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Queeriser l’espace, expériences architecturales

III- LE CORPS POLITIQUE QUI CONSTRUIT L’ESPACE

Les plus gros marqueur de cette récupération d’identité sont les « quartiers roses ». Il s’agit de territoires où les gays s’installent en grande majorité, jouant le rôle de gentrificateurs potentiels, du moins jouant « un rôle suffisamment important dans la revitalisation du centre-ville pour que la municipalité investisse dans un quartier à l’identité gay marquée, ce qui renforce le mythe du gay blanc aux revenus élevés » (Gervais, 2020 : 264) et efface les gays racisés, de classes sociales inférieures et les lesbiennes. Il y a donc une superposition de stéréotypes de genre, de sexualité et de classe. C’est le cas du quartier du Marais, à Paris qui a été un refuge, un milieu militant et solidaire dans les années 1980, mais qui perd ses habitants Queer à cause du coût de la vie très élevé. En effet, la population Queer subissant des discriminations homophobes et transphobes, n’a pas accès aux mêmes métiers, logements, services publics. Elle est donc précaire et ne peut se permettre d’accéder à au niveau de vie qu’imposent ces quartiers gentrifiés.

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Il y a ainsi deux dimensions dans la ville depuis que les politiques se sont emparées du pink-washing : celle ouverte de la Marche des fiertés dans les quartiers gentrifiés et celle fermée des lieux dissidents où l’on pratique le cruising, les darkroom1, les ballroom2 où les drag3 performent.

1 Darkroom : « Espace sombre et plutôt à l’écart dans un bar, un évènement ou une discothèque (généralement destinés aux hommes homosexuels) qui permet de pratique un acte sexuel souvent rapide et anonyme sur place. C’est un lieu rapporté à la pratique du cruising » Définition tirée du glossaire de Mahé Cordier-Jouanne 2 Ballroom : « Nées à Harlem (New York) dans les années 1960, les ballrooms sont des lieux d’expression d’une sous-culture LGBT, principalement noire et latino, dans lesquels des personnes performent en compétition dans le but de faire remporter un trophée à leur ‘‘maison’’. Les compétitions peuvent inclurent de la danse ou des catégories de drag imitant d’autres genres et classes sociales » Définition tirée du glossaire de Mahé Cordier-Jouanne 3 Drag : « Pratique de travestissement performée par une personne qui construit une apparence féminine (dragqueen) ou masculine (drag-king) souvent stéréotypée et exagérée, de façon temporaire et souvent dans le cadre d’un spectacle. » Définition tirée du glossaire de Mahé Cordier-Jouanne 29

III- LE CORPS POLITIQUE QUI CONSTRUIT L’ESPACE

Queeriser l’espace, expériences architecturales

Queeriser l’espace c’est peut-être définir un lieu autrement, lui donner une autre image. C’est modifier les acquis de nos prédécesseurs en redessinant d’autres possibilités, d’autres corps, d’autres imaginaires.

Afin de saisir à quoi ressemble un espace queer, je vais m’appuyer sur deux exemples d’architecture contemporaine. Le premier est une architecture de papier pour la communauté Queer avec toutes ses fonctions nécessaires à son bon développement tandis que le deuxième est concret, réalisé lors d’un projet de fin d’étude.

Queer modulors (fig4)

III- LE CORPS POLITIQUE QUI CONSTRUIT L’ESPACE

À quoi ressemble la concrétisation d’une architecture Queer ?

Jackson Deans, diplômé de Glasgow School of Art est le concepteur de Urban Building1 . Par ce concept il développe une typologie hybride qui intègre des espaces de boîtes de nuit contemporaines dans le tissu d’un bain romain traditionnel. Ce projet aborde les questions relatives à la communauté LGBTQ+ et propose des espaces qui visent à offrir des expériences différentes et contrastantes.

Son concept émerge d’un constat qui indique que la population Queer (ici il parle des minorités sexuelles LGBTQ+) est plus sujette à la dépression, à l’anxiété et à la toxicomanie que la majorité de la population. Cette association entre les minorités sexuelles et une mauvaise santé mentale persiste malgré les changements positifs au niveau des attitudes sociales et des protections légales. Il propose donc une architecture dont le but est de combattre ces problèmes et de prévenir les effets néfastes qu’être Queer engendre sur les individu·es à cause des effets sociaux.

Cette manière de concevoir l’architecture pour la santé se retrouve dans les sanatoriums au XIXème et au début du Xxème siècle. Un sanatorium est un établissement médical spécialisé dans le traitement des différentes formes de la tuberculose. Ils ont été massivement construit dans des régions isolées de la pollution et sur des plateau ensoleillés pour offrir un air pur et les vertus reconstituantes et désinfectantes du soleil.

