L'économie au travail printemps 2014

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À L’INTÉRIEUR 2

COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE

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ORIENTATIONS ÉCONOMIQUES

PLEINS FEUX : LA RICHESSE ET LE POUVOIR POLITIQUE

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LES ÉCHAPPATOIRES FISCALES DU FÉDÉRAL COÛTENT DES MILLIARDS AUX PROVINCES

LE BUDGET FÉDÉRAL AURAIT PU ÊTRE BEAUCOUP MIEUX, SELON LE CCPA

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LE SYSTÈME DE SANTÉ DU CANADA VA PERDRE 36 MILLIARDS DE DOLLARS

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L’OBJECTIF DU SCFP, UN SALAIRE MINIMUM DE 18 $ DE L’HEURE

PEUT-ON ÊTRE EN SÉCURITÉ AU TRAVAIL QUAND ON NE L’EST PAS À LA MAISON?

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CE QUE LE SALAIRE MINIMUM PERMET DE FAIRE

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SALAIRE MAXIMUM : PLAFONNER LE SALAIRE DES P.D.G., UNE BONNE IDÉE?

TENDANCES RÉGIMES DE RETRAITE

Les régimes à prestations déterminées ne sont plus déficitaires Les régimes de retraite à prestations déterminées se sont redressés au cours des derniers trimestres, si bien que les politiciens et les employeurs qui s’obstinent à parler de leur mort imminente devraient en prendre note. La firme Mercer, un cabinet-conseil spécialisé en régimes de retraite, qui a examiné plus de 600 régimes à prestations déterminées publics et privés, a observé que le régime moyen est actuellement financé à 99,9 %. Cela veut dire que ces régimes de retraite n’auraient aucune difficulté à répondre à la demande si les travailleurs cotisants décidaient maintenant de profiter de leur retraite. Qui est la star du redressement des régimes de retraite? Nul autre qu’Air Canada. Au début de l’année, son régime a affiché un excédent après avoir enregistré un déficit de solvabilité de 3,7 milliards de dollars l’année précédente. Les modifications apportées au régime des avantages sociaux des employés ont permis d’épargner près d’un milliard de dollars. Un meilleur rendement et une légère augmentation des taux d’intérêt sont toutefois les principales causes de ce revirement de situation. Les régimes canadiens ne sont pas les seuls à prendre du mieux. Aux États-Unis, les régimes des grandes sociétés déclarent les meilleurs rendements depuis 2013 et les problèmes de financement

causés par la crise financière sont maintenant choses du passé. L’amélioration de l’état de santé des régimes de retraite contribue également à rehausser la valeur des actions des companies, à abaisser les coûts des emprunts et à stimuler les marchés boursiers. Les régimes à prestations déterminées jouent un rôle important dans l’économie. En moyenne, 70 milliards de dollars en prestations sont versés chaque année au Canada. Cela représente entre 6 à 9 % des salaires totaux dans les centres urbains. Comme ces rentes font augmenter les dépenses, l’investissement et l’assiette fiscale, l’économie en profite. Les régimes à prestations déterminées sont plus avantageux que les régimes à prestations cibles, à cotisations déterminées ou les REER, parce qu’ils assurent un revenu de retraite garanti. Ils sont aussi mieux gérés, et ce, à coûts moindres pour les employés et les retraités. Suite à la page 7

L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL PRINTEMPS 2014

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COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE PLEINS FEUX SUR LES RÉCENTES ÉTUDES ET DÉVELOPPEMENTS ÉCONOMIQUES

CONGÉS DE MALADIE Aucune

différence notable entre les secteurs public et privé

Contrairement à ce que prétend Tony Clement, le nombre de congés de maladie utilisés par les travailleurs varie peu qu’ils oeuvrent dans le secteur public ou dans le secteur privé. Le président du Conseil du Trésor a affirmé que les travailleurs du secteur public se prévalaient de 18,2 jours de congé de maladie par année, mais un rapport du directeur parlementaire du budget publié en février a conclu que la moyenne était plutôt de 11,5 jours, une situation semblable à ce que l’on observe dans le secteur privé. Malheureusement, cela n’a pas empêché les conservateurs fédéraux de déposer un budget prônant l’élimination de l’accumulation des congés de maladie pour les fonctionnaires fédéraux.

