De la forme au lieu

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Lumière et ombre

Le dĂŠfi du projet de lumière en cinq points[92] Le projet de lumière n’est que secondairement une question de quantitĂŠ de lux. La mesure en ÂŤ Candela Âť est par ailleurs plus significative pour la perception visuelle, car elle donne des indications sur l’intensitĂŠ de lumière rĂŠflĂŠchie par des surfaces ĂŠclairĂŠes. Ce qui importe c’est de parvenir d’abord Ă gĂŠrer correctement le triangle ÂŤ homme – source/rĂŠcepteur/ rĂŠflecteur - ombre Âť. Qu’est-ce qu’on ĂŠclaire, comment et pourquoi ? C’est une tâche essentielle de tout architecte. Personne d’autre ne s’en occupera. Ce dĂŠfi est rarement abordĂŠ dans les ĂŠcoles d’architecture, car peu nombreux sont les jurys de fin de semestre ou de fin d’Êtudes qui entrent en matière sur ce point si fondamental. En attendant, les ĂŠtudiants perpĂŠtuent le malentendu d’assimiler la pĂŠnĂŠtration de lumière Ă ÂŤ un fluide qui se dĂŠverse dans un vide Âť. Pourtant une ouverture zĂŠnithale cylindrique ne dessinera jamais un disque sur le sol (Ă l’exception des rayons du soleil direct). La lumière du ciel pĂŠnètre sous tous ses angles avec une intensitĂŠ graduĂŠe frappant, comme premier rĂŠflecteur important, la tranche de l’Êpaisseur percĂŠe. A partir de lĂ elle est partiellement absorbĂŠe et rĂŠflĂŠchie de rĂŠcepteur en rĂŠcepteur, Ă chaque fois plus faiblement, jusqu’à être complètement ÂŤ amortie Âť comme une sorte d’Êcho ou la dynamique d’une balle de ping-pong dont les rebondissements s’attĂŠnuent. Les parties subjectivement les plus sombres seront les surfaces non ĂŠclairĂŠes, juste Ă cĂ´tĂŠ, au-dessus ou en dessous de l’ouverture ; on n’y pense guère. Le contrĂ´le de la lumière est peut-ĂŞtre un des moyens les plus fondamentaux pour crĂŠer et faire vivre des espaces, d’oĂš notre tentative de rĂŠsumer ce dĂŠfi en 5 points : 1. La lumière et la matière se rĂŠvèlent rĂŠciproquement (fig. 259) Nous ne voyons pas la lumière, mais uniquement des sources de lumière. Le paradoxe de la lumière c’est qu’elle est invisible, immatĂŠrielle. Ce n’est qu’au moment oĂš la lumière rencontre un obstacle, un objet, une surface, voire de la poussière en suspension qu’elle devient perceptible pour l’œil. De plus, Ă l’instant mĂŞme oĂš la matière est frappĂŠe par la lumière, elle devient Ă son tour source de lumière, plus faible. 2. La lumière n’est presque jamais blanche MĂŞme les rayons ÂŤ blancs Âť du soleil sont transformĂŠs en pĂŠnĂŠtrant l’atmosphère, qui est elle-mĂŞme variable. De plus un paysage vĂŠgĂŠtal (par exemple nordique), un paysage rocheux et sec (mĂŠditerranĂŠen) et un paysage maritime donnent diffĂŠrentes couleurs de lumière secondaires (rĂŠflĂŠchies). La quantitĂŠ et la qualitĂŠ de la lumière naturelle dĂŠpendent de l’endroit oĂš l’on se trouve, de l’orientation cardinale et des masques environnants. Le climat, les saisons et les heures de la journĂŠe font la dynamique du projet de lumière naturelle. Les variations d’intensitĂŠ de direction et de couleur sont ĂŠnormes entre matin, midi et soir, jour ensoleillĂŠ et jour gris, soleil bas de janvier et soleil Ă l’aplomb de juin.

fig. 259

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