URBAN BUILDING A Journey Through Heat, Sound & Queer Sensuality

Programme (fig5) Plan du premier étage (fig6)

III- LE CORPS POLITIQUE QUI CONSTRUIT L’ESPACE

Son bâtiment est centré autour des interactions entre la communauté LGBTQ+, les personnes racisées et les femmes (cis et trans). Pour lui, créer un lieu sécurisant pour ces communautés leur permet non seulement d’exister à leur manière sans jugement et discrimination mais aussi de créer des connections profondes les unes avec les autres.

Le programme principal est un bain public. Il permet à l’utilisateur·ice d’expérimenter différents niveaux d’intensité physique et sensorielle à travers la lumière, le son et la chaleur pendant qu’iel se déplace à travers le bâtiment. Afin de développer une typologie hybride, il intègre une boîte de nuit contemporaine dans le tissu traditionnel des bains Romains. En effet, les bains ont joué un rôle majeur dans l’ancienne société romaine et si maintenant se laver est considéré comme une activité privée, c’était, à Rome, une activité commune et sociale. L’idée est reprise dans son design en utilisant les bains comme moyens sociaux d’interactions.

Le but est de créer un spa méditatif, une discothèque intense, des darkroom privées, et toute une variété d’espaces de circulation entre les deux, pour répondre au désir de l’utilisateur·ice.

La forme de l’architecture est elle aussi hors-norme. La construction vient se placer dans une interstice urbaine entre deux bâtiments rectangulaires prenant une forme floue et ondulante. Ses espaces circulaires et ovales représentent les fonctions intérieures - piscine, boîte de nuit, lieux de drague – qui donnent à l’endroit un caractère propice au laisser-aller.

Lors de leur travail Hacking Space, Acting Space, regards performatifs sur l’architecture. Anaïs PetitJean, Manon Guéguen et Ulisses Machado, en 2018, sous la direction de Cyril Ros et Armand Nouvet à L’ENSA Belleville, ont étudier les dynamiques entre les espaces, les genres et les sexualités au travers de la théorie queer. Pour eux, il s’agit de conceptualiser de manière non exhaustive des conditions d’expérience afin de créer des espaces Queers. Ils conçoivent donc des propositions pour subvertir l’espace sur lequel ils se basent. Afin d’étudier correctement leur travail en lien avec mes recherches, je n’analyserai que leur première expérience à propos de l’espace public. C’est une architecture narrative et expérientielle située dans le quartier de Palgwitz à Leipzig en Allemagne.

Le projet se situe dans un quartier en friche. Avec de nombreux bâtiments vacants suite à une spirale de déclin avec une saignée démographique et une chute des industrie, Palgwitz est placé à la limite d’un quartier gentrifié que la ville de Leipzig à rénové. Dans le quartier, un terrain les interpelle. Il est placé à proximité d’anciennes usines d’outillages agricoles où la ville a planté un champs de blé pour redonner cette identité passée au lieu. Ce terrain est approprié par les habitant·es et ils imaginent ici un futur espace public.

À quoi ressemble un espace hacké ?

III- LE CORPS POLITIQUE QUI CONSTRUIT L’ESPACE

Selon leurs observations, le monde est entrain de produire un nouvel ordre disciplinaire qui se matérialise par la transparence. Cette dernière est associée au bien, à la morale et à la purification. « Le caché est devenu suspect et l’authenticité signifie tout dire, tout montrer. Ainsi, un urbanisme de la transparence apparaît, jouant sur le contrôle qu’engendre la vision panoptique de l’espace public. Toute expression politique ou sociale radicale est exclue » (Guéguen, 2020 : 19) La ville est donc lissée, les recoins sont évités car associés à la dangerosité. On ne pratique que les espaces acceptés par la majorité qui observe. L’opposition privé/public rend légitime cette compréhension de l’espace.

