Core Magazin 2024/25 FR

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Flori Lang: 50 mètres avec le nageur le plus rapide.

Utopie vivante: habiter à 50 mètres d’altitude.

Playlist: les meilleurs tubes de 1974.

Anniversaires et jubilés: ce que nous appo ent les rituels

Et à l’avenir? Un entretien au sujet des mégatendances.

L’énergie d’un nombre

Éditorial

Michael Romer, CEO de Coop Protection Juridique SA

Chères lectrices, Chers lecteurs,

Coop Protection Juridique célèbre son 50e anniversaire au sommet de sa forme. Une excellente raison, selon nous, de consacrer un numéro spécial de CORE à ce jubilé dans lequel nous examinerons le nombre 50 sous de multiples facettes.

Lorsque Coop Protection Juridique a été fondé, en 1974, les trois collaborateurs devaient compter chaque centime. Au fil des ans, le succès est allé croissant – grâce à une politique de partenariats et à notre volonté d’offrir à nos clients un accès simple et abordable à la protection juridique. Cette réussite s’appuie sur des compétences professionnelles, mais aussi sur des valeurs que nous portons, comme la transparence et le courage.

Du courage, il en a fallu également à Max Küng pour se mettre en selle sur un «Bianchi» de 50 ans. Son objectif? Remonter 50 km dans le temps. Il ne semble pas l’avoir regretté: le plaisir ne se limite pas à l’expérience de la vitesse et du confort. Je vous conseille vivement l’article en page 44.

Nous avons également voulu savoir ce que nous apportent les rituels, les raisons pour lesquelles on fête les anniversaires et pourquoi le 50e est souvent précédé d’une crise personnelle. Nous sommes donc allés interroger le philosophe Lukas Niederberger sur le Rigi (page 18).

Le reportage sur le quartier Telli m’a également impressionné, d’abord à cause de son emplacement, à Aarau, là où Coop Protection Juridique a son siège principal depuis sa fondation. Mais aussi et s urtout parce que le site a réussi le pari exemplaire d’être un creuset de cultures et de couches sociales (page 36).

Je vous souhaite bonne lecture, pleine d’inspiration, de joie et, qui sait, de souvenirs ravivés après 50 ans!

Michael Romer

core – le magazine de Coop Protection Juridique SA, Entfelderstrasse 2, Case postale, CH-5001 Aarau, tél. +41 62 836 00 00, info@cooprecht.ch. Direction de projet: Petra Huser, Sibylle Lanz (Coop Protection Juridique SA); Rédaction: Matthias Mächler, Patrick Tönz (diemagaziner.ch); Direction artistique: Adrian Hablützel (artdepartment.ch); Correction: sprachweberei.ch; Impression et expédition: ZT Medien AG, Zofingue; Tirage: F 3500/D 14 000 exemplaires; CORE paraît une fois par an; Commandes: petra.huser@cooprecht.ch. Les informations concernant des prestations de service et des produits publiées dans ce magazine ne constituent pas des offres commerciales au sens juridique du terme.

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Ce qui vous attend: Merci!

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Déjà vu

Ces objets culte fêtent eux aussi leurs 50 ans

7,5 cm de bonheur

Playmobil: retour immédiat vers l’enfance

18 Pourquoi fêtons-nous les anniversaires?

Lukas Niederberger, accompagnateur de rituels, fait le point.

24 Dans tous les sens

L’énergie d’un nombre: tout sur le 50.

28 Plus qu’un record

L’histoire du nageur suisse le plus rapide de tous les temps.

34 De «Waterloo» à «Lady Marmalade»

Les meilleurs tubes de 1974 – et quelques surprises.

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50 m à la verticale

Comment vit-on en prenant de la hauteur? Reportage au Telli.

44 La machine à remonter le temps

Notre auteur prend le volant pour revenir 50 ans en arrière.

52 Et après?

Le futurologue Georges T. Roos sur les mégatendances.

57 Tout simplement différente

«Un cas réel» et autres anecdotes du quotidien de la CPJ.

66 Le dernier mot

Archives: au-delà des timbres.

Les autrices, auteurs et photographes suivants ont contribué à ce numéro:

Nicole Althaus

Elle compte parmi les autrices les plus en vue de Suisse et décrypte normalement l’actualité de notre société pour l’hebdomadaire «NZZ am Sonntag». Pour nous, elle est partie à la rencontre du futurologue Georges T. Roos – et a été surprise de son optimisme (p. 52).

Christof Gertsch

Personne n’écrit de plus beaux textes sur le sport que lui. Au printemps, Christof Gertsch a obtenu l’AIPS Sport Media Award, premier prix de journalisme sportif – au monde. Il dresse ici le portrait du nageur Flori Lang, détenteur du record suisse du 50 m depuis 15 ans (p. 28).

Anne Gabriel-Jürgens

Photographe documentariste parmi les plus renommés de Suisse, elle se passionne pour les anecdotes marquantes du quotidien. Elle serait volontiers restée plus longtemps au Telli pour photographier le quartier (p. 36).

Christian Grund

Pour photographier Flori Lang par drone, il a dû se lever tôt un dimanche matin, avant même que la piscine Horgen n’ouvre officiellement ses portes (p. 28).

Adrian Hablützel

Responsable de l’aspect visuel de CORE, de la température, de l’iconographie, de l’atmosphère, notre directeur artistique manie aussi l’art de l’illustration (p. 52).

Illumüller

On aimerait encadrer et accrocher toutes les illustrations de Daniel Müller. Personne ne soigne mieux ses personnages, ni ne consacre autant de minutie aux moindres détails (p. 59).

Max Küng

Pour ses recherches sur le 50e anniversaire de Playmobil, impossible de résister:

Max Küng (ici, il y a 50 ans) a dû s’acheter l’art. n° 70600, le démineur (p. 14). De plus, nous l’avons envoyé 50 km dans le passé, dans un bolide de 50 ans (p. 44).

Maya et Daniele

Ce duo photo a mis en scène les objets culte de 1974 et a notamment conduit la seule VW-Golf-1 originale de Suisse (p. 9). Les photos de Playmobil viennent aussi de leur objectif (p. 14).

Mina Monsef

Il avait plu la semaine d’avant, la semaine d’après aussi. Mais quand Mina Monsef a fait l’ascension du Rigi avec Lukas Niederberger, le soleil était de la partie. Simple chance? Ou coup de pouce «divnin» pour l’ex-prêtre Lukas Niederberger? (p. 18).

Matthias Mächler et Patrick Tönz

Ils s’occupent du storytelling, des chapeaux accrocheurs et des textes des auteurs. Mais il arrive aussi à nos rédacteurs d’aller eux-mêmes sur le terrain, pour interviewer ici l’accompagnateur de rituels Lukas Niederberger (p. 18).

Michèle Roten

Incisive et intrépide: c’est la réputation que s’est taillée cette Zurichoise avec sa légendaire chronique dans le supplément «Tagi-Magi». Elle s’est rendue pour nous au Telli à Aarau, ce qui l’a amenée à revoir ses préjugés sur les lotissements (p. 36).

Roland Tännler

Prendre une photo sur un vélo est encore plus difficile que d’utiliser un lasso sur un cheval. Mais ce passionné de cyclisme s’est tout simplement accroché à la roue arrière de Max Küng, avec son appareil photo (p. 44).

Thomas Wyss

Il met l’ambiance dans les platines et les soirées: Thomas Wyss aka DJ Clovis a réuni pour nous les plus beaux tubes de 1974 (p. 34). Il sait également raconter des anecdotes d’une plume virtuose, comme il le démontre avec «Un cas réel» (p. 57).

La Coop Protection Juridique n’est pas la seule à fêter ses 50 ans. Voici ses contemporains qui vont certainement susciter de bons souvenirs et émouvoir les moins jeunes d’entre nous.

PHOTOS: Maya et Daniele TEXTES: Matthias Mächler

Code-barres

Le bip show

Le 26 juin 1974, Sharon Buchanan, caissière dans un supermarché de Troy, dans l’Ohio, fait glisser un paquet de dix chewing-gums Wrigley's goût fruits par-dessus une surface vitrée. Un bip signale que le scanner a lu le code à barres. Sur l’écran de la caisse s'affiche le prix de l'article. La lecture du tout premier codebarres marque l’entrée dans l’ère numérique

La

semelle

gaufrée de Nike

Détour en cuisine

Bill Bowerman entraînait l’équipe d’athlétisme de l’université de l’Oregon et n’en pouvait plus d’entendre ses coureurs se plaindre de leurs chaussures. Un beau matin, en voyant son épouse sortir le moule à gaufres, le motif quadrillé lui inspira l’idée d’une semelle sur le même principe, offrant un meilleur amorti. C’est ainsi que sont nées les premières baskets de l’entreprise Nike, cofondée par Bill Bowerman.

VW Golf

Un pour tous

Non, le successeur de la légendaire Coccinelle VW n'a pas été baptisé ainsi en hommage aux adeptes de la petite balle blanche. Son nom, il le doit au gulf stream (golf en allemand) et à la tradition voulue par Volkswagen de donner des noms de vent à ses voitures (Passat, Scirocco). Le premier modèle développait 50 ch, coûtait 7995 deutsche marks et a conquis le public en coup de vent. Avec plus de 35 millions d’exemplaires écoulés, la Golf est l’une des voitures les plus vendues de tous les temps.

HP-65

Le génie des maths

Bill Hewlett, fondateurde Hewlett-Packard, n’en démordait pas: malgré des études de marché tout sauf encourageantes, il voulait poursuivre le développement de la première calculatrice programmable, censée tenir dans un sac à main. En 1974, il présenta la HP-65, qui coûtait la bagatelle de 795 dollars, ce qui équivaut aujourd’hui à 4400 francs. L’objet est même allé dans l’espace en 1975 dans le cadre de la mission Apollo-Soyouz.

Jürgen Keller de Gütt ingen pour la HP-65 (calc.fjk.ch)!

Rubik’s Cube

Le casse-tête magique

Nous sommes tous passés par là: «cela ne doit pourtant pas être sorcier, quelques tours dans un sens et…» au bout du compte, le cube reste aussi bariolé qu’une chemise hawaïenne. Au fil des tentatives, il semble même se murer dans un refus narquois. L’idée vous vient alors de démonter les 26 éléments pour les réassembler, mais à quoi bon… Vous rangez le maudit cube avant de le reprendre en mains pour une ultime tentative, avortée, elle aussi. Et pourtant, il existe 43 252 003 274 489 856 000 combinaisons possibles pour résoudre le Rubik’s Cube… 43 milliards de milliards!

… encore plus de réussites …

Post-it

Repositionnable. Encore et encore.

Tous les mercredis soir, A hur Fry se rendait aux répétitions de sa chorale. À son grand dam, les bouts de papier qu’il utilisait pour marquer les pages ne cessaient de tomber du livre de chants. C’est alors qu’il se souvint d’une expérience ratée de son collègue chimiste Spencer Silver et du résultat: une colle inutilisable à cause de son manque d’adhérence. Il décida de la tester sur les bouts de papier de son livre de chants: le Post-it était né.

