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Tragédies Charnelles : Valentine de Saint-Point Poèmes-Drames-Idéistes d’Amour et de Guerre Adrien Sina
Aux Origines d’une Abstraction Futuriste Entre 1905 et 1913, Valentine de Saint-Point définit les concepts fondamentaux d’un projet de prolongement de la perspective de l’histoire du théâtre et de la danse, construit comme un art à part entière. Elle imagine le terme Métachorie – au-delà du chœur – pour ce champ pluridisciplinaire qui a pour finalité de tendre vers une abstraction géométrique et idéiste du corps et des mouvements. Ces positionnements théoriques sont nécessaires comme préalables à une approche conceptuelle du corps qui, par nature, est une matière vivante, charnelle, expressive ou émotionnelle, donc tout sauf abstraite. Pour comprendre ce terme pouvait signifier à l’époque, il faut un retour à Nietzsche, en particulier à ce texte fondamental La Naissance de la tragédie et la définition du chœur. L’abstraction en question dans la Métachorie de Valentine de Saint-Point se révèle plus clairement et en toute acuité lorsqu’elle est pensée dans le voisinage des écrits d’une autre nietzschéenne : Isadora Duncan. Toutes deux, s’interrogent sur le statut du chœur, ancêtre primordiale de la danse. Comme le note Isadora Duncan en 1916, « les acteurs ne représentaient que le récit accidentel, le détail des faits, tandis que le chœur planait au-dessus des actions des hommes,
dansait et chantait la chose générale et restait au-dessus du drame... C’est le chœur qui donnait l’exaltation lyrique, le point de vue éternel. » Puis, elle apporte une révélation qui change du tout au tout notre perception de sa danse : « Quand j’ai dansé, j’ai toujours tâché d’être le chœur. J’ai été le chœur des jeunes filles saluant le retour de la flotte ; j’ai été le chœur qui dansait la pyrrhique ou la danse bachique ; je n’ai jamais dansé un solo. » Il s’agit d’une fondamentale rupture de paradigme qui inscrit l’invention de l’action corporelle dans le concept plutôt que dans la narrativité individuelle. C’est bien là la modernité de la Tragédie que Valentine de Saint-Point replace devant le nouveau visage du monde en évolution : [ Dans la Tragédie, le héros, individualité synthétique, choryphée du chœur humain, surhomme, doit nous être révélé dans ses grands gestes, dans ses rapports avec la collectivité Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Les Pavots de Sang III, 1913-23. Bois gravé d’après un dessin de Vivian Postel du Mas. (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, 1913-23. Bois gravé d’après une sanguine de Vivian Postel du Mas. (Collection Adrien Sina)
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de sa race, de son pays, de son clan et dans ses rapports avec l’humanité totale dont on ne peut plus à notre époque s’isoler et nous devons pouvoir mesurer ses influences sur elles. ] Valentine de Saint-Point. Discours sur la Tragédie et le Vers Tragique, 1929.
Rayonnisme, Synchromisme Géométrisme, Idéisme La revue Montjoie ! est le creuset de tous les mouvements d’avant-garde, mais plus rarement le Futurisme. Il en va d’une compétition intellectuelle et artistique entre Ricciotto Canudo et F. T. Marinetti, qui ont toujours été en interaction d’émulation. Cependant Ricciotto Canudo ouvre sa revue à des courants très différents. Il est fait connaître Le Cubisme, L’Orphisme de Robert et Sonia Delaunay, le Synchromisme (contraction de symphonie et chromatisme) de Morgan Russell, ou du Rayonnisme du couple Michel Larionov et Nathalie Gontcharova. En observant les dessins de Vivian Postel du Mas sur les danses Idéistes de Valentine de Saint-Point ainsi que sur ses propres gravures sur bois, voire sur ses rehaussements au crayon des négatifs photographiques de la Métachorie, on pourrait remarquer des lignes qui rappellent la structure des faisceaux lumineux du Rayonnisme. Il est très difficile de savoir dans quel sens les influences se propagent, mais quelques indices peuvent être interrogés à la lecture de ces mots : [ N’est héros que celui qui, centre d’attraction, accumule et dispense la force et meut des énergies, celui dont l’acte s’inscrit dans l’histoire exotérique et ésotérique de sa race ou du monde, celui dont le destin rayonne sur la collectivité qu’il agite comme un faisceau de lumière. ] Valentine de Saint-Point. Discours sur la Tragédie et le Vers Tragique, 1929.
