Carnets septembre 2016

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SEMAINE

Les exodes conséquence des guerres actuelles

CNP jeudi

LE TEMPS PERDU de Perre Schoeller 50’ Débat avec Dominique Noguère, LDH.

20h00 C

I

N

lundi

19h30

du 21 au 27 septembre 2016

4–

É

M

A

T

H

È

Q

U

E

Soirée d’Ouverture dans le cadre du 10e anniversaire du Pôle patrimoine de Ciclic 1h20’ CES FILMS QUI

NOUS RACONTENT

14h15 1h37’ 17h45 19h45 LA 21h45

mer-sam-dim

JUSTE FIN DU MONDE de Xavier Dolan

16h00

1h34’

14h15 19h30 14h30 19h15 14h30 19h30 21h15 SAUF jeu-lun

14h15

de David Lowery

40’ sans paroles

mercredi

samedi LES NOUVELLES AVENTURES dimanche DE PAT & MAT

16h00

de Marek Benes

45’ VF

mercredi PROMENONS NOUS AVEC dimanche LES PETITS LOUPS Programme de courts métrages

1h48’ VO

SOS FANTÔMES de Paul Feig

16h15

À suivre.

1h53’ de François Ozon

WHERE TO INVADE NEXT

À suivre.

de Michael Moore À suivre.

1h59’ 1h38’

ÉTERNITÉ

CLASH

de Tran Anh Hung

À suivre.

de Mohamed Diab

À suivre.

1h57’

SOY NERO

MR OVE À suivre.

14h15 1h38’ 17h45 LE FILS DE JEAN 19h45 de Philippe Lioret 16h00 SAUF lun-mar

17h30 21h30

SAUF mercredi

de Houda Benyamina

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

LES LOIS DE L’UNIVERS de Michael Thumeier et Steve Martino

DIVINES de Houda Benyamina

de Alain Guiraudie

14h15 17h00

16h00 SAUF lun-mar

17h15

LA VOIE DE L’ATLAS de Olivier Laxe

TONI ERDMANN de Maren Ade

17h15 21h45

1h33’

MIMOSAS

17h45 21h30

1h30’

HÔTEL SINGAPURA 21h15 2h10’

de Eric Khoo

NOCTURAMA

1h30’

LOVE AND FRIENDSHIP

de Bertrand Bonello

21h30

de Whit Stillman

DERNIER TRAIN POUR BUSAN

19h15

de Yeon Sang-Ho

21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

L’ÂGE DE GLACE

RESTER VERTICAL

SAUF sam-dim

1h38’

L’ÉCONOMIE DU COUPLE

21h45

de Joachim Lafosse

1h36’

14h15 DIVINES

1h34’ VF

14h30 1h58’

de Hannes Holm

1h45’

de Steven Spielberg

mer-sam dimanche

1h40’

19h00 14h30 17h00 19h30

LE BGG

LE BON GROS GÉANT

de Kohki Hasei

2h42’

1h56’

de Rafi Pitts

19h30

17h15

17h00 21h30

1h55’ VF

BLANKA

mercredi samedi dimanche

19h45

du 31 août au 6 septembre 2016

1h15’

14h15 1h45’ 17h30 19h30 21h30

de Philippe Lioret

2h

FRANTZ

1–

14h15

14h15

LE FILS DE JEAN

de Justine Triet

16h00

mercredi

1h38’

VICTORIA

mer-sam-dim

Samedi 24 sept. 14h15

samedi PETER ET dimanche ELLIOTT LE DRAGON

À suivre.

14h15 1h55’ 17h00 CÉZANNE ET MOI 19h15 de Daniele Thompson 21h30 À suivre. 14h15 17h45 21h45

1h43’ VF

SEMAINE

19h30

1h29’

FRONTERAS

MOKA

de Mikel Rueda

de Frédéric Mermoud

21h45

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

2–

du 7 au 13 septembre 2016

TONI ERDMANN de Maren Ade

Séance Cinélangue

mercredi

1h48’

CHALA

17h00 UNE ENFANCE CUBAINE

1h15’ VF

jeu-ven lun-mar 1h38’

14h15 17h30 19h30

14h15 21h45

14h15

BRENDAN

dimanche

de Tomm Moore

14h15

Ciné-Dédicace-Goûter 1h55’ VF

LE BGG

mercredi samedi dimanche

de Steven Spielberg

17h30

LE BON GROS GÉANT

LES ENFANTS LOUPS

1h57’ VF de Mamoru Hosoda

+ 3 courts métrages

vendredi

19h30

de Benjamin Renner

LE FILS DE JEAN

MIMOSAS

de Philippe Lioret

LA VOIE DE L’ATLAS

de Houda Benyamina

de Bertrand Bonello

de Alain Guiraudie

de Mikel Rueda

après la projection de 19h30

14h30 19h30

COMME DES BÊTES 14h15 de Chris Renaud et Yarrow Cheney

DERNIER TRAIN POUR BUSAN

LOS HONGOS

17h00

17h30

44’ VF

mercredi samedi PROMENONS NOUS AVEC dimanche LES PETITS LOUPS Programme de courts métrages

16h00

2h10’

NOCTURAMA

de Oscar Ruiz Navia

14h15 1h59’ ÉTERNITÉ 17h00 de Tran Anh Hung 21h30

21h45

1h58’

mer-sam dimanche

1h43’

WHERE 14h30 2h TO INVADE NEXT 19h30 de Michael Moore

1h42’

14h30 VOIR DU PAYS de Delphine & Muriel Coulin 19h30 Mardi 13 rencontre avec Muriel Coulin

mercredi

21h30

1h36’

FRONTERAS

Séance Cinélangue

14h15 19h45

17h00 21h30

1h40’

19h45 RESTER VERTICAL

11h30 1h28’LAMB DES ÉTOILES de Dyana Gaye

1h38’

17h30

1h45’

NOCTURAMA

3e édition du BCAT Bimestriel du Cinéma Africain de Tours (court métrage)

14h15 17h00 21h30 14h15 17h45 19h45 21h45

de Olivier Laxe

2h10’

dimanche

1h53’

1h33’

DIVINES

Les Studio vous seront ouverts pour diverses visites samedi 17 septembre de 9h30 à 12h

mer-sam dimanche

1h27’ VF

Ciné brunch Ciclic/Studio

ET LE SECRET DE KELLS

de Ernesto Daranas

14h15 1h59’ ÉTERNITÉ 17h00 19h15 de Tran Anh Hung 21h30 14h15 1h53’ FRANTZ 17h00 19h15 de François Ozon 21h30

Journée européenne du Patrimoine

mercredi COMME DES BÊTES samedi de Chris Renaud et Yarrow Cheney

du 14 au 20 septembre 2016

3–

1h27’ VF

2h42’

14h15

SEMAINE

de Bertrand Bonello

1h38’

17h15 19h15 17h15

LE FILS DE JEAN

SAUF mercredi

de Philippe Lioret

21h30

FRANTZ de François Ozon

1h42’

VOIR DU PAYS

1h34’

VICTORIA

de Delphine & Muriel Coulin

17h15 21h45

de Justine Triet

1h45’

CLASH

DIVINES

de Mohamed Diab

de Houda Benyamina

19h15

1h23’

JEUNESSE de Julien Samani

21h30

de Yeon Sang-Ho

1h23’

JEUNESSE de Julien Samani

Le film imprévu www.studiocine.com

14h30 19h30

1h56’

Mr OVE de Hannes Holm

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


ISSN 0299 - 0342

FILM DU MOIS

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°348 • Septembre 2016

Victoria France – 2016 – 1h37, de Justine Triet, avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaud, Laure Calamy...

V

ictoria Spick est avocate, divorcée, mère de deux filles et constamment débordée. À un mariage, elle retrouve Vincent, son meilleur ami, et Sam, un exdealer qu’elle a défendu par le passé et qu’elle engage comme jeune homme au pair, son baby sitter venant de démissionner. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne et il ne veut personne d’autre que Victoria pour le défendre, ce qu’elle finit par accepter à contrecœur... On a découvert Justine Triet avec La Bataille de Solférino, un premier film très remarqué qui mêlait drame intime et universalité en filmant en direct les résultats des élections présidentielles du 6 mai 2012. Dans ce second film, la réalisatrice poursuit ce mélange mais cette fois sur le ton de la franche comédie. Que le personnage se nomme Spick est un joli clin d’œil, car s’il y a bien quelque chose que Victoria domine parfaitement, c’est la parole. La rhétorique n’a pas de secret pour elle qui est avocate, quant au reste... c’est là que le bât blesse. Totalement dépassée par les événements, elle

va devoir surmonter quelques épreuves. Ce très beau portrait de femme échappe à tous les clichés. S’il y a bien comédie et romance, tout ne se passe pas comme dans les autres films du même genre. Ici, c’est très nettement du côté féminin que l’on se positionne et le regard de la réalisatrice, s’il est tendre, possède aussi une acuité fine sur le rôle social que l’on s’efforce parfois de jouer, quitte à en oublier l’essentiel. Entre un ami qu’elle découvre plus complexe qu’elle n’imaginait et un baby sitter pour lequel elle ne veut pas reconnaître son attirance, Victoria perd, un temps, les pédales ; mais ce qui pourrait être un drame est une comédie, une vraie, où les situations et les dialogues pétillent, où le rythme ne faiblit pas et où les acteurs font des étincelles. Melvil Poupaud intrigue, Vincent Lacoste séduit et Virginie Efira, à la fois excentrique et quotidienne, brille de mille feux. Bref, un moment de détente qui s’adresse autant à l’esprit qu’aux zygomatiques et une façon de commencer cette rentrée cinématographique avec bonne humeur. JF

NOUVEAU : abonnement en ligne sur le site des Studio pour ceux qui ont déjà une carte à code-barres. LES CARNETS DU STUDIO – n° 348 – Septembre 2016 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

Victoria de Justine Triet

Nouveau au Studio : RÉABONNEZ-VOUS EN LIGNE Lire pages 3 et 33


S

O

M

M

A

I

R

éditorial

E

Septembre 2016 - n° 348

Édito

....................................................

3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 .......................................

5

......................................................

6

À Tours de bulles

SCF

Ciné langues

............................................ .................

6

..................................

7

Journées européennes du Patrimoine

LES FILMS DE A à Z

6

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Cafétéria des Studio En bref

................................................

16

À propos de

La Loi de la jungle

....................................

17

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

À propos de .............................

18

................................

19

Tous les chats sont gris

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

Compte-rendu

Nuit des Studio 2016 Courts lettrages

Elle

gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

.....................................................

20

EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE

Interférences

Elle/The Neon Demon/Folles de joie

..............

22

Face à face

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

The Neon Demon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

ACOR

Rencontre avec

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

O. Amamra, D. Lukumuena et M.-B. Créancier, Divines . . 27

(Membre co-fondateur)

GNCR

À propos de

Julieta

.................................................

30

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

Rencontre avec

Arthur Harari, Diamant noir

.........................

32

Réabonnez-vous ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Jeune Public

..........................................