INTENTIONS DE VOTE

Est-ce que l’argent rend conservateur? Une étude réalisée par des chercheurs britanniques révèle que les gagnants à la loterie sont plus susceptibles de voter pour le Parti conservateur. Plus les gains sont élevés, plus les probabilités sont fortes. Les personnes qui ont gagné plus de 1000 dollars avaient 16 % plus de chances de voter conservateur.

Pour les chercheurs, ce résultat illustre que l’intention de vote est motivée par l’intérêt personnel. Ironiquement, les personnes qui ont remporté des montants plus élevés étaient aussi plus susceptibles d’être d’accord avec l’énoncé selon lequel « les gens ordinaires obtiennent leur juste part de la richesse de la société ». Il semble que les valeurs conservatrices soient partagées par les riches qui ne pensent qu’à leurs intérêts. Il ressort aussi que les événements qui marquent la vie d’une personne exercent aussi une influence importante sur leurs comportements politiques.

ÉPARGNES Le tiers des gens

comptent sur la loterie pour financer leur retraite Selon une étude de la Banque de Montréal, le tiers des Canadiens misent sur la loterie pour financer leur retraite. Comme si cela ne suffisait pas, 14 % comptent « grandement » sur la loterie pour y parvenir. Selon la même étude, 89 % des personnes interrogées affirment compter sur les prestations du Régime de pensions du Canada (RPC), dont 31 % « grandement ». Les prestations du RPC offrent actuellement 7130 dollars par année en moyenne. Le maximum est de 12 460 dollars. Le temps est-il venu de bonifier le RPC? Absolument.

SATISFACTION AU TRAVAIL

Les Canadiens sont les plus heureux au travail Selon le site Web Monster.ca spécialisé en emploi, les Canadiens sont les plus heureux au travail dans tous les pays sondés. En effet, 64 % des Canadiens apprécient « beaucoup » leur emploi ou l’aiment au point de travailler gratuitement. À titre de comparaison, 34 % des travailleurs allemands et 53 % des travailleurs américains affirment apprécier ou aimer leur emploi. Seulement 7 % des Canadiens interrogés ont affirmé qu’ils n’aimaient pas ou détestaient leur emploi. Les travailleurs plus âgés et mieux rémunérés étaient les plus satisfaits alors que les travailleurs plus jeunes et moins bien rémunérés étaient les moins satisfaits.

L’Économie au travail est publiée sur une base trimestrielle par le Syndicat canadien de la fonction publique pour offrir aux travailleurs et à leurs représentants de l’information accessible, des analyses éloquentes des tendances économiques et des outils pour faciliter les négociations. L’Économie au travail remplace la publication antérieure du SCFP, Le climat économique pour les négociations. Découvrez les éditions de l’Économie au travail en ligne à scfp.ca/economieautravail. Accédez aussi à d’autres liens utiles. Pour s’abonner par courriel ou par courrier à l’Économie au travail, allez à scfp.ca/abonnement. À moins d’indications contraires, tout le contenu a été rédigé par Toby Sanger. Wes Payne et Philippe Gagnon sont les rédacteurs en chef. La mise en page a été réalisée par Marnie Thorp. Veuillez communiquer par courriel (tsanger@cupe.ca) pour toute correction, question, suggestion ou contribution.

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ORIENTATIONS ÉCONOMIQUES

Coup d’œil sur les plus récentes tendances économiques Croissance économique

Après une croissance d’à peine 2 % l’an dernier, l’économie canadienne devrait s’accroître de 2,4 % en moyenne au cours des quatre prochaines années.