Pour répondre à cet état de fait, A. Petitjean, M. Guéguen et U. Machado choisissent de concevoir un espace public dit cachottier. Ils hackent1 l’espace (ici le terme hacker est compris selon l’anglais : en plus de pirater ce qui existe, crée autre chose) en brouillant la frontière entre public et privé, installant un espace intime au centre du terrain de Palgwitz. Ils brouillent les binarismes qui sculptent les espaces normatifs. (plan de l’espace public)

Au centre, des murs réfléchissant en inox reflètent le champs de blé. Ils rappellent ironiquement la recherche d’identité historique par la ville de Leipzig. Ils cachent ainsi ce qu’il se passe à l’intérieur. Des ouvertures sont placées en respectant les chemins spontanés déjà existants s’ouvrant sur un espace caché. On trouve alors plusieurs plateformes de formes neutres placées à différents endroits rendant alors possible une multitude d’appropriations. Cela permet différents degrés d’intimité en plus du terrain en friche préservé. Cet espace intérieur, dont l’enjeu est de créer un espace public intime, s’empare donc de l’ironie de son caractère caché : il demande le droit d’exister car il est invisible.

Panneaux réfléchissants les champs de blé (fig7) Structures faite d’échafaudages pour maintenir les panneaux réfléchissants et les différentes plateformes (fig8)

III- LE CORPS POLITIQUE QUI CONSTRUIT L’ESPACE

L’espace public devient une zone autonome temporaire où les actions qui s’y déroulent sont séparée par des frontières mais il permet également une grande liberté d’appropriation.

À travers leur démarche, les concepteur·ices apportent une réponse non figée, une ouverture aux questionnements. Ils proposent une expérience radicale de la normativité. Leurs gestes sont symboliques, forts, clairs et dénonciateurs en utilisant l’architecture au minimum, sans en faire trop. Ils souhaitent laisser placer à la subjectivité et permettre à des individu·es non-queer de s’y sentir à l’aise et des individu·es Queer de s’y projeter.

Les espaces publics sont conçus selon un système patriarcal qui génère une pensée dominante qui fabrique un type d’espace pour un genre et un type de corps. C’est un espace qui renvoie à ses usager·es le genre qui leur est assigné, ce qui limite les appropriations des femmes et des minorités de genre. Les penseur·es de nos villes stigmatisent l’individu pour lequel ils conçoivent comme un homme blanc, jeune, sans enfant, aux activités variées et avec beaucoup de temps libre. Les femmes et minorités de genres se voient reléguées au second plan et subissent une stigmatisation de leur images traduite par du harcèlement de rue. Ces personnes développent alors des comportements protecteurs envers elles-mêmes pour se déplacer dans les espaces publics. Tous les habitant·es n’ont donc pas le même droit à la ville (Hancock, 2015 : 11).

Forçant l’intégration dans l’espace public ou bien en créant d’autres espaces plus inclusif, la pensée Queer constitue un contre-pied à la norme. Revendiqué entre autre par le mouvement Bash Back, le queer se défini en dehors de toutes les normes, en opposition au récit dominant du patriarcat blanc-hétéro. Toutes les minorités ethniques, de genre, sociales sont représentées.

Les auteur·ices de la théorie Queer expliquent la conception des espaces publics et de l’architecture normée comme une vision binaire basée sur des hypothèses normatives. Ces dernières se sont fondées pendant les révolutions industrielles. Alors que les innovations techniques ont transformé plus que l’architecture mais la société en entier, le fonctionnement capitaliste - la société de consommation, l’utilisation des ressources de la planète et le colonialisme - s’est ancré durablement à l’échelle mondiale. La recherche d’une conception fonctionnelle et rationnelle fixe alors des principes architecturaux et urbanistiques. Les modes d’habiter se figent, calquant la réalité selon une fiction dominante et en limitant d’autres concepteur·ices d’inventer d’autres imaginaires.

Malgré cette définition fixe de l’espace, les territoires Queers existent. Les espaces où vit la communauté Queer constituent majoritairement des espaces en marge. De part leurs sexualités ou leurs identités de genre discriminées qui rendent leurs existences parfois difficile, ces espaces cherchent à être rassurants, accueillants et inclusifs. Souvent pratiqués que par la communauté, ils constituent des repères dans les villes où la potentialité d’être agressé ou discriminé est beaucoup plus faible. Ce sont des bars, des espaces de drague, des locaux associatifs, des Ballrooms, … Ce sont aussi des rues, des places occupées pour revendiquer des droits, des existences.

Rendre Queer un espace c’est peut être le sortir de la cis-hétéronormativité. C’est permettre à des histoires masquées de se reconstituer et à des appropriations avortées d’exister. Un espace Queer, c’est peut-être un espace d’opportunités, un espace non programmé où toutes formes d’appropriations sont possibles.

Quel processus d’action emprunter pour désamorcer un mode de pensée dominant qui a conçu la majorité de nos espaces depuis plusieurs siècles ? Comment ce système de pensée s’exprime t’il dans nos architectures ?

