux. Selon la loi, le paiement par espèce est interdit au-delà de 10 millions d’ariary. Pour les transactions au-dessus de 50 millions d’ariary, les entreprises ont l’obligation d’en indiquer l’origine. Les banques sont responsabilisées pour faire une DOS dès qu’un client a un crédit important sur son compte et que le montant ne correspond pas au profil. Elles doivent faire une investigation sur l’origine de ce fonds. La position du SAMIFIN est claire : le secret bancaire n’est pas au-dessus de la sécurité que ce soit au niveau national ou international. Les banques sont les premiers remparts de la lutte contre le blanchiment d’argent. Sur ce point, Madagascar suit les recommandations du Groupe d’actions financières internationales ou GAFI. Le Service se défend toutefois de divulguer les informations sur les mouvements de comptes d’une personne ou d’une entreprise. L’important, selon Lamina Boto Tsara Dia, c’est de mettre tout le monde sous la même règle. Si le processus parait aussi long que lent, c’est que les dossiers sont transmis à la Cour criminelle ordinaire. Cette juridiction a deux sessions par an seulement. Elle n’a pas forcément des magistrats, encore moins des assesseurs spécialistes des délits financiers. Les choses évoluent sur le plan légal. En 2015, la loi sur la lutte contre le terrorisme a permis au SAMIFIN de traiter les financements présumés du terrorisme. L’arsenal juridique sera renforcé par un projet de Loi sur la coopération internationale et un autre sur le recouvrement des avoirs n

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Banque centrale de Madagascar

Une politique monétaire qui s’adapte au contexte Avec environ deux mois de réserves en devises, la Banque centrale de Madagascar, avait l’habitude de gérer une situation compliquée. La nouvelle politique adoptée par la banque des banques a permis de changer la donne, profitant au passage du retour des financements des bailleurs de fonds et du coup de pouce du FMI.

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n matière de change, le Gouverneur de la Banque Centrale de Madagascar (BCM) a laissé entendre, peu de temps après sa prise de fonction, que la stratégie mise en œuvre consiste à maîtriser l’inflation tout en misant sur le principe selon lequel la stabilité externe de la monnaie est un corollaire de la stabilité interne. Il a par ailleurs insisté que la BCM intervient sur le marché des devises (MID) afin notamment de lisser les fluctuations excessives ou brutales des cours de change pour le bon fonctionnement de l’économie. Pour Alain Rasolofondraibe, le MID a surtout été affecté par la crise, les subventions du taux de change pour certaines transactions et les interventions sur le marché. L’amenuisement du stock de réserves de change a résulté de la faible performance du secteur minier affaibli par la baisse sensible des prix sur le marché international. Reste à savoir si le discours de la BCM arrive à rassurer les opérateurs dont certains sont quotidiennement confrontés à des problèmes plus terre à terre comme l’impossibilité de se procurer des devises sur le marché ou l’obligation de rapatrier celles-ci après des transactions à

L’enjeu à court terme réside dans le rattrapage du déséquilibre occasionné par les subventions antérieures.

l’export. L’incidence d’une politique budgétaire marquée par une faiblesse des recettes fiscales, une accumulation des arriérés ainsi qu’une insuffisance des financements externes des investissements publics font que la situation est toujours complexe. La politique monétaire a du mal à réguler la surliquidité de l’économie. La baisse du taux d’intérêt de la BCM n’a pas relancé de manière spectaculaire les prêts bancaires. Quant à l’accélération des importations, Alain Rasolofondraibe estime que la raison se trouve surtout dans les différents chocs exogènes, dont les cataclysmes naturels, lesquels ont créé des distorsions sur le marché des biens et services… Pour ce qui est du manque de compétitivité extérieure du pays en matière d’exportation, le patron de la BCM pointe du doigt la dégradation de l’environnement des affaires, les coûts de transactions et des coûts de facteurs élevés. Enfin, le contexte mondial, particulièrement la parité de l’euro/dollar sur le marché international, la baisse de la demande globale et la volatilité des cours des matières premières, aurait également impacté négativement sur la santé monétaire de la Grande Ile.