Emploi

La croissance de l’emploi demeure relativement lente. Elle devrait s’établir à 1,3 % en moyenne cette année et l’année suivante. En conséquence, le taux de chômage passera de 6,8 % en 2014 et à 6,6 % en 2015.

Inflation

L’indice national des prix à la consommation a augmenté de 0,9 % en moyenne en 2013. Il devrait augmenter à 1,5 % cette année et à 1,9 % en 2015.

Salaires

La hausse moyenne de salaire de base dans le secteur public a été de 1 % en 2013. Il s’agit de la plus faible augmentation depuis 1996. Elle est inférieure à la hausse moyenne de 2,2 % observée dans le secteur privé.

Taux d’intérêt La plupart des experts s’attendent à ce que la Banque du Canada maintienne son taux d’intérêt à court terme à 1 % jusqu’au milieu de 2015. Les taux obligataires et hypothécaires à plus long terme devraient pour leur part augmenter de 0,5 à 1%.

PLEINS FEUX

La richesse et le pouvoir politique La richesse détenue par les 85 personnes les plus riches du monde et la richesse partagée par les 3,5 milliards d’humains les plus pauvres sont équivalentes. Dans ce dernier cas, on parle de la moitié de la population mondiale! Ces chiffres alarmants sont tirés de Working for a Few, un rapport qu’Oxfam a distribué lors du Forum économique mondial (FEM) à Davos en Suisse. Le FEM, le congrès annuel qui réunit les plus puissants et les plus riches du monde, a d’ailleurs lui-même reconnu que l’accroissement des inégalités et le chômage persistant sont deux des trois principales menaces mondiales de la prochaine année. Selon le rapport, l’«accroissement des inégalités engendre un cercle vicieux dans lequel la richesse et le pouvoir se concentrent de plus en plus entre les mains d’une minorité ne laissant que des miettes aux autres». Il peut sembler étrange que les économistes accordent peu d’attention à la distribution des capitaux et de la richesse dans un système appelé le

capitalisme, mais tragiquement, c’est souvent la norme. Les statistiques sur le partage de la richesse et les inégalités ne sont pas compilées à toutes les années au Canada. Les données disponibles, les résultats de l’Enquête sur la sécurité financière de 2012 par exemple, montrent que la concentration de la richesse va en augmentant. Le rapport d’Oxfam souligne que les inégalités croissantes minent les institutions politiques et empêchent l’adoption de mesures qui favorisent à la fois la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans le monde. Pour régler ce problème, Oxfam propose notamment l’instauration d’un impôt progressif sur les revenus et la richesse, l’adoption de mesures s’attaquant au secret bancaire et à l’évasion fiscale, des salaires décents pour tous les travailleurs, l’élargissement des services publics et l’élimination des obstacles à l’égalité pour les femmes.

VOUS POUVEZ LIRE le rapport à oxfam.ca

La richesse des 85 personnes les plus riches du monde et la richesse des 3,5 milliards d’humains les plus pauvres sont équivalentes.

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ANALYSER LES CHIFFRES BUDGETS

Les échappatoires fiscales du fédéral coûtent des milliards aux provinces À qui profitent les échapppatoires fiscales? 100% Pourcentage des bénéfices totaux

Alors que le gouvernement du Canada enregistrera sous peu un surplus, les provinces perdent des milliards de dollars en raison des échappatoires fiscales du fédéral. L’échappatoire offrant une déduction pour les options d’achat d’actions – elle permet aux dirigeants d’entreprise d’être imposés à la moitié du taux d’impôt sur le revenu pour les options d’achat – aurait coûté au gouvernement fédéral 785 millions de dollars en 2012. Comme toutes les provinces à l’exception du Québec appliquent leur taux d’impôt sur le revenu des particuliers sur le revenu imposable calculé par le fédéral, les provinces ont pour leur part perdu environ 370 millions de dollars. Désolé, mais il y a pire. L’imposition des gains en capitaux à la moitié du taux d’imposition du revenu d’emploi a coûté au gouvernement fédéral quatre milliards de dollars en 2012. Le manque à gagner a été de deux milliards de dollars pour les provinces. D’autres échappatoires fiscales du gouvernement fédéral coûtent des milliards de plus aux provinces. Les gouvernements provinciaux ne sont pas pour autant blancs comme