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, 1913-23. Bois gravé d’après une sanguine de Vivian Postel du Mas. (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, 1913. Photographie rehaussée au crayon sur le négatif. (Archives Giovanni Dotoli)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, 1913-23. Bois gravé d’après une aquarelle de Vivian Postel du Mas. (Collection Adrien Sina)
Gino Baldo Étude d’après une figure Métachorique, 1913 Montjoie !, 2ème année no 1-2, janvier-février 1914 (Collection Adrien Sina)
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Morgan Russell Valentine de Saint-Point. La Guerre, figure de la Métachorie (Restauration colorisée d’après un cliché n&b de Fawzia Zouari)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, La Guerre, 1913 (Collection Adrien Sina)
Vivian Postel du Mas Figure Métachorique, Mes Ancêtres, 1913. Montjoie !, 2ème année no 1-2, janvier-février 1914 (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Mes Ancêtres, 1913-23. Bois gravé d’après une sanguine de Vivian Postel du Mas. (Collection Adrien Sina)
Vivian Postel du Mas Figure Métachorique, Mes Ancêtres, 1913. Montjoie !, 2ème année no 1-2, janvier-février 1914 (Collection Adrien Sina)
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Gino Baldo Étude d’après une figure Métachorique, 1913 Montjoie !, 2ème année no 1-2, janvier-février 1914 (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, 1913-23 Bois gravés d’après un dessin de Gino Baldo. (Collection Adrien Sina)
“Your poems make one think that you sympathize with war, that you even find something wonderful and beautiful in it. Is this so ?” “Yes,” she answered, “I find everything beautiful that has to be, and war has been and war will be. And it must not only be hated and deplored, it must also be loved and gloried in ; for all four feelings are common to man, and what is common to man is something that we have no right to condemn from one of the standpoints alone.” “Everything is geometric ; we are all numerals that time sets up in a column and adds all together, and leaves the reckoning with — whom, what, where ? I see life as figures, as — designs, as squares, as triangles — out in a sharp point, the — cave, the look of hate that is convex, the looks of desire that are oblong and the looks of hunger that are vertical.” Valentine de Saint-Point. Recruiting for Métachorie : Mme. Valentine de SaintPoint Talks of her Church of Music. Interview by Djuna Barnes. New York, 1917
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Les Pavots de Sang, 1913-23 Bois gravés d’après un de ses propres dessins. (Collection Adrien Sina)
F. T. Marinetti Lo splendore geometrico e meccanico e la sensibilità numerica. Manifesto futurista. 11 mars, 1914. (Collection Adrien Sina)
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Attractions passionnelles et polaires [ Dégagée de tous les détails d’exécution qui, même pour le profane, en font une chose nouvelle, la Métachorie apporte ceci : l’inscription nécessaire fatale du drame dans un thème géométrique. V. de Saint-Point en fait la base même de la Métachorie, base sans laquelle sa danse ne serait pas. Or, si quelques danses sacrées ou profanes ont un tracé que les exécutants doivent suivre, ce tracé est parfaitement arbitraire, comme peut l’être tel détail symbolique d’un office religieux, ce tracé n’a qu’une valeur artificielle, purement mnémonique. Le thème métachorique est autre. Sa nécessité est absolue parce qu’il est l’inscription même des rapports de l’espace et du temps, de l’Homme et de la Durée, — l’inscription donc de la Vie transposée et arrêtée esthétiquement.
