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Le kinésithérapeute, acteur de la prévention : mythe ou réalité ?

Sébastien Koszulap À l’occasion de la Journée de la Kinésithérapie, qui a lieu chaque année le 08 septembre, AXXON a tenu à mettre à l’honneur un domaine de notre profession insuffisamment reconnu : la prévention.

Pour ce faire, l’association professionnelle a choisi d’organiser la Semaine de la prévention, durant laquelle a eu lieu chaque jour un webinaire ayant pour sujet un domaine en lien avec la prévention. En guise de conclusion, c’est une table ronde qui a été dressée le dernier jour et qui a accueilli les intervenants de la semaine écoulée ainsi que Marina Libertiaux, conseillère au cabinet de la ministre de la Santé du Gouvernement wallon, Christie Morreale.

Contexte

Le kinésithérapeute a aujourd’hui clairement une fonction d’exemple dans le domaine de la prévention et endosser ce rôle est à la fois un défi et un nouveau pas dans le déploiement concret de ses compétences. AXXON s’est fixée pour objectifs de faciliter ce processus et de convaincre les différents acteurs en présence de l’utilité de la kinésithérapie préventive pour les soins de santé et, plus largement, pour la collectivité.

La montée en puissance des maladies chroniques et des maladies de civilisation appelle en effet un glissement d’une approche curative vers une approche davantage axée sur la prévention. L’objectif d’AXXON est d’apporter une contribution majeure à la réalisation des soins de santé préventifs, plutôt que d’investir uniquement dans les actes thérapeutiques (care and cure).

L’idée est de faire évoluer les gens vers des habitudes plus saines, avec à la clé une qualité de vie accrue, et de développer une réflexion à plus long terme pour garantir l’accessibilité (y compris financière) du système. Plusieurs formes de prévention

La prévention touche à plusieurs domaines ou phases d’intervention : on peut citer la prévention des maladies par l’introduction d’un comportement adapté (prévention primaire), l’identification précoce (prévention secondaire) ou encore les interventions précoces dans le but de prévenir les complications de certaines maladies et de favoriser ainsi l’autonomie des patients (prévention tertiaire).

En tant que kinésithérapeutes, nous devons toutefois aussi être attentifs aux plus vulnérables, aux citoyens appartenant à certaines catégories d’âge (jeunes, personnes âgées) ou qui forment un groupe particulier pour d’autres raisons (ex. : femmes enceintes). On distingue souvent les groupes-cibles en fonction du stade pathologique, de la population en bonne santé aux personnes atteintes d’une maladie :

La prévention universelle s’adresse à la population en bonne santé.

La prévention sélective s’adresse aux groupes de population qui présentent un risque accru et vise à éviter que les personnes porteuses de facteurs de risque ne développent une maladie.

La prévention indiquée s’adresse aux citoyens qui présentent des plaintes débutantes.

La prévention liée aux soins s’adresse aux citoyens déjà atteints d’une maladie ou d’une pathologie.

Si l’on classe les formes de prévention en fonction du type d’intervention, on peut distinguer la prévention des maladies, la promotion de la santé et la protection de la santé.

Mesures

AXXON plaide pour que le champ d’action des kinésithérapeutes dans le domaine de la prévention se déploie aussi bien dans les limites de l’assurance maladie qu’en-dehors et renvoie à cet égard au nouveau modèle de rémunération présenté au sein du groupe de travail kinésithérapie de l’INAMI au mois d’août 2017.

Dans le cadre de l’assurance maladie, la kinésithérapie préventive est indiquée plutôt chez les personnes ou dans les groupes de population qui présentent un risque accru, avec un ou plusieurs facteurs de risque de contracter une maladie donnée (déterminants). Tant la prévention indiquée (en présence de plaintes débutantes) que la prévention liée aux soins (lorsque des manifestations de la maladie sont déjà clairement présentes) doivent trouver leur place dans ce créneau. AXXON a formulé des propositions à ce sujet au sein du Conseil Technique de la Kinésithérapie, où elle met l’accent sur le transfert de la prévention vers la première ligne. AXXON réclame aussi depuis des années une révision de la loi coordonnée du 10 mai 2015 relative à l’exercice des professions des soins de santé (AR 78), aujourd’hui dépassée.