90% 80% 70% 60% 50%

Déduction pour les gains en capitaux Déduction pour les options d’achat d’actions

40% 30% 20% 10% 0%

Moins de 10 000 $

10 000 à 50 000 $

50 000 à 100 000 $

100 000 à 150 000 $

Plus de 150 000 $

Revenu annuel Source : Bureau du directeur parlementaire du budget, Tableaux de référence de l’analyse de dépenses en matière de taxation de 2011.

neige. Plusieurs ont réduit les impôts pour les plus riches et créé des échappatoires pour les impôts sur le revenu des sociétés et des particuliers. Ils pourraient également introduire des surtaxes pour compenser ces échappatoires, mais celles-ci rendraient le régime fiscal encore plus complexe et fragmenté.

La meilleure solution pour le gouvernement fédéral est de cesser de blâmer les provinces pour les déficits provinciaux qu’Ottawa contribue à créer, d’éliminer les échappatoires fiscales et d’imposer les gains en capital au même taux que les revenus d’emploi.

BUDGET FÉDÉRAL ALTERNATIVE

Le budget fédéral aurait pu être beaucoup mieux, selon le CCPA Le gouvernement fédéral a présenté un budget 2014 décevant qui fait peu pour les emplois, les services publics et la croissance économique. Fallait-il nécessairement qu’il en soit ainsi? Bien sûr que non. L’Alternative budgétaire 2014 du Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) a été élaborée par des syndicaux, des groupes environnementaux et des organisations de la société civile, dont le SCFP. Le document donne une idée de ce à quoi aurait pu ressembler le budget fédéral s’il avait été établi en pensant aux gens plutôt qu’aux profits des entreprises. Voici quelques suggestions contenues dans l’Alternative budgétaire 2014: • créer des services de garde et d’éducation de la petite enfance publics et peu coûteux partout au Canada.

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accroître de 2,6 milliards de dollars par année le financement fédéral pour l’infrastructure communautaire. réduire les dépenses de la Défense (niveau de 2001). annuler les changements récents à l’assurance-emploi et adopter un seuil d’admissibilité uniforme à l’échelle nationale de 360 heures travaillées. éliminer les subventions à l’industrie pétrolière et gazière, investir dans les parcs et l’environnement, aider les ménages à réduire leurs dépenses en matière d’énergie et investir dans l’énergie renouvelable. introduire une taxe progressive sur le carbone en collaboration avec les provinces. accroître de plus de 3 milliards de

• • • •

dollars par année le financement versé aux Premières Nations pour le logement, l’éducation, la santé, la formation et le traitement des eaux. introduire un régime national d’assurance-médicaments pour rendre les médicaments essentiels accessibles à ceux qui en ont besoin. attribuer une enveloppe supplémentaire de deux milliards de dollars pour le logement abordable. réduire les frais de scolarité pour l’éducation postsecondaire (niveau d’avant 1992). doubler les prestations du RPC, accroître le Supplément de revenu garanti (SRG) et ramener l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la Suite à la page 5


