Dossier VALORISATION DE L’INFIRMIÈRE
L’humanisation des soins infirmiers
Revoir la cohérence entre les actions et la pratique Pour parler de l’humanisation des soins, adressez-vous à n’importe quelle infirmière, elle en aura long à dire sur le sujet. De tout temps, cette profession a basé sa philosophie sur des valeurs d’empathie, de compassion, de respect et d’écoute, ce qu’on appelle parfois le « prendre soin » ou le caring. Avec la pénurie d’infirmières, l’arrivée massive de la technologie, les changements de pratiques, où en est aujourd’hui le caring ? Parlez-en à la nouvelle directrice adjointe aux soins infirmiers, Mme Marielle Roy. Elle est intarissable sur le sujet : le caring, c’est sa passion. C’est une notion qu’elle a enseignée, sur laquelle elle a écrit et tout un rayon de sa bibliothèque est consacré à ce sujet. Cette approche, elle souhaite la revisiter au CHUM, rejoignant à la fois le modèle humaniste préconisé à la Faculté des sciences infirmières et au CHUM dans le cadre de la planification stratégique, notamment pour tout ce qui concerne le concept de l’expérience patient. Essentiellement basée sur l’accompagnement et le partenariat plutôt que sur le contrôle et la prise en charge, l’école de pensée du caring privilégie l’aspect humain et relationnel des soins. Elle met de l’avant des valeurs fondamentales qui inspirent et orientent la pratique infirmière. Selon Mme Roy, le développement de ces compétences humaines et relationnelles, auxquelles s’allient les compétences scientifiques et techniques, sous-tend le rôle de l’infirmière dans toutes ses dimensions. « Une transition du modèle de soins de Virginia Henderson au modèle de soins humaniste se réalise. Avec Henderson, le rôle de l’infirmière était de rendre la personne indépendante dans la satisfaction de ses 14 besoins fondamentaux (respirer, boire et manger, éliminer, dormir, être propre, etc.)
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Marielle Roy veut mettre de l’avant la notion de caring dans les soins infirmiers.
Dans le modèle humaniste, soigner, c’est accompagner la personne, partir d’elle et déterminer les priorités de soins à partir de ce qu’elle nous exprime comme étant le plus important pour elle. » En voici un exemple : une personne fait un infarctus. L’infirmière l’enjoint d’arrêter de fumer, de couper l’alcool, de se mettre à l’exercice. Le patient acquiesce, mais n’en fait souvent qu’à sa tête. Maintenant, si le patient ne veut pas arrêter de fumer, on en discute, on voit à l’informer pour qu’il soit en mesure de prendre des décisions éclairées. Se centrer sur la personne, croire au potentiel des proches, être à l’écoute des préoccupations, des désirs, des attentes du patient et déterminer les priorités ou les résultats escomptés avec le patient et ses proches sont des éléments à intégrer quand on applique un modèle de soins humaniste. En fait, cette façon de penser et de faire amène les infirmières à remettre en question leurs soins, croit-elle, et cette démarche, déjà amorcée dans plusieurs unités et services du CHUM, rejoint celle du patient-partenaire. À noter que de nombreuses études démontrent que les patients soignés selon le modèle humaniste récupèrent plus vite et repassent moins par les urgences. C’est donc une occasion de revoir la cohérence de la pratique actuelle et de préserver la dimension humaine et relationnelle des soins tout en démontrant l’impact de l’intervention infirmière tout au long du continuum de soins.