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Au cœur de la finance

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Des pratiques pour la stabilité du marché de devise Pour répondre aux critiques du secteur privé qui taxe la Banque centrale d’immobilisme, le Gouverneur estime qu’il est important de rétablir les conditions du marché. La démarche adoptée a alors été d’améliorer les pratiques afin de se conformer aux normes internationalement reconnues : diffusion d’informations plus complètes, faire en sorte que les mécanismes du marché puissent pleinement jouer... Aussi, la BCM a modifié ses publications en

mettant à la disposition des acteurs économiques à la fois un cours de référence basé sur les transactions réalisées sur le marché et les cours extrêmes également enregistrés sur chaque séance (minimum-maximum). Par rapport à la « phase de stabilisation » abordée par le pays, la BCM a procédé à des ajustements qui ont abouti par exemple à des mouvements du taux de change plus rationnels. L’enjeu à court terme réside dans le rattrapage du déséquilibre occasionné par les subventions antérieures, par la hausse du cours des devises extérieures due à l’arrêt des interventions de la BCM, et par le mouvement normal reflétant l’évolution des fondamentaux macroéconomiques. Alain Rasolofondraibe d’indi-

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quer alors que le taux de change observé est désormais proche du taux de change d’équilibre, niveau qui garantit la stabilité de l’économie et un gain de compétitivité sur le marché extérieur. A signaler enfin que la BCM a décidé à plusieurs reprises de réviser à la baisse son taux directeur et le coefficient des réserves obligatoires. Ces mesures s’expliquent selon l’institution financière par une faible concurrence au niveau du système bancaire, les taux débiteurs particulièrement élevés des banques, et l’excédent quasi permanent de la liquidité bancaire. De l’avis de cet ancien président du CA de la banque BOA Madagascar, la diminution du niveau de ces deux instruments signifie un assouplissement de la politique monétaire, un signal pour la relance des investissements n

Financements

Que les fonds des bailleurs transitent par la BCM Où sont passés les financements promis ? Il y a des déblocages mais c’est toujours aux «compte-gouttes» si l’on n’en juge l’impatience des dirigeants. Ces derniers espèrent que ces pluies de dollars soient versées à la Banque Centrale de Madagascar.

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our le Fonds Monétaire International, les réformes du secteur monétaire et financier doivent passer par l’accroissement de l’indépendance et du capital de la Banque Centrale de Madagascar. À l’avenir, le FMI estime qu’il sera essentiel d’assurer que le marché des changes est suffisamment liquide et reflète les conditions du marché. Dans ce contexte, la Banque Centrale doit reconstruire ses réserves internationales. Le FMI a donné un coup de pouce dans ce sens par le déblocage par deux fois du fonds Facilité Elargie de Crédit. En janvier 2017, la réserve de la BCM a dépassé le milliard de dollars. Le gouverneur a fait montre d’optimisme en prévision de nouveaux financements. Lors de la Conférence des Bailleurs et des Investisseurs, en décembre 2016 à Paris, 6,4 milliards de dollars de financement étaient annoncées. La partie malgache espère que ces fonds vont transiter par la Banque centrale, renforçant de facto le système financier du pays. Ce qui n’a pas toujours été le cas depuis que Madagascar bénéficie de financements à travers les programmes sociaux et projets de développement. Par exemple, une multinationale française adjudicataire d’un marché pour construire une infrastructure se fait virer le fonds vers le compte de la compagnie en France. Elle peut ainsi faire des achats en équipements et matériels en devise à l’étranger sans se soucier du taux de change. Pour les besoins financiers du projet à Madagascar, elle va cont racter un prêt en ariary Mada7

devront donc gagner la confiance des bailleurs de fonds, si elles veulent payer eux-mêmes les prestataires. Comme il s’agit de dizaines, voire de centaines de millions d’euros ou de dollars, c’est loin d’être acquis tant que le pays n’a pas montré patte blanche au niveau de la bonne gouvernance. Il y a deux moyens d’obtenir ces financements promis : la première c’est de faire une campagne médiatique pour rappeler aux bailleurs les promesses qu’elles ont faites et les inciter à les respecter ; la deuxième, c’est de lancer les réformes en termes de dépenses publiques à travers les programmes d’investissements publics, de mettre fin aux subventions, de lutter contre la corruption, de mettre en œuvre la transparence et la bonne gouvernance. Sans doute, la première solution est la plus facile, c’est pour cela que les autorités du pays l’ont choisie n auprès d’une banque « française » à Antananarivo. Tout cela parait logique mais est certainement désavantageux pour la partie malgache. Les entreprises étrangères sont en effet en position de pouvoir influencer les cours des devises sur le marché interbancaire dont le volume quotidien oscille entre 3 et 6 millions d’unités pour l’euro. Elles peuvent ainsi obtenir une valeur d’un ariary faible au moment de rembourser leur prêt. Cette manœuvre compenserait ainsi le taux d’intérêt élevé pratiqué par les banques locales. Pour casser ce système, les autorités malgaches

