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K. Marx : Le Capital (Livre III, section V)

2.

en créant des traites à 21 jours sur Londres, qui leur sont payées en espèces le jour où elles les mettent en circulation ;

3.

en payant en traites escomptées, qui circulent sans difficulté, parce qu'elles sont endossées par les banques.

La puissance de la Banque d'Angleterre s'affirme par ce fait que c'est elle qui règle le taux de l'intérêt sur le marché. Cependant les affaires ayant leur allure normale, il peut arriver que, désirant protéger son encaisse métallique, elle ne puisse pas élever le taux de l'escompte53, parce que la demande de moyens de paiement est satisfaite par les banques privées, les banques par actions et les billbrokers, dont la puissance capitaliste a pris une importance notable dans ces trente dernières années; il faut alors qu'elle ait recours a d'autres moyens. Mais dans les moments critiques la déposition du banquier Glyn (de Glyn, Mills, Currie & Co) devant la C. D. 1848/57 est toujours vraie : « 1709. Lorsque le pays est éprouvé par une grande crise, c'est la Banque d'Angleterre qui règle le taux de l'intérêt. ­ 1710. Lorsque sévit une crise extraordinaire.... qui réduit dans une proportion importante l'escompte chez les banquiers et les billbrokers, ceux­ci se tournent du coté de la Banque d'Angleterre, qui dispose alors du pouvoir de fixer le taux de l'intérêt sur le marché. » Ce qui n'empêche qu'étant une institution publique sous la protection et avec toutes sortes de privilèges de l’État, elle n'ose pas tirer parti sans merci de sa puissance, comme les établissements privés osent se le permettre. Aussi, Hubbard a­t­il pu dire devant la Commission des banques. C. B. 1857 : « 2841 (Question) ­. N'est­il pas vrai que l'on est servi au prix le plus bas par la Banque d'Angleterre lorsque le taux de l'escompte atteint son maximum et par les billbrokers lorsque le taux est à son minimum ? ­ (Hubbard). Il en est toujours ainsi, car la Banque d'Angleterre n'abaisse jamais le taux autant que ses concurrents et lorsqu'ils poussent le taux à son minimum, elle ne les suit jamais jusqu'à cette limite. » Cependant le monde des affaires est sérieusement impressionné lorsqu'en temps de crise la Banque serre la vis, comme on dit dans le langage vulgaire, et qu'elle hausse l'intérêt alors qu'il se trouve déjà au­dessus de son taux moyen. « Dès que la Banque d'Angleterre serre la vis, tous les achats en vue de l'exportation cessent les exportateurs attendent jusqu'à ce que la dépression ait ramené les prix au point le plus bas, et alors seulement ils se mettent à acheter. Mais lorsque ce niveau est atteint, les cours sont de nouveau réglés, l'exportation de l'or ayant pris fin avant. Des achats en vue de l'exportation peuvent faire rentrer dans le pays une partie de l'or qui a été exporté, mais ils se font trop tard pour éviter le drainage du métal précieux. » G. W. Gilbart, An Inquiry into the Causes of the Pressure on the Money Market, London, 1810, p. .37.) « Un autre effet de l'action du cours du change sur l'instrument de circulation, c'est qu'en temps de crise il pousse à la hausse du taux de l'intérêt. » (op. cit., p. 40.) « Les frais du rétablissement du cours du change retombent sur l'industrie productive du pays, tandis que la Banque d'Angleterre en profite, étant donné qu'elle peut continuer ses opérations avec une quantité moindre de métal précieux. » Mais, dit notre ami Samuel Guerney, « les grandes. oscillations du taux de l'intérêt profitent aux banquiers et à ceux qui font le commerce d'argent ­ toutes les oscillations des affaires étant avantageuses pour ceux qui savent en tirer parti. » Et bien que les Guerneys s'emparent de la crème des bénéfices que rapporte l'exploitation du marasme des affaires et que la Banque d'Angleterre n'ose pas se permettre pareille liberté, il reste cependant à cette dernière de beaux profits, sans compter ce qui tombe pour ainsi dire spontanément dans les poches de ses directeurs, que leur position exceptionnelle met parfaitement au courant de l'allure générale des affaires. D'après les dépositions devant le Lords Commîttee de 1817, les bénéfices de la Banque d'Angleterre furent les suivants pendant la période (1797­1817) de la suspension du paiement des billets en espèces : Bonuses and inereased dividends

7.411.136

New stock divided among proprietors

7.276.500

Increased value of capital

14.553.000

Soit en tout

29.280.636

en 19 ans, sur un capital de 11.642.100 £ (D. Hardcastle, Bank and Bankers, 2° édit., Londres 1843, p. 120). Si nous évaluons sur les mêmes bases le total des bénéfices de la Banque d'Irlande, qui suspendit également les paiements en 53 Le 17 janvier 1894, à l'assemblée générale des actionnaires de la Union Bank of London, le président, M. Ritchie, signalait qu'en 1893 la Banque d'Angleterre avait élevé le taux de l'escompte de 2 ½ % qu'il était en juillet à 3 et 4 % en août et ensuite à 5 %, la première hausse n'ayant pas empêché que 4 ½ millions de £ d'or ne sortissent en quatre semaines de la caisse de la Banque. Peu après l'or reflua, si bien que le taux de l'escompte put être abaissé à 4 % en septembre et à 3 % en octobre. Mais ces taux ne devinrent pas ceux du marché. « Lorsque le taux de la Banque fut à 5 %, le taux du marché resta à 3 ½ % et le taux de l'argent à 2 ½ %; lorsque le taux de la Banque fut abaissé à 4 %, le taux de l'escompte resta à 2 3/8 %, et celui de l’argent à 1 ¾ %; enfin, lorsque le taux de la Banque fut à 3 %, le taux de l'escompte se maintint à 1 ½ %, et l'intérêt à un taux un peu moindre. » (Daily News, 18 janvier 1894.) ­ F. E. 92


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