En dehors du cadre de l’assurance maladie, il nous revient en tant qu’organisation professionnelle de créer par le biais du Conseil Fédéral de la Kinésithérapie un cadre juridique qui donne une place concrète aux activités hors nomenclature (dont la prévention) à l’extérieur du champ de l’assurance obligatoire.

De par la 6ème réforme de l’Etat, AXXON veut renforcer l’attention accordée à la prévention d’une façon à la fois multidisciplinaire et scientifiquement étayée par le biais des structures de concertation et d’organisation de la santé à l’échelon locorégional et des zones de première ligne. Le kinésithérapeute local contribue à donner forme aux conseils des soins et groupes de travail et pourrait ainsi démontrer son efficience et, au final, les économies qu’il peut générer en matière de prévention.

Coup d’œil sur les webinaires Prévention des chutes Ce webinaire a été présenté par Christelle Senterre, docteur en Santé publique et chargée de projets en promotion de la santé, de la sécurité et des traumatismes au sein de l’asbl Educa Santé, qui se consacre entièrement à la prévention des traumatismes et à la promotion de la sécurité. Notre oratrice nous a expliqué que la prévention est un champ clairement défini par ses finalités (agir sur les déterminants de la santé), mais très ouvert en ce qui concerne son positionnement institutionnel et les espaces au sein desquels sont mis en œuvre les interventions et ses acteurs. Ce qui est commun aux acteurs qui y sont impliqués, c’est leur préoccupation du bien-être physique et/ou mental et/ou social des individus et des collectivités d’une société donnée à une époque donnée. Et donc, le kinésithérapeute a une véritable légitimité en matière de prévention, bien que ce rôle lui soit encore trop peu « reconnu » malgré l’inscription de celui-ci dans le profil de compétences professionnelles du kinésithérapeute en Belgique en 2020. Nous y avons également appris que la cause unique de chute est (très) rare et que dans les antécédents, on retrouve le plus souvent une association de plusieurs facteurs. Pour faire face à des causes multifactorielles, il faut donc mettre en place des interventions multifactorielles et donc pluridisciplinaires et intersectorielles. Santé mentale L’Union professionnelle des psychologues cliniciens francophones (UPPCF) a notamment pour objet l’étude, la protection et le développement des intérêts professionnels des psychologues cliniciens. Son président, Quentin Vassart et Michaël Luca, psychologue clinicien, tabacologue et responsable des psychologues indépendants de l’UPPCF, nous ont présenté ce webinaire abordant deux sujets essentiels de la prévention : comment encourager un patient à consulter un psychologue et comment inciter un patient à arrêter le tabac. Deux problématiques pour lesquelles le rôle du kinésithérapeute devrait prendre une plus grande importance, en insistant notamment sur le fait que l’on ne peut pas toujours s’en sortir seul et que tout le monde a parfois besoin d’aide. Il est important de rappeler à son patient que le psychologue est un professionnel de la santé soumis au secret médical. Encourager un patient à exprimer son ressenti et l’aider à accepter qu’il y a un problème est également essentiel, tout comme le fait de le soutenir dans sa démarche. En ce qui concerne l’arrêt du tabac, c’est un devoir professionnel que d’aborder le sujet avec son patient. Le déculpabiliser et le motiver à entamer les démarches vers une diminution puis l’arrêt complet, en allant notamment chercher l’aide d’un professionnel, peut sembler n’avoir que peu de poids mais peut en réalité être prépondérant. Sport sur ordonnance

B OUGER POUR SE SOIGNER BOUGER POUR SE SOIGNER

Le Sport sur ordonnance est un dispositif innovant dans lequel les médecins ont la possibilité de prescrire de l’activité physique aux personnes ayant une affection de longue durée (diabète, hypertension artérielle, lombalgie, ostéoporose, cancer...).

Il permet une meilleure intégration de l’activité physique dans le traitement de ces pathologies chroniques. Les patients, provenant des structures hospitalières et médicales avoisinantes, pourront réaliser une activité physique régulière sous supervision d’un moniteur certifié et dans le respect des guidelines de l’Exercise Medicine.

