livres Girl in a band
Kim Gordon (Le Mot et le Reste)
On ne pourra pas lui reprocher d’être nostalgique ou de manquer de lucidité sur ses 30 années de rock ! Avec gouaille et franchise, la bassiste de Sonic Youth dévoile une partie de son intimité, passant en revue la plupart de ses expériences sous l’angle d’une position délicate : celle d’être une fille dans un groupe de mecs. Outre le volet musical, Kim Gordon évoque avec scepticisme l’état du féminisme dans les années 2000, tire à boulets rouges sur le marché de l’art contemporain, et donne sa version de la fin de son idylle avec Thurston Moore... dernière « tentative » de vie de couple officiellement connue dans le rock ! | P.M.
SANGS
Mika Biermann (P.O.L)
Jeff, père de famille sans embrouille est kidnappé et séquestré par un paysan psychopathe des semaines durant. Janet, son épouse, ne vit pas pour le mieux le retour au bercail du patriarche et se suicide après un exil en Inde. Elvis, Béa et Anne, progéniture bien amochée par cette succession d’événements, retrouvent leur paternel pour les obsèques de leur mère. Et là, tout implose... « Après avoir lu Justine où les Malheurs de la vertu et American Psycho, j’avais moi aussi envie d’écrire un livre horrible, insupportable... » explique Mr. Biermann. Félicitations, défi relevé haut la main et validé à Sangs pour sang. | M.L.
Version Officielle
James Renner (Super 8)
Pour son second roman, James Renner joue à un jeu vicieux : partir d’une théorie du complot pour démontrer à quel point l’Histoire peut facilement être manipulée. D’où un vertige entre malaise et addiction, bien aidé par un rythme soutenu et des idées malignes. Mondes parallèles, conspirations, sous couvert d’un thriller Sf, Version Officielle fait plus que ressusciter les ambiances paranos d’X-Files ou de Fringe. À l’instar des titres de chapitres, repris sur la Quatrième Dimension, il rappelle aussi une phrase de Philip K. Dick : « si ce monde vous déplaît, vous devriez en voir quelques autres ». | B.O.
L’odeur du siphon
Lourenço Mutarelli (Tupi or not tupi)
Jeune maison d’édition indé créée en 2012 à Toulouse, Tupi or not Tupi frappe fort avec la publication du premier livre du brésilien Lourenço Mutarelli (écrit en 2002). Dès la première page, un prêteur sur gages voit une transaction incommodée par une odeur pestilentielle provenant de sa fosse sceptique. Un point de départ presque absurde, qui se développe au fil des pages entre métaphysique kafkaïenne et onirisme quotidien. À l’origine dessinateur de bd underground, l’auteur saupoudre son écriture vive et directe de dessins charbonneux, rajoutant une couche d’atmosphère à une histoire obsédante. Vous avez dit roman graphique ? | B.O. 38 •