Valentine Gross (Hugo) Étude d’après une figure Métachorique, 1913 Montjoie !, 2ème année no 1-2, janvier-février 1914 (Collection Adrien Sina)
Gerda Wegener Étude d’après une figure Métachorique, 1913 Montjoie !, 2ème année no 1-2, janvier-février 1914 (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Poème de Guerre. 1913 Photographie de Branger. (Collection Adrien Sina) Des bandes molletières qui montaient le long de ses jambes nues accentuaient son érotisme guerrier. Elle se place en Walkyrie de la Burgundie. Sa cotte de maille a la taille des mini-jupes d’aujourd’hui. Son casque est inspiré du Spangenhelm : casque composite formé de plusieurs plaques de tôles, porté par les Germains entre le 3ème siècle et le Moyen-Âge. Il s’agit d’une reprise théâtralisée de ce que l’on imaginait fin XIXe. F. T. Marinetti a peu compris cet univers guerrier historiciste. Il écrit dans son Manifeste de la Danse Futuriste de 1917 : « Valentine de Saint-Point conçut une danse abstraite et métaphysique qui aurait dû traduire la pensée pure sans sentimentalisme ni ardeur sexuelle. Sa Métachorie est constituée de poésies mimées est dansées. Malheureusement ce sont des poésies passéistes qui nagent dans la vieille sensibilité grecque et moyenâgeuse ; abstractions dansées statiques, arides, froides et sans émotion. »
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Poème de Guerre, 1913-23 Bois gravés d’après un dessin de Valentine Gross. (Collection Adrien Sina)
La seule erreur de Valentine de Saint-Point était d’avoir voulu assimiler les idées héroïques et guerriers du Futurisme à travers le prisme de sa propre histoire ancestrale. Malgré l’avant-gardisme géométrique de ses danses, seuls les dessins – plus abstraits que les photographies – portent la note de la modernité. Vingt années plus tard, Giannina Censi s’est inspiré des mêmes mouvements, mais son apparence était plus moderne, portant un maillot d’aluminium conçu par le futuriste Enrico Prampolini.
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Valentine de Saint-Point Les Danses idéistes de Mme de Saint-Point. Fantasio no 179, 1914 (Collection Adrien Sina)
Gino Baldo Décomposition numérique d’un dessin de Gino Baldo représentant une figure de la Métachorie, montrant les mouvement du corps soumis aux attractions entre deux pôles d’amour. À l’instar de la photodynamique d’Anton Giulio Bragaglia, 1911, et du Nu descendant un Escalier de Marcel Duchamp, 1912, le dessin de Baldo superpose en les fusionnant plusieurs fractions temporelles.
L’arbitraire ici n’est que celui d’une méthode de traduction de représentation humaine. Il ne touche pas à la chose traduite : la Vie. Le danseur de corde est le véritable ancêtre de la métachorie. Son art possède en propre l’élément métachorique : l’antagonisme du Temps et de l’Espace, c’est-à-dire le mouvement total en son essence. La danse sur la corde est un drame complet fait de la lutte entre deux centres passionnels qui sont, non pas les deux extrémités du fil (puisqu’on pourrait les reculer à l’infini et que tout drame doit être cerné dans le même concept, doit être fini), mais : 1° La pesanteur ou attraction du Temps qui veut la réduction de tout mouvement à l’Unité de son mouvement monochronique réellement (durée, immobilité), l’absorption en celuici du mouvement spécial, c’est-à-dire le retour de l’organisé qu’est l’espace (vie, être), à l’inorganisé qu’est la durée (mort, non-être). Et 2°, la volonté d’équilibre dynamique qui est le caractère initial de la vie en réaction contre la non-vie (équilibre statique) la volonté d’équilibre dynamique qui tend à disposer le poids corporel en masses strictement égales sur le fil, sur les points successifs du fil qui est son écran matériel, sa seule défense contre la force d’inertie du temps. ] Vivian Postel du Mas. Le danseur de corde. Montjoie ! n° 1-2, 1914.
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Métachorie forme un organisme vivant, dont l’idée est l’âme, la danse, le squelette, et la musique, la chair. Valentine de Saint-Point.