... la Banque centrale doit reconstruire ses réserves internationales N°30 - Du 18 Septembre 2017


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La nécessité d’une banque nationalisée

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questions à Serge Zafimahova

Avoir une banque nationale aux capitaux malgaches pour financer le développement de Madagascar, c’est une option voulue par l’ancien président Marc Ravalomanana mais ses successeurs n’ont pas fait preuve d’autant de détermination. Serge Zafimahova, président du Club Développement et Ethique et l’un des rares spécialistes de la privatisation qui a eu lieu à Madagascar revient sur le rendezvous manqué de l’Etat avec la BNI et épingle les différents dirigeants du pays. N°30 - Du 18 Septembre 2017

Vous avez déclaré que l’on aurait pu avoir à nouveau une banque nationale quand la BNI a été vendue par le Crédit Agricole. Qu’en est-il exactement ? Le cas du rachat de la BNI est évocateur : ne valait-t-il pas mieux racheter les 51% des actions de cette banque plutôt que d’engager la somme équivalente pour financer la construction de la Tour Orange. En plus de cela, la polémique a été logique quand on apprend que cela a été financé avec des instruments d’obligation. Ce qui n’est pas légal. Que dire de la SFI qui a revendu ses 10% de parts sans appel d’offre. Il faut que la Banque mondiale nettoie devant sa porte en matière de transparence. Travailler avec les bailleurs de fonds ne signifie pas se plier aux bêtises de ces partenaires. Il faut défendre les intérêts de Madagascar. La SFI n’aurait pas dû vendre de gré à gré ses parts dans la BNI. En tout cas, aucun pays du monde ne peut se développer sans avoir une banque nationale. Si l’Etat avait racheté les 51% de Crédit Agricole, il aurait eu 83% des actions. De même les 10% de la SFI auraient pu être revendus au secteur privé malgache. On donne toujours tort à la communauté internationale mais il faut reconnaître qu’il y a aussi des bêtises de notre part. Nous malgaches ne devons pas nous contenter d’être des employés dans l’avenir.

A vous entendre, on ne maitrise pas tout à fait la privatisation alors que c’est toujours d’actualité Effectivement, on continue à privatiser le service public, pour ne citer que Gasynet et Samada. La privatisation du service public n’est pas logique. Il y a certainement une défaillance de l’Etat qui a conduit à ce désengagement. Malgré le fait qu’on a privatisé la société aéroportuaire, nos richesses nationales continuent de sortir de nos frontières illégalement. Il faut malgachiser ces sociétés qui assurent un service public en les obligeant par exemple à employer

Il faut malgachiser ces sociétés qui assurent un service public ... des cadres exclusivement malgaches. On pourrait donner deux ans à une société étrangère pour que le personnel soit des nationaux à 100%. On n’a aucun intérêt de garder les étrangers, il y a des secrets à préserver dans un secteur de souveraineté. Autrement, ce serait de la colonisation. Les malgaches ont la compétence qu’il faut. Souvenez-vous, Bivac-Veritas avait des employés malgaches, mais quand SGS a pris le relais, il y avait beaucoup d’étrangers. On se demande pourquoi on doit accepter le fait qu’un malgache qui remplace un étranger pour le même poste doit toucher trois fois moins. On peut solliciter les étrangers pour le temps nécessaire au renforcement des capacités des Douanes. Cela ne doit pas devenir une situation permanente. Cela veut dire que la société privée n’a pas fait de transfert de compétence.