En tant que concepteur·ices, il me semble important de savoir dans quel système de pensée nous nous situons. La manière dont nous pensons les espaces n’est pas exclue de tout carcan. La théorie Queer permet d’étudier les pratiques personnelles qui inventent des espaces hors-normes. Elles créent un besoin d’aménagement inclusif autant dans la sphère publique que privée, remettant en question le regard hétéronormé qui sculptent nos espaces.

Il s’agit aussi de développer l’inclusivité dès la formation des équipes de conception. De part les formations (architectes urbanistes, paysagistes, mais aussi sociologues, ethnologues, etc.) qui contribuent à la multiplicité des approches professionnelles, mais aussi de part les identités de genres, ethniques et sociales. Il est difficile de construire pour quelqu’un que l’on n’est pas. Il est en revanche plus simple d’intégrer le regard, l’avis plus pertinent d’un futur usager. Cette participation dès la conception demande de la pédagogie, du temps et de la communication ainsi que la remise en question, parfois, de son savoir professionnel.

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fig. 1 : Statue de la Saône personnifiée. photographie par Instants Lyonnais. Disponible ici : http://www.instants-lyonnais.com/le-rhone-et-la-saone-en-statues/ (consulté le 26.04.2021) fig. 2 : Statue du Rhône personnifiée. photographie par Instants Lyonnais. Disponible ici : http://www.instants-lyonnais.com/le-rhone-et-la-saone-en-statues/ (consulté le 26.04.2021) fig. 3 : Capture d’écran du site internet Queering the map. Disponible ici : https://www. queeringthemap.com/ (consulté le 26.04.2021) fig. 4 : Illustration de Mahé Cordier-Jouanne. Disponoble ici : https://issuu.com/mahecordierjouanne/docs/portfolio_mahe__2020 (consulté le 26.04.2021) fig. 5 : Axonometrie par Jackson Deans. Disponible ici : https://gsashowcase.net/jackson-deans/ (consulté le 26.04.2021) fig. 6 : Plan du 1er étage par Jackson Deans. Disponible ici : https://gsashowcase.net/ jackson-deans/ (consulté le 26.04.2021) fig. 7 : Photographie par Manon Guéguen. Disponible ici: https://issuu.com/mnnjstn/ docs/manon_gue_guen_portfolio19 (consulté le 12.04.2021) fig. 8 : Photographie par Manon Guéguen. Disponible ici: https://issuu.com/mnnjstn/ docs/manon_gue_guen_portfolio19 (consulté le 12.04.2021)

Entretiens

Valentine Entretient par appel visioconférence le 24 février 2021

1/ Est-ce que tu peux te présenter et m’expliquer si tu te considères queer ou pas ? Et en quoi ?

Femme cis, je me considère queer parce que j’ai une copine et que c’est un terme cool parapluie et en plus politisant. C’est fatiguant de trouver une étiquette.

2/ Est ce que tu t’es déjà sentie exclue ou inclue à un endroit en ville parce que tu es toi ? Par rapport à quelle par de ta personnalité ?

Les espaces publics me font penser aux colleuses. C’est un des moyens qui te fait sentir, genre d’aller dans la rue, que un groupe de meuf et de coller des trucs sur les murs et tout, ça te fait… Fin t’as l’impression que tu te réapproprie l’endroit c’est sur. J’ai pas collé beaucoup de fois dans ma vie mais le peu de fois où je l’ai fait ça c’est un truc qui est empouvoirant en tant que meuf dans la rue parce que bah, ça j’pense que c’est vraiment le truc le plus général en tant que femme le soir tu te sens forcément oppressée ou en danger ou qu’y’a un mec qui va te parler. Donc j’pense que l’espace public est vraiment un endroit qui est fait que pour les mecs, fin pour les mecs, … que pour les gens qui ne connaissent pas d’oppression.

Pour penser à des endroits où au contraire je me serai pensée peut être mieux intégrée etc. J’ai pensé aux lieux où y’a des protections periodiques à dispo. C’est peut paraître pas grand-chose mais tu te dis mais ok, en fait ces gens là ont pensé que c’est chiant d’avoir ses règles et c’est payant… Par exemple dans des bars, au Bastion y’en avait.

J’aurais plus de mal à raisonner en terme d’espace mais c’est lié à la population qui l’habite. Au niveau des bars ou des boites tu te sens forcément mieux accompagnée de personnes qui sont comme toi ducoup. Avec des gens queers je me sens mieux et si en plus y’a des soirées queers dans des espaces queers, c’est encore plus agréable.

3/ A quoi ressemblent ces endroits ?