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

34

FILM DU MOIS : VICTORIA Prix de l’APF 1998

GRILLE PROGRAMME

................

pages centrales

Du nouveau au Studio

P

armi les pays qui ont su conserver des salles de cinéma qui ne soient pas de simples réceptacles où viennent se déverser les grosses productions made in USA, la France est sans doute le seul pays qui ait conçu un système qui, grâce au CNC et à la redistribution d’une partie de l’argent des entrées, permet la survie sur tout le territoire d’un important maillage de salles non commerciales où peuvent être projetés les films tournés et produits en France mais aussi dans le monde entier. Les cinémas Studio s’intègrent dans ce système de salles art et essai et, forts de leurs 53 ans d’histoire, ont su cultiver certaines spécificités. Outre leur indépendance (les Studio ne reçoivent aucune subvention de fonctionnement), c’est l’un des très rares complexes à proposer à ses spectateurs une programmation mensuelle. Celle-ci permet aux œuvres d’avoir le temps de trouver leur public et… donne à ce public le confort assez remarquable de pouvoir programmer ses sorties sur un mois. Cette programmation mensuelle s’appuie sur les Carnets des Studio. C’est l’abonnement à cette revue qui donne droit à des tarifs préférentiels. Pour faciliter le réabonnement, les Studio ont opté, il y a deux ans, pour la mise en place de cartes à code-barres…

Depuis toujours, l’abonnement proposé coïncidait avec l’année scolaire et une limite de validité fin septembre. Cette année, nous avons choisi de proposer à nos spectateurs un abonnement de date à date, valable un an à partir de la date de souscription de celui-ci. Nous pensons que cette formule nouvelle, plus souple, devrait séduire ceux qui hésitaient à s’abonner alors que la saison était déjà avancée. Autre nouveauté : la possibilité, pour ceux qui possèdent déjà la carte, de renouveler directement leur abonnement en ligne, sur le site des Studio : www.studiocine.com, sans avoir à faire la queue (avec un léger surcoût dû aux frais de gestion de ce e-réabonnement). Mais vous pouvez également vous abonner sur votre lieu de travail, auprès de l’un des 250 correspondants des Studio. C’est la formule qui reste encore et toujours la plus économique… et, dernière nouveauté, lors-que vous vous serez réabonné auprès de votre correspondant favori, il sera désormais inutile de refaire la queue au Studio, pour valider votre abonnement, car il pourra le faire directement par internet. Excellente saison cinématographique. DP

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

Après votre réabonnement (voir page 33), merci de ne plus tenir compte de la date de fin de validité inscrite sur votre carte d’abonnement. Les CARNETS du STUDIO n°348 –septembre 2016 –

3


À partir de 3 ans

VF

VF

Six contes pleins d’humour et de surprises, pour découvrir le loup sous toutes ses facettes... De quoi chasser la peur du loup !

Encore un Spielberg pour tous ! VF

Voir page 7

JEUNE PUBLIC

JEUNE PUBLIC

Divers pays – 2016 – 44 mn, programme de courts métrages d’animation. USA/GB/Canada – 2016 – 1h57 film de Steven Spielberg, avec Mark Rylance, Ruby Barnhill et la voix de Dany Boon.

Tout public à partir de 7 ans

VF Samedi 24 sept. 14h15

USA – 2016 – 1h40, de Mike Thurmeier et Galen T. Chu.

Tout public à partir de 8 ans

VF

Tout public à partir de 6 ans

Une nouvelle aventure de Scrat l’écureuil et de ses amis, qui va conduire tout le monde dans l’espace…

Un jour Grace, fille d’un sculpteur sur bois qui aime raconter des histoires de dragons, fait la connaissance de Peter, un mystérieux petit garçon de dix ans qui vit dans les bois avec son ami Elliott… un dragon géant ! Grace veut percer le secret de cette incroyable histoire…

Tout public à partir de 5 ans

VF

USA – 2016 – 1h40, de David Lowery, avec Bryce Dallas Howard, Karl Urban, Wes Bentley, Robert Redford, Craig Hall, Oakes Fegley...

USA – 2016 – 1h27, film d’animation de Chris Renaud et Yarrow Cheney, avec les voix de François Damiens, Florence Foresti...

Un film drôle et tendre, par l’un des réalisateurs de Moi, moche et méchant et de Les Minions. Tout public à partir de 8 ans

VF

République tchèque – 2016 – 40 mn, film d’animation de Marek Benes. France/Belgique/Irlande – 2009 – 1h15, film d’animation de Tomm Moore.

Brendan, jeune moine irlandais de douze ans, devient un enlumineur de grand talent et quitte l’abbaye pour traverser une forêt enchantée, peuplée d’êtres mythiques… Dimanche 11, venez fêter la BD aux Studio en Ciné Dédicace présence de Benjamin Renner et de Thomas Priou. Goûter Voir le programme complet du Festival : www.atoursdebulles.com

Tout public à partir de 10 ans

USA – 2016 – 1h56, de Paul Feig.

Une équipe de femmes parapsychologues et physiciennes va tenter de sauver New-York envahi par des êtres paranormaux très nombreux et très menaçants...

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Trente ans après le raz-de-marée planétaire du premier film, S.O.S. Fantômes est de retour, revisité et dynamisé !

sans paroles

À partir de 3 ans

Vous êtes-vous déjà demandé ce que font nos animaux domestiques quand nous les laissons seuls à la maison ?

VF

Les deux inséparables bricoleurs ont encore beaucoup d’idées pour améliorer leur quotidien. Un brin gaffeurs mais surtout très marteaux, ils font toujours autant rire !

Journée européenne du Patrimoine aux Studio Samedi 17 septembre de 9h30 à 12h Cette matinée sera l’occasion de découvrir en famille les collections privées du Jeune Public. (voir page 5) 35


Deux séances Ciné-langues ce mois-ci ! 7 septembre – 17 h

Chala, une enfance cubaine

14 septembre – 17h Colombie – 2015 – 1h43, de Oscar Ruíz Navia, avec Jovan Alexis Marquinez, Calvin Buenaventura, Gustavo Ruiz Montoya, Atala Estrada, María Elvira Solis…

Chala c’est l’histoire d’un garçon de La Havane délaissé par une mère alcoolique, dont le seul soutien semble être celui de son institutrice restée fidèle aux idéaux d’une révolution déjà vieille. Ce portrait d’enfant pourrait être un portrait à charge contre un pays qui n’a pas tenu ses promesses est en fait bouillant d’énergie, de gouaille et d’impertinence. Le film a été primé dans de nombreux festivals.

Ras est un adolescent noir et pauvre qui vit avec sa mère. Maçon le jour, il peint chaque nuit des graffitis sur les murs de son quartier, à Cali. Son amitié avec Calvin, autre adolescent graffeur mais blanc, échappe à tous les clichés attendus. Impressionnés par des images du Printemps arabe, ils décident de mettre leur commune passion du street art au service d’un véritable engagement politique. Joué par des comédiens tous amateurs, le film déborde de couleurs et de musique. Récit initiatique à résonances universelles et représentation amoureuse de Cali, Los Hongos développe une atmosphère à la fois réaliste et fantasmatique et constitue, selon le mot même de son auteur, un « rêve documentaire ».

Inscription impérative à l’adresse suivante : monmarche@studiocine.com

Dimanche 18 septembre – 11h30 3e

édition du BCAT (Bimestriel du cinéma africain de Tours) en partenariat avec Ciclic – Ciné-brunch. – (www.psv-films.fr/b-cat)

Lamb Court métrage de Paulin Soumanou Vieyra, réalisé en 1963, présenté en compétition au Festival de Cannes en 1964.

Lamb (en Wolof) est la lutte traditionnelle sénégalaise, un sport populaire très prisée dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Des étoiles Long métrage de Dyana Gaye, réalisatrice franco-sénégalaise.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°348 – septembre 2016

Les films de A à Z www.studiocine.com

Los Hongos

Cuba, 2016 – 1h48 - de Ernesto Daranas, avec Armando Valdes Freire, Alina Rodriguez, Silvia Aguila, Yuliet Cruz, Armando Miguel Gómez…

Niveau : 3e/terminale. Projection gratuite pour les enseignants d’espagnol souhaitant amener des classes au troisième trimestre.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Entre Turin, Dakar et New York, les destins de Sophie, Abdoulaye et Thierno se croisent, se font écho et dessinent une constellation de l’exil. Sophie, 24 ans, quitte Dakar pour rejoindre son mari Abdoulaye à Turin. Mais entre-temps, Abdoulaye est déjà parti à New-York par l’intermédiaire d’un réseau de passeurs. Thierno, 19 ans, voyage lui pour la première fois en Afrique. A travers trois personnages, « Des Etoiles » nous fait voyager dans la diversité des villes parcourues et nous confronte aux réalités et aux espoirs de l'émigration contemporaine.

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE SEPTEMBRE : The View From Here de Kyle Eastwood (Studio 1-2-4-5-6) et My World de Lisa Simone (Studio 3-7)

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Peter & Elliott le dragon, samedi 24 septembre - 14h15

A L’Âge de glace

, les lois de l’univers

Voir pages Jeune Public

B

Blanka

Italie/Philippines/Japon – 2015 – 1h15, de Kohki Hasei, avec Peter Millari, Cydel Gabutero…

Blanka est une jeune orpheline de 11 ans charmante et déterminée qui survit comme elle le peut dans les rues de Manille, en mendiant ou en détroussant les touristes. Un jour, elle voit à la télé derrière une vitrine, un reportage sur une actrice qui a adopté une fillette. Désormais, Blanka cultive un rêve : épargner suffisamment d’argent afin de pouvoir « s’acheter » une maman et ainsi trouver un foyer, une école… une meilleure vie ! C'est en croisant Peter, la cinquantaine, musicien aveugle, que son existence va prendre un autre sens, avec notamment la découverte de sa propre voix à travers le chant… Primé Meilleur film aux Festivals de Venise (Mostra de Venise à la Biennale Collège cinéma) et de Calcutta 2015, Blanka est un film à découvrir ! Source : dossier de presse

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Le Bon gros géant

USA/Grande-Bretagne/Canada - 2015 - 1h44, VF de Steven Spielberg, avec Ruby Barnhill, Mark Rylance, Rebecca Hall…

Si le Bon gros géant a enlevé Sophie, ce n’est pas pour la dévorer, mais pour lui faire visiter le Pays des rêves. Quand d’autres géants bien plus grands et bien plus forts que lui, ont très envie de se gaver de chair fraîche ils décident d’aller voir la Reine d’Angleterre pour l’avertir du danger… Pour adapter le roman de Roald Dahl, S. Spielberg a retrouvé sa scénariste d’E.T., gage d’une plongée dans un univers poétique, merveilleux et plein d’émotions ! Sources : dossier de presse, 20minutes.fr

Brendan et le secret de Kells Voir pages Jeune Public

Comme des bêtes Voir pages Jeune Public

C

Cézanne et moi

France – 2016 – 1h53, de Danièle Thompson, avec Guillaume Gallienne et Guillaume Canet.

Moi, c’est Émile (Zola). Paul Cézanne et lui ont grandi à Aix et noué dés l’enfance une amitié très forte. Danièle Thomson plonge pour son premier film

Les CARNETS du STUDIO n°348 – septembre 2016 –

7


Réfléchir, échanger et avancer ensemble e CNP, politiquement à gauche, est une structure associative qui, avec l’association des cinémas Studio TEC, se veut un lieu de remise en question citoyenne, d’explication et de décryptage d’une société aux enjeux multiples : luttes des peuples en colère, dégâts du capitalisme, démocratie bafouée, instrumentalisation sécuritaire, menaces sur la liberté d’expression, la diversité culturelle, l’environnement et la santé… Il s’agit de mettre en lumière l’idéologie qui sous-tend les discours et les actes politiques, économiques, écologiques, sociaux et culturels du pouvoir.

L

Le CNP travaille avec des associations localement engagées dans la transformation de la société, ouvre la réflexion collective autour de tous ces enjeux et suscite la confrontation des points de vue. Tous, CNP, associations partenaires et public participant aux séances du jeudi soir, nous continuons à nous interroger sur les alternatives possibles et les engagements permettant d’avancer vers un monde plus juste, plus solidaire et résistant à toute forme d’oppression.

