état des lieux
DEVENIR BÉDÉASTE :
LE CRAYON & LA DÉBROUILLE
Le marché de la bande dessinée a le vent en poupe. Pour autant, la majeure partie des bédéastes se sont formés tout seuls ! Clutch s’est intéressé aux écoles et aux parcours qui mènent à la BD. Et à ce paradoxe : si le 9e Art attire de plus en plus de vocations, la précarité des auteurs bondit. | Maylis Jean-Préau
BD
quoi ? Il fut un temps où, quand un jeune au crayon bien aiguisé affirmait vouloir faire de la BD son métier, les conseillers d’orientation le regardaient de travers. Et se demandaient vers quelle porte de sortie ils allaient bien pouvoir le pousser. Mais, ça c’était le monde d’avant... Aujourd’hui, la BD est devenue plus qu’un art reconnu : un marché en progression ! Selon l’Observatoire de la librairie, les ventes ont augmenté de 7,4 % en 2019, soit la plus forte progression dans le secteur du livre. Bédéaste (ou bédéiste, y’a deux écoles) est devenu un métier fréquentable (à défaut d’être rentable) et les formations privées se sont multipliées ces dernières années. Il faut dire qu’avant 2010 c’était plutôt le désert. 4•
FORMATIONS ET BOUTS DE FICELLES Dans les années 90 et 2000, les candidats au métier de bédéaste n’avaient pas vraiment le choix : il leur fallait entrer dans une formation en art généraliste... ou s’expatrier ! « En 1993, il y avait très peu de formations, c’est pourquoi après un brevet de technicien en arts graphiques, je suis parti en Belgique pour apprendre à faire du dessin à l’académie Saint-Luc », se souvient Sébastien Goethals. Dessinateur et auteur de BD, membre de l’atelier toulousain La Mine (voir Clutch#68), il vient notamment de sortir, avec Philippe Collin, La patrie des frères Werner (chez l’éditeur Futuropolis). À cette époque, pour ceux qui faisaient le choix de rester au pays, les Beaux-Arts d’Angoulême représentaient la meilleure voie