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, 1913-23. Bois gravé d’après une sanguine de Vivian Postel du Mas. (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, 1913-23. Bois gravé d’après une sanguine de Vivian Postel du Mas. (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, 1913-23. Bois gravé d’après une sanguine de Vivian Postel du Mas. (Collection Adrien Sina)
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Morgan Russell Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Amour II. Les Attirances, 1913-23 Bois gravés d’après un dessin de Morgan Russell. (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Amour II. Les Attirances, 1913 (Collection Adrien Sina)
Léon Bakst Projet pour un costume de Métachorie, 1913 « à madame Valentine de Saint-Point, souvenir d’amitié et d’admiration » Montjoie !, 2ème année no 1-2, janvier-février 1914 (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Amour II. Les Attirances, 1913 (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Amour I, 1913 (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Mme Valentine de Saint-Point entend révolutionner l’art charmant de la danse et de le rendre « géométrique », in Le Miroir no 7, 11 Janvier 1914 (Collection Adrien Sina)
Superposition numérique du dessin géométrique des Pavots de Sang. Le tracé du mouvement semble aussi inspirer la forme de la pose immobile.
Valentine de Saint-Point Figure Métachorique, Poème d’Atmosphère, 1913 (Collection Adrien Sina)
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Valentine de Saint-Point Montjoie ! organe de l’impérialisme artistique français, 2ème année n0 3. Mars 1914. « Poiriers en Fleurs » tableau de Valentine de Saint-Point. (Collection Adrien Sina)
Valentine de Saint-Point Montjoie ! organe de l’impérialisme artistique français, 2ème année no 1-2, gazette bimensuelle illustrée sous la direction de Ricciotto Canudo. Janvier-février 1914. (Collection Adrien Sina)
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Valentine de Saint-Point Montjoie ! organe de l’impérialisme artistique français, 2ème année no 1-2, Gazette bimensuelle illustrée sous la direction de Ricciotto Canudo. Janvier-février 1914. (Collection Adrien Sina)
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Festival de la Métachorie - Poèmes-Drames-Idéistes, au Metropolitan Opera House de New York le 3 avril 1917 à 20h I. – Poèmes d’Amour I. – Amour, musique de Roland Manuel II. – Mystère, musique de Rudyard Chennevière II. – La Chevelure, musique de Roland Manuel II. – Poèmes Ironiques I. – Le Pantin et la Mort II. – Les Pantins Dansent III. – Vision Végétale (musiques de Rudyard Chennevière) III. – Poèmes Panthéistes I. – Laus Vitae, musique de Claude Debussy
Valentine de Saint-Point Photographies Valentine de Saint-Point, son ouistiti des soirées Montjoie !, Vivian Postel du Mas et Dan Rudhyar Chenevière, par George Grantham Bain, New York, 1916. Épreuve au gélatino-bromure d’argent. (Collection Adrien Sina)
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II. – Hymne au Soleil, musique d’Erik Satie orchestrée par Maurice Ravel III. – Nocturnes, musique de Claude Debussy 1. Nuages 2. Fêtes 3. Prélude de La Damoiselle Élue IV. – Poèmes de Guerre I. – Mes Ancêtres II. – Les pavots de Sang III. – La Guerre 1. Le Départ 2. La Bataille 3. Hommage aux Morts 4. La Victoire (musiques de Maurice Droeghmans)
Valentine de Saint-Point Programme du Festival de la Métachorie au Metropolitan Opera House, le 3 avril 1917 (Collection Adrien Sina)
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Le Symbole de la Métachorie Dans un entretien1 accordé à Djuna Barnes, à New York, en 1917, Valentine de Saint-Point évoque à partir de la bague qu’elle porte : « ceci est le symbole de la Métachorie, quatre couleurs le composent, rouge, bleu, vert et jaune. Le jaune symbolisant l’instinct, la passion féminine est symbolisée par le bleu, la passion masculine par le rouge, et l’intelligence symbolisée par le vert. » Une superposition sur le diagramme de L’Archéomètre2 de Saint-Yves d’Alveydre – dont les idées l’influencèrent jusqu’à ses futurs projets politiques en Orient avec la Synarchie – pourrait donner une certaine idée de sa construction ésotérique.