Vendredi 9 septembre – 19h30 Soirée d’ouverture du festival de BD A Tours de bulles1 : Carte blanche à Benjamin Renner

Dimanche 11 septembre – 14h15 jeudi 22 septembre - 20h00 Convergence Services Publics 37, RESF, Chrétiens Migrants, la Cimade et le CNP proposent :

LES EXODES, CONSÉQUENCES DES GUERRES ACTUELLES Cent maux pour parler des migrants, immigrés, exilés ceux qui affrontent les mers, les déserts, les clôtures de barbelés, emmenant avec eux seulement leurs détresses misérables. Ils fuient les haines, les violences, les barbares de leurs pays bombardés, détruits par des décisions qui les dépassent. Ces pays dans des frontières dessinées par les occidentaux sans avoir tenu compte des ethnies, des religions, des langues, de l’Histoire, s’affrontent avec des soutiens variés mais armés par les Américains, Russes, Anglais, Français… Ces peuples sont des victimes, sachons les accueillir. À quand le retour à la paix ? Soyons attentifs, solidaires, HUMAINS ! Film : Le Temps perdu de Pierre Schoeller (2014 – France – 50’), suivi d’un débat avec Dominique Noguère, avocate et responsable nationale de la LDH (Ligue des Droits de l’Homme).

Ciné/Dédicace/Goûter du Jeune Public

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élèbre co-réalisateur d’Ernest et Célestine (avec Vincent Patar et Stéphane Aubier) et animateur des petites bêtes victimes des facéties de Sophie dans le dernier film de Christophe Honoré Les Malheurs de Sophie, Benjamin Renner a reçu en 2015 la Tour d’Ivoire2 pour son album Le Grand méchant renard. Invité d’honneur du festival de BD tourangeau édition 2016, les Studio se font un plaisir de l’accueillir pour lui offrir cette soirée Carte blanche !

En première partie, Benjamin Renner nous propose de découvrir trois de ses courts métrages et en exclusivité le teaser de la série animée du Grand méchant renard en cours de réalisation... Les Enfants loups de Mamoru Hosoda viendra compléter ce «me sous le signe du bestiaire. À l’issue de la soirée un pot convivial sera proposé par l’équipe du festival A Tours de bulles. Tarif unique : 5€

jeudi 29 septembre - 20h00 Merci aux 40 partenaires qui ont travaillé avec nous en 2015/2016, aux intervenant(e)s et aux 2 316 participant(e)s à nos 27 soirées.

LES JEUDIS DU CNP • À 20h (parfois plus tôt) : un film documentaire, parfois une fiction, suivi d’un débat entre le public, les associations et les intervenant(e)s invité(e)s. • Les séances sont ouvertes à toutes et à tous Caisse du CNP à l’entrée de la salle Participation aux frais : 4,50 € ou 3,50 € (pour les abonné(e)s aux Carnets du Studio) uniquement en espèces ou chèques. • Vous pouvez joindre le CNP le lundi entre 19 h et 21 h (hors vacances scolaires) : 02 47 20 27 00 ou à contact@lecnpstudio.org

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La Sepant, Les Amis des abeilles et le CNP proposent :

LES ABEILLES EN DANGER ET NOUS On dit que le silence est d’or, mais celui-ci devient inquiétant… Déjà en 1962 la biologiste Rachel Carson publiait Le Printemps silencieux. Elle y dénonçait l’utilisation non contrôlée des pesticides entraînant une mortalité chez les animaux, en particulier les insectes, mais aussi chez les humains. En 2016 où en sommes-nous ? Lorsque les abeilles ne bourdonneront plus, notre fin sera-t-elle proche ? À l’issue de la projection du film Tout devient silencieux d’Amandine Marty, Corneliu Dragomirescu et Simon Jourdan (2016 – France – 52’), la Sepant qui fête son jubilé et Les amis des abeilles vous invitent à débattre de la défense de la biodiversité, un maillon fort de notre survie, en présence de Simon Jourdan, un des réalisateurs du film et de Franck Aletru, apiculteur professionnel.

1 Du 9 au 11 septembre 2016. Programme détaillé du festival à l’accueil des Studio et mis à jour sur http://www.atoursdebulles.com/ 2 La Tour d’ivoire est le prix décerné par le jury du festival à un jeune auteur de BD pour son album paru dans l’année précédant le festival.

La Queue de la souris France – 2007 – 4’12 de Benjamin Renner

Le Plus gros président du monde France – 2006 – 1’17 de Benjamin Renner

Le Corbeau voulant imiter l’aigle France – 2006 – 1’23 de Benjamin Renner

Les Enfants loups Japon – 2012 – 1h57 de Mamoru Hosoda

L’histoire de deux enfants nés d’une mère humaine et d’un père dernier des hommes loups... Après La Traversée du temps et Summer Wars, Mamoru Hosoda nous offre un magnifique récit nourri de tradition animiste et d’une infinie délicatesse. Et aussi aux Studio : Séance Jeune Public : ciné/dédicace/goûter dimanche 11 septembre à 14h15 en présence de Benjamin Renner puis de l’auteur Thomas Priou (voir page 34). Exposition dans le hall de croquis de recherche des courts métrages de Benjamin Renner.

Samedi 17 septembre – de 9h30 à 12h Journée européenne du Patrimoine Les Studio vous accueillent pour découvrir l’envers du décor... (durée de la visite : 1 heure environ) • Visite d’une cabine de projection • Les trésors de la Bibliothèque • Ateliers jouets optiques pour le jeune public • 53 ans d’histoire des Studio en mots et en images.. • Projection privée de courts métrages en salle.... Les CARNETS du STUDIO n°348 – septembre 2016 –

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en costume en tant que réalisatrice dans le milieu littéraire et artistique de la fin du XIXème. C’est l’histoire d’une relation longue, intense et tumultueuse qu’elle nous raconte. « Quand on pense à eux aujourd’hui, on les imagine vieux et barbus. J’ai eu envie de les montrer entre 20 et 25 ans quand ils se battaient pour gagner trois sous et exister ». Au fil des ans, Zola, l’homme de gauche, libertaire, connaît la renommée, devient riche et s’embourgeoise alors que Cézanne tardera à être reconnu. S’ils se sont nourris mutuellement, la brouille deviendra fatale après la publication de L’Œuvre, dont le personnage de peintre raté aurait été inspiré par Cézanne. Avec Gallienne et Canet pour interpréter les deux grands hommes, le film s’annonce prometteur… Filmographie récente : Fauteuils d’orchestre (2006), Le code a changé (2009), Des gens qui s’embrassent (2013) Sources : dossier de presse.

Clash

Égypte – 2016 – de Mohammed Diab, avec Nelly Karim, Hani Adel, El Sebaii Mohamed...

Dans les jours qui accompagnent la chute du président Morsi, nombreux sont les fourgons de police qui sillonnent la ville, bien pleins de manifestants fraîchement arrêtés ; et c’est justement à l’intérieur de ces paniers à salade que M. Diab a retenu ses acteurs pour la durée du film... « Huis clos », avez-vous dit ? Assurément ; et huisclos 100% justifié puisque, précisé-

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ment, personne ne peut en sortir alors que, à l’extérieur, Le Caire bruisse des clameurs d’une révolte non-contenue. Et que les personnes arrêtées ne sont pas forcément précisément du même bord politique... Après le remarquable Les Femmes du bus 678, M. Diab continue de vouloir regarder son pays avec une caméra tranchante.

15 ans, vit dans un camp de Roms. Elle a soif de pouvoir et de réussite. Elle décide que, dans sa vie, tout sera possible. Elle quitte le lycée et s’émancipe de sa famille. En duo avec son inséparable amie Maimouna, la fille de l’imam du quartier, elle choisit d’intégrer la bande grandede Rebecca, une dealeuse respectée. Houda Benyamina est une réalisatrice talentueuse et engagée pour qui faire des films est un moyen de transformer sa colère en point de vue. Ce film coup de poing sur les quartiers, l’amitié, la soif de réussite, a reçu la Caméra d’or et le Prix SACD au festival de Cannes 2016. Une très belle découverte ! MS

Sources : lemonde.fr, variety.com

Dernier train pour Busan Corée du sud – 2016 – 1h57, de Sang-Ho Yeon, avec Gong Yoo, Dong-Seok Ma...

Le monde est décimé par un virus zombie, et les contrôles dans les transports en commun sont drastiques. Mais, à l’intérieur du Dernier train pour Busan, l’accalmie va être brève car personne ne se doute qu’une passagère infectée a échappé à la vigilance des contrôleurs... Maîtrise formelle et technique au service du plaisir, Dernier train pour Busan est un film très efficace qui joue avec les codes du film de genre tout en offrant son lot de surprises et d’émotions fortes. Le film est plein de trouvailles et, derrière les apparences, le réalisateur parvient à insuffler une vison iconoclaste de la famille, tout en décrivant des personnages froids et individualistes issus des milieux bancaires... Sources : Positif 665/666

Divines

France – 2016 – 1h45, de Houda Benyamina, avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda...

Dans un quartier populaire se côtoient trafics divers et religion. Dounia,

D E

L’Économie du couple Belgique/France – 2015 – 1h38, de Joachim Lafosse, avec Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Marthe Keller...

Marie et Boris ont rompu mais cohabitent encore, s’occupant alternativement de leurs deux petites filles. Cette situation inconfortable découle du manque de ressources de Boris. L’appartement dans lequel ils vivent est au nom de Marie. Pierre d’achoppement dans cette séparation : le montant réclamé par Boris et que Marie lui refuse... Ce huis clos est porté par l’immense talent de Bérénice Béjo et Cédric Kahn, qui livrent ici une partition très juste et toute en nuances. Sources : dossier de presse.

Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

Éternité

France/Belgique – 2015 – 1h59, de Tr n Anh Hùng, avec Bérénice Bejo, Mélanie Laurent, Audrey Tautou…

En cette fin du XIXe siècle, Valentine épouse Jules. Quand s’achève le siècle suivant, son arrière-petite-fille s’apprête à faire une rencontre déterminante… En adaptant la fresque romanesque d’Alice Ferney, L’Élégance des veuves, le réalisateur de L’Odeur de la papaye verte dresse le portrait de différentes femmes d’une même famille sur plusieurs générations et interroge sur les notions de transmission, de déterminisme et des contraintes imposées aux femmes au cours du temps. Sources : commeaucinema.com, site-vietnam.fr, ecrannoir.fr

Le Fils de Jean

France – 2015 – 1h38, de Philippe Lioret, avec Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand…

F

Mathieu, 35 ans, ignorait tout de l’identité de son père, jusqu’à un appel téléphonique, un matin, lui apprenant que celui-ci, canadien, venait de mourir. En découvrant qu’il avait deux frères, Mathieu se rend à l’enterrement afin de faire leur rencontre. Mais une fois à Montréal, personne ne connaissait son existence, ni ne souhaite la connaître. Mathieu se retrouve seul en milieu hostile. Avec l’inspiration du roman Si ce livre pouvait me rapprocher de toi de JeanPaul Dubois – dont Le Fils de Jean n’est pas pour autant l’adaptation – Philippe Lioret, après Welcome (2009) et Toutes nos envies (2010), souhaitait réaliser un film solaire. On retrouve des motsclefs présents dans le livre : père,

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découverte, frère, Canada… Un film de P. Lioret ouvre souvent sur une découverte humaine passionnante ! Source : dossier de presse.