Au final, le développement ou le sous-développement de notre pays ne dépend-il pas de nos dirigeants et des choix qu’ils font. On a beaucoup plus de chance de réussir aujourd’hui. On avait déjà cette chance lors de la deuxième République mas notre dirigeant avait choisi le socialisme. Les investissements qui nous étaient destinés sont allés vers Maurice. Mais il y a une constance : nos dirigeants sont trop heureux de s’enrichir rapidement. Dans un

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uuu pays en développement, il n’est pas souhaitable qu’un opérateur économique dirige l’Etat. Si celui-ci veut être président, qu’il se déleste de ses intérêts économiques. Il ne doit y avoir ni conflit d’intérêt ni délit d’initié. Pour la même raison, on doit supprimer le statut de représentant diplomatique dont bénéficient certains hommes d’affaires. Il y a de nombreux organes qui contrôlent les finances publiques mais c’est toujours inefficace. Les dirigeants qui ne respectent pas l’Etat de droit ni la bonne gouvernance

n’inspirent pas confiance. Or, c’est la condition sine qua none pour que Madagascar ait une carte à jouer sur l’échiquier économique international, dans un monde tripolaire. Sur le plan financier, il est étonnant et aberrant qu’un pays producteur d’or comme Madagascar n’ait pratiquement pas de réserve d’or monétaire alors qu’en 2017, un pays comme l’Île Maurice détient 12,4 tonnes. Les réserves d’or monétaire servent particulièrement à garantir les transactions financières internationales et la dette extérieure, elles contribuent ainsi à stabiliser la monnaie et à conforter les réserves dispo-

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nibles. L’arrivée au pouvoir du Président Donald Trump aux Etats-Unis a renforcé la prise de conscience du renforcement du rôle de l’or monétaire pour ne pas dépendre que du dollar américain. Les analystes prédisent que la Chine seraient dans les prochaines décennies, le plus grand détenteur de réserve d’or au monde pour limiter les risques du fait qu’elle détient une part très importante de bons de trésor et d’obligations des pays industrialisés. Nos dirigeants sont-ils conscients de l’enjeu de tout cet or qui sort du pays illégalement ? Cet or brut n’a pas encore de valeur de monnaie. Il faut la transformer en lingot et le certifier n

Le « crowdfunding » est un mode de financement plutôt nouveau à Madagascar. Kapital Plus Plus s’est lancé dans le créneau depuis fin 2016.

Entretien avec

Christian Rasoarahona Fondateur de Kapital Plus Plus

Le financement participatif, un concept nouveau ? Effectivement le « crowdfunding » ou financement participatif est relativement nouveau, puisque même au niveau mondial il n’a vu le jour qu’en 2007 lors de la campagne présidentiel de Barack Obama aux EtatsUnis. Peu à peu, il s’est étendu dans d’autres pays, pour s’appliquer aux secteurs économique et social. Les plateformes les plus connues sont aujourd’hui : Kisskissbankbank, Ulule, Indigogo, Kikstar. A travers la société Kapital Plus Plus, nous avons introduit cet outil de financement alternatif à Madagascar en Décembre 2016. Dans son concept universel, le financement participatif est une plateforme en ligne destinée à tisser des relations entre les porteurs de projets et des investisseurs ou détenteurs de capitaux de tout bord. Il est surtout basé sur la confiance puisque d’une manière générale, il s’agit de lever des fonds à distance et entre des inconnus. Le modèle que nous avons adopté pour Madagascar a été contextualisé en rapport avec l’environnement où la méfiance prévaut toujours lorsqu’il est question d’argent. Ainsi, nous nous sommes attelés a établir un dispositif qui sécurise autant que possible aussi bien les porteurs de projets que les financeurs.

De quelle manière ? Le dispositif comprend : une plateforme dans les normes de la technologie digitale, publiant en toute transparence les informations sur les projets, les parties prenantes, le fonctionnement du système et l’évolution des opérations en temps réel; une évaluation rigoureuse des projets et un accompagnement (coaching) des promoteurs ; un partenariat avec une institution bancaire, d’une part pour prévenir tout blanchiment et d’autre part pour bloquer dans un compte séquestre les contributions jusqu’à ce que l’objectif de