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Bien qu’il n’y ait aucune trace d’analyse de ce symbole ni chez elle, ni chez les historiens du futurisme, son motif géométrique pourrait être analysé en suivant ses quatre niveaux concentriques3 comme un Mandala : 1°- La croix inscrite dans le cercle central évoque l’origine, la création, la source, la vérité. 2°- La première sauvastika sinistrogyre et spiralée semble être inspirée par les bijoux celtiques. Elle évoque le mouvement avec ses phénomènes de création et de destruction : deux motifs qui s’imbriquent en noire et en blanc restent en équilibre dynamique. Elle porte aussi un message tantrique : pas de dualité mais équilibre nécessaire entre la part de lumière et la part d’ombre. Valentine de SaintPoint pense toujours en termes d’équilibre des opposés : Féminité et Masculinité, Individualisme et Fraternité. C’est pourquoi pour elle, « l’androgynat est le sommet auquel peut et doit atteindre un être ou un art, tout ce qui est ». Le traitement graphique de cette sauvastika est plutôt féminin, comme le mouvement d’un voile. 3°- La svastika dextrogyre peut être une stylisation de l’Aigle impérial, motif omniprésent dans son Agonie de Messaline. Elle évoque l’ordre supérieur qui transparaît de ce hiératisme, symbolise les ordres de chevalerie médiévaux, ses Ancêtres dans ses Poèmes d’Orgueil. 4°- Le cercle final entoure le tout, représente l’Ordre, l’Harmonie et l’Homogénéité parfaite dont elle est souvent soucieuse. Il évoque le Monde et l’Univers. 1 Valentine de Saint-Point, interview by Djuna Barnes. Recruiting for Métachorie : Mme. Valentine de Saint-Point Talks of her Church of Music, Morning Telegraph, New York, Sunday April 15, 1917. 2 Alexandre Saint-Yves d’Alveydre. L’Archéomètre, clef de toutes les religions et de toutes les sciences de l’Antiquité, réforme synthétique de tous les arts contemporains. Dorbon aîné, Paris, 1903. 3 Réflexions suite à une conversation avec Thierry Luginbühl, Professeur d’archéologie à l’Université de Lausanne, le 29 mai 2009.
Sur la scène, les lumières sont arrangéesdetellemanièrequeson corps danse dans une atmosphère lumineuse dont la couleur varie en fonction des idées portées à la fois par le mouvement et par la déclamation de ses poèmes en interférence indépendante avec la musique. Des équations mathématiques sont également projetées autour d’elle. Si l’on pense que Marinetti n’a publié son manifeste La splendeur géométrique de la sensibilité numérique qu’en mars 1914, la Métachorie de Valentine de Saint-Point a eu de l’avance, car sa première représentation dans la salle Léon Poirier du Théâtre des Champs-Élysées date du 20 décembre 1913. Valentine de Saint-Point Poèmes-Drames-Idéistes du Premier Festival de la Métachorie, sur la scène du Metropolitan Opera House le 3 avril 1917, avec une lettre manuscrite adressée à Son Altesse Royale le Comte de Paris, Henri d’Orléans (Collection Adrien Sina)
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Amazones des Guerres et Révolutions Adrien Sina 1912, est l’année du Manifeste de la Femme Futuriste, mais aussi celle de célébration du 500e anniversaire de la naissance Jeanne d’Arc, née le 6 janvier 1412 à Domrémy, donnant lieu à des cortèges de reconstitutions historiques et de publications. J. J. Édmond Roy Histoire de Jeanne d’Arc dite la Pucelle d’Orléans. Édition illustrée, cartonnage romantique originale, Mame & Cie éditeurs, Tours 1852. (Collection Adrien Sina)
Gabriel Hanotaux Jeanne d’Arc. Couverture parcheminée. Édition originale ornée de près de 200 gravures, Paris, 1911. (Collection Adrien Sina)