IRM

Fin d’une traque

Le 5 février 1974, le médecin

Raymond Damadian déposa le brevet no 3789832 aux États-Unis. Les examinateurs ne comprirent sans doute pas d’emblée la révolution médicale qui s’annonçait. Ce e invention permit, en e et, de visualiser pour la première fois les cellules cancéreuses et par conséquent de détecter l’une des maladies humaines les plus redoutables.

B74

L’élégance au service du collectif

Ri er Spo

Un coup d’essai et un coup de maître: lorsque le designer Andreas Christen et le patron Ernst Schweizer inventèrent la boîte à le res «B74», ils n’imaginaient pas qu’elle changerait le paysage urbain. L’association de l’aluminium et du plastique était inédite, tout comme le système modulaire. À la fois solide et sérieuse, la «B74» ne pouvait pas être plus suisse.

De toutes les couleurs

Alfred O o Ri er, héritier de la chocolaterie familiale, n’avait pas idée de la po ée de son geste quand il décida, en 1974, d’habiller les table es carrées de couleurs: bleu pour le lait entier, ve pour les noise es et rouge pour la pâte d’amande. Voici ce qu’écrivait le magazine «Stern»: «C’était comme le passage à la télé couleur pour le chocolat. Le succès fut tel que la marque Milka répliqua avec le violet et que les rayons de chocolat ressemblent aujourd’hui à une mosaïque bigarrée façon hippie.»

7,5 cm de bonheur

Playmobil fête aussi ses 50 ans: l’auteur culte Max Küng nous parle de ces figurines en plastique, véritables machines à retomber en enfance.

b

Pl a y m o il

agie de la vie que d’avoir des enfants et de pouvoir, avec et grâce à eux, revivre un peu de sa propre enfance. Construire des tours Lego, jouer avec des voitures Matchbox... et éplucher les catalogues Playmobil. Certes, cela peut entraîner des complications. Comme cette fois où, m’étant rendu avec mon fils au Franz Carl Weber de la Bahnhofstrasse à Zurich (RIP), j’ai demandé, par erreur, non pas le nouveau catalogue Playmobil, mais le nouveau prospectus de… Playboy. Moment de silence, le regard de travers de mon fils en contrebas, le front plissé de la vendeuse, jusqu’à ce que je me corrige en bredouillant. Si avoir des enfants présente des avantages, mon métier de journaliste aussi: on peut se choisir les meilleurs morceaux, s’informer sur des choses qui nous intéressent personnellement. Lorsque nous avons écrit un reportage sur le miracle économique allemand pour le supplément Das Magazin du quotidien Tages-Anzeiger (c’était en 2013, alors que tout était encore un peu plus rose), j’ai proposé de visiter l’usine Playmobil. J’ai

toujours eu envie de voir d’où venaient ces figurines qui avaient tant occupé mon imagination. J’adore non seulement les personnages –cow-boys, chevaliers et autres policiers – mais aussi tous ces accessoires qui participent à leur donner vie, autant de pièces imaginées avec amour et merveilleusement fonctionnelles, de la qualité allemande sur toute la ligne. Comme les chopes couronnées de mousse et le grand fût de bière de la «Taverne médiévale» (article 6464), le cactus du set western «Chariot avec cow-boys et bandits» (5248) ou encore l’adorable hippocampe qui accompagne la figurine mythique «Poséidon» (9523).

En route donc pour l’Allemagne. Nous avons quitté l’autoroute à Nuremberg et traversé longuement la campagne avant d’arriver dans une zone industrielle en bordure d’un village dont le blason ressemble à un Playmobil: un berger vêtu de bleu, soufflant dans une corne dorée, avec un sac à bandoulière doré, des bottes dorées et un chapeau à plume – Dietenhofen

PAR Max Küng PHOTOS: Maya & Daniele

Pourvoyeur d’aventures imaginaires: Playmobil.

Emblématique:archétypes,universthématiquesetdétailsminutieux.

(5755 habitants). C’est là que l’on fabrique depuis toujours les figurines Playmobil, là aussi que se trouve le centre logistique, même si cela implique de transporter la marchandise par camion sur les petites routes, car l’autoroute est loin.

À l’origine, le choc pétrolier

Le choix s’est porté sur Dietenhofen parce que les terrains à bâtir étaient alors bon marché. Ce sont aussi les coûts qui ont motivé le début de la fabrication des figurines. Pour rappel: années 1970, choc pétrolier, explosion des prix! Jusqu’alors, on produisait tout autre chose en plastique sous le nom de Geobra: des pots de fleurs, des revêtements de plafond, des meubles. Mais la crise ayant fait décupler le prix de la matière première, on s’est mis en quête d’un produit moins gourmand en matériaux et donc moins cher à fabriquer.

C’est ainsi que sont nées les figurines de 7,5 cm, présentées en 1974 au salon du jouet de Nuremberg. Les premiers Playmobil: un chevalier, un ouvrier et un indien. Au début, la réaction des professionnels est plutôt tiède, mais cela va vite changer et Playmobil va connaître une croissance fulgurante.

Nous avons été accueillis par Judith Weingart, alors porte-parole de Playmobil. Elle nous a dit pourquoi on produisait des jouets en plein cœur de l’Allemagne et non pas en Chine, d’où provient en général tout ce qui est en plastique. Bien sûr que nous avons réfléchi à délocaliser la production en Chine, nous a-t-elle confié lors de la visite guidée de l’usine. Elle devait crier tant il y avait de bruit à cause des granulés de plastique qui cheminent par des dizaines de tuyaux, jusqu’aux machines de moulage par injection qui crachent lentement mais constamment des pièces de Playmobil, p. ex. un dentier de requin qui sera ensuite inséré manuellement par un ouvrier. Une dent après l’autre: de l’artisanat allemand. Mais en Chine, on était loin d’atteindre la qualité souhaitée. Et une fois qu’elle était au rendezvous, on a compris, au siège allemand, que quelque chose d’autre pouvait éventuellement être plus important que de réduire les coûts de production: la logistique. Avec une production flexible et un entrepôt central sur place, on peut réagir plus rapidement aux souhaits de la clientèle, on est plus vite dans les magasins.

allemand.

Une dent après l’autre: de l’artisanat

Or qui dit plus vite dans les magasins, dit aussi plus vite dans les chambres d’enfants.

Il y a onze ans, Playmobil était un microcosme à part entière. Les figurines étaient des archétypes. Il y avait des univers thématiques autour des chevaliers ou de l’espace, des pirates ou du cirque, mais aucune coopération, avec Disney ou Star Wars, comme c’était le cas chez Lego. On en était fier, Playmobil avait une démarche pédagogique. Il s’agissait de stimuler l’imagination des enfants, de leur permettre de créer sans cesse de nouvelles histoires avec les figurines en plastique, pour exprimer leurs expériences, leurs désirs et leurs peurs. Pour Judith Weingart, «les enfants Playmobil ne devaient pas être restreints par des personnages et des histoires prédéfinis, mais concevoir leurs propres ‹scénarios›.»

Des temps troublés

Il s’est passé beaucoup de choses depuis. Judith Weingart a fait carrière, a accédé au conseil d’administration et est même devenue directrice – jusqu’à ce qu’elle quitte subitement l’entreprise en 2016 (après avoir enregistré un chiffre d’affaires record dépassant largement les 500 millions d’euros). Quelques années plus tard, le groupe a basculé dans la crise. Le chiffre d’affaires s’est littéralement effondré. Les problèmes venaient de l’intérieur, pouvait-on lire dans la presse économique. Ils seraient la conséquence d’un règlement compliqué de la succession après le décès de Horst Brandstätter, patron de longue date, en 2015. Le cœur de métier serait négligé, la stratégie peu claire, les effectifs démotivés. Un film produit à grands frais («Playmobil, le film», 2019) fut un échec cuisant.

On verra si le navire Playmobil retourne vers des eaux plus calmes. L’entreprise compte sur la réussite de nouvelles coopérations, notamment avec la fédération allemande de football, la chaîne de supermarchés Edeka et le géant du fast-food McDonald’s.

Mais ce qui ne changera jamais, ce sont les souvenirs liés à Playmobil de chacune et de chacun, certains plus forts que d’autres, mais tout aussi durables que ces figurines indestructibles elles-mêmes.

«Et

si c’était déjà la fin?»

Pourquoi fêtons-nous les anniversaires? Pourquoi le 50e anniversaire est-il si propice aux crises? Qu’apportent les actes solennels? Lukas Niederberger, accompagnateur de rituels, fait le point.

PAR Matthias Mächler et Patrick Tönz PHOTOS: Mina Monsef

«Ce sentiment que rien n’est éternel»: Lukas Niederberger dans son ermitage de réflexion sur le Rigi.

Lukas Niederberger, vous avez eu 60 ans en juin 2024. Avez-vous célébré cet anniversaire rond par une fête débridée?

Lukas Niederberger: je n’ai pas réinventé la roue, car j’organise chaque année une fête d’anniversaire. Mais contrairement à mon 40e ou 50e anniversaire, ce jubilé ne m’a pas laissé indifférent.

Dans quel sens?

Ce sentiment que rien n’est éternel, que la retraite me guette, que je deviens vieux ou que je le suis déjà. Et la question: que faire de ce qui me reste?

Qu’en faites vous?

Je suis en train de redécouvrir l’autonomie temporelle, que je ne connaissais que de l’enfance ou de mes études: je souhaite passer des figures imposées au programme libre. Aussi parce que j’ai le sentiment que les années entre 60 et 70 devraient forcément être les meilleures. Tu es encore en forme, tu débordes d’énergie et tu détiens des ressources que tu n’avais pas à 40 ou 50 ans.

Pourquoi les anniversaires ronds sont-ils particuliers? Pourquoi cette fixation sur les décennies?

De la seconde à la semaine, en passant par les décennies, la division du temps est une construction créée par l’homme: elle nous aide à classer les choses, à nous repérer dans l’histoire et à nous coordonner. Si la décennie est si importante dans notre vie, c’est peut-être parce que, une fois que l’on atteint sa fin, on se retrouve souvent à un point différent de ce que l’on avait imaginé à son début. Les anniversaires ronds invitent inévitablement à faire une mise au point.

Bon nombre de personnes sombrent dans

«Les anniversaires ronds exigent inévitablement une mise au point.»

une crise avant un anniversaire rond.

Le 50e est tristement célèbre à cet égard. Pourquoi?

Les circonstances existentielles sont probablement davantage en cause que le simple chiffre: les enfants quittent la maison, on est obligé de repenser sa vie privée. Peut-être n’a-t-on plus grandchose à dire à son partenaire. Ou on fait du surplace professionnellement. On parle souvent de crise de milieu de vie (midlife crisis). Et si c’était déjà la fin?

