Manu Association - Dossier 2009

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C) Un problème législatif La disparition des personnes majeures est un véritable problème, justement parce qu’elles sont…. majeures. C’est à ce titre, donc, qu’elles ont le droit de disparaître. C’est une liberté fondamentale, de faire ce que l’on veut, passé dix-huit ans, même si la famille est plongée dans une angoisse infinie, abandonnée des pouvoirs publics, sans autre aide que celle, nécessairement limitée, de certaines associations. C’est une liberté fondamentale, de faire ce que l’on veut, passé dix-huit ans, même si la personne disparue est dépressive, suicidaire, handicapée, amnésique, psychologiquement fragile et/ou influençable, ou encore atteinte de la maladie d’Alzheimer. C’est une liberté fondamentale, de faire ce que l’on veut, passé dix-huit ans, même si la personne n’est plus en état de se gérer, si elle n’est plus en pleine possession de ses facultés. Même si la France est le pays des droits de l’Homme, où « Toute personne majeure a le droit d’aller et venir comme bon lui semble », est-il pour autant acceptable que l’Administration française se désintéresse du sort de ses citoyens et ne sache pas où ils se trouvent ? Dans cette optique, tout disparu échappe à ses obligations citoyennes. Il peut même nuire au maintien de la Sécurité Publique, par des actes délictueux voire criminels. Les pouvoirs publics ne doivent pas se retrancher derrière cet argument bien commode que constitue la majorité, pour éluder des recherches. Les disparus, citoyens à part entière, ne doivent plus être ignorés*, effacés de la société*, laissés dans la clandestinité*. Tant qu’une personne disparue n’est pas retrouvée, il est impossible d’affirmer qu’il s’agit d’un acte volontaire et anodin, solution trop souvent avancée par les services de Police ou de Justice pour clore l’enquête. Dans la réalité, si l’on prend en compte la faiblesse psychologique possible d’individus rendus ainsi vulnérables aux influences d’autrui, peu de disparitions sont réellement volontaires ! Que peut-on faire ? Que peut faire le législateur ? Les idées, nous les avons simplement recueillies auprès des familles concernées victimes d’une disparition. Avec elles, nous avons établi un dialogue. Nous savons ce qu’il faut faire, parce que tous les jours nous vivons avec elles, ce que personne ne devrait vivre. Nous connaissons l’angoisse incessante de l’attente, l’angoisse de ne pas savoir, le désespoir…

* Lors du recensement de la population, un enfant majeur domicilié chez ses parents, disparu, ne peut plus être inscrit dans le formulaire de l’INSEE. Il ne fait plus partie de la population, pour l’Administration française il disparaît donc définitivement !…

* Les Sans Domicile Fixe, ne sont également pas recensés ; administrativement, ils n’existent pas. Êtres humains à part entière, certains sont peut-être recherchés par leur proches, la plupart sont connus des policiers et gendarmes, mais ils sont bel et bien rejetés de la société !...

Janvier 2009

Le Dossier de MANU association

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