Frantz

France/Allemagne – 2015 – 1h53, de François Ozon, avec Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner…

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, dans une petite ville allemande, Anna va quotidiennement se recueillir sur la tombe de son fiancé, mort au front. Sa surprise est grande quand, un jour, elle voit un jeune homme inconnu fleurir la sépulture de Frantz. Adrien se présente comme un ami français du disparu. Entre les deux endeuillés vont naître des sentiments, ambivalents. D’autant qu’un certain nombre de questions se posent à Anna au sujet de la véritable nature des liens entretenus par les deux hommes, mais aussi quant aux raisons du sentiment de culpabilité qui ronge Adrien. Et d’autant que le climat de cette petite ville, asphyxiée par la rancœur de la défaite, ne peut qu’être hostile à un tel rapprochement… Pour son seizième longmétrage, le toujours surprenant Fançois Ozon s’interroge à nouveau sur le thème de la disparition (cf : Sous le sable, Huit femmes, Swimming Pool, Une nouvelle amie…), et brosse, en un sublime noir et blanc, les figures de deux êtres emportés par des bouleversements à la fois intimes et historiques ! Sources : dossier de presse, lesinrocks.com, huffingtonpost.fr

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et de désir. Hotel Singapura a été décrit comme le premier film érotique de Singapour. Objet singulier à découvrir !

Fronteras Espagne – 2014 – 1h28, de Mikel Rueda, avec Germán Alcarazu, Adil Koukouh, Joseba Ugalde...

Rafa et Ibrahim sont tous les deux ados et vivent tous deux en Espagne ; Rafa mène une vie bien normale d’adolescent et Ibrahim aimerait bien en faire autant. Sauf que l’époque n’est guère propice aux immigrés marocains illégaux. Les deux aiment bien faire la fête et se rencontrent, un soir, dans une boîte. L’adolescent insouciant qu’était Rafa va se trouver bouleversé par cette rencontre et mettre toute son énergie à aider son tout nouvel ami. Salué pour son habileté à mélanger des thèmes différents, Fronteras s’annonce comme un film à la fois sensible et tonique.

Sources : dossier de presse.

J

Sources : dossier de presse

Hôtel Singapura

Singapour, Hong Kong – 2015 – 1h30, de Erik Khoo, avec Josie Ho, George Young, ChoiWoo-Shik...

Le film relate, de 1942 jusqu’aux années 90, l’histoire de six couples japonais, britanniques et chinois installés dans la suite n°27 de l’hôtel Singapura. C’est le premier jour d’Imrah comme femme de chambre et elle y travaillera jusqu’à son dernier jour... Que se passe-t-il derrière les portes des chambres ? Les adieux poignants de deux hommes, un Anglais et un Singapourien... Les rendez-vous passionnés d’un singapourien célibataire et d’une Japonaise mariée... Quels secrets des occupants renferment-elles ? On sait seulement qu’il y est question de sexe, d’amour

H

Jeunesse

France – 2015 - 1h23, de Julien Samani, avec K. Azaïs, J-F. Stévenin, S. Guesmi...

Adaptation d'un récit de J. Conrad, Jeunesse nous emmène suivre Zico, un tout jeune homme qui, pour voir du monde, embarque sur un cargo où, de conflits humains en avaries, l'aventure recherchée va prendre un tour différent de ce que Zico attendait. Comme Conrad, J. Samani s'applique à brouiller les repères, à donner à son film un caractère onirique, pour que le spectateur aussi se perde et ne fasse pas que suivre un film d'aventures ou un survival movie de plus. Avec, en prime, un casting royal fait d'un « petit jeune qui monte » (K. Azaïs), d'un acteur chevronné et toujours fascinant (Stévenin) et d'un troisième entre les deux âges, hélas très sousemployé par le cinéma français (Guesmi). Sources : dossier de presse

Juste la fin du monde

Canada/France – 2016 – 1h37, de Xavier Dolan, avec Nathalie Baye, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Gaspard Ulliel…

Après douze ans d’absence Louis, jeune écrivain, va retrouver dans son village natal sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine. Il y a là Martine, la mère, sa sœur Suzanne, son frère Antoine avec sa femme Catherine. Les retrouvailles avec l’enfant prodigue

faites de discussions sont pimentées des éternelles querelles signes de rancœurs enfouies, derrière lesquelles sourdent pourtant des sentiments d’amour que des regards complices notamment viennent trahir. En adaptant la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, Xavier Dolan vient à nouveau capter nos regards sensibles avec ce 6e film. Le jeune réalisateur de Mommy (2014) a délibérément voulu conserver la langue du dramaturge « sans compromis », avec ses hésitations et ses maladresses, tandis que des gros plans sur les visages tentent de révéler l’indicible. L’œuvre, intense et forte, a reçu à Cannes, le Grand prix du jury et le Prix du jury œcuménique. Sources : dossier de presse, lesinrocks.com, lemonde.fr.

Love And Friendship

Irlande/France/Pays-Bas – 2015 – 1h32, de Whit Stilman, avec Kate Beckinsale, Chloë Sevigny, Xavier Samuel, Stephen Fry…

L

Angleterre, fin du 18e siècle. L’arrivée annoncée de Lady Susan Vernon dans sa famille préoccupe les esprits. En effet, cette ravissante veuve est devancée par sa réputation de séductrice. Confrontée à d’importantes difficultés financières et devant pourvoir à l’éducation de Frederica, sa fille adolescente, Lady Susan Vernon se met en quête d’un riche époux aristocrate. Soutenue dans ses manigances par Alicia, son amie fidèle, c’est une femme intelligente, déterminée et sans vergogne qui croise d’abord le jeune et charmant Reginald DeCourcy…

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Le réalisateur de Metropolitan (1990) et de Little Green Men (2008) a choisi de réaliser avec Love and Friendship une adaptation libre du roman Lady Susan de Jane Austen. Il en advient une intrigue aristocratique ne manquant pas d’humour. RS

M Mimosas,

la voie de l’Atlas

Espagne – 2016 – 1h36, d’Oliver Laxe, avec Ahmed Hammoudi, Shakib Ben Omar, Aagli Said…

À travers le Haut Atlas marocain, une caravane accompagne un cheikh à l’agonie, qui souhaite être enterré près des siens. Mais la mort n’attend pas… et les caravaniers, craignant la montagne, refusent de transporter le corps. Alors Saïd et Ahmed, deux hommes un brin voyous, se promettent d’emmener le défunt jusqu’à sa terre natale. Mais où est le chemin ? Shakib, divinement missionné, rejoint les deux cavaliers afin de les aider. Le voyage va se révéler autant géographique que mystique… À Cannes, le Grand prix de la Semaine de la critique – qui consacre les nouveaux talents – vient d’être décerné à ce « western mystique » (Libération) aux allures de « film d’aventure mysticopunk » (Positif) dont la grande beauté a aussi été saluée ! Sources : dossier de presse

Moka

France/Suisse – 2015 – 1h30, de Frédéric Mermoud, avec Emmanuelle Devos, Nathalie Baye, Diane Rouxel…

Hospitalisée pour une cure de repos, Diane s’échappe de la clinique avec quelques affaires et une arme. Son objectif : retrouver, coûte que coûte, le

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chauffard qui a renversé son fils. Ses seuls indices : la couleur, moka, et une partie de la plaque d’immatriculation du véhicule, une Mercedes… Ce second long-métrage, adaptation du roman éponyme de Tatiana de Rosnay, Frédéric Mermoud (Complices) l’a voulu comme un manifeste du talent de sa muse, Emmanuelle Devos, mais aussi comme un hommage à ses maîtres, Hitchcock et Polanski !

eux convergent vers différents endroits, Ils semblent mus par une forte détermination. Et pour cause : ils sont décidés à faire sauter des lieux symboliques du pouvoir... La non-programmation de ce film à Cannes a causé polémique : dans l’unanimisme de l’après-Charlie, il aurait été mal vu de fissurer la cohésion nationale... Il faudra donc aller voir ce Nocturama pour juger sur pièces de quoi est capable ce cinéaste qui est probablement l’un des plus inventifs du moment (L’Apollonide, Saint Laurent, De la Guerre, Le Pornographe), un cinéaste qui sait distiller le trouble comme peu d’autres.

Sources : dossier de presse, senscritique.com, ledauphine.com

Mr. Ove

Suède – 2015 – 1h56, de Hannes Holm, avec Rolf Lassgard, Filip Berg, Anna-Lena Bergelin...

À cinquante-neuf ans, Ove se sent vieux. Grincheux et dépressif, il n’attend plus qu’une seule chose de la vie : la mort ! Depuis le décès de sa femme et son licenciement, sa vie n’a plus aucun sens... au point de décider d’en finir. Tout le voisinage souffre de sa mauvaise humeur. Mais entre la corde qui cède alors qu’il s’apprête à se pendre et un chat de gouttière impertinent, ce n’est pas si simple. Sans compter que ses nouveaux voisins (une jeune Iranienne, son mari et leurs deux charmants enfants) le dérangent en permanence et interrompent chacune de ses tentatives de suicide. Bref, Ove n’est pas près d’accéder au repos éternel...

Nocturama

La nuit, dans Paris, des groupes de jeunes apparemment sans lien entre

S.O.S. Fantômes Voir pages Jeune Public

S

Sources : dossier de presse.

Les Nouvelles aventures de Pat & Mat

P

Peter & Elliott le dragon Promenons-nous avec les petits loups Voir pages Jeune Public

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Sources : dossier de presse.

France – 2016 – 2h10, de Bertrand Bonello, avec Vincent Rottiers, Finnegan Oldfield, Hamza Meziani...

quand l’enfant paraît, Marie ne tarde pas à prendre la poudre d’escampette... Alain Guiraudie n’a jamais aimé la norme et il le prouve une fois de plus ici. Cette balade entre Lozère et Bretagne étonne, surprend et séduit. De plus, il ose quelques scènes assez insensées. Et notamment une, superbe, où sexe et mort fusionnent. Bref un film qui renvoie à une question essentielle : comment tenir debout, la tête haute, en vie ? Comment Rester vertical ? (et toutes les interprétations sont admises). JF

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Rester vertical

France – 2016 – 1h40, de Alain Guiraudie, avec Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry...

Nouveau film d’Alain Guiraudie après L’Inconnu du lac, Rester Vertical mêle conte, introspection, érotisme, gags, questions sociales et imagination débridée. Son personnage principal, Léo, est scénariste et parti à la recherche de loups sur le plateau du Causse de Lozère. Il y rencontre Marie, une bergère. Très vite, ils ont un enfant, mais

Soy Nero

France/Allemagne/Mexique, 2h01, de Rafi Pitts, avec Rory Cochrane, Johnny Ortiz, Khleo Thomas, Aml Ameen...

Nero est un Mexicain expulsé des USA qui veut à tout prix y revenir et obtenir une carte de travail puis la nationalité... Comme il n’est pas rancunier, il comprend vite que la seule solution qui lui est offerte est... d’intégrer l’armée américaine ! Et de partir vers le Moyen Orient, dans les zones de combat... Le dream act prévoit même que cette naturalisation est encore accélérée si le candidat meurt au combat... Persona non grata dans son pays d’origine, R. Pitts (qui nous avait donné le redoutable The Hunter en 2010) est lui aussi un multi-déraciné et il nous livre ici un film qui s’annonce passionnant, à des kilomètres aussi bien des films de

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guerre standardisés que des films bien pensants sur les immigrés en quête de green card... Un film bourré d’ironie.

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Toni Erdman

Allemagne – 2016 – 2h42, de Maren Ade, avec Peter Simonischek, Sandra Hüller...