Ou peut-être pas encore? Et si quelque chose se présente, suis-je prêt à y découvrir une opportunité? Puis-je accepter une telle opportunité ou est-il préférable de simplement attendre la fin?

Nombre des personnes sont en proie à la mélancolie à la cinquantaine, car leur vie n’est plus la même qu’à 30 ans. Ne devrions-nous pas être plus en paix avec nous-mêmes à 50 ans?

(Rires.) Oui, ces hommes qui, à 50 ans, se mettent à s’entraîner en vue du marathon de New York et se comportent comme s’ils avaient à nouveau 30 ans. Ou alors ils se trouvent une jeunette dans l’espoir de retarder l’inéluctable – le vieillissement. Pourtant, la véritable aventure consiste à faire face à cette nouvelle phase de la vie et à en saisir les opportunités. L’âge fournit souvent un terreau fertile permettant de

cultiver l’essentiel ainsi qu’un univers sensoriel négligé jusqu’ici.

Les anniversaires ou les commémorations sont souvent célébrés de façon rituelle. Pourquoi les rituels sont-ils si importants? Qu’est-ce qu’un rituel, au juste?

Un rituel constitue une densification consciente d’un processus de changement. Je me plais à le comparer au chauffe-eau d’une machine à café: avec de la poudre et de l’eau froide, on obtient un délicieux espresso en quelques secondes. Le rituel ne réchauffe pas l’eau, mais nos sentiments liés au processus de changement. Certaines personnes refusent catégoriquement toute cérémonie rituelle après leur décès, car elles souhaitent épargner les émotions du deuil à leurs proches. Elles oublient pourtant que le processus de deuil des êtres chers sera bien plus long s’ils ne le traversent pas ensemble.

Qu’en est-il de l’autre grand rituel, le mariage?

Le mariage, lui aussi, pourrait constituer un rituel porteur de sens si la dissociation entre les enfants et leurs parents y était thématisée solennellement. Il est effarent de constater le nombre de jeunes mariés qui, à 30 ans, ont encore une chambre chez papa et maman et combien de parents attendent de leurs enfants mariés qu’ils fêtent Noël avec eux.

Pourquoi les rituels présentent-ils toujours le même schéma? Qu’est-ce qui définit cet aspect récurrent?

Les bons rituels ne se déroulent pas

Un autre rituel: Lukas Niederberger dans l’ancien train à crémaillère du Rigi.

Retraite, départ des enfants, ménopause: les rituels peuvent apaiser, estime

Lukas Niederberger.

toujours selon le même modèle. Ce sont davantage les routines et les actions imposées qui restent immuables. Lorsque les rituels sont organisés régulièrement, ils sont une source de sécurité et de stabilité. Avant de se coucher, les petits enfants entendent volontiers la même personne chanter les mêmes chansons. Et les grands enfants ou les adultes aiment regarder le journal télévisé. Il peut y être question de guerres et d’assassinat, mais tant que le journal télévisé débute à 19 h 30 tapantes, tout va pour le mieux. Grâce à la ritualisation, l’audience se blottit dans un simulacre de sécurité.

Quelle différence y a-t-il entre rituel et routine?

La différence réside dans la signification profonde des actions perceptibles par les sens. Quand j’allume une bougie lors d’un rituel, ce n’est pas parce qu’il fait sombre ou froid. Mais parce que je souhaite créer un cadre solennel pour rendre hommage à une personne décédée. Certains rituels ont pour fonction de conférer une identité et de véhiculer un sentiment d’appartenance à quelque chose de supérieur, à une communauté de valeurs.

L’accompagnateur de rituels

«Les

rituels peuvent donner du courage là où

l’on craint la nouveauté.»

Dans quelle mesure irions-nous mieux s’il existait un rituel correspondant?

Lors des processus de changement dramatiques. Chose marquante, les rituels font défaut pour bon nombre de processus. Notamment pour la ménopause – un événement exceptionnellement disruptif dans la vie d’une femme. Au lieu de célébrer la ménopause, qui permet à une femme d’accéder à une catégorie supérieure dans laquelle elle n’est plus définie par la procréation, nous en faisons un tabou. Quant aux jeunes hommes, il y aurait des rituels d’initiation bien plus sensés que les habituelles beuveries. Des rituels seraient également pertinents pour la retraite, car il s’agit d’un événement dramatique dans notre

Lukas Niederberger est né à Saint-Gall en 1964. En 1985, il entre dans l’ordre des jésuites, étudie la philosophie à Munich et la théologie à Paris. De 1995 à 2008, il dirige le centre de formation Lassalle-Haus à Bad Schönbrunn, près de Zoug. En 2007, il quitte l’ordre des jésuites pour devenir publiciste. De 2013 à 2023, il dirige la Société suisse d’utilité publique (SSUP). Aujourd’hui, il conseille et accompagne des particuliers et des équipes, conçoit des rituels, donne des cours et rédige des ouvrages sur des thèmes sociétaux. En 2020, il publie «Rituale – Dem Tag, dem Jahr, dem Leben Struktur geben» (Patmos).

Lukas Niederberger vit avec sa compagne à Lucerne et sur le Rigi.

● lukasniederberger.ch

société performante, où chacun se définit par son travail. Le départ des enfants du foyer familial ou la séparation d’un couple devraient également être ritualisés. Les rituels peuvent donner du courage et du réconfort là où les transitions sont douloureuses, où il faut lâcher prise ou que l’on craint la nouveauté.

Quand vous étiez prêtre, quels étaient vos rituels préférés?

Les enterrements! Lors des mariages, le cadre est plus bling-bling et le repas plus sophistiqué. Mais les enterrements sont plus authentiques. Peut-être que quelqu’un a été arraché à la vie de manière inopinée. Peut-être que les proches sont ravis qu’un tyran soit parti. Côtoyer pendant plusieurs jours un système familial secoué, apporter du réconfort, accompagner ces personnes et leur offrir du soutien est très utile et épanouissant.

Aujourd’hui, quel rituel appréciez-vous tout particulièrement?

Dans ma vie privée, je tiens beaucoup aux rituels de couple. Cela commence au déjeuner, quand je dessine un cœur dans la mousse du café de ma partenaire et du mien. Et cela se termine le soir, quand je lui lis un roman et qu’elle s’endort au bout de deux pages. Quand nous sommes en vacances, nous nous écrivons mutuellement une carte postale le dernier jour et l’expédions à la maison. Dans notre chambre à coucher, des cartes postales datant d’il y a 15 ans sont suspendues à des rubans de soie. La pièce regorge alors d’énergie positive.

L’énergie d’un nombre

Nous avons jonglé avec le nombre 50 et cherché à savoir où il apparaît dans la mythologie, quel rôle il joue dans la vie quotidienne et ce que la numérologie en dit.

PAR Ma hias Mächler et Patrick Tönz

50 = 110010

Le système binaire (ou code binaire) se compose des chi res 0 et 1. Il est principalement utilisé dans le traitement électronique des données. Avec le système décimal, il est considéré comme un système de numération majeur. 50 s’écrit 110010 en code binaire.

50 ans de mariage. Les noces d’or sont considérées comme l’anniversaire de mariage le plus connu et le plus ancien, a esté dès l’an 1600.

50

Dans la mythologie

Dans le Livre des mo s des anciens Égyptiens, les défunts sont accompagnés dans leur voyage vers l’au-delà par 50 dieux du monde souterrain: dans l’Égypte ancienne, le nombre 50 était synonyme de complétude et de pe ection.

Saint-Esprit vieux le

Dans le christianisme, jour après Pâques signe la naissance de l’Église: à la Pentecôte, le est descendu sur les apôtres.

Dans la mythologie nordique, on trouve le terme «femti» («cinquante» en vieux norrois). Ici aussi, ce nombre est associé à la complétude et à la richesse. 50 hommes sont considérés comme une unité pa aite et la 50e po e comme le symbole de l’acquisition de la connaissance et de l’illumination.

Poséidon prenait plaisir à côtoyer les les 50

sont un motif populaire dans l’a et la

Dans la numérologie

Le 5 représente la libe é, l’indépendance, la flexibilité, le courage et la passion. Il est l’esprit libre parmi les nombres. Sous l’influence du 5, on s’ouvre à de nouvelles idées, au changement et à l’aventure.

Le 0 est considéré comme le chi re de Dieu, le gardien entre les nombres positifs et négatifs, le bien et le mal, le visible et l’invisible. Il représente le néant et l’éternité et possède le pouvoir universel de dissoudre tout autre nombre ou de le multiplier à l’in ni.

Si le 5 s’associe au 0 pour former le nombre 50, les propriétés du 5 sont stimulées. Le nombre 50 représente l’idéalisme, l’inventivité, la pe ormance, le succès et la volonté de rendre le monde meilleur.

Nombre harshad

50 est un nombre harshad, un entier naturel qui est divisible par la somme de ses chi res (5 + 0 = 5 / 50 est divisible par 5).

Fun facts

50 Cent est un célèbre rappeur. D’où vient son nom? Jeune revendeur de drogue, Cu is James Jackson a repris le surnom de Kelvin Ma in, un criminel de Brooklyn des années 1980 dont on disait qu’il volait tout le monde, même pour 50 cent US.

Cinquante nuances de Grey: l’œil humain peut distinguer jusqu’à 32 nuances de gris, 18 lui demeurant cachées. Le nombre 50 dans le titre de ce roman à succès et de son adaptation cinématographique représente donc également ce qui est caché: les nuances (de la sexualité) qui ne sont pas nécessairement visibles ni quali ables.

Mercure

Mercure la rapide

Mercure s’approche du Soleil à une distance pouvant a eindre 50 millions de kilomètres. Il peut y faire chaud, jusqu’à 430° C. En revanche, les nuits y sont glaciales, jusqu’à -170° C. Avec un diamètre de presque 4880 kilomètres, Mercure n’est pas seulement la plus petite planète du système solaire, elle est aussi la plus rapide.

Stars and Stripes

Le drapeau des États-Unis d’Amérique est également appelé «bannière étoilée». Il se compose de sept bandes rouges et de six bandes blanches qui représentent les treize États fondateurs et d’un champ bleu dans lequel 50 étoiles symbolisent les États des USA.

Mon beau billet

Terre

De l’étain brillant

En chimie, le numéro atomique 50 correspond à l’étain. Ce métal lourd blanc argenté brillant et mou est indispensable à la fabrication des tuyaux métalliques dans la facture des orgues, p. ex.

Le billet de 50 francs a été la première de six nouvelles coupures à être introduite en 2016. Avec pour thème principal le vent, représenté par un pissenlit d’un côté et un parapentiste de l’autre, il présente une Suisse invitant à l’aventure. Il a été élu plus beau nouveau billet par l’International Bank Note Society, juste devant le billet de 1000 ru yaa des Maldives et le billet de 500 pesos argentins.

Soleil

Souff le et inspiration

Flori Lang détient le record sur 50 m depuis 15 ans: l’histoire peu commune du nageur le plus rapide de Suisse.