Jean-Auguste-Dominique Ingres Jeanne d’Arc, gravé par Pollet, 1846 (Collection Adrien Sina)
Jeanne d’Arc Après la Victoire. Photographie d’époque de la statue réalisée par Henri-Émile Allouard, début XXe (Collection Adrien Sina)
Jeanne d’Arc CPA du cortège historique du 7 mai 1912, Orléans. (Collection Adrien Sina)
Jeanne d’Arc Fac simile de sa lettre aux habitants de Reims en 1430. 1429 fût mis à profit par la Pucelle pour apprendre à lire et à écrire et à signer. Ainsi, la main de Jeanne d’Arc, la main qui tenait l’étendard, celle qui tenait l’épée de fierbois, ce nom, son nom est au bas de cette lettre... (Collection Adrien Sina)
N. Friedrich Amazone blessée. Photographie de sculpture, début XXe (Collection Adrien Sina)
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Valentine de Saint-Point Manifeste de la femme futuriste. Paris, 25 mars 1912 (Collection Adrien Sina)
Le Baron Marc de Villiers Histoire des Clubs de Femmes et des Légions d’Amazones. 1793-1848-1871, Paris, 1910. (Collection Adrien Sina) Heritière du sang de Corneille dont elle était la petite nièce Charlotte avait conçu dans le silence et la solitude de son pays natal, le projet de délivrer la France de Marat qui symbolisait à ses yeux le mauvais coté de la Révolution, la tyrannie d’en bas succède à la tyrannie d’en haut. Elle part douce et terrible à la fois et arrive à Paris se rend chez Marat et frappe... Charlotte Corday alors agée de 24 ans expia son crime avec un grand courage témoin la lettre qu’elle écrivit à son père d’une main qui ne tremblait pas…
Charlotte de Corday Gravure 1869. En présence du peintre portraitiste, dernière fois chez le coiffeur, pour être belle pour son dernier portrait avant la guillotine... mais, en fait, on coupe ses nattes épaisses de cheveux pour ne pas empêcher le tranchant de la lame d’opérer son exécution... (Collection Adrien Sina)
Jean-François de Lacroix
Charlotte de Corday Charlotte de Corday En prison. Gravure d’après le tableau de M. Müller, 1880. (Collection Adrien Sina)
Fac simile de la lettre d’adieu à son père, juillet 1793 (Collection Adrien Sina)
Dictionnaire portatif des Femmes célèbres, contenant l’histoire des femmes savantes, des actrices, et généralement des dames qui se sont rendues fameuses dans tous les siècles, par leurs aventures, les talens, l’esprit & le courage. 2 vol. Paris, Belin, Volland, 1788 (Collection Adrien Sina)
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Burgundia [ Burgundia! Ô terre entre toutes féconde, Au sol fertile et tout vibrant de souvenirs Où tout éclôt, où tout revit, où tout abonde, Pour forger la mémoire et servir les désirs. Plaines et monts, forêts, fleuves et pâturages, Parmi tant de richesse et de fertilité S’évoquent les grands noms qui vainquirent les âges, Les races qu’asservit l’âpre fatalité. Ô Burgundia fille ardente de la Gaule Qui par l’effort de Rome en devint le cerveau ; Sol doux aux émigrés qui, libres de contrôle Fécondèrent ses flancs de leur élan nouveau ; Sol des Niebelungen, Burgundia première, Qui fit fleurir Chriemhild dont l’amour non éclos Brisa des guerriers ; Terre dont la lumière Alluma l’or fatal et le sang des héros. Royaume disputé, puis partagé, Bourgogne Pillée, incendiée au gré des Sarrasins Farouches conquérants sans pitié ni vergogne, Puis à nouveau royaume envié des voisins. Par trois fois morcelée, ô Bourgogne française Qu’ainsi l’on mutila sans pouvoir l’affaiblir, Tes fils grands guerriers au sang que rien n’apaise Ont nargué la mort, en ton nom, pour t’anoblir.