BUDGETS SOINS DE SANTÉ

Le système de santé du Canada va perdre 36 milliards de dollars Le 31 mars 2014, l’accord fédéralprovincial sur la santé prendra fin. Au lieu de le renégocier, le gouvernement fédéral tente d’apporter des changements qui favorisent certaines provinces à court terme, mais surtout de réduire considérablement son financement à long terme. Au cours des dix dernières années, l’accord a permis un financement fédéral stable pour les soins de santé. Négocié par les premiers ministres fédéral et provinciaux en 2004, il prévoyait une hausse du financement fédéral des soins de santé de 6 % par année. Malheureusement, à compter du premier avril, les Canadiens ne pourront plus compter sur un financement fédéral garanti. Rien n’empêchera les prochains gouvernements de couper des milliards de dollars en financement. Le financement fédéral se fera désormais par habitant, ce qui signifie que chaque province recevra un montant qui correspond uniquement à sa population. Le calcul ne tiendra pas compte du niveau de revenu, du profil démographique, du degré d’urbanisation ou tout autre facteur propre à une province. Les paiements de péréquation ne feront plus partie de l’équation non plus. Il s’ensuivra inévitablement un accroissement des inégalités en matière de soins de santé entre les différentes régions du pays. En vertu du nouveau modèle, la province la plus riche, l’Alberta, obtiendra près d’un milliard de dollars supplémentaires en financement fédéral alors que toutes les autres provinces perdront au change. L’Ontario perd 335 millions de dollars, la Colombie-Britannique

272, le Québec 196, Terre-Neuve 54, le Manitoba 31, la Saskatchewan 26, la Nouvelle-Écosse 23, le Nouveau-Brunswick 18 et l’Île-du-Prince-Édouard 3. Mais la compression la plus importante affecte l’augmentation annuelle des transferts, qui, surprise, entrera en vigueur après la prochaine élection fédérale. À compter de 2017, la hausse qui est actuellement de 6 % sera réduite et indexée en fonction du taux de croissance économique. Cela signifie que 36 millions de dollars de moins seront disponibles pour les soins de santé sur une période de dix ans. Consultez le graphique pour voir ce que cela signifie pour votre province.

Au cours de la prochaine décennie, la part fédérale de financement total de la santé devrait chuter sous la barre des 19 cents pour chaque dollar investi, alors que la contribution fédérale était au moins deux fois plus grande dans les années 1960 et 1970. Ces réductions menacent de compromettre fondamentalement le système de santé public au Canada.

Suite de la page 4 vieillesse et au SRG à 65 ans. • faire preuve d’équité fiscale : cc en haussant le taux fédéral d’impôt sur le revenu des sociétés du gouvernement fédéral (niveau de 2007). cc en établissant une nouvelle tranche d’imposition du revenu pour ceux qui gagnent plus de 250 000 dollars. cc en éliminant les échappatoires fiscales.

en s’attaquant aux paradis fiscaux. en introduisant une taxe sur les transactions financières et une taxe sur les successions pour les patrimoines familiaux de plus de 5 millions de dollars. Selon l’analyse du CCPA, ces mesures auraient permis de sortir 855 000 Canadiens de la pauvreté, de créer 260 000 emplois par année et de ramener le taux de chômage à 5,4 % par année en deux

ans. Ces mesures auraient également permis d’améliorer de façon notable la vie des Canadiens en élargissant l’accès aux services publics et sociaux. Tout ce qu’il faut c’est de la volonté politique et de la pression populaire.

Votre province sera privée de…

115 millions $

5 milliards $ 4,1milliards $

491 millions $ 1,3 milliard $

1,1 milliard $ 8 milliards $

144 millions $

14 milliards $

902 millions $ 715 millions $

Canada: 36 milliards $

cc cc

Avec la collaboration de Govind Rao du Service de recherche du SCFP.

QUE POUVONS-NOUS FAIRE? Rendezvous à accordsurlasante2014.ca/ pour le découvrir.

CONSULTEZ l’Alternative budgétaire 2014 à policyalternatives.ca/abgf2014

L’ÉCONOMIE AU TRAVAIL PRINTEMPS 2014

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SALAIRES PROFILS DÉMOGRAPHIQUES

