19 conseils pour écrire de meilleurs dialogues

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Texte original : Kristen Kieffer – She’s Novel – http://www.shesnovel.com/blog/write-better-dialogue Traduction française : CoCyclics – Janvier 2016

19 conseils pour écrire de meilleurs dialogues J’ai toujours appris en autodidacte. Il y a quelques années, je me suis décidée à devenir romancière professionnelle et j’ai foncé tête la première dans le monde de la fiction. Je savais que j’avais beaucoup à apprendre, donc j’ai profité de chaque moment de libre pour dévorer tous les livres et blogs de création (littéraire) qui me tombaient sous la main, écrivant jusqu’à ce que mes doigts se décrochent (avant de rapidement les rattacher, bien sûr), et faisant à peu près toutes les erreurs possibles. Tout dans l’écriture était une lutte quand j’ai commencé. Je n’avais pas de routine d’écriture et je n’avais pas suivi d’études en lettres. Je n’avais pas beaucoup d’expérience sur laquelle me reposer, mais cela ne m’a pas empêché de travailler à mes rêves. J’ai écrit aussi souvent que je le pouvais, progressant à force d’expérience, jusqu’au jour où j'ai fait le bilan et j’ai vu à quel point mon écriture avait progressé. Bien sûr, cela ne signifie pas que l’écriture soit devenue facile. Je travaille encore et toujours à améliorer mes talents de conteuse chaque jour. Un des éléments avec lequel je suis en constante lutte, ce sont les dialogues. Donner vie aux paroles de vos personnages n’est pas chose aisée ! Après y avoir travaillé pendant des années, je suis fière de dire que mes dialogues ont progressé à pas de géants, mais ils sont encore loin d’être parfaits. Heureusement, j’ai repéré quelques trucs et astuces qui se sont avérés précieux, et j’ai hâte de les partager avec vous. Donc, si vous voulez des conseils pour écrire de meilleurs dialogues, lisez la suite, mes amis ! Ce billet est pour vous.

Pourquoi les dialogues sont-ils si importants ? Chaque élément de votre roman joue un rôle pour la cohérence de l’histoire – afin de créer une matière qui intrigue le lecteur, fait parler du roman et le rend célèbre –, mais certains éléments jouent un rôle plus important que d’autres. Je crois fermement que des personnages forts et une intrigue palpitante devraient toujours être vos deux principales préoccupations, mais apprendre à concevoir des dialogues vient en troisième position. Les dialogues eux-mêmes peuvent jouer plusieurs rôles dans votre roman, de la révélation des relations entre les personnages, de leur passé et de leurs personnalités pour créer une tension palpable et faire progresser l’intrigue, jusqu’à la mise en place d’une ambiance qui va définir une scène entière. En fait, j’aime imaginer les dialogues comme le travail d’un machiniste (de théâtre). Lors d’une mise en scène, le seul et unique rôle du machiniste est de s’assurer que la pièce se déroule sans que l’on en détecte les rouages. Les machinistes travaillent pour organiser les accessoires et l’éclairage ; ils créent des effets sonores, s’assurant que tout fonctionne bien, pour que les acteurs puissent dépeindre une histoire dans laquelle le public pourra s’immerger complètement. C’est exactement ce que le dialogue fait pour votre roman. C'est dommage de constater que la plupart des auteurs ne pensent pas à leurs dialogues autant qu'ils le mériteraient. Même si le reste d’un roman est terne, des dialogues bien conçus peuvent sauver un récit de la catastrophe en raison du rôle qu’ils jouent pour insuffler de la vie dans les autres éléments. Nous allons donc prendre un peu de temps aujourd’hui afin de réfléchir à cet aspect Si vous êtes prêt à écrire des dialogues qui en disent long, voici 19 conseils pour en écrire de meilleures.

Parlons roman Tout le monde n’a pas le temps chaque jour de s’exercer à écrire des dialogues, même si je le recommande fortement si vous le pouvez. Mais si vous êtes trop occupé pour cela, voici mes deux meilleurs conseils pour transformer vos dialogues en un clin d’œil ! 1


Texte original : Kristen Kieffer – She’s Novel – http://www.shesnovel.com/blog/write-better-dialogue Traduction française : CoCyclics – Janvier 2016

