Clutch #68 | nov. 2018

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livres Dr. Knox

Peter Spiegelman (Rivages)

Manifestant une forte empathie pour ses patients - et se souciant peu de la législation en vigueur -, le Dr. Knox s’est mis dans de sales draps. Son seul tort ? Avoir soigné le mauvais patient. Même son meilleur ami Sutter, pourtant ancien soldat d’élite expérimenté, se retrouve embrigadé dans une spirale infernale aux conséquences inattendues. Chronique des bas-fonds de Los Angeles, ce thriller de Peter Spiegelman nous prend à la gorge dès les premières pages, slalomant entre riches industriels sans foi ni loi, prostituées des pays de l’est, junkies livrés à eux-mêmes et autres mafieux russes sanguinaires. | P.M.

Guyane

La Revue Z (Les Ami-e-s de Clark Kent)

La Revue Z récidive une douzième fois avec un numéro ambitieux spécialement dédié à la Guyane. Alliant le fond (histoire, analyse, mise en perspective des conditions de vie locale) et la forme (mise en pages audacieuse, créations originales), l’équipe Montreuilloise enquête sur la persistance des inégalités entre la métropole et ce département-région. Point de départ des recherches : le projet « Montagne d’Or », plus que symptomatique des méfaits de l’industrie minière au niveau humain et écologique, nécessitant l’extraction d’une tonne de roche pour ne récoler qu’un seul gramme de métal. | P.M.

Reggatta de Blanc

Vincent Jégu (Le Mot et le Reste)

Paul Simon, The Police, UB40... La réappropriation du reggae jamaïcain par nombre de groupes pop européens aura pu donner de l’urticaire à certains puristes depuis le début des années 70. Il n’empêche : sous une diversité de formes, Vincent Jégu rappelle que ce bouillonnement d’influences venues des Caraïbes a aussi donné naissance à des groupes singuliers (The Specials), des rencontres sonores improbables (Bad Brains), de nouveaux genres (Massive Attack) et aura nourri l’œuvre des plus grands (David Bowie). Après tout, la créativité musicale ne s’épanouit-elle pas dans le métissage et la prise de risque ? | P.M.

Frankenstein 1918

Johan Heliot (L’Atalante)

Première Guerre Mondiale : pour éviter la défaite, les Anglais s’appuient sur les travaux du docteur Frankenstein, créant une armée de soldats « non nés ». Avec ce point de départ, lointain cousinage du Maître du Haut-Château de Dick, Frankenstein 1918 nage en pleine uchronie. Johan Heliot réussit ici un coup double : célébrer le centenaire de la Grande Guerre 14/18, tout en rendant un hommage érudit au roman fondateur de Mary Shelley, jusqu’à en décliner la forme (le journal de bord). De prime abord un brin austère, il tire de sa rigueur et de son souci du détail un puissant principe de réalité. | B.O. 40 •