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uuu l’opération de levée de fonds soit atteint ; la publication des projets sélectionnés sur la plateforme dédiée a cet effet ; le remboursement des contributions dans le cas où l’objectif de la levée des fonds n’est pas atteint dans les délais convenus ; l’intervention d’un tiers de confiance, à l’instar d’un Notaire, qui va s’assurer du bon déroulement des opérations ; la mise en place d’un pacte entre les promoteurs et les contributeurs et d’une structure juridique appropriée, afin de garantir que les intérêts de chacun soient protégés a terme ; et enfin le contrôle de l’utilisation des fonds pour assurer qu’elle soit conforme au business plan ou au programme convenu. Je précise que nous opérons deux types de plateformes : www.kapital-plusplus.com, dans la catégorie des « crowdequity », destinée aux projets économiques, les financeurs bénéficient de contreparties en devenant actionnaires dans la société du projet ; et www.social-plusplus.com, dans la catégorie des « crowdonations », qui s’appliquent aux projets a caractère social, suivant laquelle les contributions sont assimilées a des dons.

Est-ce qu’il existe déjà des cas qui ont intéressé les « financeurs » ? Pour vous donner quelques chiffres, depuis le lancement, nous avons reçu environ 250 propositons, retenu 70 et publié 13. Les projets les plus courants portent sur l’agribusiness, l’I.T., l’artisanat à l’export, les huiles essentielles, l’hôtellerie, les petites industries et l’immobilier. Dans le secteur social et culturel, à ce jour, nous avons enregistré en majorité des « petits » financeurs ayant des moti-

Nous travaillons pour mobiliser des investisseurs stratégiques susceptibles de mobiliser des fonds conséquents vations diverses : épargne, innovation, rendement, opportunité à long terme, affinités personnelles ou culturelles. Nous travaillons pour mobiliser des investisseurs stratégiques susceptibles de mobiliser des fonds conséquents, mais nous comprenons s’ils prennent plus de temps dans l’analyse des risques compte tenu du caractère innovant de notre démarche.

Quel est, selon votre analyse, l’avenir de cette nouvelle approche de financement à Madagascar ? A l’origine, notre métier reposait sur l’incubation d’entreprises et de start-up. Nous avons constaté qu’il existait à Madagascar des porteurs de projets, jeunes et moins jeunes, urbains ou ruraux, qui cherchent à percer. Dans la plupart des cas, ils restent bloqués dans leur création ou leur entreprise de développement, pour une question de financement. Il y a d’abord un a priori pour se rapprocher des banques réputées pour les taux d’intérêt très élevés, l’exigence

We are with together

de garanties dépassant les patrimoines personnels, le délai de traitement des dossiers souvent trop long. En outre, il subsiste encore cette appréhension culturelle vis a vis des banques, ce qui explique certainement le taux de bancarisation qui oscille lamentablement entre 5 et 8%. On ne saurait pas non plus passer sous silence la pesanteur culturelle selon laquelle on ne partage pas l’héritage en dehors de la famille (« lova tsy mifindra »). Il est préférable, par exemple, de laisser un terrain en friche que de faire appel à un investisseur tiers. Quoi qu’il en soit, nous sommes convaincus que le financement participatif est une solution qui va progressivement s’imposer dans le monde des affaires et dans l’environnement des activités sociales, que ce soit à Madagascar ou dans les autres pays en développement dans le monde. L’outil, du moins celui que Kapital Plus Plus a introduit à Madagascar, présente l’avantage de faire connaître des nouvelles opportunités, de soutenir les entrepreneurs, de réduire les risques d’investissements, de mobiliser des fonds ou de réaliser des placements à moindre coût et rentables. Dans le domaine social et culturel, en quelques mois, nous avons pu vérifier que les initiateurs d’œuvres philanthropiques se sentent plus confortables en ayant recours à une technique de levée de fonds transparente et sécurisée. On ne peut pas non plus négliger que l’avantage du « crowdfunding » relève de la publicité automatique la plus étendue de par la magie de l’internet n

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C U L T U R E

Directeur de la publication : Harifidy Rahaingoson

Directeur de la rédaction/ Rédacteur en chef : Herizo Andrianarijaona maherizo@gmail.com Service publicité : Tel. : 034 84 793 43 032 07 517 20 mada7sur7@gmail.com Tirage : 3.000 exemplaires DL: 02/11-2015 Toute reproduction intégrale ou partielle des pages publiées et dans la présente publication sans l’autorisation de l’éditeur est interdite. Tous droits réservés.

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