À l’occasion d’une fête de famille, Winfried, sexagénaire et amateur de farces pas toujours légères, revoit Inès, sa fille qui travaille en Roumanie et est spécialisée dans la restructuration d’entreprises (entendez : licenciements brutaux). C’est peu dire que leurs relations sont froides et distantes. De retour à Bucarest, Inès voit un jour débarquer son père, affublé d’un déguisement assez ridicule et d’un nouveau nom, Toni Erdmann... Cette émouvante histoire d’un père tentant de reconquérir sa fille est une énorme surprise : 2h42 où l’on ne s’ennuie pas un instant et où, surtout, on rit très franchement. On avait remarqué la réalisatrice avec son précédent film, Anything else, mais rien ne laissait présager cet ouragan porté par deux acteurs vraiment sensationnels. Toni Erdmann est un film incroyable qui ne ressemble pas à beaucoup d’autres. Il contient quelques scènes épiques que l’on n’est pas prêt d’oublier et, répétons-le, il est aussi émouvant que drôle. JF

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Victoria Film du mois, voir au dos du carnet.

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Voir du pays

France – 2016 – 1h42, de Delphine et Muriel Coulin, avec Soko, Ariane Labed, Ginger Roman, Karim Leklou…

Aurore et Marine, originaires de Lorient, sont deux jeunes militaires qui se connaissent depuis l’enfance. Avec leur section revenant d’Afghanistan, elles se retrouvent trois jours durant à Chypre pour un sas de décompression. Installées dans un hôtel cinq étoiles qui contraste avec ses touristes insouciants, elles suivent la procédure militaire visant à les libérer du stress de la guerre avec, notamment, des séances collectives d’évocation d’épisodes violents appuyée d’outils vidéos. Dans la section, les tensions sont palpables, les liens mis à l’épreuve, … Comment peuton vivre et se projeter après un tel traumatisme ? Voir du Pays, d’après le livre éponyme de Delphine Coulin, a été présenté au Festival de Cannes en Sélection officielle d’Un Certain Regard, où il a reçu le Prix du meilleur scénario. À noter que ces réalisatrices talentueuses s’étaient déjà fait remarquer par leur précédent long-métrage, 17 Filles (2011), primé à Deauville et plusieurs courts-métrages ! RS Mardi 13 septembre, rencontre avec Muriel Coulin après la séance de 19h30

W

Where To Invade Next USA – 2015 – 2h00, de et avec Michael Moore.

Six ans que le trublion du documentaire n’avait plus fait parler de lui, de sa capacité à moquer le système américain, et de son recours à des moyens parfois discutables pour en dénoncer les travers. Le voici donc de retour avec l’envie, cette fois, de montrer à ses congénères et à ceux qui décident pour eux, que dans le reste du monde il existe des méthodes qui, ayant fait leurs preuves dans moult domaines, pourraient être sources d’inspiration pour les États-Unis : système éducatif, système carcéral, soins de santé,

congés payés… rien n’échappe ou presque à la moulinette moorienne, fonctionnant à l’entêtement, l’humour et, de temps à autre, à la simplification et à la roublardise ! Pour opérer sa démonstration, M. Moore a rencontré, entre autres, des professeurs, des ministres, des chefs d’entreprise, en Italie, en France, en Allemagne, en Finlande, notamment. Attachez vos ceintures, car le voyage sera forcément agité ! Filmographie sélective : Roger et moi (1989), Bowling for Columbine (2002), Fahrenheit 9/11 (2004), Capitalism : A Love Story (2009) Sources : dossier de presse, lalibre.be

m e.co ocin i d u st

Lundi 26 septembre – 19h30 Soirée d’ouverture Dans le cadre du dixième anniversaire du pôle patrimoine de Ciclic

Ces films qui nous racontent 2016 – Noir et blanc – 1h20

Ce film de montage, fait à partir d’images d’archives récoltées par le pôle patrimoine

en région Centre-Val-de-Loire depuis dix ans, offre un voyage dans l’histoire de notre région, de 1925 à 1968. Films de famille tournés à Ballan-Miré, baignade dans le Cher, fête de la jeunesse en 1936, Grande semaine de Tours en 59, manifestations de mai 68… autant de moments marquants d’une histoire collective présentés dans un film plein d’humour. Tarif unique : 3 €

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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À propos de La Loi de la jungle

Ici… ` BON VIN ! Dans le douzième long métrage de Cédric Klapisch, il sera question de terroir. Pour cette histoire d’héritage d’un domaine viticole, le réalisateur de L’Auberge espagnole a opté pour la Bourgogne : « le modèle bourguignon étant plus familial et artisanal que le bordelais ». Pio Marmaï, Ana Girardot et François Civil constitueront une fratrie devant gérer la succession de leur vigneron de père et le maintien ou pas du patrimoine dans la famille. ` HUMOUR TOUJOURS ! Happy End, tel est le titre du prochain long-métrage de Michael Haneke ; connaissant le peu de goût du réalisateur autrichien pour l’optimisme, ne s’agirait-il point d’ironie ? D’autant qu’il sera question d’une famille bourgeoise coupée du monde, dans le Nord de la France (choix géographique qui est, la plupart du temps au cinéma, synonyme de joie de vivre, c’est bien connu…) et du drame des migrants. Thèmes peu propices à la galéjade, donc ! Quoi qu’il en soit, il retrouvera à cette occasion deux de ses comédiens habituels : Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintignant.

et ailleurs… ` AMITIÉS PARTICULIÈRES Doubles retrouvailles pour Judi Dench : d’une part avec son réalisateur de Madame Henderson présente et de Philomena, Stefen Frears ; et d’autre part avec la figure de la reine Victoria qu’elle a déjà interprétée pour John Madden, dans La Dame de Windsor ! Dans Victoria et Abdul, il sera plus particulièrement question de l’amitié, réelle, profonde et scandaleuse, entre la souveraine et son secrétaire indien, Mohammed Abdul Karim. ` Ovidé Volontaire Novateur et Intelligent Shaun le mouton est sans aucun doute l’ovin le plus rentable au monde avec cent millions de recettes. Il va donc faire au moins un petit : une suite aussi délirante que l’original, déclare son producteur, Peter Lord ! ` RÉALISATEUR VOYAGEUR Après la France pour Le Passé, c’est en Espagne que le doublement récompensé pour Le Client lors du dernier festival de Cannes, Asghar Farhadi, va tourner son prochain long-métrage. Pedro Almodovar avec sa société El Deseo participera à la production du film, tandis que Penélope Cruz et Javier Bardem en seront les interprètes. Il s’agira d’un thriller psychologique sur fond d’exploitation viticole : un passeport pour de nouvelles récompenses internationales ? IG

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À

la question rituelle, peut-on rire de tout ? on répond toujours rituellement, oui, mais pas avec n’importe qui… alors qu’on ne se pose jamais la question quand il s’agit de larmes, comme si, bouleversés par un événement dramatique, on était capable de pleurer avec n’importe qui, emportés par l’émotion, par le besoin d’effusion et de consolation. Rire donc, mais pas avec n’importe qui : ça tombe bien, j’aime beaucoup Vincent Macaigne (découvert avec 2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder, puis Les Deux amis de Louis Garrel, Des nouvelles de la planète Mars de Dominik Moll, redécouvert dans Les Innocentes d’Anne Fontaine) et Vimala Pons (découverte dans Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador, rayonnante dans Comme un avion de Bruno Podalydès, Je suis à vous tout de suite de Baya Kasmi, Marie et les naufragés de Sébastien Betbeder). Je me faisais donc un plaisir de les retrouver tous les deux dans La Loi de la jungle d’Antonin Peretjatko, la loufoquerie un peu hystérique de l’un et le charme un peu lunaire de l’autre. D’autant que la Guyane est un territoire à peu près vierge pour le cinéma. D’autant que le film, après une calamiteuse fanfare, commence par une très belle scène où une monumentale Marianne nue survole la forêt vierge, écho du Christ de La Dolce Vita de Fellini (mais qui m’a fait penser aussi au Lénine déboulonné dérivant dans Le Regard d’Ulysse d’Angelopoulos), avant de s’échouer mollement n’importe où, au milieu de la jungle. Attaque en règle et par l’absurde contre la bureaucratie régnante, l’arrogance bureaucratique, le délire normatif, la précarité imposée à toute une génération, la folie de projets économiques hors sol… comment ne pas applaudir aux propos insolents de l’auteur ?

Hélas, comment le dire autrement ? Les scènes ne m’ont malheureusement pas fait rire. Je sais bien que l’outrance des rôles est volontaire, mais j’ai trouvé que le duo d’acteurs, Marc Châtaigne et sa rocambolesque chauffeuse, mais aussi Mathieu Amalric et Jean-Luc Bideau en préfet et ministre grotesques… jouaient très mal. J’ai eu le même problème avec les acteurs de Ma Loute : marionnettes grimaçantes que j’ai trouvées insupportables… (mais je m’y attendais car je détestais le Bruno Dumont dramatique et il est assez logique que je ne supporte pas plus l’aussi grande misanthropie dans laquel baigne son humour glauque). Bref, je ne me suis ni roulé de rire dans la jungle guyanaise, ni sur les bords grand-guignolesques de la mer du Ch’Nord. Et les collages musicaux de Peretjatko m’ont hérissé les oreilles : je ne savais pas, référence oblige, que c’était un clin d’œil au « Godard déconneur et vigoureux des sixties » ! On parle souvent de films ratés mais, en l’occurrence, c’est peut-être moi qui ai raté le film… comme on rate un rendez-vous ou une correspondance. Pour rire, il faut être deux, et c’est sans doute moi qui, ces derniers temps, suis hermétique au burlesque, à la dérision, à l’humour… Jacques Morice concluait son article sur La Loi de la jungle paru dans Télérama par : « Bref, si vous n’aimez pas, on vous renvoie au bagne ! » Condamné aux films qui ne font pas rire. Aux films qui émeuvent et où il est doux de purger sa peine dans une douleur partagée, dans un nœud de sentiments contradictoires, d’amour, de haine et de culpabilité, comme dans le magnifique Julieta du grand Almodovar dont j’ai aimé la revigorante tristesse. DP

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À propos de Tous les chats sont gris

Compte rendu Nuit du cinéma 2016

Record battu ! L

Les deux font le père l s’appelle Paul, a la cinquantaine vaguement bedonnante, une déco intérieure discutable, ne roule pas sur l’or mais dans une vieille BM, et manque furieusement d’assurance ; bref, il ne paie pas de mine et ne ressemble guère à ce qu’il est censé être : un détective privé. Elle s’appelle Dorothy, a 15 ans, des parents friqués et un peu coincés, des grands-parents encore plus friqués et encore plus coincés : avec sa copine Claire, elles picolent en douce (un peu, pas trop quand même), font des bêtises adolescentes sans trop de conviction... Très vite, nous comprenons que Paul est le père biologique de Dorothy : il la suit, entre vite en contact avec elle (détective maladroit, il se fait repérer) et, suite à une manœuvre de Claire, se retrouve en quelque sorte chargé de découvrir... le père biologique de Dorothy... Cela, c’est le point de départ de Tous les chats sont gris, idée assez amusante, traitée de manière non pesante (les clichés ne sont jamais appuyés, qu’il s’agisse du détective à la ramasse ou de la gamine bourgeoise à la dérive : ils ne le sont jamais vraiment dans l’excès). Le film prend assez tôt une tournure plus intéressante, puisque Dorothy, faisant un vrai travail de détective (elle !) comprend rapidement que Paul est son père... Mais là où le récit devient soudain plus intéressant, c’est lorsque Dorothy, dans un coup de théâtre discret (oui, discret, comme je le disais plus haut, rien n’est vraiment excessif ou appuyé ici), apprend que Paul n’est PAS son vrai père (ce que lui-même a découvert peu auparavant mais, et c’est important, sans que le spectateur en soit informé). Que se passe-t-il alors ? Bien entendu, Dorothy est bouleversée : on peut l’être lorsque, à 15 ans, on

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retrouve son vrai père pour apprendre aussitôt que... ben non, désolé, finalement il faudra chercher encore... Jusque là, on pourrait être dans un drame psychologique classique, sauf que, pour le spectateur, cette nouvelle ne change finalement pas grand-chose... Nous apprenons cette non-filiation avec détachement parce que, lorsque la nouvelle nous en parvient, cela fait déjà longtemps que nous nous sommes habitués à voir Paul et Dorothy fonctionner en père et fille qui apprennent à se découvrir... Nous avons suivi la naissance de cette relation, avec ses moments de complicité et d’engueulade et, pour nous, ils se comportent COMME père et fille, et SONT père et fille (peut-être d’ailleurs les percevonsnous ainsi précisément parce qu’ils se comportent comme tels !) La recherche d’un parent biologique pose toujours des questions (ce qui explique que, source de maints drames, elle constitue un excellent ressort narratif et soit un motif si récurrent en fiction). Mais, audelà des problèmes qu’elle pose, elle est une question en soi : pourquoi doit-on attacher plus d’importance à celui qui vous a involontairement transmis son ADN qu’a celui qui vous a élevé ? La mère de Dorothy ne dit pas autre chose d’ailleurs, qui fait observer que sa fille a bel et bien un père et qu’il s’agit de l’homme qui l’a élevée. Nous ne trancherons pas ici entre ces deux visions (biologique et culturelle) de la filiation, c’est d’ailleurs probablement impossible. Mais ce que nous montre ce film (plus fort et dérangeant que ce qu’une critique un peu condescendante a bien voulu dire), c’est l’importance du regard porté sur les autres et la difficulté que nous avons à revenir sur nos préconceptions : une fois qu’une relation est acquise à nos yeux, elle va demeurer ce qu’elle est même si l’on nous apporte la preuve que notre jugement était erroné. ER

L'heureuse gagnante de la millième place vendue.

