Merkur Janvier-Février 2021

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The Economy Merkur

JAN • FEV 2021

COMPÉTITIVITÉ

Danemark, Suisse, Singapour… modèles compétitifs pour le Luxembourg TEXTE Jean-Baptiste Nivet, Affaires économiques, Chambre de Commerce PHOTOS Swapnil Bapat/Unsplash, Nick Karvounis/Unsplash, Jose Llamas/Unsplash

Atone, voire en régression sur certains aspects, la performance du Luxembourg en termes de compétitivité n’en reste pas moins solide au regard de la taille du pays et de son économie. Toutefois, ne plus s’améliorer est déjà reculer. Dans ce contexte, s’inspirer des modèles les plus compétitifs semble pouvoir être une stratégie payante pour le Luxembourg. 15è sur 63 économies étudiées dans l’IMD World Competitiveness Yearbook 2020, 18è du Global Competitiveness Report 2019 du World Economic Forum1, récemment 4è de son propre Bilan Compétitivité, le Luxembourg peut être considéré comme un pays compétitif, sans pour autant faire partie des leaders en la matière. Ses atouts sont connus : stabilité des institutions, solidité des finances publiques, économie fortement productive, main-d’œuvre étrangère très qualifiée… Ses faiblesses le sont tout autant. Reviennent ainsi chaque année les critiques sur la stagnation de la productivité, la difficulté à recruter et le retard pris- en partie en passe d’être comblé- en matière de digitalisation de l’économie. Dans tous ces domaines, d’autres pays, dont l’économie est plus ou moins similaires à celle du Grand-Duché, réussissent à faire mieux. Décryptage de leur succès.

Danemark et Suisse, les exemples européens Dans sa dernière édition du Bilan Compétitivité, l’Observatoire de la Compétitivité a calculé le classement des États membres de l’Union européenne sur les années 2005 à 2019 sur la base du système d’indicateurs actuel. Résultat, le Danemark emporte la palme 13 fois sur 15, et est à nouveau le pays le plus compétitif de l’Union européenne en

2019. L’institut IMD est en accord avec cette vision, puisque le Danemark est deuxième, derrière Singapour, au sein de l’édition 2020 de son classement. Mais quels sont donc les fondements de la performance du Danemark ? Si le pays dispose, tout comme le Luxembourg, d’institutions stables et de finances publiques solides, celui-ci a davantage développé un environnement pro-business. Il est ainsi le pays européen où il est le plus rapide de créer une entreprise, en 3,5 jours en moyenne contre 11,5 jours pour le Grand-Duché. Les entrepreneurs ayant répondu à l’enquête IMD, révèlent qu’il s’agit du pays qui favorise le plus la création de nouvelles entreprises au sein d’un environnement qui garantit des règles équitables (level playing field) entre les acteurs économiques et où le droit du travail ne contraint pas le développement de l’activité. Le Danemark se démarque également par un engagement important dans la formation de la main-d’œuvre, une forte implémentation des outils numériques au sein des entreprises et de bonnes performances sur le plan technologique et environnemental. Juste derrière le Danemark, en troisième position du classement IMD, se trouve la Suisse. Elle aussi caractérisée par la forte productivité de son économie, elle est un leader à la fois dans le monde de la finance

et dans celui de la technologie. Ainsi, la Suisse est la troisième économie pour le total des dépenses de Recherche & Développement en pourcentage du PIB, derrière Israël et la Corée du Sud, et est positionnée première concernant le total des dépenses de R&D par habitant. Le pays est aussi en tête pour le nombre de brevets déposés par habitant, l’opinion des dirigeants d’entreprises sur la législation liée à la recherche scientifique et pour le nombre de prix Nobel, toujours par habitant. Le classement du WEF a été remplacé en 2020 par une édition spéciale consacrée à la manière dont les économies progressent sur la voie de la relance. La Suisse est le seul pays à être cité en exemple à la fois pour les compétences numériques ayant permis de maintenir l’activité en temps de fort recours au télétravail, la robustesse du filet de sécurité de son système social et le succès de ses politiques sanitaires, fiscales et sociales pour atténuer les effets de la crise. Ainsi, son modèle économique performant serait bien adapté à la crise et au nouveau monde économique en train de voir le jour.

1. En raison de la crise, le World Economic Forum a décidé de suspendre son classement pour 2020.