La mode et son action

Les vêtements sont-ils un instrument de notre identité? J’en suis convaincue. Les vêtements soulignent ce que nous voulons que l’on voie et que l’on perçoive de nous. Les femmes en situation de handicap sont toutefois confrontées à différentes problématiques en matière de perception par autrui. Dans la société –et cela concerne aussi notre époque dite moderne –, il n’existe aucun consensus universel sur le fait que jeunes ou moins jeunes, les femmes en situation de handicap soient d’abord perçues comme des femmes.

Face à cela, l’habillement peut être utilisé comme outil de communication non verbale, exprimant sans ambiguïté ce que l’on se sent être et comment on veut que cela soit appréhendé –que l’on vive avec un handicap ou non. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fait de mes habits et de mon apparence un terrain silencieux de protestation et de polarisation. Je suis même parfois allée très loin dans ce sens, ayant la sensation que mon handicap était omniprésent. Je voulais créer un antagonisme pour rétablir un équilibre.

A la puberté, j’ai joué avec des vernis à ongles voyants et un maquillage changeant; vers vingtcinq ans, je portais des collants bariolés à motifs contrastés pour montrer que malgré ma silhouette assise, je possédais un corps féminin tout en courbes. Aujourd’hui trentenaire, je me suis créé et approprié une collection haute en couleur d’identités vestimentaires mettant en valeur différents aspects de ma personnalité et selon ce qu’exige la situation, ma garde-robe et mes assistant·e·s me transforment en la personne adéquate. Mais une chose est toujours centrale pour mon apparence: ma féminité.