Et dans la paix venue enténébrer le monde, D’autres sont nés de Toi encor pour t’honorer ; Désarmés à la foule et pour qu’elle y réponde Ils ont jeté leur âme, ivres de l’essorer. Toute rouge, tu te dresses devant la foule : Flamme de la pensée et sol trempé de sang Sur lequel a jailli comme une avide goule La vigne, mère des fruits lourds, au suc puissant. Bourgogne, Terre forte et centre d’énergie Si tu n’es pas le sol que mon instinct élut, Au sang de tes héros j’aime devoir ma vie. À Toi, pourpre du sang de Dionysos, salut ! ] Valentine de Saint-Point. Poèmes d’Orgueil, 1908
Jacques Reboul Sous Le Chêne Celtique, 1913, envoi autographe à Paul Adam (Collection Adrien Sina)
Arthur Rackham Illustrations pour Richard Wagner, Ring of the Niblung Trilogy. The Rhinegold & The Valkyrie. Siegfried & The Twilight of the Gods. William Heinemann ed., London, 1910-11 (Collection Adrien Sina)
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Un Amour [ Vous êtes toute mystérieuse et toute lointaine. Et je vous reconnais tous les attributs de la Vie. Comme Elle, vous êtes magnifique et atroce. Vous me rappelez Brunnhilde, déesse et femme. Comme la vie, vous êtes comparable à une chatte souple, gracieuse, qui dans un spasme, peut s’aplatir sous les dents qui lui mordent le cou, mais qui sera toujours cruelle, inconsciemment, mais constamment cruelle. Car dans la vie, la cruauté est une valeur esthétique, inconsciente et nécessaire de la vie. ] Valentine de Saint-Point. Un Amour. L’Ému à l’Émue, dans la nuit, 1906
Les Pavots de Sang [ Ici, ce fut un champ de bataille. La guerre, — Contre qui et pourquoi ? Pour un mot ? une terre ? Vérité ? Utopie ? Orgueil ? Quoi ? — Je ne sais. De jeunes hommes ont jonché ce sol épais, Brutalement fauchés par l’anonyme haine. Et la fièvre était vaste, en rayons sur la plaine. Ils avaient chaud. En eux, ils portaient un soleil Qui n’a pas cessé de féconder leur sommeil. Ce ne sont pas des morts qui sont tombés sur l’herbe, C’est l’Ardeur. Et l’ardeur est toujours là, qui germe. Ce sang jeune a éclos du sang jaillit partout. Voyez ces cours sanglants, voyez, haute et debout, Et brûlant sans baisser, cette flamme immobile ! Toute cette jeunesse arde, encore fertile ! Fauchée et point éteinte ; et au champ du combat Elle flambe et rayonne. Et ce champ incarnat, C’est le champ de son sang aux calices sans nombre. Rouges : gloire et lumière ! Et je n’y vois plus d’ombres ! Si je lève les yeux, il n’est rien de vermeil Qui vaille mon regard. Où donc est le Soleil ? ] Valentine de Saint-Point. La Soif et les Mirages, 1912
Gaston Bussière Brunehilde. Estampe originale, inédite, exécutée pour L’Estampe Moderne, no 13, mai 1898 (Collection Adrien Sina) Brunehilde (du germanique Brunia-Khildis – Khildis, déesse de la Victoire, en broigne ou armure, latinisé en Brunichilda), née en Espagne à Mérida vers 547, est une princesse wisigothe devenue reine des Francs, mariée au roi mérovingien Sigebert 1er en 567. La Légende des Nibelungen raconte les exploits de Siegfried, prince détenteur du trésor des Nibelungen, pour aider le roi Burgonde Gunther à conquérir la main de Brunehilde, puis son mariage avec Kriemhild, la sœur de Gunther. En 613 elle est suppliciée à mort à Renève, sa chevelure, un bras et une jambe attachés à la queue d’un cheval indompté qui mit son corps en lambeaux. Sa mort met provisoirement un terme à la longue guerre entre les royaumes mérovingiens de Neustrie et d’Austrasie, mais initie une longue vengeance menée par Kriemhild et dont l’issue est le massacre des Burgondes sur les rives du Danube.