Clutch #97 | mai 22

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projection

MARXPLOITATION : LA LUTTE DES CRASSES

[CYCLE] La Cinémathèque du 5 au 25 mai lacinemathequedetoulouse.com

THE HUNT

© 2020 Universal Studios

Enfant rebelle du 7e art, le cinéma d'horreur est aussi celui qui dérange. Un miroir de nos peurs enfantines ainsi qu'une critique acerbe du monde. La Cinémathèque ne s'y trompe pas en programmant un cycle sur l'épouvante marxiste Mad Marx ? | Baptiste Ostré

L

e capitalisme est un monstre horrifique. Ça vient pas de nous, mais de l'auteur du Capital lui-même. Karl Marx n'hésitait pas à comparer la nature du capitalisme à celle du vampire : « du travail mort qui ne s'anime qu'en suçant du travail vivant, et qui est d'autant plus vivant qu'il en suce davantage ». Le théoricien de la lutte des classes aurait tout aussi bien pu filer la métaphore avec le concept du mort-vivant. Père du zombie moderne, le réalisateur George Romero a d'ailleurs bâti une large part de son œuvre sur cette analogie. Féroce critique de la société de consommation, le culte Zombie envoyait ainsi les morts errer 52 •

dans un centre-commercial, dernier refuge d'une poignée de survivants. En 2005, Land of the Dead, quatrième volet de cette saga, enrageait contre la domination d'une minorité de riches, enfermés dans une tour d'ivoire, sur une majorité de pauvres, affrontant la misère, tandis que les zombies eux-mêmes prenaient peu à peu conscience de leur statut de « moins que rien ». Cette sensation de déclassement des milieux populaires, ô combien actuelle, agitait déjà les esprits de l'Amérique reaganienne des années 80. Dans Invasion Los Angeles, peut-être son film le plus ouvertement politique, le franc-tireur John Carpenter filmait un ouvrier


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