C’est lié à la population et je sais pas si l’espace en soi à des particularités en tout cas mais les personnes qui s’en occupaient, les personnes qui venaient, les évènements qu’il y avaient c’était ciblé sur la culture Queer.

J’me dis que le seul truc dans la rue qu’on pourrait retrouver comme quoi en étant une meuf on se sent pas toujours bien, ça peut être retrouvé dans des espaces de sorties genre les boites ou les bars. Au niveau de l’espace si y’a des petits recoins où on peut te prendre à l’écart c’est comme en ville, genre les petites ruelles et que tu sais qu’il y a personne…

J’ai l’impression qu’au contraire dans des boites queers, ça peut être agréable. En fait ça dépend dans quelle position t’es. Si t’es dans la position de la personne oppressée, ça peut être un endroit ou tu peux discuter plutôt que danser. Ça dépend de la population qu’il y a autour et de toi par rapport à cette population [oppressereuse ou oppressé·e].

4/ Pour toi, ces espaces sont appropriables durablement ou éphémères dans le temps ?

Je pense que ça peut être à la fois des endroits éphémères genre dans des manifs ou des Assemblée Générales militantes lors d’un évènement politique avec des gens que tu connais pas. Des rassemblement, des manifs, des trucs qui ont lieux à un instant T. Et y’a des trucs établis genre un bar queer et tu sais que tu y es déjà allé. Mais l’aspect ponctuel est très intéressant parce que les manifestations et les rassemblements sont aussi des moments où les personnes qui militent peuvent essayer de reprendre un peu la rue et ça donne le sentiment d’appartenir à un groupe ce qui est assez galvanisant. Même si c’est en plein jour pendant une manif, t’es pas vraiment safe. Y’a de la violence des gens dans la rue ou de la police etc.

5/ Quels adjectifs poserais-tu sur ces endroits ?

Je dirais, Chaleureux convivial, qui tend vers… j’ai envie de dire communautaire mais ça a des connotations négatives donc un endroit qui serait accueillant et acceptant. En vrai ce que tu cherches quand tu vas dans un bar mais qui est encore plus.. peut être même rassurant.

6/ Est-ce que ce sont des espaces exclusifs aux personnes queer ou pas ? Que préfères-tu ? Au niveau du safe.

Le point de vue que je donne c’est celui d’une meuf qui a assez de privilèges, ça va. Même si je suis une meuf et queer. Y’a des endroit par exemple comme les manifs genre la Pride, tu viens c’est bien c’est galvanisant mais au final tu te rends compte que c’est pas adapté aux personnes handicapées. La Pride, y’a un peu tout le monde qui vient et c’est pas si safe. J’me rappelle que la Pride de Lyon y’a 2 ans, j’ai vu une personne qui se faisait agressée en direct. C’était une meuf qui se faisait coller par des mecs. C’était vers un char où il y avait de la musique et les gens étaient venus parce qu’ils pensaient que c’était la fête alors que c’est pas ça.

C’est une problématique qui revient souvent de manière générale dans les espaces militants. Est-ce qu’on reste qu’entre-nous ou bien est-ce qu’on s’ouvre et le risque de s’ouvrir c’est de s’ouvrir à de potentiels agresseurs. Mais le truc c’est que même en étant entre nous, il peut toujours y avoir des agressions. Au sein de la communauté il peut toujours y avoir quelqu’un qui a mal fait quelque chose. Au Bastion par exemple, il y a des personnes qui n’aiment pas ces endroits parce que peut être qu’eux ont subit de la transphobie ou autre chose que moi j’ai pas subit. On a jamais tous exactement le même vécu de chaque endroit. Et je pense que plus tu cumules les potentialités d’agressions ou micro-agressions, plus des lieux peuvent être dangereux.

En pratique, tu peux pas évaluer à quel point les gens sont renseignés à l’entrée et le travail de déconstruction, de se renseigner, de se politiser, c’est un processus. Tu peux pas dire « c’est bon t’es déconstruit tu peux venir dans le bar ». En soit c’est compliqué d’atteindre un espace 100 % safe mais c’est sur que c’est nécessaire d’avoir des espaces d’entre-soi de personnes queers, ou avec que des femmes, ça dépend de la thématique du groupe. C’est sur que c’est nécessaire parce que quand t’y penses tout les autres espaces de la ville ce sont des lieux que pour les mecs cis-hétéro. Donc même si nous on est au milieu bah on est pas bien.

7/ Quand tu es au milieu de ces espaces qui ne sont pas fait pour toi, comment est-ce que tu repères un endroit où tu te sentiras plus « safe » ?