PHOTOS: Christian Grund

Par Christof Gertsch

Sa course n’a duré que 22 secondes (22,06 secondes pour être précis), mais il lui a fallu toute une vie pour s’y préparer.

C’est par un mercredi d’avril, dans une piscine couverte de la ville côtière d’Esbjerg, au Danemark, que Flori Lang a écrit une page de l’histoire du sport suisse il y a 15 ans. Ce jour-là, il a battu le record suisse du 50 m crawl en 22,06 secondes. Personne n’a fait mieux depuis. Flori Lang est le nageur suisse le plus rapide de tous les temps.

«C’est quand même cool d’entendre ça», s’amuse-t-il. Attablé dans un café zurichois, il se remémore cette course si lointaine et pourtant toujours dans les esprits aujourd’hui encore. Depuis, la natation suisse a fait d’énormes progrès, gagné en vitesse et remporté des médailles olympiques avec Noè Ponti et Jérémy Desplanches. Mais ce chrono de 22,06 secondes signé Flori Lang n’a jamais bougé. Il s’agit du record le plus ancien détenu par un athlète suisse masculin. Autrement dit, il y a quelque chose que Flori Lang a dû très bien faire à l’époque. Mais quoi?

Le pari de Pretoria

Commençons par le commencement. Flori Lang, né en 1983, est un enfant du sport zurichois. Il a appris à nager à Zollikon, avant de fréquenter les bassins du club de natation

Limmat (devenu Limmat Sharks), puis de rejoindre le club de natation Uster. Tous ces lieux, et surtout les entraîneurs qui y ont travaillé, ont contribué, pour une part, à ces 22,06 secondes. Mais la décision la plus lourde, c’est à Pretoria que Flori Lang l’a prise, au Centre de performance de la Fédération sud-africaine de natation. Il était parti s’installer là-bas en 2007, un an avant les Jeux olympiques de Pékin, au grand dam de son entourage: pourquoi prendre un tel risque aussi peu de temps avant la compétition la plus importante de toute sa vie? Le principe consistant à ne jamais prendre de risques durant l’année qui précède les Jeux est une règle quasi sacrée dans le milieu du sport.

Déménager à Pretoria n’a pas été facile pour Flori Lang. Mais il n’avait pas le choix, confie-t-il aujourd’hui. La pression était trop forte. Toute sa vie durant, il s’est conformé au dogme consistant à accumuler les kilomètres en bassin si l’on entend réussir au plus haut niveau en natation. Plus on nage, mieux c’est. Toutes les légendes de ce sport ont suivi cette méthode, à commencer par Michael Phelps qui nageait plusieurs heures par jour, tous les jours, jusqu’à épuisement.

Un changement radical

Cette vision peut se défendre dans la mesure où la natation ne sollicite pas les articulations, on peut donc s’entraîner dur sans que le corps montre de signes d’usure. Et comme les humains n’ont pas été conçus pour nager, nous devons passer énormément de temps dans l’eau pour pouvoir nager vite.

Le problème de ce type d’entraînement est l’épuisement permanent qu’il provoque. Sans compter la fatigue mentale.

Flori Lang n’avait jamais vraiment aimé cette façon de s’entraîner, mais il avait grandi avec et on lui avait répété à l’envi que c’était la voie à suivre pour arriver au sommet. Jusqu’à ce qu’il rencontre Dirk Lange, un entraîneur allemand. Ce dernier avait un palmarès appréciable, avec une centaine de médailles remportées par ses nageurs aux Jeux olympiques ou aux Championnats du monde et d’Europe. Seulement, c’était un marginal dans le milieu. Il préconisait une

L’homme-poisson

Né en 1983, Flori Lang vit avec son épouse et ses deux enfants dans une ferme à Ottikon, dans l’Oberland zurichois. Chats, poules et lapins font également partie de la famille. En 2008, Flori Lang a représenté la Suisse aux Jeux olympiques de Pékin, avant de décrocher un diplôme en Banking and Finance à l’université de Zurich. Depuis, il travaille dans le secteur des assurances. Douze ans après avoir quitté le sport de haut niveau, sa passion pour l’eau reste intacte. Avec trois anciens coéquipiers de la sélection nationale, Flori Lang a fondé l’école de natation SwimBros, avec laquelle il souhaite aider les personnes en quête de protection en Suisse à trouver plaisir et bien-être dans l’eau.

● swimbros.ch

Changer ou échouer: pour se qualifier pour les Jeux olympiques, Flori Lang est sorti des sentiers battus.

Il savait ce que pensaient la plupart des gens dans le milieu: il allait échouer.

méthode en laquelle beaucoup ne croyaient pas à l’époque (et toujours pas aujourd’hui). Elle consistait à passer beaucoup moins de temps dans l’eau et plus en salle de musculation. Le volume d’entraînement dans l’eau était réduit, mais nagé à haute intensité, en allure de compétition.

Flori Lang savait qu’il devait changer quelque chose s’il souhaitait se qualifier pour les Jeux de 2008. Il avait déjà échoué à deux reprises, en 2000 et en 2004. Il décida alors de constituer un dossier de candidature, de créer un site Internet professionnel et de lancer une campagne de crowdfunding. La somme collectée, 130 000 francs, lui permettrait de financer une année d’entraînement avec Dirk Lange. Il décida ensuite d’arrêter ses études et de quitter la Suisse. Il savait ce que pensaient la plupart des gens dans le milieu: il allait échouer.

Les seuls vrais sprinters

Et c’est bien ce qui lui faisait peur au début. À Pretoria, il gagna huit kilos de muscle en un an, mais il lui fallut des mois avant d’en voir les résultats dans l’eau. Au bout du compte, il réussit à se qualifier pour les Jeux olympiques de Pékin, où il arriva 19e aux 50 mètres crawl. En 22,27 secondes.

Mais il lui fallut presque une année supplémentaire avant de progresser de 21 centièmes – un bond de géant sur cette distance. Après les Jeux d’été 2008, Flori Lang rentra en Suisse, reprit ses études et décida de ne plus s’entraîner en club, mais seul (mais toujours selon la méthode de Dirk Lange).

Le jour où les efforts de toute une vie se sont additionnés pour arracher le record de 22,06 secondes est tombé le 22 avril 2009, au Danish Open d’Esbjerg, lors de la finale masculine du 50 mètres crawl.

La natation est un sport d’endurance. Autrement dit, il faut savoir ménager ses forces. Rien ne sert de se précipiter. C’est vrai pour toutes les disciplines – sauf pour le 50 mètres. Physiologiquement parlant, les spécialistes du 50 mètres sont les seuls authentiques sprinters. Aucune tactique de course, juste une idée en tête: tout donner, du début à la fin.

Ce qui paraît simple, à première vue, ne l’est pas. Car plus on nage vite et donc en un temps réduit, moins on peut se payer le luxe de faire des erreurs. En fait, le 50 mètres ne souffre aucune erreur.

Dès le signal de départ, Flori Lang s’est arraché du plot pour plonger dans l’eau. Dès qu’il a vu que sa vitesse initiale retombait, il a effectué quatre ondulations sous l’eau avant de remonter à la surface après 13 mètres et d’effectuer sa première traction avec le bras. Et une deuxième. Et une autre encore. Sur toute la longueur du bassin de 50 mètres, il a respiré une seule fois, à 35 mètres. Avant de regarder à nouveau vers l’avant. Ça y est! Le mur est à portée. Aucune trace de douleur et quand bien même, l’adrénaline l’aurait masquée. Sa main touche le mur. Record suisse. Personne n’a fait mieux depuis.

Que l’on soit baigneur occasionnel ou nageuse amateur, il y a tant de choses à apprendre du parcours de Flori Lang pour ce qui est de la natation. C’est un technicien hors pair qui possède un style de nage magnifique. Mais, ce qu’il nous enseigne avant tout, c’est une leçon de vie. Elle semble à la fois banale, car tellement logique, mais aussi rare et précieuse. Et quand vient le moment de s’en inspirer, on a souvent du mal à passer à l’acte: le jour où Flori Lang a compris qu’il devait changer quelque chose s’il entendait progresser – il l’a tout simplement fait.

Telle est la leçon que nous inspire le nageur le plus rapide de Suisse: il faut parfois faire des choses auxquelles on est le seul à croire.

Rapide comme l’éclair –et même trop rapide pour la caméra du drone: Flori Lang.

Forever Young

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Le bon vieux vinyl a fait son temps ou presque. Mais ces douze morceaux n'ont pas pris une ride en 50 ans. est l’objet d’unmalentendu . Savraiesignifcation? «Femme , ne pl eu r e p a s ! » cygne hippiequiafaitfondredesmillionsdecœurs . avant mêmeque ledisconesoitpopulaire . Bref , untube! guimauve est aujourd’huiencoreauréperoiredesdonJuanenherb e . des botes argentées. Dingue! rock, danslequelDavidBowiealibérésonalteregoandrogyne e t r e be l l e . déclarationslespluspoignantesdel ’histoiredelamusique, compos ée su r u n

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i à A s nep . avec un titredigned’unwestern–commentfaireplusorig inalen 1974? Jamais de la vie,pensait-onalors.Etpourant,onlachanteencore et toujours. classait numéro unauhit-parade–autrestemps, autresmœurs. a permis augroupeaunomroyaldepercer.

s

High

Sous les nuages, mais au-dessus du plancher des vaches: comment vit-on à 50 mètres de hauteur?

Visite au quartier Telli à Aarau.

PAR Michèle Roten PHOTOS: Anne Gabriel-Jürgens

Life

Vue sur le Jungfraujoch: chez Martin

Alberts, le silence évoque celui des montagnes.

Le quartier Telli est calme en cette chaude journée de juin, la première de l’été. À l’ombre d’un arbre, une mère est assise à son portable, une poussette à portée de bras. Un cycliste traverse le parc reliant les quatre bâtiments du quartier. Certains les appellent les «barrages», parce que leur forme arquée et massive rappelle effectivement celle d’un barrage. Hauts de six à huit étages à leurs extrémités, les blocs de logements s’élèvent progressivement en leur centre pour atteindre 50 mètres et 19 étages.

Ce sont des constructions massives, d’immenses barres d’habitation, et pourtant on ne se sent nullement écrasé ni, étonnamment, observé par les 2500 paires d’yeux qu’elles abritent. Juste devant les barres, à l’ombre de la passerelle couverte, se trouvent des jeux pour enfants: balançoires, bascules, équipements d’escalade. Mais aussi des chariots de supermarché. Ces chariots, que l’on pourrait croire négligemment abandonnés sont en réalité soigneusement rangés devant un panneau et reliés par une chaîne ancrée dans le mur. C’est l’un des services les plus appréciés du quartier: on peut en effet aller faire ses courses au Coop ou au Denner d’à côté, ramener ses achats chez soi et laisser le chariot ici. Deux fois par jour, le parc de chariots accumulé est rapatrié dans une symphonie de métal au centre commercial situé sous la tour. Cette tour de 85 mètres permet de repérer le quartier de loin. Il s’agit du plus haut bâtiment résidentiel dans le canton d’Argovie.

