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Commerce
Philippe Blanc
«LA VALEUR DE L’IMMOBILIER À VERBIER S’EST DÉMULTIPLIÉE CES DERNIÈRES ANNÉES»
Philippe Blanc figure parmi les personnages les plus éclatants de Verbier et du Valais. A 66 ans, ce commerçant bon vivant de la station du Val de Bagnes continue de contribuer à la vitalité de la région.
Depuis quarante ans, sa boutique est devenue une des références de la haute gastronomie de Verbier. La Chaumière, sa cave aux trésors, propose une myriade de spécialités locales: plus de 200 sortes de fromages – tous affinés sur place –, terrines et foie gras maison, mais aussi de la viande séchée et des saucisses du
Valais. Des personnalités telles que Roger Federer ou l’acteur Jacques Weber figurent dans la très longue liste des célébrités qui lui ont rendu visite au fil des années. Mais ses capacités ne s’arrêtent pas à la gastronomie: commerçant de talent, Philippe Blanc participe depuis longtemps aux événements qui rythment la vie valaisanne.
«Mon père a ouvert son premier commerce à Verbier en 1960, en plus de celui qu’il tenait à Sion, ma ville natale, se souvient-il. Je venais régulièrement avec mes deux sœurs dans la station, qui était déjà très populaire auprès des touristes suisses et français. Après ma maturité commerciale, je me suis inscrit à l’Université de Lausanne. Chaque dimanche, lorsqu’il fallait redescendre dans la valLa Chaumière propose une myriade de spécialités locales: plus de 200 sortes de fromages, tous affinés sur place, de la viande séchée et des saucisses du Valais. LDD
lée pour suivre les cours, j’avais un pincement au cœur tant j’aimais être en montagne.» Un hasard malheureux bouleverse alors sa vie, qui sera désormais inextricablement liée à celle de la station. «Le premier mari de ma sœur, qui aidait beaucoup mon père à la fromagerie, décède sous une avalanche en 1976. Je décide d’aider mon père. Je ne suis jamais redescendu à Lausanne.»
Un nouveau départ Dans les années 1980, Verbier vit ses années folles avec une croissance et un

développement euphoriques. Philippe Blanc bâtit sa réputation à cette époque. Après avoir agrandi son magasin, il ouvre le Milk Bar et construit sa maison qui se dresse au-dessus de ses deux établissements phares. «A ce moment-là, j’ai pris seul la gestion de La Chaumière. En même temps, avec mes amis Gérard Michellod, boulanger, et Roland Pierroz, restaurateur qui venait de recevoir la Clef d’Or de Gault & Millau, nous avons essayé de faire de la station une référence sur le plan gastronomique.» Le développement rapide de la station propulse Verbier parmi les destinations les plus prisées d’Europe, avec des touristes en provenance notamment de Belgique et de Suède. «C’est un nouveau départ pour la station dans son ensemble, de nouveaux bâtiments sont construits. Malheureusement, les prix de l’immobilier commencent aussi à augmenter.» Durant cette phase d’expansion, une nouvelle tradition voit le jour à «La Chaumière»: les rencontres à l’arrière-boutique. Se croisent alors des célébrités, des politiques et des responsables d’entreprises. «J’avais souvent envie de mieux connaître mes clients, donc j’ai commencé à leur proposer de rester un moment pour partager un verre de vin et quelques spécialités de la maison. Ils rencontraient certains de mes amis et souvent restaient discuter jusqu’à tard le soir.» L’arrière-boutique est aujourd’hui tapissée de photos sur lesquelles on peut notamment apercevoir le pilote de formule 1 Alain Prost, le tennisman Henri Leconte, mais aussi le chef cuisinier Benoît Violier, ami historique du tenancier de 66 ans. Pour développer son activité, l’entrepreneur fonde en 1997 l’Espace Gourmand de la Foire du Valais à laquelle il participe toujours, >>
Philippe Blanc cultive également sa passion pour les moteurs. LDD LDD

L’arrière-boutique est tapissée de photos de célébrités, notamment du pilote Alain Prost, du tennisman Henri Leconte, mais aussi du chef cuisinier Benoît Violier. LDD
«L’immobilier à Verbier, c’est comme les bons vins de Bordeaux. Dans les deux cas, il y a très souvent de la spéculation»
et prend la gestion du bar à champagne du Concours hippique de Verbier.
Profiter de la vie Gastronome, Philippe Blanc apprécie les restaurants raffinés, comme le Café du port à Rolle, le Kwong Ming à Martigny, ou encore l’Hôtel de Ville de Crissier. Mais il cultive également sa passion pour les moteurs. «J’adore les voitures! En quarante ans j’ai eu la chance de conduire des Ferrari, des Porsche, ainsi que des Bentley et des Aston Martin. La Ferrari 550 Maranello est probablement celle que j’ai le plus aimé.» Sur la question de l’évolution du marché immobilier, il se lance, bien entendu, dans une comparaison gastronomique. «L’immobilier à Verbier, c’est comme les bons vins de Bordeaux. Durant les 40 dernières années, leur valeur s’est démultipliée. Avant, les gens venaient pour se loger et profiter de leurs vacances dans la station, tout comme les amateurs de Bordeaux achetaient des bouteilles pour les boire. Aujourd’hui, dans les deux cas, il y a très souvent de la spéculation,


l’évolution n’est donc pas vraiment positive... Dans les années 1980, les chalets étaient vendus entre 3000 et 4000 francs le mètre carré (ndlr: aujourd’hui situé aux alentours de 20’000 francs). Malheureusement il est trop tard pour que le marché revienne à des prix abordables. En revanche, je trouve que le développement n’a pas nui au paysage. La qualité du bâti de Verbier reste excellente.» L’esprit positif de Philippe Blanc prend décidément toujours le dessus. Antonio Rosati

