L'architecture balnéaire en Vendée

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lotissement du rivage est en effet bien plus lent dans la partie septentrionale du département. A leurs débuts, Saint-Jean-de-Monts, La Barre-de-Monts et Notre-Dame-de-Monts accueillent la petite bourgeoisie régionale. Le train arrive tardivement (1923 à Saint-Jean), et les accès à la mer sont de plus assez difficiles depuis ces villes tournées vers le marais qui ne possèdent pas de ports. Elles n’ont alors qu’un statut modeste, mais profitent de la beauté et de la tranquillité d’un cadre naturel pittoresque car encore préservé. La plupart des terrains dunaires, propriété de l’Administration des Eaux et Forêts, tarde à être vendue. Le véritable développement n’a lieu pour ces communes que dans la seconde moitié du XXe siècle. Le cas de La Barre-de-Monts est un peu plus singulier, dans la mesure où la ville dispose à l’écart, à Fromentine, de l’embarcadère pour l’Île d’Yeu et l’Île de Noirmoutier ; les activités portuaires y entraîneront assez tôt la construction de quelques hôtels. En 1907, l’Etat cède une dizaine d’hectares de dunes à des particuliers, où se dresse le premier noyau de la station qui correspond au front de mer actuel. Les pauvres habitants des cabanes qui y résidaient sont alors relégués plus loin, où certains construisent des bourrines. A leur place, de riches familles nantaises se font édifier des villas, qui seront au nombre d’une dizaine à la veille de la première guerre mondiale. Malgré ce changement et les brassages de populations, la ville bien située à proximité du pont de Noirmoutier et du Gois a vu se maintenir une activité maritime qui s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui avec l’ostréiculture - un phénomène qui se doit d’être signalé, tant le développement du tourisme balnéaire a régulièrement coïncidé avec l’extinction des activités traditionnelles. Freiné par la seconde guerre mondiale, le tourisme balnéaire vendéen connaît un essor significatif dès les années 1950 : il concerne aujourd’hui 36 communes, contre une dizaine à l’époque. Le phénomène a plusieurs explications : par exemple, la multiplication des navettes reliant le continent à l’Île d’Yeu et la mise en service en 1971 du pont d’accès à l’Île de Noirmoutier ont permis le développement de localités auparavant situées à l’écart des flux de vacanciers. En 1954, la Vendée compte 6 412 résidences secon-

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daires dont plus des deux tiers se situent sur la frange maritime. En 1984, un quart des chantiers d’habitations en cours concernent des appartements ou maisons de vacances et le département est le premier au rang national en terme de nombre de campings. En 2008, les statistiques du Comité départemental du tourisme (CDT) dénombrent 91 549 résidences secondaires réparties sur 19 communes, ce qui représente une évolution de 21% depuis 2004. La Vendée fait ainsi partie des rares départements français (avec d’autres situés en Corse, dans les Alpes et sur la côte méditerranéenne orientale) dans lesquels la part des résidences secondaires dans le bâti total est supérieure à 27 %. Sur le littoral, elle atteint même 80 %. Des côtes du Nord au Pays Basque, elle représente alors un cas unique. Dans les années 1980, 2 millions de touristes se rendent chaque année dans le département, principalement pendant les deux mois d’été. En 2006, le CDT estime la fréquentation à 4,5 millions d’individus, en majorité des familles originaires du Grand Ouest ou de la région parisienne, répartie sur une saison qui s’étend. La concentration des flux touristiques peut occasionner des problèmes d’accueil dans les petites communes dont la population est parfois multipliée par 50 (La Tranche-sur-Mer : 2 000 habitants à l’année, 100 000 en été ; Brétignolles-sur-Mer : 2687 habitants en 1999, une capacité d’accueil en résidences secondaires de 31 360 vacanciers ; SaintJean-de-Monts : 6 886 habitants en 1999, une capacité d’accueil en résidences secondaires de 71 670 personnes). Au sein même de la façade maritime, laquelle présente de plus une densité supérieure à l’ensemble du territoire vendéen (123 hab/km2 sur le littoral contre 86 hab/km2 à l’échelle du département), des disparités importantes existent : la traversée des localités permet d’identifier des zones dans lesquelles la construction à usage d’habitat secondaire est plus dynamique. Les données recueillies par le CDT confirment cet état de fait : depuis quelques années, le nombre de résidences secondaires stagne aux Sables d’Olonne ou encore à Notre-Dame-de-Monts ; à La Tranche-sur-Mer, La Faute-sur-Mer ou encore Talmont-Saint-Hilaire, il a évolué de 50 à 60 % en quatre ans.


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