Steffen Möller nous tend un tupperware rempli de muffins en guise de bienvenue. C’est une voisine qui les a préparés. Le gardien de la barre C avoue qu’il a du mal à ne pas grossir avec toutes les friandises qu’il reçoit. Parfois il

«C’est mon entraînement quotidien.»

L’été arrive – une motivation supplémentaire de monter sur le toit pour le gardien Steffen Möller.

La cité a des airs d’utopie.

Quelles difficultés de la vie en commun? Au Telli, tout est mis en œuvre pour lutter contre l’anonymat.

en trouve devant la porte de sa loge, parfois on l’appelle pour lui demander de venir en chercher. «Les locataires âgés, surtout, aiment que l’on passe les voir pour bavarder quelques instants», confie-t-il. Selon lui, il ne s’agit pas d’un désagrément du métier, mais comme d’une partie intégrante de son travail. Sa capacité d’écoute est aussi importante que son savoir-faire pour réparer un robinet qui fuit.

Steffen Möller adore son travail au Telli. D’abord parce qu’il est fasciné par le multiculturalisme des habitants, mais aussi et surtout en raison de la verticalité de son lieu de travail. L’altitude est sa passion et, durant ses loisirs, ce fan de plein air pratique l’escalade et la randonnée. Et chaque matin, il monte les escaliers qui mènent au toit – «c’est mon entraînement quotidien» – pour profiter quelques instants du silence et de la vue.

Si loin et pourtant si proches

La vue, c’est aussi ce que Martin Alberts apprécie le plus dans son logement au 18e étage, le plus haut du bâtiment C. «C’est une source de clarté, de clairvoyance, de calme et de détente. Et d’inspiration», ajoute l’infirmier. Il confirme ce que disent plusieurs études: le fait d’avoir une vue qui porte loin avec de rares détails permet au cerveau de prendre de la hauteur et la perception abstraite des objets favorise la créativité. Installé autrefois au quatrième étage du bâtiment A, Martin Alberts savait qu’un jour il habiterait tout en haut. La chance lui a souri quand le bâtiment a été rénové entre 2019 et 2023, avec des locataires qui ont déménagé. Nous voilà ainsi sur sa vaste terrasse, à 50 mètres de hauteur, dans un silence à peine troublé par le clapotis d’une fontaine. Martin Alberts pointe un sommet à l’horizon: «Regardez le Jungfraujoch tout là-bas, c’est fantastique!»

Le silence lui permet de se ressourcer. Mais il écoute volontiers les enfants s’amuser le soir et le week-end. Sans oublier l’animation inhérente aux événements du centre culturel KIFF tout proche. Et même s’il se sent loin de tout ici, il est très heureux de faire partie de la

communauté Telli. Le sentiment d’appartenance y est très fort, que ce soit dans l’ascenseur ou lors de la fête de quartier.

Contre l’anonymat et la peur

C’est peut-être ce qui distingue le Telli d’autres quartiers résidentiels. En effet, la vie dans les tours n’a pas que des effets positifs, comme le montrent certaines études. À commencer par l’anonymat qui s’installe lorsque les voisins se croisent seulement dans l’ascenseur au lieu de bavarder par-dessus la clôture du jardin: la peur de la criminalité, par exemple, ou un sentiment général d’insécurité. Au Telli, tout est fait pour que les gens ne se retrouvent pas noyés dans la masse et les possibilités de rencontre semblent infinies. Court de tennis, équipements de fitness en plein air, événements organisés par le centre communautaire, il y en a pour tous les goûts. Un bureau des affaires sociales a même été créé à la demande des résidents: il les aide à mettre en œuvre leurs idées et s’engage à favoriser les échanges entre voisins. La cité compte un groupe de jeu, une garderie et un jardin d’enfants. Quant à l’école, elle se trouve juste à côté. En plus des équipements devant les barres, on trouve des aires de jeux, un terrain de football, un minigolf et une pataugeoire.

En cette fin d’après-midi, des enfants courent sur les pelouses, quelques mères ont étendu des couvertures à l’ombre pour laisser leurs bébés s’ébattre et plusieurs personnes sont réunies au Telli-Treff pour savourer un café et des gâteaux. Interrogés sur les difficultés que présente la vie en commun ici, le gardien Steffen Möller et le résident Martin Alberts ne trouvent rien à redire – décidément, cette cité a tout d’une utopie.

Lorsque nous repartons, la pataugeoire est nettoyée et remplie, plusieurs enfants aident le gardien. Le Telli se prépare pour l’été.

50 ans d’intégration

Six mois après sa création en janvier 1974, l’association de quartier Telli organisait sa première fête. La première d’une longue série et une tradition appréciée. La fête des 50 ans, le 31 août, a été planifiée de longue date et avec soin par les membres bénévoles de l’association. Au menu: magicien, spectacles de danse, jeux de lumière sur le gratte-ciel et buffet multiculturel. C’est un point auquel le président Hansueli Trüb est très attaché: il y a 50 ans, la population du Telli était majoritairement suisse, mais aujourd’hui, le quartier accueille plus de 70 nationalités. «Nous avons à cœur de faire vivre ces cultures, et pas seulement lors de la fête», insiste-t-il. «Malheureusement, il n’est pas toujours facile de recruter des personnes issues de l’immigration comme membres. On dirait bien que la vie associative est un héritage culturel typiquement suisse.»

La cité du Telli qui forme un quartier d’Aarau à part entière héberge 2500 personnes de 70 nationalités.

Remonter le

Notre auteur revient 50 ans en arrière en roulant 50 km sur un

temps

Bianchi de 1974. Et retrouve une seconde jeunesse.

tonnamment, les premières sensations sont bonnes. À peine monté sur ce vieux vélo de course, après quelques tours de roue, je ne vois pas de grandes différences avec mon vélo actuel. Il roule. Il fend l’air. Il est facile à manier. D’accord, il y a bien quelques différences.

J’ai l’air recroquevillé sur cet engin, les bras pliés tel un singe. Mes pieds sont logés dans de vieilles chaussures en cuir étroites, calées dans des étriers métalliques fermés par des sangles. Et la chaîne grince quand je change de vitesse. Pour le reste, les sensations habituelles sont au rendez-vous: la beauté de rouler à vélo, la légèreté, la liberté.

L’autre sentiment qui me vient, c’est la peur. Ou du moins un pressentiment – mais on sait qu’un pressentiment peut vite se réaliser. Il existe un principe physique selon lequel 85 kg sur un vélo en acier sont indéniablement amenés à prendre de la vitesse en descente. Et croyez-moi, il faut une certaine pratique avant de s’habituer aux freins d’un vieille bicyclette. Je vous conseille de bien serrer, car les patins n’ont jamais l’air de vouloir réagir tout de suite, un peu comme si le vélo se demandait si l’idée de s’arrêter était vraiment la bonne. En même temps, je préfère ne pas tenter de freiner à fond à vive allure, tant les vieux vélos de course n’ont pas été conçus pour les arrêts brusques.

Tant bien que mal, une forme de confiance finit par s’installer. L’homme et la machine s’apprivoisent. Et puis, bien sûr, on roule autrement sur un vieux vélo de course. De façon plus conviviale. Plus élégante. Voire

Les vieux vélos ne sont pas faits pour les arrêts brusques.

plus digne. Le plaisir l’emporte sur le sport. La priorité n’est pas aux watts mesurés par l’ordinateur de bord, ni au chrono, mais à l’instant présent. Et plus il dure, mieux c’est. Comme je l’ai dit, cette machine roule comme un charme sur ses pneus à chambre à air étroits collés sur la jante. Elle se faufile dans les virages avec une souplesse remarquable

Mini-L’Eroica dans le district d’Affoltern

Le vélo qui supporte mon séant est un Bianchi –«MADE IN ITALY», comme le proclame fièrement un autocollant. Il m’a été prêté par Stefan Koepfli, un passionné de vélo de Lucerne. Gageons qu’il saura s’en passer quelques jours, car il en a 69 autres dans sa cave. Stefan Koepfli ne se contente pas de collectionner les vélos d’époque, il les enfourche avec passion, comme chaque année à L’Eroica, une épreuve destinée aux vélos de 1987 ou plus (les contrôles sont stricts) qui traverse la Toscane avec pour point de départ Gaiole in Chianti.

Manque de chance, mon trajet ne me conduit pas en Toscane, mais dans le district d’Affoltern, près de Zurich. C’est mon tour habituel, le long de la Reppisch et jusqu’au lac Türlersee, parcouru des centaines de fois. Idéal pour passer ce vélo de course d’un demi-siècle au banc d’essai. Bien sûr, je croise d’autres cyclistes, on se salue d’un amical «Salut!» ou d’un index nonchalamment relevé, cela fait partie des bonnes manières entre cyclistes (et si quelqu’un y déroge, on l’affuble par-devers soi d’un qualificatif peu amène). Il me semble, à cette occasion, que mon Bianchi attire les regards envieux. Car une chose est sûre: autrefois, les vélos étaient plus beaux (comme les voitures, hélas!).

La géométrie classique des tubes d’acier fins mais robustes possède une élégance que l’on cherche en vain sur les machines actuelles,

Peu importe le chrono, c’est le présent qui compte: Max Küng dans la vallée de la Reppisch.

optimisées en soufflerie. Ce Bianchi est en acier et en aluminium, aujourd’hui il serait en plastique d’Extrême-Orient. Mon circuit passe par la Riedstrasse, une rue qui ne manque pas de piquant. À vrai dire, ce n’est pas vraiment une rue, plutôt un chemin étroit. Caché derrière un centre équestre, il s’enfonce dans la colline boisée. Le revêtement est mauvais et très vite, le chemin se transforme en raidillon abrupt et escarpé, mais le Bianchi ne se défile pas. Non sans surprise, je viens à bout du monticule, en grognant et en soufflant, certes, mais sans descendre de vélo (et surtout sans risquer de basculer sur le côté telle une feuille morte, pris au piège des cale-pieds).

Doigté et genoux qui flageolent

On n’apprivoise pas un vélo de course classique sans se refamiliariser avec la motricité ou l’acceptation d’un retour aux sources. Pas question de changer les vitesses sans lâcher le guidon, comme c’est le cas aujourd’hui: il faut manœuvrer deux leviers sur le tube diagonal. Et comme les vitesses ne sont pas indexées, l’opération exige du doigté (ou de l’expérience) pour un résultat précis. De plus, vous n’avez le choix qu’entre douze vitesses (contre 24 aujourd’hui), sans compter les restrictions sur les tailles de plateaux et de pignons… C’est surtout dans les montées qu’il s’agit d’emmener un plus grand braquet: non seulement c’est plus fatigant, mais c’est aussi un défi pour des genoux ramollis par les développements modernes, plus souples.