Photographies © Roselyne Guérineau

I

a pluie a bien essayé de jouer les perturbatrices mais vous avez été plus nombreux que les années précédentes à participer à la 32e nuit des Studio : le nombre de 1036 spectateurs a été atteint… Même la presse locale a, cette fois, largement fait écho du succès considérable de « ce must culturel » tourangeau « qui réunit dans un esprit convivial et complice les cinéphiles mais aussi des associations dans une sorte de village culturo-gourmand ». Derrière Les Nouveaux sauvages largement plébiscité par le public, Mad Max et Muriel ont rempli les salles, ne laissant à certains spectateurs que le choix de la dernière séance pour trouver une place ! Belles performances également pour des films réputés moins porteurs et surtout moins festifs comme Les Dimanches de Ville d’Avray projetés dans des salles à la capacité moindre et rapidement complètes… Sachez qu’un des casse-tête de l’équipe organisatrice est d’estimer la jauge et les potentialités de chacun des 15 films pour établir une juste répartition dans des salles aux capacités différentes… Un autre record a été battu : celui de la fréquentation à la dernière séance de 3h45 et au petit déjeuner offert qui a suivi. Vous étiez encore 550 ! La plus grande satisfaction de tous les membres bénévoles et salariés des Studio est celle de voir vos sourires en nous quittant, parfois fort tard dans la nuit, votre enthousiasme, d’entendre vos remerciements et vos encouragements. C’est sûr : on recommence l’an prochain ! SB

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Les rédacteurs ont vu :

Elle de Paul Verhoeven

Derrière ce simple pronom personnel, un film qui ne l’est pas moins, complexe et parfaitement maîtrisé, d’autant plus trouble et troublant. Un film sur le pouvoir et notamment celui d’une victime de refuser de l’être. Isabelle y est littéralement époustouflante !DP (Les accusations comme quoi ce film légitimerait le viol ne peuvent l’être que par des polémistes qui n’ont pas vu le film !) Elle est pratiquement de tous les plans, froide, mystérieuse, manipulatrice alors qu’on la croit manipulée. Dans un même temps et sans répit, on est tiraillés. Comment interpréter entre Elle et le violeur ce jeu où la mort et le sexe se mêlent ? La tension est au plus fort. Elle ne craque pas, toujours sur le fil de l’immoralité ou de la morale... Quelle actrice pouvait jouer ce rôle mieux que quiconque ? IsabELLE bien sur ! MS Si les chats savaient parler, ils en auraient des choses à dire.... JF

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Un tueur en série hors-série (27morts ! sans compter — tant qu’à faire… — les chiens et les chats !), sa fille forcément perverse, le voisin juste en face qui, ô coïncidence ! est lui-même un psychopathe violeur et violent, le tout filmé à la truelle, multipliant invraisemblances et clichés m’as-tu-vu, arrosé d’une musique d’une « kolossale finesse »… Tout ça brinquebale cahin-caha en un long et laborieux pensum. AW Avec une paire de jumelles, on peut faire autre chose qu’observer les oiseaux ou les paysages... JF

Elle, c’est Isabelle (Huppert) tant elle est en symbiose avec le propos et le style du film. Jamais ni Verhoeven, ni l’actrice n’avait été si loin dans l’ambivalence. Qui est cette femme en abîme, qu’est-ce qui l’anime ? Monstrueuse ? Détachée d’une existence au passé douloureux pour mieux se préserver ? Vic-

time ou vengeresse ? Perverse ? Mystérieuse, glaçante, ambigüe et impénétrable jusqu’au bout, elle sublime une œuvre puissante. Mais ce n’est pas toujours facile d’interpréter les pistes qu’elle veut bien nous ouvrir... SB Si elle n’a pas brûlé dans les flammes de l’Enfer paternel lorsqu’elle était enfant, MicHELLe est devenue une femme à sang froid, incapable d’éprouver une quelconque émotion, ayant finalement plus à voir avec les créatures des jeux vidéo qu’elle produit, qu’avec les humains qui l’entourent. Isabelle Huppert est évidemment l’interprète idéale de cette opacité-là. Elle porte le film, mais la vraie surprise vient de... Laurent Lafitte, bluffant dans une prestation pleine de contrastes. IG Contrairement à ce que l’on a pu lire ici ou là, le sujet du film n’est pas la question des violences faites aux femmes

(les deux scènes de viol sont parfaitement insoutenables et ne sont en aucun cas conçues de manière à produire une empathie avec le violeur) mais bien celle de la réappropriation du pouvoir par une femme qui se comporte avec son entourage personnel ou professionnel comme le pire des machos ! Et ça touche juste, ça gratte et démange dans des tas de zones inconfortables... et c’est aussi pour cela qu’on va au cinéma ! ER La nuit, tous les chats sont gris. Au-delà des apparences, Elle - et le cinéaste - bouleverse(nt) nos perceptions erronées : Michèle se distingue des autres par son emprise froide sur ses proches. Mais dans le dangereux et troublant jeu des désirs transgressifs, ne la sent-on pas, un fugace instant, dépossédée de sa maîtrise lors de l'ultime rencontre avec son agresseur (assommé par un tiers, le fils), lorsque ce dernier se retourne pour un dernier regard (d'incompréhension ?) avant de s'écrouler ? RS

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Interférences Elle The Neon Demon Folles de joie

« Le cinéma est un art de la femme, c’està-dire de l’actrice. Le travail du metteur en scène consiste à faire faire de jolies choses à de jolies femmes », a écrit François Truffaut. Un peu provocant peut-être mais cette citation a quelque chose de profondément juste. Peu d’acteurs savent imprimer leurs rôles et les écrans comme les actrices savent le faire. Peu de comédiens peuvent donner autant d’envergure, d’universalité, de fragilité, de force, d’animalité à un rôle comme certaines comédiennes savent le faire. Mais à condition de leur proposer suffisamment de personnages forts et de leur éviter d’être des potiches, des accessoires, des fonctions auxquelles elles sont encore trop souvent consignées. Heureusement pour elles et heureusement pour nous, il y a des exceptions. Il y a Paul Verhoeven et il y a Isabelle Huppert. L’exceptionnelle carrière de cette dernière a déjà été jalonnée d’un nombre incroyable d’incarnations inoubliables et de grands films, mais elle continue à se déployer de façon magistrale. En à peine trois mois, on l’a vu passer avec une aisance confondante de L’Avenir de Mia Hansen-Love dans lequel elle trouvait un très grand rôle, à Elle de Paul Verhoeven, où elle est de tous les plans, ou presque, et où elle semble au sommet de son art (alors que des sommets elle en a déjà connu beaucoup). Dans ce film au titre univers (Elle),

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Isab(Elle) s’app(Elle) Mich(Elle), est-ce un hasard ? Pour l’incarner de façon si sidérante il lui fallait un réalisateur à la hauteur. Paul Verhoeven a à son actif une œuvre déjà longue et importante, sa réputation sulfureuse et son habileté ne sont plus à démontrer. Dans Elle, son style semble épuré, aucun clinquant ici, d’une maîtrise totale sans être corseté. Le film est authentiquement pervers, dérangeant. Il frôle le malsain et prend le spectateur à rebrousse-poil. Paul Verhoeven ose le mauvais goût, le trivial, il ne cherche ni l’empathie, ni à excuser qui que ce soit. D’une redoutable efficacité, sans esbroufe, sans temps mort (mais sans précipitation non plus), il met en scène avec superbe (il n’y a qu’à voir la géniale scène d’ouverture entièrement cadrée sur un chat). Ses personnages sont troubles et nous troublent également. Pas aimables, parfois opaques, toujours surprenants, le film a beau expliquer leurs parcours, ils restent mystérieux. Paul Verhoeven se fout d’être aimable, il se fout de flatter le spectateur et il a bien raison, car le résultat est brûlant. On en sort plein d’incertitudes, dérangé sans doute mais tout sauf tiède. Elle, c’est donc Isabelle Huppert, et elle est incroyable, son rire dans une scène de repas qui met mal à l’aise, le récit de son traumatisme d’enfance qu’elle conclut d’un « Pas mal ? » glaçant, son orgasme (le pre-

mier véritable ?) dans le sous-sol de sa maison, sa scène de masturbation en voyeuse à jumelles et il y en a tant d’autres, pourtant, elle n’est pas cannibale, elle ne tire pas la couverture à elle, d’ailleurs Laurent Lafitte,Virginie Effira, Anne Consigny, entre autres, ont rarement été aussi bons. On rêve que l’actrice inaugure avec Paul Verhoeven une collaboration aussi florissante que celle qu’elle a connue avec Claude Chabrol. Heureusement pour elles et heureusement pour nous, il y a d’autres exceptions. Il y a Nicolas Winding Refn et il y a Elle Fanning. La carrière de cette dernière est à son image, encore jeune, mais elle a déjà connu deux très beaux rôles sous la direction des Coppola père et fille dans Somewhere et Twixt. Est-ce un hasard ? Comme un clin d’œil au film précédent, Elle est cette fois le vrai prénom de l’actrice. The Neon Demon n’est pas, lui non plus, un film aimable. Lent, hypnotique, cette proposition de cinéma demande de l’attention et du lâcherprise, mais il crée de la fascination et c’est un film à combustion lente, un somptueux cauchemar dans un Los Angeles désert dont les braises restent longtemps incandescentes. Elle se nomme Jesse et semble une sorte d’oie blanche, du moins au début. Jesse pourrait n’être qu’un corps, certes sublime, mais l’actrice en fait quelque chose de beaucoup plus troublant. « Elle a … ce truc » dit d’elle une de ses concurrentes, quelque chose d’indéfini qui la différencie des autres et qui fait qu’elle est un peu plus qu’un modèle comme un autre, un peu plus qu’une actrice comme une autre. Cendrillon moderne d’un monde des apparences, elle possède, contrairement aux autres, de la vie ; elle n’est pas un corps malade de la beauté comme peuvent l’être ceux de Gigi et Sarah, ses collègues, sur qui la lumière ne modèle jamais autant de nuances et de beauté. Dans ces deux rôles en un, la très jeune femme de seize ans et la star des podiums, Elle Fanning sait garder distance tout en s’incarnant (la chair est d’ailleurs au centre du film, dans tous les sens du terme). Autant aimée du soleil de la Californie que des projecteurs des studios de photographie, elle est, d’un côté, image lisse et de l’autre, jeune femme vive qui retrouve l’allure de son âge réel quand elle remet ses