1. Ne pas chercher le réalisme pur et dur Vous entendrez souvent que le dialogue devrait être réaliste, mais c’est exactement le contraire de ce conseil que je vais vous donner ici. Dans la vie, les conversations sont remplies de scories. Les gens balbutient, se répètent, ont du mal à se faire comprendre, parlent souvent pour ne rien dire, et grognent. Si vous avez écrit des dialogues comme ceux-là dans votre roman, votre manuscrit doit faire des milliers de pages, ce que personne ne souhaite. Au lieu de vous concentrer sur des dialogues réalistes, mieux vaut travailler à élaborer des personnages crédibles qui se révèlent à travers les mots qu’ils prononcent. Cela apportera de la vie à vos dialogues ! 2. Chaque réplique doit servir un but Tout comme les personnages et la scène doivent fonctionner ensemble pour créer une histoire forte, les dialogues doivent jouer un rôle bien précis dans votre roman. Après tout, une machine bien huilée refusera toujours de fonctionner correctement si elle regorge d’engrenages inutiles. Vous vous demandez quels buts votre dialogue peut servir ? Jetez un œil à quelques-uns des plus courants : • Révéler la caractérisation • Établir l’humeur ou le ton • Divulguer l’exposition • Créer de la tension ou du conflit • Faire avancer l’intrigue • Construire du suspense • Préparer la suite du roman • Révéler un passé, une trame de fond, l'univers du roman Si vous n’êtes pas sûr de savoir si oui ou non une ligne de dialogue sert un but, demandez-vous si elle remplit l’un des éléments énumérés ci-dessus. Si votre réponse est non, essayez d’enlever cette réplique pour voir si la scène coule toujours sans heurts. Si c’est le cas, vous saurez que vous aurez pris la bonne décision.

Enrichir le dialogue Bien que les deux conseils précédents soient peut-être ceux qui auront le plus d’impact sur les dialogues, voici plusieurs autres trucs et astuces pour apprendre à en écrire de meilleurs. 3. Le dialogue est dicté par la personnalité Vos personnages ne sont pas des clones. De la même façon que des personnes réelles ne parlent pas toutes de la même manière, ça ne devrait pas être le cas de vos personnages. Prenez le temps de découvrir les personnalités de chacun d'entre eux et utilisez ces nouveaux acquis afin de façonner la manière dont vos personnages parlent. 4. Les gens ne disent pas toujours ce qu’ils veulent dire Dans la vie, la plupart des gens ne sont pas toujours très francs. Souvent, ils ne dévoilent pas leurs

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Texte original : Kristen Kieffer – She’s Novel – http://www.shesnovel.com/blog/write-better-dialogue Traduction française : CoCyclics – Janvier 2016

opinions, ils choisissent plutôt de tourner autour du pot et d’insinuer ce qu’ils veulent vraiment exprimer. En incluant ce type de discours dans votre roman, vous évitez les dialogues bateau, trop abrupts et évidents. Ces dialogues au premier degré ennuient rapidement les lecteurs, car ils ne leur laissent pas la possibilité de lire entre les lignes. 5. Les relations entre les personnages jouent un rôle Chaque personnage entretient des relations très différentes avec les autres protagonistes. Malheureusement, de nombreux auteurs les laissent s’exprimer toujours de la même façon, quel que soit leur interlocuteur. Ne faites pas cette erreur ! Pensez à vos protagonistes lors de l’élaboration du dialogue. Qui sont les acteurs du dialogue et quel genre de relations ont-ils entre eux ? Est-ce qu’un personnage domine le dialogue (comme cela arrive naturellement dans la vie) ou est-ce que les personnages sont à sur un pied d’égalité ? 6. Faire usage de l’action et du langage corporel Les règles de l'étiquette appartiennent au passé. Les conversations ne sont plus préprogrammées et organisées dans des salons privés autour d’un thé et de muffins (bien que cette dernière partie serait agréable, non ?). La plupart des conversations ont lieu au débotté et les gens s’expriment avec leur corps. Ils rient et soupirent et gémissent pendant qu’ils discutent, ils parlent avec leurs mains et rendent leurs sentiments évidents à travers leur posture et leur regard. En tant qu’auteur, cela vous donne l’occasion idéale d’insuffler de la vie dans vos scènes et vos personnages, en faisant le plus possible appel à l’action et au langage corporel. Ne perdez pas cette occasion en sous-estimant ces éléments ! 7. S’adapter à la vie réelle La plupart du temps, les gens ne s’expriment pas en faisant de parfaites phrases bien polies. Ce ne sont pas des robots. Ils utilisent des bouts de phrases, poussent des jurons, rechignent à l’idée de faire des discours, répugnent à se trouver sous le devant de la scène et, quand cela les prend, ils donnent dans l’exagération. Parfois ils comprennent de travers ce qu’on leur dit et ils font circuler ensuite de fausses informations qu’ils prennent pour la vérité. C’est vite le bazar, et en tant qu’auteur, vous ne devez pas avoir peur de cela. Des dialogues trop rangés laisseront toujours un goût d’inachevé à vos lecteurs car ils ne sont tous simplement pas réalistes. 8. Équilibrer les acteurs Dans une salle bondée, vous ne pouvez pas entendre chaque mot prononcé par chaque personne, alors ne vous sentez pas obligés tous les inclure dans votre roman. Au lieu de cela, mieux vaut concentrer la conversation qui importe vraiment et laissez l’imagination des lecteurs faire le reste. Même si vous avez dix personnages participant à une seule conversation, vous pouvez limiter le dialogue à seulement deux ou trois personnages principaux, en laissant les autres intervenir de temps en temps. Cela évitera que les lecteurs perdent le fil du récit qu’ils essaient de suivre. 9. Des dialogues imprégnés de tension Les conversations trop apaisées sont ennuyeuses. C’est bien triste, mais c’est vrai. Vous avez besoin de