Cette « prescription » d’activité physique permet de mettre les patients dans des dispositions physiques et psychologiques qui lui permettront d’adopter un style de vie actif, qui réduit l’incidence des affections chroniques dont ils souffrent.

Séverine Stragier et Benoît Massart, respectivement Docteur et Master en Sciences de la Motricité, ont démontré les bienfaits de l’activité physique, notamment en matière de prévention et de traitement de l’obésité. Ils ont également précisé l’importance du rôle joué par le kinésithérapeute à ce niveau, lui qui est le professionnel de la santé le mieux placé pour prendre en charge les patients durant les premières séances d’activité physique au vu de ses connaissances médicales sur les pathologies chroniques.

Manger - Bouger

asbl

Trois experts se sont succédés à la présentation de ce webinaire :

Delphine Matos Da Silva, de l’asbl Question Santé, acteur reconnu dans le domaine de la santé et à l’origine du projet www.mangerbouger.be, une plateforme d’informations sur l’alimentation et l’activité physique.

Caroline Mertens, kinésithérapeute et chercheuse au Service d’Information, Promotion, Éducation Santé (SIPES) de l’École de Santé Publique à l’ULB, qui contribue à la définition de politiques et de programmes de promotion de la santé en Belgique francophone.

Serge Pieters, diététicien-nutritionniste du Sport et responsable du Groupe des Diététiciens du Sport, régulièrement sollicité par les médias pour leur faire part de son expertise du monde de la diététique.

Ils nous ont fait prendre conscience d’une priorité de santé publique : la lutte contre la mauvaise alimentation et contre la sédentarité, tous deux responsables de nombreuses maladies chroniques. Notre corps est fait pour bouger et a besoin d’un carburant adapté pour être performant. Un sommeil de qualité en quantité suffisante vient compléter l’équation : tout est une question d’équilibre entre ces trois composantes essentielles pour être et rester en forme. Table ronde C’est autour d’une table ronde animée par Bernadette Taeymans, présidente de la Fédération Wallonne de Promotion de la Santé, que chaque intervenant de la semaine a été convié pour conclure cette semaine. La présence de Marina Libertiaux, conseillère de Madame la ministre Christie Morreale, a permis de nous éclairer quant à l’orientation du Gouvernement wallon en matière de prévention. Madame Maryline Nicolet, présidente des Centres Locaux de Promotion de la Santé (CLPS), nous a également fait le plaisir de participer aux discussions. Encore trop peu connus, les CLPS sont des acteurs essentiels du domaine de la prévention. Une question-clé relative à leurs missions a été soulevée : quelles sont les articulations possibles entre les kinésithérapeutes et les professionnels du secteur de la Promotion de la Santé pour concrétiser le plan de promotion de la santé wallon, tant au niveau de la promotion des modes de vie sains que de la prévention des maladies chroniques ? Ce point demande et mérite d’être approfondi afin d’atteindre les objectifs fixés en matière de prévention.

Les multiples échanges ont permis de se rendre compte une fois de plus que mieux se connaître permettait de construire des projets communs avec une plus grande efficacité. La nécessité d’une vision politique à long terme et d’une articulation des secteurs entre eux s’imposent : le constat qu’il devient impératif de travailler en interdisciplinarité est unanime et il est clair que c’est en poursuivant ensemble nos efforts que nous pourrons arriver à des résultats encourageants.

Comité de Concertation des CLPS

Conclusion

En ce qui concerne la question centrale qui a servi de fil rouge tout au long de cette initiative et qui consistait à déterminer si le kinésithérapeute était bel et bien un acteur de la prévention, force est de constater qu’à l’heure actuelle, il s’agit malheureusement toujours plus d’un mythe que d’une réalité. Mais les discussions menées tout au long de la semaine confirment la volonté de la profession d’obtenir la reconnaissance de sa contribution à la prévention, ce qui passera inévitablement par le renforcement d’une vision globale de la promotion des modes de vie sains et par la définition d’un cadre légal et règlementaire en matière de prévention pour l’ensemble des prestataires de soins.