L’objectif du SCFP, un salaire minimum de 18 dollars de l’heure Lors du congrès national du SCFP de 2007, les délégués ont fixé l’objectif à atteindre au chapitre du salaire minimum pour tous les membres du SCFP: un taux horaire de 15 dollars. À l’aide du Système d’information sur les conventions collectives (SICC) du SCFP, nous estimons que 96 % des professions syndiquées par le SCFP donnaient droit à une rémunération d’au moins 15 dollars de l’heure en 2013. Ce n’est pas 100 %, mais on s’approche de la cible de 2007. Où au SCFP retrouve-t-on les emplois mal rémunérés? On estime que 1 % des professions dans le domaine des soins de courte durée et au sein des fonctions publiques provinciales, 15 % dans le domaine des soins de longue durée et 8 % dans le domaine des services sociaux sont rémunérées à un taux inférieur à 15 dollars de l’heure. Au congrès national du SCFP de 2013, les délégués ont reconnu l’importance de poursuivre le combat et fixé une nouvelle cible : un taux horaire de 18 dollars. Au Canada, de nombreuses campagnes prônant l’établissement d’un salaire de subsistance réclament aussi une telle hausse du salaire minimum. Pour aider les sections locales à atteindre cet objectif, le SCFP a dressé le portrait des emplois payés à un salaire de 18 dollars de l’heure ou moins. L’étude qui utilise les données de l’Enquête auprès de la population active et du recensement comme points de référence, montre que les femmes, les hommes et les travailleurs racisés sont plus présents dans certains secteurs et professions mal rémunérés. Par exemple, les femmes représentent la grande majorité des membres mal rémunérés dans les services de garde, les services sociaux, les soins de santé, les conseils scolaires et les bibliothèques. Il y aussi des concentrations importantes de membres autochtones occupant des emplois mal rémunérés dans le domaine des services de garde et des services sociaux. Les membres racisés sont plus susceptibles d’occuper des emplois mal rémunérés dans le milieu des études postsecondaires, des soins de longue durée et des services de garde.

Autre signe de précarité, on retrouve de taux élevés de travailleurs temporaires et à temps partiel dans plusieurs secteurs où les emplois sont moins bien rémunérés. Le Service de l’égalité du SCFP se penche maintenant sur les effets de l’emploi précaire sur les femmes. Cette étude est réalisée conjointement avec le Congrès du

travail du Canada, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et l’Institut canadien de recherches sur les femmes. ■■ Irene Jansen

POUR DE PLUS AMPLES RENSEIGNEMENTS, communiquez avec Irene Jansen au ijansen@cupe.ca

SANTÉ ET SÉCURITÉ VIOLENCE FAMILIALE

Peut-on être en sécurité au travail quand on ne l’est pas à la maison? Répondez à cet important sondage

Aidez-nous à en savoir plus sur les effets de la violence conjugale en milieu de travail en répondant à un questionnaire anonyme de 10 à 30 minutes en ligne sur : fluidsurveys.com/s/violence_conjugale Vous pouvez participer à cette enquête si vous avez 15 ans ou plus, que vous ayez ou non été victime ou témoin de violence conjugale. Une fois le questionnaire rempli, vous avez la possibilité de participer à un tirage au sort pour gagner une tablette électronique. Cette enquête est le fruit d’un partenariat entre le Congrès du travail du Canada et des chercheurs de l’Université

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Western Ontario. Il s’agit de la toute première enquête nationale menée au Canada sur cette question. Le SCFP encourage tous les travailleurs à prendre le temps de remplir le questionnaire. Il existe des liens entre la violence familiale et l’emploi. Un salaire décent et la sécurité d’emploi aident les femmes à fuir les relations violentes. Les victimes de violence familiale sont souvent forcées de changer d’emploi ou d’accepter des emplois précaires et mal rémunérés. Lorsque les possibilités d’emploi sont moindres, les femmes risquent davantage de devenir prisonnières de relations violentes. Même si ce n’est rien en comparaison avec ce que les personnes subissent, la violence familiale entraîne tout de même un coût économique que l’on estime à 9 milliards de dollars par année. En Australie, les syndicats ont utilisé les résultats d’une étude similaire pour négocier des avantages sociaux liés à la violence familiale pour un million de travailleurs. Ces avantages portent sur les congés payés, la protection contre les représailles et la flexibilité du travail. Les résultats de cette enquête seront fort utiles pour réaliser des gains, que ce soit au plan législatif ou à la table de négociations. Aidez-nous à y parvenir en répondant à ce questionnaire et en passant le mot. ■■SCFP Égalité


DISSIPER LES MYTHES SALAIRE MINIMUM

Craig Saunders

Ce que le salaire minimum permet de faire

Le 27 novembre 2013, des syndiqués ontariens ont marché pour forcer la province à hausser le salaire minimum.