La société Bianchi fabrique des vélos depuis 1885, dont certains ont contribué à forger des héros, à l’image de Fausto Coppi, plusieurs fois champion du monde et cinq fois vainqueur du Giro d’Italia, surnommé «il Campionissimo», le «champion des champions». Jan Ullrich roulait, lui aussi, avec Bianchi, avant de sombrer dans le dopage, la drogue et l’alcool. Je ne peux pas passer sous silence l’exceptionnelle beauté de la couleur Bianchi: dénommée Celeste, elle reste aujourd’hui encore la couleur standard. Il existe une multitude d’anecdotes à son sujet,

Ils ont forgé la légende des héros.

voici la plus jolie: Edoardo Bianchi, fondateur de la marque, eut l’honneur d’enseigner la pratique du vélo à la reine italienne Margherita (celle qui donna son nom à la pizza). Il fut à ce point fasciné par le regard et le visage de la reine qu’il décida de donner à ses vélos la couleur de ses yeux. Se non è vero, è ben trovato.

Une vis mal serrée

Plus je fréquente ce Bianchi, plus mon humeur s’embellit. Et c’est en chantonnant que je rentre à travers champs. L’herbe est haute, les cultures sont parsemées de coquelicots, je longe le lac Türlersee avant de retrouver la vallée de la Reppisch par les collines. Quand, tout à coup, vers la fin du trajet, le frein avant se met à trembloter. Il s’agite gentiment d’abord, puis de plus en plus fort. Je m’arrête sur le côté. La vis qui fixe l’étrier sur la fourche est lâche. J’ai vite fait de la resserrer (il n’est jamais inutile d’avoir quelques outils sur soi) et c’est reparti. Jusqu’à ce que la chaîne saute lors d’un changement de vitesse bâclé. Des signes de vieillissement qui font partie du lot.

Quel bilan tirer après 50 kilomètres en Bianchi dans le district d’Affoltern? Tout n’était pas mieux avant – mais plus beau! Et même sur un vélo avec un demi-siècle au compteur, on ressent cette sensation grisante de légèreté et de vitesse que peut offrir un vélo de course. Cet engin a beau être un ancêtre, les émotions qu’il procure sont bel et bien jeunes et vivantes. Car un vélo reste un vélo: une invention géniale, tout simplement!

Et quel bilan tirer le lendemain? Les genoux se plaignent, surtout le droit. Et mon derrière se rappelle à mon souvenir. Mais la tête, elle, est catégorique: ça roule!

C’était super.

Les fleurs de coquelicot, une bonne excuse pour s’arrêter.

Tout n’était pas mieux avant – mais plus beau!

Une selle esthétique, mais peu ergonomique

Boyau de rechange (indispensable)

Frein sur jantes et non à disques

Tubes fins en acier et non en carbone

Deux fois moins de vitesses
Pneus à chambre à air collés

Câbles de frein non intégrés au guidon

Gants d’époque

Leviers de vitesse sur le tube

Pédalier à calepieds et sangles en cuir

Esthétique, mais lourde: la fourche

Jambes non rasées, comme en 1974

Chaussures de course fines

«Essayez d’enlacer une IA!»

Il y a 50 ans, la futurologie n’en était qu’à ses balbutiements.

Comment anticiper l’avenir à partir du présent? Le futurologue

Georges T. Roos nous livre ses pistes de réponse.

PAR Nicole Althaus

ILLUSTRATION Adrian Hablützel

Georges T. Roos, certains lisent dans le marc de café. Vous, vous lisez dans les données. Comment en tirer des prédictions?

Les futurologues ne font pas de prédictions. Personne ne peut prédire l’avenir. Mais on peut identifier les leviers sociaux et technologiques amenés à modifier nos existences: il s’agit des mégatendances.

Comme avec l’intelligence artificielle?

Aujourd’hui, tout le monde en parle. Bien sûr, l’IA va changer notre quotidien, plus encore que le smartphone. Mais beaucoup d’éléments relèvent encore

du fantasme et restent impossibles à prévoir. En matière d’IA, nous en sommes encore au stade de la stupéfaction.

Que voulez-vous dire?

(Il sourit.) Cela fait des années que la futurologie annonce l’impact considérable des machines intelligentes. Le public en a pris note sans réagir, jusqu’à l’arrivée de ChatGPT, qui a stupéfié le monde. Nous réagissons toujours de la même manière face aux innovations. D’abord, les attentes sont démesurées, par excès d’enthousiasme. Suit une phase de désenchantement et enfin, d’adaptation réaliste.

Qu’a-t-on déjà mal jugé par excès d’enthousiasme?

Pendant l’euphorie technologique des années 1980, on rêvait de voitures volantes. Aujourd’hui, nous avons des drones capables de transporter des passagers, mais le trafic individuel reste routier. De la même manière, l’IA va bouleverser notre quotidien, rendre obsolètes de nombreux métiers et en créer de nouveaux. Mais elle ne remplacera jamais l’humain Elon Musk, qui affirme que l’IA sera bientôt supérieure à la personne la plus intelligente au monde, est un entrepreneur visionnaire, mais un piètre philosophe. L’humanité va bien au-delà de la simple capacité à donner des réponses intelligentes. Essayez un peu d’enlasser une IA!

Un futurologue se doit-il d’être philosophe?

Je ne dirais pas ça. Mais les futurologues, comme les philosophes, s’appuient sur l’herméneutique. Nous essayons d’interpréter le texte du changement.

Par exemple?

«Elon

Musk est un entrepreneur visionnaire, mais un piètre philosophe.»

quelle forme de savoir aurons-nous encore besoin? Pas de savoirs spécialisés, mais de capacités de classification. L’IA me fournira des informations sur tout, mais elles me seront inutiles si je ne suis pas capable d’en évaluer l’exactitude et de les mettre en corrélation avec d’autres informations.

Aura-t-on à nouveau besoin de savants universels tels qu’Alexander von Humboldt?

Je me suis déjà posé la question. Nous aurons sûrement davantage besoin de connaissances générales que spécialisées. Identifier les corrélations, poser les bonnes questions, tirer les bonnes conclusions: tout cela deviendra essentiel.

Au-delà de la numérisation, quelle autre mégatendance viendra changer nos vies?

Je suis convaincu que l’humanité sous-estime totalement l’impact du changement démographique. Sur le plan

Imaginez qu’une machine sache répondre à toutes nos questions. De Une vision d’avenir positive

En Suisse, le futurologue Georges T. Roos est incontournable. Depuis 1997, il analyse les forces motrices de l’évolution sociétale. Il est le fondateur de l’institut de recherche prospective ROOS Trends & Futures, financé par des fonds privés, et coprésident de swissfuture. Ses diagnostics sur l’avenir de notre société dans un monde globalisé désignent les défis et présentent les risques sans fioritures, mais en soulignent également les opportunités avec insistance.

● kultinno.ch

politique, nous avons eu un avant-goût d’une gérontocratie, lors de la votation sur l’AVS, où les intérêts des retraités se sont imposés dans les urnes. Mais difficile d’imaginer les conséquences lorsque l’Afrique sera le continent le plus jeune et qu’elle doublera sa population, tandis que l’Europe sera la seule à décliner. Une transformation majeure nous attend d’ici 30 ans. Elle sera sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Quelle est la fiabilité des prévisions démographiques mondiales?

Il faudrait que le pire des scénarios se produise pour modifier la structure de la population. Une pandémie qui ne ferait non pas quelques millions, mais des milliards de victimes, ou une catastrophe très rare, l’éruption d’un supervolcan qui obscurcirait le ciel pendant des années. Mais dans ce cas, presque toutes les hypothèses d’avenir deviendraient caduques. Une chose est sûre: les enfants qui définiront cette démographie sont déjà sur Terre. Et l’espérance de vie continue de croître.

D’ici 20 ans, environ 25% de la population aura plus de 65 ans. Quels seront les impacts au quotidien?

Le COVID-19 nous a montré l’ampleur de la pénurie de personnel soignant en Suisse, voire dans toute l’Europe. Si la population augmente, mais que le nombre d’actifs stagne, comme ce sera le cas en Suisse d’ici 2050, la pénurie de main-d’œuvre deviendra un problème structurel. Dans une société vieillissante, chaque enfant deviendra une rareté. Il

«Dans une société vieillissante, chaque enfant deviendra une rareté.»

sera encouragé, protégé, couvé par ses parents, grands-parents, tantes et oncles. Notre société ne sait pas encore comment gérer cette nouveauté absolue que constitue l’arrivée à l’âge de la retraite d’une part aussi abondante de la population.

Y aura-t-il des ghettos de familles et de personnes âgées?

Je ne le pense pas. N’oubliez pas qu’aujourd’hui, les personnes âgées restent jeunes longtemps. On observe déjà un désintérêt pour les maisons de retraite, l’expérimentation de nouvelles formes d’habitat. La tendance est clairement de vivre le plus longtemps possible chez soi, une approche qui pourrait être facilitée par le recours à des robots.

La société vieillit, les jeunes manquent, la moyenne d’âge augmente. Quelles conclusions en tirer?

Penchons-nous sur la mégatendance de la biotransformation. Après la machine à vapeur, l’électrification, la numérisation, les futurologues cherchent à identifier la prochaine innovation majeure. Je pense qu’elle viendra de la recherche biologique.

Le ciseau génétique CRISPR, par exemple?

Entre autres, mais aussi les avancées de la biologie de synthèse. Nous sommes désormais capables de créer artificiellement des cellules viables. Cette mégatendance est portée par des innovations dans tous les domaines: nouveaux

matériaux, semences adaptées aux changements climatiques, progrès médicaux... Tout ce qui permet à l’humanité d’améliorer la nature.

L’avenir est-il à l’immortalité?

Je suis accablé par ma lecture du livre de David Sinclair, professeur à Harvard et biologiste moléculaire, qui étudie les raisons du vieillissement et le juge inutile.

On dirait de la science-fiction.

Oui. Comme l’a longtemps été le fait d’aller sur la Lune. D’après les recherches sur la longévité, le vieillissement est une maladie, la plus mortelle de toutes. Si l’on parvenait à en enrayer le processus, toutes les prévisions démographiques seraient bouleversées. À titre personnel, je ne pense pas que ce soit souhaitable. En revanche, j’aimerais rester plus longtemps en bonne santé dans mon grand âge. En tant que futurologue, j’essaie de proposer des récits positifs, pas uniquement négatifs. Tout ne va pas forcément empirer.

Par exemple?

Prenons l’écologie. Pour l’instant, nous n’avons pas encore développé de récit positif autour d’une vie respectueuse de l’environnement. La plupart des gens l’associent au renoncement, à la restriction, à l’interdiction, ce qui explique pourquoi l’écologie reste pour beaucoup un vœu pieux. Pour rendre les sociétés démocratiques plus durables, il faut des messages positifs, axés sur les bénéfices ce que l’on pourrait en retirer.