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Face à face The Neon Demon

propres vêtements. C’est d’ailleurs quand elle n’apparaîtra plus qu’en fringues de luxe qu’elle perdra équilibre et se fera vampiriser. Mads Mikkelsen et Ryan Gosling ont été les parfaites incarnations de la figure masculine vue par Nicolas Winding Refn, maintenant qu’il a trouvé une figure féminine non moins forte, on rêve qu’il retrouve Elle Fanning pour une florissante collaboration. Heureusement pour nous il y a aussi Valeria Bruni Tedeschi dans Folles de joie qui, justement, continue avec Paolo Virzi une collaboration entamée avec Les Opportunistes. Mais la différence avec les deux cinéastes précédents, c’est que Paolo Virzi, même s’il ne démérite pas, ne se situe pas tout à fait à la même hauteur. Sa proposition est beaucoup plus convenue, on n’est jamais déstabilisé, sa vision du monde reste un peu fade. Cela n’empêche pas son savoir faire, cependant son film ne décolle pas suffisamment. Mais Valeria est là. Déjà épatante dans Ma loute, elle (re)trouve dans

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Folles de joie un rôle de première importance qui rappelle celui qui l’avait fait connaître dans Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa, un titre qui conviendrait d’ailleurs parfaitement au film de Paolo Virzi. D’où l’émotion qui se dégage de son travail, comme si un cycle se bouclait. En Béatrice, elle joue habilement de l’image que l’on a d’elle, la bourgeoise un peu fêlée, pour mieux la sublimer en mêlant réalité, sa propre mère dans le rôle de... sa mère, et fiction, ce qu’elle a d’ailleurs l’habitude de faire dans ses propres films en tant que réalisatrice. Elle est irrésistible, qu’elle donne des conseils de jardinage ou pille les armoires à pharmacie, elle provoque avec ce rôle une jubilation communicative, elle s’abandonne aussi de façon troublante et très touchante mais sans jamais rien perdre de sa dignité. Et, bien que l’écrin ne soit pas totalement à sa hauteur, cela ne l’empêche pas d’être grandiose. JF

graphe et un créateur de mode) ne voient plus qu’elle, fascinés par ce qui est pour eux semble-t-il le comble de la sophistication : le naturel ! À partir de là ses compagnes deviennent de mortelles ennemies car elle commet, certes à son insu, le pire des crimes : les rendre invisibles.

L

’univers de la mode et du mannequinat se veut celui de la beauté, de l’élégance, du glamour. Mais il est aussi celui du mensonge et des faux-semblants, ce que The Neon Demon ne se prive pas de montrer dès les premières images : maquillage, miroirs, chirurgie esthétique, meurtre factice se révélant pure mise en scène esthétisante. Il est vrai que celle-ci préfigure le meurtre réel de la protagoniste, Jesse, à la fin du film. Habile jeu d’écho, structure circulaire intelligente, qui fait bien sûr penser au Sunset Boulevard de Billy Wilder, sauf que Jesse trouve ici la mort dans une piscine vide, symbole discret mais efficace de la vacuité psychologique de la quasi-totalité des personnages, qui affichent avec arrogance leur statut de bibelots de luxe.

Jesse, 16 ans, tranche absolument sur ces jeunes femmes botoxées, liftées, siliconées, attifées comme de clinquants paquetscadeaux. Ni de corps ni de visage sa beauté n’est exceptionnelle, mais sa fraîcheur, son innocence, son « air de biche apeurée », ainsi que la décrit une de ses compagnes, font terriblement merveille à côté de la glaciale perfection de ses rivales. Elle semble tellement innocente, fait tellement gamine que tout à coup les décideurs (un photo-

Film sur l’opposition réalité/apparence, innocence/artifice, mais aussi sur l’importance du regard. Dans cet univers, ne plus être visible est un véritable arrêt de mort. Ces thèmes sont traités avec une grande maîtrise formelle : couleurs, composition des images, éclairages, montage, tout concourt à créer, dans une grande cohérence de style, une atmosphère assez flashy, du meilleur effet, d’un chic à la hauteur du sujet.

The Neon Demon dure 1h57. C’est hélas 12 minutes de trop. Conclure sur le meurtre de Jesse en aurait fait une oeuvre intéressante par son scénario, inventive sur le plan visuel, vigoureuse sinon originale quant aux idées développées. Nicolas Winding Refn n’est certes pas réputé pour faire dans la dentelle, mais il n’avait jamais jusqu’ici dépassé la limite au-delà de laquelle l’impressionnant bascule dans le ridicule. Comment les producteurs ont-ils donc pu cette fois-ci le laisser terminer son film sur une séquence d’une aussi criante inutilité et une conclusion dont le parti pris sottement cannibalesque et tape-à-l’œil (c’est vraiment le cas de le dire !) flanque tout par terre ? Voilà en tout cas comment du chic on tombe dans le toc, voire dans le tocard. AW

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Face à face The Neon Demon

Compte rendu

Projection en exclusivité de DIVINES Caméra d’or du festival de Cannes 2016

C

’est entendu depuis quelque temps maintenant, N. Winding Refn (désormais : NWR) sait faire de belles images... Il sait aussi, je suppose, utiliser le travail d’un musicien pour composer des ambiances particulièrement lourdes et obsédantes (même si, à titre personnel, je trouve que c’est le travail de Cliff Martinez qui est lourd – voire lourdingue plus que lourd...)

ment : quel point de vue ils indiquent. Or, ici, ces effets ne sont attribuables à aucun des personnages et relèvent donc de la seule subjectivité du metteur en scène. Ce qui revient à dire que ces techniques, toujours utilisées pour créer un effet hypnotique face aux images et ambiances composées, trahissent la fascination de leur auteur pour son objet.

Une fois cela dit, il reste à en faire un film et, si l’on aime se prendre des giclées d’hémoglobine dans la figure, jusque-là NWR avait fait du bon boulot... du boulot sans conséquence spéciale, du boulot vite digéré bien qu’assez indigeste pour moi... Jusque-là...

Donc, de deux choses l’une : – soit NWR est en fait piégé par ce qu’il voudrait dénoncer (la dictature d’une forme de beauté éphémère) et son film est raté... – soit NWR ne comprend pas les effets qu’il utilise et son film est... raté...

Car voilàtypas que NWR vient de se piquer d’avoir un message à faire passer... Attention c’est du lourd (d’autant qu’il y a même DEUX messages pour le prix d’un) : a– la beauté est quelque chose de très artificiel et superficiel et b– le monde de la mode est un univers factice ET impitoyable… Ouh là… Ça décoiffe… Notre homme prend des risques…

Dernière remarque, concernant le jeu des acteurs/actrices : NWR semble être adepte de la méthode « Je pressure mes acteurs/actrices comme des citrons pour leur faire rendre UNE et une seule expression » (le plus souvent une vacuité telle qu’on a peur de tomber d’une falaise en s’approchant trop près d’eux ; dans le meilleur des cas, une sorte de bouderie coquette... mais toujours il s’agira de SURTOUT en faire le moins possible avec son visage (et pour cela, rien à redire, il avait trouvé un partenaire idéal avec R. Gosling...) ER

Là où le bât blesse (on est tenté d’écrire « le bas », au sens de « tout cela est très bas... »), c’est que NWR semble s’être fait totalement phagocyter par son objet (en gros : de jolies photos avec de jolies filles quelque peu dénudées). En effet, nombre de scènes débordent d’artifices de mise en scène de type ralentis, angles de vue bizarres ou déformations de la bande son2. Entendonsnous bien : je n’ai rien contre ces artifices en tant que tels… toute la question est de savoir à quoi ils servent ou, plus précisé-

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« ...moi l’noeud », chantait naguère Dutronc. À ce sujet : il serait temps que les ingénieurs du son s’aperçoivent qu’il y a quelques décennies que les flashes d’appareil photo ne font plus ce délicat bruit d’explosion qui a disparu avec les ampoules à usage unique... 1 2

Deborah Lukumuena et Oulaya Amamra aux Studio © Nicole Joulin

É

taient présentes les deux comédiennes principales, Oulaya Amamra et Deborah Lukumuena, ainsi que le producteur Marc-Benoit Créancier. Divines se passe dans une banlieue difficile où se côtoient trafics et religion, Dounia (Oulaya Amamra), 15 ans, a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par sa meilleure amie Maimouna (Déborah Lukumuena), elle décide d’intégrer la bande de Rebecca, une dealeuse respectée. C’est la rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, qui va bouleverser son quotidien. .. En préambule, les comédiennes ont tenu à dire l’importance de cette présentation aux Studio en dehors des instances cannoises. Nous étions le premier public ! Ce film a été fait avec tout l’amour du monde, avec notre ventre ! Il a été fait avec vérité, engagement. On espère que vous vibrerez avec nous. On espère que vous passerez par toutes les émotions ! On a envie de voir comment on va être perçu…

Le vendredi 8 juin 2016, une avant-première exceptionnelle était organisée par la Région Centre-Val de Loire, Ciclic et les cinémas Studio, avec le soutien de Diaphana distribution et Easy Tiger. Le public a eu le privilège de visionner la copie cannoise et non pas la copie finale du film qui ne sera dans les salles que le 31 août.

Après visionnement, chacun a qualifié Divines de film bouleversant, très poignant, à la fois doux, fort, violent et sensuel. Un film équilibré où tout est juste, scénario et jeux d’acteurs. Les deux jeunes comédiennes ont tenu là leur premier rôle au cinéma. Déborah était étudiante, loin du milieu du cinéma. Elle s’est présentée suite à une annonce de figuration qui semblait lui correspondre : jeune fille noire, grande, avec des formes. Quant à Oulaya, elle fait du théâtre depuis l’âge de douze ans et Houda Benyamina (la réalisatrice) est à la fois sa prof et sa sœur. Oulaya s’est battue pour passer le casting (qui a duré 9 mois) et pour avoir le rôle. Houda a été très dure, plus dure qu’avec les autres. Maintenant, Oulaya entre au conservatoire de théâtre de Paris pour 3 ans et a envie de revenir aux grands textes. De son côté, Déborah ira au théâtre de La Colline car elle a envie de quelque chose de structuré.