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tension dans vos dialogues pour intéresser vos lecteurs. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils doivent lancer une pique à chaque ligne, mais un désaccord, une réaction à une insulte ou un personnage blessé par un mot de trop, ce sont des moyens efficaces de tenir les lecteurs en haleine. 10. Tout ce qui ne devrait pas être exprimé dans un dialogue Il n’est pas utile d’écrire tous les mots que vos personnages prononcent. Si vraiment ils doivent dire une banalité pour que la conversation ait un sens, il y a souvent un autre moyen que de la rapporter mot à mot. Par exemple, les salutations ne sont pas très intéressantes dans une conversation, mais parfois, elles doivent être incluses. Dans ce cas, ne vous sentez pas obligés de les écrire en toutes lettres, dans des répliques. Mentionnez simplement que les personnages se saluent et passez à autre chose. Cela vous aidera à maintenir le rythme de votre roman ainsi que l’intérêt des lecteurs. 11. Se débarrasser des incises de dialogue Les incises sont utilisées pour attribuer des répliques à tel ou tel personnage (la plus courante étant « ditil/dit-elle »). Elles sont certainement utiles de temps à autre, mais les écrivains font l’erreur de les utiliser trop souvent. C’est dommage, car les incises signalent la présence de l’auteur. Vous devez essayer de de tisser une histoire si captivante que les lecteurs oublient qu’ils sont en train de lire. Plus vous rendez l’auteur visible derrière les mots (par exemple en utilisant ces incises), plus vous êtes susceptible de tirer les lecteurs hors de l’histoire. Pour éviter cela, mieux vaut remplacer autant d’incises de dialogues que possible par autre chose. Par exemple, vous pouvez dire qu’un personnage fait quelque chose, juste avant qu’il ne s’exprime. Le lecteur saura alors que c’est lui qui parle, sans que vous ayez imposé votre présence dans l’histoire. 12. « Dit-il/dit-elle » : ne pas les jeter trop vite Bien qu’il soit préférable de limiter l’usage des incises autant que possible, il y a des situations où il serait trop complexe de ne pas les utiliser. Dans ces cas-là, évitez d’attirer l’attention et faites appel à l’incise la plus courante. Cela peut aller à l'encontre de tout ce que vous avez appris à l’école [NDT, l’expression anglaise est : « said is dead »], mais il y a une raison pour cet usage dans la plupart des cas. Parlons de ce point dans le prochain conseil ! 13. Choisir des incises fortes En de rares occasions, vous devrez peut-être ponctuer une ligne de dialogue avec un verbe plus puissant que « dire ». Lorsque cela se produit, vous devez faire des choix de mots forts (ce qui est exactement ce que votre professeur essayait de faire passer quand il vous disait « dit-il/dit-elle est mort »). Par exemple, au lieu de compliquer l'incise pour expliquer que les mots ont été prononcés doucement (ex. : « dit-il doucement »), utilisez le verbe « chuchoter ». Les deux expressions signifient la même chose, mais « chuchote-t-il » est bien plus puissant. 14. Utiliser des incises réalistes Si vous choisissez une incise forte, assurez-vous de choisir des verbes qui ont un sens. Cela peut sembler évident, mais les écrivains utilisent souvent des verbes d'action au lieu de verbes « de parole » pour les incises, ce qui affaiblit l’écriture.

