Manu Association - Dossier 2009

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LE VICE Le beau raisonnement qui précède, mal pétri de faux droit, mal paré du manteau vertueux des grands principes de liberté prévalant dans notre pays, comporte un vice rédhibitoire. En effet, parce que la disparition s’est produite sans témoin ni preuve permettant, d’emblée, de considérer qu’une infraction à la loi pénale a été commise, en vertu de quel fondement démontré ose t-on privilégier, d’office, la solution selon laquelle, en réalité, aucune d’elle n’a été perpétrée ? Comment, sans enquête aboutie ou plus, sans enquête du tout, affirmer que l’adulte disparu a décidé, de son plein gré, d’aller refaire sa vie plaquant là maison, travail, famille et amis? Ainsi, au nom de la liberté de chacun, il est admis comme axiome, qu’un citoyen, en France, patrie des droits de l’homme que le monde admire, puisse être ‘’légitimement’’ victime d’un crime ou d’un délit d’enlèvement, de rapt, de séquestration si l’habilité des malfrats les conduit à ne pas laisser de signature! Il est donc constant que le désintérêt apporté à la recherche de cette catégorie de disparus contribue à l’entretien, dans la plus confortable des impunités renforcée par une quasi-absence d’investigations judiciaires, de tous les trafics; offre aux criminels, sur un pavois, à défaut d’être de droit, une magnifique présomption d’innocence ‘’par anticipation‘’, permet de favoriser et de faire prospérer leurs activités souterraines, ce faisant, de continuer tranquillement leur œuvre de pourrissement de notre société et, au final, de la toute la démocratie. A l’évidence, en la matière, s’il manque la motivation des institutions pour rechercher ces disparus, manque aussi une structure efficace et déterminée susceptible de s’intéresser à ceux qui, seulement parce qu’ils sont âgés de plus de 18 ans, ont acquis le droit de disparaître sans que nul ne s’intéresse à leur sort… sauf leurs proches naturellement ! Il n’y a donc bel et bien une criarde inégalité de traitement entre les trois grandes catégories de disparus. En outre, nous considérons que les adultes qui sont brusquement effacés de leur environnement, en France, méritent autant d’intérêt que les journalistes ou les touristes qui disparaissent à l’étranger et pour lesquels les moyens de l’Etat se mobilisent avec un taux de succès qui mérite être souligné.

NOS PROPOSITIONS Sensibilisés aux difficultés qui nimbent les problèmes qui préoccupent les familles des disparus, nous avons pris le parti de ne pas baisser les bras, moins encore de renoncer et, dans le cadre de notre combat journalier pour la recherche de la vérité, nous souhaitons que quelques-unes de nos suggestions, forgées au fer de la douleur, soient prises en considération pour, précisément, aider à la recherche de celles et ceux qui disparaissent subitement sans laisser la moindre trace. - Activation des textes Pour permettre l’identification des personnes inconnues retrouvées décédées nous souhaitons qu’une analyse ADN soit systématiquement entreprise sur les quelques 800 personnes enterrées sous X chaque année en France, ainsi que sur les 4000 ascendants de disparus. Ces recherches, par croisement des indices, contribueraient à l’élucidation d’un certain nombre de disparitions, permettraient de donner un nom à une sépulture, offrirait aux victimes la possibilité d’entreprendre, avec sérénité, leur deuil et, naturellement, en mettant fin à l’enquête de recherches elles génèreraient une économie de moyens qui pourraient alors être utilement consacrés aux recherches non élucidées par ce procédé. A ce sujet, existe certes le décret 2004-470 (J.O. n° 126 du mois de juin 2004), au demeurant les dispositions qu’emporte ce texte réglementaire sont très rarement ou pas appliquées, faute de moyens budgétaires selon les uns, par ignorance selon les autres, par désintérêt selon certains. Le FNAEG existe, il faut donc l’alimenter et l’utiliser. - Création d’un statut du disparu. Au nom de sa propre liberté d’aller et venir, et celle de conduire à sa guise sa propre existence, il n’est pas critiquable, pour un adulte sain d’esprit, de faire le choix de se retirer de son environnement habituel pour s’en aller délibérément refaire son existence paisiblement ailleurs, le tout sans avoir de compte à rendre à quiconque. Pour éviter sa recherche et les conséquences en résultant, pourquoi ne pas instituer un statut spécifique attaché à ce choix ? Celui-ci pourrait commencer par une simple déclaration faite auprès d’un service de l’Etat garant de l’authenticité de la démarche entreprise par le ‘’disparaissant’’ et, au plan patrimonial, générer des conséquences spécifiques comme l’abandon des droits successoraux et ceux de l’autorité parentale, le prononcé du divorce pour disparition volontaire, l’attribution des biens restés abandonnés… Ces dispositions permettraient, d’une part, d’éviter aux services de police de rechercher ces disparaissants et à ces derniers de ne pas vivre dans une quasi-clandestinité, souvent sous une identité d’emprunt générant des fraudes, de pouvoir exercer leurs droits civiques classiques et citoyens…Ces personnes ayant donc fait le choix volontaire de ne pas être recherchées, les moyens ainsi économisés pourraient également être consacrés aux recherches utiles.

Janvier 2009

Le Dossier de MANU association

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