Je pense que c’est un mélange de visuel, présentation, même si je saurais pas te sortir les codes graphiques du lieu engagé et qui à l’air safe. Le bouche à oreille forcément mais tous les lieux de sorties c’est comme ça, y’a quelqu’un qui t’amène et puis t’y retournes.

Maxence Entretient par appel visioconférence le 18 mars 2021

1/ Est-ce que tu peux te présenter et m’expliquer si tu te considères queer ou pas ? Et en quoi ?

Je m’appelle Maxence Verdier, j’ai 20 ans et oui je me considère comme queer. Je trouve qu’avec le temps un peu moins. Pour moi au début quand je l’expliquais c’était lié à ma sexualité de base, parce que je suis gay. Ça me faisait rentrer dans la catégorie LGBTI+ et donc il y avait toute l’histoire et l’héritage qu’il y a derrière et, aussi, être en marge de la société parce que c’est encore discriminé aujourd’hui. Je me décris de moins en moins comme queer dans le sens où c’est un mot un peu trop valise et donc y’a moins de portée politique que les termes plus individuels en tant que personne lesbienne, trans, gay. Même pour les personnes qui font pas partie de la communauté LGBT, y’a une tendance à se définir en tant que queer parce qu’on ne rentre pas dans les normes. C’est pas forcément négatif en soit parce que si on se décrit hors des normes c’est quand même cool. Mais je trouve qu’on doit quand même être encore dans la revendication pour avoir des choses équitables. Je pense que ce qui est queer, peut apporter et participe à la lutte mais je pense que la lutte peut aussi se faire en premier lieu pour les personne LGBT. Y’a une distinction qui es importante.

2/ Est ce que tu t’es déjà sentie exclu ou inclu d’un lieu en ville parce que tu es toi ? Par rapport à quelle par de ta personnalité ?

Avant de parler pour la ville, la grande disparité était déjà entre la première partie de ma vie et maintenant. Genre quand t’es dans une ville de périphérie, à la limite avec la campagne, il y a des personne LGBT autour, des personnes queers. Mais y’a un manque de repère, d’identification et de possibilité d’être complètement out avec les autres et de repère,

d’identification et de possibilité d’être complètement out avec les autres et de se présenter entièrement comme on peut le faire dans une grande ville. Y’a un manque perceptible de repères queers, LGBT. Quand je dis queer, je parle des personnes LGBT. Puis ça a été progressivement parce que j’ai d’abord été à Clermont-Ferrand à l’internat en prépa donc pas terrible mais y’avait déjà un premier écart, une distance avec la famille. Ça permet déjà de prendre de la distance et de penser plus à soi et son identité. Et avec Lyon, le fait d’avoir un appartement seul, ça permet plus de possibilités. On peut organiser son temps comme on veut, on peut aller à des évènements, rencontrer des gens, de faire venir des gens chez soi qui nous permettent de créer aussi et de participer à des espaces queers.

3/ A quoi ressemblent ces endroits ? Peux tu donner des exemples ?

Je pense que les lieux sont pas forcément… Y’a des lieux physique où y’a des évènements organisés. Par exemple à Lyon y’a le local LGBT vers Croix-Rousse. Y’a des lieux qui sont officiellement queers. Mais après je dirais que c’est des lieux aussi un peu virtuels, dans le sens qu’il y a tous les évènements organisés par les assos. Donc y’a beaucoup d’assos notamment dans le milieu étudiants. Donc y’a des évènements qui sont organisés comme ça, y’a aussi des soirées à thème,… Et puis je pense que c’est un peu comme tout mais c’est aussi beaucoup d’interpersonnel, donc des groupes de personnes proches, qui sont queer et qui font des trucs entre-eux. Ce sont des lieux un peu diffus pas très concret, qui naviguent un peu dans la ville et qui sont un peu présents partout au final.

4/ Pour toi, ces espaces sont appropriables durablement ou éphémères dans le temps ?

Pour ce que j’ai en tête, ce sont des choses éphémères dans leur durée propre mais leur modèle va durer dans le temps. Genre tout le monde fera des petites soirées avec un groupe de potes et tout. C’est quelque chose qui va durer. Après pour des espaces un peu plus physiques, je pense qu’il y a besoin que ça soit plus poussé dans le futur, et là ducoup ça serait plutôt comprendre le queer comme quelque chose de plus inclusif je dirais, que ce soit pour les personnes LGBT mais je pense que c’est valable pour tout le reste, genre les personnes à mobilité réduite, etc. Donc y’a tout ça qui participe à requestionner l’espace urbain, que ce soit les bâtiments et même l’espace public en général. Et puis après ouais il faut que ça soit le plus inclusif possible et ça pour moi ça doit être penser donc pour le futur.