Comme pour le minimalisme?

Exactement. Marie Kondo a réussi à transformer le rangement, connoté négativement, en quelque chose de positif. Le minimalisme est devenu un mode de vie qui libère, qui laisse de la place pour d’autres priorités. Si elle avait axé son livre sur la nécessité de désencombrer son logement en raison d’un loyer devenu inabordable, il n’aurait pas eu un tel succès.

Georges T. Roos, donnez-nous une perspective positive. De nombreuses innovations vont améliorer nos conditions de vie. Prenons la recherche sur le microbiome. Dès que nous l’aurons mieux compris, nous pourrons développer de nouvelles thérapies personnalisées pour beaucoup de maladies, y compris psychiques. Nous pourrons économiser des matières premières fossiles et alléger notre empreinte carbone grâce à des usines vivantes, fournissant des substances de substitution. Et utilisée de manière responsable, l’IA peut apporter des solutions à de nombreux défis planétaires. Un monde nouveau et passionnant s’ouvre à nous.

Sans pareil

Bienvenue dans l’univers de Coop Protection

Juridique: les pages suivantes vous présentent une histoire vraie et vous montrent comment nous gérons les cas exceptionnels.

Notre plus ancien collaborateur vous raconte comment les choses ont évolué chez Coop Protection

Juridique ces 50 dernières années.

Et sept membres de notre personnel vous révèlent ce qu’ils feraient de 50 millions de francs si, par hasard, ils gagnaient au loto. Bonne lecture!

Un cas réel

Pris à froid

Les

solutions de Coop Protection

Juridique

sont parfois peu conventionnelles, comme le montre ce cas de Meiringen.
PAR Thomas Wyss

ILLUSTRATION: Illumüller

Mi-novembre, l’émission «Meteo» de la TV suisse alémanique parlait encore de «températures printanières». Or, deux semaines plus tard, l’hiver s’était installé en Suisse quasiment du jour au lendemain. Et il s’est avéré rapidement qu’il était arrivé pour rester.

La situation a pris une tournure précaire dans l’Oberland bernois. À Meiringen, lieu de pèlerinage des fans de Sherlock Holmes (le plus célèbre détective du monde y aurait été englouti, le 4 mai 1891, avec son adversaire Moriarty, dans les chutes rugissantes du Reichenbach), il était tombé en quelques jours plus de neige que les deux hivers précédents réunis. Sans compter les températures glaciales: sous l’action de bourrasques, elles approchaient chaque nuit les -10° C.

En général, un hiver rude ne dérangeait en rien les Mosimann*; habitants de longue date de Meiringen, ils s’étaient habitués aux caprices de la météo, qui faisaient partie du quotidien ici, en altitude, tout comme la base aérienne, les meringues, les cars postaux et les bouviers. Mais, cette fois-ci, c’était l’état d’exception: pour

des raisons inexplicables, la pompe à chaleur qu’ils avaient fait installer des années auparavant par une entreprise bernoise était tombée en panne. Dans un appartement, on aurait pu remédier au problème, du moins temporairement, avec des radiateurs électriques mobiles. Mais cette famille de cinq personnes vivait dans une maison à deux étages de sept pièces plus ou moins en angle. Dans un bâtiment aussi spacieux, de tels radiateurs soufflants sont inutiles.

Le drame prend de l’ampleur

Bien entendu, Kurt Mosimann appela immédiatement l’entreprise avec laquelle il avait également conclu un contrat d’entretien après l’installation du chauffage. On lui conseilla d’éteindre l’installation et de la rallumer. Il s’exécuta, mais l’effet attendu ne se produisit pas. Kurt Mosimann relata cet échec à l’entreprise en lui demandant de lui envoyer un technicien au plus vite, car la maison était aussi froide qu’un frigo et sa famille souffrait du froid.

Deux jours plus tard, on sonna à la porte. Le chauffagiste prit congé au bout de deux heures. Entre-temps, la situation était devenue dramatique. Constat de l’expert: la pompe à chaleur était irréparable et devait être rempla -

cée. Toutefois, ses carnets de commandes étant pleins, il allait être impossible de remédier à la situation avant le printemps.

Kurt Mosimann saisit une nouvelle fois son téléphone. Cette fois, il composa le numéro de Coop Protection Juridique, où il avait souscrit des années auparavant une assurance complète comportant le module «Propriété occupée par le propriétaire». Kurt Mosimann remarqua à la précision de ses questions qu’il avait trouvé en la personne de Stefan Baur un interlocuteur faisant preuve d’empathie et de compétence. Il se trouve qu’avant de devenir juriste, Stefan Baur avait suivi une formation de planificateur dans une entreprise de réfrigération. Sachant que les techniques de chauffage et de réfrigération sont, sur le fond, plus ou moins identiques, il était donc un «homme du métier», rien de moins.

C’est en tant que tel qu’il appela l’entreprise de chauffage bernoise. Ce qu’on lui décrit au téléphone (on lui parla notamment d’un évaporateur cassé) n’avait pas vraiment de sens, dit-il aujourd’hui, interrogé sur ce cas. «J’ai eu l’impression que l’on n’avait même pas essayé de cerner le problème. À la place, l’entreprise voulait tout simplement vendre un nouveau

modèle aux Mosimann, ce qui, selon mes estimations, aurait coûté plus de 10 000 francs.»

Finalement, Stefan Baur, expert chez Coop Protection Juridique, contacta un ancien collègue de l’entreprise de réfrigération. Bien que ce dernier n’ait guère eu de temps libre en raison de l’arrivée soudaine de l’hiver, il se rendit au «frigo» de Meiringen pour y faire un état des lieux. Au bout de 30 minutes, il a décelé le véritable dommage: une petite fuite à proximité de la valve avait entraîné la panne de la pompe à chaleur. Il a suffi de réparer le trou et d’ajouter du réfrigérant pour que les Mosiman arrêtent de claquer des dents.

Mais il restait le contrat de maintenance. Et ce, avec un partenaire de service qui avait complètement perdu la confiance de Kurt Mosimann. Stefan Baur, notre juriste, tenta une nouvelle prise de contact, cette fois directement avec le directeur de l’entreprise bernoise de chauffage. En proposant un accord, il obtint que le contrat soit résilié et que son client soit remboursé du restant du forfait annuel déjà payé.

Quelques jours plus tard, Stefan Baur reçut un colis en provenance de Meiringen. Celui-ci contenait une bonne dizaine de meringues provenant de la meilleure boulangerie du village et un courrier de remerciement de la plume de Kurt Mosimann formulé comme suit:

«Cher Monsieur Baur, Vous avez accompli un formidable travail et trouvé un excellent spécialiste du froid. Bravo! Notre chauffage fonctionne de nouveau, la réparation me coûtera environ 112 francs plus le fluide frigorigène, soit environ 500 francs au total. Merci beaucoup de votre aide, nous pouvons enfin profiter de l’hiver!»

* Nom anonymisé

Tout sauf un cas unique

Michael Beugger nous parle de cette procédure inhabituelle dans ce «cas de chauffage» et de la position de principe de Coop Protection Juridique.

Michael Beugger, comment décririezvous la philosophie de Coop Protection Juridique?

«Philosophie» est un bien grand mot. Mais notre attitude fondamentale est nettement centrée sur le client. Nous donnons la priorité aux bénéfices pour notre clientèle: son problème doit être résolu le plus efficacement possible afin qu’elle puisse de nouveau vivre sans soucis.

Même si, comme dans le cas présent, il faut, pour cela, emprunter une voie peu conventionnelle?

Tout à fait. L’exemple présenté n’est certainement pas la norme, mais c’est loin d’être un cas isolé. Nous cherchons toujours à communiquer à notre cliente ou à notre client que nous nous tenons à ses côtés, soucieux de trouver une solution qui lui convienne, le cas échéant en utilisant des méthodes inhabituelles.

Autrement dit, l’assurance Coop Protection Juridique est résolument humaine. En effet, lorsqu’on se sent pris au sérieux, on est plus à même de faire face si, malgré tous les efforts déployés, il est impos -

Le juriste Michael Beugger est responsable de l’équipe de stagiaires de Coop Protection Juridique. Il a encadré l’équipe qui s’est occupée du cas présenté.

sible de trouver une solution parfaite. Notre engagement ne concerne pas seulement le domaine juridique au sens strict, mais aussi et surtout le plan humain.

Pour en revenir au cas présenté, il est clair que la formation initiale du juriste responsable a constitué un immense avantage. Là encore, c’est plutôt l’exception que la règle pour une assurance de protection juridique?

Le fait est que chez Coop Protection Juridique, nous étudions attentivement les CV pour y déceler des talents cachés. Par exemple, il se peut qu’un candidat chasse pendant ses loisirs, ou possède un brevet de voile, ou encore ait été artisan. Peu importe. Puisque toutes ces connaissances pourraient être utiles dans un futur cas de protection juridique, elles nous intéressent. Et dans la pratique, ces connaissances sont souvent très utiles, comme le montrent les réunions d’équipe, où nous passons nos cas en revue ensemble et apprenons les uns des autres.

En accéléré

CPJ a 50 ans

L’assurance Coop Protection Juridique peut s’enorgueillir de son passé et est parfaitement armée pour l’avenir.

1974 1981 1979 1984 1992

1993 1994

Fondation

Fondation de Coop Protection Juridique SA par Coop Société Coopérative d’assurances sur la vie (Coop Vie), l’Union syndicale suisse (USS), Coop Suisse et la fédération des sociétés suisses d’employés (FSA).

Primes brutes: CHF 238 087

Affaires traitées: 202

Nombre d’emplois à temps plein: 3

Bonjour les Romands!

Afin de mieux servir nos clients en Suisse romande, nous ouvrons une nouvelle succursale à Lausanne.

Protection juridique Multi

Nous lançons la «protection juridique Multi», qui combine Protection juridique circulation, privée et des consommateurs.

Primes brutes: CHF 1,72 mio

Affaires traitées: 1160

Nombre d’emplois à temps plein: 11

Coopérations

Début de la coopération avec la caisse-maladie Helvetia (rebaptisée Helsana) et avec les assurances Helvetia.

Benvenuti a Bellinzona!

Coop Protection Juridique ouvre une filiale à Bellinzone, améliorant ainsi son service à la clientèle en Suisse italophone.

Primes brutes: CHF 10,37 mio

Affaires traitées: 5272

Nombre d’emplois à temps plein: 23

2016 2021 2022 2014 2008 2013 2004 2023

Primes brutes: CHF 12,40 mio

Affaires traitées: 11 567

Nombre d’emplois à temps plein: 29

Tout simplement différente

Nous lançons la nouvelle stratégie marketing «Tout simplement différente»: favorable aux consommateurs et généreuse dans ses prestations, simple et orientée solutions.

Magazine clients CORE

Le magazine CORE donne un aperçu divertissant de l’entreprise et de cas juridiques, mais se consacre fondamentalement à un thème plus général. Il paraît une fois par an.