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Divines est un premier long métrage aussi pour le producteur MarcBenoit Créancier. Il avait déjà produit Sur la route du paradis, un premier moyen métrage d’Houda Benyamina. Le travail a été long avec beaucoup de rage, de violence et de foi. L’écriture du scénario a commencé en 2012. Il était très écrit. Houda Benyamina a travaillé avec Romain Compingt, scénariste de Populaire. La recherche de financement a duré un an. Le tournage s’est fait en 45 jours. Sur trois heures de film avec peu d’improvisations ou bien certaines qui avaient été faites avant le tournage, une heure et demie de film a été jetée. Il y a eu 52 semaines de montage. Le film sera terminé fin juin : il aura fallu 4 années. Si le public tourangeau parle de « beaucoup d’émotions vraies », on se demande ce qu’ont ressenti les comédiennes lors du festival de Cannes. Elles ont découvert le film à Cannes. Elles ne s’attendaient pas à une telle réaction du public On a vu notre travail valorisé sous les projecteurs. Elles ont tenu à insister sur le fait que le film n’existerait pas sans toute une équipe technique faite de gens qu’on ne voit pas et auxquels elles sont très attachées. À Cannes, on s’est réjoui tous

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ensemble. On a fait ce film tous ensemble. Le titre du film pose question. Le premier titre était Bâtardes. Il a été abandonné pour Divines, pour toutes ces femmes qui se battent, pour le sacré de la danse, pour cette tragédie du quotidien. En cela, les personnages au féminin sont « divines » . Les deux comédiennes présentes n’oublient pas deux autres personnages interprétés magistralement : Rebecca (Jisca Kalvanda) la dealeuse et Djigui (Kevin Mischel) le danseur. Jisca, elle, a le rôle qui demande le plus de composition car il est à l’inverse de ce qu’elle est dans la réalité. C'est elle la plus politique, la plus assoiffée d'argent, de pouvoir. Quant au danseur, c’est la première fois qu’il faisait du cinéma. Dans le film, « la danse apporte le côté divin, l’élévation. C’est une poésie, du lâcher-prise. » Le tournage a été éprouvant, comme pour des sportifs de haut niveau. Lever tôt, beaucoup de répétitions. Chacun s’identifiait au personnage. C’est dur de laisser partir le personnage. Tout le monde en a bavé. La cohésion du groupe était importante. C’était comme dire et accepter : « Veux-tu monter dans mon bateau ? Sachant que personne n’en descendra. » On a appris à ne viser que le mieux. C’était dur mais on ne regrette pas le résultat.

de la richesse. Elle traite d’un combat sur les valeurs de l’argent. On veut tous avoir un peu de reconnaissance et dans ces endroits-là encore plus qu’ailleurs. Divines est un film à valeur universelle. Houda Benyamina montre la violence et nous confronte à de réels problèmes. Dans la réalité, cette violence existe. Dans le film, ce sont les femmes qui occupent le rôle des hommes : C’est un film de caïds au féminin, reflet de la réalité actuelle. Suite aux révoltes de 2005, H. Benyamina tient des propos politiques : Pourpourquoi reste-ton dans cette violence, c'est-à-dire dans l'émotion ? Seuls le verbe, la pensée, permettront d'en sortir. La fin tragique ne peut refléter que la réalité. Divines est un film sans voile. On a rapproché Divines de La Haine de Kassovitz en voulant en faire La Haine au féminin. On se trompe. H. Benyamina a essayé d’être la plus fidèle à l’état des banlieues. Elle s’est documentée sans vouloir faire de documentaire. Elle a réa-

lisé une fiction qu’elle a eu envie de faire résonner. Le cinéma peut être un acte politique, qui questionne. De l’émotion peut naître la réflexion. Pour finir, Oulaya Amamra résume ainsi : On peut voir dans le film l’évolution de Dounia enfant, vivant dans un camp de Roms, qui devient adulte. Elle rêve, veut aller tout en haut. Elle veut de l’argent. Son objectif, c’est sa dignité. Elle est tout en bas, veut aller tout en haut, mais à quel prix ! Les deux comédiennes, talentueuses, nous ont séduits par leur assurance, leurs propos engagés, leur générosité. Elles étaient fières de leur parcours et des idées défendues. Deux jeunes femmes lumineuses ! Quelle belle conclusion de soirée que d’entendre une voix s’élever dans le public pour dire : « On peut remettre le film ? » MS

Oulaya Amamra et Deborah Lukumuena aux Studio © Nicole Joulin

H. Benyamina, la réalisatrice, fait une analyse intéressante de ce qui passe dans les milieux défavorisés où règne le culte

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À propos de Julieta

même raison ; et Antia parce qu’elle nageait en plein bonheur avec son amie Beatriz pendant que son père mourait en mer. Le tout sous le regard impitoyable de la gouvernante Marian, personnage le plus modeste socialement mais véritable dea ex machina, redoutable Némésis dont la froide colère déclenche jugements et châtiments.

U

n véritable auteur n’est pas un simple exécutant, un faiseur, un habile metteur en place de situations et de personnages, c’est un artiste, créateur d’un univers qui lui est propre. Pedro Almodovar est de ceux-là : dès les premières images sa forte personnalité artistique s’impose avec éclat : une maîtrise absolue de la mise en scène, de la direction d’acteurs, une science innée de la dramaturgie, du montage et, au niveau le plus directement visible, une palette de couleurs immédiatement reconnaissable : rouges vifs, bleus électriques, avec des contrastes appuyés d’un goût très sûr. Cet univers très coloré tranche lui-même avec la sombre tonalité générale du film, qui parle de perte, de trahison, de solitude, de chagrin. Tous les ingrédients sont réunis pour un mélodrame intense, émouvant, au style percutant si caractéristique de son auteur.

Considéré sous cet angle, Julieta peut déjà sans conteste être considéré comme un très beau film, une réussite totale en termes d’efficacité cinématographique. Mais cela ne suffit pas à rendre justice à l’un des maîtres du cinéma contemporain, car Julieta est beaucoup plus qu’une belle histoire pathétique. Rares sont ceux qui, comme lui, savent, sans la moindre lourdeur, transcender le drame pour aller fouiller dans les tréfonds de l’âme humaine et mettre au jour les

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– Les CARNETS du STUDIO

n°348 – septembre 2016

sinuosités secrètes de nos psychés. L’histoire de Julieta, mère abandonnée et laissée sans nouvelles par sa fille Antia depuis douze ans, fait peu à peu surgir le thème principal du film, son véritable enjeu : le sentiment de culpabilité. Retour en arrière. Julieta a vingt-cinq ans et voyage en train. Un homme entre dans son compartiment et tente d’engager la conversation. Elle l’ignore et s’esquive au wagonbar. À ce moment apparaît une image paradoxale, incompréhensible sur le moment, quasi surréaliste : un cerf qui court au ralenti dans la nuit, dans la neige, le long du train. Dans cet intervalle plein de grâce et de poésie, dans lequel on peut voir a posteriori un de ces mystérieux « signes ascendants » chers à André Breton, l’homme se suicide.

Confortée dans son radicalisme vengeur par une retraite de trois mois auprès de catholiques d’un rigorisme glaçant, Antia estime que tous sont coupables et n’ont que ce qu’ils méritent : Julieta en perdant sa fille, Xoan en se noyant, Ava en mourant de sclérose en plaque et elle-même en coupant les ponts avec sa mère. Film très noir, avec cependant un rayon d’espoir à la fin lorsqu’un nouveau et terrible malheur (Antia perd son propre fils qu’elle a prénommé Xoan et qui, comme son père, meurt noyé !) fait comprendre à Antia ce que peut ressentir une mère qui perd son enfant.

Antia n’est pas la porte-parole d’Almodovar, il ne dit pas que tous les hommes, qu’ils le veuillent ou non, sont coupables. S’il est moraliste il n’est pas moralisateur. Il ne dénonce rien, ne veut rien prouver, ne cherche pas à formuler quelque vérité que ce soit, pas même sa vérité. Et c’est presque à son corps défendant qu’on se pose des questions : un acte aux conséquences dommageables involontaires peut-il être assimilé à une faute ? Peut-on être tenu ou se tenir soimême pour responsable du malheur ou de la malchance des autres ? Les notions mêmes de faute, de châtiment, d’expiation ont-elles un sens ? Toute la force du film tient en ce qu’il est une œuvre dense, passionnante à suivre sur le plan dramatique, en même temps qu’un terreau fertile pour le questionnement et la réflexion. AW * Une des obsessions de l’auteur. On pense évidemment à Parle avec elle. Sans compter que la propre mère de Julieta est elle-même alitée, quasi impotente.

Les quatre personnages principaux, Julieta, Xoan l’homme qu’elle aime et qui l’aime, Antia leur fille adorée et Ava l’amie du couple, sont rongés, à tort ou à raison, par un dévorant sentiment de culpabilité : Julieta pour avoir ignoré l’appel au secours de l’homme du train, puis s’être disputée avec Xoan le jour d’une effroyable tempête, dispute à la suite de laquelle Xoan part sur son bateau et se noie ; Xoan, peut-être pour avoir mis enceinte Julieta alors que sa femme dans le coma* était encore vivante, sûrement en tout cas pour l’avoir trompée avec Ava, l’amie du couple ; Ava pour cette

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compte rendu Diamant noir

Diamant noir C’est dans le cadre d’un partenariat avec Ciclic qu’Arthur Harari, réalisateur, et Niels Schneider, acteur, ont été accueillis aux Studio pour présenter en avant-première leur film Diamant noir.

L

’histoire racontée est celle d’une vengeance familiale dont le héros est un personnage à la Hamlet. La tragédie que vit la famille prendra place au fil de l’écriture dans le milieu des diamantaires à Anvers. Trois rues y concentrent cette activité très particulière qui va de la taille au commerce.

La première difficulté a consisté à obtenir des autorisations pour filmer dans ce petit périmètre très restreint et, on s’en doute, particulièrement surveillé. Mais Arthur Harari ne pouvait imaginer un lieu reconstitué. Ce choix donne au film un côté documentaire assez passionnant. Le scénario s’est progressivement enrichi

d’une dimension romanesque pour arriver à une sorte d’entrelacs qui mêle cinéma noir de genre et tragédie, le tout avec un côté résolument contemporain. Niels Schneider et Arthur Harari échangent sur le travail du comédien qui a commencé bien avant le tournage : « Au cinéma, on croit souvent à la magie de la spontanéité… elle y sera de toutes façons… C’est le travail en amont qui permet de prendre des risques, d’essayer différents chemins… » Niels Schneider a fait un travail énorme sur le personnage à la fois complexe et chargé. Même physiquement, il a opéré une sorte de mue. De blond, il est devenu brun avec les cheveux plaqués, a minci, changé sa façon de parler, jusqu’à sa voix : « L’acteur a besoin de comprendre la psyché du réalisateur pour entrer dans le rôle ». Quand un spectateur fait remarquer qu’on pouvait imaginer Guillaume Depardieu

Arthur Harari, réalisateur et Niels Schneider, comédien, aux Studio © Roselyne Guérineau

dans le rôle, Arthur Harari, visiblement ému, avoue que c’est à lui précisément qu’il pensait quand il a imaginé le personnage ! Parmi les autres acteurs, Abdel Hafed Benotman (Rachid), mort peu après le tournage, auquel le film est dédié. C’était le premier vrai rôle au cinéma pour cet homme qui a fait de la prison, a été braqueur et écrivain. D’autres remarques évoquent « un film tendu », qui n’est pas sans rappeler Asphalte Jungle ; le rôle de la musique avec une mélodie créée pour la première scène « très forte » et qui s’enrichira peu à peu (travail remarqué du jeune musicien Olivier Marguerie) ; des moments audacieux… Il sera aussi question : – des décors : celui stylisé de la maison, espace à la fois objectif et subjectif, où les

scènes sont toujours tournées en focale courte afin de créer un lien entre Niels, ce lien et la famille qui y vit. À la fin, il y est comme piégé… – De la dimension colorée « pour ne pas rajouter du sombre à un film sombre, ce qui apparaît chez moi comme un cliché ». Il y a du rouge partout qui s’oppose au bleu toujours présent également et une permanente recherche de reflets (dans les murs par exemple). Comme ce soir, Diamant noir a été bien accueilli partout où il a été présenté avant sa sortie officielle. Déjà primé au festival de Beaune, le réalisateur nous rappelle avant de nous quitter que la carrière du film est de notre responsabilité de spectateurs et que le bouche-à-oreille est un facteur important pour sa réussite, à l’heure où de nombreux films sortent chaque semaine. SB

RÉABONNEZ-VOUS ! Pour éviter les files d’attente du début de saison, vous pouvez vous réabonner en remplissant le coupon ci-dessous accompagné d’un chèque/ d’une photocopie du justificatif .

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