5/ Quels adjectifs poserais-tu sur ces endroits ?

Le premier auquel je penserais c’est quelque chose comme chaleureux. Je pense que c’est quelque chose où on doit se sentir bien. C’est encore lié à l’inclusivité genre c’est un endroit où on se sens à l’aise. C’est quelque chose qu’on peut ressentir à pleins d’endroit différents et en fonction des individus ça varie. Mais c’est le premier terme qui est important. J’aurais tendance à dire joyeux. Tous les termes auxquels je pense sont en rapport avec le fait d’être ouvert et de pouvoir accueillir les gens de manière assez positive.

6/ Est-ce que ce sont des espaces exclusifs aux personnes queer ou pas ? Que préfères-tu pour te sentir le plus à l’aise ?

Je pense que c’est une coexistence des deux. Je pense que pour certaines personnes, si on prend le mot queer au sens large on peut prendre les minorités de genre… Les espaces exclusifs, en non-mixité ça peut être cool pour que les personnes se sentent bien. Après le but est quand même, d’après moi, d’aller vers un objectif , c’est pas une fin en soi. C’est un espace ou on se sent bien et où on peut échanger pendant un moment mais ça doit aller de paire avec une transformation sociale plus profonde ou il n’y aurait plus besoin d’avoir ce repli sur soi, cet entre-soi qui est bénéfique pendant un moment mais qui est aussi révélateur d’une souffrance un peu plus grande et du fait de ne pas être accepter par la société. Les espaces exclusifs ont une durée de vie à court terme si on est optimiste et le but c’est quand même l’inclusivité. Donc l’inclusivité c’est que ce soit ouvert.

7/ Quand tu es au milieu de ces espaces qui ne sont pas fait pour toi, comment est-ce que tu repères un endroit où tu te sentiras plus en sécurité ?

De mon point de vue c’est très lié à la sexualité, fin, pas en tant que telle mais à l’orientation sexuelle et à la communauté LGBT. Je pense que ce qui est caractéristique c’est.. Déjà y’a des prénotions. Comment on conçoit tel ou tel lieu, si on va si sentir bien, si on sait que c’est mal fréquenté, je pense que c’est un élément déterminant. Après y’a aussi l’ambiance, parce que parfois nos prénotions sont pas bonnes et on peut se tromper et en fait quand on est sur place on s’y sent bien. En terme de,.. sur la structure des lieux j’ai pas trop d’idées, j’avoue que faudrait plutôt s’intéresser aux choses qui sont considérées valides. Ce sont des approches sur des espaces ouvert mais pas non plus un open space du travail en mode on peut voir tout ce que font les autres.. Donc c’est de l’intime mais bienveillant et ouvert. Je pense que ça dépend sur quel horizon on se fixe. Le but c’est que le queer ne soit plus queer, que ça devienne une norme. Que la différente ne soit pas en marge, qu’elle soit un élément essentiel de la société. Le but c’est que ce soit visible justement et que ce soit quelque chose de saisissable par les personne. Et Pas secret un peu réservé à des groupes et pas à d’autres. Il faut pas que ça soit difficile d’accès. Je sais pas si l’accès visuel compte ou si c’est plutôt ce que ça porte comme message, valeurs pour les personnes en tant que tel. Parallèlement aux palais de justice construit aux 19ème siècle qui sont en hauteur et évoque une valeur, ils impressionnent, ça pose la question de ce qu’évoque un monument pour les gens qui passent. Et pas l’aspect… Fin c’est la perception que les gens en ont qui compte le plus. Je suis pas forcément à l’aise dans les bar. Y’a souvent des petits groupes déjà fait et c’est compliqué de s’intégrer. Donc j’y vais avec mes potes et ça rentre dans le cadre des groupes queer qui se déplacent et pas forcément d’un lieu défini comme queer. C’est quand même un grand vecteurs de rencontre mais c’est pas trop le mien.

