Frank), la dimension de profondeur du « mystère qui nous entoure et dans lequel nous sommes » (Martínez Lozano). Celle qui « embrasse tout ce que nous sommes » (F. Charles Howard), c’est-à-dire les éléments qui configurent notre vie, nos relations, nos dons, les joies et les peines, nos projets et nos états d’esprit, les luttes et les échecs… tout ! Notre spiritualité mariste propose de vivre tout ce que nous sommes en lui donnant un sens, et nous permet de dialoguer avec toute personne qui agit avec droiture, même si son agir ne semble rien à avoir avec la religion, mais au fond elle entre en relation avec Dieu et s’unit à Lui. Dans la densité de l’humain, ce qui émerge relève de la vie de Dieu. Par conséquent, le travail, le repos, les joies de la vie, les actions en apparence les plus simples et sans importance, sont en réalité des choses qui rapprochent de Dieu et qui ont un profond sens religieux, même si nous n’y pensons même pas. Tant d’hommes et de femmes de notre monde qui honnêtement cherchent à donner un sens à leur vie, deviennent ainsi des compagnons de notre chemin spirituel. Il nous semble que l’Évangile n’est pas un projet qui entre en conflit avec ce qui est authentiquement humain, mais qui, précisément, est la plénitude de l’humain qui est en nous et le chemin pour que chacun soit lui-même et se réalise pleinement. C’est ainsi que l’a compris Simone Weil : « Ce n’est pas par la manière dont un homme parle de Dieu, mais par la manière dont il parle des choses de la terre, qu’on peut discerner si son âme est restée dans le feu de l’amour de Dieu. » C’est ainsi que l’a vécu Champagnat, à partir d’une spiritualité de relation et d’affection (cf. L’Eau du Rocher, 31), simple et pratique (idem, 6), peu compliquée et pratique (Idem, 34)
• Une spiritualité « branchée » aux nouvelles sensibilités des jeunes. Un des grands défis pour notre spiritualité est le dialogue avec les nouvelles sensibilités de la religiosité des jeunes. Parmi elles on peut énumérer : une religiosité subjective, individualiste, provisoire et pragmatique. Le vécu personnel l’emporte clairement sur l’obligation ecclésiale. Tendance à interpréter le message chrétien à partir d’une religiosité naturelle. Les jeunes croient à ce qu’ils peuvent connaître grâce à leurs efforts et é ce qu’ils peuvent vivre à travers des expériences personnelles. Forts de cette mentalité subjective, il leur est difficile de croire aux mystères essentiels de la foi chrétienne. On ressent un certain intérêt pour des pratiques typiquement spirituelles qui mettent en valeur l’émotion et le sentiment. Pour certains, il s’agit d’une religion à la carte, se rapportant aux rites, aux croyances et aussi à l’éthique. La convivialité semble être la première et la plus décisive des valeurs. Leur religiosité est optimiste et orientée vers le bonheur, l’enthousiasme, la pleine réalisation de soi. La souffrance, le sens du devoir, le péché, le mal, la faute… sont généralement absents de leur foi. Pour la majorité des jeunes chrétiens le souci des autres constitue une dimension importante de leur vie chrétienne. Mais la manière de s’engager vis-à-vis des autres est surtout « charitable » ; ils refusent en général l’idée de théories ou de projets globaux au niveau social ou politique (cf. Spiritualità giovanile, Jacques Schepens-Joseph Boenzi, sdb). De nombreux jeunes ne se sentent pas interpellés par les propositions de l’Église, mais ils restent ouverts à l’intériorité. Et voilà un paradigme qui peut nous resituer face à la sensibilité des jeunes : 35 Phases Locale et Provinciale/de District : orientations et matériaux