Après plusieurs années sans hausse pour les travailleurs les moins bien rémunérés, l’augmentation du salaire minimum devient une priorité au Canada et aux États-Unis. Des travailleurs du secteur de la restauration rapide et des magasins à grande surface, dont plusieurs dépendent de banques alimentaires pour survivre, ont récemment participé à des manifestations et à des grèves pour demander une augmentation du salaire minimum. Les travailleurs américains demandent que le salaire minimum passe de 7,25 à 15 dollars de l’heure. En Ontario, le Workers’ Action Centre et la Fédération du travail de l’Ontario font campagne en faveur d’une augmentation du salaire minimum de la province à 14 dollars de l’heure. Le salaire minimum y est actuellement de 10,25 dollars de l’heure, et ce, depuis trois ans. Les politiciens ressentent la pression, mais les augmentations qu’ils envisagent sont considérablement inférieures à ce que demandent les travailleurs. Dans son discours sur l’état de l’Union, le président Obama a parlé de hausser le salaire minimum américain à 10,10 dollars de l’heure. La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a promis d’augmenter le salaire minimum à 11 dollars de l’heure en juin et ensuite de l’indexer à l’inflation. Certains économistes et commentateurs prétendent que les hausses du salaire minimum nuiraient à l’économie, certains allant jusqu’à dire qu’elles pourraient porter préjudice aux pauvres. Ils se fondent sur une analyse économique classique voulant que des prix supérieurs entraînent une diminution de la demande. Donc, si les salaires augmentent, la demande des employeurs pour les travailleurs chutera.

Cette analyse ne tient toutefois pas compte du fait que bon nombre d’entreprises font des profits excessifs et disposent de montagnes de capitaux inutilisés. Près de la moitié des travailleurs touchant le salaire minimum sont à l’emploi de ces grandes sociétés et leur nombre s’accroît rapidement. Or, une stimulation des salaires réinjecterait plus d’argent dans les poches des consommateurs ce qui, en fin de compte, stimulerait l’économie. De plus, le versement de salaires plus élevés pourrait encourager les entreprises à investir davantage dans la formation de leurs employés. L’investissement dans

la main-d’oeuvre réduit le roulement, favorise la productivité et la compétitivité. Dans un sondage réalisé en 2013, on a demandé à d’éminents économistes quels sont les effets du salaire minimum sur l’emploi. Les réponses étaient mitigées, mais une forte majorité a estimé que les avantages globaux dépassent les coûts. Des études plus récentes parlent d’effets minimes ou négligeables sur l’emploi. D’autres concluent qu’un salaire minimum plus élevé pourrait au total augmenter l’emploi et stimuler l’économie. Presque toutes les critiques oublient un élément fondamental : un salaire décent ne devrait pas être déterminé par un calcul économique. Les emplois à temps plein devraient rémunérer suffisamment pour garder les travailleurs au-dessus du seuil de la pauvreté, sans qu’ils aient besoin de compter sur la charité, les banques alimentaires ou les crédits d’impôt qui subventionnent indirectement les employeurs qui versent des salaires anémiques. CONSULTEZ L’ARTICLE sur le salaire de subsistance Quand le salaire minimum ne suffit pas publié à l’hiver 2012 à scfp.ca/economieautravail

Les régimes à prestations déterminées ne sont plus déficitaires Suite de la page 1 En dépit de ces avantages, ces régimes sont souvent la cible des attaques de politiciens et de lobbyistes du milieu des affaires qui les jugent trop coûteux. Ces derniers qui sont pourtant heureux de pouvoir compter sur leur propre régime de pension garanti et généreux, affirment en effet que les régimes à prestations déterminées sont trop risqués pour les travailleurs. En conséquence, la proportion d’employés qui souscrivent à des régimes à prestations déterminées a continué de chuter, en particulier dans le secteur privé où elle est maintenant inférieure à 25 %. De plus, des gouvernements provinciaux comme l’Alberta, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard apportent présentement d’importants changements à leurs régimes à prestations déterminées. Des discussions sont également en cours au Québec et à Terre-Neuve et Labrador.

