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VOTRE CVCI

« J’étais convaincue que ça allait marcher »

DePoly est une jeune start-up qui s’attaque aux questions de recyclage du plastique et notamment du PET. Rencontre avec Dr. Samantha Anderson, sa CEO et co-fondatrice.

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

J’ai effectué un master en chimie organique au Canada avant de venir en Suisse, à l’EPFL, pour un doctorat en chimie des matériaux. A cette époque, j’avais déjà envie de rejoindre ou de fonder une start-up. DePoly a commencé comme un projet parallèle pendant mon doctorat, en parlant des questions de recyclage et pollution plastiques avec mes collègues, qui sont devenus les autres co-fondateurs de DePoly.

En Suisse, seuls 10% des déchets plastiques sont recyclés et 80% incinérés. Comment cela se fait-il?

Concernant le plastique, il y a beaucoup de malentendus sur ce qui peut et ne peut pas être recyclé. Le PET (polyéthylène téréphtalate) est le plus facile à recycler, mais s’il n’est pas pur, il est incinéré comme c’est la plupart du temps le cas en Europe, ou transporté vers des décharges.

DePoly intervient pour tout ce qui contient du PET : nous l’extrayons et le recyclons. Et cela ne concerne pas uniquement les bouteilles et contenants ! Certains tissus pourraient aussi être recyclés, notamment ceux en polyester. Nous avons d’ailleurs réussi à produire un tissu 100 % recyclé.

L’actualité de DePoly est riche en succès. Quels ont été les éléments clés de cette réussite?

Nous sommes en pleine construction de notre unité pilote qui pourra recycler 10 kg de PET par réaction, grâce notamment au prêt Tech Seed. En parallèle, nous menons une ronde de financement, avons remporté un prix SEIF et terminé parmi le top 10 du prix W.A. de Vigier.

Nous devons notre développement technique aux compétences complémentaires de l’équipe. Bardiya est ingénieur chimiste, tandis que Christopher a travaillé dans l’industrie chimique et du papier, et moi en chimie organique. Nos expertises, et expériences en start-up également, nous permettent de maîtriser la chimie industrielle et à grande échelle. Pour les aspects moins techniques, les organismes de soutien comme l’EPFL Innovation Park, Climate Kick, Venture Kick, MassChallenge ou la Fondation Ark, nous ont été d’une grande aide. Nous avons aussi pu échanger avec d’autres start-up dans des domaines proches du nôtre, comme Bloom Biorenewables.

Comment vous sentez-vous par rapport à l’avenir?

Dès que nous avions réussi à valider le procédé chimique, j’étais convaincue que ça allait marcher. Le processus de croissance est plus compliqué pour nous que pour une startup de software par exemple, mais c’est une question de temps. Si tout va bien, nous serons prêts à nous implanter à l’étranger en 2024 ou 2025.

La crise du COVID a ralenti la construction de notre unité pilote, mais nous avons profité de ce temps pour concentrer nos efforts sur la recherche d’investisseurs. Même si nous avions déjà amorcé des discussions avec des investisseurs auparavant, le prêt Tech Seed de la FIT obtenu juste avant la pandémie nous a garanti une certaine sécurité financière si les investissements n’aboutissaient pas.

Une fois que nous aurons l’unité pilote, nous nous attellerons à l’usine de démonstration. Celle-ci permettra de recycler une tonne de plastique par réaction, soit environ 6000 à 10 000 tonnes par an – la quantité des déchets PET générés en Romandie. A long terme, nous imaginons aussi implanter notre solution en Asie du Sud-Est pour lutter contre la pollution plastique des rivières et océans.

TEXTE JULIE BOCQUEL JULIE.BOCQUEL@FONDATION-FIT.CH PHOTO MOJTABA REZAEI

De gauche à droite : Dr. Christopher Ireland, Dr. Samantha Anderson et Bardiya Valizadeh