VOUS N’AVEZ PAS VU OU VOUS SOUHAITEZ REVOIR LES WEBINAIRES ORGANISÉS PAR AXXON ? VOUS POUVEZ VISIONNER CEUX-CI À VOTRE GUISE EN SURFANT SUR WWW.AXXON.BE > PRÉVENTION > SEMAINE DE LA PRÉVENTION.

Micheal - Service d’assistance AKA Troubleshooter

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NEW

ABSG Kinésithérapie neurologique : quoi de neuf ?

Sophie Mas Coup d’œil sur l’actualité de l’ABSG Kinésithérapie neurologique en quelques chiffres.

11 mois d’existence

L’AXXON Belgian Specialised Group représentant la kinésithérapie neurologique a vu le jour en janvier 2021. Notre premier objectif est de rassembler tous les praticiens et cliniciens ayant un intérêt dans ce domaine, quelle que soit leur pratique clinique, tant qu’elle entre dans le vaste et passionnant domaine de la revalidation neurologique. 40 % de nos membres ont une QPP en neurologie

Les 3 critères d’éligibilité à la Qualification Professionnelle Particulière en neurologie sont les suivants :

avoir une formation générale en kinésithérapie d’au moins 240 ECTS ;

avoir une formation spécifique en neurologie d’au moins 42 ECTS ;

au moins 18 de ces 42 ECTS doivent concerner des stages pratiques.

L’intérêt pour la neurologie allant au-delà d’une QPP, vous êtes les bienvenus au sein de l’ABSG, que vous disposiez ou pas de cette QPP : cela vous donnera peutêtre envie de l’obtenir par la suite ! 4 coordinateurs motivés

Fanny Lacour : kinésithérapeute diplômée en neurologie adulte (UCLouvain) et assistante à la Haute École Léonard de Vinci à Bruxelles, elle enseigne l’anatomie, la neurologie et le raisonnement clinique aux futurs kinésithérapeutes. Coordinatrice de l’axe de Réadaptation en Neurologie au sein du département de la Haute École Léonard de Vinci, elle est également membre du conseil d’administration d’ABTERNA. Sophie Mas : kinésithérapeute diplômée en 2013 (ULB), elle s’est spécialisée en réadaptation neurologique adulte en 2014 (Master 2 – UCL) et a obtenu un certificat en Éducation Thérapeutique du Patient en 2018 (IPCEM). Elle travaille depuis 2014 au sein de deux services de réadaptation (hospitalier et ambulatoire) au CHR Haute Senne (Soignies) en tant que kinésithérapeute spécialisée en neurologie adulte, en plus d’exercer en pratique privée (domicile et consultations).

Gert Lambrecht : kinésithérapeute diplômé en 1991, il a travaillé à Bergen en Norvège de 1992 à 1995. Depuis 1996, il exerce à l’Hôpital Universitaire de Gand, avec des patients présentant des lésions cérébrales acquises. Coordinateur d’une équipe de 12 kinésithérapeutes au centre de réadaptation de Gand depuis 2001, il est également membre du conseil d’administration du Neuro-interessegroep depuis 2003.

Geert Verheyden : kinésithérapeute diplômé en 1997 (KU Leuven), il s’est spécialisé en revalidation neuromotrice en 1998 (KU Leuven) et a obtenu un PhD (KU Leuven) sur le sujet des déficiences du tronc après un AVC (2006). Depuis 2011, il est responsable du département de recherche en réadaptation de l’AVC et du programme interuniversitaire de Master 2 en réadaptation neurologique. Il consacre également toujours une partie de son temps à sa pratique clinique, située au sein de l’unité de réadaptation « AVC et traumatismes crâniens » à l’UZ Leuven (Campus

Pellenberg). 1 peer review bilingue

Organisé le 19 octobre de cette année, il avait pour thème « Sclérose en plaques et perspectives ». Le Dr Lamers et le Dr Valet étaient présents pour nous faire part de leur expertise en la matière. Il nous tenait à cœur d’organiser ce peer review en commun en français et en néerlandais, afin que chacun puisse discuter dans sa langue maternelle avant de conclure conjointement en anglais cette riche soirée d’échanges.

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