littérature
Le gauchisme flamboyant, à Toulouse [Livre] Gilbert Laval (Éditions Cairn) | editions-cairn.fr
Loin des sempiternelles rengaines sur l’héritage de mai 68, Gilbert Laval, ancien correspondant de Libération à Toulouse, nous plonge dans l’atmosphère fiévreuse qui régnait dans la ville durant les années qui suivirent l’explosion. Son livre, Le gauchisme flamboyant, l’après 68 à Toulouse est un regard humain autant qu’un récit épicurien.
© Editions Cairn
| Propos recueillis par Nicolas Mathé
Depuis quand portez-vous ce livre en vous ? Certainement depuis 1968, j’ai vu le monde bouger et je me suis transformé avec lui. Mais je n’ai jamais vraiment eu l’intention d’écrire sur le sujet. Quand des éditeurs m’ont contacté, je pensais que ça n’intéresserait personne. C’était aussi la réaction de la cinquantaine de personnes que j’ai retrouvée pour réaliser le livre. Et au final, pas un seul de ces entretiens n’a duré moins de trois heures. Vous avez choisi une forme originale pour traiter le sujet... Je n’ai pas voulu faire un bouquin d’histoire mais un reportage dans le temps, une tranche de vie comportant son lot de postures. Avec le recul, on peut par exemple considérer que nous étions des machos infernaux. Le but était de ne pas sacraliser cette époque mais d’en restituer l’atmosphère éminemment explosive. J’ai choisi le mot flamboyant pour le côté un peu tapageur mais aussi car il décrit parfaitement la volonté qui était la notre d’incendier la politique à coups de cocktails molotov. Aucune nostalgie donc ? Absolument pas. Le grand soir dont nous rêvions n’est jamais arrivé mais nous n’avions pas d’alternative politique au pouvoir en place. On ne mesure pas à quel point le monde était verrouillé avant Mai 68 qui a été une explosion sociétale, un défi permanent aux hiérarchies. Nous avons fait sauter le couvercle et toute la société nous regardait bouger. Le gauchisme a été l’illusion de transformer politiquement cet élan, nous n’avons pas réussi à faire la révolution mais nous avons réalisé plus tard que nous avions obtenu ce que l’on voulait ; révolutionner la vie. Et puis on s’est marré comme des ânes !