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Texte original : Kristen Kieffer – She’s Novel – http://www.shesnovel.com/blog/write-better-dialogue Traduction française : CoCyclics – Janvier 2016

Jetons un œil à quelques exemples de verbes d'action dans les incises : « Je ne peux pas y croire », haletait Emma. « C’est hilarant », rit Henry. À moins d’être un surhomme, vous ne pourrez probablement pas « haleter » ou « rire » des mots, pourtant c’est ce que ces phrases impliquent. Voici des exemples de manières différentes d'écrire ces lignes de dialogue : Emma eut le souffle coupé : « Je ne peux pas le croire. » Ou « Je ne peux pas y croire », dit Emma avec un soupir. « C’est hilarant ! » dit Henry en riant. Ou « C’est hilarant ! », déclara Henry en gloussant. Vous sentez la différence entre les deux ? Votre dialogue n’a pas besoin d’être tout à fait réaliste, mais vos incises doivent l’être. 15. Supprimer les redondances Une autre erreur courante consiste à inclure des verbes d’action dans une ligne de dialogue, rendant ainsi le dialogue redondant. Par exemple, « “Argh”, gémit-elle. » comporte une redondance parce que « argh » est le bruit que vous faites lorsque vous gémissez. Au lieu d’inclure les deux, il suffit d’utiliser la proposition qui décrit l’action (« gémit-elle », dans ce cas) afin de renforcer une ligne de dialogue venant juste après. 16. Éviter de citer trop de noms Il est rare que les gens citent le nom de la personne avec laquelle ils discutent. Au lieu de cela, ils s’adressent à l’autre personne par le regard, puis ils disent ce qu’ils ont à dire. Quand on appelle quelqu’un par son nom, c’est que l’on essaie de gagner son attention, de souligner sa supériorité, ou d’insister sur un point lors d’une dispute. Les auteurs font souvent l’erreur de rappeler le nom du personnage dans presque chaque ligne de dialogue. Ce n’est pas du tout réaliste ! En fait, la répétition de noms peut devenir très frustrante à lire, surtout quand la narration a déjà rappelé à qui s’adressait la réplique. 17. Mesurer les informations que vous donnez Ce n’est jamais une bonne idée de délivrer en une seule fois tout une ribambelle d’informations concernant l’univers du roman ou l'exposition. Mais parfois, lâcher une information sans préparation est tout simplement inévitable. Dans ces cas, la meilleure façon de maintenir l’intérêt des lecteurs est de glisser l’information dans une conversation entre les personnages. Lorsque vous utilisez cette technique, il est important de se rappeler que ce que vous voulez obtenir est une conversation et non un discours. Un personnage doit relayer l’information nécessaire tandis que les autres l’interrompent afin de poser des questions pertinentes ou d’en déduire des informations. Cet équilibrage permet d’éviter que ces informations non préparées soient ressenties comme telles, ce qui est toujours une bonne chose.

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18. Utiliser le dialogue pour briser la narration Une narration qui s’étend sur plusieurs pages peut devenir extrêmement fatigante à lire, même quand il s’agit d’action plutôt que d'information. Nos yeux ont besoin d’une pause afin que nos esprits restent intéressés par ce qui est lu. La solution idéale est de glisser un dialogue d'une réplique ou deux. Gardez à l’esprit que ce dialogue n’a pas à être une conversation entière. Une petite remarque suffit. Même si votre personnage est seul, vous pouvez ajouter une ligne de dialogue en le faisant se parler à luimême ou en le faisant réagir à quelque chose dont il a été témoin. 19. Lire le dialogue à voix haute Il est toujours difficile de dire si vous avez écrit un dialogue efficace (...). La meilleure façon de se rendre compte de la qualité de votre dialogue et son débit est de le lire à haute voix. Si votre dialogue ne sonne pas juste lorsqu'il est prononcé à voix haute, vous savez qu’il ne coulera pas bien non plus lorsqu'il sera lu. Si c’est le cas, prenez le temps de retravailler votre texte. Cela peut être quelque chose d’ennuyeux à faire, mais la justesse de vos dialogues aura un impact majeur sur le succès de votre roman. .................................................. Ouf ! Cela fait beaucoup de choses à méditer. Félicitations d’avoir réussi à lire ce très long article ! Comme toujours, ces règles ne sont que des lignes directrices. Bien que je recommande certainement l’intégration de ces trucs et astuces dans vos propres dialogues, n’hésitez pas à faire ce qui vous semble bon pour votre roman. Après tout, chaque roman est différent, et vous êtes le/la seul(e) à le connaître aussi bien. Connaissez-vous d’autres trucs et astuces pour créer des conversations fictives ? Peut-être avez-vous des questions sur la façon d’écrire de meilleurs dialogues ? Laissez un commentaire ci-dessous, et discutonsen !

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