Partout, on cherche à réduire les coûts pour l’employeur et à transférer une grande part des risques aux travailleurs. Une solution simple consisterait à bonifier le Régime de pensions du Canada (RPC) et le Régime des rentes du Québec (RRQ). La pression exercée sur les régimes de retraite publics et privés serait allégée et tous les travailleurs jouiraient d’une plus grande sécurité financière. Mais, le gouvernement fédéral continue de s’opposer à cette solution appuyée par de nombreuses provinces. Il faut continuer à promouvoir la bonification du RPC et du RRQ, mais aussi constamment rappeler que les régimes à prestations déterminées sont viables et qu’ils procurent la sécurité financière dont les travailleurs ont besoin au moment de leur retraite. Avec la collaboration de Mark Janson du Service de la recherche du SCFP.

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Attention au mirage! Les licornes n’existent pas et dire que tout le monde en profite lorsque les riches et les entreprises s’enrichissent est tout aussi faux. Une économie juste est une économie forte. Regardez les vidéos Économie 101 à scfp.ca/economie

HORS DES SENTIERS BATTUS SALAIRE MAXIMUM

Plafonner le salaire des P.D.G., une bonne idée? Nous savons tous ce qu’est le salaire minimum. Il devrait fournir suffisamment pour assurer sa subsistance. Mais qu’en est-il du salaire maximum? L’idée n’est peutêtre pas aussi folle qu’elle ne le semble. Les données compilées par le Centre canadien de politiques alternatives montrent que la rémunération moyenne des P.D.G. les mieux rémunérés au Canada a atteint 8 millions de dollars en 2012. C’est 379 fois le salaire minimum versé à un travailleur. Le P.D.G. le mieux rémunéré au Canada, Hunter Harrison du Canadien Pacifique, a touché 49,1 millions de dollars en 2012, soit plus de 2300 fois le salaire minimum versé. Si on tient compte de l’inflation, les salaires des P.D.G. ont augmenté de 73 % depuis 1988, comparativement à un maigre 6 % pour le salaire moyen des travailleurs. L’idée d’un salaire maximum n’est pas nouvelle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le président américain Franklin Roosevelt a proposé un salaire maximum de 25 000 dollars (environ 350 000 en dollars courants). Sa proposition n’est jamais devenue loi, mais les États-Unis et le Canada ont introduit des taux d’impôt progressifs atteignant jusqu’à 90 % pour les niveaux de revenu supérieurs. Ces taux qui ont

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été en vigueur jusqu’aux années 1970, n’ont pas pour autant ébranlé l’économie. Au contraire, cette période économique est souvent considérée comme « l’âge d’or du capitalisme », car la croissance économique et la productivité étaient beaucoup plus fortes qu’actuellement. L’idée du salaire maximum a été relancée dans les années 1990 par l’activiste syndical américain Sam Pizzigati. Il a avancé que les plus riches et les plus puissants auraient intérêt à augmenter les salaires des travailleurs les moins bien rémunérés au lieu de s’enrichir à leurs dépens. Une proposition visant à plafonner la rémunération des dirigeants à douze fois la rémunération de leurs travailleurs les moins bien rémunérés a suscité suffisamment d’appui pour être soumis à un référendum en Suisse à la fin de 2013. Elle a été rejetée par près de 65 % des gens. L’appui populaire obtenu (35 %) n’est toutefois pas négligeable. Au moins, les Suisses ont eu le courage de consulter la population.


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