Primes brutes: CHF 41,11 mio

Affaires traitées: 24 869

Nombre d’emplois à temps plein: 69

Gagnante des plusieurs sondages K-Tipp

Coop Protection Juridique défend sa première place et, après 2011, est à nouveau en tête du classement «K-Tipp» des meilleures assurances de protection juridique.

Symposium Weissenstein

Lors de ce colloque, nous entendons développer des stratégies pour améliorer le cadre légal.

ETH AI Center

L’intelligence artificielle (IA) est le sujet du moment: nous aussi, nous misons sur elle et concluons un partenariat avec l’ETH AI Center.

Primes brutes: CHF 77,60 mio

Affaires traitées: 44 477

Nombre d’emplois à temps plein: 126,8

Équipe et esprit

Que se passerait-il si…?

Que ferais-tu

si tu gagnais 50 millions au loto? Nous avons posé la question à sept membres du personnel. Leurs réponses nous ont touchés.

Écrire un livre

Doriane Bättig, avocate

Que ferais-je si je gagnais 50 millions? Voici une question bien difficile. Je vivrais des expériences fortes. Je partirais donc à l’aventure pour découvrir des pays inconnus, je ferais de la plongée, des treks en pleine junge et je prendrais le temps d’observer des couchers de soleil. Cela paraît probablement loin du faste d’un mode de vie de millionnaire, mais j’aurais le plus grand des luxes à mes yeux, le luxe du temps. Le luxe de savourer chacune de mes journées, sans les contraintes et le stress du quotidien. Si j’étais millionnaire, je gâterais bien évidemment les gens que j’aime, j’essaierais de faire des placements financiers intelligents, écologiques et éthiques et j’investirais tout particulièrement dans l’ONG sea shepherd, que j’admire et respecte beaucoup. Je soutiendrais également la recherche contre le cancer. Finalement, si je gagnais 50 millions, j’écriais un livre. C’est un rêve que je caresse depuis de très nombreuses années.

La vie est belle même sans

Patrick Kellenberger, responsable distribution

«Il y a encore peu de temps, gagner un million au loto aurait déjà été exceptionnel. Avec 50 millions, je me mets à rêver, m’imaginant en nouveau multimillionnaire allongé sur la plage de sable de mon île privée, une caipirinha à la main, à admirer le coucher de soleil… Mais le téléphone sonne déjà, un client me ramène à la réalité. En fait, c’est une belle réalité, car à quoi bon s’ennuyer des années durant sur une plage? La vie est merveilleuse, même sans ces 50 millions.»

Financer une piscine en rivière

Marvin Nikles, juriste

«50 millions, cela permettrait d’acheter 1000 bitcoins, 100 voitures de luxe ou l’île privée de David Copperfield, Musha Cay, aux Bahamas. Mais que ferais-je réellement d’une telle fortune à part des choses raisonnables mais ennuyeuses de type épargner, investir et faire des dons? Je financerais une piscine en rivière dans ma ville natale, Aarau. Il en existait une sur l’Aar il y a un siècle. Elle a dû fermer en raison de la mauvaise qualité de l’eau à l’époque. Les choses seraient différentes aujourd’hui. Cela permettrait aux habitants d’Aarau de se rafraîchir l’été quand il fait chaud, en plus de la piscine en plein air existante.»

Faire des courses de voiture

Roland Hunziker, responsable de l’informatique

«J’en placerais la moitié et réaliserais des rêves avec l’autre: voyager, faire des travaux dans la maison, apprendre à piloter un hélicoptère, suivre une formation de dresseur de chiens et obtenir des licences pour me défouler sur les circuits automobiles du monde entier. Bien sûr, je n’oublierais pas non plus ma famille et mes amis et j’aurais aussi assez d’argent pour faire des dons généreux.»

Visiter 50 pays

Benoît Santschi, responsable du marché romand

«J’organiserais une énorme fête et dirais ensuite à ma femme et à mes enfants de faire leurs valises! Nous visiterions 50 pays sur cinq continents, sans contrainte de temps ni obligation. Nous profiterions, ensemble, de chaque instant. Nous partagerions notre fortune avec ceux qui ont besoin d’aide et n’oublierions jamais quelle chance nous avons. Bien sûr, un tel voyage connaîtrait des hauts et des bas, comme toujours, quel que soit le budget. Mais nous apprendrions beaucoup de choses: ce serait une base idéale pour l’avenir de nos enfants.»

Construire des écoles et des puits

Meron Ermias, apprentie spécialiste du service à la clientèle

«Je construirais des écoles dans des pays dans le besoin et autant de puits que possible. Et bien sûr, je réaliserais les rêves de mes proches en nous achetant une maison de rêve au bord d’un lac. J’investirais dans les cryptomonnaies et dans des placements sûrs. Et avec le reste, je ferais le tour du monde, sans chichis, parce que j’espère que cela me permettra de vivre des expériences inoubliables.»

Bien réfléchir

Marijana Jevtovic, avocate

Si je gagnais 50 millions, j’aurais d’abord du mal à y croire… La meilleure chose que je pourrais m’offrir avec autant d’argent serait du temps. Je ferais un break dans mon travail et un tour du monde. J’apprendrais de nouvelles langues, me frotterais à des cultures étrangères et soutiendrais des organisations et des actions caritatives. Je continuerais à travailler, mais en m’accordant suffisamment de temps libre. Je pourrais me le permettre, car une telle somme me suffirait pour le restant de mes jours. Et il faut aussi du temps libre pour bien réfléchir à la manière d’utiliser une telle somme.»

«La pensée est le labeur de l’intelligence, la rêverie en est la volupté.» (Victor

Questions

Comment était-ce?

Thomas Geitlinger a vécu et influencé

42 des 50 ans de Coop Protection Juridique (CPJ).

Thomas Geitlinger, pourquoi avez-vous posé votre candidature chez CPJ en 1982?

Je venais d’obtenir mon diplôme de commerce, de finir mon service de fourrier, je voulais gagner de l’argent pour faire une formation continue, et il avait peu d’emplois. C’est là que j’ai vu une annonce: «On recherche une secrétaire.» J’ai pensé que j’y arriverais, même si je ne savais pas ce qu’était une assurance protection juridique.

Quel genre d’époque était-ce?

CPJ était en gestation, on comptait chaque centime, beaucoup de choses étaient faites à l’interne. L’ambiance était familiale, mais on se vouvoyait. Et il n’y avait pas encore d’ordinateurs. Je m’en suis acheté un et l’ai apporté au bureau. J’étais le seul à en avoir un.

Et les clients? Qu’est-ce qui les amenait chez CPJ?

Le même genre de choses qu’aujourd’hui. Ce qui a changé, c’est leur comportement: la conduite en état d’ivresse a fortement diminué. Il y a également moins de conflits de voisinage, ce qui est intéressant: il semble qu’on soit plus tolérant dans en ville, malgré le stress lié à la densité.

Internet a créé de nouveaux problèmes?

Oui, à foison! Et, grâce à Google, les exigences des clients augmentent également: ils s’informent au préalable, plus ou moins bien, et attendent des conseils professionnels tout en les remettant en question. Des connaissances superficielles glanées sur

Internet font que même le retard minime d’un vol donne lieu à un dépôt de plainte dans l’espoir d’une indemnisation. Et il y a de nouveaux phénomènes de masse.

Des phénomènes de masse?

Des vagues de demandes! L’augmentation du taux d’intérêt de référence a fait que de nombreux locataires se sont adressés à nous dans l’espoir que nous puissions lutter contre les augmenta -

Thomas Geitlinger est membre de la direction, responsable de la gestion des clients et des produits et le plus ancien collaborateur de Coop Protection Juridique.

tions de loyer. Ou pendant le confinement: nous avions nombre de locataires commerciaux dans l’impossibilité de payer leur loyer. Citons aussi des promesses en l’air d’assurances voyage ou encore le scandale des moteurs diesel de VW, lorsque les voitures ont perdu de la valeur du jour au lendemain.

Cela demande beaucoup de travail?

La charge de travail est effectivement importante; nous avons traité

44 477 cas l’an dernier. Nous avons de bons contrats, une large couverture. Mais les coûts ont fortement augmenté.

Comment la collaboration avec les partenaires s’est-elle développée?

Nous avons constaté très tôt qu’une bonne image auprès des partenaires était le résultat de services de grande qualité et moins une question de primes avantageuses. Notre modèle commercial exige un engagement durable et une réflexion à long terme. Autrefois, côté partenaires, nous avions souvent les mêmes interlocuteurs pendant de nombreuses années et entretenions avec eux une relation collégiale. La situation a changé: aujourd’hui, les personnes clés passent souvent à autre chose au bout de quelques années. Le business évolue plus vite. Il est devenu plus difficile de tisser des relations durables et de qualité.

Y a-t-il une particularité de CPJ dont vous diriez qu’elle est restée la même depuis 50 ans?

Certainement le principe selon lequel nous offrons un service rapide, simple et généreux aux personnes qui se trouvent dans le pétrin, veillant ainsi non seulement à une certaine justice, mais aussi à un peu plus d’humanité.

Aujourd’hui, poseriez-vous à nouveau votre candidature chez CPJ?

Sans hésiter, mais pas comme secrétaire. CPJ est une employeuse équitable et avisée. Le travail en soirée est proscrit, à de rares exceptions: l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est aisé à réaliser.

Te souviens-tu...

... en 1974, comme nous sonnions aux po es auxquelles nous n’aurions jamais osé sonner sans les timbres du WWF? Comme nous étions ers de chaque feuille vendue (et de chaque franc de pourboire)? Comme nous nous sentions grands et utiles, puisque c’était pour une bonne cause? Et comme nous avons pris conscience, pour la première fois, que le monde était bien plus vaste que notre petit univers?

Photo

Chère lectrice, cher lecteur,

Depuis de nombreuses années, Coop Protection Juridique béné cie de pa enaires de con ance à ses côtés. Ils ont contribué à faire de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Nous tenons à les en remercier chaleureusement: Employés

Suisse, Atupri, Beobachter, Collecta, Coop, Européenne Assurances Voyages, Syndicat du personnel des douanes et des gardes-frontière

Garanto, Helsana, Helvetia, KPT, Mieterinnen- und Mieterverband des Kantons Bern MVB, Mieterinnen und Mieterverband MV Zürich, ÖKK, Association du personnel de la Confédération APC, Association du personnel de la Suva, RVK, Association suisse des employés de banque, Association suisse des in rmières et in rmiers ASI, Syndicat du personnel des transpo s SEV, ScèneSuisse, smile.direct, Organisation suisse des patients OSP, SWICA, Sympany, Syna, Syndicom, Unia, ATE, Syndicat des services publics SSP.

Coop Protection Juridique SA

Entfelderstrasse 2, case postale, 5001 Aarau; tél. 062  836  00  00 info@cooprecht.ch; cooprecht.ch/fr/home, core-magazin.ch/fr/home

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