Parole d’expert
fig. 3 – avis de réunion des administrations des postes et télégraphes dans divers départements – bulletin mensuel de postes et télégraphes de mai 1880
Mais ce ministre bâtisseur a failli sonner le glas de la philatélie en France. C’est ce que rapporte Arthur Maury dans le numéro 175 (mai 1895) de sa revue le Collectionneur de Timbres-poste2. Maury nous apprend, en effet, qu’Adolphe Cochery écrit la lettre en page de droite au Préfet de Police le 10 janvier 18823.
On comprend que le ministre craignait d’être en présence d’un trafic visant à rassembler des timbres usagés pour les laver de leurs oblitérations et les réutiliser. Cette crainte de l’administration n’était pas nouvelle et avait été ravivée par une statistique de 1880 qui montrait que le nombre de lettres simples était supérieur au nombre des timbres à 15 centimes vendus. Il ne fut rassuré que par la démonstration des difficultés techniques d’une telle fraude (plusieurs chimistes furent mis à contribution) et par son faible « rendement » au regard des risques encourus par les fraudeurs. Pour conclure cet épisode où la philatélie française l’a échappé belle, nous nous effaçons bien volontiers devant la verve narratrice de Maury : « [lors d’un de nos rendez-vous], nous avions fait remarquer à M. Cochery qu’il avait luimême sur son bureau une sébile remplie de vieux timbres ; il convient en riant qu’il les conservait pour faire plaisir à un enfant. Plus tard, juste retour des choses d’ici-bas, M. Cochery s’occupa avec un soin particulier de la collection de timbres de sa petite-fille. »
2. Maury publie dans sa revue une série d’articles, qui seront la matière de son Histoire des timbres-poste français publiée en 1907. Le contenu de l’article de mai 1895 se retrouve aux pages 382 à 390 de l’ouvrage. 3. Maury donne le jour, le mois mais pas l’année. Nous pensons qu’il s’agit de 1882 puisque Maury fait état d’une statistique de 1880 suivie de deux années de campagne de presse et que le placard La Vérité sur le lavage des timbres-poste publié par Maury en réaction à ce courrier est daté de 1882.
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