Mais si les espaces queer sont temporaires, pour un événement, ça interroge parce que si c’est un lieu qui change d’aspect pour un certain temps, on peut se demander si ça existe vraiment…

Y’a un bar à Lyon, une coopérative, de l’autre côté du pont, qui peut être loué pendant un certains temps par des assos et l’autre fois y’avait une assos Queer qui l’avait louée pour la soirée et c’était devenu un espace LGBT pour un petit temps. La Pride c’est un lieu temporaire où on se réapproprie l’espace public pendant un moment, on revendique et puis on est visible. Y’a un coté un peu performatif à ce moment là où on accentue des traits qu nous différencie de la norme. Peut être qu’on se sent plus à l’aise de le faire à ce moment là mais je pense qu’il y a aussi un aspect qui est provoquant, revendicatif. Ducoup je sais pas si la manière qu’on a de se présenter dans des lieux Queer est la même que celle qu’on a tous les jours et sinon pourquoi on le fait. Est-ce que c’est parce qu’on revendique ou est-ce que c’est parce qu’on s’y sent tout simplement bien et libre d’être soi.

Les Drag Queen c’est un peu particulier parce qu’il y a une histoire derrière. Maintenant avec Rupaul c’est devenu un peu plus mainstream et ducoup y’a peut être moins de justifications derrière. Y’a des gens qui font juste ça pour kiffer. Y’a un côté très libérateur de faire du drag et à propos de l’identité de soi. C’est vraiment parti de l’affirmation de soi. Y’a une drag queen de Lyon, Flora Davis, qui explique en quoi ça participe à ses questionnements. Et pour des personnes qui sont pas forcément binaires ou cis, ça permet de s’habituer à exister en tant que chose non catégorisée et après pouvoir se lancer dans la vie en se disant, ok ce que je ressens quand je suis sur scène sans me mettre dans une case, je peux peut être l’appliquer dans la vie de tout les jours.

Ce rapport d’étude porte sur la question du genre dans l’espace public. Je me questionne à propos d’une pensée dominante qui fabrique un certain type d’espace pour un genre et un type de corps en particulier ainsi que sur la capacité d’un tel système à engendrer une certaine forme d’appropriation de l’espace.

Découpé de manière binaire entre le genre féminin et masculin, l’espace public est conçu selon une pensée dominante masculine limitant ainsi l’appropriation des lieux par les minorités de genre. Ces dernières ne vivent pas de la même manière les espaces et développent des façons de se déplacer afin de se protéger des discriminations et des potentielles agressions. La théorie Queer tente de remettre en question le récit qui a forgé notre pensée de concepteur·ice depuis plusieurs siècles afin de pouvoir ensuite rendre possible d’autres imaginaires. Les théoricien·nes Queer se situent volontairement dans une réflexion horsnorme afin de briser les binarismes qui censurent certaines formes d’existences.

ABSTRACT

This study focuses on the issue of gender in the public space. I wonder about a dominant thought that makes a certain type of space for a particular type of body as well as the ability of such a system to create a certain form of appropriation of space.

Divided in a binary way between the feminine and masculine gender, public space is designed according to a masculine dominant thought limiting the appropriation of places by gender and sexual minorities. The latter do not live in the same way spaces and develop ways of moving in order to protect themselves from discrimination potential aggression.

Queer theory attempts to challenge the narrative that has shaped our thinking as a designer for centuries in order to make other imaginary possible. Queer theorists are deliberately placed in an out-of-the-ordinary reflection in order to break down the binarisms that censor certain forms of existence.

RESUMEN

Este informe de estudio aborda el tema del género en el espacio público. Interrogo un pensamiento dominante que crea cierto tipo de espacio para un género y un tipo de cuerpo en particular, así como sobre la capacidad de este sistema para generar cierta forma de apropiación del espacio.

Dividido de manera binaria entre el género femenino y masculino, el espacio público es concebido según un pensamiento dominante masculino que limita así la apropiación de los lugares para minorías de género. Estas no viven de la misma manera los espacios y desarrollan formas de moverse para protegerse de discriminaciones y de agresiones posibles. El pensamiento Queer trata de volver a pensar la narrativa que ha forjado nuestro pensamiento de diseñadorxs desde hace varios siglos para luego poder hacer posible otros imaginarios. Los teóricxs de Queer se sitúan voluntariamente en una reflexión fuera de norma para romper los binarismos que censuran ciertas formas de existencia.

MOTS-CLÉS

VILLE – ESPACE PUBLIC – GENRE – QUEER – CORPS – NORMATIVITÉ – HORS-NORME - APPROPRIATION DE L’ESPACE

KEYS WORDS

CITY – PUBLIC SPACE – GENDER – QUEER – BODY – NORMATIVITY – OUT-OF-THE-ORDINARY – APPROPRIATION OF SPACE

PALABRAS CLAVES

CIUDAD - ESPACIO PÚBLICO - GÉNERO - QUEER - CUERPO - NORMATIVIDAD – FUERA DE NORMA - APROPIACIÓN DEL ESPACIO

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